12nov 06
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Voici une note un peu longue. J’y travaille depuis quelques temps, comme on le comprendra en me lisant. La mise au point a pris du temps car elle s’est faite alors que je courai d’une réunion à l’autre dans le pays, ces temps-ci. Je forme le v?u qu’elle éclaire mon point de vue et permette de comprendre la racine de mon opposition radicale à la doctrine que contient explicitement le discours de Ségolène Royal. Je n’ai aucun contentieux personnel avec elle. J’admire même plutôt la façon avec laquelle elle a rallié les éléphants les plus sordides du PS que la veulerie a conduit jusqu’à l’enclos de dressage et qui dorénavant marchent à la baguette du moment que leurs pâturages sont garantis. Mais mon engagement politique est un tout. Selon moi, on se construit dans la lutte socialiste autant qu’on reconstruit le monde. Les principes qui nous mettent en mouvement comptent autant que les raisons concrètes que l’on a d’agir. Ségolène Royal ne dirait pas le contraire, je crois bien. Dés lors je dis une nouvelle fois mon dégoût pour la meute de ceux qui hurlent sans discontinuer chaque fois que l’on oppose un raisonnement à un autre, et pour tous ceux qui ramènent toute opposition à une compétition de personnes et d’ambitions, comme si nos motivations ne pouvaient être que viles une fois que les fanatiques ont décidé ce qui est bon. Mon point de vue s’inspire de l’idéal des lumières et du matérialisme que j’assume en tant que vision globale. Elle motive les formes et les moments de mon engagement politique. En voici une expression.
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Dans une analyse publiée le 4 juillet dernier dans le Monde, Michel Noblecourt procède à une analyse approfondie et documentée au sujet de l’ « ordre juste » cher à Mme Royal et à Benoît XVI. C’est la seule fois où, dans la presse, une quelconque tentative de réflexion sur ce mot d’ordre aura été tenté. La force de son analyse, en dépit de la qualité des références devenue tout à fait inhabituelle dans la prose qui se publie sur les socialistes, souffre cependant d’un aboutissement tronqué. En effet, l’analyse de l’éditorialiste fait, pour finir, comme si c’était le concept d’ordre lui-même qui posait problème chez les socialistes. Pourquoi faut-il que toute critique argumentée des vues particulières de Mme Royal sur telle ou telle façon d’aborder un thème en soit réduite à la contestation de l’idée même qu’elle évoque ! Celui qui critique son concept « d’ordre juste », comme c’est mon cas, serait un ennemi de l’ordre ou bien dans le meilleur des cas un laxiste ou un indifférent. Quand on ne lui demande pas s’il n’est pas en réalité partisan d’un « ordre injuste » ! Cette tendance des médias à enfermer les détracteurs de Mme Royal dans des caricatures a failli rendre impossible le moindre débat sérieux autour de sa candidature et de ses idées. Fort heureusement, le sentiment d’impunité qu’elle a tiré de ses multiples passages en force contre les aspects les plus constants de la doctrine socialiste l’a conduite à des excès qui ont rendu possible le retour de la réflexion à la faveur de la stupéfaction?.
ORDRE ET SOCIALISME
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Je veux m’en tenir ici à « l’ordre juste ». Contrairement aux suppositions de Michel Noblecourt, ce n’est pas l’ordre qui pose problème dans l’ « ordre juste ». De tout temps, la doctrine socialiste s’est proposée d’établir un nouvel ordre social face au désordre capitaliste. A fortiori en France, où le mouvement socialiste a hérité de la cause plus large de la République, née sous la Révolution française en rupture avec les désordres de l’Ancien régime. Ici l’ordre, c’est le caractère général de la norme, de la loi générale et impersonnelle face à l’anarchie des privilèges et de la réglementation « sur mesure ». C’est l’intérêt général face au maquis des intérêts particuliers. C’est un Etat au service du plus grand nombre face à la jungle de la concurrence. Ce sont des services publics face à l’imprévoyance des marchés. C’est la redistribution sociale face au dérèglement de l’égoïsme individuel. C’est l’unité et l’indivisibilité de la communauté légale face à la tentation de la régionalisation des droits. A l’inverse, la précarité, la compétition universelle, la main invisible décidant de tout en tous lieux, le droit a géométrie variable d’une région à l’autre, voila le désordre fondamental qui insécurise la vie quotidienne de celui qui vit de son travail, qu’il soit salarié ou petit producteur indépendant, paysan ou artisan.
Bref ce n’est pas l’ordre en lui-même qui pose problème pour un socialiste. Mais il existe deux sortes d’ordre. L’un est l’ordre construit par la délibération collective, humain et historique. L’autre est l’ordre pré-établi, qu’il soit divin et éternel ou le résultat d’une mécanique immanente et indépassable réputée relever des lois de la nature, de la main invisible du marché ou de quoi que ce soit de semblable face à quoi la volonté humaine serait impuissante.
Quand il se réfère à l’ordre, le mouvement socialiste, et avant lui le mouvement des Lumières, font référence au premier. Dans cet ordre la norme commune est fondée sur la volonté collective des citoyens éclairés, de même que la morale individuelle est fondée sur le libre exercice de la raison. Et sur rien d’autre. Cet ordre est par définition mouvant et transitoire. Pour les républicains et les socialistes, il est émancipateur. C’est le mot clef. L’ordre émancipateur veut placer l’individu et la collectivité en situation de s’émanciper de tout ordre préalable donné. Cet ordre émancipateur conteste donc tout ordre « établi ». Dès lors, il ne reconnaît aucune autre source que la souveraineté du peuple pour conduire les affaires humaines. Ainsi l’article 3 de la Déclaration de 1789 affirme-t-il que « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » Cet ordre émancipateur fonde le droit du peuple à s’insurger contre toute autorité qui n’émanerait pas de lui. Dès lors républicains et socialistes n’ont donc jamais prétendu « restaurer » ou « rétablir » aucun ordre. Ils ont au contraire toujours ?uvré pour que les citoyens construisent eux-mêmes leur histoire en fixant par eux-mêmes les règles du jeu, les formes que l’ordre prendra.
LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
L’expression « l’ordre juste » est le c?ur de la doctrine sociale de l’église. C’est bien son droit. Le pape actuel en fait un refrain constant de ses interventions concernant le fonctionnement de la société. Sa première encyclique publiée en décembre 2005 s’y réfère abondamment. On se doute que quand Benoît XVI parle d’ « ordre juste » dans son encyclique, ce n’est pas à cet ordre émancipateur du mouvement des lumières qu’il se réfère. L’idée que l’homme puisse se donner à lui-même ses propres lois a toujours été combattue par le dogme chrétien. Benoît XVI a rappelé que la source des malheurs du temps est dans la prétention des hommes à délibérer par eux-mêmes des sources de la morale plutôt que de s’en remettre a celle que Dieu leur enseigne. Ce raisonnement n’est pas nouveau dans ces bouches.
