20avr 12

Veillée rouge

Ce billet a été lu 124  081 fois.
Cette vidéo a été consultée 38 fois

Cette note est la dernière que je suis autorisé à publier avant le premier tour de l’élection présidentielle. A partir de minuit ce soir, les commentaires seront coupés pour respecter la loi. Ils me manqueront ! Car je les lis avec intérêt chaque soir pour me faire une idée de ce qui se discute entre vous et pour y piocher des arguments et même des formules. Ici je vous dis un mot de ce que je ressens. Puis je me propose de vous ébahir avec le revirement de François Hollande sur la Banque centrale européenne. Enfin je publie l’entretien que j’ai donné au journal « L’Humanité » paru vendredi matin. En effet il exprime avec justesse et clarté le bilan que je fais à cette heure de notre travail commun dans cette campagne. Comme je ne saurais mieux dire depuis, j’en fais une sorte de déclaration à l’usage de ceux qui me liront. Ajouté aux arguments du meeting de la Porte de Versailles, j’estime que cela constitue presque une sorte de manifeste politique.

J’ai noté ces lignes de retour du rassemblement Porte de Versailles. Je n’avais pas fini d’éponger l’émotion qui m’habitait de façon si étrange par sa douceur et la tranquille sérénité qu’elle diffusait en moi. Nous avions été si tendus dans la préparation de cet événement qu’il n’y avait rien eu de prévu pour le moment d’après. Je dînais donc tard avec quelques très proches qui se trouvèrent disponibles au dernier moment après toutes les séances de réglages qui suivent ces sortes d’événements. Chacun entrecoupait son propos des nouvelles arrivées de nos amis qui organisaient des diffusions publiques en région dans les villes. C’était pour moi le plus suffoquant ! 1500 sur la place de la Révolution à Besançon, 2000 au Mans ! Ailleurs on me donnait aussi des chiffres qui coupent le souffle. Par téléphone dans le Doubs puis à Paris avec les jeunes responsables locaux de la mobilisation et de l’organisation parisienne, tous ne parlaient qu’une langue, si jeunes qu’ils soient, celle d’hommes et de femmes qui avaient le sentiment d’avoir écrit de leur propres mains une grande page d’histoire de la gauche. Et moi aussi je songeais que, dans cette vaste halle de la Porte de Versailles, s’était tenu le plus grand meeting parisien de l’union de la gauche dans les années soixante-dix. Nous étions plus nombreux cette fois-ci, si j’en crois ce que m’en a dit Jack Ralite venu me saluer après la fin du rassemblement. Dans la salle il y avait une émotion à couper au couteau. Que de larmes versées dans les rangs que je pouvais discerner devant moi. On ne parvenait plus à se quitter à la fin, après les hymnes. Les commentaires de ma précédente note raconte ces scènes dans les rames du métro et du tram à la sortie, ces internationales chantées à gorge déployées et reprises à pleins poumons par tous ceux qui se trouvèrent contaminés ! Pour une fois je me suis attardé à méditer sur ma propre place dans tout ceci, moi qui ai pour règle de ne pas me regarder vivre pour vivre vraiment. Pendant que j’y songeais on me dit que « Télésur » avait diffusé mon discours en Amérique du Sud ! Ainsi va notre vie de militant qui donne aux actes de notre engagement une sorte d’effet retour et de boucle harmonieuse entre nos actes. En un soir étaient effacées les odieuses traces des « limaces » de la calomnie comme disait Jaurès, qui m’ont accablées toute la semaine. Dans la chaleur des témoignages qui remontaient à moi, qui maintenant ne voit plus rien que ce qu’on m’en dit, je sentais quel énorme événement a été cet instant d’un bout à l’autre du pays parmi les nôtres. Au « Prolé » à Nîmes, ceux qui s’étaient rassemblés autour d’un écran pour suivre la télétransmission criaient et répondaient en même temps que la salle à Paris. Les mêmes témoignages viennent de Grenoble et de Marseille comme on m’en bombardait par SMS les échos émerveillés. Feu d’artifice final de la campagne de premier tour qui achève dans la ferveur ce qui a été commencé de même.

Le lendemain soir je n’en croyais pas mes oreilles. Un ralliement inouïe à l’une de nos thèses essentielle : « Le candidat PS à l'Elysée François Hollande s'est prononcé vendredi sur Europe 1 pour une baisse des taux de la Banque centrale européenne afin de soutenir la croissance. Interrogé sur les moyens de soutenir la croissance, M. Hollande a affirmé que la BCE avait "deux moyens de le faire : le premier, c'est de baisser les taux d'intérêt, si nous pensons qu'effectivement il peut y avoir, par ce biais-là, un soutien à la croissance, et moi j'y suis favorable. Donc à la Banque centrale européenne d'aller dans cette direction", a déclaré M. Hollande. "Mais il y a une deuxième façon qui serait de prêter directement aux Etats plutôt que de passer par le truchement qui a été choisi d'un soutien aux banques", a-t-il ajouté. Selon lui, "c'est quand même invraisemblable que la Banque centrale européenne inonde le marché de liquidités" avec des "banques qui empruntent auprès d'elle à 1% et qui reprêtent aux Etats, notamment espagnol, à 6%". "Il y a un moment où on ne peut pas accepter des phénomènes de rente à ce point", a dit le candidat socialiste. Il "serait plus judicieux, plus efficace, plus rapide que la BCE prête en premier et dernier ressort". » On se demande pourquoi il a attendu la veille de la clôture de la campagne pour en parler. Et pourquoi cet argument n’a jamais été évoqué avant cela compte tenu de son importance, notamment quand la Grèce se débattait sous le grotesque gouvernement Papandréou, pourtant socialiste, ou du temps où les socialistes gouvernaient l’Espagne et le Portugal et mourraient cuits à petit feu sous la trique de l’Union européenne dont ils appliquaient avec zèle les ordres cruels. Doit-on s’en réjouir ? Evidemment oui, car cela apporte de l’eau à notre moulin et aide à structurer une politique d’affrontement avec le gouvernement allemand en Europe. Faut-il le croire ? Je ne le recommande pas. En effet, la suite de son propos sent l’arnaque habituelle. François Hollande affirme : « Cette position, je la défends depuis des années ». C’est un bobard. Je ne l’ai jamais entendu la formuler et je mets au défi quelqu’un d’en trouver la trace. Son humour à l’égard de Sarkozy n’en est que plus suave lorsqu’il s’exclame : «  C'est ce qui se passe aux Etats-Unis, c'est ce qui se passe aussi en Grande-Bretagne », avant de persifler : « Le candidat sortant vient de la découvrir, tant mieux si cette campagne présidentielle a permis d'avoir plus de lucidité ». Tu l’as dit ami ! Que ça te fasse du bien à toi aussi, voilà qui est évident.

