14oct 10

Retraites, mon livre, contexte, Xavier Mathieu, Continental, Pujadas et compagnie

On continue ! On ne lâche rien !

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A u milieu du gué. De quel côté la situation va rebondir? J'en parle ici. Puis de la sortie de mon livre "qu'ils s'en aillent tous!" Et de l'affligeante "affaire Pujadas". Elle me vaut d'être assimilé à Le Pen par madame Ruth Elkrief qui déclare sur BFM-TV ne pas voir de différence entre lui et moi. Si bien que je décide de renoncer à l'entretien que je devais avoir avec elle vendredi soir à BFM. Il est évident, pour moi, que les conditions d'une discussion sereine ne sont plus réunies. Et je vous apprend, si vous ne le saviez que le ministre Woerth vient d'autoriser le licenciement de Xavier Mathieu, délégué syndical CGT des Conti et porte parole de leur lutte.

Samedi on remet ça. Nos syndicats nous appellent à manifester. Il faut suivre la consigne. C’est maintenant que ça se joue. Le pouvoir est peut-être mené par un homme qui ne se soucie d’aucunes des conséquences de ses actes, il n’en reste pas moins que les français ne sont pas de la pâte molle qu’il peut pétrir à sa guise. En mettant le pays en impasse, il s’y met lui-aussi. Et personne ne peut savoir à cette heure comment tout cela finira. De notre côté l’important est de rester groupés. Le risque est l’éclatement entre ceux qui sont les plus avancés dans la lutte et ceux qui hésitent ou bien sont empêchés de participer à la lutte à cause de leurs difficultés. Peut-être pourrions-nous appeler, partis de gauche et syndicats ensemble, à faire une manifestation nationale, une montée à Paris, qui mobilise des centaines de millier de gens. Le pouvoir pourrait ainsi être confronté à une démonstration de force qui lui remette dans le nez les images de la mobilisation contre l’abrogation de la loi Falloux, ou bien celle que fit son propre camp contre l’école laïque en 1983. En tous cas nous avons besoin d’une étape encore après ce samedi. Il ne faut pas décrocher ! La stratégie syndicale s’est avérée être la bonne. Je crois que tout le monde devrait le reconnaitre pour améliorer la confiance dans les rangs et renforcer l’autorité des syndicats dans le monde du travail et dans l’opinion. C’est autant de gagné pour la suite des évènements et pas que pour cette année, ni pour cette lutte.

La manifestation du 12 octobre avait des caractéristiques très nouvelles. Autant on avait senti celle du samedi 3 octobre grave et lourde, de bien des façons, cette fois-ci, il y avait une ambiance que rien ne laissait prévoir sous cette forme. La combativité était à un niveau très élevé. De sorte qu’on avait même l’impression parfois d’un côté joyeux. C’est un paradoxe car c’est la quatrième journée de paye perdue dans le combat. Toute l’après midi les chiffres de participation qui montaient de province renforçaient le sentiment de force et de puissance. Donc nous pouvons dire que le mouvement est ascendant. L’élargissement spectaculaire à la jeunesse des lycées et des écoles est un seuil franchi qui s’avère décisif. Toute la manœuvre du pouvoir en vue de démoraliser les gens a échoué.

En particulier le moment ridicule au Sénat où les centristes, ces fourbes, ont fait avancer le vote des articles 5 et 6 avant l’article 1 pour que tout paraisse joué. François Delapierre interrogé sur le plateau de « Public Sénat » a rompu l’ambiance ronronnante du débat entre sénateurs. Il a pointé du doigt le rideau de fumée qui venait d’être dispersé. On était passé des annonces venant de tous côtés selon lesquelles les centristes seraient les facilitateurs de compromis à une autre où il était clair qu’ils se chargeaient eux-mêmes et avec enthousiasme de la salle besogne de l’UMP. On se souvient de François Hollande déclarant à « Dimanche + » que le Sénat pouvait être "le lieu du compromis". Belle intelligence de la situation !

Mon livre est en place. Les camarades ont collé les affiches un peu partout dans le pays et, dans le contexte, elles fonctionnaient davantage comme un appel à l’action que comme un appel à l’achat. Mais les achats ont démarré très fort dès le premier jour. Et dans la manifestation du 12 octobre, j’ai déjà fait mes premières dédicaces ! Grâce à l’opération de France Télévisions contre moi une super campagne de promotion a été réussie qui ne nous a pas couté un centime d’euro. Pour parler ici de ce livre, je vais publier, à la suite de ces lignes, l’entretien que j’ai mené avec Bruno Dive pour le journal « Sud-Ouest » paru dimanche 10 octobre et publié sous un titre clair.

