30mar 11

Elections cantonales, retour des sondages, Libye et ONU

Lendemain de vote

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J’ai un peu tardé à faire cette note de lendemain d’élection car l’emploi du temps ne s’est guère relâché depuis la semaine passée. Et puis il me fallait à peine de recul pour mettre de l’ordre dans toutes les données que l’on m’a fournies, pour apprécier correctement un résultat qui a subi un maxi brouillage au cours de soirées électorales médiatiques bâclées, truffées d’erreur et d’à peu près. Tout cela a produit une confusion et une série de contresens dont la portée sera plus importante dans l’esprit du grand nombre qu’il y parait d’abord. Ma note traite donc de ce sujet pour vous proposer au moins l’appréciation de notre propre résultat, celui du Front de gauche, rayé du tableau de la soirée en dépit de sa percée éclatante après le 10,50 % du premier tour. Puis j’évoque le redémarrage des sondages sur la présidentielle. Et enfin la question de l’intervention en Libye.

Merci à Joanny Person pour la série de photos du viaduc de Millau qui illustre ce billet.

Les résultats électoraux peuvent être lus de bien des façons. J’ai expliqué dans ma précédente note que cette diversité de lecture commençait avec le choix des paramètres de p1050230comparaison : élection précédente ou série précédente ? Dans le cas qui nous occupe, à savoir les élections cantonales, je pense que la seule comparaison qui ait un sens politique c’est évidemment celle que l’on peut faire avec l’élection précédente. C’est à dire les élections régionales de 2010. La comparaison avec les élections cantonales de 2004 sert la science historique mais pas la compréhension de la dynamique des évènements actuels. En comparant avec la précédente élection on examine le comportement des mêmes électeurs, aux mêmes endroits et dans la même configuration politique. Je n’y reviens pas. Mais je donne des chiffres. Ils sont destinés à observer objectivement la progression réelle, en valeur absolue, du nombre de nos électeurs depuis la première apparition du Front de gauche. Cette première fois a eu lieu aux élections européennes de 2009. Je crois utile de faire voir à tous ce que ces comparaisons avec les derniers scrutins donnent.  Car cela n’a été dit dans aucun commentaire par aucun analyste, assez étrangement.

Il s’agit de données objectives, réellement constatées et vérifiables. Pas de sondages réalisés sur d’improbables panels redressés en fonction du nombre des personnes appelées au téléphone et qui ont accepté ou non de répondre. Il s’agit de personnes réelles qui se sont levées le matin et ont décidé d’aller voter. Commençons donc par les personnes qui l’ont fait pour les élections européennes en 2009, lorsqu’est apparu pour la première fois sur les tables des bureaux de vote les bulletins de vote du Front de gauche. Il faut, bien sûr, ne compter que les 1940 cantons renouvelables de France métropolitaine. On les prend tous, qu’il y ait eu ou pas un candidat du Front de gauche partout. Le Front de gauche avait recueilli 500 326 suffrages dansp1050246 cet espace aux élections européennes de 2009. On y trouve cette fois-ci 774 666 voix au premier tour des cantonales 2011. Cela signifie un gain de 274 340 voix alors que nous n’avons pas de candidat partout. C’est une progression de 55 %. Aucune autre formation n’a fait un tel progrès.

On peut donc affiner ce résultat en ne faisant la comparaison que  strictement pour les cantons de métropole où il y avait une candidature du Front de Gauche aux élections cantonales. Donc sachez que le Front de gauche était présent dans 1588 cantons à l’intérieur de cet espace. Il y avait recueilli 460 934 voix aux élections européennes de 2009. Il en a rassemblé, comme déjà dit, 774 666 voix au premier tour de cette série de cantonales en 2011. Cela représente donc un gain de 313 732 voix. C’est une progression de 68 % de nos suffrages. Je suis certain que la soirée électorale qui a occulté tout cela vous parait sous un jour nouveau, non ? Plus de trois cent mille voix supplémentaires dans le même temps où les autres partis de gauche, sans exception, perdaient très lourdement des voix par rapport à ce même précédent scrutin européen. Pas un mot sur le sujet. Ni sur notre score à deux chiffres. Mais du Le Pen en veux-tu, en voila. Et sur ce même Le Pen, quelle surprise de voir le silence sur un point qui relativise cependant une bonne partie du Tam Tam à son sujet. Ce point le voici. L’information est dans « Le Monde » jeudi 24 mars 2011, page 14, rubrique politique, sous la signature de Michel Delberghe: « En nombre de voix, la percée du Front national paraît relative. Il recueille 15 812 voix de moins qu'en 2004, année au cours de laquelle il était présent dans 409 cantons supplémentaires. »