Comme il faut un propos comme conclusion d’étape, j’ai décidé de publier l’entretien que j’ai mené avec Patrick Apel-Muller et Mina Kaci du journal « L’Humanité ». C’est un travail remarquable qu’ont réalisé ces deux journalistes. Pour une fois je me reconnais très bien dans la logique du questionnement et j’ai eu plaisir à répondre pour éclairer mon point de vue. Je forme le vœu que ces lignes vous aident à votre tour à comprendre mon état d’esprit dans ces heures de veille et d’attente.

L’Humanité : « Nous arrivons au terme du premier tour. La campagne du Front de Gauche est appréciée par l’opinion comme la plus dynamique de toutes, mais estimez-vous qu’elle a changé la donne, qu’elle a « renversé la table » ? »

Jean-Luc Mélenchon. Nous avons fait vivre dans le pays des thèmes politiques qui ont changé le regard des citoyens, quelles que soient leurs options politiques. L’idée qu’il existe deux camps, celui du peuple et celui de l’oligarchie, est désormais très largement partagée. La dénonciation de l’hyper-richesse et de la richesse sans justification est maintenant générale. Je ne cite que ces deux exemples car l’impact a été si fort que les autres programmes politiques ont évolué, alors que ces deux thèmes étaient jugés populistes au départ. De même, notre discours d’unité républicaine du peuple français, quelles que soient les religions et les origines, a marqué les esprits. Ce qui a changé, c’est le regard que ceux qui se sont rassemblés, qui étaient dans le mouvement, portent sur eux-mêmes, pas sur nous, mais sur eux, du fait de cette campagne. Ainsi, du retour de confiance en soi de la classe ouvrière et du salariat et leur réintégration de leur propre dignité sociale. Dans la population héritière de l’immigration, le sentiment d’appartenance au pays est plus fort et conduit à une re-légitimation de notre présence à tous ici. Et, bien évidemment, nous avons réussi à rassembler la force politique éparpillée. Nous savions qu’elle existait, mais nous nous interrogions pour savoir si nous étions capables de l’aider à se cristalliser, à réapparaître. Nous avons travaillé avec méthode – en prenant le meilleur des traditions des unes et des autres formations – à la reconstituer, à la réorganiser autour d’un programme et d’une vision du monde à la fois anticapitaliste et culturelle. Nous avons fait la démonstration qu’un programme politique est ancré dans une culture, et une culture ancrée dans l’histoire. Cela s’est traduit dans ma manière de faire, mais aussi dans la nature de la participation aux rassemblements.

L’Humanité : « Les fameux « Résistons » et « Présidons »… »

Jean-Luc Mélenchon. Il a fallu parfois tempérer le zèle, mais j’ai rarement dû dire de ne pas crier mon nom. Le ralliement était en effet de nature politique. J’ai mis un point d’honneur à situer tous les parcours que nous avons fait politiquement et historiquement, à la Bastille, à Toulouse ou à Marseille. Les dimensions culturelles, politiques et historiques ont été continuellement tricotées ensemble et cela a transformé l’état d’esprit dans le pays. Même chez ceux qui ne sont pas avec nous.

L’Humanité : « La Banque centrale européenne est mise sur la sellette, on parle de combattre l’exil fiscal, d’une imposition portée à 75% des revenus… Vous faites école ? »

Jean-Luc Mélenchon. Nous avons rendu des questions incontournables. C’est une très grande conquête car des efforts incroyables ont été déployés pour détourner les citoyens de ces questions. L’ordre établi a fait un effort gigantesque pour faire surgir des débats qui n’en étaient pas, pour essayer de passionner l’opinion sur des leurres absolus. Les citoyens ont fait preuve d’une capacité de grande résistance pour ramener au premier plan leurs centres d’intérêt.

Nous avons mis tout le monde au pied du mur et, à quelques heures du scrutin, cela seul compte. Si tout le monde est bien convaincu que le monde de la finance continuera d’attaquer notre pays, quel que soit le président élu parce que ce n’est pas une affaire de personne mais de système, alors se pose les questions : comment répondre à cette attaque ? Faut-il céder, temporiser, s’accommoder? Ceux qui essaient de composer avec l’agresseur, seront encore plus frappés le lendemain que la veille, comme la Grèce. Il n’existe donc que deux positions : s’accommoder ou résister. La résistance porte en elle un acte positif. On résiste car l’on veut atteindre d’autres lignes d’horizon et que l’on n’a pas l’intention de s’en laisser détourner. Je ne dirai pas que nous avons fait école, mais nous avons été les metteurs en scène du réel. C’est nous qui avons amené la réalité sur la table, dont on avait tout fait pour la faire sortir.

L’Humanité : « Vous déclarez que le Front de Gauche est en train d’« écrire une nouvelle page de l’histoire de la gauche ». En quoi ? »

Jean-Luc Mélenchon. Le Front de Gauche fait renaître un courant politique, philosophique, culturel que certains pensaient épuisé. C’est un courant qui marie la philosophie des Lumières, le républicanisme révolutionnaire, le socialisme historique dans toutes ses composantes, qu’elles soient communiste ou socialiste. Nous n’avons pas ramené un vieux drapeau, nous avons créé une force politique nouvelle, le Front de Gauche, qui a en même temps procédé à un re-brassage idéologique très profond, qui a réorganisé son programme politique autour d’un paradigme nouveau : l’écologie politique. Nous avons démontré que les courants de la philosophie des Lumières, du républicanisme révolutionnaire et du socialisme historique ont été validés par le point de vue selon lequel nous n’avons qu’un seul écosystème qui rend la vie humaine possible et qu’il faut en tirer des conclusions. Jusqu’ici, on nous présentait le rapport entre le socialisme historique et l’écologie politique comme une espèce de millefeuilles, avec une couche de socialisme, une couche de République, une couche d’écologie. Nous avons présenté une nouvelle synthèse politique pas seulement comme un objet intellectuel, mais comme une force sociale. En ce sens, nous changeons l’histoire de la gauche. Un des moments clefs de notre campagne a été ce jour où, au quartier général de notre campagne, nous avons reçu les salariés de différentes entreprises en lutte qui ont fait la démonstration que leurs contre-projets étaient d’intérêt général en ceci qu’ils étaient écologiques. L’écologie politique ne sera plus la même dans ce pays depuis notre campagne. C’est notre tradition qui a fourni la première jonction entre cette synthèse idéologique et une classe sociale. C’est bien d’avoir des idées mais il faut aussi que les masses humaines impliquées se les approprient, ou les fassent naître d’elles-mêmes.