« Mélenchon : « J'appelle à une révolution citoyenne »

Sud-Ouest: " Jean-Luc Mélenchon, on vous savait « grande gueule », mais là vous y allez fort ! Qu’est ce qui vous a pris ?

JLM: Ce n’est pas moi qui suis violent, c’est l’actualité ! Mon livre tombe à pic pour exprimer un raz le bol qui est général. Les gens n’en peuvent plus, ils n’ont plus confiance en rien ni en personne. Mon livre, c’est une contribution positive et enthousiaste, pour sortir de l’impasse totale actuelle. Quand vous dîtes : « qu’ils s’en aillent tous », qui sont « ils » ? Ce n’est pas un mot d’ordre de ma part, mais un pronostic. C’est ce qui va se passer, ce qui s’est déjà passé dans toute l’Amérique du sud, où une sorte d’aristocratie politique et financière était si gangrenée par l’argent, que les classes moyennes et populaires en sont venues à ce slogan. Vous verrez la même chose en France. Là aussi, les gens vont dire : « qu’ils s’en aillent tous ! » Aussi bien les chefs des grandes entreprises dont les résultats sont désastreux, que les hommes politiques qui ne changent rien à la situation des gens, sauf en pire. Ca vaut aussi pour la police, la justice ou les médias. Les partants ne manqueront à personne. Parce que des gens disponibles pour faire mieux avec moins d’argent, il y en a beaucoup et dans tous les domaines.

Vous savez ce qu’on va vous dire : vous faites du populisme…

Je suis plus « populaire » que populiste. Le populisme, c’est la haine des élites. Ceux qu’il faut interpeller, ce sont les élites, pas la haine ! Comment se fait il que dans ce pays, plus aucune autorité ne bénéficie d’aucune confiance, ni même de légitimité aux yeux de tous ?

Vous préconisez les coopératives, le vote collectif partout… Ca a un petit côté « le pouvoir aux soviets » ?

Je suis républicain, je crois à la démocratie représentative, et à l’élection. Y compris à la télévision, dans les entreprises ou dans les médias. C’est pourquoi la révolution que j’appelle de mes vœux est « citoyenne ». J’assume le mot de révolution, parce que je propose un nouveau rapport de forces, avec une nouvelle Constitution, un changement du régime de propriété. En effet, j’expulserai le capitalisme et la marchandisation de l’école, de la santé, et je propose une planification écologique. Mais cette révolution doit être faite par tous et pour le bien de tous.

Les révolutions, on sait comment ça commence mais pas comment ça finit…

Je vous renvoie la formule à propos du libéralisme. Qui a révolutionné le régime de la propriété dans notre pays en faisant basculer un immense secteur public vers le privé, qui dans les entreprises a mis au pouvoir les financiers et les commerciaux à la place des producteurs, et qui a fait basculer notre système politique dans l’hyper présidentialisme. Ca finit comment ?

Comment expliquez-vous que les gens paraissent aussi résignés face à cette situation ?

Il n’y a que les gauchistes et les bourgeois pour croire que le peuple est une masse en ébullition permanente. Les uns pour l’encourager, les autres pour le craindre. En fait, la vie quotidienne est si dure qu’elle laisse peu d’espace pour penser au futur. Mais quand on voit la mobilisation massive et durable contre la réforme des retraites, on s’aperçoit que le peuple français est très politisé et représente une exception en Europe.

Vous dîtes aussi : « rendez l’argent ». On fait comment ?

En 25 ans, dix points de la richesse totale produite par les Français sont passés de la poche des producteurs à celle des rentiers. Et cela alors que les gains de productivité ont fait un bond de 30% ! Ce détroussage représente 195 milliards par an. De quoi augmenter les salaires de 20% pour les 24 millions de salariés ! Je propose simplement, par le jeu des impôts ou des cotisations, de ramener les parts du gâteau à ce qu’elles étaient il y a 25 ans. Ce n’est tout de même pas plonger la France dans le communisme de guerre !

Que vous inspire le jugement concernant Jérôme Kerviel ?

Ca me donne des idées. Si j’étais au pouvoir, je ferais voter des lois pour châtier rudement les parasites, du type Kerviel, et dissuader les jeunes gens de se sentir à ce point irresponsables. Cet homme est persuadé d’avoir fait son métier, sans jamais s’interroger sur le sens de celui-ci. Dans toutes les professions, il y a des limites. Il faut en mettre aussi chez les traders. La réforme des retraites va être votée… Elle est injuste et cruelle. Je dis au président de la République qui se rêve en sorte de Thatcher du 21è siècle pour faire mettre aux salariés un genou à terre qu’il a déjà échoué. Il a perdu la bataille de l’opinion, et mis en route un processus dans lequel les tensions ne font que s’exacerber.

