24fév 10

Du Languedoc Roussillon et du MODEM

Carnet de Campagne

J ’ai pris le train, de nouveau, pour remonter de Perpignan. Mon périple m’a conduit de Drôme en Ardèche et Pyrénées orientales. Je remonte vers Narbonne. Le TGV, cette pure merveille, passe en frontière de rivages et nous 230220102912paraissons voler sur l’eau. Les paysages du Roussillon étalent leur splendeur. Lundi soir, c’était l’inauguration de notre permanence de campagne en plein Perpignan. Le nombre des gens venus soutenir notre liste rendait le lieu impraticable. Nous voila donc grimpés sur une chaise en pleine rue, René Revol et moi, après tous les autres, prenant la parole parmi les nôtres, mines souriantes et complices dans le bonheur de cet instant militant. Et quand tout fut dit, mangé, et bu, on fit le point René et moi entourés de la poignée de ceux qui étaient restés. Mais je commence par un portrait. Celui de René Revol, notre tête de liste en Languedoc Roussillon. Mais ce n’est pas moi qui l’ai écrit. Je raconte les dernières du coin. Ensuite je parle du MODEM. En effet je viens de mettre en ligne comme sur le site du Parti de gauche la brochure que nous venons d’éditer sur cette organisation et les prises de position de son dirigeant, monsieur Bayrou.

L’art du Portrait

Ce qui suit est tiré de «MIDI LIBRE», édition du jeudi 18 février 2010. C’est un portrait de René Revol qui m’a amusé et dont j’ai pensé qu’il serait à sa place, à cet revol_cand2instant de la campagne, sur mon blog. Cela m’évite d’avoir à le faire. Tout en me donnant le confort de la critique. René est plus profond que le montre ce papier, ayant pour lui une culture historique qui lui fait bien sentir à la fois ce que notre situation a d’exaltant, tout ce qu’elle contient d’exigences parfois hors de portée et ce qu’elle porte d’éphémère. Notre angoisse commune est d’appartenir à une génération qui pourrait se trouver coincée dans un ressac de l’histoire. Quand je lis cette phrase qui lui est attribuée «je veux qu’on m’aime», j’éclate de rire. On pourrait croire qu’il est en manque. J’atteste que ce n’est pas le cas. Cela veut dire qu’il veut se rendre aimable. Etre apprécié. Le contraire donc du narcissisme. La vérité est, en quelque sorte, pour nous, à gauche, dans le regard de ceux que l’on veut représenter. Ce regard nous met à notre place et nous permet de mesurer ce qu’il reste à faire. Nos portraits les plus aigus circulent avec ceux qui nous croisent.

«René Revol, un Rouge à l'écoute»

Biographie, parcours, atouts, faiblesses, entourage et ennemis politiques… Zoom cette fois-ci sur René Revol, tête de liste du Front de Gauche / NPA.

Bio express

Naissance: Le 22 novembre 1947 à Grenoble (Isère). Famille: marié et père de trois enfants. Profession : professeur en classe préparatoire à Normale Sup au lycée Alphonse-Daudet, à Nîmes et à l'IUFM de Montpellier.

Entourage
Avec son faux air espiègle de Robbie Williams, il a un côté prof dans le Cercle des poètes disparus. Frêche dit de lui que c'est un « gentil ». D'abord par respect pour l'agrégé de Sciences éco, dirigeant étudiant en 1968 à Grenoble, auteur d'ouvrages de référence, etc. Il fut l'éminence grise de Mélenchon, de 2000 à 2002, quand celui-ci était ministre délégué à l'Enseignement professionnel. Tous deux sont d'anciens trotskistes et peuvent se dire « a vérité». Comme Revol l'aurait dite à Frêche, refusant une vice-présidence de l'Agglo appointée, sans marge de manœuvre. Pour lui, la base prime sur le sommet. Il mobilisa les profs pour faire bouger les caciques du ministère. René Revol, 62 ans, a conquis la mairie de Grabels en 2008 avec la même stratégie. Formé à la dialectique trotskiste, il s'entend même avec les « bobos ». Rond. Rassembleur. Réfléchi. Sa cheville ouvrière, c'est Thierry Angles (PCF), concepteur de projets culturels, coordinateur de la campagne. Ses amis : le psychiatre Charles Ménard (ex-PS) et Jean-Luc Mélenchon. «René n'est pas sectaire et il sait rassembler. C'est un cas.» Ou encore Bruno Flacher, son « frère », connu en… 1965 sur les bancs de Sciences politiques.

Ennemis

Pas vraiment d'ennemis. Mais René Revol a une ligne claire, contre Frêche. Il y a presque un an, il fut le premier, avec l'ancien maire de Sète, François Liberti, Christine Lazerges (ex-députée PS) et Jean-Louis Roumégas (Verts) à lancer un appel «au respect des élus, des formations politiques et des électeurs qui ne sont pas des cons», salve visant directement Georges Frêche, «obstacle au rassemblement de la gauche».

