02nov 09
Ceux qui suivent la chronique de ce blog savent que je suis à Panama. J’ai vu le canal. Et un pays caricatural de la mondialisation libérale. Ce n’est pas le sujet de cette note. Il y est question de la séance «d’Euro-Lat» dont je suis membre. Climat et Honduras au menu. Je n’ai aucune idée du moment où mes lignes seront publiées puisqu’un nouvel incident a bloqué de nouveau tout le système.
ON S’APPROPRIE
A Euro-Lat, le «parlement» représentatif des parlements d’Europe et de l’Amérique latine, je suis membre de la «Commission des affaires sociales, des échanges humains, de l’environnement, de l’éducation et de la culture (ouf !)». Est venu en débat le premier jour, une proposition de résolution pour « relever ensemble les défis du changement climatique : pour une stratégie coordonnée de l’Europe et de l’Amérique latine ». Une fois passée la pluie de compliments mutuels entre les diverses personnes qui sont censées avoir rédigé le document, le président nous rappelle que nous avons deux mois pour proposer nos amendements et que le texte sera adopté en mai prochain. Ah ! Voila qui est surprenant. Il ajoute que de toute façon ce n’est pas aujourd’hui que l’on votera. D’accord. Alors qu’est ce qu’on fait là ? On échange, on s’approprie l’état du texte. Je trouve ça assez étrange. L’ambiance l’est encore davantage. Les intervenants enfilent des perles. Je pense qu’on va battre des records de généralités. Pas de traduction en français. Le belge (socialiste) force pourtant le passage ! Bien joué. Le traducteur suit. Wee ! De toute façon je suis décidé à donner mon avis. Un, deux, trois, je saute dans le débat. Ce qui sera un problème c’est que je parle tantôt en espagnol tantôt en français sans m’en rendre compte ce qui semble bien amuser le traducteur… J’annonce que je ne vais pas dire des choses consensuelles. Je préviens que je vais déposer de nombreux amendements. Car je dis que je trouve curieux qu’on écrive tant de choses à propos de l’impact des activités humaines sur l’environnement sans dire un mot des causes de cela dans le modèle économique à partir duquel se déroule cette activité. Je ne prends qu’un exemple de mon interrogation. Je demande si le développement du commerce mondial est en soi une bonne chose ou s’il n’est pas plutôt un modèle qui est lui-même cause d’une partie des problèmes que nous connaissons. On produit pour exporter au détriment des productions locales. La conséquence des productions de masse de cette sorte est à la fois sociale et écologique. C’est spécialement visible et catastrophique dans le domaine de l’agriculture comme beaucoup le savent. Mais ça ne vaut pas mieux dans le domaine industriel. A la suite de la fermeture de la Célanèse, dans ma circonscription, le niveau du commerce mondial va progresser puisque tout l’acide acétique d’Europe viendra des Etats unis et de Chine. Mais en plus du chômage et de la désorganisation industrielle locale qui aura un double coût environnemental et humain, on paiera aussi le coût de l’équivalent, au départ des Etats Unis ou de Chine, des trois mille cinq cent camions et dix trains que nécessitaient déjà la sortie des produits de cette usine ! Dorénavant ils viendront de plus loin… Dans ces conditions, ce progrès du commerce mondial n’est en réalité seulement qu’un autre indice du progrès des atteintes à l’environnement. Sans «nécessité réelle», dirait-on, à part le développement du profit. Le président de séance me regarde d’un air navré comme seuls les bouffis de soi chez les conservateurs regardent les cloportes de gauche. Quand je dis que le commerce mondial se développe plus vite que la production réelle ce qui prouve son caractère spéculatif et l’entrée croissante du nombre des productions dans un mode d’échange qui n’y ajoute rien, je lis dans ses yeux la stupeur scandalisée. Ce type se demande quelle va être ma prochaine obscénité. M’y voici. Je critique à présent la naïveté du texte proposé à propos de ce qu’est le marché des « droits à polluer » puisqu’il en fait l’éloge. Je souligne que l’impact de ce système est, pour l’instant, surtout spéculatif. Emotion. Pourtant mes collègues, de droite et de gauche, ont l’air de se sentir tous mieux. C’est de la politique. Ils connaissent. C’est leur vie. Ici non plus personne n’est à l’aise avec l’eau tiède pré-mastiquée par la technostructure qui refile ses savoureuses productions aux «rapporteurs» un peu mous du porte plume. Tout le monde connaît le truc dans cette salle. D’ailleurs le président s’empresse de dire que s’il assume les conclusions du texte, tout le mérite en revient cependant à son collègue rapporteur. Lequel, un centriste allemand confit de bons sentiments, couine que pas du tout les idées ont été discutées ensemble. Aucun de ces deux là finalement n’a l’air de trouver si goûteux le potage qu’ils nous servent. L’un dit qu’il ne l’a pas écrit, l’autre que lui non plus. Tant d’humilité sent la gêne. Comme quoi une seule cuillère de goudron suffit à gâcher un baril de miel !