Souhaitez-vous une grève reconductible ?

Les gens qui se lancent dans une grève y réfléchissent à deux fois, parce qu’ils y jouent leur paie. S’ils décident de le faire, c’est donc qu’ils auront de bonnes raisons. Je ne m’en mêle pas. Ce que décideront les travailleurs me convient.

Vous voulez être le candidat du Front de gauche (dont fait partie le PC) à la présidentielle, mais le parti communiste ne semble pas vouloir de vous

J’ai dit que je me sentais capable d’être candidat. Mais ce n’est pas une aventure personnelle Ne vous fiez pas aux impressions ! Il y aura un candidat commun du front de gauche ; j’espère que nous trouverons le moyen de ne pas nous ridiculiser dans des primaires.

Avez-vous une préférence parmi les candidats socialistes ?

J’ai quitté le PS et je ne me permettrais donc pas de me mêler du choix de son candidat. Je dis simplement que si on nous propose la politique économique du FMI avec Strauss-Kahn ou la réforme des retraites façon Sarkozy avec Martine Aubry, il y a peu de chances pour que toute la gauche se rassemble au second tour. Je mets les socialistes en garde: tout le monde ne passera pas sous leurs fourches caudines.

Mais s’il y a un second tour Sarkozy Strauss-Kahn, vous finirez par voter Strauss-Kahn ?

Et si au second tour, c’est Mélenchon face à Sarkozy, est ce que Strauss-Kahn va voter pour moi ? Posez-lui la question ! Je rappelle que quand la social-démocratie – on l’a vu en Amérique du sud – a le choix entre l’autre gauche et la droite, elle choisit la droite."

J'en viens à cette affaire à deux balles: Pujadas "insulté". Tout s’est passé comme prévu dans ma précédente note. Après avoir eux mêmes allumé l’incendie, les gens de meute s’y sont brulé les doigts. Des milliers de personnes sont allés voir sur Dailymotion la soi-disant agression contre Pujadas et tous en sont revenus avec la même appréciation sartrienne de la façon dont cet homme avait conduit son interview de Xavier Mathieu le délégué CGT de Continental. Ici et là ont aussitôt fleuri des commentaires inspirés sur mon « populisme », modulé par des ignorants qui ignorent jusqu’au sens du mot mais dont la haine du populaire suinte entre les lignes. Quand tout ça a commencé à retomber il ne restait plus que la musique de fond selon laquelle j’aurai agressé et blabla. Bref je serai responsable d'une situation entièrement crée par ceux qui la dénoncent! 

Evidemment, il s’en est aussi trouvé un pour dire la bêtise habituelle du journaliste qui suit l’actualité en lisant les titres des journaux. C’est le cas de Pernaud de TF1, l’aigle des Carpates, qui affirme que je ne sais plus quoi faire pour faire parler de moi comme si ce n’était pas lui et les autres brahmanes qui avaient lancé et commenté cette « affaire » jusqu'à la nausée. Sans oublier l’exploit de Ruth Elkrief qui en toute modération et respect pour moi, déclare sur I-télé, contre Philippe Cohen, que mon attitude « c’est du populisme, c’est pareil que Le Pen ». Et comme Cohen interloqué lui dit « vraiment? Vous pensez vraiment que c’est pareil ? » Elle répond : « oui c’est la même chose! Et je ne fais pas la différence entre les deux ! ». Dans ces conditions j’ai annulé ma participation à son émission car j’estime que les conditions d’un entretien serein avec elle ne sont plus réunies.

En tous cas, il aura suffi de quelques heures pour que les réactions des principaux protagonistes éclairent le contexte de l’agression de France Télévisions contre moi sous une lumière qui correspond exactement à ce que j’en avais dit dans ma précédente note. Toute cette histoire est un montage pour provoquer un réflexe corporatiste de solidarité autour d’un journaliste vedette dont la réputation a été sévèrement abimée par sa propre profession en raison d’un entretien avec le chef de l’état qualifié par ses propres confrères de spécialement « complaisant » et même de « servile ». Comme cette affaire a tourné court. Première réaction à relever, celle de Xavier Mathieu, le syndicaliste harcelé par les questions déshonorantes de Pujadas dans la scène à laquelle je réagis. Il confirme qu’il a ressenti la scène comme moi, c'est-à-dire comme une tentative pour l’obliger à se désolidariser de ses camarades et de le traiter comme un voyou. Sous le titre "Mélenchon a parfaitement résumé ma pensée", le site du JDD publie en effet une interview de Xavier Mathieu qui est très explicitement à ma décharge. Lisez si vous ne l'avez déjà fait sur site:

