18juil 11

l’Euro, Aubry, la crise, festival d’Avignon, révolution citoyenne

D’Avignon vers la crise

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J’étais en Avignon pour le festival. Et pendant que j’y étais, je fis un aller retour sur Vaulx en Velin, pour une rencontre dans un quartier populaire. J’ai fait des lignes en remontant vers Paris dans un TGV bien bondé. Puis je me suis mis au travail sur la crise financière qui frappe des deux côtés de l’Atlantique. J’ai tellement écrit sur ce sujet déjà ! Pour autant la convocation du sommet européen me met les nerfs en capilotade. Voir cette équipe de libéraux aveuglés, à la manœuvre me fend le cœur. Quand vont-ils se décider à punir la spéculation plutôt que les peuples ! Ces rabougris vont tout détruire.

Moment si rageant. Depuis des mois, et même des années, je fais sur ce blog, parfois en abusant sérieusement sur les longueurs, le point sur les deux crises majeures que je voyais venir comme tant d’autres dans la mouvance de l’alter mondialisme. La crise du dollar, qui est la mère de toutes les crises, et celle de la folie du dogmatisme libéral de l’Europe. Pour l’une comme pour l’autre j’écrivais ici que la question n’était pas de savoir « si » elles éclateraient mais « quand » ce serait le cas. Voici venu le moment où non seulement elles se dessinent à l’horizon proche mais où elles sont conjointes. J’enrage que nous ne soyons pas aux postes de commande pour diriger la manœuvre. Car dans cette circonstance si lourde de dangers inouïs, c’est l’action humaine la clef de tout, la volonté et l’audace. Les dirigeants en place sont totalement envoutés par les deux  décennies d’orgie libérale qui viennent de s’écouler.

Ils n’ont aucune imagination en dehors des clous, ils sont résignés, ils tournent en rond à moins qu’ils ne radotent politiquement. Je ne sais pas si notre société dispose déjà des anticorps qui lui permettront de tenir tête. Pour être franc j’en doute. Je vois beaucoup de résignation apeurée autour de nous même s’il y a aussi partout bien du courage flamboyant. Je redoute l’effet dépressif que provoquent le comportement et les discours des socialistes. Leur façon de valider la légitimité de la dette, leur discours de père et mère la rigueur, tout cela conforte la résignation. Le parti de l’ordre, celui de Nicolas Sarkozy, s’en nourrit sans effort. En désespérant tout le monde sous prétexte de réalisme, les socialistes préparent une élection présidentielle à fort taux d’abstention populaire. 

Voici donc un nouveau sommet de l’union européenne pour « sauver la Grèce », « sauver l’euro », c’est selon. Si un citoyen lambda se risque à essayer de comprendre ce qui se passe, je lui souhaite bien du plaisir. Car les explications données actuellement sont toutes soigneusement passées par un filtre. Le voici. Il faut éviter de devoir dire  qui a pris les décisions absurdes qui ont conduit à cette situation absurde, pourquoi ils l’ont fait, et pourquoi les mêmes continuent d’avoir une ligne d’action aussi absurde. Secondairement les informations données se gardent bien aussi de dire que depuis le début une autre solution a été proposée. Les lecteurs réguliers de ce blog savent qu’elle a été ici décrite sous tous ses aspects.

Si la banque centrale européenne avait prêté directement à l’état grec au taux auquel elle a prêté aux banques privées qui prêtaient à la Grèce, la spéculation aurait été immédiatement étouffée. Au point ou nous voici rendus, la Banque centrale européenne rachète des titres de la dette grecque aux banques qui les ont souscrits à des taux prohibitif. Quelle gestion stupide de la situation ! N’empêche ! On pouvait encore jouer cette partie, et peut-être même absorber la dette portugaise de la même manière. Mais depuis quelques heures c’est l’Italie qui est attaquée. L’Espagne est en attente. Le tour de la France viendra. Les symptômes d’une crise d’effondrement de la zone euro se précisent.

Ce qui a créé cet effet d’entrainement c’est le sentiment d’impunité du système spéculatif. Personne n’a résisté. Le premier coupable est Georges Papandréou qui a cédé sans combattre et a ainsi  validé la légitimité de l’agression dont son pays a fait l’objet. A cause de lui, de plus, les eurocrates se sont senti mains libres pour maintenir leurs dogmes les plus brutaux, pensant faire de la Grèce un exemple pour tous les peuples rebelles à leur médecine. A cause de lui, les spéculateurs se sont dit qu’ils pourraient décidément se gaver en Europe ! Le second coupable est DSK du FMI qui a validé toute la démarche punitive de l’Union Européenne et mis en place les remèdes qui ont conduit la Grèce à une récession sans précédent dans l’histoire européenne, finissant de vider les caisses et d’asphyxier le pays. Le troisième coupable c’est l’ensemble des partis et personnalités qui ont aveuglément défendu l’orthodoxie monétariste de l’union européenne, voté toutes les directives qui durcissaient cette orthodoxie et cela encore à la dernière session du parlement européen, et encore dans le rapport voté par le PS, la droite et les verts.

Personne parmi les partis dominants l’Europe et le parlement n’a résisté aux spéculateurs! C’est aux peuples qu’on s’en est pris. Et cela a été entendu comme un signal d’encouragement par la spéculation. C’est cela l’aliment essentiel de la propagation de la crise ! Aucun des importants qui nous montrent à présent leurs faces navrées et contrites, aucun, n’a résisté ! Au contraire, tous les commentaires officiels d’hier et pour une bonne part encore ceux d’aujourd’hui consiste à répéter que la faute est aux Etats « trop dépensiers ». Jamais les spéculateurs n’ont été mis en cause. Dorénavant la situation est telle que l’opération « rachat général » de la dette par la Banque centrale européenne n’est peut-être plus jouable sans casse, comme cela aurait été le cas auparavant. Pour avoir tout laissé trainer en s’arc boutant sur le dogme des libéraux qui obligent les Etats à se financer auprès du système financier, les aveuglés qui gouvernent l’Europe vont réellement faire tomber le système. Car à partir d’un certain point la panique est contagieuse et on ne peut plus rien lui opposer. 

