21oct 12
Je suis de retour. Mais lundi je reprends ma valise. Pour Strasbourg. J’ai déjà trop écrit. Mais je vous rappelle le nouveau mode d’emploi de mes posts. Ils sont présentés en plusieurs morceaux avec un titre à la « une ». Quand vous cliquez dans un titre le texte apparaît, et le reste des autres textes à la file. Donc, vous n’êtes pas obligés de tout lire. Et c’est vous qui composez l’ordre de mon texte global. Ce n’est pas tout. Certains morceaux disparaissent quand j’en ai besoin et sont remplacés quand d’autres sont maintenus. Vous suivez ? En fait ça c’est la théorie. Depuis le nouveau système, tous les morceaux changent en même temps. J’ai encore des réglages à faire, je crois bien. Dans ce post au fil des notes, il y a ce qui fait la fin de mon carnet de voyage, un rebond de ma critique des médias à propos de l’Amérique du sud et quelque chose sur l’actualité industrielle qui m’ulcère le plus : les supposés canards boîteux que méprise cette girouette à gages de Jouyet. Et pour conclure cet apéritif, je me contente de vous renvoyer sur le communiqué que j’ai fait à propos de l’occupation de la mosquée de Poitiers.
Pepe Mujica vous pose une question
D’accord j’ai rencontré Carlos Liscano en Uruguay, ce jour-là à Montévidéo. Mais j’ai aussi rencontré le président de la République de l’Uruguay, son ministre des affaires étrangères, le ministre de l’éducation nationale, la présidente du « Frente Amplio », quelques hommes et femmes clefs du système « frentéamplista » du présent et du futur. Plus quelques vétérans de plus du combat Tupamaros des années de la dictature. Et aussi des anciens exilés, mes très chers amis du passé, qui, pour au moins un couple, habitaient ma ville en Essonne.
Ces deux-là m’avaient appris à l’époque que le « Frente Amplio » existait sous l’impulsion alors du général de gauche Liber Seregni. Car le Front est très marqué par son époque. Il est né en 1971. Il a quarante ans maintenant. « Pour la première fois à présent tu peux dire que nous sommes devenus une tradition » m’a dit José Bayardi Lozano député et homme d’influence de la nouvelle présidente du Frente Amplio. « Il y a quarante ans 80% des gens naissaient dans une famille du parti Blanco ou du Colorado et maintenant c’est le cas pour nous ». Le Frente inclut de la démocratie chrétienne aux trotskistes. Un autre contexte, une autre époque. Mais l’art de faire vivre ensemble des gens différents intéresse le Front de Gauche.
Donc l’après-midi du mardi on m’avait annoncé que le projet de rencontrer le président Mujica, « Pepe », était annulé. J’étais bien déçu de la chose comme on le devine, quoique ma visite soit dédiée au Frente Amplio. Mais je ne bougeais pas une oreille, sentant d’instinct que des remuements étaient à l’œuvre qui me dépassaient. Comme ce que j’ai vécu en Argentine. Le niveau très élevé et si ostensible des rencontres que j’ai eu à Buenos Aires signalent des arbitrages politiques. Mujica, je l’ai déjà rencontré quand il était ministre de l’agriculture. Et sa femme aussi qui est une militante absolument extraordinaire. C’est Lucia. Sénatrice la mieux élue du pays. Et tupamaro elle aussi, avant. Bientôt le rendez-vous annulé était tout simplement reporté à l’après-midi, conjointement à celui que m’avait offert le ministre des affaires étrangères. Hurrah ! J’étais ravi. Aujourd’hui qui rencontre Mujica apprend tellement. C’est un homme un peu fort, âgé de 77 ans, d’un calme olympien éclairé d’un sourire narquois qui fleurit vite dans la conversation. Je crois que Mujica est en dedans de lui, comme on le dirait d’un escargot, ce qui veut dire qu’il ne sort pas à la commande mais seulement quand cela lui paraît opportun. C’est cette liberté-là qui surprend. On dit qu’il est imprévisible dans son contact aux autres mais je n’ai jamais eu l’impression, les deux fois que je l’ai rencontré, et cette fois surtout, qu’il agisse autrement que par précaution avec ses interlocuteurs. Maintenant il est le président de la République. Le jour de son élection, mes amis Raquel Garrido et Alexis Corbière étaient sur place. Une délégation de camarades, de Voto et le Lalo dont j’ai parlé depuis qu’il m’a accompagné à Buenos Aires, aussi étaient allés finir la campagne électorale avec les frentéamplistes. Pepe les avait tous reçus, sans façon. Il est comme ça. Tous les jours. Il vit dans sa ferme aux portes de la cité.
Pepe s’est blessé l’autre fois en aidant un voisin à reclouer des pans de tôles qui s’étaient envolés avec la tempête. Il donne sa paie à des ONG. Il enchanterait Paul Ariès et ma camarade Corinne Morel Darleux, auxquels je pensais tandis qu’il m’expliquait : « Il ne faut pas perdre sa vie à accumuler. C’est le besoin d’accumuler qui déforme l’intelligence des gens intelligents. Cette civilisation est une tromperie elle fait croire qu’on pourra continuer sans cesse à accumuler et ce n’est pas vrai et elle fait croire que chacun pourra consommer autant qu’il veut et ce n’est pas vrai non plus. Tout ça va sur une limite. Moi je serai mort je ne le verrai pas. Mais toi tu ferais bien de t’en soucier parce que tu vas devoir t’en occuper. » Et ensuite on a parlé de l’Europe. Et de nous les français. Et aussi d’eux dans leur contexte, petit pays voisin de géants. Ici à Montévidéo, comme à Buenos Aires, ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi nous faisons tout ce qui n’a pas marché chez eux. Il dit que la décade des politiques d’ajustements en Amérique du sud a été une décade perdue et si cruelle. 37 % de la population avait sombré dans la pauvreté. Pourquoi recommençons-nous ça ? « Le seul animal qui se laisse frapper deux fois par la même pierre c’est l’homme » soupire-t-il. « Rappelle-toi que c’est l’unité la clef de tout pour la gauche. Sinon c’est la droite tout le temps qui gagne » « Et comment je vais faire ça, Pepe, tu as vu ce que font les sociaux-démocrates en Europe ? » « Oui, je sais. Débrouille-toi. Il faut unir autour de nous sinon ça ne marchera jamais ». Je ne réplique pas. Mais ça me brûle les lèvres : « Oui mais tu viens de dénoncer que le seul animal qui se fait taper deux fois avec la même pierre c’est l’homme, non ? » Je me souviens de Chavez expliquant : « Le peuple a deux joues et chacun lui mettait une gifle à tour de rôle. Une fois la droite, une fois les sociaux-démocrates. Et maintenant il dit : assez de gifles ! »
Mujica dit que l’Europe ne comprend pas son intérêt dans l’Amérique du sud. Et de toute façon, lui sait bien que le ralentissement européen va les atteindre car leurs clients Brésiliens et Chinois vont être ralentis eux aussi à cause de l’Europe. Mais ce qui m’a frappé est sa façon de parler des voisins Brésiliens. Jusque-là on le savait porté à vouloir rompre avec le tropisme européen étouffant de la tradition uruguayenne. On le voyait donc tourné vers ses voisins Argentins et Brésiliens. Avec un grand penchant pour le Brésil. Cette fois-ci il dit que le Brésil va s’envoler. Ça ne lui plaît pas. Il dit que le problème ce serait de remplacer un empire par un autre. Ça ne le refroidit pas par rapport à son voisin. Au contraire. Mieux vaut vivre auprès d’un voisin riche et puissant qui achète, plutôt qu’ailleurs. Mais il dit les choses comme un homme lucide. Les petits pays vivent avec les grands, comment pourrait-il en être autrement ? Mais ils doivent toujours protéger la distance qui leur permet de rester souverains.
Il y a cinq ans déjà, j’avais été si heureux de rencontrer Lucia et Pepe. Et de le voir lui et de l’entendre. Vous allez voir pourquoi. Pepe Mujica est un ancien Tupamaro. De choc. J’ai raconté ça il y a cinq ans et cela doit se retrouver dans mon blog. Pepe a encore trois balles dans le corps sur les dix qu’il a pris. Les militaires l’ont attrapé et mis en prison quatorze ans. En prison c’est une façon de dire. Lui et neuf autres camarades ont été considérés comme des otages à fusiller en cas de représailles. Et maintenant voici le plus dur à entendre. Les militaires ont mis Pepe et les autres chacun dans un puits. Donc ils avaient de l’eau aux genoux, et même au-delà, la moitié du temps chaque fois que le niveau du fleuve, vers la mer, montait. C’est-à-dire la moitié du temps. Pepe a passé la moitié du temps de prison dans l’eau. Au secret, sans visite, sans livre, sans rien jamais à part le puits ou la cellule. Dans ces conditions trois camarades sont devenus fous. Je suppose que Pepe a trouvé le truc pour survivre dans sa tête. Et il ne faut s’étonner de le voir si maître de lui-même et de ses relations aux autres et si avides de petits plaisirs qui sont d’autant plus vifs qu’ils sont simples.
Les canards boîteux ont aussi des ailes
Pendant que Montebourg se déguise à la une du « Parisien Magazine » pour défendre les marinières et les cafetières, les vrais décideurs gouvernementaux, affichent avec morgue leurs préjugés contre les supposés « canards boîteux » de la sidérurgie et du raffinage. A Florange, Pétroplus et ailleurs comme sur le dossier pourtant hautement stratégique du projet dangereux de fusion entre EADS-Airbus et la compagnie anglo-nord-américaine BAE, quelle débâcle ! Démonstration.
