14sept 11

Agences de notation, crise bancaire, Euro, Critique d’une critique de notre programme, le jour du miracle pour Hollande.

Alerte ! Les voyous de la finance attaquent la France !

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Cette note traite de la notation des banques françaises, de la panique bancaire et de la crise de la zone Euro. J’y évoque aussi le débat sur la sortie de l’Euro pour la Grèce en particulier et pour d’autres en général. C’est peut-être un peu aride mais j’ai pensé que ça éclairait ma façon de voir le moment. Puis je fais une critique de la drôle de présentation, fourmillante d’erreurs, du Programme du Front de Gauche telle que lu par Médiapart. Curieux de la part d’un média dont la réputation de rigueur a été hautement démontrée. Enfin, sourire narquois : j’ai l’explication du miracle dont a bénéficié François Hollande pour devenir de façon si rapide et surprenante le chouchou des sondages. Edifiant et hilarant !

La décision de l’agence de notation nord-américaine qui manie ses appréciations comme des révolvers dans un saloon bondé est profondément irresponsable. Comme d’habitude, sous prétexte d’appréciation objective, un risque est aggravé sous prétexte de s’en protéger. Les banques visées comptent parmi les dix premières mondiales. La décision de cette agence de notation touche donc le cœur du système. Du simple point de vue des gérants de ce système monde, cette note est absurde à moins d’être étendue à toutes les banques du monde qui sont toutes gorgées de papiers incertains et de traites qui ne tiennent que par l’idée qu’on s’en fait. Sur les bases sur lesquelles ont été appréciées les banques françaises par cette équipe de mauvais plaisants, pas une banque nord-américaine ne pourrait ouvrir un guichet ce matin. La nouvelle « note » peut donc faire davantage de dégâts que des milliers d’attentats. Je commence donc par mettre en garde. La guerre des banques est une réalité et à travers elle le pouvoir de peser sur l’économie monde. Cibler les banques françaises ne peut se faire sans arrière-pensée. Ni sans conséquence géopolitique. Je ne le mentionne que pour alerte, pour les naïfs qui oublient de se demander pourquoi les banques allemandes engagées en Grèce et les banques américaines dévorées par les termites ne semblent pas avoir les mêmes problèmes de réputation auprès de ces « agences ». Ceci est une nouvelle démonstration du fait qu’il fallait frapper tout ce petit monde de rapaces irresponsables dès le premier jour dans le premier pays, en Grèce. Au lieu de quoi les pouvoirs des trafiquants ont été augmentés et même institutionnalisés. Une procession de décideurs serviles a passé son temps à vouloir « rassurer les marchés ». Ils les ont placés au sommet de la hiérarchie des souverainetés, avant la démocratie et le peuple. Et pour quel résultat ? On ne peut pas « rassurer les marchés ». Ou on les dompte ou c’est eux qui le font. Les pleutres sont servis ! En juin dernier le pouvoir des agences de notation a été solennisé et augmenté en Europe !  Devant tout ce gâchis, le seul sourire me vient de l’idée que, pour finir, le pire coup que le système capitaliste reçoit vient de lui-même, de sa propre dynamique interne et des horribles conflits d’intérêts qui le caractérise et plonge l’humanité dans le désastre, à intervalle régulier.

