02déc 06
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Le costume d’observateur international des élections. |
Demain Dimanche jour de vote. Je ne pourrai pas écrire avant le lendemain car on commence tôt et finit tard. Un mot (long..) avant de courir à mon sommeil réparateur. Il faudrait expliquer aux violents qui mènent chez nous la lutte finale par tous les moyens contre l’horreur chaviste qu’ils vont bientôt être plus extrémistes que la droite locale. En effet, le calme est une obsession ici. Ce midi j’ai été invité à déjeuner par des amis vénézuéliens.. Dès notre entrée dans le restaurant le chef de rang qui nous installait nous a catéchisé : « nous sommes dans la phase finale ! Demain votons ! Il faut que règne la tranquillité et l’amour. » Quelqu’un a dit à ce garçon « merci ; on en tient compte ! Et vous ça va ? » Et l’autre a répondu : « oui merci ; au village tout est calme grâce à dieu. Les gens sont sereins et tranquilles. Tout va bien se passer ».
C’est toute une ambiance. Ainsi, au moment de commander la boisson : « ley secca !» La loi sèche. « Quoi ? Qu’est ce que c’est ? » Mines navrées autour de moi. Cela signifie qu’il est interdit de vendre de l’alcool depuis la veille du scrutin jusqu’à la fermeture des bureaux de vote. C’est une contribution à la « sérénité, l’amour? » et ainsi de suite ? Pas du tout. C’est une tradition dans toute cette région de l’Amérique latine. Pas moyen d’y couper. Le contrôle social mutuel est total. Un serveur distrait, en revenant compléter notre commande, nous demande ce que nous boirons. Quelqu’un dit en espagnol : « du rouge ! ». Aussitôt à la table voisine une dame bien mise fulmine : « vous n’avez pas le droit ! » Puis se tournant vers le serveur : « vous n’avez plus le droit de proposer de l’alcool depuis midi pile! Il est treize heures ! Comment pouvez vous l’oublier ! » Et lui mi embarrassé mi exaspéré : « je n’ai pas oublié ! Je suis désolé ! Excusez moi ! Mais avant, depuis toujours, on interdisait à partir de quatre heures de l’après midi et maintenant on a mis ça à partir de midi ! » « Tachez de ne plus l’oublier » lui jette la dame avant de se remettre au dépeçage de son savoureux mérou à la plancha. Même ambiance en se levant de table au moment de quitter l’établissement. « Faisons notre devoir demain ! » nous dit le maître d’hôtel. « Et pensons à préserver la paix et la tranquillité ! ». On promet, chemin faisant. En ce moment, au Vénézuéla il y a une véritable compétition à propos de la dose d’amour indispensable à la bonne marche de la société. Chavez a fait une lettre où il évoque poétiquement son amour du pays et du bien public et celui qu’il invite chacun à avoir pour ses semblables. De son côté, son opposant « Manuel Rosalès » fait couler un fleuve de bons sentiments affectueux dans sa propagande et affiche de puissants symboles d’osmose avec le discours papal et le catholicisme officiel à propos de l’amour du prochain. Dans cette ambiance, la presse de droite (un quasi euphémisme ici aussi) est complètement métamorphosée par rapport aux précédentes campagnes électorales. Hier elle appelait au boycott des « soi disantes élections du tyran ». Aujourd’hui, bien sûr, elle ne manque pas les occasions de lourdes attaques sans nuance. Ainsi ai-je lu, dans le quotidien que l’hôtel glisse sous ma porte le matin, cette accroche tout en finesse du compte rendu de la conférence de presse de Chavez hier : « au cours de sa campagne le président Hugo Chavez a clairement laisser entendre à ses partisans que son éventuel triomphe électoral signifierait l’instauration d’une économie socialiste, la création d’un parti unique et l’approbation de la réélection indéfinie ». Mais pour le reste : miel et sucre. La presse invite désormais sans relâche à participer sérieusement et massivement au vote. Tant mieux pour ce pays. Du coup nouvelle compétition de zèle pour mobiliser les électeurs. On annonce que le clairon sonnera à trois heures demain matin pour appeler au vote dans les quartiers populaires. Je suppose que les quartiers bourgeois pour leur part seront régalés d’un nouveau feu d’artifice. A moins qu’ils n’en soient déjà gavés comme je le suis depuis deux jours que j’en entend et voit se tirer chaque nuit et au petit matin?