Surtout, la gauche va être au rendez-vous de l’histoire, du défi de la crise du capitalisme et de la crise écologique. Alors que tant de peuples n’ont pas l’outil politique efficace, comme le Front de Gauche, pour résister à cette crise, nous l’avons fabriqué, patiemment, méthodiquement, sans a priori, en acceptant que le mouvement de la vie corrige les théories que l’on avait au début. Quel exploit ! Nous sommes devenus dépositaires d’un bien très précieux, unique en Europe. On nous regarde dans le reste du monde. Nous ouvrons une nouvelle histoire de la gauche et il faut en assumer toute la responsabilité. Car le patronat et Laurence Parisot ne s’y sont pas trompés qui ont vu en nous « la Terreur »… pour les portefeuilles des patrons, en effet. Même l’instant d’une élection, ils ne veulent pas des rouges à 15%. Ils s’interrogent : comment en est-on arrivé là en France, alors qu’ailleurs nous sommes arrivés à domestiquer les salariés? A leurs yeux, nous avions déjà fichu la pagaille en 2005 en votant majoritairement contre le Traité constitutionnel européen et l’on avait recommencé avec la mobilisation contre le projet de réforme des retraites en 2010. Pour eux, nous empêchons de se dérouler l’histoire du triomphe capitaliste libéral.

Quelle que soit l’issue de la campagne, chacun en gardera la brûlure. On n’est plus le même qu’avant, quand on a été confronté une fois dans sa vie à la Bastille remplie à l’appel d’organisations politiques, au Capitole archicomble et à la marée humaine de Marseille. Alors, on ne regarde plus la politique de la même manière, ni l’action en politique.

L’Humanité : « Vous avez appelé à « mettre à terre » Nicolas Sarkozy et l’avez défini comme une priorité, comme le point commun de la gauche. Comment abordez-vous la question du deuxième tour ? »

Jean-Luc Mélenchon. Je lance d’abord une invitation à la prudence sur les pronostics. Je répète que l’intuition initiale du scénario de campagne a été vérifiée. Peut-être que cela me donne l’autorité pour que l’on m’écoute. La situation reste extrêmement volatile et la position finale du Front de Gauche n’est écrite nulle part. Ce qui signifie que beaucoup de surprises peuvent se produire. Comme dans les années précédentes. En 2002, le FN était plus haut qu’annoncé et en 2007, il était beaucoup plus bas. Il y a eu à chaque fois des erreurs dans les prévisions.   

Ayons donc l'humilité de juger que rien n'est réglé. Et en particulier pour le Front de Gauche qui, tous les éléments l’attestent, peut s’avérer la surprise.

Le deuxième tour va servir à éliminer la droite. C'est sa fonction principale. Le projet de François Hollande, comme celui du Front de Gauche, ont cet élément, peut-être le seul, en commun. Pour nous qui pensons que la révolution citoyenne est inéluctable, nous avons besoin d'ouvrir la brèche et que la droite perde le pouvoir. Ce sera la première défaite de la droite dans une économie majeure depuis des années. Si M. Sarkozy est battu, l'axe Sarkozy-Merkel s’écroule. Nous ouvrons alors un espace pour toute l'Europe. Et comme nos amis grecs vont voter juste derrière nous, et les Allemands en octobre prochain, cette brèche peut traverser toute l’Europe. C’est à cette échelle que se joue la partie. C’est dans nos rangs que se trouve Pierre Laurent, le président du Parti de la gauche européenne, qui constitue, à l’échelle du continent, la seule alternative à la sociale-démocratie qui partout en Europe – je ne parle pas de la France – a capitulé, instantanément, sans aucune résistance.

L’Humanité : « Certains, jusqu'à la dernière minute, vont continuer à raviver la thématique du "vote utile", du "vote efficace". Craignez-vous cet argument ? »

Jean-Luc Mélenchon. Le soi-disant "vote utile" a fait long feu. Il ressemble davantage à une manoeuvre malhonnête qu'à un raisonnement politique sachant que les sondages placent le candidat socialiste François Hollande à plus de 10 points devant le Front National. Pour moi, ce qui est utile c’est déjà de voter. Depuis maintenant 10 jours, les mêmes qui appellent au "vote utile" consacrent l'essentiel de leur énergie à taper sur le Front de gauche. Il y a là une incohérence : Si la gauche était menacée par le Front National, ils consacreraient leur énergie à contrer l’extrême-droite. Quant au "vote efficace", c'est totalement déraisonnable. La démonstration a déjà été faite : en 1981, François Mitterrand était deuxième au premier tour, il a gagné l'élection. En 1995, Lionel Jospin était premier, il a perdu. Ce qui compte donc, ce n'est pas la position relative à la sortie du premier tour mais la capacité de rassemblement. Les élections présidentielles perdues par la gauche ont une caractéristique commune : la faiblesse du courant que nous incarnons.

L’Humanité : « Et aujourd’hui ? »

Jean-Luc Mélenchon. La gauche a une faible capacité de rassemblement, pas seulement entre les états-majors, mais avec le peuple lorsqu'elle a un programme politique qui renonce à l'affrontement nécessaire avec le capital. Cette fois-ci, nous sommes à un paroxysme de cette situation. Ce sera la première fois qu'un candidat socialiste dans l'histoire appelle à voter pour lui sans proposer aucune conquête sociale d'aucune sorte. Et même pas le minimum qui est une augmentation du SMIC ! C’est pourtant le point de départ de n'importe quel programme de gauche avec l’ambition de diminuer le temps de travail au cours de la vie. De ce point de vue, la capacité de rassemblement de François Hollande est bien plus faible que celle du Front de Gauche. Nous, nous sommes en état de proposer quelque chose qui va de l’avant.

Par ailleurs, nous rassemblons sept partis coalisés, plus des courants. Du côté de François Hollande, il y a un parti et trois humiliés qui ont dû renoncer au passage à leur programme. Le mouvement de Jean-Pierre Chevènement a dû s'avaler tout rond le Traité de Lisbonne pour avoir droit à trois sièges à l'Assemblée Nationale ; Europe-Ecologie-Les-Verts ont dû renoncer à la plupart de leurs idées. Quant au PRG, il devra accepter l'instauration du concordat dans la Constitution. Voilà à quoi ont été réduits les alliés de François Hollande. À une négation de leur identité. Ce qui n'est pas du tout notre cas. Aucun des alliés n'a dû renoncer à quelque chose d'identitaire, de fondateur pour lui. Notre capacité de rassemblement d'organisations politiques est plus grand que celui du candidat socialiste et notre rassemblement populaire l'est aussi. D'une manière ou d'une autre, notre discours donne à tout le monde une perspective commune. Quand le Front de Gauche parle de planification écologique, tout le monde entend de quoi il s'agit, que l'on soit ingénieur, technicien ou ouvrier. Nous avons un contenu programmatique de grande ampleur non seulement socialement, mais humainement et écologiquement. Nous ne sommes pas choisis par défaut…

L’Humanité : « Votre objectif est de réduire l'influence du Front National, faire en sorte que Marine Le Pen soit loin derrière vous. Qu'est-ce que cela changerait dans la vie politique ? »

Jean-Luc Mélenchon. Pour nous qui voulons être utile au pays et à la culture très large du républicanisme, de l'idée des Lumières, du progrès humain et de la similitude des êtres humains entre eux, ce serait un fait extraordinaire. À rebours de ce que l'on a constaté dans pratiquement l'ensemble des pays d'Europe, nous aurions réussi à enrayer cette force et à faire passer devant, la force la plus clairement partisane de l'égalité entre les êtres humains, du partage et des valeurs du progrès. Ce serait un événement politique extraordinaire. On part de loin. Certains voudraient que l'on règle cette question en une campagne, alors qu'elle ne l'a pas été depuis plus de 20 ans. On ne sait pas si dimanche on va y arriver. Mais c’est un enjeu d'intérêt général. Pour des citoyens se demandant quel intérêt ils auraient à voter ce dimanche en général, et pour nous en particulier, c'est une bonne raison que de leur dire de venir nous aider à repousser le Front National.

