29avr 11

Fillon va à la messe, le 21 avril halloween du pauvre, non assistance à tunisiens en danger, criminalisation du syndicalisme.

Bigoterie d’Etat et épouvantails de circonstances

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J13e suis de retour devant mon clavier. Il s’agit d’abord de dire le mépris et l’indignation que m’inspire le voyage saugrenu du Premier ministre et d’une troupe de bigots gouvernementaux à Rome, le Premier mai, Fête du travail, pour assister à la messe de « béatification » de Jean Paul II. Après tous ces mois de délires sous prétexte de laïcité, c’est le bouquet ! Ensuite il est question de la série de publi-sondages et publi-reportages en faveur du Front national. Sous l’angle des manœuvres cousues de fil blanc en faveur du vote utile qui ont rythmé la célébration du 21 avril. Puis je dis ce que je pense à propos des tunisiens maltraités pour notre honte commune. Enfin j’évoque le procès de Xavier Mathieu et des syndicalistes qui refusent d’être inscrits au fichier des empreintes génétiques.    

Remerciements à Pierre-Alain Dorange, auteur des photos qui illustrent ce billet.

C’est la mode des vieilleries de droite les plus éculées. Voir la procession à Rome, le premier mai, fête du travail, d’une troupe de bigots du gouvernement, premier ministre en tête pour assister à la « béatification » de feu le pape Jean Paul II, d’illustre mémoire progressiste. Il y aura aussi les ministres des affaires étrangères, Alain Juppé, et de l’intérieur, Claude Guéant. Ces messieurs les prétendus grands laïcs, membre d’un gouvernement qui s’est spécialisé dans la 03stigmatisation de la religion des autres, vont à la messe solennelle. Un acte singulier. François Fillon sera le seul chef de gouvernement étranger présent à cette cérémonie, à côté de deux illustres présidents qui sont des monuments de la laïcité européenne, le  polonais et l’italien. Pourtant, la béatification est un acte purement religieux et très étroitement lié au culte catholique. Et d’ailleurs dans un de ses aspects les plus spécifiques et non le moins étrange. Cette béatification n’a aucune signification politique, morale ou autre qui pourrait servir de prétexte à cette présence gouvernementale. C’est juste un rite interne de l’Eglise catholique. En effet, pour que Jean-Paul II soit « béatifié », selon l’étrange coutume en la matière,  il fallait qu'il soit prouvé qu'il ait réalisé un miracle. Rien de moins. Le 14 janvier Benoît XVI en a décidé ainsi. Voyons le miracle à l’origine du déplacement des principaux ministres du gouvernement. Il s'agit de la guérison inexpliquée, en juin 2005, de la religieuse française Marie Simon-Pierre, de la congrégation des Petites Soeurs des maternités catholiques. Sa guérison soudaine dans la nuit du 2 au 3 juin 2005 serait due au fait qu'elle ait écrit le nom de Jean-Paul II sur un papier en l'implorant. C’est ce que croient les autorités de l’église. C’est bien leur droit. Mais c’est à cela que s’associent le premier ministre et les autres grands esprits de son équipe. Voilà où est rendue la France de Voltaire et de Rousseau !

