20avr 09
La semaine passée j’ai fait deux jours de réunions dans le grand sud ouest, dans l’Aude et les Pyrénées orientales. Je me prépare à présent pour quatre jours d’affilée en meeting : Figeac, Toulouse, Béziers, Creissels. Je reviens avec cette note sur ce que nous essayons de construire sur le terrain dans cette campagne. Évidemment j’évoque aussi les suites du ballon d’essai de François Hollande à propos de l’alliance avec le Centre. Avant cela un mot en faveur de Ségolène Royal et de ses excuses d’un côté et de l’autre. Elle cogne. Elle a raison. Les bégueules qui lui chipotent leur soutien n’ont décidément rien compris au moment politique. La lutte contre Sarkozy n’est pas le bal des petits lits blancs et la gauche n’a pas à y jouer le rôle de la chaisière. Il s’agit juste de montrer que nous ne laissons rien passer au pouvoir. Que Nicolas Sarkozy n’est pas intouchable. Qu’il est ridiculisable. Les visiteurs socialistes du Président, quelles que soient les circonstances, les dîners, les gouters auxquels on les invite, où ce que l’on veut, ne doivent jamais oublier qu’ils ne sont pas ses obligés parce qu’ils ont été reçus !
Le ballon d’essai de François Hollande, à propos de l’alliance au centre du Parti Socialiste, n’aura pas été sans suite. J’ai noté l’ambiguïté totale des réponses indignées qui lui avaient été faites. Tous protestent sur la forme et le moment de son annonce. Aucun sur le fond. Tous, inclus Claude Bartolone et Benoît Hamon. Aussitôt, au vu des opportunités qu’offre un tel tir de barrage à blanc, une autre artillerie s’est déclenchée. Les partisans ouverts de l’alliance ont compris qu’ils avaient le terrain libre. J’ai déjà relevé le texte de Moscovici sur son blog, accusant ses petits camarades d’hypocrisie et montrant comment la question posée est incontournable selon lui pour les élections régionales. Dans ce contexte, le bouchon était promis à aller plus loin. Manuel Valls, député-maire d’Evry dans l’Essonne, suggère d’organiser, après les Européennes de juin, des "états généraux de la gauche ouverts aux centristes et aux républicains" pour préparer les prochaines élections régionales. Rien que cela. C’est parti! En effet sur son blog, Valls, estime que ce scrutin intermédiaire en 2010, "aura une portée nationale déterminante". Inutile de dire qu’il s’agit de faire une alliance en bonne et due forme avec le centre. Le reste ce sont des mises en scène. Lisons. "Je pense, dit Valls, qu’il ne sera possible d’avoir une majorité d’idées et des convergences sur le fond qu’à partir du moment où le MoDem et François Bayrou auront engagé le dialogue et clarifié leurs positions face à l’UMP". C’est ce que disait aussi François Hollande. "Du côté du PS, j’ai la conviction que cette confrontation doit se faire sans sectarisme et se traduire par une stratégie d’alliance assumée qui ne soit pas à géométrie variable en fonction des configurations régionales ou des équations locales". En résumé: puisque certains vont le faire, assumons le tous. C’est ce raisonnement politique qui est à la racine de la controverse qui a opposé ceux qui ont quitté le Parti Socialiste pour fonder le Parti de Gauche à la direction du PS. C’est le cœur du raisonnement de mon livre «En quête de gauche». C’est ce qui a couté à la gauche italienne son existence. Le parti démocrate italien, ultime avatar des alliances du centre avec la gauche sociale démocrate a été soutenu par Bayrou autant que par les dirigeants socialistes français venus sur place le faire de Ségolène royal à Bertrand Delanoé pour ne rien dire de ces rangées de dirigeants socialistes qui se serraient autour de Romano Prodi au congrès du Mans du PS, un an avant la présidentielle de 2007! Ainsi on voit que la mécanique mise en mouvement sous la houlette précautionneuse de François Hollande du temps où il était premier secrétaire continue son petit bonhomme de chemin. Elle correspond à une pente irréversible aujourd’hui dans la social démocratie européenne. La seule chose qui puisse l’entraver c’est l’existence d’une force de gauche, autonome, comme l’est notre «Front de gauche» dont le refus total de l’alliance contre nature oblige toute la gauche à se rassembler pour construire une majorité. Sinon le naufrage de la gauche, la disparition de la gauche historique, comme en Italie en Allemagne et ainsi de suite est assuré.