« Xavier Mathieu est l'homme qui se trouve au centre de la polémique entre Jean-Luc Mélenchon et David Pujadas. Interrogé lundi par leJDD.fr, le syndicaliste CGT de l'usine Continental de Clairoix (Oise) exprime sa reconnaissance envers le président du Parti de gauche. "Quand David Pujadas m'interroge, je ne suis pas sûr qu'il ait conscience du fossé qu'il y a entre lui et nous", explique-t-il, refusant, toutefois, de placer tous les journalistes dans le même sac. » Au passage cette introduction laisse entendre que j’aurai, quant à moi, mis « tous les journalistes dans le même sac ». Vieille ficelle du corporatisme ordinaire. Puis vient le titre:

« Xavier Mathieu prend fait et cause pour Jean-Luc Mélenchon dans ses attaques contre David Pujadas. (Reuters). »

« Dans sa croisade contre les journalistes, Jean-Luc Mélenchon a fait une nouvelle victime: David Pujadas. En cause, une interview par le journaliste de France 2 du syndicaliste Xavier Mathieu, responsable CGT de l'usine Continental de Clairoix. Des questions jugées à charge par le président du Parti de gauche. Dans une confession faite à Pierre Carles, pour le documentaire Fin de concession – qui a déjà fait parler de lui – Jean-Luc Mélenchon traite le présentateur du 20 Heures de "salaud", de "laquais" à la solde des puissants. Entre les deux hommes, le torchon ne cesse de brûler. Xavier Mathieu, lui, prend fait et cause pour l'ancien socialiste. Interview. » Comme chacun le sait, je n’ai jamais « attaqué Pujadas » dont je me contre-fiche et avec qui aucun torchon ne brule. Je ne mène aucune « croisade » contre la profession de journaliste dans laquelle je n’ai fait aucune victime, et je ne me suis nullement « confessé » à Pierre Carles qui lui, de son côté ne prétendait pas me faire avouer quoi que ce soit. Ces quelques manipulations préalables du vocabulaire ne doivent pas empêcher de lire la suite. Je publie donc ce papier qui est pour moi comme une légion d’honneur dans mon combat de gauche compte tenu des paroles que prononce Xavier Mathieu à mon sujet.

Comment réagissez-vous à la polémique entre Jean-Luc Mélenchon et David Pujadas au centre de laquelle vous vous trouvez?

Xavier Mathieu : "J'ai été très touché par la réaction de (Jean-Luc) Mélenchon dans le sens où, sans avoir eu de contact avec lui, il a parfaitement résumé la pensée qui était le mienne au moment de cette interview. J'ai eu l'impression, de la part de David Pujadas, qu'il me prenait pour un voyou. Que je devais avouer à la France entière que j'avais fait quelque chose de mal et que je devais m'excuser. Sur le coup, j'ai tenté de me montrer catégorique, de répondre avec mes mots, mais c'est vrai que Mélenchon a, lui, su exactement exprimer ce que je pensais à ce moment-là. Je lui ai d'ailleurs envoyé un texto pour lui dire que j'ai énormément apprécié qu'il ait ressenti la même chose que moi. Mais le plus important, c'est qu'à l'époque de cette interview, beaucoup de gens autour de moi ont partagé cet état d'esprit. J'en ai entendu plusieurs qui m'ont dit: "Quel salaud ce Pujadas!" D'ailleurs, pendant plusieurs mois, je ne suis plus passé au JT de France 2…"

Vous en voulez à David Pujadas?

XM : "Disons que ce jour-là, j'aurais aimé qu'il interroge aussi les dirigeants de Continental en leur posant les mêmes questions, du style: "Est-ce que vous n'êtes pas allés trop loin en trahissant vos salariés? Est-ce que vous ne regrettez pas de leur avoir menti après leur avoir promis la pérennité du site en contrepartie du retour aux 40 heures?" J'aurais aimé entendre ces questions-là. Quand David Pujadas m'interroge, je ne suis pas sûr qu'il ait conscience du fossé qu'il y a entre lui et nous. Je ne sais même pas s'il a déjà mis un pied dans une usine.

Pujadas? "Quelqu'un qui a avant tout une image à vendre, la sienne"

Journalistes, tous des "laquais"?

