16fév 11

Pseudo anti sémite et vrai archaïque, Le Pen, le Parlement européen

Deux façons de combattre la droite extrême

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mimizan

Dans cette note j'évoque une nouvelle discussion sur les révolutions du Maghreb menée avec madame Leila Shahid en séance de mon groupe, la Gauche Unie Européenne au parlement européen. Je dis un ou deux mots de mon débat avec madame Le Pen et des manières de combattre la droite extrême car je veux me mettre à distance de la méthode nulle de la baston socialiste avec Jacob à propos de Strauss Kahn. Je vous tiens au courant des avatars de ma journée à Strasbourg à propos d'un nouveau rapport sur la directive Bolkestein qui continue son œuvre malfaisante. Vivement la semaine prochaine ! Mardi prochain je serai en vacances !

Merci à Jean-Lou Bouffault pour les très belles photos qui illustrent de ce billet.

Madame Leila Shahid, représentante de l’autorité palestinienne auprès de l’Union européenne était présente à la réunion du groupe de la GUE pour nous parler des révolutions au Maghreb et au Moyen Orient. Son approche est très intéressante. Elle met en avant des arguments anthropologiques plutôt que géopolitiques. Elle retient donc les caractéristiques communes des sociétés en révolution du point de vue des individus qui les composent. Dès lors ces révolutions perdent tout caractère exotique. Selon elle, ces révolutions partent d’une société civile commune, en dépit des frontières. Avec une langue commune, l’arabe. Des télévisions communes, un cinéma commun, des chanteurs communs, des jeunesses éduquées mais précarisées, des couches moyennes déclassées. Politiquement la situation est commune : d’un côté une oligarchie, de l’autre un peuple dépossédé de droits civiques réels. Economiquement la situation est également commune : le libéralisme éradique toutes les structures de cohésion sociales, quelles qu’en soient les formes. Regardez bien cette liste. Est-ce biaritzque ce ne sont pas les mêmes caractéristiques de départ que celles des révolutions d’Amérique du Sud ? Et puis cette liste est aussi celle de nos propres caractéristiques nationales, en France. Avec en plus deux connexions spéciales entre ces révolutions et nous Français. Cette connexion c’est que nous avons l’usage d’une langue en commun, la langue française. Jamais autant de gens ne l’ont parlée de l’autre coté de la Méditerranée. Et encore une autre caractéristique : des millions de bi-nationaux. Jusqu'à 20% de la population tunisienne est bi-nationale franco-tunisienne a dit Benjamin Stora à Grenoble. Et cela parmi une population immigrée venue d’Afrique du Nord nombreuse, active et impliquée dans la vie de notre pays.

Mais des partis politiques capables de porter les aspirations de cette société civile émergeront-ils à temps pour que la révolution ne soit pas confisquée, lui ai-je demandé ? Elle a répondu en commençant par montrer que la revendication centrale était la constitution d’un Etat de droit. Elle voit deux points d’ancrage à cette aspiration. D’une part une Constituante qui abroge les dispositifs confiscatoires de la démocratie. D’autre part un mécanisme de responsabilisation des pouvoirs en place et de contrôle permanent sur eux. Tout cela c’est ni plus ni moins que le contenu et la méthode de la révolution citoyenne. Dès lors, elle pense que la « forme parti » n’est pas celle qui s’impose à ce moment de la révolution. Car elle diminuerait l’ampleur de l’implication populaire dans la révolution. Je crois que cela vaut la peine d’être réfléchi. Certes, dans les processus révolutionnaires, qui de surcroit détruisent des partis-Etat, la forme parti n’est pas l’outil de la révolution. Notons que cela n’a jamais été le cas nulle part et dans aucun cas de révolution, incluse celle de 1917. Celle-ci engendre ses propres organes. Aujourd’hui ce sont des comités de quartier ou de village, principalement. Mais les syndicats jouent un grand rôle. On l’a bien vu en Tunisie où l’UGTT a fourni tout l’encadrement de l’action dans les campagnes par l’intermédiaire des travailleurs syndiqués qui y vivent. Pour autant la structuration en partis se produit mécaniquement sitôt que la conduite des objectifs révolutionnaires donne lieu à des oppositions de points de vue et même d’intérêts entre les catégories de population impliquées. Mais, bien sûr, la forme que prend cette structuration peut être de mille et une sortes différentes. Sans aller plus avant sur le sujet, ne serait ce que parce que je manque de tant d’éléments et de savoirs pour en parler, j’en reviens à mon intuition de départ. Les révolutions de la Méditerranée ne se contentent pas de nous concerner. Elles nous impliquent et elles doivent nous instruire.

