01nov 05
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Réunion des socialistes de Bandraboua. Le collier autour du cou fait partie de l’accueil. En privé on m’explique que c’est aussi un bon moyen contre les odeurs de transpiration. Je me disais… |
e suis de retour de l’Océan Indien. Maudits soient les sadiques qui programment les ordinateurs portables. Le mien a refusé obstinément de se connecter au bas débit. Je hais les demandes obscènes qu’il me formulait à mesure qu’il déroulait ses fiches de renseignement absconses. De toutes façons la suite était invariable : des raisons inintelligibles exprimée en sabir techno- saxon pour me refuser ce que je lui demandais. Résultat une semaine de silence sur ce cher blog. Heureusement peut-être. C’est une limite à mon auto exploitation. Car j’ai passé une semaine à courir les réunions et les entretiens dans l’île de La Réunion puis à Mayotte. Le premier qui fait des remarques sur le fait que le Congrès socialiste donne du bon temps je lui tords le cou. Car en huit jours je n’ai pas eu le temps d’un bain de mer. Rien n’est plus suffocant que ces sortes de marathon. Exemple: le jour de mon arrivée à la Réunion j’ai eu en tout et pour tout 50 minutes de pause dans une journée remplie de l’instant où je suis sorti de la passerelle de l’avion (après onze heure de vol…) au soir minuit et demi où j’ai éteint ma lampe de chevet. A quoi s’ajoute le choc des situations. C’est à Mayotte que j’ai été le plus secoué.
Pour l’instant j’en reste à l’indignation qu’a soulevé en moi le discours absurde des partisans de la remise en cause du droit du sol pour contrer « l’invasion » de Mayotte par les immigrants des Comores. Outre qu’aucun enfant n’acquiert la nationalité française avant l’âge de 13 ans dans ces conditions, ces slogans n’ont aucune signification pratique. Ils servent seulement à cultiver de la haine. Car que faire de ceux qui sont là ? Les jeter à la mer ? Ils en ont réchappé par miracle, empilés à 20 ou 30 dans des barques de pêche d’où les trafiquants jettent assez régulièrement leurs passagers à l’eau au moindre danger, sans faire de faveur aux femmes enceintes ou aux enfant en bas âge. On voit bien comment en chauffant les esprits on peut échapper aux questions qui gênent : comment ces gens sont-ils passés ? Que fait le gouvernement pour garantir les frontières ? Que ferait-on de ceux que l’on saisirait en situation irrégulière (que l’on chiffre à plus de 50000). Et de ceux qui arrivent ? Sachez à ce sujet qu’il n’y a plus de bateau de liaison avec Les Comores et que le prochain, dont la livraison est toujours attendue, ne comptera pas plus de deux cent places?Et si l’on devait rafler tout le monde (ce qui n’est pas difficile compte tenu de la configuration insulaire) comment distingue-t-on ceux à qui on n’a jamais donné de papiers français quoiqu’ils aient toujours vécu là, ceux à qui on a retiré leur papier pour leur donner des cartes de séjour parce qu’il ne pouvaient pas prouver la validité de leurs papier et ceux qui n’ont pas de papiers parce qu’ils sont des clandestins. Si le sujet n’était pas si grave j’ironiserais volontiers en demandant de s’assurer que les agents des fonctions publiques à qui l’on confiera la tache soient bien eux-mêmes titulaires de tels papiers. Car je sais de source sure que ce n’est pas le cas pour un nombre non négligeable d’entre eux du fait des règles absurdes qui ont prévalu en la matière. Quand aux solutions concrètes elles sont tellement simples qu’on doit conclure à la provocation quand on voit qu’elles ne sont même pas évoquées. J’en reparle sous peu ici. Autre chose : pendant la xénophobie, bien sur, les affaires continuent. Le gouvernement a privatisé au tiers de sa valeur les dépôts de carburant, les canalisations de transbordement en mer et les bouées d’amarrages ainsi que toutes les stations service de Mayotte. Le groupe Total a eu l’affaire. On m’a dit d’éviter ce sujet parce qu’il serait susceptible de donner à manger aux crabes de la mangrove? Je vais au contraire en parler et interroger le gouvernement sur les conditions de cette vente. Je pense que les crabes feraient bien de ne pas trop compter sur moi pour leur repas. En tous cas la rente annuelle que la collectivité aurait reçu de tout cela aurait largement permis de faire face aux charges résultants de la misère dans cette zone. Mais les maudits incendiaires xénophobes n’en soufflent mot. Pourquoi ? Parce qu’ils voté cette vente ? On va faire la liste maintenant de ceux qui ont voté et de ceux qui ne l’ont pas fait. On va demander qui a trouvé cette idée. Comment on a convaincu les élus de l’adopter? Qui a fait le prix? Et ainsi de suite…
Passionant !