Le plus atterrant de ce moment c’est bien cet incroyable double langage que l’on constate de tous côtés de la part de gens qui condamnent à présent ce qu’ils ont eux-mêmes mis en place. Ainsi à propos des agences de notation. Que d’indignés dorénavant ! Ou étaient-ils il y a quelques mois ? En décembre dernier, le Parlement européen donnait son aval à la libre circulation des agences de notation en Europe, comme il l’avait fait quelques jours plus tôt pour les hedge funds. Sachez donc que désormais ces officines peuvent exercer leur action sans entrave sur tout le territoire européen. Il leur suffira pour cela de s’enregistrer auprès de l’AEMF, l’Autorité Européenne des Marchés Financiers, agence aux mains de la Commission européenne dont le rôle premier est de protéger la libre concurrence et les investisseurs. Le but affiché du nouveau mécanisme est de permettre une concurrence accrue entre les agences de notation. Elles qui notaient sur commande pourront désormais s’autosaisir et noter qui bon leur semble. Elles peuvent même contredire les notations des autres agences à leur guise. Elles ont obtenu le droit de pouvoir exiger toute information pertinente à cette fin ! Ce sont donc elles qui vont assurer la surveillance des notations en commun avec l’entité européenne qui les protège. Tout cela a été décidé et voté par ceux là même qui à présent poussent de grands cris !

Quand j’en ai traité sur ce blog, où avez-vous lu ailleurs quelque chose de similaire ? Nulle part ! Je ne le dis pas pour me rengorger mais pour souligner une nouvelle fois ce que vaut le système informatif des médias français sur le thème européen. Ainsi quand un journaliste couteux, pourtant oublié sur place par son journal depuis onze ans, comme Jean Quatremer de « Libération », ne souffle mot de tout cela mais prétend surveiller les mœurs des élus ! Si tout cela est possible, c’est en raison de la faute originelle qui marque tous les protagonistes. Depuis le viol du « non » au référendum, les partis du « oui » et leurs affiliés sont en quelque sorte tenus à la cécité. Tous se couvrent dans une amnésie volontaire commune. Ne rien remettre en cause qui revienne sur le contenu du traité réputé bon et mieux que bon. C’est la loi de l’omerta. Elle ne se dément jamais, et même à présent, en pleine crise. Tous ceux qui s’expriment font comme si cette question du traité qui organise et rend possible l’aveuglement fanatique des libéraux ne comptait pour rien dans la situation.

J’ai lu avec attention la tribune publiée par Martine Aubry dans le journal « Libération » sur la crise européenne. Bien sûr, les bras m’en tombent de lire des diagnostics que nous avons été si seuls à porter pendant si longtemps. Et spécialement de voir demander une révision du statut de la BCE. Bien sûr je sais lire entre les lignes et repérer les effets de balanciers entre les phrases où l’une annule l’autre. Et je sais repérer les ambigüités salvatrices. Ainsi, je doute fort que les socialistes allemands mettent le même contenu à la réforme des statuts de la BCE que celui imaginé par leurs homologues français. Comme Aubry n’en dit rien, on comprend que la proposition soit au niveau des « paroles verbales ». C’est pourquoi son propos en reste au niveau de généralité où il se trouve. D’ailleurs le texte est un plaidoyer pour la solidarité avec les grecs et ne contient pas un mot de condamnation de la spéculation. Il légitime la dette grecque en attribuant la responsabilité de son creusement au gouvernement de droite. Et surtout il ne sort pas de l’épure de la gestion néo libérale de l’Europe.

Le signe de cette marque de fabrique social-libérale n’est pas seulement dans le texte sur la Grèce. Il est surtout dans sa déclaration de surenchère, derrière Hollande, à propos de la réduction des déficits ! Je parle ici de cet engagement incroyable de réduire de moitié le déficit public français en un an à partir de la victoire de la gauche en 2012, pour parvenir à 3 % dès 2013 ! Une méga cure d’austérité en arrivant au pouvoir, voilà donc le programme socialiste ! Le sel, si l’on peut dire, de cette surenchère c’est que le projet socialiste qu’invoque sans cesse Martine Aubry prévoyait le même exploit en l’étalant cependant sur deux ans.

Pour mémoire et pour se faire une idée, je reproduis le résumé que Martine Aubry donne de son plan d’action dans cette tribune. Il résume je crois assez bien le niveau d’ambigüité et d’allégeance de son texte. « Je propose une stratégie de sortie de crise qui repose sur quatre principes simples. Le premier, c'est la solidarité : l'Europe doit stopper les attaques spéculatives contre la Grèce en assurant le refinancement durable de sa dette à des taux d'intérêts plus bas que ceux aujourd'hui consentis. Deuxième principe, c'est la responsabilité : les finances publiques doivent être assainies, les déficits et la dette réduits, c'est un devoir vis-à-vis des générations futures. Troisième principe, c'est la justice dans la répartition des efforts demandés. Le quatrième principe, c'est l'efficacité, et l'efficacité c'est trouver un chemin qui concilie croissance et réduction des déficits. » Je crois que le pompon c’est ce quatrième principe qui s’apparente à la poudre de Perlinpinpin. Que peut-il bien vouloir dire de concret ? 

J’ai eu le nez creux,  en ouvrant mon blog « Europe » en plein mois de juillet, alors même que nous sommes tous épuisés par une année comme celle que nous venons de vivre. Merci à ceux qui se sont dévoués pour rendre cela possible. L’objectif était de rendre accessible la masse du travail que j’ai accompli au parlement européen avec mon équipe. Non pas pour démentir les ragots de deux ou trois fielleux bavards contre mon action de député mais pour rendre plus facilement et clairement utilisable la masse des fiches et des argumentaires que nous avons mis au point au fil des séances. Tout cela était rangé dans un coin du blog classé par date ce qui est d’un faible degré de confort d’utilisation. J’ai maintenu le classement chronologique mais j’y ai adjoint un classement par type de document et un système d’entrées par thème. Progressivement tous les documents inscrits dans la chronologie seront aussi répartis par thème. D’ici là le moteur de recherche permet de balayer la totalité des documents disponibles.

Un autre aspect comptait pour moi. Je voulais aussi rendre compte de mes analyses passées sur la question européenne en les détachant des autres sujets traités dans mes notes de blog. Le travail de retour en arrière est fait sur un an. Progressivement il sera étendu jusqu'à ma première publication sur ce sujet. De cette façon, vous pourrez retrouver et utiliser directement les arguments dont vous avez besoin pour argumenter et parfois tout simplement pour comprendre. De mon côté cela me facilite les renvois pour argumenter par lien hypertexte, au fur et à mesure.

En rentrant d’Avignon, pour mon malheur j’ai acheté la presse nationale du jour. J’y ai retrouvé l’ambiance malsaine des manipulations ordinaires qui est la règle du jeu de cette arène. Pas un mot sur notre réunion du Front de Gauche de la culture qui a pourtant rassemblé plus de quatre cent personnes. Les deux cent personnes réunies par le PS avaient l’avantage d’inclure toute la bonne société et ses miroirs médiatiques ordinaire. « Le Monde » notamment qui a donc accordé une monopolisation totale de son espace disponible pour les candidats aux primaires socialistes. Ceux-ci sont venus promettre la cantine gratuite à ceux qu’ils regardent comme des bataillons de clients d’aujourd’hui et de demain. Car d’après ce que je lis, pour eux la question de la politique culturelle ce ne serait qu’une affaire de moyens publics. Aubry en promet, Valls en refuse, Hollande mégote. Le discours politique serait entièrement contenu par la glose para syndicale. Je suis stupéfait. J’ai vécu dans une agora, je lis des comptes rendus de comices agricoles. J’étais donc déjà bien malengroin quand je mis à lire les pages consacrées à « la crise de la dette », ce qui n’arrangea rien à mon humeur.

