24août 12
Vous revenez à Grenoble cette année pour vos universités d’été. Pourquoi ?
Jean-Luc Mélenchon. « D’abord parce que c’est un très bel endroit ! Le site universitaire est non seulement magnifique mais aussi très pratique pour nous accueillir. Et en Isère, le Parti de gauche a aussi une équipe formidable qui sait tout organiser avec les petits moyens qui sont les nôtres. Il y a aussi ici une figure de notre parti qui est très aimée, Élisa Martin. Je sais qu’elle ira loin.»
Ces universités 2012 du Parti de gauche sont aussi, cette année pour la première fois, celles du Front de gauche. Va-t-on vers la création d’un grand parti ?
Jean-Luc Mélenchon. « C’est simplement la démonstration que le Front de gauche se renforce d’année en année, que ce cartel d’organisations de gauche est un univers en pleine expansion et n’est pas simplement qu’une formule électorale. »
Pas de fusion à l’horizon entre le PG, le PCF, la Gauche Unitaire, etc ?
Jean-Luc Mélenchon. « Nous n’irons jamais plus vite que la musique. Le rythme est donné par la vie concrète. A quoi bon un débat abstrait sur la forme de l’organisation. Partons des taches à faire et organisons le travail collectivement : la rentrée sociale, la préparation du débat sur le traité européen. Le front de gauche c’est d’abord une pratique. Notre but est d’abord de construire le rassemblement du peuple, à partir d’une opinion consciente et informée.
Mais ce qui est sûr, c’est que le Front de gauche est à un tournant. La campagne présidentielle a tout bouleversé. Nous avons pris confiance en nous. Nous sommes devenus la quatrième force du pays et la deuxième à gauche. Ça, le PS ne l’a pas compris ou n’a pas voulu le comprendre. »
Depuis dimanche dernier, le torchon brûle avec le PS ? Vous avez attaqué fort avec les 100 cent jours pour presque rien de Hollande, non ?
Jean-Luc Mélenchon. « On m’a accusé d’être impatient. Mais ce que je reproche au gouvernement, c’est de dégrader le rapport de forces né de la sortie des urnes. Il étouffe la dynamique populaire qu’il faut enclencher. Pourquoi n’avoir pas voté la loi sur l’interdiction des licenciements boursiers, ne pas avoir amnistié les syndicalistes condamnés sous l’ère Sarkozy ? Les socialistes n’ont pas intérêt à une société mobilisée. Ils veulent être les bons élèves de la classe Merkel. Ils vont diviser la gauche en signant le traité européen tel que Sarkozy l’avait souhaité et l’asphyxier en l’appliquant. »
Mais ne faites-vous pas le jeu de la droite?
Jean-Luc Mélenchon. « Il faudrait se taire parce que le gouvernement a accroché une pancarte à la porte de Matignon disant : “do not disturb”. Non ! Hollande a la mémoire courte. Il a remporté l’élection avec les 4 millions de voix du Front de gauche qui ont fait la différence. Nous sommes les ayants droit de la victoire. Je viens réclamer notre dû. Et notre dû, cela n’a jamais été pas d’obtenir des places au gouvernement comme le PS l’a cru, mais un vrai changement de politique… »