Pétroplus est liquidé. Le tribunal de commerce de Rouen en a décidé ainsi. La raffinerie emploie 470 personnes. Si on ajoute les emplois indirects, ce sont plusieurs milliers de salariés qui seront frappés. Le tribunal de commerce a rejeté les deux offres de reprises qui lui étaient proposées. Pourquoi ? Parce qu’elle n’offrait pas toutes les garanties de pouvoir durer ! Quelle absurdité ! Que risquait-il à donner une chance à un repreneur ? Rien. Cette décision est révoltante. Depuis des mois, les salariés de la raffinerie ont remué ciel et terre pour remettre en activité la raffinerie et la faire tourner. Dans ce genre d'industrie, mieux vaut éviter les arrêts prolongés. C'est pour cela que les salariés se sont battus. En relançant et en entretenant l'outil de travail, ils facilitaient une reprise de l'activité. Ils montraient aussi leur compétence et leur dévouement. Grâce à leurs efforts, deux propositions de reprises avaient été faites. Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC avait même fait savoir au tribunal de commerce que « l'intersyndicale soutient la proposition Net Oil ». Pourquoi le tribunal de commerce n'a-t-il pas retenu cette solution qui rassemblait un investisseur et les salariés ? Bien sûr, le tribunal de commerce a laissé quelques jours de répit en permettant la poursuite de l'activité jusqu'au 5 novembre. La société Net Oil a annoncé, dans un communiqué commun avec l'intersyndicale, qu'elle allait redéposer une offre le 5 novembre, avec de nouveaux partenaires. A priori, l'autre investisseur va aussi déposer une nouvelle offre. Il faut que l'une des deux aboutisse.
En réalité, cette décision ne profite qu'à Total qui veut faire mourir à petit feu le raffinage français. Cela lui permet d'accroître la rentabilité de sa méga-raffinerie construite en Arabie Saoudite. Là-bas, Total profite d'un droit fiscal, social et écologique beaucoup plus favorable aux yeux des actionnaires. Et Total peut ainsi importer en France du pétrole raffiné à bas coûts écologiques et sociaux. C'est déjà cette logique qui a poussé Total à fermer la raffinerie des Flandres à Dunkerque. C'est la même logique qui voit Total faire tout ce qui lui est possible pour empêcher la poursuite d'une activité dans la raffinerie concurrente Pétroplus. Le gouvernement laisse faire. Pourtant le raffinage est une industrie stratégique pour la France. Nous sommes actuellement contraints d'importer des produits pétroliers raffinés. Le nouveau gouvernement a-t-il entendu parler des problèmes que poserait éventuellement tel ou tel pays sur nos lignes d’approvisionnement si les tensions internationales actuelles s’aggravaient ? En toute hypothèse, ceux qui font des grandes phrases sur le déficit du commerce extérieur devraient donc soutenir la défense de cette industrie française. Enfin il s’agit d’une industrie décisive si nous voulons réussir la planification écologique. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de dire qu'il était possible de créer une coopération entre Pétroplus et la papeterie M'Real situé à quelques dizaines de kilomètres. Ainsi, la raffinerie pourrait raffiner les déchets de bois et pas seulement du pétrole. Le gouvernement Ayrault doit donc empêcher la liquidation de Pétroplus par tous les moyens.
Pétroplus, pas plus que Florange, n'est un "canard boîteux". Quelle drôle d’image. C’est celle qu’avait choisi à l’époque Raymond Barre, alors premier ministre de Giscard d’Estaing. Pourtant c’est celle qu'a utilisé le nouveau président de la Banque Publique d'Investissement à propos de Florange. Comme le dit le CFDT d’ Arcelor-Mittal Florange, « le canard boiteux est à la tête de la Banque publique d'investissement ». En effet, Jean-Pierre Jouyet déclare dans Le Monde du 20 octobre que la BPI est « une banque pour l'avenir. En répondant aux impératifs de développement économique et technologique, de compétitivité industrielle et de transition énergétique, la BPI contribuera à la croissance de demain, dans la droite ligne de la Conférence environnementale ». Mais monsieur « tourne sa chemise » n’a pas l’air de savoir non plus que les fours de Florange font l’objet d’un projet écologique que l’Europe est disposée à financer. S'il est si soucieux de la transition écologique et de l'avenir, il devrait donc encourager la poursuite des activités de Florange et Pétroplus. Dans les deux cas, moyennant des investissements publics, la France peut s'engager dans la voie d'une planification écologique, moderniser son industrie et conserver ses emplois et les savoir-faire. Au lieu de ça, Jouyet accuse Florange d'être un « canard boîteux » au moment même où le gouvernement est censé chercher un repreneur pour le site. Au-delà de leur caractère faux et blessant, Jouyet a-t-il seulement conscience des conséquences que peut avoir son propos sur l'avenir de ce site et de ces salariés ?
Jean-Pierre Jouyet ne connaît rien à l'industrie. Jusqu'en juillet dernier, il dirigeait l'Autorité des marchés financiers. Chacun a pu apprécier ses efforts pour réguler la finance et défendre la production contre la spéculation. Il ne doit sa nomination à la tête de la Caisse des Dépôts en juillet, et désormais de la BPI, qu'à sa très grande proximité avec Hollande. Jouyet est particulièrement malfaisant. On doit s’en méfier par principe. C'est un « joue contre son camp » professionnel. On se souvient en 2007 qu'il avait trahi le PS en acceptant un ministère sous Sarkozy. Une fois nommé Ministre délégué aux affaires européennes, c'est lui qui avait piloté la trahison du vote de 2005 en négociant le traité de Lisbonne. Voilà à qui François Hollande a confié les rênes des deux plus grands organismes publics d'investissement. Cet homme n'a que faire du capital public. Dans Le Monde, il annonce déjà sa volonté de vendre les actions que l'Etat français possède dans les grandes entreprises au titre du Fonds stratégique d'investissement. Lesquelles ? Quick par exemple ? Ce FSI sera rattaché à la Banque publique d'investissement et dépendra donc de Jouyet. Et Jouyet prévient : « La BPI ne devra pas s'interdire de vendre les participations dans les grands groupes qui n'auraient pas besoin de son soutien, pour accroître ses moyens d'action ». Voilà qui commence bien mal ! C’est même du n'importe quoi ! Tout d'abord, comme son nom l'indique, le Fonds stratégique d'investissement réalise des investissements "stratégiques". Dès lors, il aurait toute sa place au capital d'entreprises dans les industries de pointe, de Défense, ou à fort enjeu écologique, dans les transports ou l'énergie par exemple. Ensuite, si on veut vraiment soutenir les PME, il faut dégager de nouveaux moyens financiers par la création d'un pôle financier public. Au lieu de cela, la Banque publique d'investissement de Hollande se contente essentiellement de regrouper des moyens existants. Créée d’après les conseils d'une banque d'affaires privée, dirigée par un ancien responsable financier d'une grande entreprise privée et présidée par un ancien Sarkozyste, on peut craindre que cette BPI ne réponde pas aux besoins de l'industrie française. Celui-ci est pourtant clair : changer de logique !
Peut-être vous souvenez vous que j’ai tiré la sonnette d’alarme sur ce blog à propos du projet de fusion entre EADS et BAE. Il y avait très peu de commentaires dans la presse sur ce sujet pourtant vital pour notre industrie. Et encore plus pour notre indépendance. Mais ce projet n’a jamais été traité que sous son angle commercial et financier et jamais dans sa dimension stratégique et politique. Il a d’ailleurs été annoncé dans l’indifférence du gouvernement, alors que l’Etat français est un des principaux actionnaires d’EADS. Pourtant le projet portait un penchant beaucoup plus transatlantique qu’européen. Car le britannique BAE est d’ores et déjà un groupe fortement intégré au complexe militaro-industriel états-unien. Il possède des filiales aux USA. Et il participe directement au développement du nouvel avion de combat des USA, le F35, qui a vocation à remplacer le F16, l’avion militaire le plus vendu de l’histoire. Cela isolerait un peu plus le programme français Rafale en Europe. Pour ce qui est de l’industrie de défense, cette fusion enterrerait donc toute velléité d’indépendance européenne face aux USA. Quant à l’aéronautique civile, BAE n’y a pas laissé de bons souvenirs. Lors de la constitution d’EADS en 1998, BAE avait en effet fait l’acquisition de 20 % dans Airbus après avoir renoncé à intégrer EADS en tant que tel. Avant de se débarrasser de cette participation en 2006, contribuant directement aux difficultés financières d’Airbus. Fort heureusement le projet a capoté. Mais du fait des français. Le nouveau gouvernement s’en est absolument désintéressé. Le ministre du développement productif regardait ailleurs. Il faut dire que c’est une tradition en la matière que cet abandon. Sous le gouvernement Jospin, l’indépassable Dominique Strauss-Kahn avait accepté que l’état abandonne ses droits de vote et confie la gestion de sa participation de 15 % dans l’entreprise au sieur Lagardère. Et ça parce que les Allemands avaient hurlé au loup contre la présence de l’Etat. Lesquels Allemands semblent avoir changé leur fusil d’épaule et veulent à présent acheter à partir de la banque publique KFM les parts que possède l’entreprise Daimler. Cette fois-ci encore l’Etat est resté sans voix devant ce qui se tramait. François Hollande a pris son air des grands jours pour déclarer que tout ce nouveau Monopoly avec les Anglos-saxons relevait de « la décision des entreprises concernées ». On ne peut dire pire bêtise sur l’affaire. En tout cas s’il n’avait fallu que compter sur Hollande, les britanniques auraient pu se frotter les mains. En effet avec la fusion, ils auraient disposé de 40 % des parts de la nouvelle société alors qu’EADS aurait représenté 70 % du chiffre d’affaire et 90 % du carnet de commande ! En réalité personne n’a dû lui dire, pas davantage qu’à ce pauvre Ayrault, qui est censé s’en soucier, ni à ce malheureux Montebourg qui est chargé de s’en occuper que sur ce dossier se jouait l’avenir de notre avenir industriel et un bon morceau de l’industrie aéronautique. Voici une idée pour eux, en supposant qu’ils s’intéressent à quelque chose de l’aéronautique. Puisque l’Etat espagnol va entrer au capital et puisque l’Etat allemand va augmenter sa participation pourquoi ne pas racheter ses part à monsieur Lagardère qui dit vouloir s’en aller depuis longtemps. Un groupe public français à 50,45 % est à portée de main. Qu’en dis le sieur Jouyet ? Canard boîteux, investissement stratégique ? Dire que ce sont de tels personnages qui président à nos destins ! En fait, le nouveau président se révèlent tout à fait « normal » pour un gouvernement de l’Europe actuelle : sans ambition ni vue générale, abandonné aux arguties des prétendus experts et aux vautours qui les accompagnent.