L’Humanité : « Dans L'Humanité de mardi, Christian Salmon, fondateur du Parlement international des écrivains, jugeait que la campagne du Front de Gauche réinvente la politique. N'est-ce pas un préalable, une nécessité pour tous ceux qui aujourd'hui s'abstiennent faute d'espérance, n'est-ce pas aussi le sens de la "révolution citoyenne" que d'embrasser toute cette population ? »

Jean-Luc Mélenchon. La révolution citoyenne s'apparente davantage à un phénomène de la nature qu'à un complot délibéré, organisé par nous. Les origines de la mise à distance de la politique par toutes sortes de gens ont un contenu très concret : la politique libérale ne parle à personne. C'est une politique sèche, stérile, faite de comptabilité. On tente par des graphes, en prétendant leur donner un caractère scientifique, de transformer en évidence quelque chose qui n'est qu'une construction idéologique. C'est un système politique qui ne répond à aucune question que se posent les gens. Comment puis-je vivre s'il me manque la moitié de mes dents ? Comment puis-je lire si je n'ai pas de lunettes ? Comment mon gamin va-t-il améliorer sa vie s'il n'y a pas d'instituteur dans l'école ? Ce sont des questions préalables à toutes les autres. Comment accepter de faire des sacrifices toute sa vie sans pouvoir améliorer son quotidien… La politique de l'ordre établi ne parle à personne en dehors des puissants. Elle parle une langue morte dans laquelle il n'y a pas d'êtres humains, pas d'amour, pas de fraternité, pas de poésie, pas de goût du futur, pas de passion pour la science. Seul importe l'équilibre des comptes à condition que la dépense publique soit réduite. Nous avons osé changer cela. Nous avons en quelque sorte rompu la loi du silence inhumain. Et ramené des questions humaines en se demandant comment les régler. Nous nous sommes rendus compte que le possible n'était pas loin du souhaitable. Et que parfois le possible est plus grand que ce que les gens osent rêver. On a appris aux gens à rabougrir leurs rêves. Nous, nous leur disons de les laisser s'épanouir. C'est effectivement une autre manière de faire de la politique.

L’Humanité : « En lisant des poèmes ? »

Jean-Luc Mélenchon. J'ai lu Victor Hugo devant 10 000 personnes pour envoyer un signal, pour répondre à ceux qui prétendait que j'étais trop intellectuel pour les gens. Un beau silence de connivence m’a accompagné, montrant que nous aimons tous les belles choses. On finira par percer la muraille. Et voilà que « l'autre » se met lui aussi à lire du Victor Hugo place de la Concorde…

L’Humanité : « Quelles seraient les mesures prioritaires à vos yeux que devrait prendre l'éventuel gouvernement de gauche dès son installation ? »

Jean-Luc Mélenchon. Il faut convoquer la constituante pour la 6ème République. Il n'y a pas plus urgent. Changer la règle politique, c'est refonder le peuple français lui-même et c'est donner de la respiration aux nôtres. Mais bien sûr l’urgence c’est de commencer par rassurer, non pas les marchés, mais les travailleurs. Ainsi, il faut des décrets de titularisation des précaires (ainsi 880 000 personnes retrouvent une perspective dans la vie qui ne s'arrête pas au mois suivant) et de plafonnement du recours au précariat dans les entreprises. Et bien entendu, l'augmentation du SMIC. Le gouvernement doit être une machine à donner la confiance au peuple français. Il faut rassurer les salariés, les gens ordinaires qui ne demandent pas des mille et des cents. Ils demandent simplement à réintégrer un cadre de civilisation où ce n'est pas la précarité qu'il emporte. Toute l'histoire de l'humanité est une lutte contre la précarité. On a inventé les institutions sociales pour nous soustraire aux rapports de force qui peuvent changer tous les jours. On a inventé l'agriculture pour ne plus dépendre de la cueillette. La barbarie du capitalisme, c'est de replonger les masses considérables d'êtres humains vers une situation anté-historique. La sphère politique ne mesure pas assez qu'une société ne peut pas vivre dans la peur permanente, la peur de ne pas avoir de travail, la peur de le perdre le lendemain, la peur du chef, la peur de mal faire car le management fonctionne sur la peur. Il faut libérer la société de la peur et de la violence de l’exploitation.

L’Humanité : « Les législatives, qui font suite à la présidentielle, sont un moment fort du rapport de forces. Allez-vous mouiller la chemise ? »

Jean-Luc Mélenchon. C'est décisif. Si les choses tournent bien pour le Front de Gauche, et qu'il y a un gouvernement de Front de Gauche, nous avons besoin de pouvoir nous appuyer sur un groupe parlementaire très fort, pas pour faire de la figuration dans l'hémicycle, mais pour porter le projet de la révolution citoyenne sur le terrain et être les agitateurs et intermédiaires. C'est notre conception de ce qu'est un parlementaire. Ce n'est pas une machine à voter avec la majorité.

Si ce n'est pas un gouvernement du Front de Gauche, mais un gouvernement socialiste, notre groupe parlementaire sera l'assurance-vie des salariés. Car il n'y aura que lui qui tiendra son programme jusqu'au bout et qui le tiendra d'une manière positive mais exigeante. Le reste, on connaît : la droite est contre tout progrès social et les socialistes ont tendance à avoir peur de leur ombre. La force d'entraînement viendra du Front de Gauche et de nulle part ailleurs. La bataille des élections législatives et le deuxième temps de l'insurrection citoyenne, après la présidentielle et avant la suite, c'est-à-dire la mobilisation populaire. Beaucoup devraient réfléchir à ce qui est en train de se passer dans notre campagne. Le Front de Gauche est en train de se transformer en front du peuple.

L’Humanité : « Prédisez-vous une sorte de mariage entre l'élan électoral du Front de gauche et des mobilisations populaires ? »

Jean-Luc Mélenchon. Quelque chose bouge en profondeur dans le salariat de notre pays qui est en train de vaincre la peur. A l’heure où nous parlons, des luttes offensives pour l'augmentation du salaire, contre des cadences infernales, contre le travail du dimanche sont conduites. Ce sont des luttes de conquête. Le Front de Gauche en est l’expression politique. Nous avons permis que ce mouvement prenne confiance en lui, non seulement syndicalement, mais politiquement. Il va donc s'élargir. De plus, si nous battons Nicolas Sarkozy, ce sera un démultiplicateur d'énergie gigantesque.