CA POLITISE
Car après moi les intervenants se lâchent. De droite ou de gauche tous sont d’un niveau supérieur de connaissance du problème que la bouillie pour les chats mijotée par le porte plume dont le rapporteur lit le résumé. Je m’amuse bien, finalement. La suite n’arrange pas l’ambiance. Ca tourne même un peu au mitraillage. Par exemple, mon collègue salvadorien, de droite, dit que depuis la création d’Eurolat on parle de la politique de l’environnement mais que «nos gouvernements» ne font rien. C’est lui qui le dit. Je ne me frotte pas les mains longtemps à propos de la bonne ambiance de travail que je pense avoir aidé à créer ici. Je viens de réaliser la conséquence du calendrier annoncé. La conférence de Copenhague sur le climat est en décembre prochain. Et nous allons conclure nos travaux d’écriture en mai prochain…. Ne serions nous pas en ce moment en train de peindre la girafe ? Du coup quand on passe au débat sur le rapport à propos des « stratégies en vue du maintien d’emplois, en particulier pour les femmes et les jeunes », j’ai moins de jambes pour courir sus au créneau. Les femmes de gauche présentes s’en chargent très bien. Car, là encore, les maux décrits sont sans cause identifiée. Certes la crise est pointée du doigt pour les aggravations de situation quelle crée. Mais d’où toutes ces misères viennent-elles ? Mystère opaque pour les technocrates. Ca sent trop fort la politique, sans doute. Je me demande si je ne viendrai pas ici la prochaine fois avec un lot de petites brochures de base du genre « salaires, prix, profits » de Karl Marx pour aider ces braves âmes à percer le mystère des sources sociales de la misère et de l’oppression des femmes et des jeunes au travail.
LA CHANCELIERE HONDURIENNE PARLE
Le matin du vendredi nous recevons à Euro-Lat la « chancelière » constitutionnelle du Honduras. Patricia Rodas est en effet le ministre des affaires étrangères de Manuel Zélaya. On vient juste d’annoncer le dénouement de la crise au Honduras. Un pré-accord aurait été signé. Elle entre donc dans la salle aux applaudissements de tous. Presque. Les dirigeants du Parti Populaire espagnol (PP) sont plus froids. Ils ont été en pointe pour empêcher sa venue devant notre instance. Raté ! Déjà humiliés d’avoir été battus par deux voix seulement à ce sujet, ils doivent à présent subir son discours qui n’est pas spécialement dans leur tonalité. Et tout ça sur fond d’échec du plan pour empêcher Zélaya de retrouver son mandat, plan dans lequel ils avaient leur partition. Ils ont bien triste mine. Cela ajoute à notre satisfaction. Le discours de Patricia Rodas est certes un peu long. Une heure et demie. Mais on sent qu’elle vide son sac. L’accord signé ne prévoit pas d’amnistie pour les militaires putschistes. Ceux là vont déjà en prendre pour leur grade dans son propos. D’abord elle dit des paroles en général à propos de la démocratie. Puis ça chauffe ! Elle dit que c’est une dictature militaire qui est en place et qu’il faut l’appeler par son nom. Il n’y a pas « deux parties ». Il y a d’un côté des criminels et de l’autre un pouvoir constitutionnel. Dans ces conditions on ne fait pas de «compromis» sur les morts, les personnes injustement arrêtées et torturées par les putschistes. Ni sur les humiliations infligées au Président constitutionnel bloqué dans l’ambassade du Brésil avec trente autres personnes. Puis elle prend tout le monde à revers dans la salle: « il n’y a pas de ministres, de députés ici. Il y a des hommes et des femmes politiques, des gens qui se sont engagés, des militants. Nous avons suivi nos leaders, sollicité des suffrages et mené des campagnes les uns contre les autres dans un engagement total. Et tout cela nous permet de savoir que cette façon de faire même quand elle n’est pas très élégante, c’est la voie de la civilisation contre la barbarie du recours à la violence pour régler les différents dans une société».