Du festival d’Avignon je n’en ai presque rien vu. Juste deux pièces l’une « in » l’autre « off ». Mon emploi du temps, plein comme un œuf, me conduisait d’une réunion à un forum. Et, entre les deux, des dizaines de rencontres impromptues au hasard des rues qui m’en apprirent tout autant. Je n’y étais pas pour y être vu, comme si cela me manquait, mais parce que j’y ai été invité par « Libération » pour son forum. Le reste de mon séjour fut construit autour de ce rendez vous car j’ai horreur de ne pas donner aussi à mes amis quand je vais donner aux autres. D’où le beau succès de notre réunion politique, la plus importante, et de loin, de ce festival. Mon fil conducteur personnel, je veux dire le lien entre ce que je voyais, disais et entendais, n’était pas dans l’instant. Car moi, mon sujet, pardon de vous déranger, c’est la révolution citoyenne. C’est pourquoi je vais essayer de dire ici deux mots à son sujet et à propos de politique culturelle.

Le débat organisé par « Libération » m’a ouvert une formidable possibilité de réflexion à haute voix, du fait du dialogue avec Frédéric Fisbach. Dialogue sans enjeu autre que le bonheur d’enchainer les idées en échos les unes aux autres. Ainsi quand l’homme de culture affirme que la politique culturelle doit « déchirer les écrans qui empêchent d’occuper le réel différemment », il m’offre un résumé qui aide à penser. Nous voici au cœur de ce qui me préoccupe. Nous vivons dans un ordre globalitaire dont tout le liant et tous les mécanismes de consentement sont d’ordre culturel. Il n’y a donc pas de « crise de la culture » au sens où celle-ci deviendrait rare. Le débat sur la marginalisation de l’action culturelle est une figure académique convenue sans rapport avec les enjeux de la politique culturelle comme la gauche devrait les formuler. L’action culturelle du système est omniprésente, le travail d’esthétisation des valeurs dominantes de la société capitaliste et productiviste est d’une amplitude sans commune mesure avec ce qui a été connu dans le passé. Dans ce bain, aucun des mécanismes de l’émergence et de la production culturelle n’échappe aux logiques dominantes.

La normalisation de la production n'est pas seule concernée. Il y a aussi, et surtout, celle du goût et de la demande. Car les êtres du monde globalitaire ingèrent la hiérarchie de l’ordre symbolique qui organise le système en même temps qu’il consomme les marchandises qui lui sont recommandées par la publicité sur un mode non utilitaire mais esthétisant. Celui qui n’achète pas du yaourt mais la minceur que contient son 0%, celui qui n’achète pas des habits mais la jeunesse qu’ils affirment, fait sien les frustrations que cette entrée leur inflige avec les biens qui sont censés la compenser. Ce n’est qu’une image mais elle me sert à rendre plus concrète cette idée que la question n’est pas celle de droit à la culture mais du droit à une contre culture. N’est pas posée la question de la liberté de création mais celle de la capacité à une création non conforme.

L’enjeu est notre humanité et nos possibilités d’émancipation. Car lorsque nous sommes scotchés aux injonctions de la culture dominante nous ne pouvons faire mieux qu’être un rouage consentant du système. Nous y abandonnons notre humanité c'est-à-dire notre singularité. Nous ne faisons retour sur nous et nous ne sommes en état de nous émanciper, c'est-à-dire de nous soustraire à la main qui nous maitrise que si, et seulement si, nous produisons et incorporons une contre culture qui met à distance la première, la culture globalitaire, qui nous a envahi et absorbé. Ainsi une conscience de gauche ne peut résumer sa pensée et son action à prôner d’augmenter les moyens disponibles pour l’action culturelle publique ni simplement à réclamer une totale liberté de création. Il lui faut poser la question du sens. Ne pas se contenter d’organiser le bal mais aussi demander une nouvelle musique à danser.

Je ne sais pas si cette contre culture, dans le sens que je lui donne ici, émergera. Je ne sais peut-être pas la reconnaitre là où elle est peut-être déjà. Mais je retrouve ici la prémice des raisonnements que je tenais à propos du travail de journaliste. On ne peut espérer de travail indépendant sans en réunir les conditions matérielles. Ici encore les points de passages commencent par la condition sociale des producteurs. Puis par le régime de la propriété à opposer à la financiarisation du secteur. Ainsi on voit que je ne récuse nullement cette dimension « concrète » des questions à traiter. Mais j’objecte qu’elles sont entièrement déterminées par le sens que nous voulons donner à notre action. A cette étape j’ai donc voulu bien situer nos enjeux de lutte. La contribution du secteur des arts et de la culture à la révolution citoyenne est dans la subversion du contenu de ses pratiques et dans le changement de statut social de ses producteurs. La proposition de la révolution citoyenne dans le domaine de la production culturelle est de redonner une place à la souveraineté populaire dans les institutions du secteur, de repenser le modèle de la propriété qui y domine et la hiérarchie des valeurs qui l’organise. Pour faire vivre cette vision et la mise en cause du présent qu’elle contient, j’ai voulu interpeller sur les dimensions invisibles du secteur qui attestent de son implication aveuglée dans l’ordre dominant. Notamment en lisant les statistiques de la présence féminine aux postes de commande du secteur. Domination invisible qui met mal à l’aise tant elle souligne l’état d’aliénation silencieuse ordinaire des acteurs du système.

Sur le front de la « bataille culturelle » ainsi défini il existe de nombreux mouvements sociaux. Les uns sont organisés et délibérément construits. Les autres sont spontanés, provisoires et changeant. Construits, autonomes et constants, ACRIMED, « les déboulonneurs », les collectifs d’intermittents, les syndicats, les associations d'éducation populaire, par exemple. Il y a ensuite tout ce qui est provisoire et changeant, tout ce qui se propose et s’évapore, mais qui laisse toujours des traces, sur des réseaux sociaux type « facebook » au fil des invitations et des mises en ligne. Maints autres jaillissements se déploient. N’oublions pas les résistances individuelles à l’intérieur du système par ceux qui y exercent des responsabilités. On ne doit pas penser qu’il s’agit de failles mortelles à elles seules pour le système. Il n’y a pas de faille définitive dans l’ordre globalitaire. Toute chose y appartient et y revient. Tout est toujours à sa merci. Il n’existe aucun territoire « hors système » dans l’ordre globalitaire, au propre comme au figuré. Il peut tout récupérer et tout intégrer y compris la plus extrême marginalité et surtout s’il lui consent des espaces d’autonomie d’expression. Aucun assaut vraiment efficace ne peut venir mieux que de l’intérieur. Avec ses mots et ses exigences. Mais au bout du compte c’est le bouleversement de l’ordre politique qui portera le coup décisif.