Mais cette France là n’est pas la leur. Cette droite moisie dans la course au plus réactionnaire n’en finit plus de s’abaisser dans ce qu’il y a de plus discutable et de plus ostentatoirement réactionnaire. Ainsi le 19 avril, François Baroin, porte-parole du gouvernement, a justifié la présence de Fillon, ce qui n’est déjà pas rien. Mais l’a fait avec un vocabulaire qui exprime un mépris total de la réserve laïque qui devrait s’imposer à un ministre républicain. "La France est la fille aînée de09 l'Eglise" a déclaré ce fils de l’ancien grand maitre de la grande loge de France. "Il semble normal, même dans un Etat laïc, que l'Etat soit représenté à un événement aussi important". Evénement important, cette cérémonie sur ce motif d’une guérison inexpliquée demandée sur un bout de papier ! On se pince !  Grotesque ! Indigne de l’Etat républicain ! Provocation ridicule et sectaire à l’égard des français qui ne partagent pas cette définition rabougrie de leur patrie républicaine qui n’appartient à aucun culte ! Car cette expression risible de « fille ainée de l’église » fait référence au prétendu baptême de Clovis à Reims par l'évêque Rémi en 496. En fait, l’évènement n’est nullement avéré, ni prouvé d’aucune façon autre que par le folklore des légendes religieuses. Sur le plan des faits historiques il s’agit de la première alliance entre un conquérant armé, Clovis,  et l’Eglise. L’un et l’autre se sont entre-épaulés, chacun pour ses objectifs spécifiques. Clovis avait besoin de se faire légitimer aux yeux des populations chrétiennes du sud de la France qu’il s’apprêtait à envahir. En échange, l’Eglise lui faisait assurer la répression de l’hérésie arienne qui minait son clergé local. Le refrain sur « la fille ainée de l’église » est une momerie régulièrement resservie par les ignorants, qui trouvent ça sympathique sans comprendre de quoi ils parlent, et par les chefs religieux qui se sentent des droits sur la France. Ainsi Jean-Paul II l'avait utilisée lors d'une messe en France en 1980 au cours de laquelle il avait déclaré : "France, fille aînée de l'Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?" Sottise, la France n’ayant jamais été « baptisée » d’aucune façon, pas même sous l’ancien régime. Le roi Louis XIII l’avait juste vouée à « la vierge Marie » en exécution d’un vœu fait pour avoir des enfants d’Anne d’Autriche. Une méthode qui en vaut une autre, certes. Ce miracle là est fêté le 15 aout ! Encore une messe à l’horizon pour le gouvernement ! Comme le conclut le communiqué de Pascale Le Néouannic, secrétaire du parti de gauche pour la bataille laïque : « Le Parti de Gauche rappelle que la laïcité n'est pas une doctrine, mais un principe politique qui assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de religion et qui parce qu’elle ne reconnaît aucun culte respecte toutes les croyances »

Le 21 avril, la procession des sondeurs et des médias a ressorti en grande pompe l'épouvantail du Front 12National. Une apothéose après des semaines de pilonnage déjà bien intenses. Mais la date du 21 avril, et le souvenir maudit, fournissent le frisson qui fait vendre. Les sondages de l’anniversaire fournissent donc de l’éditorial et du commentaire sans avoir à sortir de son bureau ni rencontrer qui que ce soit. Du coup, ici et là des petites assemblées de pétitionnaires en profitent pour faire la voiture balai en faveur d’un candidat unique socialiste. D’émouvantes pétitions et des appels poignants, cousus de fil blanc Strauss kahnien nous ont mis au pied du mur des fédérés. Mais restons zen. Ce nouvel épisode de la tentative de mise au pas de tout le paysage politique finira par épuiser sa force hypnotique. Les mouches changeront d’âne, c’est la règle de la société du spectacle. On voit bien combien tout cela tient de la mode saisonnière. Ainsi, quand une batterie de sondages Harris Interactive et Ipsos jouent d’abord les oies du Capitole: « Marine Le Pen au second tour dans tous les cas ». Avant de prédire, selon l'institut CSA, une semaine plus tard, une fois l'actualité du 21 avril passée, que Sarkozy serait au second tour dans tous les cas mais pas Marine Le Pen ! On peut aussi s’en amuser.

Fêtons donc l’anniversaire d’un sondage spectaculaire,
réalisé à la même date, il y a cinq ans, le 24 avril 2006, juste avant la précédente élection présidentielle. « Le Parisien » publiait déjà en effet un « sondage qui dérange » mitonné par l’actuel directeur d’Harris Interactive. Il annonçait Ségolène Royal en  tête du premier tour avec un magnifique 31 % des voix, score record pour un candidat socialiste. Bien sur elle devait l’emporter par 53% des voix au second tour ! La rubricarde du « Parisien » (journaliste qui tient la rubrique), Nathalie Segaunes, ne cessait de parsemer ses éloges20 intéressés de piques contre les récalcitrants du PS : « il faudra qu’ils expliquent pourquoi ils ne veulent pas de la seule candidate qui peut battre la droite ». Les faits furent assez radicalement différents. Ségolène Royal fera 26 % au premier tour et 47 au second ! Dans ce même sondage extra lucide, Le Pen était crédité de 14 %. Il fera en réalité 10 %. Et Bayrou devait faire 5 % ! Il obtint 18,5 % et failli faire basculer toute la carte politique. Bon anniversaire les voyants, les chiromanciens et les lecteurs de boules de cristal !