XM : Non, pas du tout. Tout au long de ce conflit social, j'ai eu d'excellents rapports avec les journalistes de terrain qui venaient souvent nous voir. Le seul problème qu'on a eu, c'est avec TF1, qui avait refusé de flouter les visages des ouvriers qui ont saccagé la sous-préfecture. Malheureusement, des "laquais", des gens qui sont prêts à vendre la peau des autres pour leur propre intérêt, il y en a partout, y compris chez les journalistes. David Pujadas, ce n'est pas un journaliste, c'est une star du journalisme. C'est quelqu'un qui a avant tout une image à vendre, la sienne. Il est dans cette catégorie de journalistes "ultrastarisés" qui n'ont pour seul challenge que de poser "la bonne question". Les réponses aux questions, ils n'en ont rien à faire!

A votre niveau, la longue médiatisation du conflit social chez Continental a-t-elle modifié votre comportement?

XM : Non, à titre personnel, pas du tout. Mais malheureusement, on est dans une société où tout doit être uniforme et quand quelqu'un intervient d'une manière différente, parfois grossière je le reconnais, on fait tout pour lui "casser la gueule". Mais il faut savoir ce qu'on veut! Si on veut autre chose qu'une télévision au discours aseptisé, avec des gens qui disent tous la même chose, il faut respecter la nature des gens. C'est d'ailleurs le cas de Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi est-ce qu'il plait? Parce qu'il tient le discours de l'homme de la rue.

On lui reproche toutefois de taper systématiquement sur les journalistes tout en s'assurant sa propre médiatisation…

XM : Mais c'est pour tout le monde pareil! Dans notre conflit, il y avait un contrat moral avec les journalistes: je me servais d'eux, ils se servaient de moi en quelque sorte. Tout le monde y trouvait son intérêt, même si je ne leur ai jamais dit, évidemment, ce qu'il fallait dire ou écrire. Et, à part quelques exceptions, ça s'est toujours super bien passé. »

Merci Xavier Mathieu ! Vos paroles m’honorent comme vous ne sauriez le croire. Je suis extrêmement fier d’être défendu par vous ! Et davantage encore que vous ayez confirmé ce que je ressentais à votre sujet à cet instant où Pujadas essayait de vous faire passer pour des voyous, vous et vos camarades. Au moment où j'écrivais ces mots de reconnaissance j'ignorais que le ministre du travail, l'ami des Bettencourt avait autorisé le licenciement de Xavier Mathieu, seul délégué syndical de Continental dans ce cas. Et cela au motif mensonger qu'il aurait refusé un reclassement en Moselle. Quel acharnement! Quel vil acharnement! On comptera combien de reportages seront consacrés au sujet! Combien de chronique seront dites ou écrites à propos de l'ouvrier persécuté! Mais qu'est ce que l'honneur et l'avenir d'un ouvrier pour les belles personnes jacassantes? Peu. Même dans la presse le haut du panier et le bas c'est la nuit et le jour. C'est ce que nous a appris le communiqué du SNJ-CGT.

Comme on le sait la direction de France télévision a publié un communiqué contre moi. Si l’on en croit ce qu’il dit ce serait ma réaction à l’outrageante interview de Xavier Mathieu par David Pujadas qui insulterait « tous les journalistes du service public ». Ce n’est pas du tout ce que pensent les salariés de cette entreprise, et notamment les journalistes. En effet le syndicat SNJ-CGT de France Télévisions a publié dimanche 10 octobre un communiqué très instructif et intéressant. Sous le titre sous le titre : « Journalistes outragés : les réactions à géométries variables de la Direction », il commence par rappeler le contexte de ma réaction puis il conclut : « Les mots de Jean-Luc Mélenchon sont durs et la réaction de la Direction normale, d’autant qu’elle est tenue par la Convention collective d’apporter son soutien aux journalistes outragés dans l’exercice de leurs missions. » Je ferai cependant remarquer que ma réaction n’outrage pas Pujadas dans l’exercice de sa mission mais six mois après, au vu d’un visionnage dans le cadre d’un documentaire à propos de la critique des médias. S’il est impossible de réagir, dans de telle condition, cela signifierait que la dite convention collective abrogerait tout simplement le droit de critique au bénéfice d’une corporation, privilège que même les juges ne demandent pas pour eux.

