08déc 08

Le temps est une étrange matière. C’est à peine si je réalise que la séquence politique depuis la rupture avec le PS aura à peine duré quatre semaines. Mais quelles semaines! Le meeting de lancement du Parti de Gauche qui concentra tout ce que nous voulions donner à constater à propos de notre entreprise date d’il y a à peine huit jours. On croirait que des mois se sont écoulés. Pourtant autour de moi la même agitation continue. Recherche du local, organisation des organes d’action du parti, annonces des réunions en province, gestion des vagues d’adhésions, organisation des délégations pour rencontrer les partenaires, il n’y a pas de pause. Et le ciel continue de s’obscurcir. Le plan Sarkozy pour la relance de l’économie ne relancera rien. D’un autre côté la mise en place de la nouvelle direction du PS et la synthèse politique à laquelle elle a donné lieu confirme jusqu’à la caricature à quel point le parti dominant de la gauche embourbe tout son camp. Dans cette note je parle de tout cela. 

PLANS ET PROPORTIONS
Ce qui est très frappant à propos du plan Sarkozy c’est la maîtrise une fois de plus de la propagande qui accompagne ses annonces. La pluie de superlatifs, et, concomitamment, l’amnésie générale qui entoure toute chose. Par exemple annoncer 100 000 logements sociaux sur deux ans ce n’est rien d’autre que deux années de construction en temps ordinaires un peu soutenus. Mais c’est la moitié de ce qu’il faudrait pour envisager, à terme, une mise à niveau acceptable de l’offre de ce type de logement. Encore ne dit-on rien de ce qui est pourtant essentiel : est-ce l’offre de prêt à taux zéro la bonne clef d’entrée pour le règlement de la question du logement? Est-ce à l’endettement des particuliers de porter l’essor de la relance? Ce modèle de développement qui repose sur l’endettement et notamment celui des revenus les plus bas (typique des ayant droit du prêt à taux zéro) est pourtant celui qui a envoyé dans le mur l’économie états-unienne. Ce premier coup d’œil devrait aider à refroidir les esprits échauffés par les superlatifs des hagiographes du plan Sarkozy. Ce plan représente 0,7% du PIB de notre pays. La garantie pour les banques représentait quelques 20% du PIB du pays. Encore faut-il bien noter que les sommes qu’il prévoit sont étalées sur plusieurs années…. Pour donner une idée des proportions sachons que de leur côté les Etatsuniens consacrent 2,5 % de leur PIB à leur plan de relance.

FAIRE ET DEFAIRE
On ne peut manquer d’être stupéfait par l’écart entre les deux plans: 26 milliards d’euros pour le plan de relance de l’économie, 360 milliards d’euros mis en jeu il y a quelques semaines pour les banques et la finance. Le nouveau plan prévoit donc ainsi 14 fois moins pour l’économie réelle que ce qui a été mobilisé pour la finance. De son côté le journal l’Humanité relève qu’il y a dans ce plan 500 fois moins pour les pauvres que le plan bancaire n’en prévoit pour les riches. Cette façon de mettre ce plan en perspective suffirait à en faire rabattre hélas aux accès de zèle des apologistes. Mais on doit encore ajouter une seconde mise en perspective. Ce plan de «relance» intervient dans un contexte budgétaire qui le précède. Or la loi de finance a été un exercice surréaliste. En pleine crise et après que le chef du gouvernement a dit pis que pendre des plans de relance, c’est un budget de rigueur qui a été adopté avec des dépenses publiques en baisse hors inflation. Dans certains cas ce furent même des baisses en valeur nominales. Tel quel! Et dans quel domaine? L’emploi et le logement! On voit mieux ce que signifie le «plan de relance» dans un tel environnement. Tout juste une remise au niveau insuffisant où se trouvaient les affaires avant cela. Ce contexte de rigueur reste celui de l’ensemble des décisions budgétaires puisqu’aux dépenses en baisse s’ajoutaient des prélèvements en hausse non seulement dans le budget de l’Etat mais aussi dans celui de la sécurité sociale. Comme on le voit en me lisant, je ne dis rien a propos du contenu du plan. Ou plutôt de ce qui ne s’y trouve pas. Je veux dire le bouclier social qui est l’urgence du moment face aux dévastations de la crise. On verra bientôt que la violence des coups que les salariés reçoivent ne restera pas jugulable par des effets d’annonces et des mises en scène. D’une façon ou d’une autre la question du partage des richesses va être à l’ordre du jour dans ce pays. Elle ne le sera pas comme une question théorique mais comme le moyen concret d’inverser une situation qui pourrait devenir ingérable et à tout le moins invivable pour tous. Ecrivant ces mots me revient à l’esprit une plaisanterie d’un ami argentin que je cite souvent. Il me disait «si nous avons gagné ici ce n’est pas parce que nous sommes plus intelligents que nos adversaires de droite mais parce qu’ils ont rendus ce pays invivable pour tout le monde y compris pour eux!»