Course au centre
En constituant le Front de gauche et ses listes pour les élections européennes, nous avions appelé à une campagne d’implication populaire et citoyenne pour que se constituent sur le terrain des Comités du Front de gauche. J’ai développé cette idée partout où j’ai eu à m’exprimer. J’en dit que de cette façon le Front de gauche veut être le point de départ d’un Front populaire. C’est pourquoi, si le Front de gauche a bien été à l’initiative de partis politiques bien définis (et il faut les en remercier), il ne leur appartient pas pour autant. Il est l’outil du peuple. Le lieu du rassemblement populaire pour l’action unitaire contre l’Europe libérale et ses déclinaisons dans la politique nationale. Pour illustrer mon propos, je publie tel quel le bref rapport que m’a adressé René Revol, maire de Grabels et troisième de ma liste pour me raconter la mise en place de ces comités populaires dans son département, l’Hérault. «Nous avons tenu une assemblée des délégués des comités du département ce vendredi 17 avril, me dit-il, en période de vacances scolaires. Nous nous sommes retrouvés 120 participants, deux fois plus que le nombre de sièges que nous avions prévu. L’assemblée était présidée par les trois candidats héraultais de la liste: Sylvie DOUMENC (Cual), François LIBERTI (PCF) et René REVOL (PG). Les principales forces politiques unies dans le Front de Gauche en Hérault étaient là: PCF, PG, GU, Cual, M’PEP, Appel de Politis… mais surtout de nombreux militants sans appartenance politique définie. Notons aussi la présence d’adhérents socialistes engagés à nos côtés. Prés de 27 comités se sont déclarés: comité de quartier, comité de village, comité professionnel voire pluriprofessionnel autour d’une zone d’emploi, comité universitaire. Ces comités portent différents noms: comité populaire, citoyen, de soutien ou simplement Comité du Front de Gauche. Certes la majorité de ces comités se sont d’abord constitués par la rencontre des militants partidaires présents sur le secteur qui ont ainsi coordonné leur activité. Mais très vite nombre d’entre eux ont pris un caractère plus large où des citoyens par ailleurs sans appartenance politique ont trouvé leur place pour agir. Des syndicalistes, des citoyens engagés dans des collectifs de défense des services publics ou pour défendre les libertés publiques se retrouvent dans ces structures. La discussion publique de notre assemblée générale a permis de mettre en évidence une combativité et une envie d’agir en commun. Comme l’ont remarqué plusieurs intervenants on retrouvait l’ambiance que nous avions créée en 2005 avec le collectif départemental du Non de gauche en 2005. Les différentes activités locales sont sous la responsabilité du Comité: collage régulier des affiches, diffusion de tracts sur les marchés ou devant les entreprises ou les cantines, préparation de réunions publiques locales. Aux meetings centraux de la campagne les comités viennent avec leurs panneaux spécifiques. Des initiatives plus spectaculaires sont préparées, dont par exemple des prises de parole sur la place publique ou des caravanes de propagande sur les quartiers et villages. Plusieurs pique nique sont organisés pour le 1er mai après la manifestation unitaire. Enfin sont prévus pour le mois de mai un plan de diffusion en porte à porte avec les documents les plus pédagogiques pour permettre aux citoyens de se ré approprier les grands enjeux de cette consultation dont on veut les expulser. Plusieurs comités ont constaté que leur surface de départ était trop vaste et ont décidé de se diviser en fonction de plusieurs localités. Par ailleurs nous avons identifié des zones moins couvertes du département et les comités voisins se sont décidés à les prospecter. Une coordination départementale d’organisation se réunit tous les lundi matin et envoie une circulaire rendant compte des initiatives centrales et des initiatives locales prises par les comités. Lorsque sur un secteur un parti (PC, PG, Cual …) est seul à prendre l’initiative car il n’y a pas de correspondants autres il en informe la coordination départementale qui rend publique son initiative et permet ainsi aux éléments isolés de s’y associer. Nous avons convenu d’une nouvelle assemblée générale des Comités dans quatre semaines où nous espérons bien atteindre une cinquantaine de comités. Enfin signalons que plusieurs comités ont manifesté leur volonté de poursuivre leur action commune après le 7 juin."