L’Humanité : « Quelle est votre dernière adresse, avant le premier tour, aux électrices et aux électeurs à deux jours du premier tour ? »

Jean-Luc Mélenchon. Je fais une invite de républicain : réfléchissez attentivement à ce qui est bon pour le pays et ne vous laissez pas embarquer par des impressions, par des combines de sondages, par des suggestions visant à vous condamner à la résignation… Et voyez que le Front de Gauche est la meilleure contribution que l'on puisse faire aujourd'hui à l'histoire de notre pays. Osez l'audace !

Entretien réalisé par Patrick Apel-Muller et Mina Kaci


1  682 commentaires à “Veillée rouge”
» Flux RSS des commentaires de cet article
  1. Gil-KLM dit :

    Merci d'avoir si bien porté la parole du PC-F (entre autres) durant ces longues semaines.
    Ma mère me "traînait" (par la force des choses) aux réunions de cellules il y déjà plus de 30 ans, La Fête de L'Huma et les soirées de soutien ont fait partie de mon éducation.
    En septembre, je savais déjà que mon vote irait à celui qui représenterai les couleurs du PCF plus par capillarité que par conviction. Cette conviction vous avez réussi à la réveiller à nouveau. Vous avez été la chercher au plus profond de moi. Dimanche, mon seul regret sera que ma grand-mère n'aura pas vécu assez longtemps pour venir étoffer votre voix de la sienne. Je voterai pour elle aussi.
    Merci.

  2. Poison Rémi dit :

    Cher Jean-Luc,
    Les heures les plus terribles arrivent pour toi : celles du silence réglementaire. Mais c'est aussi le moment où notre coeur bat encore plus fort qu'à l'habituelle et où le temps est suspendu à la dernière inspiration silencieuse. Mais ne t'inquiète pas, cette dernière inspiration silencieuse est aussi nécessaire pour emplir nos poumons et faire rugir (ou rougir) le cri du peuple dimanche.
    Comme on dit par chez moi : on ne remercie pas un camarade tant qu'on a encore besoin de lui. Donc, permets moi de te dire un énorme et chaleureux : pas merci ! -- rire --
    Bien à toi et bon courage pour ces dernières heures de mutisme, les avant-dernières (il y a bien un second tour pour nous) avant de ne plus jamais se voir imposer un tel châtiment.
    En attendant de te réécouter ce dimanche soir, salut fraternel de la Côte d'Opale

  3. Rougeaucoeur dit :

    Je croise très fort mes doigts pour ce premier tour que j'espère rouge !
    Vous avez fait une magnifique campagne qui a su rassembler des milliers
    voire des millions de Français dont la qualité principale est la fraternité et
    l'humanité et fait renaître une gauche que je croyais à jamais perdue.
    Je suis très fière de porter votre message d'espérance tout
    autour de moi et de constater avec le plus grand bonheur que celui-ci
    est naturellement, spontanément très bien accueilli.
    Merci à tous et on lâche rien !

  4. roudoudou dit :

    Quelle campagne! Je suis admiratif devant le travail accompli, les mobilisations massives aux meetings.

    Impressionné par la cohérence du programme, le déroulement de l'argumentaire, repris par les deux gros de cette élection. À se tordre de rire parfois, bien que la situation soit grave.

    Et surtout, l'espoir que nous soyons enfin un certain nombre à vouloir en finir avec ce système.

    Résistance!

  5. Lionel THURA PG 36 dit :

    Je reviens de la réunion PG et d'une tournée de collage, on est à bloc, mieux qu'au premier jour, tous ensemble avec toi et les millions qui vont voter Front de gauche… et quoiqu'il arrive dimanche on continuera à construire la suite tant espérée de la Révolution Citoyenne Universelle.
    Vive le peuple, vive la vie !

  6. The Red Harvest dit :

    Merci pour la fierté retrouvée et la fraternité.
    Un grand merci un animateurs du FdG.

  7. Philippe dit :

    Pour la première fois depuis longtemps, je vais voter par adhésion à une élection présidentielle. Longtemps berné par les sirènes libérales, mais avec du social dedans (j'étais centriste), j'ai compris avec la campagne du TCE en 2005 que ce n'était pas l'Europe que je voulais qui était celle qu'on nous proposait. Un traité illisible faisant la part belle au marché, au détriment de l'humain, pourtant promis depuis si longtemps.
    J'ai assisté à un meeting du non de gauche à Toulouse où Olivier Besancenot, José Bové et vous, Jean-Luc Mélenchon se sont succédé à la tribune, et j'ai vu un grand tribun, un homme portant haut le verbe et ses convictions.
    Très sensible aux questions écologiques, je voyais en Eva Joly, une femme neuve, intègre, avec un discours nouveau. Mais son entourage, qui pourtant se vante de faire de la politique autrement, a fait office de repoussoir. Aux primaires socialistes, j'ai été séduit par les propositions de Montebourg. Lui aussi m'a fortement déçu depuis.
    C'est pourquoi je suis allé voir ce que proposait le Front de gauche et ce qu'il y avait au-delà de l'étiquette de fort en gueule que les médias vous ont collé. J'ai découvert des propositions sincères, du verbe, de la pédagogie, et plus encore, un mouvement profondément humain et humaniste. J'ai suivi plusieurs meetings sur Internet, qui n'ont fait que renforcer le choix que j'ai fait de voter pour vous et de voter pour le FG aux législatives.

  8. BIBI dit :

    Ce matin j'ai pris mon vélo pour faire 25 km et aller distribuer un dernier tract dans un quartier populaire. En revenant j'ai pris un déluge sur la tête. Ce qui m'a le plus surpris c'est que jamais je ne me suis dis sous la flotte : "mais t'es con à 65 ans de te faire arroser comme çà pour aller distribuer un tract". Rien que pour çà merci Jean Luc pour ce que tu as fait dans cette campagne, et merci également à ta famille à qui tu as du manquer ces derniers mois. Je les embrasse affectueusement. J'ai puisé dans tes discours cette énergie qui me faisait pédaler. C'est con mais la vie c'est comme çà. Je crois que si on m'avait payé je ne l'aurais pas fait....

  9. Annabelle dit :

    Bravo ! Bravo d'abord aux forces de gauche qui ont su ranger aux placards les ambitions personnelles et les luttes claniques stériles pour construire le Front de gauche. Bravo à ceux qui se sont mis à l'établi et qui ont travaillé sans relâche pour échafauder, pièce à pièce, un programme cohérent et ambitieux. Bravo ensuite aux militants, qui ont su faire preuve de pédagogie, de persuasion et d'humour pour partager ce programme et insuffler autour d'eux le goût de la politique, la vraie. Bravo à vous, bien sûr, camarade Mélenchon, qui avez su diriger ces troupes enthousiastes, porter leurs voix, les galvaniser sans les mystifier. Bravo ! Un espoir est né, une ligne est tracée, dimanche n'est qu'une étape. Vous tous qui avez fait naître cette dynamique, soyez-en sûr : qu'importe le résultat, votre travail compte et comptera pour l'avenir ! Tout vient tout juste de commencer ! Résistance, et vive la Sociale !