L'Amérique du sud, la presse…
« Le Monde » et moi et moi
Aller en Argentine ou en Uruguay n’est pas aussi « porteur », comme me l’a dit un journaliste, que mes vacances avec Chavez au camping de Caracas. L’AFP a pourtant parfaitement bien fait son travail sur place. Trois dépêches. « Le Parisien » et « Nouvel Observateur » ont jeté un œil sur mon séjour. Et « Arrêt sur images » aussi !
Et, coïncidence, Marianne qui titre « Vénézuela. La vérité sur le pays rêvé de Mélenchon ».
Pas même une brève dans la presse « de référence » qui s’était pourtant répandue sur mes « vacances » au Vénézuela. Je n’ai pas de regrets. Qu’aurais-je pu lire aujourd’hui? Un épisode supplémentaire du naufrage de la rubrique latino du grand journal : les habituels commentaires haineux que publie dans « le Monde » le « journaliste » Paranagua. Quelle étrange histoire que la prise de pouvoir permanente de ce personnage partout où il passe. Etrange, tout le temps. Comme lorsqu’il était le dirigeant fondateur de la non moins étrange « fraction rouge », à la « gauche » de « l’armée révolutionnaire du peuple », avant de commencer une série de changements de nom de son organisation où tout le monde se faisait enlever au fur et à mesure par la dictature. Une fraction d’abord composée d’une dizaine de brésiliens comme lui. Ils venaient faire la guérilla urbaine en Argentine plutôt qu’avec leurs camarades dans leur propre pays. Comme on me l’a raconté sur place, il revendiqua sous le nom de « comandante Saul », trente attentats en 1972, avant, paraît-il, de bénéficier, selon son nouvel employeur, d’un non-lieu et de sortir de prison en 1977. Le médiateur s’est-il rendu compte en écrivant son papier qu’en 1977 c’était encore la dictature militaire ? Un non-lieu et une sortie de prison en pleine dictature militaire ! C’est ce qu’il faudra qu’il nous raconte, car c’est dans tous les sens du terme, un cas unique. Mais cette faveur militaire n’empêche pas le « comandante Saul » de « dormir tranquille », comme il l’a déclaré au médiateur qui prend sa défense en publiant cette phrase sans savoir peut-être « le poids des mots » comme dit Gilles Paris, qui est ici le poids des morts. Car ils en disent long sur un homme dont tous les militants dont il était le chef sont morts ! Pour ne citer qu’eux parmi les nombreuses victimes qui le touchent de près. Bon, c’est une longue histoire. Il y a tant à raconter. Je suis sûr que beaucoup au journal n’en savent pas tant que ça. En tous cas les rescapés du camp Vésuvio qui se réunissaient ces jours-ci en Argentine n’ont pas rien oublié. Et j’y ai beaucoup d’amis, « comandante Saul » ! Quoiqu’il en soit, sans bien sûr mentionner mon insignifiante présence, « Le Monde » du 17 octobre s’intéresse à l’Amérique du sud et même à l’Uruguay. Sur quels sujets ?
Pour l’Uruguay, c’est un sujet hors sol. Un « commentaire » sur le débat qui commence en Uruguay à propos d’une prochaine loi sur la légalisation du cannabis. Je ne dis pas que ce ne soit pas intéressant. Même si je vois bien que son principal objectif est de nous édifier en montrant que le Frente Amplio est divisée sur le thème et que le président de la République est en perte de vitesse « dans un récent sondage ». Au moins vous saurez où doit aller votre indignation ! Décidément cette rubrique Amérique latine est en perdition au journal « Le Monde ». Car d’un quotidien de référence ne doit-on pas aussi attendre de l’information, notamment celle du jour ? Cette semaine l’information était spectaculairement ailleurs dans l’Amérique latine réelle qui n’est pas celle des règlements de compte personnels du « comandante Saul » .
Dans votre journal de référence, vous auriez du pouvoir lire un article sur le vote, mercredi de cette semaine, au parlement argentin de la loi qui donne le droit de vote à partir de seize ans. Une loi à l’initiative de nos amis. Et qu’une bonne partie de la réaction de droite et social-démocrate ont également votée. C’est banal le droit de vote à seize ans pour un grand journal de référence ? Vous auriez pu entendre parler de la loi de libération des médias qui va entrer en application le 7 décembre prochain en dépit de l’obstruction qui continue de la part du méga groupe de presse « Clarin ». Un débat terrible se mène à ce sujet tous les jours dans les médias argentins. Mais on peut comprendre que le corporatisme patronal et professionnel interdise qu’il en soit question ici. Surtout quand le syndicat de la presse patronal des Amériques dénonce la loi encore le lundi de cette semaine. Pourtant, un sujet irrévérencieux aurait pu être de savoir pourquoi le rapporteur des Nations Unies sur la liberté de la presse trouve cette loi exemplaire et déclare, qu’elle devrait être appliquée partout ailleurs. Et surtout qu’il soit venu le dire sur place, le jeudi de cette semaine, en Argentine. Et cela au moment même où une arrogante délégation des patrons de presse américain prétend demander des comptes au gouvernement de Kirchner au nom de la défense de la liberté de la presse ! Mais je pourrais dire aussi qu’un bon sujet aurait dû être d’informer de la saisie, dimanche de cette semaine, d’une goélette de la marine nationale argentine par le tribunal de commerce du Ghana, à la requête d’un fond de spéculation, comme je vous en ai informé. Car c’est un fait sans précèdent dans l’histoire maritime ! Mais qu’est-ce, pour « comandante Saul » que 400 marins militaires, quarante invités, pris en otage avec leur bateau contre le droit international et qui ne dénoncent même pas Fidel Castro, Hugo Chavez ou Cristina Kirchner? Qu’est-ce que la démission d’un chef d’Etat-major général des armées, ce mercredi, le deuxième de l’année, dans un pays qui a vécu quatorze ans sous dictature militaire qui, certes, déclarait, paraît-il, un non-lieu pour un certain futur journaliste toujours reconnaissant. Pourtant le piquant du sujet, d’un point de vue journalistique, n’aurait-ce pas été alors de faire le parallèle entre la situation de cette goélette avec une autre décision inattendue, prise en Suisse ce mercredi même sur le même sujet ? Si l’information factuelle intéressait encore la rubrique latino du « Monde » voici ce que vous auriez appris. La cour constitutionnelle suisse a confirmé le rejet de la demande de saisie que le fond de spéculation réclamait sur les dépôts argentins dans ce pays. En espagnol les fonds de spéculation sont nommés « Fondos buitres » ce qui signifie : fond charognard. Les charognards ont marqué un point au Ghana et l’Argentine un point en Suisse. Le match continue.
Mais ce jour-là le directeur de la rubrique Amérique latine du « Monde» donne la priorité au futur débat sur le cannabis en Uruguay. Et lui-même s’excite deux pages avant pour ironiser sur la suppression du visa de sortie de Cuba. Quelques jours auparavant il avait régalé les lecteurs sur un accident de voiture. Une prose indigne. Mais la cause valait la peine pour les anticastristes pavloviens. Car c’est un jeune dirigeant de la droite espagnole qui conduisait la voiture qui a tué ses deux passagers, deux dissidents professionnels à qui étaient peut-être destinés les paquets de dollars retrouvée dans sa valise. « Comandante Saul », sous sa casquette de journaliste n’aurait-il pas dû mentionner que ce garçon conduisait comme un dément pour avoir déjà traversé l’ile à 120 à l’heure, ce qui est un exploit inquiétant compte tenu de l’état des routes ? N’aurait-il pu signaler qu’il venait de se faire retirer son permis de conduire dans son propre pays ? Paulo Paranagua et « Le Monde » n’auront jamais donné ces informations à leurs lecteurs quand bien même elles semblent avoir leur importance à propos d’un accident de voiture. Il préfère colporter des ragots sur un complot des autorités, totalement farfelu, jamais ni confirmé ni même évoqué par la conférence des ambassadeurs des pays de l’Union européenne qui s’est réunie sur le sujet depuis le premier jour. Il est vrai que comme la chose était jugée ce mardi dernier et que « comandante Saul » avait déjà écrit trois papiers sur le sujet, il y avait un souci de suivi de l’actualité qui compte à ses yeux. Chacun ses priorités et ses cibles, certes. Mais quand on achète « Le Monde » n’a-t-on pas aussi le droit de savoir ce qui se passe et que ne racontent pas les médias audiovisuels ? Est-on voué à consommer pour tout potage de l’anticastrisme entre deux plats épicés de démolition des gouvernements de la gauche latino actuelle ?