Front de gauche, front populaire
J’étais dans l’Aude, à Carcassonne et Narbonne mercredi. Le temps fort en politique et contact humain aura été cette belle rencontre en cave coopérative viticole dans la commune de Serge Lépine, le maire communiste de Camplong qui est mon co-listier. J’en ai tiré ce qu’il me fallait pour compléter ma note sur la politique européenne du vin. Elle occupe l’essentiel du texte publié sur ce blog avant celui-ci. A Perpignan, le lendemain, je flottais. Parce que les tombes de mes parents y sont encore trop récentes pour que je les croise sans souffrance. Mais la force de la fraternité militante et de son enthousiasme communicatif a pansé la plaie. A Elne on se sentait dans une ambiance incroyable de mobilisation. Dans ces sortes de situations, on donne et on reçoit. Sur le plan politique il en va de même. Le terrain, quand on ne se laisse pas aller au localisme est une formidable source de recoupement d’informations et d’illustrations concrètes de ce que la politique permet de savoir de façon abstraite. En me rendant à l’usine la Célanèse, à Pardies dans le bassin de Lacq, il y a quinze jours, j’ai certes apporté un soutien aux travailleurs. J’ai donné. Mais j’ai aussi tiré un magistral exemple concret des racines de la politique de désindustrialisation dans le monde du libéralisme. Cet exemple m’a servi à illustrer un nombre considérable d’interventions notamment médiatiques. J’ai reçu. Du coup, en en parlant, j’ai aussi donné mon coup de main à la lutte. J’ai donné. Et ça fait que je n’ai pas été peu fier de recevoir ce courrier de monsieur Pascal Diozede. «Monsieur, étant salarié du groupe Célanèse à Pardies et délégué CGT, je tiens à vous remercier de le façon dont vous parlez de la fermeture inadmissible de notre usine dans plusieurs de vos interventions télévisées. En effet c’est une des seules façon pour nous de faire passer le message au Français et pourquoi pas aux Européens sur la façon dont les actionnaires des groupes capitalistes gèrent nos entreprises. Sur Célanèse la grève de la faim tournante de 24h des salariés (et autres) continue, et les actions aussi.» Un formidable encouragement, non? J’ai reçu. Et au diable si la balance de qui a été donné et reçu est égale ou pas !
Coups de main
Pétition internationale adressée à l’Assemblée Générale des Nations unies, pour mettre en place un tribunal pénal international ad hoc afin de juger les crimes de guerre israéliens, notamment à Gaza
publié le vendredi 20 février 2009
http://www.france-palestine.org/article11097.html
Éditorial
Violence sociale
Par Jean-Paul Piérot
Connaissez-vous M. Geoffroy Roux de Bézieux ?
Il est bien difficile de l'éviter tant il semble avoir micro ouvert dans les chaînes d'informations depuis que Nicolas Sarkozy est aux manettes. Ancien cadre dirigeant chez L'Oréal; reconverti dans la téléphonie mobile, l'homme au look de libéral décomplexé siège dans de nombreux conseils d'administration, dont celui de PSA, modèle d'humanisme en matière de gestion des ressources humaines. Placé à la tête de l'UNEDIC au titre de représentant du MEDEF, il a incarné à merveille cette génération Sarkozy enivrée par sa victoire en 2007 et avide de revanche sociale. Mais voilà, l'ivresse n'a qu'un temps, et à l'heure du dégrisement, les paroles sucrées du communicant sûr de soi cèdent le terrain à l'injure et la morgue de classe.
Des ouvriers, qui voient leur vie brisée, leur avenir s'écrouler, parce que des actionnaires ont exigés des profits exorbitants, retiennent pendant quelques heures leur patron pour obtenir des négociations, ou ne peuvent contenir leur colère en s'en prenant au mobilier d'une sous-préfecture, se voient traités d'assassins et de terroristes potentiels. Comment interpréter autrement l'allusion, commise par Roux de Bézieux, au meurtre de l'ancien PDG de Renault le 17 novembre 1986 par le groupe Action directe : « On commence par des séquestrations et puis... on tire sur Georges
Besse » ? Est-ce l'effet d'un vent de panique s'emparant du monde des affaires dans une « situation révolutionnaire », que croit discerner Dominique de Villepin ? Ne s'agit-il pas plutôt d'une volonté d'accroître les tensions sociales, dans le perfide espoir d'un recours à la répression contre le mouvement social ?
François Fillon, discret premier ministre, interrogé la semaine dernière au micro de France Inter, avait dû reconnaître que certains patrons « attisent » la colère des salariés. Toute la question est de savoir si la stratégie de la tension n'est le fait que de quelques patrons ou si elle a des adeptes dans dans les plus hautes sphère de l'État et du grand patronat. Dans une interview au Parisien, Xavier Bertrand, homme lige de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP, n'a pas trouvé un mot pour évoquer la détresse des salariés licenciés, mais il est fort disert pour menacer les ouvriers des foudres de
« l'État de droit ». « Il ne peut y avoir la moindre complaisance avec ceux qui s'écartent. » Cet ancien ministre du Travail, qui a présidé au côté de Nicolas Sarkozy à toutes les remises en causes du modèle social (retraites, temps de travail, heures supplémentaires) menées frénétiquement pendant la première période du quinquennat, ne dirige pas son courroux vers les « golden parachutes » succédant au « golden hello » et autres « retraites chapeaux », mais contre les ouvriers de sa propre région, les Conti. Ceux-là devraient avaler leur colère et accepter de revendre leur maison payée sur vingt ans pour permettre à Mme Shläffer de poursuivre sa partie de Monopolie. Ce sont aussi les travailleurs de Carterpillar, dans la région de Grenoble, considérés comme une variable d'ajustement dans un groupe qui place ses propres usines en concurrence les unes contre les autres... Où est donc « la violence sociale », que dénonce Xavier Bertrand, si ce n'est dans les décisions prises dans les conseils d'administration sur la base de projets concoctés dans le secret des rencontres entre complices comme l'Humanité en a révélé un exemple avec la société Molex. Au bal des hypocrites. MM. Bertrand et Roux de Bézieux se partagent la direction de l'orchestre. Ce qui les agite tant, ce n'est pas la situation de quelques managers « séquestrés », c'est-à-dire contraints de partager une soirée prolongée et des sandwichs avec des militants syndicaux, mais l'unité du monde du travail scellée par toutes les organisations syndicales depuis le mois de janvier. Ce qu'ils craignent, c'est le 1er Mai exceptionnel qui approche à grand pas.