LE CAS NE DOIT PAS FAIRE ECOLE
Après cette mise en jambes, elle revient sur ce qu’est son pays. Elle dit « pendant longtemps nous étions seulement la plateforme militaire d’une grande puissance. Nous vivions comme si nous n’existions pas. Et maintenant nous venons de nous habituer à être un peuple qui a quelque chose à dire lui aussi à propos des questions qui se discutent à notre époque. Nous sommes une contribution à l’histoire ». Ensuite elle tape de nouveau : « Aujourd’hui vient d’être signé un pré accord. Mais en ce moment même continue la conséquence du coup d’Etat militaire à savoir les arrestations arbitraires, les viols, les tortures. Rien de tout cela ne sera oublié». Ca se répète un peu, mais on sent qu’elle n’en peut plus de cette farce de « négociations » qui met en face des putschistes et un pouvoir constitutionnel. La droite espagnole tire la gueule jusqu’à par terre. « Quel prix sont près à payer les putschistes pour avoir le dernier mot : violences continuelles dont ils savent qu’elles en préparent d’autres, isolement du pays, ridicule devant le monde. Et tout cela pour quoi ? Seulement parce qu’ils sont certains d’avoir raison quand bien même ils sont minoritaires». Et que commence leur méthode ? On fait pareil partout ? Les gens qui ne sont pas d’accord et qui ont perdu les élections peuvent s’armer pour renverser ceux qui sont élus par une majorité ? » Le cas du Honduras ne pouvait pas rester sans réaction parce qu’il met en cause la stabilité de toute les sociétés démocratiques du monde entier. Le cas ne doit pas faire école. Et le seul moyen pour cela c’est que les putschistes échouent et soient punis.
LA MUSELIERE
Et d’ailleurs pourquoi ont-ils fait un putsch ? Oui, pourquoi ? Formellement la cause est incroyable. Ils ont voulu empêcher un vote pour dire si oui ou non le peuple élirait une assemblée constituante ! Ce n’est même pas une décision qu’ils ont mis en cause mais le fait qu’on demande au peuple s’il était d’accord pour prendre lui-même une décision. Donc c’est parce qu’ils pensent que leur intelligence est d’une essence supérieure à celle du peuple tout entier. C’est comme s’ils nous refusaient le statut d’être humain, homo sapiens. Mais alors moi je demande : quelle est cette armée ? A quoi sert-elle ? A quoi a-t-elle servi ? Quelle guerre a-t-elle mené sinon des guerres contre son propre peuple? Bien sûr, on va chercher la paix et la réconciliation. Mais on ne va pas oublier. Ni ce qu’on fait les députés qui ont approuvé le putsch. Ils ont trahi le pays, imité la signature du président et donner mandat à des gens armés, les militaires, d’assassiner des citoyens coupables de défendre l’ordre constitutionnel du pays. Ceux là aussi sont des « traîtres à la patrie ». Si l’air est glacial ce n’est pas seulement à cause de la climatisation démente de cet endroit. Certains ici ont la tête comme dans une muselière. S’ils se taisent c’est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Là-dessus arrive le chancelier du Panama. Avec des béquilles. Un homme jeune qui a dû se faire une entorse. Sa présence est un signe donné comme le font tous les gouvernants d’Amérique latine contre le putsch. Ca détend Patricia Rodas. Elle reprend d’ailleurs son discours sur le thème de la menace régionale que représente le cas Hondurien. Argument que partagent toutes les délégations d’Amérique centrale. Mais pas la droite du parlement