Mais puisque que l’auguste référence parle de l’Uruguay, apprenons lui que le fait du moment, ce n’est ni le cannabis ni les sondages du président Mujica. En me lisant vous apprendrez ce que vous ne saurez pas par la rubrique que dirige le « comandante Saul » dans « Le Monde ». Un événement vient d’avoir lieu qui est de très grande portée. Pour la première fois dans le cône sud, un pays, l’Uruguay de Pepe Mujica et de son ami le romancier Carlos Liscano, vient d’abolir la pénalisation de l’avortement. Certes, tout le monde sur place n’en est pas totalement satisfait. Et moi non plus, pour être franc. Mais quelle immense et formidable percée ! C’est le premier pays latino qui établit cette liberté fondamentale après Cuba qui l’a fait déjà depuis longtemps. J’étais si heureux d’être là ce jour-là et de pouvoir, après le vote, embrasser sur les deux joues et féliciter mille fois ma camarade, présidente du Frente Amplio qui s’était exprimée juste avant à la tribune ! Encore une fois, à quoi bon avoir fait des concessions alors que seul un député de droite a voté pour finir avec nous. Quoi qu’il en soit il faut apprécier le fait dans toute sa portée. Car une loi ouvrant droit à l’avortement avait été adoptée sous la précédente mandature de gauche. Mais le président d’alors, le social-démocrate Tabaré Vasquez, y avait opposé son veto. Cela ne résume naturellement le bilan de celui-ci, remarquable en d’innombrables points. Reste que pour moi cette question du droit à l’avortement est l’angle mort du bilan des gouvernements de la nouvelle gauche latino. On peut le dire tranquillement car on ne risque pas de voir les chiens accourir pour ronger cet os de propagande ! En effet il mettrait bien davantage à mal leurs amis de droite et sociaux-démocrate locaux qui sont profondément infectés par les petites dents cruelles de l’Opus Dei, le seul vrai et puissant parti transversal de l’Amérique du sud avec la CIA. Se plaindre les obligerait à dire du bien de Cuba ! Comme disait mon bon camarade de la sidérurgie : « Ça leur arracherait la gueule » !
Les pressions de l’église et les convictions religieuses de nombreux dirigeants sont une insupportable limite. Le droit à l’avortement est un droit fondamental de la personne humaine. Pour ma part je ne discute, ne travaille d’aucune façon, ni ne soutien les sandinistes du Nicaragua pour cette raison. En effet ceux-ci ont accordé aux évêques qui l’exigeaient en toute charité, que l’avortement soit non seulement toujours pénalisé mais que les condamnations soient aussi appliquées en cas de viol et même si la vie de la mère a été considérée comme en danger. C’est le moment de rappeler, pour ceux qui nous chercherait noise, qu’aucun d’entre nous ne défend l’avortement mais la liberté d’y recourir. Et donc dans ces conditions la place des injonctions morale est toujours disponible pour les prosélytes qui veulent en convaincre. Et de même qu’aucun d’entre nous n’a l’intention d’obliger qui que ce soit à avorter, niant ainsi la liberté d’une femme de disposer de son corps nous ne permettons pas que d’autres prétendent en disposer pour lui imposer une grossesse non désirée.
Je ne finis pas sans un clin d’œil à Marianne. Le papier intitulé « la vérité sur le pays rêvé de Mélenchon » m’a bien amusé. Son auteur est Philippe Cohen, un vrai envoyé spécial qui a vraiment été sur place, lui. Il ose dire : « Depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir en 1998, le Vénézuéla subit une incroyable maltraitance médiatique internationale. Un vrai spécimen d’enfumage qui devrait être enseigné dans les écoles de journalisme : mépris des faits, absence de sources, jugements subjectifs. Les médias français même de gauche, hormis curieusement « le Figaro » sont incapables de regarder sans juger la réalité vénézuélienne. » Le papier décrit très précisément le mécanisme de l’enfumage. Puis il fait un tour d’horizon des succès et des problèmes en suspend. Quelque chose d’équilibré qui a du paraitre a sa rédaction de la propagande hystériquement pro communiste. Le papier a donc été garni d’une titraille et de photos légendées qui sont l’antithèse exacte de ce que raconte le journaliste et un montage particulièrement fielleux d’extrait de son texte pour lui faire dire le contraire. Un cas à enseigner dans les écoles de journalisme. Supposez un lecteur distrait (ça doit exister, non ?). Voici ce qu’il retient s’il se contente de lire les titres, les légendes des photos et phrases en exergue. Exemple : « Après quatorze ans de pouvoir Hugo Chavez bénéficie toujours d’un fort soutien populaire en raison de programme sociaux mis en place grâce à la rente pétrolière » « L’insécurité dernier angle mort de la politique chaviste. Le taux d’homicides est le plus élevé du monde : 70 pour cent mille habitants. » Bien sûr, cette légende mensongère est placée juste sous mon nom. Comprenez que cette insécurité me fait rêver… « Théodore Petkoff directeur du quotidien d’opposition « Tal cual » est déchaîné contre Chavez : « Il ment comme il respire » « pour Roberto Briceno-Leon spécialiste de la violence en Amérique latine « l’insécurité ne menace pas seulement la vie des gens mais aussi leur liberté » « Pour un détenteur de capital, ou même un entrepreneur il vaut mieux importer que produire. Un conseiller économique » « Les habitants se protègent comme ils peuvent contre l’insécurité. On estime à six millions les armes en circulation ». Et voilà : le tour est joué. Ajoutez encore pour avoir le tout Chavez sous une pluie diluvienne avec cette légende très clin d’œil ironique « El comandante » dans la tempête médiatique le 4 octobre à la veille de sa réélection » Bref, un cas d’école en effet ! Cohen a écrit pour rien. Ce qui était prévu c’était une saleté de plus et comme il ne l’a pas donnée, le secrétaire de rédaction a rectifié le tir tout seul comme un grand.
Liscano le magnifique
Ce jour-là, j’ai rencontré Carlos Liscano à Montevideo. Le romancier. Oui, l’admirable Carlos Liscano. Il m’a dédicacé un livre que j’ai dévoré le soir même. Ça s’appelle « souvenir de la guerre récente ». Liscano publie en français. Nous étions lui et moi les invités d’une réception que l’Ambassade de France m’a fait la grande faveur d’organiser. Sitôt qu’il m’eut offert son livre de la main à la main, je me suis jeté sur la quatrième de couverture. Et je lui ai dit avec gourmandise que c’était une formidable mise en appétit. Mais lui a fait un sourire et il a dit « oui mais ça ce n’est pas moi qui l’ai écrit ».
Bon, si ce n’est pas lui qui a écrit la page quatre, autant pour moi ! Mais il faut dire que pour les bouquins politiques on fait écrire cette page à l’auteur. Je croyais que c’était la même chose pour le roman. Je verrai bien le jour où je me mettrai au roman d’amour que j’écrirai un jour ou l’autre.
N’empêche : cette quatrième de couverture est décisive. La décision d’achat se prend si souvent sur ce coup d’œil ! Et même sur le look de la couverture. Tout compte dans un livre pour capturer le lecteur. C’est en regardant les couvertures que j’ai acheté mon premier roman de science-fiction. De mémoire « Abattoir numéro cinq » de Kurt Vonnegut. Un monument. Depuis je suis un ami de ce qu’il était convenu d’appeler « la littérature de gare ». Car dans mon milieu de jeunes intellectuels assez prétentieux on regardait de haut la science-fiction. En fait, on regardait de haut beaucoup de bonnes choses. Pourtant qui serais-je si je n’avais pas lu « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques » de K. Dick, qui a donné le film « Blade Runner » ? La couverture, mes amis ! Je remercie les faiseurs de couverture. C’est eux qui ont eu raison du mépris pour les romans policiers chez les petits messieurs de mon époque. Moi, je n’ai jamais marché dans les rangs. De cœur je suis spontanément libertaire. Bref, j’avais picoré Manchette. Aussi Agatha Christie qui est au polar ce que le tricycle est à la bicyclette : une étape dans le parcours du lecteur de polar. Puis quelques américains décoiffant. Je me suis fait accrocher par les quatrièmes pages. J’étais mûr pour le grand saut. Je me suis entiché de romans policiers pour de bon à partir du moment où je me suis mis à Arthur Upfield et à son indépassable flic aborigène, Napoléon Bonaparte. A cause du dessin de la couverture. Jamais je n’avais lu quelque chose qui m’ait emmené si loin ni fait sentir si fort un paysage. Pour finir j’ai lu six cent romans de science-fiction et sans doute autant de policiers. Dont tout Upfield, bien sûr. Mais pour de vrai, les auteurs latinos m’ont absorbé, juste après ma crise de Caldwell et son contraire en écriture qu’est Faulkner. J’ai dévoré, vous savez ? Tout ce que je trouvais. Je sais que vous savez de quoi je parle. Trois sujets comptent dans la vie privée. Nos amours, nos enfants, nos livres. En page quatre : nos repas et nos vins. Posséder de bonnes bouteilles est précieux. Posséder des livres est l’activité la plus ridicule qui soit. C’est lourd poussiéreux et encombrant. Et tout est disponible à la bibliothèque publique. Mais comment s’en empêcher ?