Le nouveau plongeon du système financier était  la chose la plus prévisible qui soit. Ceux qui lisent ici mes chroniques peuvent en attester. Comme d’autres, quoi que bien méprisés et réputés ne pas arriver à la cheville des esprits modernes et brillants qui gouvernent les choses et les opinions, j’ai déjà posé le diagnostic maintes fois et par le détail. Pourtant je ne suis ni voyant, ni prophète, ni même grand économiste patenté. Je suis seulement armé de moyens d’analyses qui fonctionnent comme une vraie boite à outils, parfois modestement équipée mais toujours efficace pour comprendre et réparer. L’économie n’est que secondairement une science mathématique. C’est d’abord une science humaine qui combine des facteurs sociaux, culturels et politiques. Enfin quelque soient les bavardages pédants auxquels nous sommes soumis continuellement, aucune économie ne saurait s’émanciper de la loi de la réalité. La réalité c’est que tout repose en dernière analyse sur ce qui est réellement produit et sur la façon dont cela est réparti et mis en circulation. Le système économique de notre chère économie monde actuelle repose sur le mouvement auto entretenu de millions de signes monétaires sans contrepartie équivalente dans la réalité matérielle. D’une façon originale, le système capitaliste s’est découvert une aire d’expansion qu’il croit sans limite ni contrainte, celle du crédit et de la dette, vaste préemption du futur. Mais le futur n’existe pas encore. Les titres de sa propriété circulent déjà pour la valeur de deux ou trois planètes. Illusion. Le système est donc condamné à rencontrer à tout moment l’équivalent moderne du prétendu saint Thomas qui vient et dit « je veux voir si c’est vrai ! ». Le matérialisme historique n’a pas trouvé son maitre dans l’art de rendre compte de la vie des sociétés. Cette considération générale ne m’écarte pas de l’analyse du moment qui mérite davantage de précision, c’est bien évident. Mais je ne veux pas manquer de marquer le point quand il va à l’avantage d’une méthode intellectuelle contre une autre qui est en train de démontrer son aveuglement total. 

Je suis interrogé bien des fois à propos de la sortie de l’Euro de tel ou tel pays. Les questions semblent postuler que ce serait une hypothèse comme une autre. Il n’en est rien. Cette façon de dire me semble négliger un détail. Il n’existe aucun dispositif de sortie de l’Euro prévu par les traités qui régissent l’Europe. On peut théoriquement sortir de l’Union. En pratique cette sortie est d’une complexité et d’une lourdeur institutionnelle considérable. Mais en ce qui concerne le système de l’Euro, rien n’est prévu. Cela ne signifie pas que, du coup, cela ne se fera pas. La vie est plus forte que les traités. Mais je veux juste souligner que l’opération ne saurait être « ordonnée » comme disent, parait-il, les dirigeants conservateurs allemands. Ce sera une noire pagaille aux effets incommensurables sur l’économie de l’union et, par contre coup, sur celle du monde. Notons à ce sujet que les dirigeants allemands feraient bien d’y penser et de ne pas croire leur pays d’avance épargné par ce qui pourrait arriver du fait de leur mesquine et psychorigide façon de gérer la crise.

Je sais qu’il existe à gauche un certain nombre d’amis qui sont partisans de la sortie de l’Euro. Je ne leur fait pas l’injure de les confondre avec les lepénistes qui soutiennent aussi cette thèse mais dans un tout autre cadre d’analyse et de propositions. Ces camarades ont un raisonnement construit avec une forte cohérence intellectuelle. Les circonstances peuvent d’ailleurs réaliser leur attente. Cela seul devrait faire réfléchir plus avant. Peut-on avoir pour projet une situation que la décomposition du système produit mécaniquement ? Je ne néglige pas la force de l’argument réaliste selon lequel la monnaie unique fut installée sur des bases qui travaillaient exclusivement à l’entretien et au développement d’un nouvel ordre néo-libéral spécialement destructeur en Europe. Cela ne suffit pas à me convaincre qu’il serait impossible de changer la règle du jeu tout en conservant la monnaie unique.