Nouvelle progression du nombre des suffrages pour le Front de Gauche si l’on compare avec la dernière élection, celle des conseils régionaux, l’an passé en 2010. Faire la comparaison canton parp1050247 canton n’est pas simple. En effet on ne dispose pas des chiffres de l’élection régionale constatés par canton car ce travail n’a pas encore été fait par le ministère de l’intérieur au contraire de celui qu’il a fait pour les élections européennes. On procède donc sommairement. On prend le total des voix recueillies et on le divise par deux puisque seule la moitié du pays votait cette fois ci. Cela défavorise notre progression dans la mesure où le Front de gauche n’était pas présent dans deux régions et où dans certaines d’entre elles il existait des fédérations communistes qui avaient fait le choix de quitter le bateau collectif pour s’allier avec les socialistes comme en Pays de Loire. Néanmoins on note de nouveau une forte progression. Si l'on ramène le score des régionales à la moitié du pays, on trouve environ 569 000 voix pour le Front de Gauche. Comparés aux 774 666 voix obtenues aux cantonales sur cette même moitié du pays, nous faisons donc une progression de plus de 200 000 voix, soit une nouvelle hausse de 36 %. Dans tous les cas et quel que soit l’angle sous lequel nous examinons les résultats, ces progressions sont plus fortes que celle de toute autre formation politique candidate à cette élection.

J’ai dit combien j’ai été frappé par la confusion qui régnait le soir du premier tour pour annoncer les résultats. Sur les rares plateaux de télé, et dans les duplex organisés, la centralité du FN avait été prévue, pour ne pas dire décidée, à l’avance. Les résultats n’étaient donc interprétés et commentés que d’après cette seule grille d’analyse. C’est déjà un biais qui handicapait la compréhension de ce qui se passait réellement. Mais le ministère de l’intérieur aggrava volontairement la situation. En effet, il lui fallait coûte que coûte minorer le résultat du PS.p1050249 Un bon moyen était déjà de disperser sous l’étiquette « divers gauche » tous les candidats PRG ou MRC soutenus par le PS. Bien sûr, chacun sait bien que l’étiquette choisie par ces candidats au moment du dépôt de leur candidature est purement indicative. C’est le soutien du PS qui fait le score. Le ministre a donc pu amputer le résultat du PS à la vive satisfaction de l’UMP qui réduisait de cette façon son écart avec lui.

Ce décompte sélectif a aussi été appliqué au Front de gauche. C’est le label Front de gauche qui a fait le résultat. Et tous les candidats étaient présentés en commun. On sait comment cette diminution de notre score collectif fut rendue possible par la demande du PCF lui-même. Mais l’affichage politique voulu par la droite fut obtenu. Le Front de Gauche a été évacué de la scène et seul restait le bipartisme du conflit de l’UMP face au PS auquel la  menace du FN sert de serre-file grâce à son effet repoussoir. Que le piège se soit ensuite retourné contre ses inventeurs Sarkozystes est une évidence. Il a dégénéré jusqu'à crééer les conditions d’une implosion de l’UMP et du début d’une crise de régime. Mais c’est une autre histoire. Les consignes données et exécutées par le ministère de l’intérieur pour la soirée électorale ne le prévoyaient pas.

Au second tour, la présentation des chiffres était encore plus absurde. Sachant que les candidats de gauche arrivés en tête bénéficient du désistement de tous les autres, en règle générale, quel est le sens de les classer ensuite par étiquette de parti ? De nouveau le Front de p1050252gauche disparut. Pour les mêmes raisons qu’au premier tour. Mais le résultat affiché n’en était pas moins absurde. D’où sortaient ces 4,60 % attribués au PCF ? Surtout quand le total montré sur les écrans faisaient apparaitre qu’il manquait plus de douze pour cent des suffrages !

La confusion grandit en cours de route quand survint un nouveau refrain: une nette progression des verts se serait constatée. On entendit, et on lit même encore depuis, que le mouvement écologiste a étendu son influence avec « 49 élus ce dimanche ». Pipeau ! Ce chiffre inclut les élus non renouvelables. En réalité les Verts ont fait élire 32 des leurs. Et sur ce nombre seulement 6, pas un de plus, par leur propres moyens c’est-à-dire en se présentant seuls au premier tour et en arrivant en tête pour le second. Tout le reste a été pris sur la gauche grâce à une alliance avec le PS ou en se maintenant au deuxième tour contre un autre candidat de gauche. Ce qui est sûr c’est que les verts Europe-Ecologie ont eu six duels avec le Front de gauche en se maintenant contre nos candidats arrivés en tête dans cinq cas. Et dans les six cas ce sont les candidats du Front de gauche qui l’ont emporté. Cerise sur le gâteau de bobards : le total des trente deux élus inclus deux conseillers généraux du Front de Gauche classés par eux « apparentés » sans qu’on sache pourquoi.