A parler vrai, je vais vous dire que je n’ai pas vraiment tant regardé la couverture de ces « souvenirs de la guerre récente », qui est très belle pourtant, parce que j’avais mieux. J’avais sous les yeux Carlos Liscano lui-même. Cet homme-là est d’une beauté suave qui vous captive et vous appelle séance tenante. C’est-à-dire qu’il a une manière de regarder, légèrement hésitante et puis très dense mais à la façon d’une main chaude qui serrerait la vôtre. Il se tient droit mais sans raideur. On voit alors son visage comme dans un cadre entre la barre de ses cheveux mi-longs. Peut-être me suis-je fais des idées. Mais je savais qu’il avait beaucoup été tapé par la dictature. Les rescapés ont souvent cet air-là. Bref, pas besoin de se laisser bluffer par la couverture du livre. Ainsi, avant la lecture, en le voyant, j’avais l’intuition du régal que provoque le reste du temps une quatrième page réussie. Je crois que cela ressemble aux symptômes de la passion amoureuse. Car le meilleur est le moment où l’on découvre un auteur. Homme ou femme c’est de même. Ah, quand on sent que ça va coller ! Que « ça va le faire », comme on dit. On se pourlèche. Combien y en a-t-il de publiés déjà ? On a une boule dans la gorge, non ? On sait que ça va durer des jours et des jours, après qu’on soit allé acheter d’un coup tout ce qui se vend de l’auteur. Puis on guettera les nouvelles parutions avec impatience. Dès fois, on se déprend. Je me suis dépris cette année de la Nothomb que je lisais de plus en plus mécaniquement, comme je le dirais d’une veille manie qui s’épuise. J’étais donc libre depuis quelque temps. J’ai lu mes petits camarades de parti qui écrivent beaucoup. Mais sans roman sur la table de chevet, la vie est vite sèche et pâle. Les souvenirs de la guerre récente de Carlos Liscano m’enthousiasment à partir de la page 21. Si j’étais lui je placerais les précédentes en épilogue car elles n’ont pas la force simple de tout ce qui suit et qui accroche pour cette raison même. Je vais lire tout Carlos Liscano, l’Uruguayen. Mais je sens qu’il faut prendre ça par petite dose. Alcool fort. Ça peut occasionner de grave déprime si c’est consommé trop brutalement au premier degré.
Attention ! Un auteur dans cette catégorie qui joue dans la classe de l’universel raconte une histoire. L’histoire fait tout. Mais il y a le rythme. Et le point de vue. J’aime ceux qui écrivent de l’extérieur du sujet, comme si c’était une simple description froide. Même quand la description porte sur un sentiment où une attitude mentale. Je n’ai jamais aimé le nouveau roman et sa bouillie narrative. Bon, dans le bon bouquin il y a toujours une perle rare, et parfois davantage, lovée dans les plis du récit. Il y en a une dans ce Carlos Liscano. C’est une description clinique de ce qu’il appelle « le mouillage ». Façon de se mettre en retrait pour se ramasser en soi. Le « mouillage » pour dire comme on le dirait d’un bateau. Une pause active. Il montre très bien comment en se fermant en partie et provisoirement aux autres on s’ouvre sur une dimension de la réalité qui est imperceptible autrement. La vérité est qu’il décrit à cette occasion une aptitude de l’esprit à une certaine forme d’empathie. C’est elle qui m’intéresse. J’arrête là. Ce « mouillage » m’a emballé comme chaque fois qu’un mot désigne une chose que je ne savais pas convoquer jusque-là. Mais ce bouquin est drôle, voyez-vous. Au premier degré. Au second degré il arrache. Carlos Liscano a fait de la taule longtemps. Sous la dictature. Lui n’a pas eu de non-lieu et les militaires n’avaient aucune raison de lui faire des faveurs. Vous savez pourquoi je dis ça…
Bonjour,
Tout d'abord, je constate que vous lisez de la science fiction ! Je ne peux donc que vous recommander de lire l'oeuvre d'Asimov. Ses nouvelles, ainsi que ses romans, sont excellents, et très agréables à lire, sans doute grâce à son humour qui transparaît dans toutes ses oeuvres.
Ensuite, dans un domaine un peu différent, la fantasy, je peux vous conseiller de lire le Seigneur des Anneaux de Tolkien, un grand classique (l'auteur est linguiste et a tout d'abord inventé des langues avant d'écrire les histoires des gens qui les parleraient. Il a tout d'abord écrit Bilbo le Hobbit, dont le Seigneur des Anneaux est la suite.). Je vous conseille également le Trône de Fer, de Martin, une série de romans (14 à ce jour) dans la lignée des Rois Maudits. La traduction française a cependant modifié le style de l'oeuvre, qui est beaucoup plus agréable à lire dans sa version d'origine (et probablement dans d'autres traductions).
La science-fiction est-elle de gauche ? Non, bien sûr, pas en tant que telle. Mais il faut bien reconnaître qu'avec son imagination, qui peut librement se déployer dans le domaine social, économique et politique, elle offre un parfait "terrain de jeu" pour une pensée de gauche! Alors, il faut lire Norman Spinrad (un Américain comme on les aime: ceux qui connaissent et aiment la France, ceux qui n'ont pas de frilosité à être contestataire!). Et puis des Français: Ayerdhal (sacrée grande gueule, celui-là!), et puis Roland Wagner, qui peu de temps avant son décès brutal et prématuré, cet été, avait sorti un "Rêve de gloire" en forme de grand oeuvre. Tout ça, c'est la même bande, le même esprit, la même audace.
(Et pour ceux qui n'aiment pas particulièrement la SF, l'"Histoire populaire des Etats-Unis" d'Howard Zinn, chez Agone, est très fortement recommandée aussi!)
Le Président Mujica et Jean-Luc ont parlé des sociaux-démocrates. Je trouve regrettable que cette expression ne soit plus utilisable de nos jours car dénaturée par les prétendus socialistes. Il fut une époque où on désignait les hommes qui, au début des années 30, en Suède ont pris le pouvoir au terme d'une lutte très dure qui fut quasiment révolutionnaire.Un très beau film que j'ai vu quans j'étais ado, Adalen 31, que je n'ai plus jamais vu nulle part depuis et je le regrette, a retracé ces luttes des travailleurs suédois. Le système mis en place allait très loin dans les acquis sociaux et assurait une sécurité sociale et économique quasi absolues, ce qui fait que pendant les 30 glorieuses ce système a assuré au peuple suédois un des niveaux de vie les plus élevés du monde. Le curseur de l'égalité a été poussé très loin dans le respect des libertés démocratiques.L'idéal de Jaurès tout prés d'être réalisé. Inutile de dire que le rouleau compresseur ultra libéral est passé par là et qu'il ne reste quasiment plus rien de ce régime. Mais je suis d'accord qu'hélas, cette expression est devenue presque une insulte pour les partisans de la gauche radicale.
NB : précisions suite à mon message @ 43 de 12h37. C'est dans un article du Monde Diplomatique, dont j'ai hélas perdu les références, que l'opération Condor est détaillée. Bilan exact : 50 000 assassinats, 35 000 disparus, 400 000 prisonniers.Petite anecdote : après le coup d'Etat de Pinochet, Kissinger lui déclare : " Nous sommes de tout coeur avec vous.Je vous souhaite de réussir ". C'est y pas mignon ?
NB 2 : j'estime qu'en matière artistique (littérature, musique, peinture etc...) la liberté doit être absolue. Liberté de création et liberté d'aimer ou non les oeuvres créées. Jean-Luc est libre, comme tout un chacun, d'aimer ce qu'il veut. Il n'y a aucune vérité objective dans ces domaines, l'art n'est pas une science exacte. L'art n'est que subjectivité. Il n'y pas de compte à rendre. Je n'aime pas Picasso, j'adore Dali. Pourquoi ? Je n'en sais rien et je me fiche bien de le savoir. C'est comme ça et ça pourrrait être l'inverse. Vous n'êtes pas d'accord ? Eh bien tant pis pour vous. Cela étant, vous êtes parfaitement libres vous aussi, d'aimer les oeuvres que vous voulez, au gré de votre fantaisie, arbitraire par définition. Si nous ne sommes pas totalement libres dans ce domaine, où allons nous ?
Autre camarade qui fût à tes côtés en Essonne et qui reste en prison au Pérou depuis 19 ans, Toro. J'ai une lettre manuscrite de sa part à ton attention qu'il m'a remise en août quand je l'ai visité dans sa "nouvelle" prison. Où puis-je te la faire parvenir ?
[Edit webmestre : Selon vos dires, vous détenez ce courrier depuis plus de 2 mois. Je suis absolument stupéfait que vous n'ayez pas eu la présence d'esprit de l'adresser tout simplement au Parti de Gauche à l'attention de son co-président, et que vous préfériez lancer ce message dans les commentaires du blog où il sera bientôt enseveli sous les flot des autres commentaires. Etes-vous certain d'employer la bonne méthode ?]
Nationalisations des outils de recherche, de production et de distribution. Réappropriation par le peuple des spoliations capitalistiques. Retour des valeurs du Conseil National de la Résistance. Où es-tu Jean Moulin ?