 Statistiques et humanité

Quand on fait le bilan de cette période si dévorante qu’a été celle du lendemain de la décision de quitter le PS, ce sont les images du meeting qui surnagent à la surface de la mémoire. Sans doute parce que c’était pour nous même la preuve matérielle, humaine et concrète de ce que nous avions entrepris. On voyait vivre ce qui existait seulement comme une idée, une abstraction. Pour moi s’y ajoutait le sentiment tellement émouvant de voir fonctionner un splendide collectif, celui qui avait tout en charge sur ses épaules, contacts, taches matérielles, organisation et ainsi de suite. Au total on m’a expliqué après coup qu’il y avait là deux cent cinquante miltants à l’organisation. Je sais que ce genre de comptabilité peut paraître dérisoire. Il y a sans doute de nombreuses explications à l’indifférence pour la réalité militante d’une organisation politique. Cependant pour moi, compte tenu de mon passé et de ma culture sur ce sujet c’est au contraire le point de départ de tout. On s’amusera de savoir que je me sois intérréssé jusqu’au détail de ce qui se faisait et de ce qui s’est réalisé. Trois jours plus tard j’ai harcelé les réesponsables de secteurs pour connaître ces précieuses statistiques déjà remontées sur les principaux dirigeants de l’opération. Mon premier motif de bonheur a été de voir des gens si jeunes dans l’action politique s’y montrer si efficaces, précis et méthodiques. Et ensuite j’ai été de surprise en surprise. Par exemple quand j’ai appris qu’il  y avait sept cent provinciaux recensés dans la salle! Car, voyage en train, co-voiturage, tout avait été mutualisé entre militants et centralisé sur une équipe qui suivait le procesus et passait les bons tuyaux des uns aux autres. Puis quand j’ai appris que 75 000 tracts et 8000 affiches ont été achetés sur place aux tables de diffusion et sont partis vers la région parisienne. Tandis que 100 000 tracts et 50 000 affiches partaient vers 53 départements de province. Mon goût tatillon pour la statistique militante me fait un dessin vivant. Je vois une vraie noria de matériel pris, payé séance tenante et ausitôt réparti par points d’action. Ce n’est pas seulement la performance représentée par la mise au point aussi rapide de matériel et sa diffusion quasi instantanée qui est impressionnant. Ca l’est, bien sur. Mais le plus fort c’est que le Parti à peine né s’installe d’entrée de jeu comme un outil d’action tourné vers l’extérieur, vers la société. C’est tout le contraste avec le PS que nous venons de quitter. Mais aussi avec une certaine tradition du goût pour la priorité à la vie interne, également assez répandue dans l’autre gauche…Il me semble que c’est un signe de très bonne santée. Je note que les informations qui remontent du terrain ont cette tonalité. Les militants du Parti s’activent. Ils font campagne. Ce point est décisif car il va donner le style de la maison. Leparti de gauche qui est nécéssaire c’est celui là. Comme un poisson dans l’eau parmi les gens. Avec quelque chose à dire et à faire pour faire reculmer la résignation ou la sidération qui envahi la société en même temps que la crise s’ajoute à tout ce qu’il fallait déjà subir.