européen. On se souvient que le parlement européen n’a adopté aucune résolution condamnant le putsch. Cette aberration est le résultat de l’obstruction des membres du Parti Populaire espagnol et de la lâcheté de tout le reste du PPE, le groupe de la droite européenne, où siège aussi l’UMP française, qui les a laissé faire. Ici a Panama, grotesque, une ultime manœuvre a eu lieu. La résolution du parlement euro-lat qui commente l’accord ne prononçait aucune condamnation du putsch. Les socialistes ne s’en étaient pas rendus compte. Mais nous, la GUE avec notre coordinateur le communiste espagnol Willy Méyer, nous sommes d’autant plus vigilants que nous sommes à cran. Le croit-on ? De nouveau les espagnols de droite tentèrent d’empêcher que cette condamnation soit mise noir sur blanc.
LA DECLARATION DES ELUS DE GAUCHE D’EURO-LAT
Voici la déclaration que nous avons rédigée et diffusée en tant que députés de la gauche présents sur place. Elle récapitule une sorte de programme commun politique finalement assez étendu. Par conséquent si ce n’est pas un chef d’oeuvre de légèreté quant à la rédaction, pour le reste c’est une plateforme de politique internationale assez substancielle qui pourrait servir de trame de travail en France sur ces sujets.
"Les député-es de Gauche réunis au Panamá à l’occasion des Réunions des Commissions Parlementaires Permanentes de L’Assemblée EUROLAT au Panamá les 29 et 30 octobre 2009, informés ce jour de l’accord pour le retour en fonction du Président Zelaya,
DECLARENT :
-Que la restitution dans son mandat de Jose Manuel Zelaya Rosales est le triomphe de la pression populaire, du Front de Résistance et de la dignité du Président Zelaya, qui, ensemble, ont défendu dès les premiers instants du Coup d’ État la restitution présidentielle et constitutionnelle. La pression et la solidarité internationale ont aidé à défaire le putschiste Micheletti. Ainsi, s’ouvre une nouvelle étape dans le processus hondurien avec lequel nous maintiendrons notre solidarité avec le Front de Résistance et d’autres acteurs populaires.
-Nous nous engageons à poursuivre notre travail avec toutes les forces de la gauche progressiste dans la période qui commence qui s’ouvre au Honduras, dans la consolidation de la démocratie et dans les mobilisations à venir qui, sans nul doute, ouvriront la perspective d’un processus constituant.
-Nous condamnons énergiquement le Coup d’ État perpétré contre le Président Zelaya, Président constitutionnel du Honduras.
-Nous partageons la condamnation exprimée par la Communauté Internationale et par ses principales institutions : l’ALBA, L’OEA, le SICA (Système d’Intégration Centre-Américain), le FIPA (Forum Interparlementaire des Amériques), COPA (Confédération Parlementaires des Amériques) La COPPPAL (Conférence Permanente des Partis Politiques d’Amérique Latine), l’Union Interparlementaire Internationale, les Nations-Unies, la Commission et le Conseil de L’UE, etc.
-Nous regrettons que le Parlement Européen, contrairement à la majorité des parlements d’Amérique Latine et des Caraïbes, n’aient, à ce jour, pas encore condamné le Coup d’ État.
-Nous soulignons que nous avons toujours exigé le retour à la constitutionnalité du Honduras, en restituant de manière inconditionnelle le Président Manuel Zelaya et les membres de son gouvernement, ainsi que toutes les mandats démocratiquement constitués, notemment ceux du niveau municipal.