Parcours
René Revol, père de trois enfants de 34, 21 et 13 ans, est né dans une famille de mineurs «sans savoir, ni pouvoir, ni richesse». Son père, résistant «dès 1942», est décédé en décembre dernier. Son frère, six mois avant. Études brillantissimes : major de Sciences politiques, thèse d'Histoire. 290120102679Sous l'influence de l'un des papes du trotskisme, Pierre Broué, il sera d'extrême gauche. Long apprentissage de la politique avec des mandats syndicaux. Une maxime : «La vérité prend le pas sur tout le reste». Être dans la minorité, c'est le meilleur endroit pour scruter le monde. Il fut marié avec la fille d'un ex-élu de Grenoble, remarié avec une prof des écoles. En 1980, il rompt avec le trotskisme qui n'est «plus la pointe avancée de l'union de la gauche». Arrive au PS. En 2008, après le congrès de Reims, il crée le Parti de gauche avec Mélenchon. Depuis, il s'engueule gentiment avec son fils de 13 ans, pro-Besancenot. La discussion animée est une tradition familiale. «Il faut que je le convainque avant qu'il ne soit en âge de voter», rigole-t-il. Le débat reste à l'extrême. Pas comme avec son père, gaulliste. Il lit. Il voyage. New York. Les Antilles. Il aime se souvenir de la remontée d'un fleuve en Guyane, campant et nourrissant le feu toutes les trois heures «pour éloigner les animaux». Revol se vide l'esprit en kayak de mer, à Villeneuve-les-Maguelone ou en Bretagne. Il a cette phrase, fondatrice : «J'ai le sentiment d'une dette.» René Revol se sent «redevable envers mes parents. Ils m'ont sorti de la merde. Je suis fils de pauvre et ils se sont saignés pour que je fasse des études. Tous m'ont enseigné l'authenticité.» Citant René Char, il renchérit : «Notre héritage n'est précédé d'aucun testament.»

Atouts
«Je veux qu'on m'aime.» René Revol, éternelle chemise rouge sur les épaules, est un émotif. Ses élèves le surnomment «DR»: débit rapide. A Grabels, pour les gamins, c'est René. Normal, il est resté 15 ans président local des parents d'élèves. Nombreux sont ceux qui louent son écoute. Ils ont peur qu'une fois élu, il se détourne de la commune. «Je m'occupe de toutes les petites choses qui les embêtent.» Ses proches, sa femme en tête, ajoutent : «Sa plus grande qualité, c'est son plus grand défaut : il adore gagner.» N'est-il pas l'un des rares en France à avoir rassemblé autant d'organisations d'extrême gauche sur sa liste.

Faiblesses
Ce n'est pas un chef. Plutôt un rassembleur. Son charisme se résume à son côté cabotin. «Je ne supporte pas de perdre», ajoute-t-il. Même au ping-pong avec ses enfants. «Je ne suis pas assez prudent.» On le dit exigeant. «Je veux que le travail soit fait la…veille.» Un Cassandre ? «On est entré dans l'ère des tempêtes. La crise est loin d'être finie», professe-t-il. «Les gens préfèrent qu'on leur parle du beau temps mais c'est comme ça ; c'est l'ère des tempêtes…» Pour lui, la Grèce qui s'enfonce dans ses dettes abyssales, c'est le début de la fin. «La dette privée épongée par la dette publique encore plus forte… Et par les impôts. Ça ne peut pas continuer.» Lui croit en son chemin.

RETOUR EN SEPTIMANIE

Comme j’ai choisi de donner un ton de libre commentaires à ce que je vis en déplacement, je prie les puristes de ne pas trop s’indigner quand ils ne trouveront pas dans mes notes les indications qu’ils attendent concernant notre programme en Languedoc Roussillon. Sur place j’ai 230220102915trouvé pas mal de lassitude à suivre le feuilleton quotidien des foucades socialistes. Mais aussi une attraction morbide pour ce spectacle. Avec la menace de Frèche de virer Mandroux de la municipalité de Montpellier, la nature de la guerre locale s’est élevée d’un cran. Avec la venue sur place de François Rebsamen maire de Dijon, ex numéro deux du parti socialiste et de Gérard Collomb, président du conseil national du PS et maire de Lyon, pour soutenir le cacique local, on voit se dessiner le pointillé qui va déchirer le Parti Socialiste bien au-delà de la région Languedoc Roussillon. En réalité, d’une manière imprévue et originale, la primaire au PS est commencée. Et, comme prévu, elle charrie une dose de violences d’autant plus grande qu’aucun ne dit mot sur les contenus que sa position véhicule en réalité. Les féodaux félons qui défient la direction Aubry-Bartolone-Cambadelis portent davantage qu’une solidarité de caste. Naturellement notre travail local devrait provoquer un tremblement de terre s’il aboutit. L’autre gauche passera devant le PS officiel au premier tour. Et avec le coup de collier dont nous avons besoin nous pouvons aussi prendre la région. En effet aujourd’hui les deux blocs, la gauche d’un côté, de Revol à Mandroux en passant par Roumegas et de l’autre côté Frèche, nous sommes a égalité dans les sondages ! Languedoc Roussillon peut être le cimetière d’un certain ordre à gauche !