Dans cet hôtel Gran Melià Caracas, il y a foule d’observateurs de toutes sortes et de toutes nationalités. La commission nationale électorale a déployé un bataillon de jeunes étudiants pour aider tout un chacun. Observateur et agent de la commission ont tous le même équipement : casquette grise et blouson multi poche somme toute assez seyant. Du coup on se croirait en uniforme. Pour l’instant je préfère en rester à mon deux pièces cravate de sénateur français? J’ai toujours eu du mal avec ces sortes de communion vestimentaire sous d’autres attributs que ceux de mon pays.. Pour les manifestations du dixième anniversaire de la révolution sandiniste, en 1989, le PS m’avait délégué à Managua au Nicaragua. J’ai préféré rester seul nu tête pendant quatre heures sous le soleil plutôt que de mettre un chapeau de paille aux armes du comité local de célébration? Là c’est autre chose, je le sais bien. Mais j’ai quand même du mal, par principe. Mon idée est que je suis un élu du peuple français et dès lors, quelles que soient les circonstances je me sens d’abord son représentant. Je n’aimerais pas qu’on puisse penser autre chose. Je reconnais que c’est un peu particulier comme sentiment. Mais je préfère le dire comme je le sens depuis toujours.
Une question revient ici à propos de la qualité du déroulement des élections. C’est que l’armée est réquisitionnée pour garantir la tranquillité autour des bureaux de vote. La réserve est également convoquée. Elle aussi sera armée. Cette situation provoque des protestations dans certains secteurs de l’opposition. En fait elle est totalement habituelle. Il en a été ainsi depuis toujours. Raison pour laquelle l’état major des armées s’agace de se voir soupçonné d’intentions malveillantes. Wilfredo Silva, son chef, demande pourquoi c’est un problème aujourd’hui et ça ne l’était pas avant, pour les mêmes, en 1978 par exemple, quand il y a participé pour la première fois à ce type de déploiement ( baptisé « plan Républicain ») en tant que lieutenant à la tête d’un groupe de quinze hommes armés dont cinq réservistes…Interrogé sur ce que Chavez vise en parlant d’un « prétendu plan de déstabilisation de la journée électorale », selon les termes du journaliste, le chef d’état major des armées affirme qu’il y a eu des groupes extrémistes à chaque élection qui ont tenté des manoeuvres de sabotage et qu’il y a toujours eu des forces de sécurité pour l’empêcher. Un colonel vient d’être arrêté. Déjà démasqué en 2005 pour des tentatives comparables, il s’apprêtait à récidiver. Son nom est révélé publiquement. Il a été remis au juge. Dans ces conditions on ne peut pas prendre à la légère les déclarations d’Hugo Chavez hier à sa conférence de presse lorsqu’il a annoncé que les services de sécurité avaient déjoué un projet d’attentat contre le candidat de l’opposition Manuel Rosalès. Le but visé serait évidemment d’en attribuer l’origine à Chavez et donc de pousser à l’émeute. Le candidat de l’opposition, Manuel Rosalès a traité Chavez de menteur et cette histoire de diversion. Que penser ? Ici il y a eu tant de choses si violentes du côté des opposants dans un passé récent ! Il y a cependant une face plaisante dans cette conférence de presse. Hugo Chavez est arrivé » visiblement aphone » à la rencontre avec les journalistes. Pourtant, passé les premiers moments spécialement pénibles le président a réussit à répondre à huit questions. Mais cela a duré …quatre heures. J’ai lu un résumé de cette séance. On y a parlé aussi du mandat présidentiel. Je me suis amusé d’y voir citer la France et l’Espagne comme deux modèles de pays ou les dirigeants peuvent