Qui sera le Malraux de nos Brigades Internationales pour agir face à tant d'arrogance du pouvoir de l'argent?
En fait, avons nous besoin d'une figure tutélaire pour agir ? Non! Prenons en charge notre destin, et si Jean-Luc et ses camarades portent plus haut notre parole pourquoi pas, mais agissons, chacun à notre niveau, localement et unis pour forger les armes qui nous permettront de lutter contre ce fléau. Le temps n'est pas loin où les sociaux-traîtres auront également des comptes à rendre au peuple, au même titre que les bourreaux objectifs à la solde de la finance.
Il paraît qu'il doit se tenir un congrès du parti au pouvoir le 27 Octobre à Toulouse, montrons leur que tous les PSA, les Pilpa, les Conti, Les Molex, Les Sanofi et les Freescale etc. sont encore debout pour leur rappeler que nous tenons les comptes de tous leurs renoncements. No Pasaran ! 1789 et 1793!
Faisons flotter le drapeau rouge et le drapeau noir de la colère sur leurs têtes sidérées, à Toulouse ville refuge des Martyrs espagnols. Ciao Viva
Il est fort agréable de lire par ici vos réflexions et vos désirs de littérature. J'aimerais, je l'avoue, en lire plus souvent. Et je dis cela avec d'autant plus de sincérité que je ne suis pas d'accord avec vous, ni sur le nouveau roman, que j'adore, ni sur Nothomb que je continue de lire avec un plaisir certain. Il s'agit donc de montrer que la politique n'est pas une bulle isolée de toute réalité, de toute culture (ce qui serait absurde), mais intégrée dans l'histoire de l'émancipation humaine. Et évidemment que la littérature y contribue beaucoup.
Au plaisir de vous relire,
Oskar Kermann Cyrus
La vie est devenue morose alors qu’ elle ne l’est pas naturellement, certains (les banksters aidés des larves de la politique conseillés par les lobbyistes aux dents acérées) ont décidé que l’humain n’était pas fiable s’il n’était pas rentable au regard des actionnaires.
La vie est devenue morose tout simplement parce qu’une minorité d’êtres « humains » revendique sa supériorité sur la majorité devenue esclavagisée par la force des choses, tout le monde connaît la mondialisation… même Arnaud Montebourg.
La vie est devenue morose parce que le peuple français refuse de prendre le pouvoir et préfère le déléguer aux banksters.
La vie est devenue morose par délégation.
Trop top cool ! j'adore. Les infos, carnet de voyage, rectifications, analyses de la situation et rubrique littéraire, ça c'est la cerise sur le gâteau.
Encore, encore, encore, ça nous fait respirer entre deux ou plus de catas, chaque matin à s'enfiler dans les infos. Oui, vraiment, on a besoin de respiration, sinon on étouffe.
Merci Jean-Luc, t'es top, vraiment.
Bon, ça y est, je vais lire tout Upfield, merci. Seul moyen de m'endormir et de calmer ma rage.
Un site propose une infographie qui compare les albums publiés après la présidentielle sur les campagnes de Hollande et Mélenchon. C'est assez drôle et instructif aussi.
Il ne s'agit plus de roses ni d'oeillets ni de jasmin
Il s'agit de quelquechose qui peut nous brûler les mains
Ami ne sois pas morose tout explosera demain
Si la vérité explose c'est pour ouvrir le chemin...
Puique le dernier texte de Jean-Luc nous permet d'évoquer la SF et ses fleurons, je ne peux m'empêcher de signaler à ceux qui ne l'auraient pas lu, l'étonnant "Planètes à gogos" (The space merchants") de Frederik Pohl et Cyril Kornbluth, satire mordante du capitalisme et de la com (qui mériterait largement d'être aussi célèbre que "1984") plus actuel que jamais aujourd'hui, alors que ce livre fut écrit voici un peu plus de soixante ans. Pour les amateurs de polar qui ne connaîtraient pas le Pepe du regretté Vasquez Montalban, le détective cordon bleu catalan, faites sa connaissance sans tarder avec, notamment, le délicieux "Meurtre au Comité Central" et l'opressant "Qinteto de Buenos-Aires".
Pour passer à tout autre chose. Autant il me paraît indispensable de parvenir le plus tôt possible aux yeux de l'opinion, à nous débarasser ce cette étiquette de gauche "radicale", ou d'"extrême" gauche, que les médiacrates s'obstinent inlassablement à nous coller sur le front pour masquer le fait que nous sommes tout simplement la gauche et qu'à notre droite il n'y a rien d'autre que la droite, autant il me paraît stérile (même si c'est tentant) de chercher à rebaptiser le PS ou la social-démocratie. Ce n'est pas celà qui fera progresser d'un pas le rapport de force que nous devons établir.
Pepe Mujica a dit en gros à Jean-Luc de "se débrouiller pour faire l'unité qui est la clef de tout pour la gauche". Rien n'est plus vrai ni plus difficile à la fois. A ce propos, 28% des militants PS ayant participé au scrutin, ont voté pour Emmanuel Maurel, dont la motion se rapprochait sur bien des points de ce que nous défendons. Maurel a encore déclaré tout récemment qu'il entendait établir une liaison avec les forces de gauche susceptibles de s'unir, dont le Front de Gauche. Qu'en est-il à ce sujet et comment comptons nous y répondre ? A condition bien sûr qu'il existe une volonté réelle de ce côté là de faire quelque chose en commun, excluant toute espèce de compromis avec Solférino. Jean-Luc ne manque sûrement pas de l'expérience et des informations requises pour avoir sa "petite idée" sur la question. Quoiqu'il en soit, je suis conscient également du fait que, dans un combat dont l'enjeu est la conquête du pouvoir nécéssaire à la mise en oeuvre du programme que nous désirons faire appliquer, lorsqu'il s'agit de stratégie, ou simplement de tactique, tout ne peut pas, n'importe quand, être...
Cher camarade, merci de nous parler de tes lectures. C'est tellement important.
Et ça tombe bien, j'étais un peu en manque d'inspiration dans ma recherche de bouquins.
Amis et amies, on se doit de se battre on se doit de dire que la politique actuelle n'a rien de bon on ne doit jamais mais en aucun cas jamais baisser les bras, notre force et notre courage ne sont pas vain.Nous sommes une nouvelle force montante nous somme pas la pour donner des fleurs au ps, ni pour les montrer du doigt on doit montrer aux français que le front de gauche est la solutions.La solutions a tous les français et française qui ne croit plus car l'espoir fait vivre et l'espoir du front de gauche est de faire voir au gens notre volonté a etre une gauche qui dit non (en référence au traité) camarade garder espoir.
Bonjour,
@Alain Doumenjou à 0h41
"[...]il me paraît stérile (même si c'est tentant) de chercher à rebaptiser le PS ou la social-démocratie."
Pourtant, en citant Georges Orwell (1984) vous connaissez, en politique, l'importance du langage et plus précisément du "double langage", pour manipuler l'opinion publique. Ce qui vous fait dire, dans la même phrase: "[...]nous débarrasser de cette étiquette de gauche "radicale", ou d'"extrême" gauche..."
Là, ce qui ce passe en ce moment, avec la signature du traité et le vote de la loi organique, est très très grave. Il ne s'agit pas d'une claque, mais bel et bien d'un coup de massue sur la démocratie, pour la réduire en miettes. Bien au-delà du quinquennat, on assiste à un verrouillage de la démocratie, comme pour paralyser tout changement du système. Je ne sais plus, historiquement, de quand date, de qui émane, l'idée de ce traité et de la loi organique (à part NS et Mercozy bien sûr) Cette idée de traité n'est-elle pas à mettre en relation avec la panique qu'a causé le vent de révolution démocratique qui a soufflé dans les pays d'Afrique du nord et bien sûr aussi, avec la montée de "l'extrême" gauche en Grèce?
Comment peut-on appeler encore des pseudo démocrates qui réduisent en miettes la démocratie et des pseudo sociaux qui s'apprêtent à faire de même avec les services publics et sociaux? N'est-ce pas cautionner, se faire complice de ce scandale, se faire complice de ce lavage de cerveaux, que de continuer à utiliser les termes sociaux et démocrates, pour qualifier cette "gauche" qui a perdu ses valeurs et son âme? L'unité ne pourra se faire que sur des valeurs démocratiques et sociales.
A propos de littérature, je conseille vivement de lire ou relire "La Ferme des animaux" de Georges Orwell. C'est vraiment d'actualité.
Bonjour Amis, Morose ! Ce mot semble doux à prononcer. Il couvre aujourd'hui des sentiments bien violents comme la rage, le désespoir. Jean-Luc, ta présence sur les médias manque au peuple de gauche. Je n'ai même plus de mots pour qualifier l'émission de Calvi hier soir sur le chômage avec ses invités bien choisis : NKM, Parisot, Sapin et Mailly. I Les plans sociaux s'amoncellent, l'angoisse envahit les entreprises touchées et le gouvernement attend le rapport du patron "de gôooooooche" Gallois. Tout le monde connait son contenu sauf les socialos. Pathétique ! Oui il y a de quoi être bien moroses ! Je pense particulièrement aux sidérurgistes de Gandrange. Souvenez-vous. Cette usine tout près de Florange que Sarkozy devait sauver. Certains d'entre eux ont été mutés à Shifflange (aciérie Mittal, Luxembourg). Aujourd'hui Mittal a décidé de fermer cette unité. Ballottés, trimballés comme des machines pour finir au chômage. Moroses, tellement moroses !