Selon moi la monnaie unique est aussi la propriété de la France. Nous avons notre mot à dire sur la façon de la gérer. Pourquoi renoncer à cette position de force ? Il y a de nombreux avantages géopolitiques et sociaux à disposer de cette monnaie unique pour peu que son cadre d’existence soit modifié. Ce n’est pas vrai que c’est soit l’euro et le libéralisme ou la fin de l’euro et enfin la possibilité d’une vraie politique de gauche. Je crois que seule une vraie politique de gauche peut à la fois sauver l’euro et nous faire sortir de la crise. A l’inverse, si l’euro venait à disparaitre je pense que notre projet de gauche et nos objectifs révolutionnaires dans l’histoire seraient plus difficiles à accomplir. Je sais bien que, pourtant, la monnaie unique pourrait s’effondrer. On ferait face, cela va de soi. On saurait quoi faire. Mais si l’euro des libéraux disparait au moment où ce sont les libéraux qui sont chargé de gérer les conséquences de cette chute, le grand nombre paiera deux fois. La disparition d’un instrument de mesure commun éloignerait la possibilité et la faisabilité des principaux objectifs de gauche comme l’instauration d’un salaire minimum européen et l’harmonisation des normes sociales et fiscales par le haut. Enfin le coup porté à l’idée d’une unification politique et sociale du vieux continent serait particulièrement sévère. Faut-il rappeler que cette unification est le but permanent de la doctrine de gauche depuis ses origines ? Parce qu’il s’agit de la paix et du bien-être. Tout cela ne peut être oublié. Ni surtout être oublié de quel prix a été payé dans le passé l’isolement national des révolutions victorieuses enfermées dans un seul pays !

La crise grecque résulte entièrement de l’agression des spéculateurs. Je ne dis pas que les problèmes de la zone euro n’existaient pas avant cela. C’est d’ailleurs de là que viennent les opportunités qui ont été données aux spéculateurs. Oui les problèmes viennent du cadre lui-même ! Et nous étions nombreux à combattre déjà le statut absurde de la banque centrale européenne depuis le premier jour. Pour ma part j’ai voté contre lorsque je siégeais au Sénat. Nous avons été nombreux aussi pour dénoncer la mise en place d’un marché intérieur socialement si dérégulé qu'il menace d’emporter toute l’organisation de nos sociétés. Pourtant quand une crise éclate dont les conséquences s’annoncent si profondes, on est en droit d’examiner soigneusement les méthodes mises en œuvre pour y faire face. On mesure alors bien la stupidité des techniques utilisées dans cette circonstance. C’est le dogmatisme libéral qui a conduit à l’application de recettes aussi éculées que ces politiques d’austérité et de privatisation généralisée imposées de force par le FMI et la Commission européenne. Le résultat était totalement prévisible puisque cette situation avait déjà été observée dans toute l’Amérique du sud. Il faut le souligner mille fois pour que la leçon porte : ce système ne marche pas. C’est cela la tare qui le disqualifie en profondeur dans l’esprit du grand nombre comme du point de vue du simple bon sens. C’est cette expérience qui permet de clamer « ça ne sert à rien de céder aux « marché » et à leurs injonctions ».

Dès lors, ce n’est pas seulement une crise bancaire ou financière ou ce que l’on voudra qu’il s’agit de régler. Ce qui est en cause c’est la légitimité d’un système et d’une orientation politique à gouverner nos sociétés. Cela saute aux yeux quand on prend la mesure de ce qui déclenche ce tsunami. La dette totale de la Grèce ne représente que quelques points du total de la richesse produite par l’union européenne en un an. Deux pour cent et demi ! Le rachat intégral de toute la dette de la Grèce, plus celles de l’Irlande et du Portugal est de … 1000 euros par habitant vivant dans la zone euro. C’est dire que cette somme est largement à la portée d’un prêt à zéro pour cent à la Grèce venant de la banque centrale européenne comme nous ne cessons de le dire depuis l’origine. A contrario, puisque cela ne s’est pas fait, on doit en déduire que le but de ce qui a été mis en place n’est pas de nature économique ou financière mais purement politique. Quoique les inventeurs de  ces mesures cruelles, cupides et brutales prétendent le contraire. Ces gens ont eu les yeux plus gros que leur cerveau. Ils se sont dit qu’une orgie de pilleries était à portée de main. Leur voracité va détruire leur propre écosystème !

