18sept 11
Je vois notre rassemblement. Je mesure toute la force qu’il contient. Elle m’inspire et elle m’envahit à cet instant où me revient la rude tâche de marcher devant, portant notre drapeau commun.
Dans un moment, la musique et la poésie vont agrandir de nouveau nos cœurs. Acceptons-en toute la leçon : il est temps de penser, de vouloir, et d’agir en grand comme la France le peut, forte de sa puissance et de son peuple travailleur, créatif, imaginatif, dévoué à la cause de la liberté universelle depuis l’abolition des privilèges en 1789.
Nous ne faisons pas campagne pour un homme, pour un candidat ni pour un parti mais pour une immense ambition collective.
Un monde nous appelle à l’action, puisqu’en définitive celui que nous voyons roule à sa fin. Il a une apparence, celle des tyrans du G8 et du G20 qui ont comme président commun celui de notre pays Nicolas Sarkozy. Cet ordre roule à sa fin. C’est celui du productivisme absurde qui pourrit l’air, vide les mers, épuise les hommes et la nature comme le disait Karl Marx si justement. L’ordre productiviste, combiné à celui du règne complet de la finance qui pourrit tout, domine les cœurs, les esprits, et réduit toute chose vivante ou inerte au statut de marchandise.
Ce dont il est question à travers ce que nous entreprenons, c’est d’empêcher que l’écroulement de cet ordre n’entraine la civilisation humaine elle-même dans sa chute.
Mes amis, dans la nuit noire du libéralisme, des recettes du FMI, des brutalités de toute sorte dont le monde avait été accablé, le jour s’est levé. Celui de la grande révolution citoyenne que notre temps appelle. Elle a commencé en Amérique du sud avec les peuples du Venezuela, de la Bolivie, de l’Equateur, de l’Argentine.
Elle a franchi l’océan. Elle est venue dans le Maghreb où nos frères et nos sœurs ont porté la parole universelle d’exigence de la liberté, de la dignité, du bien-vivre, qui sont en définitive le programme commun de tous les peuples, sous toutes les latitudes.
Et la voici qui a franchi la Méditerranée. Elle porte le nom des douze grèves générales des travailleurs grecs. Elle a le visage des indignés qui se rassemblent sur toutes les places. La voici, qui s’est avancée jusqu’à celle de Stalingrad et à présent sur la vôtre, à la fête de l’Humanité.
Le jour se lève. Il est demandé le bien-vivre, la décence d’une vie digne où nous ne réclamons rien d’autre que de pouvoir vivre décemment de notre travail, de notre paye justement gagnée dans l’œuvre mise au service de toute la société. Tel est notre programme. C’est le programme qui dit son nom : « L’Humain d’abord ! », nouveau drapeau du peuple !
Si le peuple le veut, par sa majorité, il imposera que ce qui n’a pas été partagé de bon gré quand c’était temps le soit de force. Par la force de la loi, celle que nous voterons, qui interdira les licenciements boursiers, qui mettra à contribution le capital et ses revenus et d’abord celui des grandes entreprises félonnes, qui ayant accumulé des richesses sur le travail humain ne les ont mis d’aucune façon en partage : les Total qui ne paye pas un seul euro d’impôt, les banques qui se sont gavées d’argent.
Pas un salaire dans une entreprise ne pourra en haut de la hiérarchie être vingt fois supérieur à celui du bas. Pas un revenu ne pourra être supérieur à 360 000 euros. Et il faut augmenter le SMIC à 1700 euros ! A ceux qui disent que c’est trop, nous posons la question de savoir comment ils expliquent aux gens qui vivent pour plus de 100 euros seulement que le seuil de pauvreté comment ils payent leur loyer, comment ils se nourrissent, comment ils se soignent. Réglez cette difficulté et alors nous écouterons le reste. Nous, nous la réglons.
Nous proposons à la France un nouvel horizon de développement et de progrès, celui de la planification écologique qui poussera à réorganiser redévelopper tout notre appareil de production et à réindustrialiser le pays. Ce sont des milliers, des milliers, des millions d’emplois qui sont à la clé de ce projet.
Enfin, nous allons en finir avec les traités iniques qui ont confisqué la souveraineté du peuple français pour le soumettre à l’absurde règle de la concurrence prétendument libre et non faussée. Le traité de Lisbonne, nous nous en affranchirons.
Et nous montrerons, d’abord dans notre propre pays, le changement institutionnel qui libère l’énergie populaire. Nous passerons à la sixième République. A bas la monarchie présidentielle et le régime des valises qui va avec !
Pour cela, avant toute chose, et avant même que vous ayez commencé à penser à vos bulletins de vote, tenez pour dite là leçon qui s’impose à chacun d’entre nous, à l’image des camarades que vous voyez sur cette tribune : Résistez ! Résistez ! Ne cédez jamais ! Résistez !
(La foule scande « Résistance ! Résistance ! »)
Amis, concitoyens, résistez ! Pas une usine ne doit être délocalisée. Pas une machine ne doit partir ! Pas une paye ne doit être rognée ni pillée comme elles le sont aux Fonderies du Poitou ! Résistez au premier euro qu’il s’agit de vous prendre ! Résistez à la première école qu’on veut fermer ! Résistez chaque fois que l’on distille autour de vous, dans les cœurs, le poison de la division : non ce n’est pas l’immigré l’ennemi qui vous prend votre pain, c’est le financier ! Résistez à la bêtise à front de bœuf qui condamne les femmes à l’odieux sexisme qui nie leur parole quand elles protestent contre les violences qui leur sont faites, en plus des discriminations professionnelles dans lesquelles elles sont enfermées !
Résistez contre le coup d’Etat qui se déroule à présent dans toute l’Europe, sous le prétexte absurde qui dit bien quel est le maître qui est servi, de la prétendue règle d’or. Et bien, nous ne connaîtrons, nous, qu’une seule règle : la règle républicaine ! Ceux qui ont le plus doivent donner le plus ! Et ils donneront !
Si le Président Sarkozy est si sûr de son affaire, lui qui pensait qu’il allait faire passer sa règle d’or dans la Constitution comme il nous avait déjà berné en faisant passer le traité de Lisbonne contre nos votes majoritaires pour le « non » en 2005, alors si vous êtes si sûr de votre affaire, au lieu de tenter ce petit coup de force en cachette dans le palais des versaillais, consultez le peuple ! Demandez-lui son avis ! Comme le réclame les indignés d’Espagne, du Portugal et de Grèce. Ne décidez pas contre nous !
J’achève. Mes amis, notre ambition est immense et rien ne nous intimide, cette fois-ci davantage que par le passé. A la suite de nos ainés, quelle que soit la difficulté qui se présente, nous savons que les seuls rêves qui finissent par périr sont ceux qui ne sont pas portés par des cœurs ardents. Alors ce monde nouveau qu’il faut faire naître, ce n’est pas un accord entre états-majors qui va le faire naître. C’est l’union du peuple tout entier !
C’est ce front du peuple qui commencera la nouvelle Révolution française, la révolution citoyenne qui, pour notre chance puisque nous avons une élection en 2012, peut commencer là où tout commence pour un citoyen avec des bulletins de vote dans des urnes.
Haut les cœurs, ardents à la lutte, tous nous allons faire avancer une nouvelle fois le fanal de combat qui rend la France à son peuple !