Je ne vais pas beaucoup parler du débat avec madame Le Pen. Il a déjà tellement été commenté. Je pense qu’il était probant. Je ne parle pas de la question de savoir qui a eu le dernier mot. Je ne crois pas que cela soit le véritable enjeu, même si j’ai de bonnes raisons d’être assez satisfait de ce que j’ai fait si j’en crois les commentaires et les messages reçus aussi bien du monde médiatique que des citoyens téléspectateurs. Ce qui me plait, c’est que l’on ait pu écrire commela rochelle à la Une de France Soir : « Le Pen – Mélenchon : enfin un débat ! » Madame Le Pen était sans surprise. Elle n’a rien dit de plus ni de moins que d’habitude. Au passage on s’est aperçu qu’en moins d’une semaine elle a recentré son discours sur les fondamentaux du FN contrairement au bla bla selon lequel elle aurait abandonné tout cela. La surprise est en proportion des efforts fournis par tant de gens pour dire qu’elle et moi c’était du pareil au même. Ce qui était une surprise, c’est que quelqu’un lui tienne tête, sans reculer ni tergiverser, sur les principes de gauche. Il y a longtemps, longtemps que personne ne l’avait fait clairement sans demi-teinte ni euphémisation, sans dramatisation ridicule ni diabolisation moralisante. J’ai donné mes arguments clairs et nets. Et elle l’a fait aussi directement que d’habitude. Sur les sujets de fond : immigration, laïcité, peine de mort, monnaie européenne, j’ai assumé de bout en bout ma totale différence à gauche. Mes arguments sont ceux de la gauche historique et non les embrouillis sociaux démocrates frileux ou les capitulations à la Manuel Valls. J’ai incarné la gauche décomplexée. C’est à dire toute la gauche. Ce qui a tant plu aux gens de gauche c’est de se sentir représentés dans cette circonstance ! Rien de plus, je le sais bien, mais c’est déjà tant ! Même quand ils ne m’apprécient pas. Et dès fois, ça m’a fait apprécier par des gens qui ne me connaissaient pas ou qui croyaient me connaitre. Pour nous, pour notre équipe et notre parti c’est une charge politique de plus. Nous nous sommes portés en première ligne sur de nombreux thèmes en adoptant une ligne de combat frontal. A présent et à partir de cette émission nous devons aussi porter la représentation frontale de la laïcité et celle de l’immigration assumée.