Il est vain de spéculer sur une catastrophe finale du capitalisme. Ce système n’aura jamais de fin tant qu’une alternative ne se sera pas mise en place. Les pires destructions sont aussi un aliment pour lui. Faut-il rappeler que c’est d’ailleurs la fonction essentielle de la guerre dans la logique capitaliste ? Pas de naïveté donc. Il n’existe pas de bonnes catastrophes qui seraient un raccourci pour les adversaires du système que nous sommes. A chaque pas il s’agit de proposer des choses raisonnables, c’est-à-dire des remèdes qui épargnent la souffrance et résolvent les problèmes. C’est cela la radicalité concrète dont je me réclame. Là, il faut refuser d’abandonner la Grèce à son sort. D’abord parce que c’est la négation de l’idée de solidarité internationale dont nous sommes les partisans. Ensuite parce que cela ne sert absolument à rien du point de vue qui semble occuper ceux qui s’angoissent. Si la Grèce se trouve expulsée de l’Euro, que se passe-t-il pour elle ? Sa dette reste libellée en Euro. La nouvelle monnaie nationale est profondément dévaluée. La dette pèse plus lourd pour la Grèce. A moins d’être reformulée dans la nouvelle monnaie nationale. C’est-à-dire perdre trente à quarante pour cent de sa valeur, peut-être bien davantage. Tant pis pour les capitalistes qui ont été pris les mains dans ce trafic dira-t-on. Ce n’est pas faux. Mais le résultat reste le même : les banques qui possèdent ces titres s’écroulent. Retour à la case départ du raisonnement. Qui peut souhaiter cela ? Encore une fois je le précise, cela peut bien finir par se passer comme ça et tout y conduit. Ce sera alors un autre débat : comment faire face. Dans l’immédiat la ligne de combat ne doit pas être abandonnée. Il ne faut pas laisser tomber la Grèce. Si ce n’est par solidarité européenne que ce soit par réalisme. Si la Grèce tombe, elle nous tombe dessus ! Que ce soit par compréhension du fait que les raisons qui conduiraient à éjecter la Grèce s’appliqueront ensuite à n’importe quel autre membre de l’Union jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur le vieux continent qu’une sorte de grosse zone mark sous cache sexe Euro entourée de nations clochardes sans domicile bancaire fixe. Cette ligne de résistance et de proposition concrète c’est celle qui demande à la banque centrale européenne de racheter directement la dette de la Grèce à taux zéro. Cela fournit la liquidité et tue la spéculation. C’est la solution qui ne nuit qu’au dogme libéral. Son seul risque est de faire baisser la valeur de la monnaie unique face au dollar. Mais ce sera un bienfait en réalité que cette baisse qui soulage le handicap d’un euro fort pour les producteurs de la zone euro sur le marché mondial.

On m’a demandé à plusieurs reprises si pour faire face à la crise bancaire il fallait nationaliser ou recapitaliser. Ma réponse est que la société doit reprendre le pouvoir sur la finance. Recapitaliser ? Qui le ferait ? « Le marché » ? C’est son affaire. L’Etat ? C’est une autre affaire. Ce ne pourrait-être, dans ma logique qu’en échange de prise de participation, à l’euro près dans le capital de la dite banque. Notez que si cette méthode avait été appliquée lors du dernier plan de sauvegarde, l’état aurait récupéré cinq milliard à la revente au lieu des pauvres sept cent millions dont s’est rengorgé Nicolas Sarkozy. Mais cette recapitalisation équivaut à une nationalisation. C’est là la question. Nationaliser des déficits et des dettes est-ce la bonne idée ? Ce n’est pas le principe que j’interroge, bien sûr,  puisque le programme partagé prévoit ces nationalisations. C’est le moment, l’opportunité. A quoi sert la banque ? A fluidifier l’économie en injectant l’argent nécessaire. A organiser l’épargne. Et ainsi de suite. C’est pourquoi le programme prévoit la constitution d’un pôle financier public. Les nationalisations ne peuvent avoir de sens qu’en relation avec la constitution de ce pôle et à son service. En précisant de surcroit que l’idée du programme partagé est d’y associer les réseaux mutualistes et coopératifs avec en vue notamment une inscription territoriale décentralisée de la prise de décision de financement.  Donc ce qui est premier c’est la mise en place de ce pôle et de ses objectifs. Pas dans l’absolu.  

