París, 12 mai (Télam).

Un affrontement inédit aura lieu aux élections législatives françaises des 10 et 17 juin, dans la ville minière de Hénin-Beaumont entre les deux ex-candidats aux présidentielles, Jean-Luc Mélenchon, extrême gauche, et Marine Le Pen, la leader de l’extrême droite. «Je me présenterai à Hénin-Beaumont (dans le Nord français) pour obtenir, face à l’extrême droite, une victoire qui ait une signification nationale et internationale » a déclaré aujourd’hui Mélenchon, 4ème au premier tour de l’élection présidentielle française du 22 avril (11,1%), derrière Le Pen, dont l’ascension a placé l’extrême droite aux premiers rangs du débat politique français. De son côté, Marine Le Pen a relativisé aujourd’hui le défi de Mélenchon et l’a qualifié d’« épiphénomène ».« Il n’est pas très glorieux de courir derrière les caméras » a balancé Le Pen et, lors d’une prestation à Perpignan, elle a précisé avec ironie : « Avant je croyais que c’était de la rage, maintenant je me rends compte que c’est de l’amour ». Marine Le Pen, 43 ans, a été élue aux élections municipales de 2009 Conseillère municipale de Hénin-Beaumont, un des seuls titres électifs arboré par l’extrême droite en France. Ainsi, Mélenchon, qui avait promis de passer devant Le Pen aux présidentielles, poursuit son duel entre les extrêmes de la politique française. Cette fois-ci, pour un siège de député dans la région minière du Pas-de-Calais, proche de Lille et de la frontière avec la Belgique.« Nous ne renonçons pas à la ligne que nous avons imposé à notre campagne, affronter directement l’extrême droite », a indiqué Mélenchon qui, à plusieurs reprises, a avoué s’inspirer des mouvements politiques actuels en Amérique Latine. «Ce sera une bataille homérique. Un signe extrêmement fort » a auguré Mélenchon qui s’est dit « content d’affronter l’extrême droite sur une terre de souffrance sociale ».

La 11ème circonscription électorale française est une des plus convoitées dans le populaire nord de la France. L’élection législative se déroulera en deux tours, seuls accèdent au deuxième tour ceux qui dépassent 12,5% au premier tour. Durant la semaine suivante, des alliances se tissent entre les partis d’une même orientation politique. Traditionnellement, le socialisme et les partis conservateurs appuyaient leurs candidats contre l’extrême droite, mais cette tradition pourrait disparaître face à la réponse vague de Sarkozy face à l’exigence de Le Pen d’appuyer ses candidats dans les alternatives face à la gauche. A Hénin-Beaumont, Marine Le Pen a obtenu 31,4% au  premier tour, taux supérieur à l’historique 17,9% qui l’a placée troisième à la présidentielle. Malgré tout, Mélenchon qui a réitéré son défi de battre Le Pen « quand elle veut et où elle veut » est en bonne place pour dépasser le « Rassemblement Bleu marine », le nouveau nom du Front National. Le 6 mai, le socialiste François Hollande a obtenu 60,5% à Hénin-Beaumont. Bien qu’il n’existe pas d’accord formel avec le PS –qui présentera un candidat -, depuis le Front de Gauche on espère que les électeurs du nouveau président se retourneront vers Mélenchon qui, aux présidentielles à Hénin-Beaumont, a obtenu 14,5%, un pourcentage supérieur à la moyenne nationale.Les médias français qualifient comme « parachutés » les politiques qui cherchent à assurer leur élection dans des régions aux sensibilités proches de leur parti, même si ce n’est pas leur résidence d’origine. Comme Marine Le Pen qui s’est présentée dans différentes régions, Mélenchon fut élu député européen dans le Sud-ouest français en 2009 ; avant, il avait été élu sénateur en région parisienne.La campagne entre Le Pen et Mélenchon promet d’être truffée d’échanges violents. Pendant la campagne présidentielle, les candidats s’étaient rencontrés lors d’une émission télévisée où le candidat d’extrême gauche avait qualifié Le Pen de « semi démente », ce à quoi la candidate de l’extrême droite avait répondu en traitant son adversaire « d’idiot triplement utile ».