L’ordre préétabli et l’autorité en place qui le garantit, ce fut d’abord une seule et même chose dans les textes de référence. Dans sa 1ère épître (2.13), l’apôtre Pierre proclame : « Soyez soumis à cause du Seigneur à toute autorité établie parmi les hommes. » Et Paul de Tarse de réclamer, dans son épître aux Romains (13.1-2) : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. Celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi. » Certains pourraient considérer qu’il s’agit là de préceptes datées qui n’engagent plus l’Eglise. C’est perdre de vue le coeur de la doctrine. Celle-ci nie que l’ordre des choses puisse être valablement issue d’une délibération libre de référence. Raison pour laquelle au début du XXème siècle encore, en 1906, luttant contre la République française désormais institutionnellement laïque, l’encyclique du pape Pie X « Véhémenter nos » dénonce la légitimité du suffrage universel ! Il théorisait que «
la multitude n’a pas d’autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs.»
Certes, depuis l’Eglise ne s’oppose plus à la démocratie. Mais elle continue à contester à l’homme et au peuple leur pleine souveraineté pour définir librement leurs normes de vie. Dans sa note doctrinale de 2002 sur les catholiques et la politique, Joseph Ratzinger, alors cardinal, pointait du doigt « ces citoyens qui revendiquent, pour leurs propres choix moraux, la plus complète autonomie ». Et il ajoutait que « toute conception de l’homme, du bien commun, de l’État doit se soumettre au jugement de la norme morale enracinée dans la nature même de l’être humain ». Et de dénoncer dans le même texte « ces révolutions dont le programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu, mais de prendre totalement dans ses mains la cause du monde, pour en transformer la condition ». Devenu pape, Benoît XVI confirme qu’une norme morale naturelle et intemporelle s’impose nécessairement à l’action et la raison humaines. Ainsi, pour lui, « avec la Shoah, les nazis voulaient également extirper la racine sur laquelle se fonde la foi chrétienne, en la remplaçant définitivement par la foi fabriquée par soi-même, la foi dans le pouvoir de l’homme». Ceux qui ne misent que sur le pouvoir de l’homme pour conduire leur vie et la société sont donc à ranger avec les nazis ! L’ « ordre juste » que Benoît XVI appelle de ses v?ux renvoie donc clairement à un ordre pré-établi, qui dépasse la communauté humaine. Dans cet ordre, chacun reçoit « la part qui lui revient » en vertu d’un dessein qu’il ne peut comprendre. C’est le sens de la subsidiarité chère à Thomas d’Aquin, en vertu de laquelle chacun doit occuper la place et le rôle conforme à une harmonie pré-établie.
ON PARLE AVEC SA CULTURE
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Quand Ségolène Royal dit à maintes reprises qu’il faut « rétablir un ordre juste », n’est-il pas légitime de s’interroger sur la nature de l’ordre auquel elle renvoie ? Surtout quand elle commence à employer cette formule deux mois après la publication de l’encyclique de Benoît XVI qui fait de l’ « ordre juste » le « devoir essentiel du politique ». Si cet ordre doit être rétabli, n’est-ce pas qu’il préexiste, comme chez Benoît XVI ? Les médias s’honoreraient de lui poser la question plutôt que d’encenser chacune de ses formules sans que personne ne sache vraiment de quoi elle parle. Les analystes scrupuleux, ceux qui respectent Madame Royal, prenant au sérieux ce qu’elle dit ne peuvent manquer de repérer des variations significatives dans l’emploi de ce terme dans son vocabulaire de campagne. Seuls les naïfs peuvent croire que les personnages publiques, à plus forte raison lorsqu’ils sont aussi exposés qu’elle l’est, parlent sans savoir ce qu’ils disent à l’occasion de discours ou d’interventions sur des sujets où ils se savent écoutés et observés. Certes, il peut arriver que ce soit le cas. Je suis persuadé que souvent Ségolène Royal s’exprime tout à trac. Mais même dans cette circonstance c’est alors une culture personnelle qui fournit la matière première d’une sortie imprévue. J’en suis un bon exemple. Quand j’ai parlé de « petits blancs » de façon incontrôlée, c’est ma culture de pied noir en rupture de milieu qui s’est exprimée en utilisant un mot du vocabulaire de l’anti colonialisme des années 60. Quand j’ai pris à partie les Lituaniens (en fait il s’agissait des Lettons), c’est ma culture d’admirateur des exploits de la résistance du peuple russe contre l’invasion nazie qui parlait, brute de décoffrage. Elle disait le dégoût que m’inspire la participation de masse des SS lettons et de la population de ces zones aux pogroms contre les juifs et aux assassinats de masse sous uniforme SS perpétrés contre les Russes. Mon dégoût est intact. Il est à la racine de ma certitude que le nationalisme et l’ethnicisme conduisent immanquablement à l’antisémitisme, au racisme et aux crimes de guerre et que tout cela est imprescriptible. Immanquablement cette conviction finit par se manifester alors même que mon « intérêt politique » bien compris devrait me pousser à me taire comme tout le monde quand l’Etat letton décide de payer les retraites des anciens SS.
LA COHERENCE DE SEGOLENE ROYAL
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Dans un autre registre, celui de l’ « ordre juste », la mise en situation du mot dans la syntaxe de Ségolène Royal doit être considérée comme significative. Elle est conforme à ses références spirituelles personnelles qui ont été depuis éclairées par de nombreuses biographies. Comment oublier cette sortie publiée dans le portrait que lui a consacré le journal « Le Monde » à propos des caricatures de Mahomet : « je ne laisserais pas insulter Dieu ». Ou bien dans le même article, cette remarque de Mignard, présenté comme un ami intime bon connaisseur du personnage et qui note « elle c’est la doctrine sociale de l’église plutôt que la lutte de classe » . Ou encore cette incroyable titre sur six colonnes du journal « Paris Match » « Pendant que ses amis s’abreuvaient aux sources du marxisme, elle allait à Donrémi, s’agenouiller et prier la bergère combattante à qui elle voue toujours un culte particulier » Mon intention n’est pas de porter un jugement sur la foi religieuse de Ségolène Royal. Je veux la mentionner comme un système cohérent de références qui permet de comprendre ce qu’elle dit mieux que la collection de ses déclarations absurdes. Selon moi ce qu’elle dit est conforme à ce qu’explique la première encyclique du pape Benoît XVI. « Il est certain que la norme fondamentale de l’État doit être la recherche de la justice et que le but d’un ordre social juste consiste à garantir à chacun, dans le respect du principe de subsidiarité, sa part du bien commun. C’est ce que la doctrine chrétienne sur l’État et la doctrine sociale de l’Église ont toujours souligné. D’un point de vue historique, la question de l’ordre juste de la collectivité est entrée dans une nouvelle phase avec la formation de la société industrielle au dix-neuvième siècle » Cette conviction fait injonction : «L’ordre juste de la société et de l’État est le devoir essentiel du politique » Et il est naturel que ce soit la tache de chacun de s’y atteler :
« Le devoir immédiat d’agir pour un ordre juste dans la société est le propre des fidèles laïques. En tant que citoyens de l’État, ils sont appelés à participer personnellement à la vie publique. »
Bien sûr, au cas particulier du concept « d’ordre juste », il est tout a fait entendu que Ségolène Royal reste maîtresse du sens qu’elle veut donner à ce concept. Il suffirait de prononcer un mot de clarification ? ce que nous la contraindrons à faire le moment venu ? pour que l’interprétation que nous en faisons cesse tout aussitôt. Pour l’instant, il est frappant de noter les variations. Tantôt l’ordre juste doit être « établi », tantôt il doit être « rétabli ». Ces variations ont un sens. L’ordre juste pré-établi de la tradition à laquelle se réfère Ségolène Royal doit être « rétabli » là où il a été méconnu ou annulé. Il doit être « établi » ou imposé, là où il n’a jamais pris pied. Parfois, l’usage du verbe varie, quoiqu’il s’agisse du même sujet d’application. Par exemple à propos de l’école. Est-ce vraiment rassurant ?