Dans une telle ambiance, tout finit donc dans la confusion. Peut-être étaitp1050264-ce l’unique but. Ce n’est que le lendemain que commencèrent les présentations de chiffres un tant soit peu sérieuses. On vit l’essentiel. La gauche comptée ensemble, comme c’est la logique du terrain, atteignait plus de 49 %. Si elle ne franchit pas la barre de la majorité c’est par ce que, dans un reste de trucage, le ministère comptait la catégorie « extrême gauche » séparément, à plus de 1%, catégorie dans laquelle sont comptés exclusivement certains de nos candidats du Front de Gauche du deuxième tour…

L’analyse du score du Front National mérite beaucoup de travail. Et d’abord un travail de désintoxication. Les conforts de lecture sur la montée du Front national charrient toute sorte d’improbables raccourcis de raisonnement. On en rajoute, on en rajoute ! Un chiffre s’est mis à courir sur la progression entre les deux tours du parti des Le Pen. Pour une fois on vit appliquer à cette famille le type de décompte que l’on nous avait refusé au premier tour. C'est-à-dire rapporter le score au nombre de cantons où est effectivement présent le parti considéré. Dans cette approche le Front national fait une moyenne d’un peu plus de 35% des voix au deuxième tour. On sait que, sur le terrain, on a vu en effet un gros transfert de voix de l’UMP sur le Front national quand il affrontait la gauche au deuxième tour.

Mais si l’on examine cette progression entre les deux tours pour mesurer l’écart au score initial il ne fautp1050266 pas limiter l’exercice au seul Front national. Il faut le faire pour tous. Ce n’est pas inutile du tout. Cela permet de mesurer la capacité de rassemblement de chacun au second tour. Et l’on verra alors que c’est le Front de Gauche qui est le mieux placé de toutes les composantes. En effet ramené aux 131 cantons où ils étaient présents, les candidats du Front de gauche dépassent les 60 % de suffrages exprimés.  Dans ceux où ils se trouvaient, les socialistes rassemblent une moyenne de 56,75 % des suffrages. De leur côté, Europe Ecologie – les Verts n’en rassemblent que 46,57 %. De tout cela pas un mot, non plus, nulle part. Et la célébration de la percée foudroyante du Front national s’est achevée en feu d’artifice alors même que le Front de gauche voyait élire 121 de ses membres et le Front national 2. En toute logique.

On en était là quand arrivèrent de nouvelles vagues de sondages. Le dépouillement des bulletins n’était pas encore fini que le sujet de discussion des importants médiatiques était déjà sur les sondages à propos des prochaines présidentielles. On voit l’intensité du réseau Strauss kahnien. Car bien sûr il n’était question que de lui, de son arrivée en tête dans tous les cas. Et bien sûr du danger Le Pen. Le danger qui tient lieu de programme, le danger utile, le danger cloueur de bec. La triade EURO-RSG, fondation Jean Jaurès, FMI tourne à plein régime et l’examen des organigrammes et contrats le montrera un jour ou l’autre. Pour ce qui me concerne je suis naturellement aussi mal traité qu’on peut l’être quand on s’est attaqué comme moi aux organismes de sondage. Mon intérêt dorénavant est plus que jamais de voir le vote de la loi qui devrait refroidir ces rebouteux. Mais dans leurs enquêtes, je continue à être le même miracle scientifique. Seul, la semaine même du vote qui donne le Front de Gauche à dix pour cent je suis crédité de moins de la moitié de nos votes transformés en  pourcentage de sondés. Une vraie farce. Elle n’est pas innocente.

Elle est destinée à peser sur le réel. En tous cas, je vais aller prendre des cours auprès de mon camarade Besancenot qui lui bénéficie de six fois son résultat aux cantonales et deux fois son score personnel aux régionales. Ou auprès de Borloo qui, parti d’entrefilets de presse et de reportages approximatifs, a conquis d’entrée de jeu cinq pour cent des cœurs de sondés. Et ainsi de suite. Cependant, je connais l’impact de ce genre de diffusion sp1050272ur le moral militant et la « crédibilité ». J’ai vécu cela. Aux européennes je fus cloué à quatre pour cent par les mêmes charlatans et j’ai fini à huit pour cent dans les urnes. Ce qui me frappe c’est l’absolue conformité du paysage mis en scène par ces « sondages » avec les intérêts bien compris de quelques influents de ma connaissance.