  10. Martin.G dit :

    Merci à toi, Jean Luc. Merci à tous les anciens de ma génération rencontrés ces dernières semaines, merci à tous les sourires inconnus partagés lors de nos rassemblements, merci à tous les jeunes plein de folle énergie débordante d'espérance, merci à tous qui nous sommes aidés mutuellement tous ensemble à nous réveiller...
    Demain nous continuerons un chemin qui ne sera pas toujours aussi exhaltant que ces derniers jours mais nous avons pris de l'assurance et nous ne cèderons plus.
    Et d'ici Dimanche, on garde tous le fol espoir....

  11. Unido 63 dit :

    bonjour militants de gauche
    soyez nombreux dimanche dans les urnes pour viré le FN et Sarkozy pour un 2° tour avec Jean Luc
    bravo pour tout ce qui as déjà était fait et continuons d’après nos moyens à tous
    bon weekend et j’espère un beau Dimanche tout rouge de joie a tous
    fraternité

  12. ¡ viva la revolución cromática ! :))

  13. Panchito dit :

    Avant, je votais vert, puis socialiste par défaut en ayant ce sentiment que c'était le moins pire. Le communisme trop à gauche, trop productiviste, pro-nucléaire.....le Front de Gauche a fait cette synthèse, ce trait d'union manquant entre la justice sociale, des valeurs humanistes et l'écologie, et toutes ces dimensions font parti d'un tout sans pouvoir se séparer. Ce front a été porté par des personnes qui transpirent d'humanité, de vérité et proches de nous tous. Je me suis passionné comme jamais pour tous ces sujets qui semblaient bien souvent inaccessibles à la plupart d'entre nous. Je voudrais aussi remercier le travail exceptionnel fait par une équipe de journalistes de France Inter autour de Daniel Mermet dans Là-bas si j'y suis, ils participent de cette même volonté d'éclairer l'obscurantisme ambiant.
    Quant à toi, Jean-Luc.... je n'ai pas connu Hugo, Jaurès... mais tu les as fait revivre, et tu en es le digne fils par l'humanité que tu cries au-devant des foules contre vents et marées et je suis fier d'être ici pour vivre ces moments qui nous portent tous. Tu es là au bon moment au bon endroit et ce n'est pas un hasard.... MILLE MERCI
    Et non, nous ne sommes pas un troupeau de moutons suivant le berger providentiel, nous adhérons pleinement à un projet que nous connaissons et qui vivra avec nous tous. Et oui, nous sommes fiers que tu sois notre porte-parole entouré d'une très belle équipe. RESISTONS et CONSTRUISONS.... Ce n'est que le début!

  14. Indien dit :

    Cher Jean Luc - Merci pour ce dernier Billet - La culture politique va donc se taire pendant 48 heures ! Etrange couvre-feu - Faut-il donc que la démocratie ressemble à ce point à une dictature que la préoccupation politique ne soit plus percue comme un chant joyeux ? - La culture, vous avez raison à quel point d'y revenir si souvent ! - Vous disiez porte de versaille qu'il y avait à peu près 13 millions de pauvres gens prêts à la révolution citoyenne - Bigre ! Comment convaincre les 50 millions d'autres français ?... des gens qui ne comprennent pas ou des classes plus ou moins (plutôt moins) moyennes accrochés à quelques pitoyables biens - Comment si ce n'est en forçant la culture, la parole - comme vous l'avez du reste bien réussi - Non, il n'y a pas à baisser les bras, juste à continuer jusqu'à ce que le soleil se lève - Merci pour vos rapports et références à l'amérique Latine - J'ai vécu au brésil et je sais toute la chaleur merveilleuse dont vous parlez - Il me faut traduire leurs si belles paroles de chansons d'amour - chose dont les gens ici n'ont m^me pas idée ! Le jour se lèvera bientôt - Courage, continuons - Merci encore pour tout - Nous continuons avec vous - Love -

  15. Achelle dit :

    je me joins aux remerciements de tous ici, et je les étends à tous ceux qui ont cru en la formule du FdG à ses débuts. Comme vous dites souvent, l'unité profite à l'unité : nous en sommes plus puissants et, je l'espère, nous ne nous séparerons que par la force des baïonnettes ;-)
    comme pour beaucoup des nouveaux partisans du FdG, cette campagne a changé ma vie, mon regard sur les médias, sur l'usage de l'intellect en politique, sur la dimension amicale du militantisme, et j'en passe... finie la parole politique confondue avec la parole des gourous de la com, finie la gêne à tracter au métro, ou à brandir nos drapeaux !
    J'ai surtout, comme vous-même sûrement, éprouvé le bonheur d'être enfin en accord avec les aspirations les plus profondes en politique, à être parfaitement ajusté à ce que je suis et à ce que je veux en faisant cette campagne (et pourtant je n'ai pas passé 32 ans au PS, moi !). ça ne s'effacera pas de sitôt. J'ai d'ailleurs l'impression que la dimension humaine de cette campagne fera autant pour la pérennité du FdG que les intérêts bien compris de ses différentes formations, ou que son efficacité pour faire accéder nos idées au pouvoir. c'est bien.
    je suis sûr que vous trouverez les mots, dimanche soir, pour nous pousser au combat quelque soit le résultat, comme vous l'avez fait porte de Versailles. Gagner le 2d tour, changer le monde, battre la droite, préparer pour la prochaine fois l'anéantissement du FN et de ses alliés objectifs (!)...

  16. Monnier Gaël dit :

    Chirac, Amara, Hirsch, Gourdin, Lepage, Begag... Si la droite vote Hollande, pour qui vote la gauche?
    Pour Jean-Luc Mélenchon ? L'espoir est permis !
    Votez Mélenchon dès le 1er tour!

  17. Aleida dit :

    Jean Luc merci de mettre du baume au coeur à tous ceux qui croient en ces valeurs et se sont sentis perdus dans le marasme politique ces dernières années, la gauche a besoin de se retrouver et se renforcer grâce aux arguments et au charisme de personnes comme toi.

    Il n'y a rien de pire que d'avoir l'impression que les hommes politiques ne respectent aucun principe et ne sont même pas fichus d'être fidèles à eux-mêmes, les convictions profondes et sincères nous votons pour cela!

    Hasta la victoria siempre!

    Abrazo desde América Latina!

  18. nito dit :

    Bonsoir,
    Tous les soirs postée devant mon ordinateur, je navigue sur votre blog, je lis les commentaires et ma foi je suis sur un nuage ! Un nuage de bonheur et d'espoir! je suis enseignante et d'habitude je suis plutôt terre à terre et réaliste mais là sincèrement je veux y croire. Je vous remercie vous et tous vos collaborateurs pour nous avoir fait vibrer tout le long de cette campagne et pour le travail fantastique que vous avez réalisé. J'ai toujours été d'extrême gauche, c'est héréditaire chez nous, enfants de réfugiés espagnols ! Dimanche c'est dans l'urne que nous vous rejoindrons.