Tout ce que je viens de dire tient lieu d’allégorie évocatrice à propos des autres compartiments de la « bataille culturelle ». C’est transposable. Je laisse mes lecteurs le faire et je lirai leurs commentaires si ce sujet retient leur attention. Je crois bien en accord avec ce sujet de reproduire une note que m’a signalé une alerte Google sur mon nom. Il s’agit d’un jeu à prétention politique proposé par « Rue89 », dans le plus pur style de ce que j’ai déjà souvent décrit sur la fusion du divertissement, de la publicité et de l’information. Ce jeu prétendait vous aider à savoir « de qui vous êtes politiquement le plus proche ».
Un joueur a fait un compte rendu de sa participation à ce jeu.

« Comment Rue 89 définit un Mélenchoniste. Il y a quelques minutes, perdant mon temps dans mon zapping politico-internet hebdomadaire, je me suis arrêté sur le site Rue89, afin de m'adonner à une forme de jeu-test, intitulé "2012 : De quel candidat êtes-vous le plus proche ? Le test qui fait mal". Le test qui fait mal, oui. En tout cas à la réputation de Rue89, que je prenais jusqu'ici pour un organe de presse relativement sérieux, qui sans avoir la fougue, le bagout et surtout le passif de Médiapart, s'avérait bien souvent un aiguillon, un poil à gratter particulièrement efficace. Démarrant le test, je réponds à des questions sur la décentralisation, puis l'impôt sur le revenu, appréciant au passage que ce soient ces sujets qui sortent en premier lieu. Après tout, je suis sur un site de gauche, et ma perspective de me voir assimilé à Jean-Luc Mélenchon devrait bientôt se voir comblée, cependant…

… survient une question particulièrement hors de propos : A l'école, les élèves doivent-ils se lever quand le maître entre dans la classe ? Tiens… on est loin des impôts et de la décentralisation, là, on nage même en plein Hauts de Seine. Je réponds par la positive. Bien qu'étant jeune et de gauche, et très critique à l'égard des rapports hiérarchique dans le monde du travail, je conserve un souvenir agréable du "socle" utile que constituait cette entrée en matière dans les salles qui m'ont vu défiler.

Je poursuis donc mon test : les questions portent sur la nécessité des "Etats Unis d'Europe" et de la sortie du nucléaire, et me voici associé à… Arnaud Montebourg ! Pas si curieux que ça vu ma réponse sur la décentralisation, mais pourquoi Montebourg, et pas Mélenchon… ? Je reviens alors à la question sur les élèves face à leur profs, je réponds par la négative, et là… Miracle ! Rue89 m'a entendu et me laisse pleinement partir dans mon délire chavezo-bolchevique. Jugez plutôt : "L'économie de marché, ça marche, il faut l'assumer". Répondre oui ou non. "Le Président a bien trop de pouvoir en France" Répondre oui ou non. Et enfin, la question magique, et ô combien pertinente : "Le matin, sous votre douche, vous chantez l'Internationale ou la Marseillaise ?"

« Chers amis de Rue 89, J'ai la très désagréable impression d'être pris pour nettement plus primaire que je ne le suis, de même que l'ensemble des militants et des sympathisants du Front de Gauche. En gros votre test dit la chose suivante : on ne peut être "intellectuellement proche" de Jean-Luc Mélenchon qu'à la condition de souhaiter que les élèves ignorent leur prof. Bref, à la condition de témoigner de l'irrespect. Une fois cela fait, on ne peut que répondre que "oui" à la question sur l'économie de marché, véritable provocation pour la majorité de la population depuis la crise de 2008, "non" à la question sur le pouvoir du Président de la République (thème développé précisément par le Front de Gauche), quant à la dernière, elle aura le mérite de faire sourire ceux qui ne se sentiront pas insultés, mais on est tout de même assez loin des Etats-Unis d'Europe et de la sortie du Nucléaire qu'offrait "l'orientation Arnaud Montebourg". Montebourg qui au passage n'a pas développé la planification écologique, contrairement à d'autres que vous reconnaîtrez peut-être difficilement, vu le mépris que vous leur portez.

Si j'écris cela, c'est parce qu'en aucun cas ce détail ne m'aurait autant frappé s'il émanait du Figaro ou même de Marianne, dont les accointances socialistes deviennent de plus en plus gênantes. Rue89 est un journal précieux, nécessaire, qui devrait s'interdire ce type de réduction poussive, insultante et finalement assez… démagogique. Ca y est, le mot est lâché. Il est devenu très courant pour les militants et sympathisants du Front de Gauche de se faire traiter, tantôt de doux dingues, tantôt de révolutionnaires enragés totalement inculte (sans "s"). Le problème n'est pas là. Nous en avons même pris l'habitude et l'exaspération due à ce traitement se transforme peu à peu en fierté. Le problème, le vrai, c'est qu'à travers ce test, vous insinuez que vous nous VOYEZ vraiment comme ça. Et là, c'est grave. Vous semblez oublier que bon nombre sont arrivés à espérer l'avènement du FDG par l'intermédiaire de la lecture des articles de votre site.

PS : Ah, j'oubliais, dans votre "biographie" de Jean-Luc Mélenchon, vous avez "juste" oublié de préciser 4 choses : son passage au ministère à l'Enseignement Professionnel en 2000, son combat pour le "non" au référendum du TCE en 2005, son mandat de sénateur de 1983 à 2009, et son entrée au Parlement Européen cette même année. Rien que ça. »

Puisque j’en suis à citer des textes d’amis inconnus, je reviens sur la mention faites par un commentateur de ce blog d’un sondage qui place ma candidature au-delà de 10%. Je me suis renseigné. Et j’ai trouvé. Il s’agit du « baromètre politique citoyen » du mois de juillet. Ce que cela m’apprend c’est que l’auteur de la note de synthèse de ce sondage confirme la technique du redressement qui se pratique dans les autres instituts. Il confirme que cette pondération se fait par référence  aux précédents votes comparables. Cela veut bien dire que les résultats bruts des enquêtes, tenus secrets, pour ce qui me concerne, sont « pondérés » par rapport au score de 2007 de la candidature communiste : 1,92 % !