LES BONNES QUESTIONS

Il y a maintenant plusieurs semaines de 230220102920cela, nous préparions le lancement de notre campagne des élections régionales. L’exercice consistait à récapituler les objectifs que nous visons pour les mettre en mots sous la forme la plus synthétique et percutante possible. Cette sorte de séance de travail permet surtout de mettre les idées au clair. On fait une liste donc, avec un stylo et une feuille de papier. Et, à mesure on pose les «questions à la con» parce qu’il est absolument certain qu’elles nous seront posées. Devinez par qui. Ensuite il y a les questions qu’on aimerait qu’on nous pose mais que nous n’avons aucune chance d’entendre. Celles-là il faut créer les conditions pour qu’elles arrivent. Donc on choisit un angle pour les faire venir. Par exemple agresser par un trait d’humour où un bon mot quelqu’un de nos adversaires pour déclencher une polémique. Les «questions à la con» ne sont pas toutes nuisibles. Elles conduisent parfois à des réflexions mieux ajustées que ne l’étaient nos premières formules. Ce sont des enchainements qui sont précieux pour l’esprit. Et politiquement féconds. Ecoutez bien ceci : les bonnes réponses font les bonnes questions et non l’inverse. Ainsi à propos de cette question : «quel score espérez-vous faire».

DANS l’AIR DU TEMPS

Il n’y a pas de réponse honnête à cette question. Supposons que je réponde «51%». Ce serait intellectuellement honnête. J’ai toujours fait campagne pour gagner. Mais ce ne sera pas apprécié comme une réponse crédible. Et je veux 230220102911bien l’admettre. Où mettre la barre ? Tout chiffre en dessous de la majorité est disqualifiant. Ce n’est pas le seul inconvénient de ce type de réponse chiffré. Comme elle «n’est pas crédible», cela contraindra à revenir sur le sujet. Et cette fois-ci il ne s’agira plus seulement de dire quelque chose de crédible. Il faudra dire quelque chose de croyable. C'est-à-dire qui soit conforme à ce qui est dans l’air du temps. C'est-à-dire en dessous de dix pour cent pour être conforme avec les sondages. Un esprit superficiel dira que c’est évident et honnête. Un esprit taquin demandera à quoi sert une question dont la réponse est connue d’avance. Le taquin aura sa réponse : il s’agit de mettre en difficulté.

VOUS VOUS RALLIEZ ?

Car aussitôt la question qui tue sera là: «avec qui ferez-vous alliance au deuxième tour». Là encore la réponse est connue d’avance car elle a été répétée cent fois. C’est la même depuis deux siècles d’élection : au deuxième tour la gauche se rassemble contre la droite. Alors pourquoi poser la question, si la réponse est connue ? Devinez ! Pour nous c’est alors le pire à partir de là. Car plus un mot ne sera dit du premier tour, de nos objectifs propres, de notre programme. Tout sera ramené à une question de tactique électorale très pauvre : «donc au deuxième tour vous vous rallierez» ? Tout est dans le verbe «rallier». C’est lui qui 230220102913brise toute singularité, disqualifie votre présence au premier tour et ainsi de suite. Ne rêvez pas : jamais vous n’aurez le temps d’expliquer pourquoi la « discipline républicaine » n’est pas un ralliement. D’ailleurs le plus souvent quand on indique que le NPA lui aussi fait des «fusions techniques» au deuxième tour avec les socialistes, beaucoup le découvrent. Et nombreux n’y croient pas. Peu importe. Il faut comprendre que le contenu général d’un tel ordre de questionnement est évidemment strictement moulé dans l’idéologie dominante. Un journaliste n’a pas à vous «servir la soupe». Entendez : il n’a pas  à vous aider à exprimer vos idées. Il doit au contraire vous obliger à «aller plus loin». C’est à dire là où vous ne voulez pas aller parce que c’est sans intérêt pour vous.

LA BONNE REPONSE

Mieux vaut le comprendre à temps pour éviter de perdre des opportunités. Et par conséquence, mieux vaut donc s’adapter aux normes de ce type de production «informative» plutôt que de pleurnicher sur la «malhonnêteté intellectuelle des médias» et ainsi de suite. En ayant cela à l’esprit nous avons mis au point notre réponse. «Quel score visez-vous ?» Quelle est la bonne réponse ? Celle qui permet d’installer votre paysage, de poser vos problèmes d’exposer vos solutions et d’obtenir des rebonds. Tout en répondant à la question posée. Car le type ou la fille en face est payé pour ramener quelque chose à publier ou à montrer. Il faut faire au format. Bref, clair et si possible piquant, c'est-à-dire agressif contre quelqu’un d’autre ! Quel score espérons-nous ? Celui qui nous placera devant le Modem et le Front National. Le Front national c’est pour l’honneur de lui prendre ses électeurs en leur faisant comprendre que la cause de leurs problèmes ce n’est pas l’étranger mais l’inégalité et le capitalisme. Ca tient en une phrase vous avez vu ? Et le Modem ? Pour empêcher la gauche de virer à droite en s’alliant avec le centre. Une phrase, pas davantage. Et maintenant, rajoutez un peu de sel pour relever le goût. «Le PS devra choisir au deuxième tour : c’est le Modem ou le Front de gauche !» On voit que, tout compte, fait les «questions à la con» peuvent aider à formuler des réponses utiles.