«Deux poids, deux mesures » dit le titre du communiqué  Mais force est de constater que la Direction ne soutient pas toujours ses journalistes ! Sans remonter aux calendes : nous attendons toujours que la Direction apporte son soutien public aux journalistes de France 3 Centre gravement diffamés le 2 octobre par un préfet (demande du 6 octobre dans un courrier au PDG resté sans réponse) ; plus inquiétant, nous venons d’apprendre, par le Directeur de l’information que la Direction de FTV, contrairement au SNJ-CGT, n’a pas l’intention de déposer plainte contre le policier du service d’ordre de Sarkozy qui avait giflé un journaliste à Saint Denis voilà trois mois ! » Ainsi donc non seulement la direction de France Télévisions n’a rien dit quand d’autres journalistes ont traité Pujadas d’incompétent, mais elle même abandonné ses propres employés quand ils ont été physiquement maltraités ! On comprend que j’étais bien en droit de dire que le communiqué de la direction de France Télévisions n’est motivé que par un calcul : taper sur un responsable politique pour obtenir un réflexe de caste autour de son journaliste vedette. Le reste c’est le syndicat des journalistes qui le dit le mieux : « Outrés par ces différences de traitement nous sommes en droit d’interroger la Direction : y-a-t-il deux catégories de journalistes à France Télévisions, ceux que l’on défend et ceux qu’on laisse trainer dans la boue voire physiquement agresser sans réagir ? Le soutien public, voire les procédures en justice, dépendent-t-ils de la qualité des personnes qui s’en prennent aux journalistes ? A l’aune des réponses les journalistes de France Télévisions apprécieront… » Et moi je n’ajoute rien à cela, car je connais la réponse.

 L'accueil que m’ont réservé, dans la manifestation du 12, les cortèges de journalistes de la télévision publique, me suffit à savoir que la direction de France télévision et sa star sont assez profondément coupés de la base à mon sujet. De plus, j’ai apprécié que le syndicat des journalistes n’en soit pas resté là, mais au contraire propose une réflexion critique plus large, si rare dans ce milieu où la parole officielle est si souvent celle des auto-satisfaits. J’en recopie le contenu : « Quelle perception les téléspectateurs ont-ils de nos JT ? Au-delà de cette polémique, la réaction de Jean-Luc Mélenchon n’est-elle pas après tout que l’expression, pour une fois médiatisée, des nombreuses critiques que nous entendons et que nous lisons de plus en plus souvent sur les blogs à propos de nos JT ? Comment en effet ne pas se poser la question : l’intervieweur aurait-il employé les mêmes mots s’il avait-eu en direct le patron voyou des Conti ? A voir l’interview de Sarkozy par le même, le 12 juillet dernier, la question mérite d’être posée… Il est aujourd’hui urgent de s’interroger sur la perception qu’ont les téléspectateurs de nos JT, comme nous l’avions demandé au Directeur des rédactions lorsqu’il nous avait reçus après sa nomination. »


217 commentaires à “On continue ! On ne lâche rien !”
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  1. perez dit :

    Je vous encourage à lire "qu'ils s'en aillent tous!"
    L'affaire Pujadas? Ce sont surtout ses collègues qui en profitent pour régler des comptes. Ré-écoutez l'émission sur RTL. Les insultes ont été reprises par l'interviewer avec un plaisir de dire des mots comme si il les avaient étouffés trop longtemps. Parce que sur le fond tout le monde sait pour qui roule Pujadas.

  2. ANCELIN jean-guy dit :

    Bonjour Monsieur Mélenchon,
    Je viens vous assurer de mon hostilité concernant les commentaires qui sont émis à votre encontre, sur les "étranges lucarnes", comme les nommait un grand journal satirique.
    Cordialement à vous.

  3. Françoise dit :

    Je viens de visionner l'émission "salut les terriens" que je n'ai pu voir hier cause de participation à la manif....Eh bien Jean Luc, j'ai découvert un "copain" de plus à ton actif ! tu le connais certainement, ce bon Alain Minc...vert et rouge de hargne rien qu'à l'énoncé de ton nom !
    Plus ces gens là s'acharnent contre toi, plus je sais que j'ai raison de te faire confiance,
    Quelle chance qu'enfin quelqu'un leur dise avec nos mots ce que l'on est de plus en plus à penser.
    Mais ça ne doit pas être facile à supporter humainement ce déferlement hypocrite, alors merci,merci,merci !

  4. Vivre est un village dit :

    Bravo, continue Jean-Luc !

  5. gudule dit :

    Bravo Jean-Luc Mélenchon
    Je ne regarde plus les jt des milieux autorisés, c'est insupportable d'être pris pour des imbéciles et de voir le mot populisme devenir une insulte.

