26mai 12

Marianne2.fr - Mathias Destal

Mélenchon à l’assaut des électeurs socialistes

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Le candidat du Front de Gauche a tenu une réunion publique à Courrières, vendredi 25 mai. Outre les attaques dirigées vers Marine Le Pen, c'est à la citadelle socialiste que le candidat s'est attaqué. Objectif: faire basculer un électorat hésitant.

Aux abords du centre culturel de Courrières, le rouge est partout. Les militants le porte autour du cou, le tiennent fièrement à bout de bras, ou le collent sur leurs vestes. Les lampadaires aussi ont pris des couleurs. Rien d’étonnant puisque le duo Jean-Luc Mélenchon et Hervé Poly tient meeting à 18 h 30, ce vendredi 25 mai.

Mélenchon à l’assaut des électeurs socialistes
On imagine la salle en repère de cocos et sympathisants du Front de Gauche. On finit par douter. Il y a, bien sûr, des fidèles de la première heure ou des partisans d'une gauche radicale mais des électeurs socialistes sont aussi du rendez-vous. « J’ai voté Hollande à la présidentielle, je n’ai pas honte de le dire, mais au niveau local je vais voter Mélenchon, » confie anonymement un militant socialiste. A sa gauche, un autre sympathisant PS approuve. Il votera lui aussi Front de Gauche le 10 juin prochain. « J’ai trouvé la candidature de Philippe Kemel [le candidat socialiste] inélégante », explique cet enseignant. Doux euphémisme pour qualifier sa désapprobation à l’égard d’une investiture interne entachée d’un soupçon de gonflement des listes électorales. « Si je viens ici ce soir, c’est donc pour rappeler à Kemel qu’on est pas d’accord avec sa manière de faire. Il y en a assez, » poursuit-il. Décidement, la pétaudière socialiste du Pas-de-Calais ne finit pas de faire parler d’elle.

« A quoi ça vous sert d’élire 300 robots d’un même parti ? »
Le stratège Mélenchon le sait ; à plusieurs reprises dans son discours, il va s’adresser à toute la gauche et aux socialistes en particulier. Objectif : opérer une bascule en sa faveur afin de finir en tête au premier tour. « Je suis venu ici pour être élu député, pas super maire… vous en avez déjà beaucoup… et ils n’ont pas l’air de très bien s’entendre. » Le message porte dans cette salle mise à disposition par le maire socialiste, Christophe Pilch, réputé proche d'Albert Facon, lui-même rival de Kemel … « Martine Aubry et Philippe Kemel disent que je fais monter le FN… mais moi je ne suis là que depuis 17 jours, » raille le candidat. « C’est la faute de qui alors si Le Pen a fait un si bon score à la présidentielle? », fait-il mine de s’interroger. L’auditoire approuve dans un bruissement. Depuis quelques jours, Mélenchon joue de cette stratégie qui consiste à brocarder les socialistes « faiseurs de rois » dont « les casseroles, selon lui, jouent un très grand rôle dans la montée du FN ». Il cite notamment un article faisant état de relations secrètes entre des socialistes d’Hénin-Beaumont et le Front National, à l’époque où Gérard Dalongeville régnait encore sur la ville. « Qu’ils ne viennent pas me donner de leçon, » tonne-t-il.

Sans le dire, le prétendant à la députation appel au vote utile pour faire barrage au FN grâce aux voix des habituels électeurs du PS. A ceux qui brandissent la nécessité de donner une majorité au président élu, Mélenchon livre donc sa parade : « A quoi ça vous sert d’élire 300 robots d’un même parti ? » L’argument pourrait être entendu. Sur les 200 socialistes que compte la section PS de Courrières, près de la moitié aurait déjà basculé en faveur de Mélenchon, selon un de ses membres, au fait des cuisines internes. « Il y a beaucoup de socialistes qui vont nous aider dans cette élection et il faudra s’en souvenir, » confirme publiquement le tribun. Des élus, par exemple? « C’est la surprise du chef », à l’habitude de répondre le communiste Hervé Poly, suppléant du candidat. Reste qu’il faut également rassurer les électeurs inquiets face au discours du candidat des communistes et de la gauche radicale. L’ex-sénateur socialiste donne alors des gages de transparence en s’engageant à ce que le groupe Front de Gauche ne vote « jamais une motion de censure de la droite à l’Assemblée, » en cas d’élection de ses candidats crédités de 8% des suffrages au niveau national, selon un sondage publié ce samedi.

Mélenchon à l’assaut des électeurs socialistes
L'allocution aura duré presque deux heures. Deux heures durant lesquelles Jean-Luc Mélenchon n’a pas manqué d’écharper son autre rival déclaré; Marine Le Pen. Ce « tigre de papier » qui, croit-il savoir, faisait « le dragon au marché d’Hénin-Beaumont le matin (…) alors que moi je n’arrivais pas à avancer ». La candidate était effectivement sur le marché au côté de son suppléant, Steeve Briois, pour une distribution de tracts qui aura duré 45 minutes environ. Juste le temps de saluer un public conquis et de répondre aux questions des nombreux journalistes venus assister à ce bain de foule et à une rencontre attendue entre les leaders des deux Fronts. Celle-ci n’a pas eu lieu, une fois de plus. Mais plus que jamais, nous assistons à une campagne à couteaux tirés.



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