L'aveu de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle, témoigne du puissant pouvoir de destruction d'une campagne d'informations menée à charge.

Quelques heures avant son meeting en plein air sur la place du Minck, Jean-Luc Mélenchon a tenu un point presse d'une dizaine de minutes, sur le quai de la Colonne, à quelques centaines de mètres des ferries SeaFrance immobilisés. Après l'intervention de l'avocat des ex-salariés de SeaFrance Me Philippe Brun, le député européen a précisé avoir été invité par son camarade Jacky Hénin. Outre le fait de partager les bancs à Bruxelles, les deux hommes ont pour autre point commun de briguer un siège de député dans le Pas-de-Calais, dans les septième et onzième circonscriptions.

Un défilé était prévu à Paris en janvier

« Jacky Hénin m'a expliqué en détails la situation de SeaFrance, c'est stupéfiant… Avant cette mise au point, la situation autour de ce dossier en début d'année me paraissait confuse et puis à mesure que s'est développée la campagne de calomnies, j'ai décidé de rester en retrait. » L'aveu est presque passé inaperçu, mais, de nouveau interrogé sur ce point précis, Jean-Luc Mélenchon persiste et signe, faisant preuve d'une grande honnêteté. « Oui, je confirme, c'est la campagne de calomnies (menée contre la CFDT maritime Nord) qui a fait que je me suis mis en retrait du dossier SeaFrance, j'en suis confus et navré. Je vous fais même cet aveu : j'avais prévu, dans le cadre de la campagne de la présidentielle à la rentrée de janvier, faire feu de tout bois contre la droite et de marquer clairement notre rapport de force. Je voulais travailler sur le thème des coopératives, avec un message adressé aux salariés : "prenez le pouvoir dans vos entreprises". On allait démarrer avec SeaFrance, dont le siège à Paris, dans le dixième arrondissement, était à deux pas de chez moi. On allait faire un défilé avec des drapeaux rouges… Puis on m'a fait passer le message d'une situation complexe. »

Les comptes du comité d'entreprise validés

Une situation dégradée par des articles de presse et des reportages accusant la CFDT maritime Nord de pourrir les négociations pour la reprise de SeaFrance.

Voire même d'être à la tête d'un système mafieux. On l'a vu depuis, rien n'a jamais été simple au sein de la compagnie SeaFrance, tant chez les employés, chez les syndicats, que du côté de la direction puisque la SNCF, actionnaire unique, n'a jamais caché sa volonté de se séparer de son encombrante branche maritime. Une enquête sur les vols à bord, qui a donné lieu à cinq mises en examen, est toujours en cours. Mais aucun porteur de la coopérative ouvrière n'est inquiété par la justice. Quant à l'affaire des comptes du comité d'entreprise, elle s'est dégonflée après des mois de suspicions. Un scoop tout de même : le secrétaire du comité d'entreprise, Éric Vercoutre, a présenté les comptes du CE de 2011. Ils ont été examinés par l'expert comptable et hier matin, la nouvelle est tombée : les comptes ont été validés.