Gare ! Il y a quand même les « vrais arguments » ! 
Et notamment celui qui tue sur place les plus robustes objecteurs au pavlovien vote utile. Exemple foudroyant : la multiplication des candidats de gauche fait le lit de Le Pen au deuxième tour. Ah ! Toc ! Cloué le bec du bavard qui ne veut pas sauter dans le cerceau enflammé ! Pour ne pas reproduire le 21 avril, il faut donc limiter le nombre de candidats. C’est la condition de base. Voyons cela de plus près. Y-a-t-il un lien entre le nombre de candidats et le score du candidat de gauche le mieux placé ? Là encore c'est à la réalité des précédentes élections qu'il faut se référer. Le 21 avril 2002, il y avait 8 candidats de gauche. Jospin a péniblement dépassé les 16 %. Mais en 2007, il y en avait 7 et Royal a fait près de 26 %. Et en 1995, Jospin réalisait le plus faible score d’un socialiste au premier tour depuis 1974. Combien y avait-il de candidat à gauche ? Quatre seulement !! Les faits montrent qu’il n'y a donc pas de rapport entre le nombre de candidats et le score du candidat de gauche qui arrive en tête.

Mais, quoi ! Vous niez la percée de Marine Le Pen ?
N’est-elle pas annoncée autour de 20 % des voix ? Oui, nous avons vu cela. Comparons. Voyons le passé. On peut y faire un constat simple. Ce n'est pas depuis Marine Le Pen que l'extrême droite est à 20 %. Cela fait en réalité une quinzaine d'années que c’est le cas ! A la présidentielle de 1995, 17l'addition des scores de Le Pen et de De Villiers au 1er tour donnait 19,74 %. A celle de 2002, l'addition des scores de Le Pen et Mégret donnait 19,2 %. La même élection voyait aussi Chasse-Pêche-Nature et tradition (CPNT) à 4,23 % et Christine Boutin à 1,19%.  Les intentions de vote attribuées à Marine Le Pen ne constituent donc en rien une « percée historique ». Mais ce qui est vrai c’est que c’est la première fois qu’elle représente seule cette famille politique. L’extrême droite est unifiée en France. La force va donc à la force. Et les commentaires aveuglés suivent le mouvement en boursouflant sa réalité.

Exemple : Alerte ! La classe ouvrière serait passée à l’extrême droite ! C’est le bobard méprisant des belles personnes. Le week-end qui a suivi l’anniversaire du 21 avril, IFOP et le JDD nous ont servi du "Marine Le Pen en tête du vote ouvrier !" Caramba ! 36 % pour DSK, 15 % pour Sarkozy. Et pour moi ? 2% ! C’est pas marrant ça ? Et pour Olivier Besancenot ? 1%. Le sel de l’histoire c’est juste ça : les prolétaires sont des nazes mais pas au point d’aimer ceux qui les défendent. Les confrères ont répété. Broderie locale assurée dans chaque bonne feuille. Le FN le parti des ouvriers ? Comment ont-ils trouvé ça ? « Le Canard Enchainé » du 27 avril nous en apprend de belles à ce sujet. Le journal du dimanche qui publie ces chiffres consacre pas moins de quatre pages (dont la une) à l’enquête. Et ajoute « Le Pen champion du vote ouvrier (…) c’est ce qui ressort de notre reportage à l’usine Renault de Sandouville ». Lecture faite sur dix prolos interrogés par le JDD, deux se prononcent pour le Front National. Le reportage fait donc (très scientifiquement) tomber la statistique à 20 %… Puis Le Canard met en garde : « La population d’ouvriers – issue de l’échantillon représentatif de 911 sondés réunis par l’Ifop est inférieure à 150 personnes. Ce qui affecte les résultats d’une marge d’incertitude de 7 ou 8 points. » On pourrait aussi rajouter que les chiffres bruts n’étant pas connus il est impossible de savoir combien de personnes ont réellement répondu ni comment l’échantillon a été « redressé ». C’est un publi-sondage en quelque sorte. Tout pour la gloire du FN. Par n’importe quel moyen. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