-Nous déclarons que nous ne reconnaîtrons ni n’accepterons jamais qu’un gouvernement tente de remplacer le gouvernement démocratiquement élu au Honduras. De la même façon, nous ne reconnaîtrons pas d’éventuelles élections ni leur résultat dans les conditions d’un Coup d’ Etat, tant que l’institution démocratique et le retour en fonction du président Zelaya ne sera pas effective.
-Nous dénonçons la menace que ce Coup d’État représente pour la stabilité de la région ainsi que pour les processus de démocratisation et de renforcement de la souveraineté des peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes en cours. Nous dénonçons également l’éventuelle tentation de l’administration nord-américaine de poursuivre sa traditionnelle politique d’ingérence dans la région et plus spécifiquement, dans les gouvernements de la gauche latino-américaine comme dans les cas du Vénézuela, de la Bolivie et du Nicaragua.
-Nous dénonçons la violation des droits humains du peuple hondurien, dans son droit à la liberté d’expression, d’organisation, de mouvement et dans sa liberté politique. Nous dénonçons la situation dans laquelle se trouve le Président Zelaya dans l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa et les violations constantes des droits humains perpétrées par l’armée hondurienne, ainsi que la persécution des député(e)s qui ont refusé de reconnaître le gouvernement de facto .
-Nous exprimons notre solidarité totale et inconditionnelle avec la lutte de résistance du peuple hondurien et sa mobilisation politique pour le retour des libertés démocratiques. Nous saluons la fermeté des organisations sociales mobilisées pour défendre les libertés démocratiques et les droits civils, politiques et sociaux du peuple hondurien.
-Nous soutenons la suspension de la ronde des négociations entre l’Union Européenne et l’Amérique Centrale pour l’Accord d’ Association après le Coup d’ État au Honduras. Mais de plus nous exigeons que l’UE fasse de même avec les mécanismes commerciaux tels que les Systèmes Généralisés de Préférence (SGP+).
-Nous répétons que les différents Accords d’Association de l’UE avec certaines régions d’Amérique Latine ne peuvent dissimuler des traités de libre échange et qu’ils doivent se baser sur trois piliers : le dialogue politique, la coopération au développement et les relations commerciales qui prennent en compte les asymétries à l’intérieur et entre les régions ainsi que les intérêts de chacune d’entre-elles.
-Nous réitérons notre solidarité avec le peuple colombien menacé par la politique de répression systématique du président Uribe. Cette politique de répression et d’attaque des droits humains trouve dans la présence de nouvelles bases nord-américaines un appui supplémentaire totalement inadmissible. Nous dénonçons une fois de plus le « Plan Colombie » qui est une menace pour la paix et la sécurité de la région. Nous misons résolument sur une solution négociée du conflit social et politique en Colombie.
-Nous dénonçons une fois de plus les persécutions et assassinats de syndicalistes, de dirigeants politiques et de leaders du mouvement indigène en Colombie, ainsi que les cas de « faux positifs ».
-Nous rejetons la présence de toutes les bases militaires étrangères opérant sur le territoire d’Amérique Latine et des Caraïbes. Nous exigeons également le retrait de la quatrième flotte nord-américaine des eaux d’Amérique Latine. Nous appuyons les initiatives des mouvements sociaux et politiques visant à empêcher la présence militaire étrangère dans la région.
-Nous dénonçons les pressions des transnationales sur les ressources naturelles (l’eau, le pétrole, les minéraux, le gaz, le bois et d’autres). Nous manifestons notre vive inquiétude au vu du développement de lois qui criminalisent la protestation sociale et qui se soldent par l’assassinat et la persécution de leaders d’organisations sociales.
-Nous exigeons immédiatement la fin du blocus des États-Unis sur Cuba telle que cela a été voté par L’ Assemblée Générale des Nations-Unies pour la 18ème fois à travers une résolution approuvée par 187 pays sur 192. Nous dénonçons les effets négatifs de ce blocus sur la population cubaine.