LE DEVOIR D’EXPLIQUER

Pour autant tout n’est pas réglé. Je pense au MODEM. Le nombre de ceux qui ne comprennent pas ce que nous avons contre monsieur Bayrou est plus important que le croient les militants politiques chevronnés que nous sommes. Nous avons donc fait une brochure. Un 210220102904vrai travail d’enquête. Il s’agit de fournir de façon aussi claire et complète que possible les arguments documentés qui conduisent le Parti de Gauche à refuser totalement l’alliance de la gauche avec le MODEM. Ce travail nous permet de montrer qu’il ne s’agit pas d’une opposition à la personne de monsieur Bayrou. Sur le plan humain et en ce qui concerne l’opiniâtreté il a droit à toute notre considération. Nous ne nous référons pas non plus à la longue carrière de monsieur Bayrou dans les rangs de la droite et dans ses gouvernements. Tout le monde a le droit de changer d’avis et c’est un signe de bonne santé mentale que d’être capable parfois de révision de ses certitudes. Surtout s’il s’agissait de passer de droite à gauche !

LA PREUVE PAR L’ECRIT

Notre raisonnement se réfère aux positions politiques actuelles sur lesquelles se fonde l’action de monsieur Bayrou et de son mouvement, le MODEM. Pour les connaitre notre enquête part d’abord du dernier document adopté par ce parti, le «projet humaniste», qu’il vient d’adopter en vue des élections régionales. Pour situer plus précisément les contours de sa politique dans les domaines qui ne sont pas évoqués dans ce manifeste, nous nous reportons aux déclarations et prises de position de monsieur Bayrou au cours des élections présidentielles de 2007. Ca fait loin déjà ? Oui et non. D’abord il est juste d’utiliser ces documents parce que l’intéressé ne s’en est jamais dédit. Ensuite parce que lui-même fonde encore aujourd’hui sa légitimité politique sur le résultat qu’il a obtenu à cette élection avec ce programme. Nous utilisons aussi les prises de positions de l’UDF, juste avant l’élection présidentielle de 2007. Nous le faisons parce que beaucoup semble avoir oublié que l’UDF était alors présidée par monsieur Bayrou lui-même. Cependant nous nous en sommes tenus aux seuls votes à l’Assemblée Nationale que monsieur Bayrou a personnellement fait à cette époque.

SANS DEGUISEMENT

Notre recollement montre qui est monsieur Bayrou en politique. Il est a droite. C’est bien son droit. Ce qui est condamnable à nos yeux c’est de vouloir faire croire autre chose à son sujet comme le font les dirigeants socialistes. Monsieur Bayrou n’est pas et n’a jamais été un compagnon de route de la gauche mais un adversaire politique. Son opposition actuelle à Nicolas Sarkozy n’en fait pas pour autant un allié naturel. Ce n’est pas la première fois qu’un centriste et la gauche s’opposent à un troisième personnage contre son pouvoir personnel. En 1965, Jean Lecanuet s’opposait au général De Gaulle dans l’élection présidentielle. Pour autant la gauche présenta son propre candidat, François Mitterrand, et cette candidature unitaire commença le chemin qui menait à la victoire de 1981 et à l’application du programme commun de la gauche. La comparaison est très parlante.

DES ENJEUX COMPARABLES

210220102906Déjà à l’époque il avait fallu choisir entre deux orientations à gauche : la rupture avec le système ou son accompagnement. La SFIO qui avait fait campagne avec l’UNR pour l’adoption de la Constitution de la cinquième république fut contrainte au soutien du candidat de la gauche. Elle le fut du fait de l’alliance des communistes et d’un secteur du socialisme ! Bien sur l’histoire ne se répète pas. Mais pour qui est des fondamentaux, les enjeux sont les mêmes. Le centrisme, qu’il prenne la forme d’une alliance politique ou d’un contenu programmatique est le cancer qui ronge la social démocratie européenne. La maladie a tué la gauche en Italie. Il l’a largement détruite partout dans le reste de l’Europe. Il la paralyse face aux rebondissements de la crise du capitalisme en Europe et dans le monde. Le Parti Socialistes français, d’une façon étrange, propose une alliance qu’il a toujours repoussé depuis sa refondation en 1971, chaque fois qu’elle lui a été proposée ou suggérée, de l’intérieur ou de l’extérieur. Il propose cette alliance au moment où son échec destructeur est devenu patent dans toute l’Europe. 210220102901Il le fait au prix d’un travestissement de l’identité politique et programmatique de son partenaire potentiel. Et cela alors même que celui-ci n’a jamais donné le moindre signe d’accord sur les fondamentaux de la gauche. Et alors même que toute l’autre gauche exprime son opposition absolue à cette alliance. Car alliance vaut choix. Pour le PS, ce sera le MODEM ou l’autre gauche. Le PS le sait. Ce sera le programme alternatif de la gauche ou l’arrangement avec « le projet humaniste ». C’est le contenu de cet arrangement dont notre document permet de connaitre dans quelles eaux de droite il s’ancrerait! Le PS le sait aussi. Son choix doit donc être contraint. Notre but être de tout faire pour éviter que le PS entraine la gauche dans le néant de cette alliance. Notre score aux élections vaudra mise au pied du mur. C’est pourquoi notre objectif est d’obtenir un résultat électoral supérieur à celui du MODEM. Notre travail d’enquête est donc destiné à nous aider à convaincre le plus grand nombre des électeurs de gauche que le vote pour le Front de gauche est le vote utile du premier tour. Ceux qui votent pour nous, votent pour empêcher l’alliance avec le Modem. En raison de notre programme et en raison de notre stratégie d’alliance. Et il est vrai que ce sont les deux faces d’une même orientation politique. 