« Contrairement aux autres instituts de sondages, ELECTION POLITIQUE CITOYEN ne procède à aucun redressement par comparaison des élections précédentes. Les résultats sont donc différents, mais peut-être plus réalistes?, que ceux qui sont largement diffusés dans la presse. Le premier enseignement de notre sondage est que Nicolas Sarkozy, Président sortant, obtient systématiquement la première place au 1er tour oscillant entre 21% et 21.5% des voix quel que soit son opposant socialiste. Ce score rappelle celui du Président Chirac à l'issu de son premier mandat et ne semble pas si maladroitement mal calculé au regard de la popularité actuelle du Président Sarkozy. Face à lui, le candidat socialiste, loin des 30% en moyenne pour les autres instituts de sondages, reste stable à 18% ou 18.5% et est finalement comparable à un score classique d'un socialiste, aujourd'hui, au premier tour d'une présidentielle.

Marine Le Pen n'élimine pas Nicolas Sarkozy ou l'un des socialistes et se garde une troisième place honorable en recueillant finalement ce que son père arrive à attirer sur son nom hors année néfaste pour le Front National comme ce fut le cas en 2007. Finalement, Marine reste sur une logique de 16.5% à 17% des voix. Score important mais pas au-delà de ce que son père avait fait en 2002.

La surprise de ce sondage comme des précédents reste le score très élevé de Jean-Luc Mélenchon. Même si les représentants du PG et du PCF représentent 8.5% des participants au sondage, le candidat du Front de gauche, quel que soit le candidat PS, obtient 12.5% à 13% des intentions de vote. Selon que le candidat soir Martine Aubry, François Hollande ou Ségolène Royal, Jean-Luc Mélenchon attire 2% à 12% des sympathisants socialistes. »

De son côté, le poulpe acheté par le Parti de gauche pour donner des pronostics a déclaré ne plus s’intéresser à la politique jusqu’à la mi-août ! Il faut donc en rester là.  


120 commentaires à “D’Avignon vers la crise”
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  1. lionel mutzenberg dit :

    @94 - Ghanem
    Que le chômage ne soit pas une fatalité mais une stratégie, nous le savions déjà. Que le plein emploi soit facteur de salaire fixé par les salariés est pour le moins illusoire. Dans les entreprises dans lesquels j'ai travaillé c'est toujours l'employeur qui fixait les taux de salaires, en veillant à être toujours légèrement au dessus de la grille de la convention collective applicable.
    Les salaires favoriseraient l'inflation, dites vous ? Mais les salaires des dirigeants d'entreprises, qui sont de plus en plus des cadres supérieurs, et l'encadrement intermédiaire, ont vu leurs rémunérations et leurs avantages exploser ces vingt dernières années, alors que l'inflation était maîtrisé, alors ?
    Un taux de chômage de 6 à 9% serait acceptable ? Voilà qui ne me rassure pas du tout. Il y a quelques jours j'ai lu une intervention de Joscka Fischer, proche de Jean-Luc Mélenchon, si je ne me trompe, et il disait tout le bien qu'il pensait des réformes dites "Hartz IV", alors qu'Arnaud Montebourg dans son livre, " Voter pour la démondialisation" en dit le plus grand mal. De fait, si j'ai bien lu, ces réformes ont appauvri les Allemands, 20 % de taux de salariés pauvres, en abaissant les salaires de 10 % ces dix dernières années. L'Allemagne à les patrons les plus riches d'Europe, bien !
    Vous comprendrez mes interrogations quand je vois que la question de l'emploi n'est pas la revendication première portée par le front de Gauche.
    800 000 précaires du secteur public titularisés, très bien. Des mesures similaires dans le secteur privé, bien encore. Mais un salaire maximum, ça sert à quoi, même si je partage cette idée forte comme un symbole ? La création d'emplois ? certainement pas ?
    Un petit mot pour notre ami Jean-Louis Charpal. Le coup ce la baguette magique, c'est d'un classique, que la droite n'utilise même plus. Ce n'est parce que l'on est militant de base que l'on automatiquement idiot. La création d'emploi comme mot d'ordre...

  2. Genialle dit :

    Pour passer la soirée avec le sourire :
    "66% des Français ne veulent pas voir Sarkozy réélu, selon Ipsos"
    Et selon nous, c'est à 99 pour cent :-))))

  3. jorie dit :

    101 lionel mutzberg.
    Je voulais peut être intervenir dans ton propos si tu me le permets. Le salaire maximum a 2 vertus, en fixant l'échelle de 1 à 20, l'augmentation des salaires est liée automatiquement à l'augmentation du 1er de la classe si j'ose dire. Cela limitera d'autant la cupidité des plus forts ce qui sera toujours avantageux pour l'investissement de l'entreprise. Secondo, le revenu maximum au delà duquel l'impôt prélève tout est de 360 000€/an. Ces 2 mesures auront pour effet de laisser du fric à l'investissement La réintégration dans les recetttes fiscales de ce qui dépasse les 360 000€/an aura pour effet de réinjecter l'argent dans l'économie réelle au lieu de le laisser partir dans les hedge funds, ces fonds spéculatifs qui ne servent qu'à gaver des actionnaires sans foi ni loi et surtout à faire des conneries mondialisées sur le plan économique: volatilité des capitaux, démantèlement des entreprises, restructurations imbéciles pour accumuler des profits à court terme. Ces mesures n'ont pas pour objet de punir les individus, ni de faire la morale, mais de donner du souffle à l'activité économique humaine,de laisser la place à des investissements à moyen et long terme, de mettre un terme à l'immédiateté, comme on a pu en souffrir pendant la crise où les pics et les chutes de la bourse ne correspondaient à rien de réel. Le cercle vertueux de l'économie, c'est ça.
    Si on prend le temps d'un développement, on peut réfléchir à long terme, on peut aussi réfléchir au sens que l'on donne à une entreprise, à ce qu'elle produit. C'est le temps long qui l'emportera sur l'idiotie et la précarité du temps court. Les emplois au lieu d'être des cibles à détruire le plus rapidement possible seront des investissements également à long terme. Si l'investissement est possible, l'emploi est possible. Pour le moment, la finance cherche à supprimer un maximum de salariés, ruinant ainsi l'avenir de toute entreprise sérieuse: savoir, compétence, savoir...

  4. Jean Jolly dit :

    Jean-Luc écrit :
    Quand j’en ai traité sur ce blog, où avez-vous lu ailleurs quelque chose de similaire ? Nulle part !.