LE DEBAT ET SON CONTEXTE
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Cette question doctrinale abstraite entre en résonance avec un moment politique singulier. Celui où la société tout entière est en proie à l’angoisse d’un désordre absolu. Non seulement un désordre social, mais un désordre plus fondamental dont elle ne perçoit pas le lien avec le premier. Surtout quand ceux dont c’est le devoir brouillent les pistes. Ainsi, quand il avoue qu’il avait fait preuve de naïveté en croyant que le règlement de la question sociale réglerait celui de l’insécurité, Lionel Jospin a brisé sans s’en rendre compte une digue fondamentale. Si l’extension du crime est le résultat d’un relâchement des normes morales individuelles, ce sont elles qu’il faut rétablir avant tout. Les médias sensationnalistes, qui exhibent sans relâche les infanticides et tout sortes d’actes de barbarie individuelle avec les mots et les simplifications de la presse bien pensantes du dix neuvième siècle, alimentent chaque jour cette façon de voir le problème de notre temps. L’illusion d’un ordre que l’on rétablirait en extirpant une fois pour toutes les racines du vice qui sont dans « la part obscure de l’homme » est aussi vieille que l’humanité. Souvent elle confie à Dieu l’exécution de cette tache. Il y pourvoit à coups de déluge ou de destruction emblématique comme à Sodome et Gomorrhe. D’autres fois, des jurys populaires spontanés s’en chargent eux-mêmes. Ainsi en pleine révolution, le peuple de Paris fondateur de la République, mort de peur a l’approche des armées qu’il va écraser à Valmy, ce peuple constitue des « jurys » qui organise dans la cour des prisons les horribles massacres du 2 septembre Il commence par tous les prisonniers royalistes, puis continue la boucherie en assassinant les fous et les prostitués. D’autres fois on le sait, la cause de la souillure et de la perversion est attribuée à une population tout entière. On se souvient comment les nazis utilisèrent la caricature du « ploutocrate juif » pour canaliser dans l’antisémitisme et le meurtre de masse l’anticapitalisme populaire des allemands. Tout cela doit être présent à l’esprit en ce moment dangereux de notre histoire. Surtout quand on sait que ce n’est pas la première fois que ce débat éclate parmi les socialistes.
DEJA, EN 1933
Dans des conditions largement comparables, le congrès de Paris de la SFIO, en 1933 a eu à en connaître. Plusieurs dirigeants actuels du Parti Socialiste l’ont relevé. Notamment Bernard Poignant qui en a fait l’objet d’une note largement diffusée au PS. A la tribune du Congrès, Adrien Marquet, député-maire de Bordeaux, qui ralliera ensuite les nazis et la collaboration, déclare : « Ah ! Si la grande force que représente le socialisme était capable d’apparaître, dans le désordre actuel, comme un îlot d’ordre et un pôle d’autorité, quelle influence serait la sienne, quelles possibilités d’actions véritables s’offriraient alors à lui ! La dominante, dans l’opinion publique, c’est la sensation du désordre et de l’incohérence? Ordre et autorité sont, je crois, les bases nouvelles de l’action que nous devons entreprendre pour attirer à nous les masses populaires sans lesquelles rien de grand ne pourra être tenté? »
Léon Blum l’interrompra par une phrase : « Je vous écoute avec une attention dont vous pouvez être juge, mais je vous avoue que je suis épouvanté ». Pourtant, les phrases d’Adrien Marquet pouvaient paraître aussi pleines de bon sens que n’importe lesquelles de celles que nous entendons à présent, surtout si l’on tient compte du contexte de ces années de crises économique totale et de victoires dans toute l’Europe du modèle « social et national » de Mussolini, Hitler ou Salazar. Pourtant quand il s’explique à la tribune ensuite, Léon Blum, est particulièrement incisif :
« Il faut maintenant que je réponde à ce discours de Marquet dont j’ai dit en l’interrompant, ce dont je m’excuse, qu’il m’épouvantait. Mais à la réflexion, et je peux bien lui dire que depuis que je l’ai entendu, je n’ai guère fait que réfléchir à cela, ou bien à part moi, ou bien dans cette forme de discussion que le Congrès rend plus facile et qui s’appelle la controverse avec ses camarades, je ne peux que lui dire que ce sentiment d’épouvante ne s’est pas atténué et qu’il n’a fait que se fortifier, au contraire. Il y a eu un moment, Marquet, où je me suis demandé si ce n’était pas le programme d’un Parti social-national de dictature. (?) Vous êtes venus nous dire qu’il fallait des mots d’ordre d’autorité et d’ordre, avec l’impression que nous nous poserions devant le pays comme des défenseurs de l’autorité et de
l’ordre (?) Rassemblant autour de nous ces masses populaires de valeur hétérogène et inorganisées dont je parlais tout à l’heure et cela pour une preuve de rénovation sociale dans le cadre national. Eh bien, je le répète, quand vous disiez cela à la tribune du Parti socialiste, eh bien, je me demandais où j’étais. Je me demandais ce que j’entendais et si je n’étais pas le jouet d’une illusion des sens. »
CEUX QUE LA MODE NOUS AMENE
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Quel étrange clin d’?il de l’histoire de retrouver dans la bouche de Laurent Fabius la mise en garde de Léon Blum ! Ainsi lorsqu’il demande sous les cris indignés des griots de Ségolène Royal qu’en matière d’autorité on n’aille pas courir derrière Sarkozy quand celui-ci se met à courir derrière Le Pen ! Léon Blum était bien plus direct ! Lisez : « Mes chers amis, écoutez (?) gardez-vous en ce moment à tout prix contre le danger que le discours de Marquet faisait apparaître de façon si saisissante, c’est-à-dire dans votre haine du fascisme, dans votre volonté de le combattre et de le vaincre, dans votre volonté d’arriver au pouvoir avant lui, de lui emprunter ses propres armes et ce qui est pis, sa propre idéologie. » Puis rappelant ses nombreux travaux dans lesquels il a exprimé son adhésion complète à la thèse de la dictature du prolétariat il n’en conclut pas moins « je vous dirai simplement que la propagande socialiste n’est pas une propagande d’autorité, qu’elle n’est même pas une propagande d’ordre au sens où vous l’entendez, mais qu’elle est une propagande de liberté et une propagande de justice ». C’est exactement ce que signifie « l’ordre émancipateur » auquel je me réfère contre « l’ordre juste ». J’aime