Pour éprouvant qu'il soit, ce passage sous les cocotiers valait bien de le faire, mais tout de même,l'accumulation des difficultés que nous allons devoir nous enquiller si nous revenons aux manettes donne la migraine.
Bises Yvette
Jean-Luc,
Je reviens de Mayotte où j'ai rendu visite à des amis. Comme toi, j'ai été consterné par ce que j'ai vu et entendu là-bas. Je me suis aussi rendu compte, à quel point, ce petit morceau de France est méconnu à Paris.
Sur la question des Comores, tu as certainement suivi l'épisode Bacar. Selon mes sources, ce derniers a pleinement profité des extraditions de sans-papiers anjouanais. Une société de transport maritime mahoraise détient le marché pour les reconduites à la frontière. Le coût d'une expulsion à Anjouan est évalué à 90 €. Bacar aurait touché des commissions occultes de l'ordre de 20 € par sans-papiers. Dès lors, on comprend mieux pourquoi celui-ci ait trouvé tranquillement refuge au Bénin, sans avoir été inquiété outre mesure par la France. Plus largement, le contexte avec les Comores est de plus en plus tendu. Et biensûr, le droit du sang ne règlera rien. J'ai rencontré Sarah MOUHOUSSOUNE, Conseillère générale, membre du NEMA (nouvel élan pour Mayotte) classé à gauche et opposé à une départementalisation trop rapide de l'île. Celle-ci entretient des liens politiques et familiaux étroits avec Anjouan. Elle m'a confirmé que l'île vivait actuellement dans le chao, les délestages d'électricité sont quotidiens, durent 20h sur 24, il n'y a plus un euro dans les caisses de la banque centrale...Dans ce contexte, sans un début de développement de l'île, les kouassa-kouassa continueront à s'échouer sur Mayotte, droit du sang ou pas.
Sur la départementalisation. Aux dernières cantonnales, le PS local s'est allié avec l'UMP et le MDM (droite) avec comme seul programme la départementalisation de l'île. Perso, je pense que cette question mérite réflexion. Je ne suis pas certain que cela soit rendre service aux mahorais que d'engager à marche forcée la départementalisation de l'île. Le statut de COM est encore récent. A mon sens, Mayotte n'est absolument pas prêt à devenir un département avec tout ce que cela comporte (respect des directives européennes notamment).
Pour l'avenir, je pense que l'Etat doit clarifier sa position. Deux pouvoirs s'opposent aujourd'hui : le Préfet (qui se comporte comme un administrateur colonial) et le Conseil général. Je n'ai pas l'impression qu'il y ait aujourd'hui de reflexion sur l'avenir de l'île : quid des enjeux posés par l'explosion démographique (éducation, environnement, santé) ? quid du développement du tourisme (pb des infrastructures, de la desserte aérienne) ? quid du développement de certaines filières agricoles et de pêche pour réduire l'importation de produits alimentaires ? Pas grand chose, du moins rien de sérieux.
Mayotte c'est aujourd'hui officiellement 200 000 habitants (officieusement 290 000) concentré sur 500 km2. Si rien ne change, je crains que le volcan de l'ïle ne finisse par se réveiller. Et là il sera trop tard...J'espère que nous aurons l'occasion de secouer les puces de nos dirigeants sur cette question au prochain congrès.
Amitiés socialistes
S'indigner pour un sénateur est facile et peut même être un fond de commerce!
Qu'il se mouille pour de vrai, ce "républicain"!
Et parce que j'en ai plein le cul que face au néolibéralisme et ses nuisances qui deviennent graves, beaucoup trop ici sont incapables d'imaginer quoi que ce soit de neuf, n'ont aucune idée, et ne peuvent que bêler à la Vraie Gauche en s'inspirant d'un 2Oe siècle mort et enterré et hors du temps présent, ceci :
De quelle couleur est un schtroumpf communiste :
http://www.qalc.fr/index.php?a=details&id=5421