RENOVATION ET RESTAURATION
La nouvelle direction du PS s’est mise en place. Ce que j’en ai lu m’a parfois bien amusé, en connaisseur que je suis de la maison et de ses techniques d’enfumages des médias. Ainsi donc il s’agirait d’une «direction resserrée». C’est pourquoi sans doute il y a trois membres de plus au Bureau national que n’en prévoient les statuts. Et l’addition des membres du bureau au titre des motions, plus des secrétaires non membres du bureau plus les dix huit premiers fédéraux membres du BN donnent cent membres de la direction nationale. Encore ne connaît-on pas la liste des «responsables» et «délégués nationaux». Ca promet un «resserrement» encore plus grand comme on dit dans la novlangue du «parler contraire». De toute façon le problème de la place autour de la table se règlera tout seul puisqu’il n’y aura plus de Bureau national qu’une semaine sur deux… Et encore celui-ci aura-t-il lieu après le secrétariat national, à l’inverse de toute logique. Je n’évoque ces ridicules d’organisation, qui prolongent à l’identique la période parait-il honnie par tous du règne de François Hollande, et la caricature même, dans le seul but de souligner une fois de plus combien il faut se méfier des récits préfabriqués à propos des changements dans ce malheureux Parti. Naturellement ces bobards là ne font que prolonger ceux sur la ligne politique. Car tout ce bruit n’aura servi qu’à une chose: reconduire une synthèse, matérialisée par un texte, de «tous» sauf Ségolène Royal. Le système de la carpe et du lapin s’est étendu à toute la direction. Il est devenu une ligne politique. La ligne des carpes et des lapins. Delanoë, Hamon, Cambadélis et Bartolone signent le même texte, ils se déclarent sur la même ligne. Est-crédible? Qui mentait avant et qui ment depuis? Le dispositif mis en place répond peut-être à la question. Cambadélis est le responsable national chargé des questions européennes. Tout permet de penser qu’il va dorénavant dire le contraire de ce qu’il disait dans le passé sur le traité de Lisbonne. Non? Hamon est le porte parole du parti. Donc si jamais Cambadélis ne dit pas ce qu’il faut, le porte parole du parti exprimera son point de vue personnel. Ce scénario est-il crédible? Non bien sûr. Le plus frappant dans ce dispositif c’est de trouver Benoit Hamon dans ce rôle. Certes, l’idée de devenir le porte parole du parti correspond à une stratégie de présence médiatique que l’on comprend. Cependant il est frappant de constater que ce soit au prix du fond. Sauf si, en réalité, tout le monde est bien d’accord sur le fond. Reste que la conséquence de ce choix est évidente. La parole de la gauche du parti est subordonnée à sa fonction et à la synthèse grâce à laquelle elle se l’est acquise. C’est exactement le processus d’auto étranglement que j’ai pointé du doigt dans mon livre «En quête de gauche» comme étant à l’origine de la mort subite de la gauche du parti allemand et italien. Si bien que pour moi, cette micro péripétie interne est une confirmation de plus du processus de mise aux normes de la social démocratie européenne du parti français avec tout ce que cela implique dans le moment présent. Pour l’immédiat on bat des records de double langage. Le Conseil national des socialistes qui adopte un texte affirmant qu’il n’y aura pas d’alliance avec le Modem est présidé par Destot, le maire de Grenoble qui a réalisé cette alliance dès le premier tour et refusé l’alliance avec l’autre Gauche au deuxième tour. Bien sûr il vote le texte. De tels défenseurs de «l’ancrage à gauche du parti» peuvent bien voter ça aussi. Qu’est-ce qui a du sens réellement dans cette pétaudière idéologique?

DISPOSITIFS ET DISPOSITIONS

N’y a-t-on pas voté une nouvelle lettre au père Noël à propos de l’Europe de demain? Touchant. Car à Madrid les mêmes ont adopté un «Manifesto» qui propose, comme cadre de ce changement sans doute, d’achever la ratification du traité de Lisbonne. Et pour mieux faire comprendre la terrible révolution que cela implique, les leaders socialistes espagnol et portugais ont demandé la reconduction de l’ultra libéral José Manuel Baroso à la tête de la commission européenne après avoir déclaré qu’ils étaient totalement satisfaits de son travail. Cela n’empêche pas le texte de synthèse de la nouvelle direction autour de Martine Aubry de déclarer: «Jamais sans doute nous n’avons autant partagé entre socialistes européens la philosophie de la construction européenne…». On a pu se rendre compte de l’absurdité du propos en découvrant la photo souriante de Martine Aubry posant aux côtés de Frantz Muteffering président du SPD qui gouverne avec la droite. La droite européenne dont le Manifesto dit pourtant «les droites européennes proposent de s’adapter au marché, nous proposons de façonner notre avenir» Reste que ce Manifesto est tellement aligné sur le modèle libéral compassionnel de la social démocratie européenne qu’il oblige le parti français a une gesticulation supplémentaire. Après avoir déclaré son adhésion au «Manifesto», le PS se sent obligé d’annoncer qu’il va continuer à se battre pour faire avancer d’autres «priorités». Tel quel. Il s’agit bien de se battre pour faire avancer un texte que l’on juge déjà insuffisant au moment même où on vient de le signer. Et de se battre contre qui? Les autres membres du PSE, évidemment. Tels sont le PSE, son programme et son parti français. La liste des idées à faire avancer permet de mesure ce dont la majorité du PSE ne veut pas. Ainsi au lieu d’être un réconfort sur l’imagination et l’audace du PS français cette liste devient celle des divergences avec la majorité du PSE. Lire cette liste c’est donc prendre la mesure de ce dont le PSE est incapable et qu’il ne faut pas lui demander aux prochaines élections européennes. Il s’agit d’audaces folles comme: «Lancer des avants gardes dans les domaines clefs de préparation de l’avenir», «lancer de grands programmes d’investissements», «avancer vers un gouvernement de la zone euro», «refonder la politique agricole commune» et ainsi de suite. A cette lecture on est partagé entre la stupeur devant le degré de généralité de ce genre de propositions et la stupeur que le PSE n’en veuille pas. On réglera tout ça dans les urnes aux élections européennes.