particulièrement l’une des conclusions auxquelles son raisonnement à la tribune le conduit. On va voir comme il est loin de la mentalité de club de supporters à laquelle se réfèrent les innombrables adjurations de ceux qui ont pour unique argument en faveur de la candidate de l’ordre juste sa bonne côte dans les sondages et le « désir » aveugle de « gagner » qu’elle incarnerait. Une nouvelle fois je cite : « On nous dit : Les jeunes gens sont impatients, la classe ouvrière est impatiente ! Peut-être des jeunes gens ne viendront-ils pas à nous. Il y a eu d’autres époques où les jeunes gens sont venus à nous et nous ont quittés bien vite. « Ceux que la mode nous a donné, disait Jaurès, un jour, la mode nous les a repris. » Laissez-moi vous le dire : c’est autre chose qu’il faut répéter à ceux qui nous écoutent. Il faut leur enseigner que les vertus révolutionnaires sont à la fois l’audace, qui ne laisse échapper aucune occasion, et en même temps la patience qui permet de les attendre. Vous nous dites : « Si vous ne pouvez pas promettre le succès immédiat, si vous ne pouvez pas satisfaire assez tôt, chez eux, un espoir de réalisation définitive, ils iront ailleurs. Si vraiment ils pensent ainsi, qu’ils aillent ailleurs, ils n’ont rien à faire avec nous dans ces conditions -là. » A ce congrès là, c’est Blum qui l’a emporté. Ceux qui « n’avaient rien à faire avec nous » sont partis. Par un retournement de circonstances qui mérite d’être souligné, c’est à mon sujet que depuis des mois, certains petits malins que je connais de longue date, annoncent sans relâche que je serais sur le départ et ainsi de suite. Je ne m’émeus pas de leur vindicte. Je sais qu’elle exprime de la façon confuse et rageuse qui leur est coutumière l’incompatibilité absolue qui existe en effet d’un côté entre les doctrines spécieuses de l’ordre juste et ses déclinaisons en « jurys populaires », « France des régions « , et autres « mise au carré » des familles et, de l’autre côté, la doctrine des lumières sur l’ordre émancipateur. Mais qui aura le dernier mot n’est pas encore écrit. La clameur des » applaudissements imbéciles et des engouements hallucinés » comme disait Jaurès, n’y suffira pas.
Merci pour cette excellente analyse qui fait contraste avec le débat politique people vers lequel veulent nous entraîner médias et sondages d'opinion, au mépris de toutes règles déontologiques et de surcroît en prétendant donner des leçons.... Article repris et diffusé sur le site de l'Observatoire de la démocratie (http://www.observatoiredemocratie.net) et sur celui de "Rassembler à Gauche 77" -(http://rassembleragauche77.over-blog.net/). Jean-Francis Dauriac
Jean-Luc, j'ai arrêté ma lecture au paragraphe de "ON PARLE AVEC SA CULTURE". Ton acrobatie sur les lituaniens est un peu comique comme sur les p'tits blancs! Mais bon autant se donner l'absolution, soi-même, pour jouer ensuite au procureur de nouveaux accusés plus médiatiques pour se redonner une consistence.
Avant de poursuivre la lecture de tes propos, je vais refaire un petit tour dans un livre de Dominique Reynié où l'on parle pas mal de toi quand même...
comme d'ordinaire excellent message,
de gauche... comme d'habitude!
1 je suis à Limoges le 14 pour l'accueil d'ALEXIS
2 je prends contact comme tu me l'as
demandé avec serge TISSOT
3 j'ai rencontré Pierre AUGER à ISSOUDUN vendredi soir
amitiés fabiusiennes!
salut et fraternité
d boulier
Un affectueux message de Marie-Ségolène Royal au corps enseignant: "Au boulot, tas de feignasses!"
Article disponible sur le blog :
http://laurentfabius2007.over-blog.com
Merci d'y faire un eptit tour !
A part cela, article dense mais d'une exceptionnelle justesse. la dame patronnesse nous aura vraiment tout fait. L'ordre juste ! Et bien moi je veux un peu de bordel dans ma vie, c'est pas un crime, NON ?
J'ai lu cette analyse de Michel Noblecourt et nous avons eu l'occasion d'en discuter suite à une réunion organisée à la Cité avec la Dame aux caméras, dont l'intervention nous a, au passage, fait penser à une élève qui doit lire la copie d'un autre, assez scolaire au demeurant. Et quand les questions sont venues, non prévues à l'avance (rire), elle n'avait pas d'anti-sèche...
J'ai lu ta note un peu trop rapidement vu l'heure tardive. Je vais m'y arrêter plus longuement demain, mais je voulais dès ce soir te remercier pour cette contribution d'un intérêt intellectuel qui ne me surprend pas de ta part.
Jean-Luc, si par malheur pour notre pays cette apprentie sorcière devait être investie, je sais que nous saurions nous organiser et nous opposer comme il se doit.
Salut et Fraternité.
Le Sanglier je n'ai pas l'impression que Mélenchon dise que Ségolène Royal soit une idiote ; il dit le contraire et rend hommage à son courage.
Mais il estime que, marquée par son enfance et son éducation (j'espère qu'il ne croit pas que cela soit automatique) elle a une vision faussée des problèmes et des solutions.
Et en face il rappelle notamment les analyses de Léon Blum qui me semblent valoir d'être méditées, non ?
Les idées de Léon Blum : idéales, merveilleuses, novatrices, avant-gardistes même... dans les années trente.
Au XXI ème la société a, dans son entiéreté, évoluée.
Non seulement en France, mais aussi en Europe, voire sur la planète entière.
Un certain nationalisme, poujadisme, rejet du passé prédomine les nouveaux gouvernements divers.
A méditer...
Les consciences évoluent, inéluctablement en fait.
Après avoir lu cet article, et constaté dès les premiers commentaires à quel point il est irrépressible de parler avec sa culture (L?absolution le procureur et les points de suspension Hervé | 12.11.2006 à 17:29) j?ai continué ma balade jusqu?à ceci (décidément la vidéo !)
http://vigilance-laique.over-blog.com/article-4514516.html
ce qui m?a rappelé cet autre post lu quelques jours plus tôt
http://agenploi.free.fr/blogjp/archives/2006/10/index.html#e2006-10-30T19_06_20.txt
Puis je suis passé par ici
http://rogerfelts.blog.lemonde.fr/2006/11/12/le-cas-de-dsk/
et ai repensé à Hervé par-là
http://www.lalettrevolee.net/article-1258485.html
Quelle désolation au moment de poster de lire de quelqu?un à qui je dois souhaiter par compassion qu?il ait obtenu son bac avant 1981, ces lignes à encadrer :
« Les idées de Léon Blum : idéales, merveilleuses, novatrices, avant-gardistes même... dans les années trente.