Ce sondage-là, intervenant alors même que la leçon du scrutin des cantonales n’est pas disponible, sert évidemment a recommencer le conditionnement en faveur de l’homme-qui-est-absent-mais-tellement-présent.  Je n’y insiste pas. J’ai eu la faiblesse de considérer mon cas comme intéressant. Je figure 4 %, au niveau auquel se situe aussi François Bayrou. C'est-à-dire à moins de la moitié des voix que nous venons pourtant de rassembler, non pas il y a cinq ans mais la semaine passée. Cette position appelle un commentaire du fin commentateur absolument pas aussi Strauss kahnien qu’on le murmure. Après m’avoir classé à l’extrême gauche, ce qui situe déjà le niveau de formation de ce politologue, une explication décisive est présentée. «L’extrême-gauche justement, Besancenot le taiseux confirme son avance sur l’hyper-médiatique Mélenchon (7% contre 4%). Ce dernier, sans doute allé trop loin dans sa posture tribunicienne, semble avoir « perdu la main » depuis le début de l’année alors qu’il était parvenu tout au long de l’année dernière à nettement supplanter le leader du NPA ». Admirable. Je me demandais juste de quel abus il est question depuis janvier ? Voyons de quoi s’agit-il ? De mon débat avec Madame Le Pen ? De mon débat avec Christian Jacob ? Ah si ça y est, je sais quand j’ai abusé de ma « posture tribunicienne ». Je ne vois qu’un cas, précisément : m’en être pris aux instituts de sondages pour demander le vote de la proposition de loi sur les instituts de sondage.

Je suis donc maintenant condamné à « avoir perdu la main » chez ces messieurs les hommes de l’art sondagier. Me voici cloué à 4 % après l’avoir été à 5 pendant des mois. Sans davantage de raison, sinon un coefficient de correction du résultat brut décidé au doigt mouillé, à partir d’un mix du score de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle et du résultat du score attribué au reste de « l’extrême gauche ». C’est au point que « l’observatoire des sondages » a réagi sur un mode assez ironique.

Sondeurs : démiurges ou magouilleurs ? « Toujours à l’affût d’un sursaut de Nicolas Sarkozy, Gaël Sliman insiste dans son commentaire du sondage BVA-Orange-L’Express France-Inter (29 mars 2011) sur un gain de 2 % des opinions favorables au président de la République, suggérant à deux reprises que la Libye, et non l’alibi, pourrait en être la cause. 2% : au diable les incertitudes et les marges d’erp1050292reur. A propos de coefficient de redressement, sur quels résultats électoraux précédents ont été calculés les scores d’intentions de vote des candidats et non candidats que présente également ce sondage ? Exemple : nous apprenons que « l’hypermédiatique » Mélenchon, et candidat, est supplanté par le « taiseux », et non candidat Besancenot (4% contre 7%). On admirera l’explication politologique dépourvue de toute démonstration de Gaël Sliman qui a un vague souvenir de ses études lorsqu’il écrit : "Ce dernier (Mélenchon), sans doute allé trop loin dans sa posture tribunicienne semble avoir perdu la main ». Or il n’y avait pas de Parti de gauche à l’élection présidentielle de 2007. A-t-on fait le redressement à partir du résultat de Marie-George Buffet en diminuant fortement les chiffres bruts ? Probable avec un petit coup de pouce intuitif. Encore une raison de réclamer la publicité des chiffres bruts, comme le Sénat l’a demandée. Cela éviterait peut-être que les sondeurs comme Gaël Sliman fassent leurs confessions idéologiques et se prennent pour des démiurges ».

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L'affaire de l’intervention en Lybie a déclenché un grand nombre de discussions comme c’est normal et prévisible. J’ai déjà écrit ici que je connaissais la difficulté de prendre des décisions dans ce domaine. Au cas précis mes prises de positions ont été dictées par plusieurs facteurs que je voudrais rappeler. Le premier d’entre eux est que, de la veille le soir pour le lendemain midi, il a fallu que je décide de mon vote sur une résolution proposée au parlement européen. C’est sur ce texte étudié comme il se doit littéralement que j’ai travaillé. Mes quatre camarades députés du Front de gauche en ont fait de même et sont arrivés les quatre à la même décision de vote, en dépit de la diversité des cultures et des positions récentes que l’on a pu connaitre et que l’on constate encore sur tant de sujets entre nous. Il s’agit de Jacky Hénin, Patrick le Hyaric et Marie-Christine Vergiat. Puis je me suis rapproché de la direction du PCF en la personne de Pierre Laurent et de Gauche Unitaire en appelant Christian Piquet. Je précise que j’ai également consulté les membres du bureau de la commission internationale de mon parti et le groupe de coordination de la direction du parti.