Quand cette tambouille est servie à propos du vote ouvrier attribué au FN, les cuisiniers oublient toujours de mentionner qu'ils ne parlent que des ouvriers qui votent. Mais 70 % des ouvriers ne votent plus dans la plupart des02 scrutins. Si l'on ramène le score du FN à l'ensemble des ouvriers inscrits et pas seulement à ceux qui votent, on n'est pas à 30 % mais à 10 % voire moins. La démonstration est particulièrement claire quand on regarde les résultats des élections régionales de 2010. 69 % des ouvriers s'y sont abstenus. Parmi ceux qui ont voté, 22 % ont choisi le FN. Cela représente donc en fait que 6 % des ouvriers inscrits sur les listes électorales qui ont voté FN. Vous avez bien lu : 6 % pas 36 % ! C'est la réalité du vote effectif qui le dit ! Mais on peut bien sûr préférer la boule de cristal !

Comment comprendre ce qui se passe alors ? Dans ce qui est dit, tout serait montage ? Non, bien sur. La campagne des pavloviens ne tiendrait pas une heure si elle ne rencontrait pas un terrain favorable. Elle peut du coup l’amplifier à l’extrême, faute de résistance. Le tableau mis en scène a sa cohérence. Mais il ne faut pas se tromper de sens de lecture. La dynamique de l’extrême droite se vérifie certes dans le fait que ses adeptes sont aujourd’hui décomplexés et unis. Cette confiance en soi et cette ostentation se nourrissent de l’anémie du corps politique environnant. D’abord à cause de notre faiblesse à nous, l’autre gauche, toujours clouée au sol par notre division. Les sondages, puisque c’est à eux que se réfère l’imaginaire collectif, nous situent tout le temps entre dix et quinze pour cent des « intentions de vote » au total en additionnant Front de Gauche, NPA et LO. Mais nous sommes en miettes, à la limite chacun de la ligne de flottaison des cinq pour cent. Nous sommes donc incapables de ramener à gauche le centre de gravité du discours politique. Et ce n’est pas le PS qui le fait, Et pour cause. Il est frappant de voir à quel point il ne capte rien de la radicalité du moment. Son discours l’en coupe totalement. L’ancrage au centre droit du PS, résumé par le duel Hollande – Strauss-Kahn, va amplifier la pente. Dès lors, tout le champ politique est déséquilibré vers la droite, dans un océan d’abstention. Et à droite, la crise de l’UMP alimente directement les rangs de l’extrême droite. Voilà la dynamique globale du moment politique que nous vivons. La décrire c’est trouver le remède.

La grosse combine cousue de fil blanc du candidat unique
socialiste ne peut pas nous tirer d’affaire. Si ce n’est 04ni le nombre de candidat à gauche, ni la percée de le Pen la cause première de notre situation, laquelle est-ce ? Evidemment le programme. La force ira à ce qui est capable de changer la vie pourrie que mène une majorité de français ! La peur du grand chambardement d’extrême droite ne fonctionnera pas. C’est tout le contraire. A force de lui attribuer tout ce qui est attendu par le peuple, comme la revanche contre les riches, le démondialisation, la laïcité et la représentation des milieux ouvriers, toutes choses fausses, les apprentis sorciers vont faire un malheur ! Ils vont fabriquer le vote kamikaze. Le vote qui veut faire sauter le système sans autre but. Mais pourquoi les élites branchouillardes jouent-elles ce jeu ? Parce qu’elles sont prisonnières de leur faiblesse et d’une illusion. Leur faiblesse c’est leur incapacité à faire vivre le moindre débat de fond puisqu’elles n’ont rien d’autre à proposer que « la seule politique possible ». Elles ne peuvent rien promettre, rien faire avancer. Elles doivent donc en rester à l’émotionnel, le people et ainsi de suite, faute de mieux. Leur illusion est de croire qu’en diabolisant les thèmes et les catégories qui leur font peur, la crainte de la stigmatisation ramènera le troupeau derrière ses bergers coutumiers. Belle erreur. Le gout du diable s’augmente de son odeur de souffre.