  6. valerie dit :

    Basse cour qui se régale, qui se vautre dans ses provocs et crie "allo maman bobo" dés qu'on lui dit son fait.
    Au club des journalistes VIP ils se frottent la panse, mais ces JT sont aussi les notres, à nous de dénoncer ces images molles mais surtout ne pas à renoncer à une information digne et populaire sur le service public!

  7. AG91 dit :

    Meeting hier soir à République, un monde fou non pas fou, un monde convaincu, des arguments, des énergies, une page de l'histoire que nous pouvons tourner si le nombre...
    Par contre du peuple on parle beaucoup mais où est il le peuple, les employés, les ouvriers, les apprentis, hier soir les intellectuels, les syndiqués, les enseignants,
    Je salue ici un CPE d'un collège, formidable d'énergie pour l'Ecole de la République, la publique, celle qui souffre beaucoup tant on les méprise et nos enfants aussi.
    Donc le peuple, ne pas l'oublier ni parler pour lui...et lui donner la parole toujours, l'entendre aussi, car lui seul avance sa cause et doit la maitriser.
    A tout à l'heure à la manif, on essaiera avant de faire partir les collègues en grève, pas facile...
    on ne lache rien, on avance, tous ensemble, retrait de la loi, pas de demi mesures.

  8. Malnoury dit :

    Je tiens à t'affirmer mon soutient quand tu refuse d'aller sur BFM ça sert à rien ces gens là nous méprisent, méprisons les! Bravo pour ta citation de la laisse d'or du plan B pour pujadas Nicolas militant PCF et ancien diffuseur du feu Plan B

  9. agneray dit :

    Mais pour qui se prennent-ils ces larbins et "larbines" de la tv (poubelle médiatique). croient-ils nous influencer ces perroquets du roi. qu'ils s'en aillent, je dirais même plus qu'ils " se cassent ces pauvres cons"
    M. Mélenchon, fonçez.....

  10. barraux dit :

    La constitution dit bien, le président de la République est dépositaire du peuple.
    Donc c'est le peuple qui décide et qui doit s'imposer afin de rappeler qui est détenteur de la souveraineté.

  11. Bob Dalban dit :

    En réponse à nos dirigeants qui ne disent que des contre vérités aussi bien sur le nombre de manifestants en faisant croire qu'on les met sur la balance alors que la porte est fermée, aussi bien sur le bien fondé qu'ils disent de cette réforme qui pue la fin de la répartition, aussi bien sur la fin du mouvement contre la réforme alors que ce mouvement s'amplifie chaque jour avec de nouvelles ressources, aussi bien sur les amalgames dont le nain est gourmand : les roms et l'insécurité, l'islam et l'insécurité, les casseurs et les manifestants etc... à tout cela une réponse unique : Sarko out aux présidentielles de 2012 et faisons de la sorte que tout le monde en soit conscient.

  12. bernard dit :

    Bonjour camarade,

    T'aurais dû y aller à cette interview, juste histoire de la remettre à sa place et de lui faire comprendre que si elle n'arrive pas à faire la différence entre toi et Le Pen, il faut d'urgence qu'elle se pose la question de ses capacités intellectuelles, de son esprit critique et de son sens du raisonnement.

    Très cordialement.
    Laurent B.

  13. herbert dit :

    Je confirme: plus on s'attaque à vous plus je vous fait confiance.

  14. Monastere dit :

    Bonjour Monsieur Mélenchon, je suis dérouté par vos discours mais néanmoins je trouve que votre analyse sur l'homme est bonne. Peut-être qu'au côté des politiques et des journalistes vous avez compris, comme je l'ai compris, qu'après tout ce n'était que des gens bien ordinaires.Je suis un homme ordinaire, comparable à tous mes collègues ouvriers et j'aimerais que nous ne soyons pas reconnus que dans des discours mais pour ce que nous sommes.Notre vie est bien courte et c'est pour cela que nous avons bien du mal à consacrer du temps à la politique.Quand on arrive dans l’isoloir nous avons parfois des hésitations et notre vote ne correspond pas toujours à notre pensée, reflex d'enfant ou d'écolier.Faites en sorte que la politique soit comprise du peuple, nous sommes le peuple, continuez en proposant des solutions qui nous paraissent possibles et faites nous participer dans vos débats à la télévisons, il y a des ouvriers qui peuvent parler sans être ridicules.Revendiquez auprès des gens convenables que vous êtes "populiste", vous êtes populaire ! Enfin je crois que votre attitude me plais bien et je me reconnais dans votre façon de ne pas vous laisser déstabiliser par ceux qui pensent qu'il y a qu'une politique possible, celle du possédant, du commerçant ou du financier.Il faut remettre de l'émotion dans la politique et la colère, la passion, le sérieux que vous dégagez me donne envie de vous suivre.
    Je vous salut ainsi que tous les gens qui me lirons, Didier.