Partant de là on devine ce que je pense de la récidive de madame Elkrief me comparant pourtant le jour même aux collabos Doriot ou Déat, « sauf pour l’immigration » précise-t-elle. Ou du journal « Libération » qui relègue le débat en page 15 et me renvoie dos à dos avec Le Pen sous les dehors mielleux d’un compte rendu « objectif ». Sous titre fielleusement froid : « La présidente du FN et le leader du Front de Gauche se sont affrontés hier. Chacun se revendiquant le plus proche du peuple ». Qui sait lire, et que ça intéresse de lire une telle réduction à l’eau tiède d’un débat qui fut aussi brûlant, voit dans ce compte rendu les petites giclées de fiel qu’il contient. Mais ce n’est pas ce qui compte dans la circonstance. Ce qui compte c’est qu’un journal de gauche consacre trois pages, deux interviews et un édito à une indignation politicienne de commande sur une déclaration de Christian Jacob et presque rien à une lutte réelle, argument contre argument, qui a fait réellement événement. Je dis qu’elle a fait événement parce qu’en témoignent audimat et le douhetretransmissions sur tant de sites internet de journaux ou de réseaux. J’en profite pour dire que la façon de surévaluer deux phrases de Christian Jacob sur un tel thème, dans ce registre, de cette façon, aggrave le mal qu’elle prétend dénoncer. Qui a intérêt à incriminer d’antisémitisme dans une déclaration de cette sorte ? Pour menacer tous ceux qui s’opposeraient à Strauss Kahn d’antisémitisme ? La ficelle est grosse ! Surtout que l’accusation est particulièrement vicieuse. Ils n’affirment aucunement qu’il s’agit d’antisémitisme mais que cela pourrait en être et cela que Christian Jacob « le veuille ou non » (Philippe Lançon), qui adopte « plus ou moins consciemment les thèses du théoricien de l’action française sur l’identité nationale » (Laurent Joffrin). Sachant que l’antisémitisme n’est pas une opinion mais un délit en France grâce à la loi Gayssot (PCF), on voit quel procédé inquisitorial et venimeux est ainsi mis en scène. Si le papier d’analyse d’Alain Auffray est extrêmement prudent et factuel on ne peut en dire autant des titres et questions « La chasse au DSK est ouverte », « A gauche certains ont vu des relents antisémites dans les propos de Jacob. Qu’en pensez vous ? ». Cette méthode d’insinuation et d’inquisition sur des « relents » et autres apparences est celle qui nous a enfoncés face à Le Pen dans le passé. La préférence donnée à l’invention d’un combat contre un pseudo antisémite est une faute politique totale. Mon débat avec Madame Le Pen procède d’une toute autre méthode : des faits, rien que des faits mis en débat sous la lumière de la raison. Si l’on doit critiquer Monsieur Jacob ce n’est pas pour des « relents » ni au nom de fumeuses stigmatisations gratuites mais pour le fond de ce qu’il dit. Quelle est cette France « des terroirs » dont il parle ? Monsieur Jacob n’aime pas la France urbaine ? Il n’aime pas les gens qui y vivent et qui n’ont pas de « terroir » ? Cette France-là pourtant c’est celle du Vingt et unième siècle dans laquelle vivent quatre vingt cinq pour cent de notre population. Christian Jacob n’est pas un antisémite. C’est juste un gros agrarien archaïque !

Ces références obsessionnelles aux années trente, par des gens qui n’en ont visiblement tiré aucune leçon autre que moralisante, est totalement contre performante. Pierre Moscovici traite Jacob de pétainiste. La belle affaire ! Mais le caractère politicien de l’incrimination saute aux yeux comme le prouve cet amalgame pourri qui lui surgit au détour d’une phrase. Car il conclut fielleusement son entretien par « cette manœuvre, qui vise à salir et discréditer, rejoint certaines attaques populistes. C’est un front curieux qui se met en place ». Tel est le fond de commerce des Strauss-kahniens contre nous et donc contre moi, nommément désigné dans l’éditorial de Laurent Joffrin, pour faire un exemple. Huchon, Valls, Cambadélisnormandie pensent arranger les affaires de leur candidat en m’intimidant parce qu’ils croient que je crains leur pouvoir de stigmatisation. On voit mieux avec ce genre de méthode ce qu’est le clan des Strauss-Kahniens. Quiconque n’est pas d’accord politiquement avec eux est aussitôt traité de suppôt du fascisme. Nous sommes censés baisser les yeux ? Ni en rêve. A l’intolérance et au sectarisme ils ajoutent ainsi un clanisme qui repousse. Les interviews volontairement sibyllines de son épouse, les bavardages ineptes de l’armée des grands prêtres qui les décryptent, les aboiements des serre-files tout cela provoque une infantilisation de la gauche atterrante ! Non décidément, ce candidat ne peut pas rassembler la gauche ni au premier ni au deuxième tour. Ni lui, du fait de son bilan au FMI et non de sa personne, ni son clan, ne le peuvent du fait de leur méthode dans cette phase de la campagne. Je ne tends pas la joue gauche et je ne pratique pas le pardon des offenses. Et les gens de gauche informés non plus, qui n’aiment guère être traités de cette façon si j’en juge par ce que j’entends.