160 commentaires à “Carnet de Campagne”
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  1. André Assiétoi dit :

    @ Vergnes (140)

    Pauvre Gérard Filoche, qui se prépare à avaler une énième couleuvre et qui use de sa dialectique huileuse pour faire glisser la bestiole au fond de son grand gousier.
    Hier, il jurait mordicus que jamais, au grand jamais, il n'accepterait une alliance avec le MODEM, qu'est pire que l'UMP selon ses mots.
    Aujourd'hui il prépare le terrain en s'appuyant sur la vieille histoire des socialistes pour nous dire : bof, si le MODEM sert de force d'appoint, c'est pas si grave que ça. Quel charlot, ce type ! Comme inspecteur du travail, il est bon. Mais comme politicien, il est du même ordre que tous les politicards qui se contorsionnent pour justifier leurs reniements.
    "Ancrer à gauche le PS", c'était sa justification quand on lui demandait ce qu'il foutait encore au milieu de ce bordel. Demain il va nous dire : "je reste pour ancrer à gauche le MODEM".

  2. marj dit :

    @Descartes

    Je ne lis pas dans tes pensées mon cher Descartes, cette faculté ne m'est pas donnée, je ne fais que faire référence et des liens entre ce que tu développes aujourd'hui et ce que tu as dis dans d'autres discussions et que j'avais déjà relevé...mais peut-être tu as la mémoire courte ?

    Si tu penses que la recrudescence des attentats islamistes n'a pas de lien avec la situation internationale, que l'apparition des "attentats" en Palestine, Irak ou Afghanistan n'ont aucun lien avec les ingérences colonisatrices ou impérialistes, libre à toi, à ce compte là, on peut aussi penser que la résistance Française n'était pas liée à l'occupation...peut-être te faut-il des chiffres pour comprendre que ces populations sont humiliées et dépossédées et que cela donne de l'audience à Ben Laden ? Moi pas...

    Ensuite, donner la mort, se donner la mort, est barbare en toute circonstance, je ne crois que ça soit un scoup mais et je le répète: s’il faut légitimer ou du moins comprendre certaines violences, ce sont celles qui répondent à des injustices, permettent aux faibles de se défendre, à ceux qui sont envahis de chasser les envahisseurs.

    La violence d'ETA ?Si a ces débuts, elle répondait à la violence du Franquisme, aujourd'hui personnellement, je ne comprends la dérive de cette organisation car rien, de la situation Basque, ne permet d'expliquer cette violence.

    Quant à la définition du "terrorisme", franchement, plus j'avance, moins j'en trouve, en tout cas je refuse de mettre aussi facilement dans des cases des situations aussi diverses...pour moi, il n'y a que violence et barbarie répondant à d'autres formes de violences et de barbarie mais qui divergent fortement selon les individus, les situations et les objectifs...loin de tout manichéisme, les définitions données par Wikipédia et l'historique du mot permettent de relativiser le "concept" :http://fr.wikipedia.org/wiki/Terrorisme

    PS: Les accusations de crime de guerre à Gaza sont contenues dans le rapport de la commission du juge sud-africain Richard Goldstone.

  3. Annie dit :

    @Descartes post 31: Il faut s’entendre sur ce qu’on met sous le mot « émancipation », et ce n’est pas de la tarte, parce qu’entre ceux qui estiment que l’émancipation c’est simplement s’affranchir de l’exploitation, et ceux qui poussent le curseur jusqu’à un monde « libre de toute domination et de toute aliénation » (ce qui est une absurdité, mais passons), la plage est large.

    La question sur l'émancipation est il est vrai plus large et philosophique. Cf post N° 88 à julie.

    Personnellement, je reste persuadé que la contradiction fondamentale reste toujours celle qui oppose capital et travail, et que « l’émancipation » est à apprécier par rapport à cette contradiction. Si l’on admet cela, alors la classe qui détient le travail reste « le groupe social particulier à même d’incarner l’émancipation ».