  19. Hélène Décis dit :

    Merci de vos mots. Je suis professeur et j'aspire à transmettre, en plus de la langue française, quelque chose qui parle de liberté, de poésie, de générosité, d'ouverture du coeur. Je voudrais tant que nos enfants soient des artisans de paix. Mais il fait nous/les aider. Et vos mots résonnent de cette attention aux petits, aux plus faibles, à ceux qui manquent de tout, de mots, de droits, d'ambition, d'espérance, d'amour.
    Il faut continuer à se battre contre l'égoïsme et le désespoir. Vous avez raison de dire qu'une force s'est levée et ne se taira plus.
    Soyons confiants ! Et en tout cas, merci de votre travail acharné, courageux et si généreux. Merci de la langue de vos discours, français enfin retrouvé après tant d'indigence chez nos personnalités politiques... Merci de réveiller le rouge de nos forces les plus intimes.

  20. Michèle14 dit :

    Amis,
    Tout simplement Merci !
    Michele

  21. le Chat Rouge dit :

    Merci Monsieur Mélenchon de nous donner toute cette force. Quelque soit le résultat, le Front de Gauche donne l'espoir à toute cette belle jeunesse qui vient vers lui pour assurer le futur de la vraie gauche !

  22. bouzkashi dit :

    Bravo Jean-Luc, tu nous redonnes le gout de militer et l'espoir que change notre societe

  23. ERIC ROUSSEL dit :

    Trop fort le Jean-Luc, un dernier p'tit texte pour la route. Jusqu'au bout.
    Et nous qui nous inquiétions pour sa santé! Il aura la notre...Heureusement la coupure se fait dans moins de 2 heures. Je n'aurai plus aucun prétexte pour ne pas aller coller mes 100 derniers autocollants.
    Et alors commencera un "voyage au bout...de dimanche". Une éternité!
    Stp, Jean-Luc, embrasse pour moi Marie Georges, et si tu ne sais pas quoi faire, commence à lui dresser une statue.

    Je fais le malin, mais je suis tout liquide! A dimanche.

  24. Achelle dit :

    suite et fin :

    je suis sûr que vous trouverez les mots, dimanche soir, pour nous pousser au combat quelque soit le résultat, comme vous l'avez fait porte de Versailles. Gagner le 2d tour, changer le monde, battre la droite, préparer pour la prochaine fois l'anéantissement du FN et de ses alliés objectifs (!) dans les médias.
    VALE !

  25. Aurore dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon pour cette magnifique campagne, dimanche je vais voter pour toi. Au second tour si tu n'y es pas, je ne voterai pas "blanc", je préfère choisir un vote "nul" en glissant ton NOM dans l'urne! Il est hors de question que mon vote "blanc" profite à Hollande, Sarko ou Le Pen. Quoiqu'il en soit je me déplacerai pour voter....
    J'invite tous ceux qui se retrouveront confrontés à un choix sans conviction en ton absence au second tour à méditer sur ma décision d'agir...
    Jean Luc, j'y crois, maintenant ou dans 5 ans, je lâcherai rien! (même si je gagne à euromillion entre temps! 30000€/mois je ne saurai même pas comment les dépenser! lol)
    Aurore,31, Dîplomée, Education civique assurée, Célibataire sans enfants, CDD à répétition, Colocation et soutien familial mais il est une chose que l'on ne m'enlèvera jamais c'est l'espoir.... et l'espoir c'est TOI !
    RDV Dimanche! Vive la 6e République!

  26. Azel Bury dit :

    Bravo et MERCI pour tout ! Quel que soit le résultat nous avons d'ores et déjà gagné : nous nous sommes trouvés ! VIVE NOUS !

  27. JALADIEU dit :

    Un siècle après, le socialisme du grand Jaurès est enfin de retour ! Merci Jean-Luc ! du passé sauvons nous-memes, Résister, c'est d'abord espérer, l'espoir est revenu, la lutte continue !
    Corinne

  28. Lorraine dit :

    Merci pour cette formidable campagne M. Mélenchon.
    Je voterai pour vous dimanche !
    A dimanche soir pour amorcer le deuxième tour !

  29. C Patou dit :

    Mille mercis Jean Luc, et à tout l'équipe.
    La campagne du FdG a été magnifique à tout point de vue. Quelque soit le résultat, vous et nous avons déjà gagné.
    J'ai beaucoup appris grâce à vos discours dans vos meetings et dans les médias. J'en reviens pas.
    Même votre profession de foi, que je viens de recevoir (en 2exemplaires pour N.Arthaud!), est simple, claire et lisible comparé aux autres. J'adore ce rouge.
    Tous aux urnes dimanche et qu'on mette une bonne claque aux sondages.

  30. Medjaoud dit :

    Merci pour t'es expression riche qui dépeigne une vérité effrayante.

  31. LACOUR Martine dit :

    Oui, Louisette MEIER, on n'arrêtera pas le printemps...Les graines de l'espérance, dites-vous, sont semées du Nord au Sud ! Et de l'Est à l'Ouest...si on en croit le "printemps de l'érable" qui s'annonce là-bas grâce à nos cousins indignés de l'autre côté de l'Atlantique.
    Le temps des cerises est bien revenu, n'est-ce pas ? Notre "printemps des cerises" a pris les couleurs du Front de Gauche, avec vous, Monsieur Mélenchon et tous ceux qui ont tant oeuvré à vos côtés. Ce soir, j'ai rejoint une équipe de tractage, sous mes fenêtres et j'ai mis sur le revers du col de mon manteau " l'Humain d'abord" en forme de coeur (encore une idée géniale!) souvenir du dernier grand Meeting de Versailles !

    Alors, en écho à votre dernière note puisque la loi l'exige, je formule un voeu très simple : que chacune et chacun qui se glissent dans cette chaîne épistolaire accrochent son coeur, sa prose, sa poésie à celle ou celui qui précède. Simplement, cher Monsieur Mélenchon et cher camarade, pour vous remercier de cette page d'histoire politique et poétique que vous avez commencée d'écrire pour la Sixième République, pour nous et avec nous. On lâchera rien !
    Merci, infiniment merci.

  32. Chris dit :

    On veux nous faire croire qu'il n'y a que le choix DU Sarkozy ou Hollande, je ne suis pas croyant, dieu merci ! ;)

    Merci pour l'espoir d'un monde, qui prend racine dans chacun de nos coeurs !

  33. DIDIER dit :

    Mais il y a une mitrailleuse à commentaires cachée quelque part !

    Dimanche il en faut une à bulletin FdG....

    Merci à tous et surtout à notre candidat pour cette campagne, la seule véritable depuis celle de 81, merci pour l'espoir, merci pour avoir réveillé nos forces car maintenant quelque soit l'issue de ce scrutin nous sommes prêt pour créer et animer une force politique populaire.