Tout cela parce que j’étais conscient de la gravité d’une décision que je ne pouvais prendre sans confronter les points de vue pour former mon propre jugement et décider de mon vote. Cet exercice est compliqué à mener pour quelqu’un comme moi qui croit au collectif et quip1050295 sait aussi que le mandat impératif n’existe pas en République, je le rappelle pour prendre date pour l’avenir. Je vote et je voterai toujours d’après ce que je crois juste personnellement et que je suis ensuite capable d’expliquer, de faire vivre et de rendre compte. Dans ce cas mon vote est conforme à l’avis de tous ceux qui ont été consultés à deux exceptions près, dans mon parti. Et pour la plus totale clarté et honnêteté je dois dire que mon vote final ne fut pas celui que j’avais d’abord pensé faire. Mon point de vue s’est construit par la discussion et le travail sur le texte. C’est pourquoi je plaide d’autant plus facilement pour le respect de chacun. Je ne dirai rien à ceux qui étaient hostiles à ce texte, et à sa suite logique, d’autre que pour faire le constat d’un désaccord. Je préfèrerais qu’on s’abstienne de m’insulter ou de me repeindre en agent de l’impérialisme américain parce que je ne partage pas le point de vue de mes contradicteurs. Mais, bien sûr, le débat argumenté m’intéresse. Et je le recommande. On est plus fort et mieux préparé quand vient l’heure de décider la fois suivante.

Je note que depuis les prises de position successives du Parti de gauche et mes propres déclarations à propos de l’entrée en scène de l’OTAN, les désaccords qui s’expriment ne portent plus sur les évènements de la semaine passée mais plus directement sur le fond de mon analyse sur l’ordre international. Ce qui est en cause c’est mon attachement à l’ONU. Celle-ci est décrite par divers bulletins que je lis, et qui me font l’honneur d’étudier mes propos, comme une officine vouée aux impérialismes dominants. Je n’en crois pas un mot pour ma part. Ce débat revient en quelque sorte, à sa façon, sur ce que l’on pense des institutions, de leur nécessité ou non, du rapport que l’on peut et doit avoir avec elles du point de vue d’une action de changement radical de la société qu’elle soit nationale ou mondiale. Dans un autre registre j’ai eu cette discussion avec Olivp1050302ier Besancenot récemment à l’initiative du journal « Regards ». J’en recommande la lecture ou l’audition puisque l’entretien a été filmé.

Il y a au moins deux manières d'envisager la question de l’ordre dans les relations entre Etats : la "loi du plus fort", certes adoucie par des coutumes, ou la construction d'un ordre international légal. Mais on peut aussi commencer par déclarer qu'il n'est ni possible, ni fondé, de restreindre la souveraineté des Etats. Et moins encore de la faire superviser par la dépendance à une série de droits déclarés universels et reconnus comme tels par tous. Dans ce cas, le seul "ordre" du monde qui existe est un rapport de force permanent. Et par conséquent, ce sont les puissances militaires et économiques du moment qui dictent leur vision du monde. Les autres Etats ont le choix entre y adhérer et suivre les injonctions que prononcent les plus forts, ou être écrasés. Le monde a fonctionné de cette manière jusqu'au milieu du XXè siècle. Certes, les pratiques coutumières ont peu à peu réglé les façons avec lesquelles on se faisait la guerre. Mais la décision d'utiliser la force armée restait aux mains des Etats. Ils étaient légitimes à envahir leur voisin si cela correspondait à leur analyse de leur intérêt propre.  La nouveauté en 1945 est la conviction des Etats survivants à la deuxième guerre mondiale qu'il est possible, et nécessaire, d'organiser les relations internationales autour de règles légales et universelles. L'ordre international ainsi constitué par des traités se trouve sous la protection de l'ONU. L'utilisation de la force y est bannie par principe. Certes, on peut y avoir recours en cas d’absolue nécessité. Mais alors elle ne peut être utilisée que sous autorisation du Conseil de sécurité. C'est donc un renversement total de logique où les droits universels de l'homme sont supérieurs dans la hiérarchie des normes aux intérêts particuliers des Etats.p1050309