Ce qui se passe en Tunisie et au Maghreb est pour nous une affaire de famille.
Je l'ai déjà dit, il faut sans cesse le rappeler. La Tunisie est engagée depuis décembre dans une révolution citoyenne. C’est une bonne chose ou pas ? Cette révolution mobilise tout le courage et la solidarité de son peuple. Pour beaucoup de Français, ce sont des parents, des enfants, des frères et sœurs, des amis. Et, là-bas, malgré le chômage terrible et la chute des recettes touristiques, les Tunisiens font face. Et ils nous montrent l'exemple dans leur ouverture et leur générosité envers les milliers de réfugiés venus de Libye qui franchissent chaque semaine leurs frontières. Alors que ces réfugiés arrivent dans les régions du sud et du centre tunisiens déjà les plus pauvres, aucun tunisien n’a encore proposé de les renvoyer chez eux dans la détresse. A05 Paris par contre, c'est une ministre, Nadine Morano qui déclare sur Europe 1 : "bien sûr qu'il faut les renvoyer chez eux". Et début mars, c'était une député UMP, Chantal Brunel, qui disait à propos des "populations qui viendraient de Méditerranée" :"après tout, remettons les dans des bateaux !". En Tunisie, où l'afflux de réfugiés est autrement plus important avec 70 000 entrées selon le gouvernement tunisien, personne n'a imaginé fermer les frontières. Des chaines civiles de ravitaillement s'organisent. Des familles tunisiennes accueillent chez elles des réfugiés libyens ou des travailleurs tunisiens et égyptiens rapatriés.

Au même moment Sarkozy et Berlusconi affolent la France et l'Italie avec l'arrivée de 20 000 migrants tunisiens ! Le ministre de l'intérieur italien a cru intelligent de comparer ces arrivées en Italie au flot de migrants qui a suivi la chute du mur de Berlin. Le mensonge de cette comparaison est grossier ! Suite à la chute du mur, c'est un afflux de 2 millions de personnes qu'a connu l'Allemagne depuis différents pays de l'Est. Rien de comparable donc avec 20 000 Tunisiens. L'attitude de Sarkozy est encore plus lamentable. Car en France, c'est de 5 000 nouveaux arrivants tunisiens dont il est question. Et pas de 25 000 comme l'a prétendu Nadine Morano à la radio. 5 000 courageux qui ont survécu aux embarcations de fortune jusqu'à Lampedusa, puis ont passé des jours à remonter l'Italie vers la France. Ils n'y viennent pas parce qu'ils auraient calculé que le système social y est bon comme le prétend la théorie fumeuse des "pompes aspirantes" de Madame Le Pen. Ils viennent en France parce qu'ils parlent français et ont souvent de la famille ici.

Rapporté aux 120 000 migrants qui entrent chaque année en France depuis des pays extérieurs à l'Union européenne, cela ne représente que 4 % de nouveaux arrivants. 20 000 personnes à répartir entre les 27 Etats de l’union 21cela fait une moyenne de 1000 personnes par pays ! Sarkozy y a répondu en bloquant les trains. Et comme toujours pour la droite, ce n'est pas l'efficacité réelle de la mesure qui compte mais son impact médiatique et idéologique. Car le blocage des trains ne sert à rien. Qui tient les routes ? Et la montagne ? Tout cela est une gesticulation sans issue. Pas plus que les rafles organisées par Claude Guéant en plein Paris. Tout cela ne fait que couvrir de honte ce gouvernement et nous perdre de réputation dans le Maghreb. Mercredi soir le ministère de l'intérieur a attendu qu'une centaine de Tunisiens se soient regroupés dans le nord de Paris pour une distribution de nourriture de la Croix rouge pour venir les embarquer. La honte ! Où sont passés les curés, les rabbins, imams et autres professionnels de la compassion qui nous saoulent à longueur d’années avec leurs saintes obsessions et leurs impératifs moraux ? Toujours présents pour faire valoir le droit de ne pas manger ceci ou cela, de dire ceci ou cela, d’habiller les femmes comme ci ou comme ça. Mais pour ce qui est de la solidarité humaine, tous ces faiseurs d’histoire ne sont pas au rendez vous de leurs grands principes. Heureusement qu’il y a Delanoë à Paris pour protester. Santo subito ! La bande de curés de tous poils qu’il gave de bienfaits à longueur d’année ne l’aura pas beaucoup aidé.