    C'est aussi mon cas, je considère également que le clivage bourgeoisie/prolétariat est toujours d'actualité. En fait, pour Zizek, je pense qu'il n'est pas d'accord avec l'idée d'identifier un groupe tel que "jeunes de banlieue" comme LE prolétariat et donc le "groupe social à même d'incarner l'émancipation", et il parle de diversité de prolétarisation. Réussir à susciter la solidarité entre prolétaires ne pourra sûrement pas se faire si on y rajoute des éléments culturalistes, ou qu'on fait des "concours du plus malheureux".

    Pour ce que tu dis ensuite concernant la permutation de "prolétaires" par "victimes" pilotée par la bourgeoisie, c'est effectivement un discours très répandu dans les médias. Par contre je ne sais pas qui est "Knobelpiess".
    Je serais moins catégorique que toi sur les "victimes" de manière générale sans discours politique propre ou qui adoptent un discours qui n'est pas le leur devant les médias, car je pense par exemple aux luttes pour les droits civiques des afro-américains aux USA où il n’y a pas cette forme "d'emprunt" chez Malcolm X (même si j'ai compris que tu parlais de la France et que les luttes des années 1960 aux USA ont été faites dans un autre contexte, dans un pays dont la construction politique n‘est en rien comparable à la française). On peut néanmoins remarquer que les luttes durant la même décennie en France ont porté une dimension plus sociale (l‘hagiographie bourgeoise a il est vrai effacé la grève générale de l’imaginaire de mai 1968).
    Je ramène ces luttes pour les droits civiques ailleurs un peu comme un cheveu sur la soupe, j'en conviens, mais juste pour dire que des « victimes » peuvent échafauder leur propre discours politique.

  4. Annie dit :

    Des fans francophones de Tom Waits m'écrivent pour me signifier leur indignation d'avoir entendu Jean-Luc Mélenchon hier s'auto-attribuer le surnom de Grognard.
    Ils ne lui font néanmois pas de procès d'intention, et mettent l'indélicatesse de Jean-Luc Mélenchon sur le compte d'une candide ignorance du fait que ce surnom est strictement réservé à l'interprète de Rain dogs.
    Comme le topo, c'est de chercher les abstentionnistes, Jean-Luc Mélenchon se doit d'éviter de se mettre en plus le club des fans francophones du Seul et Unique Grognard sur le dos, ce serait une faute politique majeure, qui enterera définitivement sa carrière.

  5. Inquiet dit :

    "Aime ton prochain comme toi-même". C'est mon message laïc du soir pour apaiser les crispations puériles qui ont court dans les commentaires de ce blog. Allez quoi ! Et la tendresse bordel ! :lol:

  6. marj dit :

    A lire car assez éclairant " La Cia et La Fabrique Du Terrorisme Islamiiste"
    de Mahmood Mamdani

    "Le terrorisme islamiste est un enfant de l'Amérique, et plus précisément de la Cia, démontre Mahmood Mamdani.
    Le rôle décisif de celle-ci commence au Laos où, pour la première fois, plutôt que d'intervenir directement, les Etats-Unis organisent une guerre par procuration contre les communistes vietnamiens.
    Cette même stratégie est appliquée au Congo, au Mozambique, en Angola puis en Amérique centrale contre le Nicaragua.
    Mais en Afghanistan elle vire ensuite au cauchemar lorsque les combattants formés et recrutés par la Cia se retournent contre les Etats-Unis.
    Selon Mahmood Mamdani, le terrorisme islamiste a ainsi été engendré par l'Amérique et n'est pas, comme on le croit trop souvent, une manifestation du "choc des civilisations".
    Premières lignes : Extrait de l'introduction :

    Le siècle qui vient de s'écouler est un siècle de violence, sans doute le plus violent de l'histoire écrite.
    Il a vu des guerres mondiales, des conquêtes coloniales, des guerres civiles, des révolutions et contre-révolutions.
    Bien qu'impressionnante, l'ampleur de cette violence ne nous surprend pas.
    La sensibilité politique moderne considère la plupart des violences politiques comme un préalable au progrès historique.
    Depuis la Révolution française, la violence est perçue comme accoucheuse de l'histoire.
    De la Révolution française, nous avons hérité la terreur, ainsi que l'armée de citoyens.
    Le véritable secret des spectaculaires victoires napoléoniennes sur les champs de bataille réside dans la composition de son armée, constituée non de mercenaires, mais de patriotes prêts à tuer pour une cause.
    Des patriotes mus par ce même sentiment national que nous avons fini par reconnaître comme la religion civique du nationalisme.
    Méditant sur la Révolution française, Hegel écrit que l'homme est prêt à mourir pour une cause dont la valeur est supérieure à celle de la vie humaine elle-même.
    Hegel aurait sans doute dû ajouter que l'homme est aussi prêt à tuer pour une telle cause.
    Je pense que ces propos sont encore plus vrais aujourd'hui qu'ils ne l'étaient auparavant.
    La sensibilité moderne n'est pas horrifiée par la violence de masse.
    Les guerres mondiales en sont l'éloquente illustration.
    Ce qui heurte notre sensibilité moderne, c'est une violence qui ne semble pas avoir de sens, qui ne génère pas de progrès.
    Une telle violence est analysée selon deux types de discours.
    Exprimé en termes culturels, le premier se rapporte à la société prémoderne, tandis que le second, formulé en termes théologiques, renvoie à la société moderne.
    Le discours culturaliste attribue toujours la violence politique à l'absence de modernité.
    À l'échelle mondiale, on a ainsi parlé de «choc des civilisations».
    Au niveau local - comprenez lorsque le conflit ne traverse pas la frontière séparant l'Occident du reste du monde -, on la qualifie d'«affrontement intercommunautaire» quand elle se déroule en Asie du Sud, ou de «conflit ethnique» en Afrique.
    Quant à la violence politique qui, dans les sociétés modernes, ne s'inscrit pas dans la logique du progrès, elle tend à être débattue en termes théologiques.
    On explique par exemple la violence de l'Holocauste comme étant tout simplement le résultat du «Mal».
    À l'instar de la culture prémoderne, le Mal est compris comme étant hors du temps historique.
    Il y a une résistance formidable, à la fois morale et politique, à l'idée d'explorer les causes historiques du génocide nazi.
    En considérant les auteurs de violences comme des renégats culturels ou des pervers au plan moral, nous nous mettons dans l'incapacité de décrypter le lien entre modernité et violence politique."