    Et pour cause ! Combien de blogs dirigés par les candidats à la présidentielle osent dire la vérité, sans même parler de la médiacratie aux ordres ? (qu'elle soit papier, radiophonique ou télévisuelle)... le système continue de nous divertir, tel l'orchestre du Titanic, pour éviter la panique et réduire ainsi l'hécatombe inéluctable mais pourtant prévisible.
    L'iceberg décisif aura été frappé en automne 2008 après les quelques glaçons rencontrés sur la route tracée par les "têtes pensantes de l'époque". Le destin a ceci d'enrageant, c'est qu'il est têtu et répète les mêmes causes après les mêmes effets... "foutue crise de 29" diront certains, "foutus rapaces" diront les autres, il n'empêche qu'entre 1912 et 1929 aucune mesure n'aura été entreprise pour stopper la folie de la spéculation mortifère, celle qui préconise de diminuer l'humain, voire même l'humanité si ça peut aider l'oligarchie.
    Nous sommes en 2011 (ça peut surprendre), nous évitons les énormes glaçons facilement et pourtant nous fabriquons des centrales nucléaires qu'il faudrait nommer "Titanic" en chiffrant chaque réacteur, par exemple "Titanic 1" pour le premier construit dans le monde et ainsi de suite.
    Pour revenir sur l'interrogation de Jean-Luc à propos de la réalité actuelle, notamment en ce qui concerne l'avenir des états-unis d'Europe, j'imagine que l'expérience doit être primordiale pour ne pas finir sur des radeaux à rechercher la chaleur en attendant les éventuels secours.
    Voici comment finira ce système de fous par "effet domino"... A moins que l'lhumanité ne prenne conscience de sa condition égalitaire avant le crash final.

  5. @101 lionel mutzenberg
    " Ce n'est parce que l'on est militant de base que l'on est automatiquement idiot."

    Je n'ai jamais dit, ni pensé une chose pareille. Si c'est l'impression que vous avez eue, c'est que je me suis mal exprimé. Je voulais dire que lorsque, comme tout un chacun, je discute avec des gens de droite ou de la gauche très modérée (pour utiliser un euphémisme) et que je dénonce les excès inacceptables de l'ultra libéralisme, dont le chômage, mes interlocuteurs qui ne peuvent nier la réalité de certains faits, me demandent de leur sortir clefs en main des solutions faciles et d'application immédiate. C'est là que je me permets de leur faire observer que cette situation, résultat d'une politique ultra libérale de plus de30 ans, ne pourra être changée facilement du jour au lendemain, même s'il est urgent de s'attaquer au problème.

    @103 jorie.
    D'accord avec vous qu'il faut envisager les choses sur le long terme et que réduire les inégalités ne satisfait pas seulement à des impératifs de justice sociale, mais permet de relancer l'économie réelle et donc l'emploi.

  6. mongraindesel dit :

    @ Trebor 20 juillet 2011 à 8h11
    Vous abordez le partage de valeurs esthétiques, valeurs toujours discutables, mais partage toujours honorable.
    Mais vous n'abordez pas la tromperie méprisante que constitue la valorisation par les uns d'une esthétique qui n'est pas la leur -ni je suppose la votre- mais pour laquelle -en nombre et bien armés- ils suscitent l'adhésion à des fins mercantiles.
    Vous nous dites: « … L’objet n’a pas de valeur en soi, la valeur lui vient de l’extérieur par un processus de valorisation … L’issue d’une confrontation de valorisation se résout par le nombre, ou le plus important ou le mieux outillé l’emporte sur le plus petit ou le moins bien armé. » « ... la République devrait faciliter l’expression des différentes normes sans en privilégier une particulièrement. »
    Voulez-vous dire que cette norme peut être définie par quiconque -fusse-t-il gourou, pervers ou potentat voire tout à la fois- dès lors qu'il est assez fort, assez rusé pour y parvenir?
    Et que l'état doit ne même pas s'inquiéter d'un déséquilibre lorsque loin d'être l'effet du désir intime d'un nombre grandissant de partager des valeurs, le processus de valorisation d'une norme est le fait d'une démarche isolée d'un nombre stable de gens rompus aux sciences cognitives et devient le théâtre grandiose du fort abusant le faible?

    Il fut dit, mais c'était une moquerie, je crois, que la raison du plus fort est toujours la meilleure.

  7. Jean Jolly dit :

    @ mongraindesel.

    Il fut dit, mais c'était une moquerie, je crois, que la raison du plus fort est toujours la meilleure.

    En effet, c'est une moquerie car il suffirait, dès lors, d'être "fort" pour survivre et au diable les "faibles", en même temps ils sont bien utiles pour effectuer les tâches ingrates en attendant le top du robotisme.

    Donc nous sommes d'accord, l'humain n'est qu'une machine aux yeux des profiteux...remplaçable à terme.

  8. Jake B dit :

    Réactions épidermiques.
    Les médecins vont toucher des primes sur objectifs de la part de la Sécu ! Çà commence par des choses anodines (dossiers remplis, vaccination des anciens, médicaments génériques) et çà va finir où ? Arrêter de soigner les maladies trop chères, refuser certains malades, achever les vieux ? Je trouve ce procédé révoltant. Le médecin est là pour soigner son patient du mieux qu'il peut, un point c'est tout. Déjà qu'on a l'impression qu'ils sont payés par l'industrie pharmaceutique.
    Autre chose: Tous nos journalistes se félicitent de l'accord Franco-Allemand de cette nuit. Accord dont ils ne savent rien mais qui enfin va sauver la situation. Qui va t-on sauver ? Et j'ai l'impression que dans le couple Franco-Allemand, c'est Madame qui porte la culotte...
    amitiés

  9. Trebor dit :

    @106 Mongraindesel

    Je rappelais que la religion, la morale, le droit, l’économie, la politique, l’esthétique sont des systèmes sociaux qui se valorisent. Il me semble que nous utilisons le mot « culture » comme un fourre-tout. En esthétique, comme en religion, la république doit être laïque.

    Le goût pour une chose est d’ordre privé, l’Etat n’a pas à nous dire si cela est bien ou mal. La République ne s’occupe pas du fait religieux et accepte l’expression de toutes les religions à partir du moment où celles-ci ne transgressent pas les lois communes. Cela doit être vrai aussi pour les arts. Ceci devrait répondre à vos gourou et pervers.

    C’est un peu différent concernant la politique, le droit, l’économie. La République doit permettre l’expression de leurs concepts mais elle n’est pas neutre quant à ceux qui sont à mettre en application, car ils règlent la vie en commun. Les choix qui sont retenus sont ceux du plus grand nombre. En démocratie c’est le vote qui le détermine.

    Les médias sont l’un des outils de diffusion des idées, sans doute celui qui touche le plus grand nombre. Or il n’est pas normal qu’ils soient subordonnés à quelques courants. C’est ce que fustige Jean-Luc Mélenchon me semble-t-il. De sorte que l’Etat devrait donner les règles d’organisation de ce secteur. Il faut y réfléchir mais on voit les ornières dans lesquelles on peut tomber.