Je pense que cette meute de gardiens du fétiche Strauss-Kahnien s’énerve parce qu’elle est très inquiète. En fait, leur candidat n’en a rien à fiche d’eux et de leurs projets de carrière, occupé qu’il est par la sienne.  Et puis maintenant, il y a trois autres candidats socialistes que les enquêtes donnent possibles vainqueurs de Sarkozy. A quoi bon alors s’encombrer d’un homme en baisse et qui est autant rejeté par toute l’autre gauche, se disent plus d’un. Et puis, tout accusés que nous soyons d’être « complices de la droite et des pétainistes », la véritable complicité avec la droite est de son côté dès qu’il s’agit de politique réelle et de gestion concrète. C’est madame Lagarde qui a vendu la mèche sur le plateau des Quatre Vérités de France 2. Elle complimente le travail du directeur du FMI et leur totale convergence de vue. Ce même mardi où pérore Pierre Moscovici sur le « curieux Front qui se constitue », elle en avoue un autre autrement plus réel et lourd. Elle déclare : "Il a été nommé directeur général du FMI, tout le monde s'accorde et j'en fais partie, pour dire qu'il fait un très bon travail au FMI. Il soutient les thèses françaises pour ce G20 donc nous, nous avons besoin de lui là où il est." Et l’enthousiasme finit par griser la malheureuse qui ajoute : "c'est un partenaire de travail de grande qualité comme directeur général du FMI. Il soutient nos thèses, il soutient en particulier tous les travaux que nous engageons pour éviter les excès sur le système monétaire international". Erreur madame ! Le directeur du FMI estime que l’idée française de taxation des transactions financières présentée par Sarkozy est "simpliste" et "inapplicable". Dommage que sous le gouvernement Jospin les « irréalistes » du groupe socialiste et communiste aient voté, contre l'avis de DSK, le principe d’une telle taxation « inapplicable » !

Je ne sais comment vous décrire ce que je ressens quand j’entends parler la novlangue européenne. J’ai une boule de nausée qui me monte de l’estomac comme lorsqu’on a avalé par mégarde quelque chose de répugnant. Au moment où je l’évoque, ici devant mon clavier dans l’hémicycle, monsieur Barroso est en train de parler. Il enrobe de mielleuses paroles creuses la réforme du traité de Lisbonne pour rendre possible le mécanisme de coercition dit « de poitiers-tisonsstabilisation financière ». Tout ça va se faire sans consulter les parlements nationaux ni les peuples, d’aucune façon. Dans la langue des eurocrates ça donne "nous sommes tous d’accord pour monter dans le train des réformes en vue de lever les obstacles pour libérer les potentialités d’une pleine croissance durable. Mais alors se pose la question de savoir sur quel rail faire rouler ce train des réformes positives". Nous savons tous que le mécanisme de stabilité est celui qui convient et ainsi de suite. Comparaison pour petits enfants (le train et le rail), ruses sémantique à deux balles (« nous savons tous »), et bonne conscience en béton armé. C’est insupportable. Mes chers lecteurs sachez que le Traité de Lisbonne va être modifié sans votre avis. Alors qu’on vous avait dit que c’était impossible d’en toucher une ligne. Et maintenant voici l’orateur du groupe « socialiste et démocrate ». « Nous saluons la création d’un mécanisme de gestion permanente des crises financières. Mais comment va fonctionner ce mécanisme ? Est ce qu’il va fonctionner comme un mécanisme communautaire ou bien encore un renforcement intergouvernemental et du pacte franco allemand ?». Voila tout. Les peuples ? Ce grand « socialiste et démocrate » s’en moque. Son problème c’est de savoir comment vont se répartir les pouvoirs entre la commission, le parlement et le conseil. Un noir bureaucrate de plus ! Un nationaliste anglais lui demande si ça lui parait plus important que l’avis des chômeurs que le mécanisme va créer ! Beuark ! Le « socialiste et démocrate » dit qu’il faut respecter le traité et ses procédures. Roule bouboule ! Ce monde est devenu fou ! Le plus pénible ce n’est pas que la droite soit de droite mais juste que la gauche officielle soit aussi d’accord avec elle ! C’est ce sentiment d’être désarmé qui est mortel.