rester un nombre « incroyable » d’années au pouvoir parce que la Constitution de ces pays ne met pas de limite au nombre de fois où quelqu’un peut renouveler son mandat, que ce soit pour une municipalité ou pour le gouvernement du pays. Chavez cite Felipe Gonzalez et François Mitterrand à propos de cette sorte de longévité. Ce sujet est venu parce que quelqu’un rappelait sa proposition de supprimer la limite du nombre de mandats qu’un vénézuélien peut faire à la présidence de son pays. Aujourd’hui deux mandats consécutifs seulement sont autorisés. Chavez a envisagé que cette limite soit abolie. Cette information avait été relayée de façon très malveillante et mensongère par le journal « Libération » (que je n’achète plus et je vous recommande d’en faire autant comme 99,9999 % des français de gauche). En effet, un pantouflard avait une fois de plus recopié les argumentaires de la droite vénézuélienne sans réfléchir à la stupidité de son affirmation compte tenu de la situation en France à ce sujet et du fait qu’ici existe la possibilité d’un référendum révocatoire du président convoqué par une pétition de 20 % du corps électoral.. « Chavez invente la présidence à vie » avait titré Libération ! Cette idiotie avait été recopiée sur le mode circulaire bien connu par trop d’autres journaux que j’achète régulièrement (dès fois parce que je ne peux pas faire autrement). Aussitôt Marie bobo et jean Patrick ainsi que plusieurs pintades à crêtes roses m’ont jeté des mails à la figure pour me notifier leur indignation de savoir que j’appréciais l’action d’un dictateur à vie … Hier, Hugo Chavez a rappelé que de toutes façons, s’il devait décider une réforme constitutionnelle, il serait tenu de la faire constitutionnellement c’est à dire par référendum.
Cette anecdote me ramène à la lecture des réactions que je peux faire ici où là et parfois sur ce blog concernant ce que dit, fait, écrit Hugo Chavez. Deux caractéristiques : tout est dans l’excès (de zèle ou de haine) tout est global (on est supposé être absolument d’accord sur tout si l’on n’est pas absolument contre tout.) Naturellement cette bataille de mots se déroule sur la base des informations telles que transmises par la presse réputée par définition neutre et objective. On sait ce qu’il faut penser sur ce point depuis les escroqueries à répétition du journal Libération et ses photocopies des tracts de l’extrême droite locale. Pour ma part je ne me crois pas tenu de faire le décompte de chaque aspect du chavisme. J’approuve et soutiens sa rupture avec l’Empire et sa volonté d’aller loin au service des pauvres et du peuple dans un processus politique démocratique. La plupart du temps je ne suis pas capable de dire si telle ou telle mesure est ce qui peut se faire de mieux en la matière. Mais pourquoi devrais je le faire ? La plupart du temps également je trouve ici matière à réflexion et à inspiration. Rien de tout cela ne m’empêche de conserver mon sens critique. Non par devoir de critiquer. Mais par devoir de comprendre. Ainsi en est-il en ce qui concerne la politique de Chavez vis-à-vis d’un pays comme l’Iran, point sur lequel je me suis exprimé à de nombreuses reprises. Je ne le fais pas parce que je m’en sentirai obligé pour complaire aux griots imbéciles qui agitent ce motif comme une bannière prétexte. Ils ne m’impressionnent nullement. Je le fais en sympathie avec le Vénézuéla sur un sujet où je pense qu’une lourde erreur est commise finalement très défavorable à la cause qu’incarne utilement ce pays aujourd’hui dans le monde. Le point de départ est évidemment mon hostilité au régime de la république islamique d’Iran