Et maintenant, j'attendrai patiemment l'après 1er Mai et les réactions du pouvoir.
Bonne nuit et à plus.
@dudu,
J'ai signé
(Après vision du meeting de Toulouse, une envie personnelle...)
Oui, courage Jean-Luc par rapport aux sondages dégueulasses! Quand bien même les français resteraient soi-disant prêts à revoter la Sarkouille au premier tour (par un inexplicable hasard, malgré les "prévenances" des sondeurs "scientifiques", l'échantillon du sondage devait être tombé sur un bon gros vivier d'abrutis peu représentatif...), continuez à croire au Front de Gauche. Il n'est pas sûr que la Parti de Gauche puisse s'installer rapidement dans notre pays complètement sclérosé, en train de vivre son instant "Bush", son instant "Berlusconi": la promesse que la débilité mentale des gens de droite (et de leurs affidés soi-disant de gauche...) continue à rendre notre pays toujours moins vivant, toujours plus vassal et minable.
Je traverse les rues de Paris et je vois des gens courbés, dans les yeux desquels je ne lis rien, sauf le vote de Sarkozy, et prêts à récidiver encore. Ce n'est pas pour rien que l'un des premiers efforts des gouvernements de gauche d'Amérique Latine c'est de lutter contre l'analphabétisme. La droite veut un peuple abêti parce que la droite ne peut être élue que par un peuple abêti, à qui l'on ment. Et elle fait tout pour (TF1, médias aux mains des Dassault, Bouyges, Bolloré, Rotschild et consorts, télévisions publics Sarkozystes, universités vendues au privé, etc.). Ces gens sont juste lamentables. Sans cesse l'humanité croule sous leur poids, toujours plus pesant, toujours plus ostensiblement conduits par la rapine, la cupidité ou l'abêtissement. Mais aussi (à force que l'humanité gagne en raison) toujours plus clairement visible. Le Parti de Gauche fait clairement parti des chances de lutter contre cette frange. Continuez à nous défendre et n'ayez pas peur du temps qu'il faudra! Vous faites partie des jalons.
Sarkozy et sa femme sont malheureusement parmi nous, chez nous au sud de chez vous.Il est tellement extrème droitier que j´ai peur qu´il ne réussisse à convaincre Zapatero de faire une politique encore plus de droite que celle qu´il fait.
Les octogénaires qui gouvernent l’état soi-disant le plus puissant du monde sont Henry Kissinger (85 ans), Zbigniew Brzezinski (81 ans) et Brent Scowcroft (84 ans).
Sans parler de David Rockefeller, né le 12 juin 1915, 94 ans, créateur de Bilderberg, puis de la Trilatérale.
Selon ses propres dires, il est impliqué dans la création d'un nouvel ordre mondial.
J’ai 81 ans, je suis conseiller d’un centre universitaire que j’ai fondé, mais je me borne avec les années, à écouter et à discuter très humblement les problèmes que des gens de 25 à 50 ans viennent me soumettre dans un domaine assez étroit de recherches, plutôt par gentillesse que par besoin.
Je ne vois pas du tout comment, avec ce qui leur restent de clarté d’esprit,
les vieillards énumérés ci-dessus, ont le culot d’intervenir dans la direction des affaires mondiales.
Jean Luc,
La télé est un piège, tu le sais...
Evite de consacrer le peu de temps qu'on te donne à dire du bien de Ségolène Royal ou de Jacques CHIRAC...Si, si, tu as dit l'autre jour du bien de Chirac, en fin d'émission: tous ces pseudo spécialistes, ces gens qui s'escrimaient à dire comme les sondages, que Chirac et Sarkozy, c'était pas du tout pareil, ils ont fini par déteindre sur toi...
Pourtant, Chirac, avec Raffarin et Villepin, puis Sarkozy, ça va nous faire bientôt 10 ans de droite dure, Putain, 10 ans!
Pas étonnant qu'on ait des envies de révolution...