18mai 12

El Mundo.es (Espagne)

Mélenchon-Le Pen : guerre des extrêmes pour un siège

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Tous les deux annoncent leur candidature aux législatives à Hénin-Beaumont

Raquel Villaécija | Paris

Ce ne sera pas « une bagarre de chiens » mais un « duel homérique », d’extrême à extrême, front contre front, gauche contre droite. Un authentique combat de populismes. Les « troisièmes » des présidentielles françaises, Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) et Marine Le Pen (Front National) vont faire l’animation dans l’anodine dynamique des élections législatives et se battront pour le siège de la circonscription de Hénin-Beaumont (Pas de Calais) au nord du pays. « Ça va être un combat homérique avec une symbolique extrêmement puissante étant donné qu’il s’agit du berceau du mouvement ouvrier français et, en même temps, l’endroit où par bravade, Le Pen a décidé de s’installer » a déclaré Mélenchon après avoir officialisé à la fin de la semaine, sa candidature aux élections qui, comme les présidentielles, se dérouleront en deux tours, les 10 et 17 juin. « Je ne personnalise pas les combats, je ne veux pas de batailles d’egos ni de vengeances. Je suis très au-dessus de tout ça » a dit aujourd’hui Marine Le Pen lors de son annonce de candidature sans mentionner son rival. « Mon principal adversaire dans cette circonscription socialiste, c’est le candidat socialiste », a-t-elle dit.

Les urnes mettront en présence à nouveau les deux principaux perdants des présidentielles. Éliminés lors du premier tour, Le Pen s’est retrouvée troisième, avec 17% de voix alors que Mélenchon, avec 11% de voix s’est retrouvé quatrième. Le leader du Front de gauche tentera de se venger de cette troisième place et de ravir à sa rivale le siège de Hénin Beaumont à l’Assemblée. Berceau ouvrier qui soutient Le Pen, cette ville encore inconnue et tranquille du nord du pays va devenir la scène du duel médiatique. Cette zone de tradition minière est un des symboles de la crise, car c’est l’endroit le plus touché par la délocalisation d’usines avec un taux de chômage qui atteint 16%, alors que la moyenne nationale est de 10%.

Dans cette bataille, deux regards vont s’affronter sur la façon de sortir de la crise et aussi sur l’Europe » a dit Mélenchon, qui a indiqué qu’il va faire « une campagne nationale et internationale contre l’extrême droite, rue par rue, porte par porte, peur par peur, en prolongement de la campagne présidentielle ». Une déclaration de guerre dans laquelle elle part avantagée dans la lutte puisque dans cette circonscription, le Front National a obtenu 31% des soutiens au premier tour des élections, devant François Hollande, alors que 14% des électeurs ont voté pour le Front de Gauche de Mélenchon, qui est arrivé quatrième. Guerre d’insultes. La victoire de Le Pen ouvrirait les portes de l’Assemblée Nationale à l’extrême droite alors que, si  Mélenchon gagne, il deviendrait le leader de la Gauche au Parlement, ce qui selon ce qu’il a dit lui-même, lui permettrait de faire pression sur le futur Gouvernement de François Hollande sur les mesures pour sortir de la crise. Cette réédition du combat Mélenchon-Le Pen promet des émotions fortes car pendant la campagne électorale les deux dirigeants se sont dit de tout, sauf des éloges : pour Mélenchon sa rivale est une semi démente, alors que la candidate d’extrême droite a dit publiquement que son rival était un idiot. Dans la guerre pour les sièges, les fronts dangereux ne s’ouvrent pas seulement au nord du pays car à l’Assemblée le siège correspondant à la seconde circonscription de Paris pourrait être disputé par deux politiciens en théorie du même bord : Rachida Dati, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, qui n’a pas encore rendue officielle sa candidature et l’ex-premier ministre François Fillon qui, lui, a annoncé ses intentions.

Traduction : Françoise Bague



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