-Nous exigeons que l’UE normalise ses relations avec Cuba et nous exigeons le retrait de la Position Commune de l’UE.
-Nous exigeons la libération immédiate d’Antonio Guerrero, de Fernando González, de Ramón Labañino, de Gerardo Hernández et de René González (les cinq cubains) qui sont arbitrairement incarcérés depuis maintenant plus de 11 années incarcérés dans des prison nord-américaines et nous exprimons notre détermination à poursuivre la lutte pour que justice leur soit rendue.
-Nous dénonçons le fait que l’administration nord-américaine refuse de faciliter l’accès à leurs parents directs pour leur rendre visite régulièrement dans les prisons où ils purgent leur peine tel que le stipule pourtant la législation internationale.
-Nous insistons sur le fait que la situation de crise financière et économique mondiale est le résultat du maintien d’un modèle économique qui prône la libre-circulation des capitaux, la libéralisation et la dérégulation des marchés, la non-intervention dans l’économie, la réduction des dépenses publiques, la dérégulation dans le travail ainsi que la libéralisation et la privatisation des services publics.
-Nous rejetons l’idée que ce soient les plus pauvres qui aient à payer les effets de cette crise. Nous répétons que seule la lutte des travailleurs et des travailleuses, celle des peuples, qu’on permettra faire face à la situation, d’ouvrir le chemin permettant d’en finir avec les processus de libéralisation et de privatisation, en renforçant le rôle de l’Etat et l’intervention publique dans des secteurs stratégiques tels que le secteur énergétique ou financier, celui des transports et des communications, dans la perspective du Socialisme.
-Nous dénonçons comme inadmissible le nouveau référendum imposé au peuple irlandais sur le même texte du traité de Lisbonne, sans en avoir changé une seule virgule ; il traduit un profond manque de respect pour la démocratie et la volonté exprimée par le peuple irlandais lors du premier référendum du 28 juin 2008. Nous dénonçons les moyens scandaleux utilisés dans la campagne du « OUI » et l’implication d’entreprises puissantes, de la Commission Européenne et d’autres institutions européennes dans celle-ci.
-Nous répétons notre intention de continuer à lutter contre un traité qui synthétise les bases d’une Union Européenne capitaliste, qui donne la suprématie à la liberté du marché sur les intérêts des citoyens, sans que l’intervention publique exerce le moindre pouvoir dans l’économie et qui laisse les secteurs stratégiques entre les mains d’entreprises privées. Une Union Européenne bien décidée à militariser sa sécurité, ce qui augmente les dépenses militaires des États et le rôle d’un Service d’ Action Extérieure Européen duquel dépend la politique et la sécurité extérieures sans aucune forme de contrôle démocratique.
-Nous dénonçons la tentative des pays les plus riches d’imposer, lors du prochain sommet de Copenhague, un accord qui, au lieu de se fixer des objectifs d’envergure concernant la réduction de la consommation énergétique et de consacrer toutes les ressources nécessaires pour diminuer la pollution atmosphérique, externalisent leur propre responsabilité vers les pays les plus pauvres conditionnant ainsi leur développement.
-Nous exprimons la nécessité d’un accord avec des objectifs bien définis et contraignants, qui prenne en compte les contributions historiques de chaque pays au changement climatique et les responsabilités communes selon leurs capacités d’adaptation respectives.
-Nous défendons l’idée que la diminution des émissions de carbone dans l’atmosphère, permettant l’amélioration des conditions de vie de tous les peuples du monde, requiert une planification écologique mondiale, en réduisant la consommation d’énergies, en privilégiant la production aux nécessités locales et non pas aux grands marchés internationaux, en promouvant la souveraineté et la sécurité alimentaire de tous les pays, en consolidant l’aide aux petits et moyens agriculteurs ainsi qu’aux populations indigènes et à leur droit d’accès à la terre.