En littérature, tout est question de goût. Pas ma faute si je partage l’opinion de Jean-Luc Mélenchon sur le nouveau roman, ce qui ne m’empêche pas de respecter ceux qui apprécient ce genre. Quant à la SF, elle est paradoxalement devenue le genre le plus en prise avec la réalité, car on observe que les anticipations les plus noires des grands classiques sont en train de prendre forme sous nos yeux. Les modèles cauchemardesques d’Huxley, d’Orwell, et surtout d’Harry Harrison (Soleil vert) se dessinent progressivement dans la société du 21e siècle.
Bonjour,
J'avais déjà noté lors d'un précédent post que vous aimiez la SF, j'en ai été contente ce genre étant souvent considéré comme mineur.
Parmi les auteur(e)s de SF, il ne faut surtout pas oublier qu'il y a des femmes qui écrivent sur le sujet : Ursula Le Guin, Anne McCaffrey, Christine Renard, Joanna Russ... La plupart sont en livres de poches, donc accessibles. Pour Ursula Le Guin je conseille de commencer par "le nom du monde est forêt" (où les humains vont coloniser une planète et mettre en esclave les autochtones parce que différents...).
Pour convaincre, il y a encore du boulot à faire. Hier je discutais avec des voisins sur cette politique désastreuse des soc, ce qui me choque le plus, c'est que ces gens ont voté Hollande parce qu'ils en avaient marre de Sarkozy, et maintenant ils baissent les bras, en disant tous pareils.
Ce qui est désolant, c'est qu'ils ne veulent pas se renseigner sur les propositions du Front de gauche. Ce ne sont pourtant pas des idiots, mais c'est comme s'ils avaient une répulsion à regarder ailleurs, vers la gauche, la vraie, la nôtre. Ma grande difficulté est là, leur ouvrir les yeux sur la possibilité d'un changement vers un autre avenir. Après c'est facile, on discute sur comment faire...
"Le Monde" ne semble décidément pas près d'oublier ses mantras habituels contre Jean-Luc. Il innove même, semble-t-il, en jouant en binôme avec "Libération". Ainsi que l'a signalé Fabrice Fnoizeau notre camarade du Parti de Gauche sur son "Observatoire de la Propagande et des Inepties Anti-Mélenchon", ce jour-là même titre et même argument développé en une du "Monde" et de "Libération".
Ce n'est ni de la science, ni de la politique fiction, en Haute Normandie, au prétexte d'un lavage de linge sale, en famille et d'une habile manoeuvre, la région perd un vice président FdG. Félicitation au président PS qui renforce avec un élu de plus la droite. Coup double quel talent ! Il y a un an une autre manipulation avait fait perdre une vice présidence au FdG en Seine Maritime. Chapeau Fabius, la droite peut le saluer "bien bas" avec tout mon mépris.
@67 Chantal Catherine à 9h
Verlaine ou un autre a dit : et tout le reste n'est que littérature
Il nous faut abolir le traité européen TSCG et tout le reste n'est que littérature !
Je n'ajouterai rien, ma culture est trop limitée et ma mémoire s'embrume.
Une dépêche AFP de ce matin annonce que le moral des industriels est au plus bas. Si l'avenir de tant de salariés n'était pas en jeu, et par ricochets, de nombreux autres secteurs, on pourrait en rire ! A quoi s'attendaient-ils ? Croyaient-ils qu'en saignant en permanence un peuple entier et en aggravant toujours plus cette médecine débile, on allait s'en sortir ? Pour acheter ce que produit l'industrie encore faut-il que les gens aient cette chose qui s'appelle de l'argent. Et si nous pensons nous, ô combien, qu'il ne faut pas vivre pour l'argent, il faut de l'argent pour vivre.A commencer pas les 8 millions de pauvres qui crèvent de ne pas en avoir assez. Et comme les économies d'Europe sont interdépendantes, ce qui ne serait absolument pas un problème si nous n'étions pas dirigés par des incapables ou par des caniches des marchés, les autres peuples d'Europe étant dans la même situation, tout est bloqué.Or de l'argent il y en a.Rappelons que le montant annuel total des transactions sur les marchés mondiaux est de 74 fois le PIB mondial ! Ce qui dépasse l'entendement et aussi l'imagination la plus débridée. L'Internationale des accumulateurs de fric trône sur une montagne de fric et contemple dans le même temps des industries à l'agonie. Or qui parmi les industriels, a lu le programme du Front de Gauche ou même sait qu'il en a un ?
En tout cas ne comptons pas sur Jouyet, retourneur de veste professionnel ou Montebourg, ministre de la décadence industrielle.
NB : @ 61 Alain Doumenjou - 0h41
Pour une fois, je ne suis pas d'accord avec toi. En Europe, l'oligarchie a pris en main depuis 32 ans maintenant les médias privés et publics, pour mener une véritable guerre des mots.L'enjeu est la maîtrise de la part de cerveau disponible des gens, dixit un ancien dirigeant célèbre de Bouygues TV. Force est de constater qu'elle a gagné une bataille, même si nous espérons qu'elle perdra la guerre. Il était donc crucial pour le maintien des privilèges de faire croire que le PS ménerait une politique vraiment différente de la droite ultra libérale et de pérenniser les alternances bidons. Nous sommes donc légitimes, sinon sur ce blog qui s'oblige à une certaine tenue, du moins autour de nous et sur des fora de discussions où c'est la foire d'empoigne, à mettre pédagogiquement sur les dirigeants PS les étiquettes adéquates dénonçant leur trahison des valeurs de la gauche.
Lorsque nous sommes en face des "tous pareils ",le sauf n'est pas loin et là je crains le pire. C'est quand même incroyable avec le nombre conséquent des programmes vendus, plus la gratuité de son accès, que certains ne viennent pas à rechercher dans le texte ce qu'il en est, peut être que, lire au règne de l'image et du fétichisme du spectacle et du spectaculaire, est dérangeant, pourtant il existe en vidéo des animations très bien faîtes par les dessins, tiens pourquoi pas des BD du programme. Devant cette captation de l'image, en hypnose, je crains qu'il n'y ait pas grand chose à faire pour se débarrasser de cette addiction et il faut être très prudent, ne pas brusquer, avec style et délicatesse pour certains et plus fermes pour d'autres, à moins de mettre à la poubelle les télés de la voix de son maître des discours du capitalisme et de prendre un immense plaisir à lire,voire de toucher un livre, la lettre. De vous lire, toutes et tous merci pour tous ces livres connus ou non lus, c'est vrai que les amis et camarades devant cette profusion éditoriale programmée pour n'y plus s'y reconnaître il est important de choisir et d'être informé du meilleur.
Ne pas oublier de lire Françoise d'Eaubonne c'est comme de la SF, d'ailleurs notre programme dans cette morosité est tellement éclatant qu'il met certains dans la nécessité de se cacher.
Et si " ils ne veulent pas " se renseigner, je crains qu'à l'instar de tout symptôme ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux, si, il fallait s'en débarrasser, là, le "confort" de la servitude est perdu.panique à bord, tiens ça rappelle quelqu'un.
@Jean-Louis Charpal
Sur l'Opération Condor, j'ai trouvé l'article du Monde Diplomatique auquel vous faites référence ici et un autre écrit très intéressant "L’ombre du Condor Contre-révolution et Terrorisme d’Etat International dans le Cône Sud" qui plus est en version trilingue.
C'est la charge émotionnelle que porte le vécu intense mis en mots, donc avec mise en distance qui transperce le lecteur, créant ainsi une véritable communion tangible et ouvrant sur des ailleurs où l'on se retrouve.
Les portraits tracés de personnes aux parcours si denses explosent à la figure et touchent au point de sentir qu'on les connaît. "L'empathie" quel mot tout en rondeur spiralée!
Bon écrivain, serait un bon éditeur, bon passeur notre "billetteur", puisse-t-il vite devenir le catalyseur (gare aux poisons qu'il sait cependant bien identifier, mais qui savent se reproduire à partir de leurs déchets) des réactions au désastre ambiant.
Le bateau n'est jamais loin, "le mouillage", "pause active" oui c'est un peu certaines positions actuelles, ne pas se relancer en mer sans vivres alimentaires et intellectuelles, bien tracer la route. Consolider le navire, cela me fait penser à l'épopée du "bateau Fri" lors des essais nucléaires, bien penser au matériel et constituer un équipage aux personnalités très diverses, aux capacités variées et complémentaires, mais soudé grâce aux qualités du commandant, aux objectifs communs et à la volonté de chacun mise dans le pot commun;
Donner le goût de connaître, éveiller la curiosité à travers n'importe quel support est le plus important, pendant certaines périodes, on ne lit pas, on observe, on manipule, on voyage, à d'autres on lit, tant de diversité s'offre. Faire un pas de côté en lisant pour trouver des déclics, des pistes pour agir..
La lecture peut-être fuite ou enfermement alors que c'est une fenêtre, une porte et ce qui formidable, c'est qu'on peut le commencer par la fin.
Gribouiller, se jeter dans l'encre pour ne pas se noyer.
Etre trempé pour ne pas se mouiller, action passive, bras levés vers la foule absente, mauvais présages.
Agir pour changer le mauvais cap, ESS...
Quelle rage se doit-être d'avoir à se replonger dans les méandres strasbourgeois!