 

Quand on fait le bilan de cette période si dévorante qu’a été celle du lendemain de la décision de quitter le PS, ce sont les images du meeting qui surnagent à la surface de la mémoire. Sans doute parce que c’était pour nous même la preuve matérielle, humaine et concrète de ce que nous avions entrepris. On voyait vivre ce qui existait seulement comme une idée, une abstraction. Pour moi s’y ajoutait le sentiment tellement émouvant de voir fonctionner un splendide collectif, celui qui avait tout en charge sur ses épaules, contacts, taches matérielles, organisation et ainsi de suite. Au total on m’a expliqué après coup qu’il y avait là deux cent cinquante miltants à l’organisation. Je sais que ce genre de comptabilité peut paraître dérisoire. Il y a sans doute de nombreuses explications à l’indifférence pour la réalité militante d’une organisation politique. Cependant pour moi, compte tenu de mon passé et de ma culture sur ce sujet c’est au contraire le point de départ de tout. On s’amusera de savoir que je me sois intérréssé jusqu’au détail de ce qui se faisait et de ce qui s’est réalisé. Trois jours plus tard j’ai harcelé les réesponsables de secteurs pour connaître ces précieuses statistiques déjà remontées sur les principaux dirigeants de l’opération. Mon premier motif de bonheur a été de voir des gens si jeunes dans l’action politique s’y montrer si efficaces, précis et méthodiques. Et ensuite j’ai été de surprise en surprise. Par exemple quand j’ai appris qu’il y avait sept cent provinciaux recensés dans la salle! Car, voyage en train, co-voiturage, tout avait été mutualisé entre militants et centralisé sur une équipe qui suivait le procesus et passait les bons tuyaux des uns aux autres. Puis quand j’ai appris que 75 000 tracts et 8000 affiches ont été achetés sur place aux tables de diffusion et sont partis vers la région parisienne. Tandis que 100 000 tracts et 50 000 affiches partaient vers 53 départements de province. Mon goût tatillon pour la statistique militante me fait un dessin vivant. Je vois une vraie noria de matériel pris, payé séance tenante et ausitôt réparti par points d’action. Ce n’est pas seulement la performance représentée par la mise au point aussi rapide de matériel et sa diffusion quasi instantanée qui est impressionnant. Ca l’est, bien sur. Mais le plus fort c’est que le Parti à peine né s’installe d’entrée de jeu comme un outil d’action tourné vers l’extérieur, vers la société. C’est tout le contraste avec le PS que nous venons de quitter. Mais aussi avec une certaine tradition du goût pour la priorité à la vie interne, également assez répandue dans l’autre gauche…Il me semble que c’est un signe de très bonne santée. Je note que les informations qui remontent du terrain ont cette tonalité. Les militants du Parti s’activent. Ils font campagne. Ce point est décisif car il va donner le style de la maison. Le parti de gauche qui est nécéssaire c’est celui là. Comme un poisson dans l’eau parmi les gens. Avec quelque chose à dire et à faire pour faire reculmer la résignation ou la sidération qui envahi la société en même temps que la crise s’ajoute à tout ce qu’il fallait déjà subir.