Bien sûr, cet ordre légal est très imparfait. Il est continuellement bafoué. Il est souvent contourné comme lorsque se réunissent le G8 ou le G20. Cet ordre et cet organisation doivent être réformés, il n’y a pas de doute. On verra utilement le programme de mon parti à ce sujet. Mais je soutiens qu’il doit être considéré, et respecté. Non seulement parce qu’il n’y a pas de construction ultérieure qui soit possible sans partir de cet édifice initial. Ensuite parce qu’il donne dès à présent un point d’appui à nos discours et revendications dans l’arène mondiale. Il donne une légitimité à des décisions que l'on aimerait voir appliquées. Refuser de reconnaître une place et une légitimité à l'ordre onusien c'est de fait renoncer à l'application de multiples résolutions exigeant la reconnaissance d'un Etat palestinien ayant des frontières sûres, par exemple. Ou encore les résolutions votées chaque année par l'Assemblée générale de l'ONU, qui demandent la fin du blocus états-unien contre Cuba. Ne pas s'appuyer sur l'ordre international légal incarné par l'ONU c'est accepter que la résolution faisant du droit à une eau potable salubre et propre un droit fondamental et les résolutions protégeant l'enfance ou les personnes LGBT, votées, ne soient pas mises en œuvre. Enfin, nier l'ONU c'est également valider les interventions des Etats-Unis en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003 toutes lancées sans mandat international.

Les puissants de ce monde cherchent à se débarrasser de l'ONU, pour réinstaller la loi du plus fort. Pendant les annéesp1050325 Reagan, puis sous les Bush, tous les moyens furent bons pour discréditer cette organisation et même la faire mourir. Il y eut ainsi des années de contentieux sur le non versement par les USA de leur part de contribution au budget de l’ONU. A l’heure actuelle encore c’est sur l’ONU que nous pouvons nous appuyer pour stigmatiser le refus de certains pays d’appliquer des dispositions de l’ONU. J'en prends pour exemple la non reconnaissance par les Etats-Unis, la Libye, le Maroc ou encore l'Egypte de la Cour Pénale Internationale, pourtant en capacité de juger les responsables de crimes de guerre, de crimes d'agression et de crimes contre l'humanité.

Evidemment, suivant les périodes, l’ONU peut être soit méprisée soit instrumentalisée. Je n’ai aucune naïveté à ce sujet. Le vocable médiatiquement martelé de communauté internationale désigne en général ce qui convient aux USA et aux « occidentaux ». Il arrive que ce soit une décision de l’Onu et le plus souvent c’est une décision des Etats Unis et de leurs larbins. Quoiqu’il en soit, hors de l’ONU que reste –t-il ? Si nous ne voulons pas du commandement de l’OTAN nous avons celui prévu par le statut de L’ONU. Il n’a jamais marché, ou si peu, du fait de la guerre froide. Pour autant il existe et c’est un point d’appui pour nos démonstrations et revendications. Il existe un programme des nations unies pour le développement, le PNUD, qui a mis en scène l’indicateur de développement humain. C’est un point d’appui pour nier les indicateurs de performance de l’économie capitaliste et pour piloter le progrès d’une société. Il existe la CNUCED qui permet de s’opposer au G20 en plaidant le double emploi et la prééminence des puissants dans cette instance. C’est pourquoi je plaide pour l’ordre légal porté par l’ONU. Et je ne cache pas mon étonnement de le voir parfois dénoncer ou relativiser par tant d’amis avec qui je partage mes combats internationalistes.


314 commentaires à “Lendemain de vote”
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  1. Yannick (sympathisant pdg) dit :

    http://www.lepost.fr/article/2011/04/06/2457337_melenchon-en-off-avec-marine-le-pen-et-rachida-dati_0_5459692.html#reaction_5459692

    Vraiment, du journalisme des plus professionnels.
    "en off" dans le titre, pour faire penser que tout ceci est secret, donc malhonnête. Alors qu'il savait qu'il était suivi par direct 8 pour un reportage...

    Qu'ils s'en aillent tous ! Et ce genre de journaleux les premiers...

  2. kikid'auber dit :

    Voir le démenti de Pierre Laurent sur le site du PCF en ce jour 6 avril concernant la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Cela serait une manipulation d'André Gerin !

  3. redline69 dit :