Comme il n’est pas question de Cuba (ennemi affreux) ni du Qatar (ami délicieux), pas d’espions ni personne pour rendre compte de la séance auprès de la concierge quatremérisante du parlement ! Misère ! reDommage. Car il était question des arrivants immigrés sur l’ile de Lampedusa. Quand c’était les refugiés de l’horrible camp de l’est communiste, « l’Europe qui protège » s’est dépêchée de donner à tous les rescapés l’asile amical et bienveillant avec primes, passage à la télé et prix Sakharov extrêmement émouvant. Puis les belles personnes ont promis tout de suite l’adhésion à l’Union sitôt que le mur fut tombé ! Maint feux d’artifices furent tirés en même temps qu’on faisait toute sortes de délocalisations d’entreprises dans la joie et les auto-congratulations. Mais là on a d’abord fait les délocalisations et les belles personnes ont fait de beaux voyages tous frais payés dans l’autre sens. Et quand les régimes autoritaires sont tombés, personne n’a promis l’adhésion à l’Europe. Les réfugiés d’avant et de maintenant ont été parqués comme des animaux et brutalisés de toutes les façons possibles ! Pas de télévision, pas de prix Sakharov ! Et aujourd’hui sur les bancs de madame Le Pen au parlement européen les membres de son groupe ont dénoncé les milliers d’islamistes et de terroristes qui viennent de débarquer à Lampedusa ! J’ai demandé publiquement à ce député comment il savait qu’il s’agissait de criminels, de terroristes et d’islamistes. Et lui m’a répondu que tout le monde le savait. Et ensuite le ronron a repris. Et où était monsieur Quatremer, le rentier de « Libération », pour raconter ça ? Ce n’est pas son truc ? Non. C’est juste qu’il n’était pas là, une fois de plus, et que ses informateurs Verts non plus pendant ce débat pourtant essentiel pour la dignité humaine. Mais celle-ci est-elle intéressante  ailleurs qu’à Cuba ? Pas pour Quatremer. Ce n’est pas tout. Quand l’essentiel est en débat les mondains sont ailleurs.

La directive Bolkestein est revenue ce matin. C’est sur la base d’un rapport social démocrate et c’est avec les voix de ce groupe et celle de la droite que le rapport a été adopté ! La GUE, mon groupe, et les Verts ont voté contre ! Cela mérite une explication. Ce n’est pas Jean Quatremer qui vous parlera. Il est vrai que ce n’est pas un ragot du bar du parlement. Vous vous souvenez de la directive Bolkestein ? Aujourd'hui appelée "directive services", cette directive impose et organise la libéralisation des services au sein du marché unique de « l’Union Européenne qui nous protège ». Elle découle tout droit de l'Accord général sur le Commerce des Services adopté par l'OMC et de la Stratégie européenne dite « de Lisbonne ». Décidément, Lisbonne, quelle ville pour l’Europe libérale ! Il n’en est que plus risible de voir les sociaux démocrates portugais au pouvoir, préférer l’argent chinois au secours de leur chère « Europe qui protège » et son bras armé le camarade Strauss Kahn et les troupes d’occupation du FMI. Cette directive a été adoptée par le Parlement européen en 2006, après une rude bataille populaire qui n’avait pas peu contribué au rejet du Traité Constitutionnel en 2005. Les « socialistes et démocrates » avaient pourtant voté avec entrain, avec la droite, au prétexte que certains services publics seraient désormais exclus du champ de la directive. Il s'agit des fameux "services d’intérêt généraux" dont la définition est laissée aux Etats. Barrage de paille. Car dès que des secteurs privés existent au sein d'une branche de services, l'ouverture à la concurrence est obligatoire. Autant dire que tous y sont voués. Est donc ainsi  spécialement visés st-benoitl’éducation puisqu’il existe des écoles privées, par exemple. Même cas pour la culture ou encore d'autres services publics clés comme les postes, l'énergie, l'eau, les déchets. Concrètement cette directive limite l’intervention de l’Etat et les réglementations considérées comme des entraves à la concurrence dans les secteurs concernés. Ce ne sont pas seulement les choses qui sont visées mais aussi les personnes. Les procédures d’autorisation ou de déclaration imposées aux professionnels des services vont ainsi être allégées voire supprimées. Prenons un exemple. La directive services oblige les Etats à faire sauter des clauses d’exclusivité, de spécialisation ou de compétence imposées dans certains domaines. Pour être agent de voyage par exemple, mais aussi pour être actionnaire d’une société d’exercice libérale – comme les sociétés d’avocats, de conseils juridiques et ainsi de suite. On réduit ainsi les exigences imposées aux professionnels et on diminue d'autant les protections des usagers. En renforçant les acteurs marchands, on accroît la pression pour l’ouverture à la concurrence dans des secteurs où on n’imaginait même pas qu’il en soit question. L’éducation devient ainsi une cible privilégiée. Les opérateurs privés vont pouvoir se renforcer dans le secteur déjà marchand comme la formation professionnelle notamment. Toutes ces merveilles libérales furent adoptées à l’époque par la droite et 137 « socialistes et démocrates » sur 200. Et parmi ces 137, tout le beau linge de cette lamentable équipe comme le président du Parti socialiste européen Poul Nyrup Rasmussen et le président du groupe au parlement européen, Martin Schulz. Les libéraux de la ALDE ont voté pour, y compris Marielle de Sarnez, le numéro deux du Modem.