Je le surligne pour bien indiquer qu’il ne suffit pas de nationaliser pour régler le problème qui nous est posé. La gauche a nationalisé quasiment tout le secteur bancaire après 1981. Cela n’a pas changé les objectifs ou les méthodes de ces banques. Les nationalisations de Gordon Brown en Angleterre n’ont rien changé à la politique prédatrice de ces dernières. La leçon est que si la propriété publique est une condition nécessaire elle n’est pas une condition suffisante. Il y faut le plan et les objectifs. C’est la raison pour laquelle la question de la nationalisation posée pour être appliquée alors que c’est Nicolas Sarkozy et la droite qui gouverne ne peut avoir qu’un sens : serions alors d’accord pour socialiser leurs dettes ! Croire qu’une nationalisation opérée par Sarkozy commencerait le socialisme en France est un délire. Croire qu’il suffit prononcer le mot nationalisation pour avoir notre accord sans autre condition est mal comprendre notre projet.

Un qui n’a pas compris grand-chose au programme partagé, c’est, hélas, Médiapart. C’est surprenant de la part de ce média qui compte quand même quelques fines plumes de l’analyse matérialiste de l’économie comme Laurent Mauduit. Curieusement la lecture de notre texte est alignée sur les canons d’analyse du PS auquel tout est souvent ramené. Je comprends que celui qui a écrit le résumé ne soit pas marxiste. Mais au moins pourrait-il être assez keynésien pour comprendre la logique d’un projet qui repose sur une redistribution massive elle-même assise sur le retour des dix points de richesses pris par le capital sur le travail. Je ne parle de tout cela que parce que je suis nommément cité et, bien sûr, pour me mettre en contradiction avec moi-même dans la mesure où ce  programme serait censé démentir mon souci de crédibilité. Comme on m’y reproche à de nombreuses reprises les « imprécisions » et autres « manques de financement » quoiqu’il n’y ait rien de plus évident que cela dans ce document, je me permets de faire amicalement remarquer aux rédacteurs leurs propres erreurs et approximations qui elles sont incontestables, à l'opposé de la rigueur d'analyse qui fait la réputation de ce média.

Par exemple, la présentation de notre proposition de SMIC à 1 700 euros est particulièrement biaisée. En effet Médiapart indique que notre programme "prône un SMIC à 1 700 euros net par mois. Il est aujourd'hui de 1 365 euros … brut". Ça ressemble à de la gonflette bien agencée pour nous montrer comme des "exagérés" qui avancent des propositions folles. Or Médiapart passe sous silence que nous proposons d'abord le SMIC à 1 700 euros bruts en 2012. C’est exactement la revendication de la CGT. Et nous fixons ensuite l'objectif d'un SMIC à 1 700 euros nets dans la législature qui durera jusqu'à 2017. Cela n'a donc aucun sens de mettre en face les 1 700 euros nets que le SMIC atteindra dans quelques années si nous gouvernons, et ses 1 365 euros bruts actuels.

De même je suis consterné par la confusion faite dans le résumé de Médiapart entre notre proposition de salaire maximum et celle sur le  revenu maximum. Le rédacteur n'a pas saisi la distinction entre le salaire et le revenu (qui concerne toutes les formes de revenus, salariaux ou non) alors qu'elles sont clairement distinguées et expliquées dans notre programme. Cela conduit Médiapart non seulement à déformer gravement ces propositions mais même à attribuer au Front de Gauche une proposition qu'il n'a jamais faite. Lisez plutôt : "serait instauré un salaire maximum de 30 000 euros par mois, dans le public et dans le privé." Or il s'agit là du chiffre du revenu maximum, que nous avons fixé à 30 000 euros par mois, en référence à 20 fois le revenu médian. Et non pas du salaire ! Le salaire maximum n’est pas un montant mais un rapport entre le plus élevé et le plus bas salaire. Rien à voir ! Et cela précisément pour que cette mesure soit un outil pour augmenter tous les salaires, à commencer par les plus bas. Notre salaire maximum consiste à imposer un écart maximum de 1 à 20 entre les salaires d'une même entreprise. Une proposition qui a aussi été avancée par la Confédération européenne des syndicats. L'intérêt de fixer un écart et pas un niveau plafond est d'enclencher un cercle vertueux dans lequel l'entreprise est obligée d'augmenter d'abord les plus bas salaires si elle veut augmenter les plus hauts. Cette dynamique salariale dans l’entreprise est totalement rendue invisible par la manière erronée qu'a choisie le rédacteur de Médiapart pour présenter cette proposition. Ces quelques exemples ne sont malheureusement pas isolés. Mais peut-être ce rédacteur ignorait-il que le smic à 1700 euros est une revendication de la CGT et que le salaire maximum vient des syndicats européens. Je ne crois pas savoir que Médiapart ait une « position » à leur sujet.