    Mr André Gerin, un faux de gauche à même été sur son blog faire parler Mr Pierre Laurent, lequel signale dans la presse que Gérin a falsifié ses propos !
    Est-ce bien sérieux tout çà ?
    La confiance de tous va vers l'union du FdG ! ceux qui s'en sentent loin peuvent aller ailleurs comme André Gérin.
    Ceux qui pensent que le FdG leur appartient vont tomber de haut !
    Je trouve la position de Pierre Laurent courageuse et j'imagine que Mme Buffet doit se féliciter de la poursuite de l'union. Si l'objectif est que toute les manettes tombent dans les mains du PCF c'est pas l'objectif du FdG ! Le nom du programme est "partagé" ! Les places et les résultats aussi ! N'est-ce pas Messieurs les Communistes.
    Il doit revenir au trois représentants de définir le meilleur pour porter les valeurs du FdG ! Me concernant il ne peut s'agir que de 3 personnes
    Mr Christian Picquet
    Mr Pierre Laurent
    mr Jean Luc Mélenchon
    Les autres sont pas là pour avoir des places ! ils sont là pour porter l'un des 3 !
    Pour l'instant Christian Picquet à souhaité que Jean-Luc Mélenchon porte nos couleurs ! On attend que les PCF sortent de leur désunion permanente et contre productive.
    Mr Chassaigne ne s'oppose pas au FdG donc il saura s'effacer devant le choix des militants de son parti. De toute manière si l'un des 3 n'est pas sous notre drapeau ! ce sera sans moi...
    Après les caprices du NPA qui souhaite attendre le grand soir ! voilà le psychodrame au sein du PCF pour savoir celui qui portera la culotte. Franchement çà devient pitoyable.

    cordialement

  4. jean ai marre dit :

    @ 304 redline69

    Je pense que votre post donne du crédit au mien @ 289.

    Il y a une " bagarre " entre les anciens et les nouveaux du PC qui ne veulent plus aller dans les chemins de traverses.
    C'est la raison pour laquelle ils tirent sur tout ce qui bouge (JL Mélenchon, Laurent etc..)
    Et comme tout ce qui bouge dérange.....

  5. Cronos dit :

    @ Arnold # 293

    Je n'ai que foutre d'un révolutionnaire mexicain du XIXè siécle, une révolution se fait par les armes, ou ne se fait pas, lorsque l'on va aux urnes on respecte la loi, et on n'y fait pas la révolution; on opère le changement de république et de régime par une constituante créée par les nouveaux élus qui l'on étaient sur cette base, cela se fait sans verser une goutte de sang, c'est certainement ce qui ne vous va pas !…

  6. toto dit :

    Démenti de Pierre Laurent.
    http://www.pcf.fr/8708

  7. redline69 dit :

    @jean ai marre 305

    en effet, je pense que beaucoup de soutien au FdG pense la même chose de l'attitude de certains PCF (je dis bien certains)
    j'ai été faire un tour sur le site de GU que je vous conseille également et Christian Picquet est un modèle d'union sur le rassemblement que nous souhaitons tous. il argumente parfaitement et la teneur de ses propos rejoignent ceux de Jean-Luc Mélenchon et d'une bonne partie du PG.
    il est important que les militants PCF reprennent en main les choix stratégiques qu'ils ont voulu ! en effet s'ils viennent au FdG, c'est pas pour qu'un andré Gerin ou quelques autres appelle au rejet de l'union (ce qu'il fais à longueur de ligne partout où il peut. a ce demander combien il y a de PCF au PCF !
    nous parlons bien, avec quelques autres de la même chose ! défendre le FdG qui à été le vainqueur de la stratégie du NON au TCE et qui sera le seul groupement pouvant faire plier le libéralisme du PS-FMI.
    jusqu'a Juin, le PCF veut tenter d'avoir une ligne politique ! a partir de juin.
    de quel droit un André Gerin parle (en racontant des mensonges) au nom de la direction du PCF et de P Laurent ?
    si André Gérin est contre le PCF ! il peut toujours le quitter !mais à partir de là il ne représentera plus la gauche uni.
    la bonne nouvelle du jour est déjà la confirmation du PCF de valider la poursuite de l'aventure FdG ! c'est déjà une superbe victoire sur les petits qui grognent dans leur assiette de soupe.reste à trouver le meilleur des candidats entre les 3 nommés précédement.

    cordialement et vive le Front de Gauche !

  8. redline69 dit :

    pour nos amis communistes :

    http://gauche-unitaire.fr/2011/04/06/%C2%AB-gauche-unitaire-pourquoi-melenchon-%C2%BB-entretien-avec-christian-picquet-dans-politis/
    Il est un temps où il faut faire changer son parti et lui donner une belle image d'ouverture. Se replier sur soit est une valeur contraire au PCF. Enfin je le pense.