Au XXI ème la société a, dans son entiéreté, évoluée.
Non seulement en France, mais aussi en Europe, voire sur la planète entière.
Un certain nationalisme, poujadisme, rejet du passé prédomine les nouveaux gouvernements divers.
A méditer...
Les consciences évoluent, inéluctablement en fait. »
Evoluer - en rejetant le passé - vers le poujadisme qui prédominerait dans les « nouveaux gouvernements divers » « en Europe, voire sur la planète entière ». Mais c?est les années trente ! Blum est moderne ! CQFD !
Normal qu?il ait pas tout compris de la prose à Jean-Luc Mélenchon !
POURQUOI SÉGOLÈNE ET DOMINIQUE DOIVENT SE RETIRER.
Le temps n'est pas à la mollesse ni aux mondanités.
Pas davantage aux compromis sous couvert d'un pseudo réalisme économique.
Le temps n'est pas aux promesses de concertation et aux vains appels à la raison.
Pas davantage aux simples constats tirés de sondages de sorties de supermarché.
L'espoir n'est pas dans un consensualisme d'opérette nourri aux paillettes de la Star Ac.
Pas davantage dans une forme tiède de social-démocratie, celle-là même dont nous devons, au contraire, constater et assumer les échecs passés.
Le temps est à la colère !
Nous sommes en état d'urgence sociale : 7 millions de travailleurs pauvres en France ! 7 millions, peut-être moins puisque tout ce qu'on a trouvé à redire sur ce cri d'alarme lancé par Jacques COTTA dans son livre, c'est de chipoter sur les chiffres ("7 millions de travailleurs pauvres- La face cachée des temps modernes" Fayard), qui touchent moins de 722 euros par mois, dorment dans leur voiture, dans des foyers ou dehors, vont se doucher dans des toilettes publiques avant d'aller à leur boulot...
7 millions de travailleurs qui payent des charges sociales pour la maladie, la retraite, le chômage... et qui sont privés de tout et n'ont droit à rien.
Ils font partie des "invisibles" sécrétés par notre société, ces "invisibles" dont parle Jean-Eric BOULIN dans son cri de rage "Supplément au roman national" (Ed. Stock)
Voici ce qu'écrit sur ce livre Michel ABESCAT de Télérama :
"Supplément au roman national, c'est la France au tranchoir. Une charge à l'arme lourde contre la décomposition sociale et démocratique des années 1990 et 2000 : effondrement du projet républicain, élargissement du fossé entre les riches et les pauvres, échec patent des politiques d'intégration. Jean-Eric Boulin dédie son texte « aux invisibles », se tient au côté des exclus, des précaires, des entassés du RER, stigmatise les mirages de l'accumulation, de la pub et des images, et déchire avec une belle voracité l'arrogance et la vanité des nantis de tout poil, le tout-Paris de Saint-Germain-des-Prés, Guillaume Durand et son « parterre de congratulateurs », Frédéric Beigbeder qui parle si bien « des problèmes de ceux qui n'ont pas de problèmes » et... François Hollande qui paye pour tous les politiques. Au total, c'est la France même qui disparaît aux yeux de Boulin. La nation, le peuple n'existent plus. Reste une « communauté de consommateurs » pour la plupart frustrés, épuisés, divisés. Un vide sidéral, source de toutes les violences qu'il annonce en grand tintamarre".
Comment ne pas se rendre compte que tous les faits divers dont on nous abreuve médiatiquement, ne sont que des scories de cette misère matérielle et psychologique dans laquelle sont submergés de plus en plus de français ? Comment ne pas apercevoir le piège qui consiste à entrer dans la logique répressive de la droite en ne traitant que de l'insécurité et de la réponse de fermeté qui serait la seule adéquate ? Comment ne pas être édifié à cet égard devant cette "réponse judiciaire" dans l'affaire de cette maman de quatre enfants à Toulouse ayant tué son dernier né et l'ayant congelé, la maman étant poursuivie pour infanticide et sa fille aînée, à peine majeure, pour "non-dénonciation de crime" ? Et on croit ainsi que c'est faire justice ? Que la condamnation de cette jeune fille la remettra sur le "droit chemin" d'une misère quotidienne qu'elle devrait accepter en silence sans hurler de rage ? Et on croit ainsi que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
Qui va oser dire aux 7 millions de travailleurs pauvres et aux X millions en passe de le devenir et qui n'ont guère mieux que 722 euros par mois, que la priorité pour la Gauche c'est que nos enfants soient bien polis et qu'à la première incartade, ils doivent être sanctionnés ?
Qui va oser dire aux 7 millions de travailleurs pauvres et aux X millions en passe de le devenir et qui n'ont guère mieux que 722 euros par mois, que la priorité pour la Gauche c'est qu'on ouvre des négociations avec le MEDEF et les autres organisations patronales pour leur dire que, quand même, il y a 7 millions de travailleurs pauvres et X millions en passe de le devenir... et qu'il faudrait faire un petit effort compte tenu des bénéfices records réalisés par les entreprises du CAC 40 ?
Qui va oser dire qu'il est PS après ça ?
Qui va oser dire qu'il a privilégié une image plutôt que des idées, des constats plutôt que des projets, un conformisme petit-bourgeois plutôt que des convictions de gauche ?
Qui va oser dire qu'il a privilégié les recettes tièdes de la continuité social-démocrate plutôt que la vraie rupture du "tout à gauche", seule alternative encore crédible à une implosion sociale dont les premiers éclats secouent la tranquillité de nos vies ?
Nous sommes en état d'urgence ! Un état d'urgence social qui, s'il n'y a aucune rupture avec le libéralisme financier qui pourrit aujourd'hui notre société, deviendra un état d'urgence tout court, la violence comme seule réponse à la violence... et les mêmes toujours qui tireront leur épingle du jeu.
Il est encore temps peut-être de stopper cette machine, mais cela ne peut être que par une vraie rupture, un vrai NON comme le premier, le refus de considérer cette perspective comme une fatalité et le rejet des solutions sécuritaires de la Droite consistant à se mettre aux abris derrière des cordons sanitaires et des miradors...
En tout cas nous PS, nous devons tout faire à cette fin, sinon à quoi bon prétendre avoir des convictions de gauche ?
Qui a aujourd'hui la conscience de cet état d'urgence ?
Qui a aujourd'hui la conviction de la seule réponse d'une politique de gauche ?
Qui a aujourd'hui le courage d'imposer un programme de réformes urgentes : juin 2007, augmentation autoritaire du SMIC; septembre 2007, réforme constitutionnelle...