C'est la deuxième fois depuis que je siège au parlement européen que le sujet est à l'ordre du jour. La première fois c'était en Novembre 2009, quelques jours avant la date butoir prévue pour la transposition effective de la directive dans le droit national des Etats membres. La date buttoir était le 28 Décembre. J’en avais parlé sur ce blog, assez dégouté par la façon de faire en secret. A l'époque comme aujourd'hui, il n’était pas question de revenir sur la directive services. Au contraire il s’agissait d'assurer sa mise en œuvre effective par les Etats membres. Vous trouverez cette question traitée dans la rubrique européenne de mon blog. Le sujet était à nouveau à l'ordre du jour ce mardi à Strasbourg. On y votait en effet un rapport d'initiative de Madame Gebhardt, « socialiste et démocrate » récidiviste endurcie et convaincue sur le sujet. C'est déjà elle qui était la rapporteure lorsque le Parlement européen avait donné son aval à la directive services. Elle est donc de retour pour nuire.

Ce rapport avait un mérite. Un seul. Celui d'« inviter (…) les États membres concernés à assurer une plus grande transparence, notamment au travers d'une meilleure implication des parlements nationaux et de l'élaboration de tableaux de corrélation ». Une invitation à laquelle le gouvernement français ne répondra surement pas ! Toute la transposition de la directive, éparpillée dans toutes sortes de loi, est achevée depuis le 28 décembre dernier. Mais toutes les demandes des parlementaires du Parti de Gauche pour en avoir un bilan sont restées sans réponse. Après quoi le rapport « socialiste et démocrate » n'est que validation et célébration de la vulgate néolibérale. Il se permet de rappeler à l'ordre les gouvernants des Etats membres qui "manquent d'ambition" dans sa mise en œuvre. Berk ! Ce qui n’empêche pas, en fin de texte, un aveu ridicule : le parlement y reconnait être incapable de juger des conséquences de la mise en œuvre de cette merveille ! En effet, il "espère que la directive sur les services aura réellement un impact positif ".  Il précise même que "l'impact de la directive sur l'économie, les entreprises et les citoyens ne pourra être évalué qu'une fois qu'elle aura été transposée de manière complète ". Voilà sans doute qui explique pourquoi il n'y avait pas de vote nominal sur ce texte. Les noms des responsables ne seront donc pas connus. Mais les feuilles de consignes de vote restent. Seul mon groupe, la GUE/NGL et Les Verts ont voté contre ! Les « socialistes et démocrates » ont fait bloc avec la droite ! En route vers « l’égalité réelle » comme disent les habitants de la rue de Solférino !

