05juin 12

Interview publiée dans Direct Matin

Après les élections législatives

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Ces législatives sont-elles une revanche après la présidentielle ?
Jean-Luc Mélenchon. Le mot revanche n’est pas le bon. Je ne suis pas dans une bataille personnelle avec Mme Le Pen, je mène un combat politique. Ce combat ouvert avec l’élection présidentielle continue jusqu’à la fin des législatives. Notre objectif reste de battre le FN, de l’éradiquer politiquement ; on y passera le temps qu’il faudra, jusqu’à ce qu’on ait le dernier mot. 

Mais le Front national vous accuse de «semer la terreur» ?
Jean-Luc Mélenchon. Le Front national est un adversaire rusé et pervers. Mme Le Pen vient sur les marchés avec des gros bras et prétend que mes mots lui font peur. Elle fait cela parce qu’elle a compris que nous reprenons la main. Elle sait qu’une bonne partie des choses dites au sujet de son implantation relève de la mystification. Le premier réseau de terrain ici, c’est nous. Je veux donc que le combat soit visible et intelligible pour que chacun soit amené à choisir son camp.

On vous sent aussi remonté contre le Parti socialiste…
Jean-Luc Mélenchon. Agacé, c’est sûr. Nous savons que les socialistes veulent avoir la majorité absolue à n’importe quel prix, quitte à faire perdre la gauche ici ou là. Exemple de cette duplicité du PS : dans les Bouches-du-Rhône. Le PS a retiré l’investiture de Mme Andrieux (renvoyée devant la justice dans une affaire de détournement de fonds publics, ndlr) estimant qu’elle n’était pas digne de les représenter. Le danger est grand de perdre. Mais ils n’ont pas jugé utile pour autant de soutenir la candidate du Front de gauche, Marie Batoux. C’est sectaire. Le Parti socialiste ne veut pas que l’on soit un groupe charnière à l’Assemblée. C’est leur crainte par-dessus tout. Mais c’est précisément notre but de peser. Nous voulons être le plus nombreux possible pour obtenir de nouvelles conquêtes sociales.

Faites-vous partie de la majorité présidentielle ?
Jean-Luc Mélenchon. Les quatre millions de voix du Front de gauche ont fait la défaite de Nicolas Sarkozy. Si être dans la majorité présidentielle signifie que nous avons fait la majorité, alors oui, cela va de soi. Mais nous ne sommes pas membre de cette coalition de gouvernement. Nous ne sommes pas non plus dans l’opposition ! J’ai pris l’engagement au nom du Front de gauche de ne jamais voter la censure du gouvernement. Notre position est l’autonomie conquérante.

Voterez-vous la confiance au gouvernement Ayrault ?
Jean-Luc Mélenchon. Nous ne ferons pas tomber le gouvernement ! Mais notre rôle n’est pas dans la déclamation abstraite. Nous voulons agir tout de suite. Si les socialistes sont majoritaires, ils doivent pouvoir gouverner. Mais nous devons peser tout de suite.

Dans quel état d’esprit irez-vous à l’Elysée aujourd’hui rencontrer François Hollande ?
Jean-Luc Mélenchon. J’y vais dans un rôle d’éclaireur amical. Je ne viens pas me disputer avec le chef de l’Etat. Je l’ai connu comme militant socialiste. Je connais nos divergences mais je sais aussi ce qu’on porte en commun. Nous avons été concurrents, pas adversaires.

Son début de mandat vous séduit-il ?
Jean-Luc Mélenchon. Il agit pour le mieux selon lui. Il n’y a pas le feu d’artifice de mesures de gauche qui avaient été prises par François Mitterrand dès son arrivée et j’ai quelques raisons de tordre le nez en voyant le communiqué final du G8. Mais il faut qu’il ait sa chance, qu’il puisse s’installer et aller au bout de sa tentative de conciliation européenne. S’il n’y arrive pas, une autre séquence politique s’installera. Mais ne le jugeons pas en un mois. Cela ne serait pas élégant.



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