16oct 09
Vous venez de déclarer que « les choses avancent bien » pour l’unité de la gauche radicale aux prochaines élections régionales. Quelles sont les raisons de cet optimisme?
Souvenez-vous. On nous avait prédit qu’il serait impossible de nous retrouver ensemble, que la fracture entre le Front de gauche et le NPA était trop profonde. Or des réunions de toutes les organisations de « l’autre gauche » se sont tenues. Une nouvelle rencontre est prévue pour ce vendredi 16 octobre. Depuis les élections européennes, des rencontres bilatérales entre nos organisations ont défriché le terrain. L’esprit de responsabilité l’a emporté sur l’esprit de chicane.
Certes, je ne cache pas la réalité des difficultés à surmonter. La campagne des Européennes a laissé des traces. En outre, le décalage du calendrier politique de chaque formation ne facilite pas la démarche. Le Parti de gauche s’est prononcé dès le 13 juin pour des listes autonomes de l’autre gauche. Le NPA a pris position à la rentrée. Le Conseil national du PCF rendra publique une offre politique nationale le 24 octobre prochain. Mais il faut respecter le processus de décision de chaque partenaire.
Selon vous, ces handicaps peuvent-ils être surmontés?
Je le crois. Lors de la première réunion, alors que les discussions ont été vigoureuses, nous avons été capables d’adopter une déclaration qui rend possible un cadre commun pour les élections régionales.
Nous ne sommes pas au bout du chemin. Des questions restent en débat. Nous avons offert que le PCF fasse une proposition de texte pour la réunion de ce vendredi. Cela pourrait faciliter sa démarche.
Sincèrement, j’estime que les choses ne se présentent pas trop mal.
Quelles sont vos propositions ?
Au premier tour, nous sommes partisans de listes autonomes de l’autre gauche dans toutes les régions. Au second tour, du rassemblement de toute la gauche autour de la liste arrivée en tête.
Je considère que les points de vue sont moins éloignés qu’on ne le croit. Le PCF n’est pas partisan de participer partout à l’exécutif, comme il l’a montré dans la région Nord Pas-de-Calais. Quant au NPA, peut-il soutenir l’idée de toujours refuser d’y participer ? Même si la liste de l’autre gauche est en tête ? On ne doit pas s’enfermer dans le « toujours » ou le « jamais ». Avec les Alternatifs, le Parti de gauche propose d’utiliser trois critères pour répondre à la question de la participation aux exécutifs. Quel système d’alliance du PS au second tour ? Quel contenu du projet ? Quels rapports de force ?
Nous pourrions les examiner dans chaque région après le premier tour.
Après une période d’hésitation, le Parti de gauche a décidé de participer à l’organisation des Ateliers de la gauche. Où en est le Front de gauche aujourd’hui ?
A l’origine, les Ateliers ont été mal engagés. Nous avons appris par le PCF quels en seraient les thèmes, les dates, les lieux. Dans ces conditions on ne pouvait parler de co-organisation. Le Front de gauche est une construction commune. Il n’y a pas un grand frère et les autres qui suivent.
De plus, une certaine ambiguïté subsistait sur l’objectif de ces Ateliers. Certains responsables du PCF expliquaient qu’il s’agissait de définir un projet commun avec ceux qui y participent. Le PS ?, les Verts ? Pour nous, il ne peut en être question. Nous voulions une clarification.
D’abord l’élaboration d’une plate-forme partagée entre nous, ensuite une discussion avec les autres. Le périmètre du Front de gauche ne doit pas se diluer. Il ne peut s’élargir au PS. Ce n’est pas son but.
Mais cet épisode ambigu n’est pas l’essentiel. Ensemble, nous avons décidé la création d’un comité de liaison permanent du Front de gauche. C’est un événement de grande portée qu’il faut davantage valoriser.
Vous faites la proposition d’un « paquet électoral » liant régionales, présidentielle et législatives. Dans quel but ?
Pour le Front de gauche, nous devons construire des perspectives ambitieuses, de long terme. Il serait contre-productif de repartir à zéro après chaque élection. Au contraire, il faut créer des dynamiques d’une élection à l’autre.
Notre proposition vise à constituer un pôle stable de rassemblement, mais aussi de « décongestionner » la question de la présidentielle en la liant aux législatives. La présidentielle doit être un point d’appui pour aborder ces dernières.
Nous devons nous inspirer de ce que fait et réussit Die Linke en Allemagne.
Presqu’un an après sa création, quel est le bilan de santé du Parti de gauche ?
C’est très difficile de construire un nouveau parti. Mais globalement, la dynamique est bonne. Notamment depuis le bon résultat des Européennes.
Dans les prochaines semaines, nous allons être rejoints par un groupe d’écologistes animé par la députée Martine Billard. En décembre, nous tiendrons une convention nationale qui adoptera notre manifeste, un plan d’urgence social et écologique. Rude programme.