  7. gp91 dit :

    @ermler post 140 du fil précédent.

    Je ne met évidement pas en cause tes sentiments laïques. D'abord parce que j'en ai lu est succinct et ensuite parce que je ne connais pas. Voici donc le texte en question. Il date de1991.

    Un brave gros bonhomme marche dans une longue rue sombre, porteur d'un gros jambon. Il a peur. Un petit homme, très maigre, armé d'un grand couteau le suit dans l'ombre. Soudain la menace se précise. Tchac ! Coup de couteau. Une tranche de jambon volée ! «Je ne vais pas me battre et me faire tuer pour une tranche de jambon» se dit le gros bonhomme, en continuant de trotter sans se retourner. Tchac ! Une deuxième tranche. Tchac ! Une troisième. Et ainsi de suite. Le gros bonhomme sait qu'une tranche de jambon, ce n'est rien. Vient le moment où il ne porte plus qu'un gros os. Voici le bout de la rue et l'homme au grand couteau est toujours sur ses pas. «Quoi, se dit le gros bonhomme, se battre et mourir pour un os ?» Il se retourne, regarde le petit homme armé dans les yeux et lui dit : «Tiens, je te le donne» en lui tendant l'os. Et il pense aussitôt : «Jamais personne ne voudra croire que je me suis débarrassé d'un homme armé en lui offrant un os». _

    Il y a peu d une soumission a l'autre. Qui accepte de céder finit toujours par s'en faire une vertu. Un adage bienveillant dit même «qu'un moment de honte est vite passé». Je ne le crois pas. A la première tranche, il faut dire non ! Il serait temps de s'en convaincre en politique..."

  8. marj dit :

    Extrait d'un texte intitulé "terreurs et violences" de Daniel Bensaïd intéressant et qui recoupe ma pensée:

    "Mahmood Mamdani souligne la tendance très actuelle à penser en termes théologiques une violence qui échapperait à la logique illusoire du progrès : indifférente à toute détermination et variation historique, ses racines plongeraient la propension éternelle au Mal (le péché originel ?) et dans la rémanence d’une culture prémoderne[22]. Pourtant ce retour de l’énoncé religieux en politique, dont la sacralisation de la guerre, en croisade ou guerre sainte, à l’œuvre dans la rhétorique reaganienne (ou glücksmanienne pour sa version philosophante) du Bien et du Mal absolus. Dès les années 1980, le réactionnaire Pat Buchanan prophétisait avec jubilation la « guerre religieuse à venir » ; c’est sous Moshe Begin que se préparèrent les noces barbares du sionisme séculier et du sionisme théologique ; tandis que, sous couvert de guerre froide, les Etats-Unis encourageait l’islamisation de ses alliés contre l’Union soviétique et le nationalisme laïque arabe. Ainsi le Jihad afghan fut-il aussi, rappelle Mamdani, « un jihad états-unien ». Dans ces guerres saintes, point de merci : à défaut de pouvoir être soigné, le Mal doit être éradiqué. Cette idéologisation de la guerre va de pair avec la globalisation de la « violence sans–frontière » et avec la privatisation de son usage, par les agences de mercenariat comme par les madrassahs théologico-militaires.

    Loin d’être le produit récurrent de forces obscures hors du temps, les formes contemporaines variées de la terreur résultent au contraire d’une configuration politique historiquement déterminée : « Ce terrorisme qui inquiète les Etats-Unis, c’est ce qui arrive quand la gauche communiste et le nationalisme anticolonialisme laïque ont été défaits, alors que les problèmes créés par la domination impérialiste sont plus aigus que jamais. La haine prend alors le pas sur les idéologies révolutionnaires, la violence privatisée et la vengeance sur les guerres de libération nationale. Les candidats millénaristes au martyre se substituent aux révolutionnaires organisés. Lorsque la raison est monopolisée par l’impérialisme et détruite dans ses formes révolutionnaires, la déraison l’emporte[23]. » A ceci près que la déraison a ses raisons, et que la raison monopolisée déraisonne en présumant de sa force : la violence de l’opprimé doit rechercher le soutien de ceux dont elle prétend défendre la cause, alors que celle de l’oppresseur se contente de les terroriser en masse pour étouffer toute velléité de résistance.