Si l'on veut vraiment aider les Tunisiens, il y a autre chose à faire. Autre chose que d'aller comme Alain Juppé à Tunis pour "offrir" 350 millions d'euros de prêts. Un cadeau empoisonné. Car ce n'est pas de nouvelles dettes dont a besoin la Tunisie. Mais d'une aide effective. Nous pouvons le faire, sous forme de dons et d'annulation de la dette. En effet, les16 montants de dette que la Tunisie doit rembourser en 2011, 577 millions d'euros, dépassent largement les nouveaux prêts promis par la France. Aujourd'hui, pour la Tunisie rembourser ce demi-milliard d'euros c'est se priver de dépenses vitales pour nourrir, soigner, héberger et organiser les premières élections libres du pays. Les premiers créanciers de la Tunisie sont la Banque Européenne d'Investissement qui dépend de notre chère « Europe qui protège » et la France. Annuler tout ça ne coute… rien. En effet, compte tenu des intérêts versés sur cette dette, de 1970 à 2009, la Tunisie a déjà remboursé à ses créanciers 2,47 milliards d'euros de plus que le capital prêté !

Donc plutôt que de grossir encore le poids de la dette tunisienne, 20 milliards d'euros, 37 % du PIB, la France et l'UE feraient mieux d'aider la Tunisie à échelonner les remboursements de sa dette existante pour lui donner des marges de manœuvre. Et d'établir un audit de la dette odieuse souscrite sous Ben Ali, pour l'annuler.

Mardi prochain je vais soutenir Xavier Mathieu qui va être jugé au tribunal de Compiègne. Cette fois-ci il est mis en examen pour avoir refusé de se soumettre à une prise d'empreinte ADN, après sa condamnation pour sa prétendue participation au "saccage" de la préfecture de l'Oise avec 200 autres salariés le 21 avril 2009. Un tel refus est considéré par la loi Sarkozy comme un délit en tant que tel. Il encourt jusqu'à un an de prison et 15 000 euros d'amende. La situation particulière de Xavier Mathieu met en lumière l'utilisation abusive des fichages ADN en France, depuis Sarkozy. Mais cet acharnement sur le leader des Conti, plus de deux ans après l'incident, illustre également la criminalisation croissante des délégués syndicaux par la droite. Symbole des têtes dures, de la résistance à la violence des licenciements boursiers, Xavier Mathieu doit être mis à genoux, pour servir d'exemple.

Le fléau du fichage génétique envahit la France
depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. Au départ, la collecte d'empreintes ADN a été autorisée en 1998 uniquement pour les criminels sexuels puis, en 2001, pour les 06crimes les plus graves. En 2002, seules 2 100 personnes étaient répertoriées dans le fichier des empreintes. Mais à partir de l'arrivée de Sarkozy au ministère de l'Intérieur, l'avalanche de lois sécuritaires a étendu massivement la collecte de ces empreintes ADN.