Nécessité de mesures sociales concrètes et immédiates pour des populations lassées de promesses et de discours, revenues de tout, en état de désespérance, et dont les enfants ne voient d'autre issue à la violence de leur quotidien que la violence à l'état pur.
Urgence de la mise en oeuvre d'une politique de gauche pour enrayer cette décomposition sociale et démocratique de la France, et tenter ainsi de redonner un peu d'espoir et de confiance en l'avenir.
Audace de solutions techniques précises pour le financement de cette politique de gauche et refus des atermoiements dictés par un pseudo réalisme économique.
Qui a cette conscience, cette conviction et ce courage ?
Alors, Ségolène et Dominique, au nom des convictions qui justifient votre engagement au PS, il faut vous retirer.
Au-delà de vos personnes, ce sont nos convictions qui doivent l'emporter.
Et ça ne vous dérange toujours pas d'utiliser une photo truquée pour illustrer votre post si subtilement intitulé "La défense de la culture a vaincu les barbares étatsuniens", alors même que vous avez été prévenu depuis près d'un an qu'il s'agit d'un montage ?
Au modérateur :
Surtout n?effaces pas les posts des jumeaux de 11:04 et 11:32.
Après les textes de Jean-Luc Mélenchon et JAD ils font tache certes, c?est ce qu?ils font le mieux et c?est très bien quand ça se voit !
Un "syndicaliste" qui se vante d'être de la cfdt ! c'est aussi rare qu'un archéo-stalinien de nos jours...
Oui il y en a, effectivement. Mais non pas le " censuré Belgo ", (ici sur ce blog, chez Hertogue, chez DSK etc...) qui y fait tache in fine...
Mon cher camarade,
Merci de cette note intelligente.
je te joins le lien pour (ré) écouter l'émission de France Inter "le franc parler" avec comme invité l'historien démographe et politologue Emmanuel Todd, dont Chirac s'était inspiré avec le thème de la "fracture sociale" (terme de Marcel Gauchet) en 1995.
Pour ceux qui suivent attentivement le débat au PS dont le dénouement premier est proche, soit parce qu'ils ou elles ont un rôle direct à y jouer, soit parce que ce sera un élément déterminant dans la campagne présidentielle qui va suivre y trouveront une analyse éclairante de la situation française, discutable bien entendu.
Il y montre combien les thèmes sécuritaires (Sarkozy ou Royal), la notion "franquiste" d'ordre juste, la rupture libératrice des deux favoris de sondages (auxquels Emmanuel TODD nie toute valeur de prédiction) sont à contre courant des tendances fortes de la société française qui libère l'électorat et accentue le caractère imprévisible du vote à venir.
(je te recommande particulièrement de la 13° minutes à la 25 °, l'émission étant globalement intelligente à mon sens)
> http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/francparler/index.php?id=49287
Allez "on n'est pas fatigué-e-s"
avec amitié
Emmanuel Todd (à ne pas confondre avec son père) est un individu à l'intelligence supérieure. Comme tout humain de cet acabit, il a louvoyé entre chiraquisme et communisme.
Méandres de la pensée...
Je ne suis pas convaincu qu'un tel intellectuel puisse influencer, en quoi que ce soit, la primaire interne interne du jeudi, vu son passé plus que louvoyant...
Il est temps de recentrer le débat et de disserter sur le clin d'oeil de Fafa à Léon Blum...
Dans notre société, du XXI ème siècle, s'agit-il d'un réminescence nostalgique d'un belle époque ou bien d'un réel souhait, même utopique ?
Celà est à débattre, constructivement.
Moi, ce que je remarque, M.Mélenchon, c'est que les 3/4 de vos posts sont là pour "défoncer" Ségolène Royal!
Alors voici ma question: vous vous ennuyez tellement aux côtés de Fabius que vous n'arrivez pas à parler de lui?
Franchement Monsieur, calmez vos ardeurs.
Les révoltés, oui, les rageux non!
@sarah
"les 3/4 de vos posts sont là pour "défoncer" Ségolène Royal! "
Si ça n'est pas une remarque sexiste ça ! bouh!
Du "grand MELENCHON", comme d'habitude, qui redonne ses lettres de noblesse à la Politique et à la réflexion politique.
Sinon Laurent FABIUS a été très bon hier à Marseille, avec un discours convainquant, plein d'humanité, non dénué d'humour et de force de persuasion et de conviction. Dommage, qu'il n'apparaisse pas ainsi à la télévision !
A suivre jeudi?
Didier HACQUART, Adjoint au Maire Vitrolles (13)
http://didier-hacquart.over-blog.com
Aujourd'hui sur le blog (http://laurentfabius2007.over-blog.com):
- La question des dom-tom, un dossier technique
http://laurentfabius2007.over-blog.com/article-4540403.html
- Syndicalisation obligatoire ? Encore une fausse bonne idée !
http://laurentfabius2007.over-blog.com/article-4539960.html
- Les propositions concretes en terme de logement
http://laurentfabius2007.over-blog.com/article-4534023.html
Ce sont les derniers jours pour echanger sur des propositions programmatiques. Si vous voulez en debattre, n'hesitez pas !
Bien a vous camarades
Il y a une certaine impatience des classes possèdantes face à la démocratie. L'unité des actionnaires se révèlent avec le coup de force des médias sur la démocratie. Et le peuple laisse faire parce qu'il n'a confiance en lui comme le disait déjà Jaurés... triste monde.
@Sarah : Au lieu de, comme Madame Royal, jouer les caliméros, merci de la défendre en utilisant des arguments et/ou un cheminement de pensée logique. J'attend ça depuis le début des débats, je n'ai rien eu.
C'est que la majorité des posteurs sont semble-t-il bien équipé sur le plan des idées et de l'argumentation, et sont globalement désespérés par le vide sidéral de celui du clan Royaliste et pour ma part encore plus de voir que des militants la suivent en masse. On a alors l'exutoire que l'on peut, puisque le vrai débat n'est pas possible.
Pour Fabius, nous n'avons pas besoin de parler de lui, il parle très bien tout seul. Si c'est pour faire de l'auto-flaterie, ça n'a pas d'intérêt. Et puis Pierre le Belge s'en occupe très bien quand il s'agit de dire du mal de lui, et ce n'est pas (toujours ?) censuré, contrairement à ce qui se passe sur le blog Desir d'Avenir.
Mélenchon écrit :
"L?idée que l?homme puisse se donner à lui-même ses propres lois a toujours été combattue par le dogme chrétien".
C'est faux, le christianisme n'est pas une obéissance servile à un pâpe dogmatique mais c'est un chemin de conversion.
Pour comprendre st paul, encore faut il avoir une notion de ce qu'est la communion des saints.