 


151 commentaires à “les jours d’après”
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  1. Nipontchik dit :

    Fichiers : le rapport Bauer maintient le signalement ethno-racial
    LEMONDE.FR | 11.12.08 | 11h09 • Mis à jour le 11.12.08 | 11h09
    Le groupe de contrôle des fichiers de police et de gendarmerie, piloté par le criminologue Alain Bauer a remis son rapport, jeudi 11 décembre, à la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie. Ce document de 145 pages, intitulé "Mieux contrôler la mise en œuvre des dispositifs pour mieux protéger les libertés", émet 26 recommandations et recense toutes les bases de données aujourd'hui utilisées : près de 45, contre 34 en 2006, sachant qu'une douzaine de fichiers sont, de plus, "en cours de préparation".
    Le nombre de fichiers de police en constante hausse
    Eclairage Controverse en Grande-Bretagne autour du fichier "génétique"

    Site web Fichage des mineurs : après Edvige, Destop

    Archive : Le ministère de l'intérieur dément l'étude d'un fichier par couleur de peau et origine ethnique
    Pourquoi ce groupe de travail

    Il existe depuis deux ans, mais il a été réactivé après la polémique sur le fichier Edvige. Il est composé de 24 membres, représentant les ministères de la justice et de l'intérieur, les syndicats de police et de magistrats, les avocats, la Halde, la CNIL, la Licra, SOS Racisme ou bien encore SOS Homophobie.

    La nature des fichiers

    Il y a de tout, dans les fichiers de police et de gendarmerie. Des clandestins, qui n'ont jamais l'objet d'une déclaration, comme le fichier des personnes nées à l'étranger, géré par la gendarmerie. Des inconnus jusqu'ici, tel le "Gesterex", fichier de renseignement classé secret défense et géré par la préfecture de police. Des fichiers tous neufs, à l'image d'Agrippa, qui recense les propriétaires et possesseurs d'armes depuis novembre 2007, ou bien le fichier national des interdictions de stade créé en août 2007.

    Il y a aussi, les iconoclastes, comme le fichier de suivi de circulation délivrés aux personnes sans domicile ni résidence fixe (FSDRF), dont les 170 140 fiches sont tout de même consultées 400 fois par jour.

    Et puis il existe les gros, incontournables : le Système judiciaire de documentation et d'exploitation (Judex) de la gendarmerie, 9,8 millions de fiches au 4 décembre, et son jumeau de la police, le Système de traitement des infractions constatées (Stic) qui contient aujourd'hui 5,5 millions d'individus mis en cause, plus de 36 millions de dossiers de procédure, et 33 millions de victimes ! Sous peu, le Judex et le Stic fusionneront pour donner naissance à un monstre, joliment nommé Ariane.

    Enfin, dans les fichiers en préparation, Athen@ permettra d'alimenter toute la gendarmerie dès 2009 sur toutes les données relatives au renseignement publique et à la défense.

    Les propositions

    Le groupe a fait le tri dans une série initiale de 40 recommandations pour n'en retenir que 26 qui, sans remettre en cause l'existence de fichiers, vont toutes dans le sens du renforcement des contrôles, et du rôle de la CNIL.

    Au sujet du Judex et du Stic, les participants ont insisté sur le retrait des personnes innocentées ou, au minimum, sur l'information de leur maintien dans ces fichiers décidée par le parquet.

    Puis, viennent les recommandations "particulières" qui ont fait l'objet de débat. Au sujet du signalement ethno-racial, par exemple, utilisé dans le Stic-Canonge (du nom d'un policier marseillais inventeur du logiciel) les participants ne sont pas parvenus à se mettre d'accord.

    La proposition de SOS Homophobie de recourir, dans l'esprit du portrait-robot, à une grille chromatique (jaune, blanc, noir…), a été rejetée et c'est donc l'ancien système, aménagé, qui a été retenu, au grand dam de plusieurs associations.

    Onze types figurent ainsi pour le signalement de personnes recherchées : caucasien, méditerranéen, moyen-oriental, maghrébin, asiatique/eurasien, amérindien, indo-pakistanais, métis-mulâtre, africain/antillais, polynésien et mélanésien (dont canaque). Seule, la suppression du type gitan a recueilli l'assentiment de tous.

    Sur l'enregistrement des mineurs dans un fichier de renseignement comme Edvirsp, à partir de 13 ans, le groupe recommande le contrôle de la validité de l'inscription tous les 12 mois et l'obligation d'extraire automatiquement leurs fiches à leur majorité.

    Enfin, s'agissant des fichiers classés secret défense, qui ne peuvent faire l'objet d'un contrôle sur place de la CNIL, il est proposé de créer une commission sur le modèle de la commission du secret de la défense nationale, composée de personnes habilitées et au moins d'un magistrat.

    Isabelle Mandraud


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