    Un gourou, un potentat, un pervers, peuvent émettre leurs normes, mais seuls, ils n’ont que peu de chance d’affecter un grand nombre. S’ils respectent les lois communes, sur quels principes devrait-on les interdire ? C’est la question qui se posait avec le Front National. C’est vrai que nous ne sommes pas à l’abri de l’émergence d’une force extrémiste qui par la loi du plus grand nombre accéderait aux manettes de l’Etat. En 1933 en Allemagne, on l’accepte, en Algérie, on stoppe les élections ; la raison du plus fort est toujours la meilleure.

  10. Raven dit :

    @JeanClaudeVandale (#40):
    Merci bien.

  11. Stéphane dit :

    Les pays développés se sont endettés en pariant sur un avenir de croissance. Entendons nous, la croissance qui consiste à épuisser les resources de la planète au détriment des générations futures.
    il apparaît évident aujourd'hui que le capitalisme libéral est une promesse de bonheur assise sur un monceau de gaspillage qui arrivera, à terme, à la désertification. Cette évidence est présente dans l'inconscient collectif comme l'illustre le succès des films d'anticipation où l'on voit toujours quelques rescapés humains tenter de survivre à une catastrophe généralisée.
    Il est urgent de construire une autre représentation du bonheur que la jouissance de la propriété, notion en dehors de laquelle la philosophie sarkosiène est aveugle.
    J'en appelle à tous nos représentants politiques pour qu'ils facilitent l'émergence de nouvelles représentations des possibles.
    J'en appelle à la constituante pour faire que l'âme de l'artiste, qui sommeil en chaque homme, se redresse et regarde au delà de l'horizon.

  12. lionel mutzenberg dit :

    @ 103 - jorie
    Ne prenons pas les entrepreneurs pour plus stupides qu'ils ne sont pas. Ils trouveront toujours le moyen de se sucrer à la limite de la légalité, à l'image même de ce bilan comptable à qui l'on peut faire dire ce que l'on veut. Peut être que je me trompe mais, pour moi, le seul moyen de limiter les abus c'est de reprendre par l'impôt ce qui est excessif.
    Nous sommes d'accord sur un point jamais résolu à ce jour : quelle est l'utilité d'une entreprise ? Aujourd'hui la seule finalité est de gagner du fric pour une toute petite minorité. Mais pour une femme de gauche, un homme de gauche cela est il irréversible ?

  13. Hold-up dit :

    104 -Jean Jolly
    Remerciements pour cette vidéo que tu nous a envoyé. Terrible. Sacré type. Belle métaphore que celle du centième singe à la fin du film n'est-ce pas ? j'engage tout le monde à la regarder.

  14. mongraindesel dit :

    @ Trebor 21 7 8h08
    JL M écrivait:
    "La normalisation de la production n'est pas seule concernée. Il y a aussi, et surtout, celle du gout et de la demande...la hiérarchie de l’ordre symbolique...organise le système...les marchandises...sont recommandées par la publicité sur un mode non utilitaire mais esthétisant...yaourt...minceur,...habits...jeunesse..."
    J'y vois la dénonciation d'un leurre culturel visant à élever la marchandise au delà de sa condition initiale utilitaire en l'esthétisant.
    Vous répondiez:
    "Lorsque vous utilisez le mot « culture » on ne voit pas bien à quoi vous faites allusion...les exemples que vous produisez...sont de l’ordre de la culture économique...
    ...Pour vous c’est un mal, or il est à parier qu’ils le perçoivent comme un bien...la République devrait faciliter l’expression des différentes normes sans en privilégier une particulièrement."

    Ce jour vous ajoutez:
    -"Le goût pour une chose est d’ordre privé, l’Etat n’a pas à nous dire si cela est bien ou mal.
    Les médias...il n’est pas normal qu’ils soient subordonnés à quelques courants...fustige JL M...l’Etat devrait donner les règles...mais on voit les ornières dans lesquelles on peut tomber."

    Vous avez l'ornière sélective.
    -"Il me semble que nous utilisons le mot « culture » comme un fourre-tout."
    Ce qui est proposé pour culture au gueux vaut-il qu'on en parle?
    Vous redoutez plus l'idée d'un consensus militant, construit autour de la volonté généreuse et responsable de consommer utile et durable, conforter démocratiquement par l'action de l'état; que la sournoise et divertissante imprégnation par la vulgaire domination marchande conforter médiatiquement par son image faussement culturelle et impuissamment subie.
    Vous nous direz sans doute que la vulgarité il en est pour l'aimer et que c'est un devoir d'état que de les laisser en jouir voire un bien fait qui mérite respect que leur en donner.
    En fait, la réponse à JL M c'est: "de quoi tu te mêles".

  15. Sourdon dit :

    salut à tous.
    Eva Joly a émis l'idée d'un défilé du 14 juillet citoyen en remplacement d'un défilé de nos armées. Elle a dû dare-dare tempérer ses déclarations. Remettre en cause le fait que nous ayons besoin d'armes pour gérer nos sociétés c'est se condamner à la diabolisation immédiate.
    En effet, si l'oligarchie peut afficher le plus profond mépris à l'égard des peuples en s'autorisant au grand jour des actions mafieuses qu'elle ne cherche plus à dissimuler, c'est parce qu'elle est armée et nous contraint par la peur nous rapellant notre insignifiance. Ouvrir le feu à l'aveugle sur les manifestants ne les gêne pas trop.
    Nos dirigeants font fi des critiques, des accusations et tuent dans l'oeuf les alternatives judicieuses qui pourraient améliorer nos conditions d'existence, car seul leur plan de domination totale les intéresse.
    L'outil cardinal sur lequel toute leur stratégie repose, c'est leur bras armé, chargé d'imposer leurs décisions et d'embastiller ou de tuer les éventuels suicidaires prêts à mourrir pour des idées.
    Eux, des comme ça, ils en ont formaté des millions, rangés dans des armées et prêts à tuer sur ordres et sans justification leurs voisins dès demain, si le Général le commande !
    Nous sommes en manque de grands idéaux mobilisateurs qui sous-tendrait des perspectives exaltantes dont les résultats bénéfiques pour tous seraient facilement imaginables, donc plus aisément atteints.
    Une humanité ne peut porter ce nom avec un revolver à la ceinture et s'engager à oeuvrer pour un monde plus respectueux implique de prôner ce que personne n'ose : un désarmement total et que l'utilisation de toutes les ressources matérielles et humaines (jusque-là consacrées à lélaboration la fabrication et l'utilisation des moyens visant à tuer) soient utilisés à instruire les Hommes et à cultiver les germes de la grandeur dont nous sommes constitués car, de notre barbarie, il me semble que nous avons fait le tour !
    A tous, bon...

