25août 07
Interview parue dans Libération le 25 août 2007
Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l’Essonne, réclame un vrai débat. Dans son prochain livre En quête de gauche (Editions Balland), Jean-Luc Mélenchon, tenant de l’aile gauche du PS, s’en prend au couple Royal-Hollande.
Dans votre livre, vous êtes extrêmement critique à l’égard du couple Hollande-Royal.
Depuis les années 80, l’un et l’autre sont au mot près sur une même orientation «démocrate» qui consiste à passer par-dessus bord la version française et républicaine du socialisme. Et pendant la campagne, ils ont fait mine de nous présenter ces idées comme une nouveauté.
Faites-vous une distinction entre eux ?
Royal est plus légitime pour porter cette orientation et ses idées car elle a fait ses armes dans la bataille électorale. Hollande, lui, est resté à la tête du PS en contentant tout le monde. Mais sommes-nous donc condamnés à choisir entre deux styles différents d’une même ligne politique ? Pour éviter que Royal prenne le parti après les élections, on a dû tous se mettre en rang, au dernier conseil, pour permettre à Hollande de garder la main.
Le parti n’a-t-il pas besoin d’un leader pour se remettre en ordre de marche ?
Avant de se poser la question du leadership, il faut s’interroger sur les termes du débat à mener. Doit-on changer le modèle de société qui est le nôtre ou l’accompagner ? La mondialisation libérale est-elle un horizon indépassable ? Assumer les contradictions dans ce débat est la condition numéro un pour changer le parti. Mais Hollande a toujours fait en sorte que la confrontation d’idées n’ait jamais lieu. Les socialistes ne doivent pas se laisser enfermer dans cette impasse, ils ont un droit au débat. Nous ne devons pas être les otages de la compétition des ambitions personnelles de François Hollande et Ségolène Royal. Le leadership résulte d’un processus de sélection : il ne peut pas se décréter. Personne n’est propriétaire du parti. Et encore moins de la gauche.