Le plus décevant et sans doute le moins pardonnable est la confusion faite entre notre position sur les retraites et celle du PS. Le débat a été assez vif à l’époque, et encore à présent, pour que personne ne puisse jouer le rôle de l’ingénu mal informé des détails ! Médiapart fait comme si nos propositions étaient "du moins sur le papier" similaires à celles du PS. Alors que "sur le papier" aussi, elles sont justement très différentes ! Le rédacteur affirme que, comme le PS, à qui le beau rôle est donné sans cesse, nous revendiquerions le retour de l'âge légal de la retraite à 60 ans. S'il s'agit bien de l'intégralité de la proposition du PS, ce n'est pas du tout l'intégralité de la nôtre. C’est la suite qui compte, ce que sait même un débutant en politique. Notre programme partagé propose en effet "la retraite à 60 ans à taux plein" avec "75 % du salaire de référence". Cela fait une différence majeure par rapport au Parti Socialiste qui est favorable à l'allongement de la durée de cotisation à 41 annuités et au-delà. Pour nous, la proposition du PS réduit la retraite à 60 ans à un droit au rabais pour les retraités qui partiront avec une pension misérable. Cet exemple montre que le risque est grand de voir le débat des présidentielles patauger dans les à peu près de résumés écrits à la va vite et mal documenté. Ce qui est embêtant c’est que ce soit aussi le cas-là, dans Médiapart, un média sur lequel on compte pour faire vivre un débat sérieux.

Voici un sujet plus drôle: le feuilleton des sondages. Il s’agit de François Hollande. J’avais posé une question. Comment se faisait-il que dès la disparition de DSK, en cinq jours, alors que Martine Aubry était le numéro deux des sondages, François Hollande soit passé en tête ? Quel acte avait-il posé pendant ces cinq jours qui l’avait signalé au grand public en le propulsant si haut, si vite, si fort ? Aucun acte, aucun discours en particulier. Rien. Donc c’était un pur miracle. Le doigt de Dieu surgissant des nuages pour se poser sur son front aussitôt rayonnant. Un observateur attentif a cependant tôt fait de repérer les ficelles qui agitent les marionnettes.  Là aussi. Voyons cela. Le champignon sondagier a éclos dans un journal dirigé par un de ses partisans les plus fidèle, Laurent Joffrin, au « Nouvel Observateur ». C’est un sondage TNS-SOFRES. Pile poil efficace pour créer la prophétie auto réalisatrice et le panurgisme médiatique habituel après un moment de sidération et en profitant du vide. Ce qui s’est produit. Cela s’appelle du conditionnement. Mais peut-être que la photo était bonne ce jour-là, pour parler avec le vocabulaire parapluie des amis des sondages. Une « honnête-enquête-un-thermomètre-a-un-moment-donné » bla bla. Peut-être une autre fois. Mais pas celle-là. Et ce n’est pas moi qui le dit. Voici en effet la mise au point publiée par la Commission des sondages que l’on aimerait trouver plus souvent aussi vigilante. Lisez et méditez par quels moyens nait une réputation. Voici le texte de la mise en garde de la Commission des sondages : « Dans son édition du 25 mai 2011, Le Nouvel Observateur a publié un sondage relatif aux premier et deuxième tours de l'élection présidentielle de 2012 réalisé par l'institut TNS-Sofres ».  « Les choix retenus par l'institut pour établir, à partir des redressements effectués, les intentions de vote relatives aux hypothèses de premier comme de second tour sont caractérisés par un défaut de cohérence interne au regard de l'objet d'un sondage qui, dépourvu de toute valeur prédictive, doit se borner à refléter l'état de l'opinion au moment de sa réalisation. » Défaut de cohérence ! Mazette ! Voici la suite qui n’arrange rien. « En conséquence, et en l’absence de toute manœuvre imputable à l’institut, la commission exprime des réserves sur le caractère significatif des intentions de vote publiées qui ne reflètent pas les résultats de l’enquête après application aux réponses des personnes interrogées des méthodes de redressement habituellement admises. »