  34. France Paul dit :

    Merci jean-Luc Mélenchon pour cette magnifique campagne qui fait progresser la démocratie, les idées, l'humanité ! On ne lache rien

  35. Pierrot dit :

    Et bien, c'est une excellente nouvelle : M Hollande et le parti socialiste se sont rendus compte qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas dans les traités européens qui interdisent à la BCE de prêter aux Etats

    Donc, la seule chose a faire, c'est de sortir des traités actuels et d'en écrire de nouveaux!

    Le problème, c'est que M Hollande n'a jamais dit qu'il voulait le faire. Dans son programme qui est "à prendre ou à laisser", il n'y a pas une ligne dessus.!

    Alors, autant le laisser et voter pour le candidat dont le programme est cohérent: on sort du traité de LisBonne, on renégocie un traité européen, on prévoit un nouveau role pour la BCE, on fait voter les français, on applique leur décision

    On peut même prévoir, au 1er tour des législative, un référendum pour décider que la France sort du traité de Lisbonne; Chiche, M Hollande?

    Dans l'immédiat, votez efficace, votez Mélenchon : ce sera un vote pour des solutions solidement réfléchies.

  36. La moisson Rouge dit :

    Merci pour la fierté retrouvée et pour la fraternité.
    Un grand merci aux animateurs du FdG.

  37. SolYSombra dit :

    Cher Monsieur, merci pour l'espérance levée par vos déclarations brillantes, brûlantes, enthousiasmantes.
    Merci pour vos paroles parfois vives et acérées mais si souvent riches, généreuses et aimantes.
    Merci pour l'énergie que vous mettez, sans faillir, à disposition de tous ceux qui sont si las de baisser la tête sous les coups et le dédain des malfaisants qui ont l'impudence de briguer un nouveau quinquennat
    Quelque soit le score du Front de Gauche, il sera de toute façon un beau score et vous aurez juste à le savourer parce que vous avez été notre fédérateur, notre vigie, alors reposez vous jusqu'à dimanche entourez-vous de vos amours, affection et amitiés.
    Une fois requinqués, reprenons tous la route pour les élections de juin 2012.
    Courage et amitiés pourquoi pas !

  38. Cineux Cyril dit :

    On lâche rien durant les dernières heures ! Mettons le FN loin derrière !
    Le vote Front de gauche, le vote d'utilité publique !

  39. l'hallebardier_95 dit :

    De la Bastille à Versailles...
    Chapeau bas pour votre capacité à être le "passeur-catalyseur" de cette insoupçonnable "Alchimie" en voie de réussite: Projet, Programme, Peuple... celle de "l'Humain d'abord".
    Bravo à toute votre équipe de campagne
    Dimanche soir, un seul souhait:
    Que la lucidité et l'audace du peuple consolident, cristallisent et couronnent au mieux le travail déjà accompli!
    Continuons le combat!

  40. gavrochinho dit :

    J'aime cette France! La belle, la rebelle...
    Nous n'avons plus peur d'argumenter droit dans les yeux lorsque les collègues nous répètent les conneries de TF1 et autres média à fabriquer du crétin!
    Merci... enfin heureux de vivre dans le pays des valeurs de la Révolution de 1789... Merci, pour les explications techniques qui nous aident à comprendre les mécanismes libéraux de la commission européenne!
    On lache rien! Continuons ensemble à écrire une belle page de notre histoire dont nos enfants seront fiers!

  41. jaladieu dit :

    Un siècle après, le socialisme du grand Jaurès est enfin de retour ! Merci Jean-Luc ! du passé sauvons nous nous-mêmes, Résister c'est d'abord espérer, l'espoir est revenu, la lutte continue !
    Corinne

  42. jean louis M dit :

    Bravo mr Mélanchon, vous avez déjà gagné, vous avez déjà conquis la révolte qui sommeille, celle qui en a plus qu'assez d'être méprisée et qui n'attend que de s'exprimer Dimanche prochain.

  43. Seb dit :

    Jean-Luc, merci, merci.
    Je suis angoissé depuis la fin du meeting d'hier soir, c'est soit nous, soit le mur, l'espoir soulevé est immense, j'ai vu se rallier au Front de gauche des gens de partout, de droite, du centre, du centre gauche.
    Je ne peux pas croire que les Français vont porter au Second tour 2 candidats du Oui au traité de Lisbonne, c'est pas possible, ils ont tous deux méprisé le peuple à qui aujourd'hui il demande de leur faire confiance, c'est dur de voir ces sondages qui les place en tête, comme si les Français avaient pardonné un tel acte.
    Très inquiet pour l'avenir, je compte sur vous et tout le Front de gauche, ainsi que mes camarades, faudra pas faiblir une seconde !

  44. NM38 dit :

    Merci pour ce moment d'Histoire que vous nous avez permis de vivre ! La Bastille et le Prado auront désormais une signification particulière pour moi comme pour beaucoup d'autres. Vous-même et votre équipe avez tout donné dans cette bataille. L'ennemi revêtait tant de formes (adversaires politiques déclarés et multiples complices sournois). Les législatives pointent déjà et nous sommes prêts pour ce second round. Nous sommes fiers de vous : acceptez, à cette heure, un peu de personnalisation car cela nous rend également heureux.
    A très vite,
    Noëlle MOLINELLI

  45. Bernardo dit :

    Quelque soit le résultat dimanche un grand merci et bravo à Jean-Luc Mélenchon et à tout le front de gauche pour cette vivifiante et tonitruante campagne. Vous les avez secoués d'une magistrale façon tous ces sbires de la pensée unique, médiacrates comme larbins du capital ! Votre programme l'humain d'abord est bien construit, riche et cohérent et alors vos discours.... superbes, magnifiques. J'arrête car on va me taxer de "groupie". Mais quand on aime et apprécie un discours et une vision politique, il faut savoir le dire. Vivement dimanche soir.

  46. Sylvain dit :

    Bonsoir! 11%, on s'en contentera mais savoir qu'il existe autant de racistes dans ce pays fait extrêmement peur!

  47. phidlaf dit :

    Je suis catastrophé par le score de MLP. Ta campagne a été remaquable. Je me demande ce que nous avons raté. Un électeur sur 5...

  48. Line dit :

    Ah oui, ça fait mal de n'avoir pas réussi à battre l'extrême droite.

  49. fred dit :

    20% ! quel pays ! qu'ils aillent au diable !

  50. Lilly54 dit :

    Jean-Luc, Toutes nos pensées sont pour toi et ton équipe. Nous sommes sous le coup ! C'est très difficile ! L'analyse est compliquée. Mais en ces instants très durs nous ne pensons qu'à toi et nous restons unis quoiqu'il arrive car ils n'ont pas gagné ! Juste un grand sentiment de honte pour mon pays ! Nous ne sommes pas responsables. Ils peuvent baisser la tête. RESISTANCE ! Il nous faut reprendre des forces. Les jours qui viennent vont nous donner raison. Je t'embrasse de tout mon coeur ROUGE.


Blog basé sur Wordpress © 2009/2015 INFO Service - V3 Archive