  16. galanga dit :

    Bonjour M. Mélenchon,
    sur le jeu-test de Rue89, c'est drôle car j'ai été dans le même cas, sauf que je n'ai pas réussi à trouver comment arriver à Mélenchon. Sans doute que mon cerveau n'a pas voulu croire qu'il fallait penser que vous étiez contre le respect dû au professeur et contre la discipline républicaine.
    Sur ces jeux-tests de Rue89, ils sont parfaitement symptomatiques de la dégénérescence du journalisme, telle que vous la dénoncez (pas le temps de bien traiter,précarité qui empêche d'essayer de faire mieux).
    Pour preuve ce second test, sur le 14 Juillet : http://www.rue89.com/2011/07/16/quiz-special-14-juillet-avant-quil-disparaisse-214473
    La "bonne" réponse pour Rue 89 à la question "Que commémore le 14 Juillet en France ?" était initialement "la Fête de la fédération en 1790", au lieu de "La prise de la Bastille en 1789" (qui alors était deux réponses séparées).
    Avec d'autres personnes dans les commentaires, il m'a fallu argumenter sec pour démontrer la lecture de l'Histoire plus que parcellaire et apparemment exclusivement basée sur wikipedia de Rue 89, pour qu'enfin, après avoir re-"argumenté" avec du wikipedia (Sic), les journalistes de Rue 89 reconnaissent leurs erreurs : http://www.rue89.com/comment/permalink/2529899
    Le journalisme n'est aujourd'hui plus du tout basé sur la vérification des faits et des propos, de manière multiple et à partir de sources fiables, c'est devenu juste une histoire de quelques clicks sur wikipedia.
    On (en fait la République) est vraiment très très mal barré.
    J'espère vivement la victoire du Front de Gauche, pour remettre un peu d'ordre là dedans (eh oui Rue89, de l'ordre...).

  17. surmely alain dit :

    Ce qu'écrit JL Mélenchon à propos des sondages et des prévisions actuelles concernant le FdG ne me surprennent pas vraiment. Il y a presqu'un an de cela, dans la foulée de l'important mouvement social contre la réforme des retraites j'avais expliqué publiquement, dans une réunion du FdG de Paris 13è, que l'espace politique existait pour cette formation politique et que l'on pouvait escompter un score à 2 chiffres puis viser, avec réalisme, les 15%. Nous pèserons alors d'un poids suffisant pour que notre voix soit prise en compte. Beaucoup dans la salle paraissaient dubitatifs voire interloqués. C'est qu'en France avoir de l'ambition lorsqu'il s'agit de défendre une cause commune n'est plus guère de saison. C'est évidemment regrettable. Le FdG peut créer la surprise, que j'attends avec une certaine impatience. Pour remettre la gauche sur les bons rails, pour recréer une véritable espérance populaire le FdG existe. Le PCF a eu une démarche intelligente et responsable qui l'honore. Par le passé,et je pense bien sûr aux années du Front Populaire le PCF avait eu aussi cette attitude digne d'un grand parti démocratique. L'union des forces de progrès fut couronnée de succès. La comparaison s'arrête là mais un peu d'histoire permet souvent de faire les bons choix. Les actuels dirigeants du FdG font preuve d'une remarquable maturité qu'il convient de saluer. Quand on tourne son regard vers le nord de l'Europe (la Norvège) on prend conscience que les nuages peuvent rapidement s'amonceler dans un contexte désormais incertain. Sans même parler de la crise économique qui plombe durablement les possibilités de reprise sur le vieux continent. Courage et intelligence des situations seront précieux. Alliance avec JP Chevènement et Eva Joly serait chose impossible, impensable ? Soyons certains que les temps s'annoncent assez durs. Les grandes problématiques sont de retour : le peuple, la démocratie, l'antifascisme, la révolution, l'histoire. Avec le FdG nous nous tournons vers l'avenir !

  18. Pierre 81 dit :

    Jean-Luc Mélenchon écrit:
    «Je ne sais pas si cette contre culture, dans le sens que je lui donne ici, émerge. Je ne sais peut-être pas la reconnaître là où elle est peut-être déjà.»
    Ma réponse :
    Connaissez-vous la Déclaration de Nérac signée le 15 novembre 1956 par deux écrivains Félix Castan et Bernard Manciet?
    Cette déclaration n'est pas une page de revendications économiques ou politiques. Elle exprime simplement le besoin de reconnaissance pour une création artistique non académique. Les belles personnes, pleines de certitudes, croient comme au temps de l'ancien régime que la langue d'Oc est un patois et non une langue.
    Les créateurs en langue d'Oc, écrivains, poètes, chanteurs- compositeurs, musiciens sont dans la démarche de la Déclaration de Nérac. Il faut les entendre. C'est assez difficile, vu la culture dominante, comme vous l'exposez si bien.
    Je citerai quelques uns de leurs chants :
    O mamé (Fulbert Cant humour contre une certaine culture)
    Carbonièrs de La Sala (Mans de Breish la dureté de la condition ouvrière en Aveyron)
    L'indian (Claude Marti nous sommes tous des indiens).
    Cantaré (Eric Fraj chante en Français, en espagnol, en occitan. Ce chant prémonitoire de los indignados de la plaza del sol)
    A propos de la langue occitane, il faut lire le texte de Jean Jaurès L'Education populaire et les « patois » paru dans une tribune libre à la Une de « La Dépêche «  le 15 août 1911.
    Cette renaissance de la langue occitane, à mon avis, fait partie du besoin d'une contre culture.
    Nous sommes en 2011. Comme le progrès de la pensée est lent !

  19. D.Michaud dit :

    La crise grecque - le re-re-re retour..
    Nous étions alors en pleine crise et je vous avais - toi et Jacques Généreux - entendu à une émission internet - parlons vrai /David Abiker.
    Vos propos d'alors sont, Ô combien, toujours d'actualité.
    Et j'en ai plus qu'assez d'entendre toujours les mêmes personnes nous démontrer que les peuples doivent se saigner pour rembourser les spéculateurs de tout poil.
    Et ce matin, comble de l'exaspération, Monsieur Vals vient nous seriner que la démondialisation, c'est ringard.
    J'ai honte pour mon ancien parti de devoir compter dans ses rangs des hommes tels que lui.
    (N'est-ce pas le même qui tenait sur un marché de sa ville des propos pour le moins ambigus ?)
    Gageons que si - par malheur - M. Sarkozy est réélu il n'aura que l'embarras du choix pour faire son marché.
    En parlant de "social traitre" je m'aperçois finalement que nos vieux avaient raison avant l'heure. Hélas.
    Amitiés socialistes.

  20. gerald rossell dit :

    Ecrite par André Benedetto, directeur disparu l'an passé du théâtre des Carmes et considéré comme le fondateur du festival «off» d’Avignon, j'ai pu voir la magnifique pièce "Lear" jouée entre autre par JC Drouot.
    A. Benedetto, ce maître majeur qui fut tout sauf inféodé à M.-J. Roigt, ne mérite pas qu'on déconsidère son travail par des approximations nuisibles à notre œuvre commune.


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