    C’est lorsque la défaite éteint les lumières et lorsque la désespérance l’emporte, que la violence régulée par un horizon d’émancipation bascule dans la criminalité, sans autre but ni cause que sa propre satisfaction immédiate".

  9. Descartes dit :

    @marc malesherbes (#6)

    quel est le contre-modèle proposée par le PG (FdG) ?

    Tout à fait d'accord avec le contenu de ton message. Les organisations de la "gauche radicale" n'expriment aujourd'hui aucun "contre-modèle" crédible. Il faut à mon sens comprendre le pourquoi de cette incapacité (ou de ce manque d'intérêt) pour les débats prospectifs. Je pense personnellement que cela tient à plusieurs raisons:

    1) On peut constater que, parmi les dirigeants de premier et deuxième rang de la "gauche radicale", on trouve de moins en moins de personnes venant du monde "réel" et de plus en plus d'apparatchiks et d'"élus professionnels" qui n'ont connu dans leur vie que le monde politique. Le monde quotidien, celui où l'on va tous les matins au boulot, ils le connaissent par ouïe-dire. Or, l'apparatchik et l'élu professionnel vivent et meurent par la tactique. Leur gagne-pain est conditionné par leur capacité à établir des alliances qui leur permettent de conquérir des positions ou du moins de ne pas en perdre. D'où une hypertrophie de la réflexion tactique par rapport aux problématiques de fonds. Que le PG ait cru bon d'annuler son "congrès programmatique" pour cause de campagne électorale montre bien où se trouvent les priorités.

    2) La prise de pouvoir des classes moyennes sur la "gauche radicale" se traduit aussi par une transformation profonde de son fonctionnement. La survalorisation du rêve (rappelle toi du "rêvelution" au 34ème congrès du PCF, ou de "rêve générale" lors des dernières journées d'action) s'accompagne d'un mépris souverain de la réalité. Et donc de ceux qui la connaissent (les "experts", "ceux qui savent") et des instruments de connaissance ("les statistiques, on leur fait dire ce qu'on veut"). "L'imagination au pouvoir" implique d'enlever le pouvoir au réel qui, comme le notait Marx, est le premier obstacle au monde des rêves. Or, il est très difficile de proposer un "contre-modèle" crédible sans le concours de "ceux qui savent" et sans le confronter aux contraintes du réel.

    3) Conséquence du point précédent: Il y a un sérieux problème de formation des militants. En encourageant la méfiance envers "ceux qui savent" et en parant de toutes les vertus la "parole populaire", on a rendu toute action de formation impossible. Car, comme disait Scruton, il y a trois conditions pour que la formation soit possible: il faut admettre que le maître sait des choses que l'élève ne sait pas, et que ces choses valent la peine d'être connues. Si Mme Michu peut nous dire directement comment organiser l'économie, a quoi servent les économistes ? Et a quoi bon organiser des séances de formation pour Mme Michu ?

    Construire une formation pour les militants implique nécessairement admettre une hiérarchie de la connaissance, entre celui qui sait et celui qui ne sait pas. En refusant cette hiérarchie, la "gauche radicale" a produit une génération de militants sans aucune formation théorique. Il n'y a d'ailleurs qu'à comparer les programmes de formation des militants communistes d'il y a trente ans avec ceux d'aujourd'hui: hier on leur apprenait l'économie politique et la philosophie marxiste (mal ou bien, c'est un autre débat), aujourd'hui on leur apprend à rédiger un tract ou à faire un site internet.

    4) La faiblesse idéologique des organisations de la "gauche radicale" les oblige à se replier dans un dogmatisme qui fait pâlir les stalinismes et trotskysmes d'hier. Comme on n'a plus d'idéologie, on est obligé de se reposer sur une série de "valeurs" et "principes" arbitraires qui ne tolèrent la moindre discussion. Ces dogmes corsettent la réflexion au point de transformer les "débats" en des sortes de cérémonies ou l'orateur répète les dénonciations canoniques et la foule répond "c'est un scandaaaaaaale".

    @marj (#8)

    Les réponses ne sont pas « clé en main », elles se construisent et se débattent à tous les niveaux, dans les entreprises avec les syndicats, dans les partis avec les miltants, des penseurs et des économistes (pas invités des plateaux télés) formulent aussi des contre propositions notamment sur les questions clé de la gestion des entreprises, de la transformation des instruments monétaires et financiers de la sécurité emploi formation.

    Je vois que la méthode Coué a encore ses adeptes... tiens, prenons la "sécurité emploi formation". Cette expression figure depuis presque dix ans dans les documents du PCF, et jusqu'à aujourd'hui personne n'a été foutu d'expliquer comment cela pourrait concrètement marcher et quel en serait le coût...


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