  15. Monsieur Mélenchon,
    J'ai commencé à prendre au sérieux vos propos et analyses quand vous avez quitté le ps...
    Je vous considère comme le seul homme politique crédible et donc digne de la fonction Politique.
    Les mouvements et actions qui se succèdent en France depuis quelques semaines et qui se radicalisent n'ont pas pour seule cause la réforme des retraites, je crois. Il y a le spectre du renflouement des banques pour lequel les pouvoirs politico-financiers ont su trouver l'argent !
    Les français ne peuvent, dans leur majorité (suffit d'écouter les conversations dans les lieux publics) dissocier ces deux faits : pas d'argent pour les retraites mais de l'argent pour renflouer les banques !
    c'est simple, voire simpliste, mais c'est bien réel !
    Le banquier n'hésite pas à vous interdire de faire des chèques, à ponctionner des frais de découvert sur un compte déjà à découvert ce qui agrave encore votre situation, tandis que les milliards que les banques ont "perdu" n'ont pas fait l'objet d'autre chose que d'un renflouement qui parait si simple vu de la fenêtre du citoyen lambda qui crève de plus pouvoir trouver comment stopper son découvert banquaire !
    Par dessus le marché vous ajoutez la "fumeuse" affaire Woerth !
    Et pour vous finir on vous dit que vous allez bosser un peu plus longtemps encore !
    Sans tenir compte de la pénibilité des boulots, quels qu'ils soient !
    J'oublie un truc !
    La bach'lot songe un moment à augmenter le prix du tabac !
    Sans se poser une minute la question de savoir pourquoi malgré la généralisation de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le tagabisme actif est en hausse !
    Refusant le constat que plus on est précaire et plus on fume, et accéssoirement plus on picole aussi !
    Augmenter le prix du tabac, j'appelle ça, dans le contexte que je viens d'évoquer : de l'homicide volontaire.
    La misère est le terreau de la violence, de toutes les violences, et tant qu'aucun homme politique digne de ce nom ne s'attaquera aux racines profondes de la misère organisée, entretenue par les libéraux de tout poil,
    je ne retournerai pas voter !
    Au moment où j'écris, les crs sont entrain de virer les grévistes de la raffinerie de Grandpuits......

    Je suis triste et écoeurée, en colère aussi !
    La France part en vacances, n'est-ce pas ? Il faut remplir les réservoirs des "phallus en jentes alu" !

    Je ne suis pas encore descendue dans la rue, car je ne suis pas d'accord avec les choix de blocages actuels.
    Je ne suis pas non plus dupe de la mise en scène des "casseurs", je viens de banlieue, celle qu'on appelle le 9-3 et je sais parfaitement comment sont "recrutés" ces "casseurs" et par qui.......

    Je redescendrai dans la rue quand les mouvements décideront d'actions qui rallient l'opinion publique, comme par exemple bloquer les approvisionnements d'alcool, de tickets de la "française des boeufs", bloquer les courriers administratifs, bloquer les portillons des...

  16. J'adhère à chaque page du livre "Qu'ils s'en aillent tous".

  17. France Martin dit :

    Bonjour Monsieur Mélenchon

    Je suis une infirmière de 52 ans, éreintée et qui oscille entre rage et désespoir depuis quelques années.Et j'ai compris que c'était"politique".
    J'ai décidé de voter pour vous il y a déjà plusieurs mois.
    Les mots que vous avez murmurés en entendant M. Pujadas mépriser M. Mathieu je les ai hurlés!

    Je veux la révolution.Je veux qu'on supprime les riches, et que ce soit la politique qui commande l'économie.
    Je veux l'égalité pour tous les citoyens et la fin des privilèges.

    Je veux que des petites filles violées ne soient pas abandonnées parce que les parents de leurs violeurs passent les réveillons dans les palais de la Palmeraie de Marrakech entre belles gens, caste dominante marocaine ou française solidaires dans le cynisme et l'oppression.
    Je suis prête à beaucoup de sacrifices pour cela et ayant commencé à me battre contre un déni de justice et un scandale de complicité de crime de la part des "institutions" françaises dans l'affaire dite des viols au lycée français de Marrakech je sais que chaque "non" se paye très cher.

    Je vous remercie de vous battre pour un idéal de justice. Vous êtes rare et précieux.


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