Ce fichage absurde a été d'abord étendu à toutes les personnes condamnées au pénal. Cela inclut les syndicalistes pour des faits qui leurs seraient reprochés dans leur action. Ensuite ont été requises les personnes simplement mises en cause. Aujourd'hui, plus de 1,5 millions de personnes, soit 2,5 % de la population du pays sont fichées génétiquement. Cette collecte des empreintes se fait à tour de bras. Le fichier augmente de 1000 personnes en moyenne par jour. On comprend le but. Tout est en place pour aboutir à un fichage génétique de l'ensemble de la population. Et cela dès la naissance, comme le défend une partie de l'UMP, dont Estrosi. Le fichage génétique, qui devrait être l'exception réservée à "certains crimes et délits graves" selon le Conseil constitutionnel, est donc en train de se généraliser sans que ni le Parlement ni le peuple n'en aient été saisis.

Faisant d'une pierre deux coups,
la prise d'empreinte quasi systématique permet aussi de criminaliser l'action syndicale. Malgré le dépôt d'une proposition de loi des députés PCF et du Parti de Gauche en septembre 2010, à l'initiative du député Pierre Gosnat, visant à interdire le fichage génétique des militants syndicaux, le gouvernement n'a pas bougé. Pourtant, la délinquance financière en col blanc, les délinquants routiers et les faucheurs volontaires d'OGM ont été exclus de la loi prévoyant le fichage des personnes condamnées au pénal. C'est que le but est de faire peur, de museler l'action syndicale. Puisque le délit de refus de test ADN est puni d'un an de prison et 15 000 euros d'amende, le fichage génétique devient un moyen de répression politique et syndicale. Pour protester contre cette assimilation des syndicalistes aux criminels de toute sorte, Xavier Mathieu et plusieurs autres en France ont refusé de se soumettre à la prise d'empreintes génétiques. Ce refus est l'objet de la mise en examen du syndicaliste de chez Conti.

Avant lui, Philippe Galano, un responsable de la CGT des autoroutes dans les Pyrénées Orientales, a été poursuivi pour le même délit : avoir refusé de se soumettre à un test ADN. Condamné en 2009 pour séquestration lors de01 l'occupation des locaux des Autoroutes du Sud de la France en 2003, pour protester contre le licenciement abusif de quatre délégués syndicaux, Philippe Galano ne s'est pas soumis au prélèvement ADN. Jugé le 17 mars dernier pour ce délit, il a été condamné à une amende de 150 euros avec sursis. Cette somme est bien le signe que l'objectif premier du gouvernement est d'intimider et de stigmatiser .

L'assimilation des syndicalistes à des criminels est un plan d’action global pour ce gouvernement depuis le premier jour de son arrivée aux affaires. On se souvient des premières lois dans l’été 2007 sur le service minimum dans le secteur des transports et les premières provocations. Elles n’ont pas cessé depuis. En témoigne l'envoi de commandos du GIPN contre les marins grévistes CGT de la SNCM le 10 mars dernier. Les marins étaient en grève depuis 5 semaines pour protester contre le démantèlement de leur entreprise, la SNCM. Ils dénonçaient notamment la menace que cela fait peser sur la continuité territoriale du service public de transport maritime entre la Corse et le continent. Pour ne pas laisser isoler leur grève, ils avaient engagé un blocage partiel des accès à certains bassins du port de Marseille. Le Préfet a fait alors un choix d’intervention sans précédent. Il a décidé de recourir au Groupement d'Intervention de la Police Nationale (GIPN) pour déloger les marins ! Totalement disproportionné. Equipés de pistolets mitrailleurs et de fusils d'assaut, les policiers du GIPN sont chargés d'intervenir dans des situations particulièrement dangereuses face à une menace armée : terrorisme et grand banditisme, prises d'otages ou forcenés retranchés. Tout cela est sans aucun rapport avec l'action de syndicalistes en lutte qui n'étaient ni armés ni dangereux. Ils ont pourtant été délogés et 14 d'entre eux ont été arrêtés et menottés par des commandos marins du GIPN, appuyés par un gros dispositif de CRS et de gendarmes. Voilà comment d’épisodes en épisodes est installée l'idée que la lutte sociale n'est pas légitime et que ses protagonistes sont des délinquants. C’est le vieux groin de droite qui est de retour sans masque.

