23sept 05
Interview parue dans France Soir le vendredi 23 septembre 2005
Ségolène Royal se dit prête pour la présidentielle, comment réagissez-vous ?
Jean-Luc Mélenchon : Tout le monde a le droit d’être candidat. mais pour l’équipe Hollande, l’hypocrisie éclate au grand jour : pendant ce temps on nous dit que le congrès de novemebre n’a pas à traiter de la candidature présidentielle, alors que je milite pour le contraire. On me reproche de défendre le choix de Laurent Fabius, en relation avec le vote non au référendum. Mais dans le camp du oui, il y a déjà cinq candidats : Royal, Hollande, Aubry, Lang et, le plus important d’entre eux, Strauss Kahn. Si cette équipe de grupies gagne le congrès, il leur restera à se départager en s’inventant des divergences dont nous n’aurons pas débattues dans le congrès. Ce procédé est déloyal, détestable, puisqu’il consiste à reporter les débats à l’après congrès. Veut-on faire de ce parti le mouvement des lecteurs de Paris-Match au lieu de débattre du fond ?
Laurent Fabius est-il isolé ?
Vous confondez les commentaires de presse avec la réalité. Quand Henri Emmanuelli, qui représente à peine un tiers de l’ancien courant Nouveau Monde se rapproche de Vincent Peillon, toute la presse s’enflamme pour dire que Laurent Fabius est isolé. Mais quand les deux tiers de Nouveau Monde font une motion commune avec Fabius, on n’emploie plus les même mots. Donc non Laurent Fabius n’est pas isolé. Il est clair que le congrès n’a été convoqué que pour lui tordre le cou ! Ne choisir le candidat à la présidentielle que fin 2006, c’est une stratégie de pression.
Le congrès donnera-t-il lieu à la clarification idéologique réclamée par les partisans du oui ?
La clarification n’aurait été possible que si les tenants de Hollande s’étaient prêtés au jeu, comme nous l’avons fait dans notre motion avec Fabius. Dans leur texte, ils ne précisent rien, même pas sur les points sur lesquels ils sont en débat entre eux : faut-il changer de République ? Quelle est la place de l’impôt ? En réalité c’est Hollande le maître de la confusion et du brouillage des cartes. Multiplication des candidatures, social-bobocratisation accélérée du parti, politique people, sectarisme et refus de discuter de fond : voilà pourquoi je suis inquiet.
Propos recueillis par Michaël Moreau.