-Nous répétons que nous sommes favorable à la dissolution de l’OTAN et à la démilitarisation de la sécurité. Dans ce sens, nous nous opposons à la nouvelle révision de sa conception stratégique par les Etats-Unis, qui doit être approuvée lors du sommet de Lisbonne, pour continuer d’imposer l’usage de la force, en dépit du droit international.
-Nous rappelons que le rattachement de la sécurité européenne à l’OTAN suppose que l’UE mise résolument sur sa militarisation, sur l’augmentation systématique des dépenses militaires et des programmes industriels en Recherche -Développement pour des programmes d’armement.
-Nous répétons que nous exigeons le retrait des troupes d’occupation en Afghanistan et que nous considérons qu’une nouvelle stratégie détachée de toute option militaire est nécessaire pour le pays.
-Nous avertissons du danger que représente la militarisation des relations internationales et la reprise de la course à l’armement pour l’humanité, accentuant les processus d’occupation, d’ingérence et de violation de la souveraineté nationale.
-L’humanité vit une des périodes les plus difficiles de son histoire, marquée par de profondes inégalités et injustices, des guerres et des conflits. Cette situation se trouve aggravée par l’actuelle crise financière et économique mondiale, cette crise systémique du capitalisme qui s’accompagne de crises énergétiques, environnementales et alimentaires.
-Enfin, nous déclarons notre solidarité avec les processus en cours en Amérique Latine et dans les Caraïbes qui, face aux politiques néo-libérales, cheminent vers la construction de sociétés plus justes, plus égalitaires dans la perspective du Socialisme. Ces contributions offrent une nouvelle perspective pour l’ensemble de l’humanité, un espoir, la possibilité réelle d’en finir avec ce modèle dévastateur pour les personnes et l’environnement qu’est le capitalisme, et d’avancer vers une alternative socialiste.
SIGNATAIRES :
Willy Meyer, Parlamento Europeo, Vice president de l’ EUROLAT.
Amílcar Figueroa, Parlatino, député pour le Vénézuela.
Ilda Figueiredo, Parlement Européen, Portugal.
Turbal Paez, Parlatino, député pour Cuba.
Jean-Luc Mélenchon, Parlement Européen, France.
Jacinto Suárez, PARLACEN, député pour le Nicaragua.
William Hernández, PARLACEN, député pour Le Salvador.
Maria Isabel Salvador, Parlandino, Equateur.
Patricio Zambrano Restrepo, Parlandino, Equateur.
Cecília Castro Marquez, Parlandino, Equateur
Gabriel Ribera, Asambleista, Equateur
Gloria Oqueli, PARLACEN, Honduras."
HAMIDA BEN SADIA
Je vais clore cette note avec un mot d’hommage à l’adresse de quelqu’un que la mort vient d’emporter de façon foudroyante. Je pense que bien des lecteurs politisés de ce blog ont connu Hamida Ben Sadia aux différentes époques de son engagement politique. Les mouvements lycéens, le combat antiraciste, plus récemment contre le Traité Constitutionnel européen, tout cela a été son affaire personnelle. Hamida était une féministe. Son combat pour l’émancipation des femmes avait commencé par une dure lutte personnelle pour sa propre liberté. Militante active dans les quartiers populaires de son département de la Seine St Denis, son engagement avait aussi une dimension globale. Défenseure sans relâche des droits de l‘homme, son action avait été saluée et soutenue par un prix international notamment pour ses prises de position contre l’intégrisme religieux en Algérie. Je dis pour mémoire que sur d’autres causes nous n’avons pas toujours vu la vie de la même façon. Et alors ? Elle était si entraînante et si sincère dans sa façon d’être ! Je pense à ses deux gosses. Dans ce moment où l’engagement militant est encore un archipel de fraternité dans un océan d’individualisme, l’énergie d’Hamida va manquer.
Bravo camarade Jean-Luc, heureusement qu'il y en a des comme toi à Gauche. ;)
Bravo Jean-Luc, heureusement qu'il y en a des gens comme toi dans la Gauche française qui s'inspirent de ce qui se fait en Amérique Latine.