Les propos de st augustin : "aimes et fais ce que tu veus" peuvent éclairer les propos de st paul.En effet, quand celui ci proposait une certaine soumission au pouvoir en place (d'ailleurs l'homme n'était pas si soumis puisqu'il n'a jamais adopté la religion de l'empereur), c'était bien, qu'en ce lieu et à cet instant, pour aimer il fallait préserver le peuple juif de la férocité romaine.
D'ailleurs, l'avenir lui donna raison puisque révolte il y eut, suivit d'une remise au pas terrifiante.
Pour s'ouvrir aux cultures différentes, encore faut il être à l'écoute.
En espérant que ce message ne sera pas censuré.
L'idée d'ordre juste fait écho à la notion suivante qui est que l'injustice d'aujourd'hui est la violence de demain.
Ce qui n'empche que ce qui est juste pour ségolène ne l'est pas pour beaucoup
d'autres.
L'empire romain croyait aussi à la justice de son "ordre".
D'ailleurs, il est peut être utile de rappeller ici que c'est un religieux qui a fait rajouter la mention "fraternité" aux
objectifs de "liberté" et "d'égalité".
Malin le bougre, il en faisait ainsi la clée de voûte de not'république.
Sans fraternité, on voit bien que tout s'écroule.
@Hugo : Sans doute le résultat de la demande des Fabusiens à ce que soit respecter la procédure mise en place par le parti, a savoir que ne pourront voter parmi les nouveaux militants que ceux ayant été présentés en section avant la date que j'ai oublié. Dans ma fédé, il a fallu faire l'arbitrage et il y a eu des rayés dans toutes les sections, quelque soit leur tendance, et ce à la demande du comité de soutien de Fabius ! Et ça a été présenté dans les sections pro-royal en particulier comme une magouille de la part des Fabusiens, comme tu le fais sur ce forum ! Les coups bas ne sont pas forcemment là où on le pense.
BRAVO! Encore bravo pour cette analyse brillante et digne d'un grand prof de philosophie, ou d'un philosophe tout court.
M. Mélenchon, j'aime décidément beaucoup vos propos et vos attitudes politiques. Vous devriez vous présenter à la présidentielle, maintenant ou plus tard, vous y avez pensé j'espère.
Je ne trouve rien à rajouter personnellement à, si ce n'est que l'on peut être croyant - comme moi - et adhérer à votre analyse.
Car il ne faut pas oublier que si dieu existe, il nous a donné le libre arbitre donc la liberté. C'est effectivement à nous de continuer à être libre, et à le devenir pour qui ne l'est pas : ainsi, le prisonnier ne (re)devient libre qu'une fois qu'il n'est plus détenu. Retrouver sa liberté consiste bien pour lui à "s'échapper" définitivement d'un mode de vie imposé par l'Autorité.
Affirmer que dieu est sensé nous dicter notre conduite, ce n'est pas à mon avis religieux, c'est une grossière erreur. Croire en dieu devrait nous apprendre que c'est en nous-même, par l'éducation de notre jugement, que l'on parvient à différencier le bien du mal, et qu'une fois qu'on le sait, on peut transmettre son savoir à autrui; mais pas plus que son savoir... D'où la nécessité de la laicité: être vraiment croyant procure un savoir dans un certain domaine mais pas dans tous, or beaucoup de religieux, qui pensent croire vraiment, croient hélas beaucoup trop de choses et notamment qu'ils peuvent juger de tout et tous. D'où la nécessité de séparation du soit-disant religieux et du politique. Laurent Fabius a raison d'insister sur ce point qui est fondamentale si l'on veut éviter de tomber dans l'intégrisme religieux, qui n'est pas que musulman, les catholiques le savent très bien.
Vous n'auriez pas un peu la trouille, les gars ?
Ça ne vole pas haut : un jour, on comparera toute cette prose à celle des sénateurs des années 30, qui ne voulaient pas que les femmes puissent voter. À celle des sénateurs de 1999-2000 qui ne voulaient pas de la parité.
Le pire, c'est que ça manque vraiment de classe, de style, pour des intellos...
Quand j'ai entendu SR parler d'"ordre juste", mes souvenirs scolaires et ma petite culture philosophique m'ont plutôt fait penser à Platon. Et j'ai gougueulé "Platon" "ordre juste" et suis tombé sur quelques travaux universitaires intéressants.
La question intéresante, au delà de la foi de SR et de sa culture catholique (cette dernière partagée de gré ou de force par au moins 85 % des Français), est de savoir si elle se réfère à un ordre spontané (comme Hayek, Polanyi, Popper, les libertariens, les soixantehuitards...)qui se méfie de l'intervention de l'Etat-Leviathan ou bien si elle se réfère à un ordre imposé, au-dessus des parties en conflit (comme Hobbes, Luther, Machiavel).
Saint Thomas ou saint Augustin?
Ce qui n'est pas la même chose...la curie romaine étant le siège, si ce n'est depuis les premiers siècles, du moins depuis la révolution papale et la scolastique d'une des plus grandes escroqueries intellectuelles de l'Histoire européenne (et par extension et conquêtes coloniales, du Monde).
hh
Mais enfin Melen, si on t'écoutait vraiment, comprendrait-on que tu plaides pour une république "tous égo"?
Je crains que OUI, car sous prétexte que tu n'es pas d'accord avec Ségo -car tu veux faire valoir tes propres positions- tu fais comme les vieux dinausores que tu fustiges pourtant et, au lieu de créer un "soutien critique",
un "courant", un "think tank", un groupe de pression à l'intérieur du PS, tu prends sans complexe le risque d'engendrer cethorrible duel:SARKO-SEGO! Je préfere encore Hulot tiens...
Retourne dans ton train de sénateur où la poesie t'inspire plus que la politique. F Mainguy
jean luc ça va te paraitre tres c...surement ce que vais taper.
Mais entre un Ordre injuste à la sarko, ou à de villiers ou à le Pen ;
un désordre injuste tel que le produit le capitalisme, un desordre "juste" (si t'as pas de fric t'as pas d'ordre) tel que le produit Sarko car il n'y a plus de police dans les cités et c'est la volonté de sarko de foutre de l'huile sur le feur....et un Ordre juste....
Je suis désolé de te dire que l'ordre juste qui permet à tous d'avoir accés à une sécurité me permet le moins pire.
Trouve une autre formule, la sécurité pour tous la sureté pour tous, la sureté juste...c'est pareil, ça veut dire moins de flics à paris et à neuilly et plus à Evry (je parle bien sur de police nationale)
Maintenant si pour toi les autres ordres sont émancipanteurs....c'est parfait...mais c'est plus que décevant pour quelqu'un qui a mis au point les emplois jeunes (surveillants) dans les colléges et lycées qui permettaient qu'il y ai un plus de calme...on peu dire d'ordre !