Ah ! Ah ! « Les intentions de vote ne correspondent pas aux réponses des personnes interrogées ». Bigre c’est grave ! Surtout que la Commission ne parle pas des résultats bruts. Elle parle des résultats une fois « redressés », ce qui est déjà bien aimable. Mais, dans ce cas, la Commission met en cause un usage du « redressement » qui ne correspond pas aux « règles habituellement admises » ! A cette occasion donc ont été appliquées des règles spéciales. Lesquelles ? En quoi ont-elles permis le miracle dont a bénéficié François Hollande ? Voilà ce que chacun doit pouvoir imaginer. Bien sûr, cette fois là encore, les rédacteurs qui ont commenté cette puissante « enquête » ont avalé tout rond le résultat. Ils ont glosé dessus sans autre forme de scrupule. Sans doute devait-il leur convenir assez pour qu’ils se sentent dispensés du devoir professionnel de vérification des sources. S’ils l’avaient fait peut-être se seraient-ils rendu compte, comme la Commission l’a fait, que des « règles » qui ne sont pas « habituellement admises » avaient été appliquées ? Mais peut-être qu’un autre résultat ne les intéressaient pas. Oublions les amis bien placés de François Hollande. Ils font leur travail. Ce qui est drôle c’est de voir comment ses concurrents sont naïfs et peu aguerris au combat. Ils méritent de perdre ! Car face à Sarkozy et à l’extrême droite il faut des coriaces qui ne se laissent pas intimider par un « institut de sondage »! Mais ça ne veut pas dire que si Hollande sait comment avoir de bons sondages il soit capable de les transformer en vote. La suite au prochain numéro.

 


502 commentaires à “Alerte ! Les voyous de la finance attaquent la France !”
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  1. fitz31 dit :

    @A-J Holbecq
    décidement, cette manière de faire du sophisme en répondant à ce que je n'ai pas dit:
    "Mais si l'on veut comparer la dette à autre chose que le PIB"
    je ne veux pas comparer la dette à quelque chose, je voulais dire comment on calcul un taux d'endettement :
    revenu annuel (ou mensuel) / (remboursement dette + intérets) annuel (ou mensuel)
    or le revenu annuel de l'état ce n'est pas un patrimoine, un pib ou je ne sais quoi. c'est la colonne recette totale de l'année dans le budget de l'état.
    parabole qui ne vous sied pas : quand on calcul votre endettement, ce sont vos revenus divers / vos dette + interet de la période de ces revenu. on ne parle pas de mettre dans la balance tout ce que vous posséder par aillêurs, votre résidence secondaire, la maison héritée de vos grand parents etc...

  2. Hubert Blanchon dit :

    Levons nous et unissons nous pour nous libérer dans la non violence de la dictature des marchés financiers en régulant la spéculation et les paradis fiscaux, mais aussi pour instituer une véritable démocratie direct participative incluant le référendum d'initiative populaire au niveau communal régional er national, afin de compléter notre actuelle démocratie indirecte représentative, manifestement insuffisante car nos élus politiques sont devenus trop soumis à une oligarchie financière toujours plus avide et toujours plus puissante.

    Ne restons pas dans la passivité, mais devenons acteurs de notre avenir et de celui de nos enfants. Souvenons -nous que l'utopie d'aujourd'hui c'est la réalité de demain.

    Alors levons nous et avançons pour préparer ensemble cette nouvelle réalité.


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