  9. Jacsparow dit :

    à redline 69
    Bonsoir ! suis de retour de la reunion dont je vous ai parlé !
    Il y avait un responsable départemental. La réunion fut âpre... comment expliquer à des camarades anciens mineurs qui ont connu bien des heures de gloire au PCF que le front de gauche est nécessaire !
    En cours de reunio, je leur ai sorti le papier sur A. Gérin qui tient des propos quelques peu déroutants et un peu usurpés (c'est ici d ailleurs que j ai trouvé le lien...). En fin de réunion, le représentant départemental a quand même dit que la décision de présenter Jean-Luc Mélenchon etait deja prise... y compris dans les plus hautes instances du PCF... d'ailleurs la pertinence de mes questions ont poussé le secretaire local à organiser une autre reunion ou l'on parlera uniquement des presidentielles.
    Quoiqu'il arrive, j'ai exposé mon point de vue qui se resume un peu à ceci: ce n est pas parce qu'on soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon qu'on renie tout, et moi je prefere Jean-Luc Mélenchon président avec une assemblée de deputés majoritairement communistes, car après tout le véritable pouvoir se situe à l'assemblée pas à l'Elysée.
    Sur ce, on a quand meme pris le verre de l'amitié ....
    Pierre Beliard membre du PCF

  10. redline69 dit :

    @ pierre beliard du 83
    Merci pour votre compte rendu

    Je suis conscient des difficultés que peuvent avoir les camarades du PCF, mais l'important doit rester notre projet d'union au sein du FdG. Peut être y a t il un déficit d'explication, peut être certains ont des craintes sur l'avenir de leur parti. Mais quoi qu'il arrive le projet commun doit être défendu ! Beaucoup attendent de notre ligne de conduite.
    Imaginez vous une seconde quel serait l'impact d'une division sur un nom, alors que nous sommes d'accord sur l'essentiel.
    J'avoue être très inquiet des réticences de certains au PCF. Je m'interroge d'ailleurs sur le rôle du PS dans cet "révolte" de dernière minute.
    Mais la seule question que les militants du PCF doivent trancher est bien celle de l'appartenance ou non au FdG. Le reste est presque accessoire. J'avoue ne pas encore vraiment discerner la réponse.
    De plus les cantonales ont donnés un nouvel élan au PCF ! Faut-il ignorer que des gens de PG, de GU et d'autres sont à l'origine des votes. Si chaque famille tire la couverture vers elle, il en sera terminé de l'aventure et nous serons tous convié à la pêche en 2012 et autres.
    cordialement

  11. kazame dit :

    Quand Chassaigne affirme que le projet du PS est "une bonne base pour négocier", excusez-moi mais je ne trouve pas qu'il incarne si bien que ça le Front de gauche ! Quant à Gerin, ses caméras de vidéosurveillance à tous les coins de rues de Vénissieux et ses diatribes islamophobes, il en tient une couche... En fin de compte Mélenchon est le meilleur candidat que le PCF puisse désigner pour défendre à la fois son indépendance et son intégrité. Quelle ironie n'est ce pas ?

  12. Jean Jolly dit :

    Non seulement il y a trop de Guéant, mais il y a moins de français investis dans la citoyenneté... Besancenot au boulot.
    C'est formidable de dénoncer un système obsolète, aussi faut-il en proposer une sortie, Nous aurons tous la barbe de Karl Marx avant de goûter le fruit de notre labeur.
    C'est maintenant que ça se joue, maintenant puisqu'il est toujours trop tard lorsque le sang coule... cette vision extrême doit être la dernière car elle est synonyme de souffrances inutiles.
    J'en appelle à tous les progressistes, quelques soient leurs appartenances,... "Vieux motard que jamais" comme disait l'autre.

  13. Ded dit :

    C'est bien ce que je pensais.
    Jean-Luc Mélenchon aura du mal à être accepté par les communistes de la vieille garde, ces dogmatiques arriérés préféreront se prendre une bonne branlée tout seuls...

  14. Nono du 93 dit :

    Je suis un ancien communiste et je suis malade des compte-rendus que j'ai pu lire sur le Conseil National du PCF et l'engagement d'un début de commencement de processus qui pourrait amener, si les oracles s'accordent, à soutenir Jean-Luc Mélenchon en échange de quelques maroquins putatifs.
    Je sais qu'il ne peut y avoir de front de gauche utile à notre pays sans le PCF. Mais je souffre de constater quecette manière ancienne et datée de faire de la politique colle à la peau de mes anciens camarades comme une seconde nature.
    Le Front de Gauche auquel je rêve, que je vois prendre forme, a une vocation majoritaire (sinon la transformation de la société que nous défendons ne serait qu'une incantation) et ne peut pas poser la question de l'alliance comme unpréalable, ni dans un sens (le "rien avec les socio-traitres du NPA") ni dans l'autre (le "préservez nos alliés pour préserver nos élus" du PCF).
    Le repli identitaire du PCF est mortifère pour lui et c'est son problème. Mais il va peut-être gâcher la chance de faire émerger un nouvel espoir, à vouloir préserver ses élus et ses minorités identitaires. A défendre ses bastions, on finit par oublier pourquoi on fait de la politique !


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