Quelqu’un sait-il où Sarkozy veut en venir avec cette nouvelle croisade contre le multiculturalisme ? Quel genre de campagne présidentielle est-il en train de mijoter ? On voit laquelle. Il est donc temps de vacciner et de faire vivre de puissants anticorps dans l’organisme républicain parce qu’il va être rudement secoué une fois de plus.
 


255 commentaires à “Deux façons de combattre la droite extrême”
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  1. KARIM dit :

    Je viens de débarquer chez Jean-Luc Mélenchon et le Parti de Gauche, après son débat face à M. Le Pen et après lecture de "Qu'ils s'en aillent tous". J'ai été conquis. Sorti de mon désert et désintérêt politique, je suis enthousiaste de "supporter" un homme de cette trempe, qui est vraiment le porte-parole des sans voix cocufiés par de fades et molles décennies UMP/PS. J'ai déjà la rage qu'on puisse être au second tour en 2012. Votez et surtout faites voter Jean-Luc Mélenchon, si chacun de nous convainquait 5 personnes de son entourage son potentiel électoral serait multiplié par 5, c'est mathématique. Les voix, c'est là l'essentiel.

  2. Christian B dit :

    Je remarque depuis quelques mois, que les commentaires chargés de certains commentateurs qui s'invectivent entre eux, font raisonner en moi cette chanson de Dalida 'Paroles, paroles'(en roulant les R (s'il vous plaît).
    Pas de mal à cela. Mais comme il ne faut pas abuser des bonnes choses, on peut aussi changer de disque ?

    Heureusement, les commentaires éclairés de Jean-Luc sont toujours une agréable musique aux oreilles délicates.

    Amicalement

  3. JP dit :

    J'ai lu " qu'ils s'en aillent tous".
    2 Passages me choquent.
    1/ Imaginer que les " Wallons puissent demander leur rattachement à la France " Sommes nous si exceptionnel les Français.
    2/ "Les Français ont une place singulière et sont unis par la cause universelle " présent dans "l'océan indien et pacifique et frontalier avec le Brésil.Je ne me réjoui pas forcément de ce 2iem point,j'y vois un coté Franco Français vestige coloniales;
    1789,une époque! mais n'oublions pas Louis xviii et les Bonaparte. Bon nous sommes en 2011.-
    Pour le reste de vos écris j'adhère. SVP ménagez vous la campagne sera longue et dure.

  4. KARIM dit :

    Quand donc le peuple de Gauche va t-il enfin se décider à voter pour ses valeurs et pour les gens qui le représentent vraiment ? sommes-nous donc atteints d'une telle cécité qu'on on est arrivé au point d'ignorer que
    DSK et Co sont les clones parfaits de l'actuel Elyséen et que leurs 2 bulletins en 2012 c'est bonnet blanc et blanc bonnet ? n'avons nous pas encore fait le constat que l'alternance n'en est plus une depuis 40 ans ? cessons donc de voter "utile" et propulsons par nos suffrages aux affaires ceux qui ont encore la foi en ce qu'ils font, en ce pays et en un monde meilleur.

  5. deschampt dit :

    Militant communiste(j'ai été maire adjoint du Creusot de 1977 à2008,ex-conseiller régional de Bourgogne,de 1983à 1992) je ne suis pas d'accord pour aller débattre avec Mme Le Pen ou d'autres personnes du F.N. Cela revient à cautionner ce que veulent le pouvoir et beaucoup de médias qui n'aiment pas la Gauche ou qui recherchent le "sensationnel" dans une démarche racoleuse. Et surtout cela revient à donner, légitimer une image améliorée, républicaine du FN avec le nouveau visage "normal" de Marine Le Pen.
    C'est un jeu dangereux, dont je ne vois pas le bénéfice politique, en dehors du fait de se faire plaisir. Avec mes camarades du C.Rég.al. le FN nous fait un procès qu'il a perdu pour l'affaire du cimetière juif de Carpentras. Avec ce parti, lorsqu'on gratte on retrouve du vert de gris. Leur comportement durant 6 ans dévoyait ce qu'il y a de démocratique dans une assemblée élue... Pour dîner avec le diable la cuillère n'est jamais assez longue si on veut éviter de se brûler.


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