que je crois radicalement nuisible. Son ambassade à Paris me le rend bien avec l’aide du journal Libération qui recopie servilement ses communiqués. Néanmoins je reste perplexe. Pourquoi chez nous Chavez fait-il l’objet d’une telle haine auprès de certains ? Par quel chemin passe l’incitation et la motivation à cette obsession de dénigrement ? Quel est le sens de cette traque à la moindre prise de position favorable ? Bien sûr il y a les naïfs. Leur bonne foi aveuglée. Ils répètent sans savoir ce qu’ils disent parce qu’ils n’ont rien vérifié et procèdent dans la foulée à de grossiers amalgames pour faciliter leur « démonstration ». Ceux là ne comptent pas vraiment. C’est le bruit de fond. La source principale, est matérielle. Les Etats-Unis d’Amérique organisent une propagande et paient des gens pour la propager. Tous ceux qui pour une raison ou une autre bénéficient de la générosité de ce pays sont tenus de participer à son effort de guerre politique. La matière première de l’hystérie contre la République Vénézuélienne n’a pas d’autre point de départ que les bureaux du gouvernement Bush. Son vecteur essentiel est l’appétit de pétrole et le refus radical de l’indépendance politique des pays dans son arrière cour parce qu’elle préfigurerait celle du reste du monde.
Bonne nouvelle : Pinochet va finir par l'avoir, son jugement, ce sera son "jugement dernier". Prélude pour une victoire d'Hugo.
J'espere qu'il la dédiera aux cubains et a Fidel. Hier, 400.000 personnes dans les rues de La Havane. Le journaliste de TF1 a osé dire que "les cubains n'ont pas été conviés". Ben alors c'étaient des américains déguisés en cubains, ou quoi ? Bref, les seuls francais invités et présents étaient Danielle Mitterrand et Depardieu...
Pour une analyse de l'état du Vénezuela, voi le lien ci aprés :
"Ce que j'ai vu a Caracas"
http://laurentfabius2007.over-blog.com/article-4767537.html
Viva Chavez, Viva el Venezuela libre. Hasta le vitoria... siempre !
Merci JL pour ces remarques.
Il serait bon de conseiller aux journalistes de Libé d'aller chercher quelques infos auprès des cercles bolivariens avant de débiter d'énormes conneries comme ils ont pu le faire sur Chavez !
Bonnes observations "camarade" !
L.
El Pais :
Afluencia masiva y normalidad en las elecciones en Venezuela
et si eux le disent, c'es tque tout va vraiment bien.
José Angel
Jean Luc Mélanchon fait attention à sa tenue car il est un élu représentant du peuple français. Cela l'honore.
Néanmoins, un sénateur n'est pas élu par le peuple mais par d'autres élus, qu'on appelle parfois notable. Pour un peu, il se croirait aussi révolutionnaire.
Jean-Louis, c'est ce qu'on appelle le "suffrage universel indirect", et ces "notables" comme tu dis sont essentiellement des conseillers municipaux ou généraux. Si c'est ca, tes "notables"...
Chavez est réélu avec 18 points d'avance sur son adversaire...
Vive Chavez Vive le Venezuela
SAddam dis-tu a été financé et formé par ton maitre à penser. Bush.
note que maintenant c'est Saddam et sa petite famille qui finance Bush.
un juste retour des choses ?
Allez va donc excuser les milliers de morts provoqués par les administrations américaines un peu partout dans le monde et ensuite tu reviendras nous dire ce que tu reproches concrètement à Chavez, Evo et consorts.
... on est pas prêts de te revoir car il t'en faudra du temps pour trouver des excuses pas trop minables à tout leurs crimes.
Vive le Venezuela libre et souverain,et Vive la France libre et SOUVERAINE!
Donnons nous la main Camerati...
ah ! meme les socdems reconnaissent le mouvement antilibéral. On progresse.
C'est l'effet segolene...