Je ne partage pas toutes vos idées, je vous avouerais même que j'ai fait un trajet de 800 km en train le 29 mai 2005 pour pouvoir mettre un bulletin "oui" dans une urne. Cela dit, votre analyse, honnêtement partisane, est très profonde et très intéressante. En particulier, vous m'avez fait comprendre qu'il ne fallait pas sous-estimer Ségolène Royal, ce que j'avais, je l'avoue, très largement tendance à faire. Je connaissais la citation de saint Thomas d'Aquin, mais je ne savais pas que Benoît XVI avait repris la citation dans sa première encyclique, c'est-à-dire le pape qui a choisi le prénom de son règne parce qu'il voulait rappeler le souvenir de Benoît XV, le dernier pape à avoir connu une Europe "unie" avant la Première Guerre Mondiale, tournant ainsi allègrement le dos à l'Afrique et à l'Amérique du Sud où se trouve aujourd'hui la plus grande partie de ses troupes.
Merci donc pour toutes ses informations.
PS : je reste encore profondément convaincu que l'Europe a besoin d'une organisation politique plus souple que l'actuelle et que le traité rejeté l'année dernière allait pouvoir ouvrir des espaces de dialogue plutôt qu'en fermer. Mais c'est une autre histoire, et plus précisément c'est déjà de l'histoire ancienne.
Vous connaissez le petit dernier : l'ordre éducatif juste : ca manquait.
Apparemment je ne suis pas le seul que l'ordre juste fait gerber... J'étais trop jeune en 68 mais enfin qu'est-ce que c'est que ce slogan : le retour d'un nouvel ordre moral ? Au secours !
Un homme politique qui réfléchit et offre au débat le fruit de sa reflexion, c'est devenu rare !
Je retrouve la gauche que j'aime combattre : intelligente, incisive, et qui offre prise au débat contradictoire. On est loin de la veulerie et de la paresse intellectuelle que les médias nous offre en pature.
Formaliser sa pensée et rédiger prend du temps : Merci à M. MELECHON d'y consacrer un peu du sien pour nous reconcilier avec la politique.
Je suis assez déçu de voir, dans cette analyse qui se tient (même si, du fait des présupposés, elle n'est pas mienne), une telle faute de rigueur concernant la Doctrine sociale de l'Eglise: lorsque "Vehementer nos" déclare que, "Quant à la multitude, elle n'a pas d'autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs.", elle parle de l'Eglise, et non de la sphère publique, non du régime politique.
Tapez "Vehementer nos" sur google, vous tombez sur le site du Vatican (dsl ;), puis ctrl+F et cherchez quelques mots du passage, vous tomberez dessus. Vérifiez vos sources, M. Mélenchon! Les préjugés ont la vie dure!
Cher Jean-Luc,
Il se trouve que je réussis l'exploit de vous apprécier, vous et Ségolène Royal, pour des raisons différentes, qui sont évidentes, et pour des raisons similaires (vous êtes deux fortes têtes, malgré des visions éloignées, et des personnages politiques courageux). Si d'un point de vue strictement politique je partage nombre de vos opinions, d'un point de vue personnel, j'apprécie la valeur politique de Ségolène Royal.
Vous êtes trop fin politique pour ne pas avoir compris que compte tenu son "background", cette dernière n'est pas dogmatique pour un sou. Elle a, de fait, un corpus idéologique, mais il lui est propre. Elle n'a pas votre passif politique et le seul lien, de fait, entre elle et vous, c'est François Mitterrand. Vous savez parfois, je me prends à rêver que vous vous mettiez autour d'une table tous les deux, que vous discutiez (ce qui risquerait d'être rock'n'roll) et que vous compreniez l'intérêt que vous auriez à vous rapprocher. Mais, c'est un rêve, bien entendu!
Je n'ose croire que malgré la maladresse de la formulation, vous vous laissiez abuser par cette notion "d'ordre juste" qui m'a donné du mal à moi aussi, je l'avoue! Il n'est guère besoin d'y voir un quelconque lien avec la formule de Saint-Thomas. Car, je ne crois pas Mme Royal particulièrement croyante. De plus, certaines de ses actions en tant que femme politique, de femme tout court, vont à l'encontre de cette idée fort répandue qui voudrait qu'elle soit une "Boutin de Gauche".
Je crois qu'il y a dans la dialectique de Ségolène Royal, qui goûte fort peu les circonlocutions et autres périphrases, quelque chose de simple qui ne doit être compris qu'au premier degré, parfois. J'ai toujours été fascinée par la capacité que les gens avaient de ne pas comprendre là où il y avait un double sens, chez elle, et de surinterprêter les choses les plus basiques. Car fondamentalement, je ne pense que le mot "ordre" ici, soit autre chose que l'inverse du désordre, postulat ou constat, en l'occurrence, de la présidente de Poitou-Charentes, quant à l'état de la France. Désordre économique, social, sociétal, institutionnel, juridique, etc. L'adjectif "juste", ne vient ici que rehausser l'idée de mettre de la justice sociale, là où il y en a besoin.
De là, en fait, une erreur commise souvent à son sujet. Son côté simple, cash, oserais-je dire, ne serait que du "simplisme".
Ségolène Royal est une bonne femme politique (ses administrés peuvent le juger mieux que nous) et c'est une bonne politicienne (les éléphants doivent le savoir mieux que personne), mais puisque vous lui faites la grâce de louer, dans une certaine mesure, son courage et une certaine forme de moralité politique, dirons-nous, il serait juste que vous lui accordiez le bénéfice du doute sur sa bonne foi en matière de socialisme, fût-il moins pregnant que chez vous.
Prenons l'exemple du CNE qui lui a valu les insultes et les quolibets de la droite, lorsqu'elle refusât des subventions dans sa région aux entreprises utilisant ce contrat. On a porté la chose devant les tribunaux et la justice lui a donné raison! Reprenez ses interventions à l'assemblée de la législature précédente et vous verrez qu'elle n'est pas aussi hérétique que vous le pensez! Son bagage socialiste et de gauche est sûrement moins important que le vôtre, mais il n'appartient qu'à vous de faire comprendre à votre camarade la nuance que vous induisez avec votre "ordre émanciapteur"... Quand bien même qu'il soit "juste" ou "émancipateur", le mot "ordre", réflexe pavlovien oblige, me met mal à l'aise!
Sincèrement, entre votre énergie de gauche, votre côté Don Quichotte du PS, et votre capacité à l'ouvrir sans brosser qui que ce soit dans le sens du poil (même si votre indulgence à l'égard de Laurent Fabius, pour brillant qu'il soit, est un tantinet exaspérante) et le potentiel politique, charismatique de Ségolène Royal, son côté "grande gueule", une chose fort intéressante pourrait découler d'une telle collaboration!
Cela étant dit, pour gagner la politique politicienne a son importance. Ne jouons pas les perdreaux de l'année! Je pense que comme beaucoup, vous avez compris ce qui se trame derrière ses approches au MoDem. Elle ne veut pas s'allier au parti centriste (d'ailleurs, c'est d'une logique ahurissante : Bayrou, comme elle, veulent être Président... Leurs ambitions ne peuvent fonctionner de concert!), mais le siphonner... Et ça, c'est aussi de la politique, malheureusement!