Voici une annonce :  « D.S.K. c’est  exquis ! » Une poignée d’extrémistes poursuit le surement futur président devant  le Tribunal des condamnés d’avance.  Venez défendre la gauche de droite ! Au théâtre Dejazet,  lundi 2 mai  et lundi 16 mai 2011, à 20 heures, au 41 Boulevard du Temple, Paris 3ème, Métro République. Participation aux frais : 13 Euros. « Remise de 50% sur présentation de la carte d’adhérent au Parti Socialiste. » annonce le programme.

10Après Messieurs Jacques Chirac (mai 2003), Nicolas Sarkozy (mai 2005), Bernard-Henri Lévy (juin 2006), et Bernard Kouchner (décembre 2008), c’est au tour de Monsieur Dominique Strauss Kahn (D.S.K.) d’avoir l’honneur de comparaître devant le T.D.C.A.  Mais de quoi notre exquis futur président peut-il bien être accusé ? C’est ce que vous apprendrez au Théâtre Dejazet, lors des audiences publiques des 2 et 16 mai prochain, à l’appel des AMG (Auditeurs Modestes et Géniaux) de « Là-bas si j’y suis », des amis de Fakir, de l’AL (association Lancry) et du CVMV (Cercle vélocipédiste marxiste de Vincennes), etc…

Les protagonistes. Président du Tribunal : Daniel Mermet. Procureur: Gérard Mordillat. Procureur stagiaire : François Ruffin. Défense : Maître Christophe Clerc. Témoins, experts, incompétence et mauvaise foi : Frédéric Lordon (DSK face au Traité européen de 2005), Pierre Carles et Philippe Cohen (DSK, le candidat des médias), Jacques Sapir (le FMI de DSK), Bertrand Rothé (Le Cercle de l’industrie), Odile Conseil (DSK et les femmes), Anaëlle Verzaux (le modeste mode de vie de DSK), Gérard Filoche (DSK et les retraites), Frédéric Pagès (DSK, portrait).  Pour leur sécurité, les témoins de la défense ont souhaité conserver leur anonymat jusqu’à l’audience.


151 commentaires à “Bigoterie d’Etat et épouvantails de circonstances”
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  1. vieille dame dit :

    Bonjour,
    Je viens d'entendre votre débat sur la laïcité avec Finkelcraut.
    Dommage, vous lui avez servi de support pour répéter que la religion arabe est un problème... et ce sur tous les tons.
    Concernant la laïcité, vous auriez peut-être intérêt à bien distinguer ce que "vous" vous pensez des religions, et ce qu'on est en droit d'attendre d'un Président et de sa 6e République. Il me semble qu'au nom de la culture, l'Etat français entretient gratuitement un nombre d'églises catholiques suffisamment considérable pour qu'une compensation ne soit pas offerte aux autres religions (en proportion de leurs "membres actifs" peut-être ?).
    J'ai appris à trouver belles les églises depuis ma plus tendre enfance (au nom de la culture) - mais je dois avouer qu'à vivre au pied d'une cathédrale carrément fortifiée, sombre et lugubre, et portant le nom d'un saint pas très sympathique (St Fulcran !) je me demande si... elle est si belle que ça. Et le curé en veut énormément à la municipalité nouvellement de "gauche" qui ne veut plus payer le chauffage, ce qui fait rigoler même les cathos traditionnels (qui se raréfient, et ne viennent à la messe que le vendredi soir, pour ne pas se gâcher le weekend).
    Dommage que vous n'ayez pas mis plus en avant le fait que des tas de religions se manifestent dans les rues depuis longtemps sans que personne s'en offusque, et qu'une petite rue bloquée de temps en temps en attendant une solution de mosquée, ça n'est peut-être pas si grave.
    Souligner aussi que les religions se nourrissent de martyrs, et que ce n'est peut-être pas la peine d'en rajouter (aussi interdire le voile intégral, c'est idiot. Voir d'ailleurs le malaise des policiers à appliquer ce décret ! et voir aussi les applications plus embêtantes, manif etc.)
    Vous avez, je crois, confondu la messe et le prêche (différence qui existe dans beaucoup de religions). Je pense que le prêche dans la langue locale s'impose, non ? mais est-ce...


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