Morose, je le suis aussi. Difficile de ne pas l'être, surtout en portant le regard sur l'Amérique latine, là où l'espoir renaît. Ici, avec cette pseudo gauche qui, avec la règle d'or de Mercozy, tire un trait sur la démocratie en suivant la droite ligne du gouvernement précédent, il est bien difficile de ne pas être consterné par cela et de ne pas avoir le blues. C'est probablement une période, une étape nécessaire à un changement de situation, à un changement de vision de cette autre prétendue "gauche", dont les dirigeants mènent chaque jour, toujours un peu plus, une politique de droite. Cette prétendue "gauche" là, n'est pas la mienne. Je la lâche. Je dénonce son imposture. Je n'ai plus aucune affinité avec cette pseudo "gauche" que j'ai envie d'appeler maintenant la "gauche" cafard.
Mort au rose pour le rouge qui bouge! Enfin une gauche à la couleur de notre sang. Même si certains se désolent, la majorité du peuple n'est pas rose. Ni sang bleu ! Et au fur et à mesure de notre présence effective, nous voyons naître la vraie gauche, doucement mais sûrement. Les cerveaux sont à laver après tant de désinformations et de mensonges. Chacune de nos explications fait rougir de joie ceux qui désespèrent dans cette société capitaliste avant tout. Qu'on se le dise.
@ 75 j-jour - 12h05
Merci beaucoup pour ces liens. Si on relie ces articles au numéro spécial du Monde Diplomatique dont je parle dans mon mesage @43 de 12h37 on voit que la politique des Etas-Unis n'a pas changé depuis le début du XIXè siècle. Jean-Luc a dû encore ressentir au cours de son voyage comme palpable, un traumatisme et une horreur à couper au couteau résultant des exactions et crimes dont ont été victimes ces populations pendant presque deux siècles, et qui peuvent, comme un volcan à peine éteint, toujours se réveiller. Tout a commencé par une arnaque, en 1823, quand le président Monroe a élaboré sa doctrine qui a pris son nom. Intimant quasiment l'ordre aux européens de ne pas se mêler, si peu que ce soit, des affaires de l'Amérique Latine, pour épargner à ce continent tout colonialisme, les Etats-unis, ayant déblayé le terrain, ont considéré l'Amérique Centrale puis l'Amérique du Sud comme leur propriété exclusive. A titre d'exemple, les exploits du trust United Fruit Company qui a multiplié les massacres à la fin du XIXè siècle, ont frolé à mon avis, le crime contre l'humanité. Concernant l'oprération Condor m'est revenu en mémoire, en parcourant les articles mis en lien, que la CIA, entre autres bonnes actions, a donné des cours de tortures aux tortionnaires sud-américains. Je suppose qu'elle a eu affaire à des surdoués. Enfin, il est exact que si Jimmy Carter a mis un terme à l'oprération Condor, Reagan dès son arrivée au pouvoir, sans réactiver une opération trop voyante, a multiplié les actions bilatérales qui, sur le terrain, ont pu se révéler tout aussi brutales et meurtrières que les opérations orchestrées à l'échelle du Continent. Si l'offensive principale actuellement de l'oligarchie vise la maîtrise de la désinformation, il ne faut se faire aucune illusion et rester vigilant. La tradition d'intervention impérialiste des USA est trop ancrée pour que même un homme politique comme Obama, qui plus est otage de ses financeurs, renonce à la violence, s'il estime que les intérêts américains sont en danger.
Jean Louis CHARPAL (53, 22 octobre 2012 à 18h10)
Tu estimes "qu'en matière artistique (littérature, musique, peinture etc...) la liberté doit être absolue."
D'accord, à condition que les oeuvres d'art soient soumises à l'ISF... il faut faire cesser cette pratique qui consiste à placer de l'argent de cette façon, et qui pollue considérablement l'art contemporain. Le marché de l'art, aujourd'hui, c'est d'abord un marché, éventuellement de l'art... il n'y a même pas eu de cris de "pigeons" tant l'affaire a semblé anecdotique. Mais ce ne sont pas les artistes, dans leur immense majorité, qui auraient souffert de cette mesure. Rares sont ceux qui vendent des pièces à des personnes soumises à l'ISF.
Par ailleurs, l'art est aussi utilisé à des fins de propagande. L'Eloge littéraire d'Anders Breivik entre-t-elle dans le champ de cette liberté ? Elle n'en constitue pas moins un appel au meurtre. Est-ce encore de l'art ? Peut-on résoudre le problème par l'interdiction et si oui, jusqu'où et au nom de quoi peut-on interdire ? Les religieux ont maintenant pris l'habitude de créer une "polémique" à propos d'oeuvres d'art anticléricales.
La liberté de l'art implique aussi qu'il respecte des contraintes. Ne serait-ce que le droit commun.
... à ceux qui ne seraient pas familiers de ce blog, prenez cinq minutes pour lire l'intervention de Jean-Luc Mélenchon "le défi de la politique dans un monde multipolaire" sur la page d'accueil.
à Jean-Louis Charpal (53) à Antraigues (66)
Vous écrivez tous deux quelque chose d'assez semblable : "l'art n'est que subjectivité", "tout est question de goût".
Malgré l'apparente tolérance de votre propos, vous ne pouvez tenir ce genre de discours.
En effet, si tout est question de sensation personnelle, de subjectivité, si, comme on dit, "les goût et les couleurs ne se discutent pas", il faut tirer les conséquences de ces positions. Quelles sont-elles ?
Cela revient à dire que, finalement, tout se vaut. Eh oui : si la qualité d'une oeuvre ne dépend que du lecteur ou du spectateur, je peux considérer sans problème que la chapelle sixtine ou un barre HLM relèvent du même génie architectural, qu'une toile de Rubens ou un graf dans le métro ne diffèrent que par l'oeil qui les regarde, que la "Messe en si" de Bach équivaut à n'importe quel titre de Michel Sardou. Bref, c'est commettre l'erreur des relativistes qui sont incapables de hiérarchiser les oeuvres.
Du coup, si tout est sur le même pied d'égalité, il n'y a aucune raison de se battre davantage pour défendre Victor Hugo ou Picasso plutôt que la ciollection Harlequin... On peut tout de même s'interroger sur le fait que les musées et les lieux de visite touristiques ne partagent pas votre vision et considèrent qu'effectivement, l'art n'a rien à voir avec la subjectivité du lecteur ou du spectateur. L'artiste sincère ne crée pas pour le public. En revanche, le public intéressé par l'art sait qu'il vaut mieux visiter le Louvre ou se rendre à Florence plutôt que visiter un tunnel de métro.
Maintenant, on peut aussi mépriser l'art...
L'austérité jusqu'à affamer...
http://andrechassaigne.over-blog.com/article-l-austerite-jusqu-a-affamer-111585387.html
[Edit webmestre : Les règles de ce blog s'appliquent à tous. Même à celui qui signe "André Chassaigne" alors qu'il n'est vraisemblablement que son webmestre. Un lien sec, simplement signalé par le titre du billet, vers un blog extérieur n'est pas acceptable. C'est purement et simplement du détournement d'audience. Ce n'est pas autorisé aux autres commentateurs au pseudo moins prestigieux. Merci, à l'avenir, de laisser un véritable commentaire sur les sujets évoqués dans le billet de Jean-Luc Mélenchon, dont le lien vers votre blog pourra alors être considéré comme un complément utile.]
Bonne lecture, cher Monsieur,
Est-ce que vous aimez Fred Vargas? J'adore... Et dans le même genre (une série qui s'attache aux pas d'un commissaire style Adamsberg), j aime énormément Hennig Mankell (et les déboires du commissaire Wallander).
Cet auteur a fait des romans sur l'Afrique (Zambie, Afrique du sud...) et des titres comme l'Oeil du léopard ou Tea bag sont super !
Ces auteurs sont d'une sensibilité de gauche, tout spécialement Mankell qui décrit les coulisses de nos sociétés occidentales ou nos projets machiavéliques pour exploiter légalement le tiers monde. Son port d'attache est en Suède; l'arrivée des migrants de l'Est ou du Sud dérangent et réveillent les pires fantasmes meurtriers qui peuplent nos nuits de nantis. Faire des enquêtes pour élucider ces morts jetés sur nos plages, c'est en même temps mettre à plat nos a priori.
J'ai cru voir comme un sous-entendu à propos du parcours de guérillero du sieur Paranagua et de son étrange libération en pleine dictature militaire... Ce personnage, contrairement aux apparences, a donc peut-être toujours servi les mêmes maîtres, mais vous n'avez pas dit cela, n'est-ce pas? Dommage que vous ne puissiez en dire plus...
@ 78 Poncet -15h46
La liberté de l'artiste de créer et celle du public d'aimer ou pas l'oeuvre créée est une chose, les aspects financiers en sont une autre, dans un monde où tout est transformé en marchandise. J'ai abordé cette question de la liberté car je considère que Jean-Luc, comme chacun de nous, est libre d'aimer ce que bon lui semble, et que dans ce domaine il n'y pas de vérités révélées.
@ 80 Superbo-17h02
Tout ne se vaut pas, je suis bien d'accord. Le rôle de l'éducation consiste justement à permettre de faire la distinction entre ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas. Une barre HLM se trouve hors du champ de l'art, car elle n'a rien d'artistique. Par contre, pour tout ce qui peut être considéré comme à l'intérieur du cercle de l'art, chacun est libre d'aimer ce que bon lui semble. S'agissant de musique classique, pour prendre un exemple, je peux aimer beaucoup Vivaldi et pas Bach, ou l'inverse, je peux aimer les deux ou ni l'un ni l'autre. Cela dit, Bach et Vivaldi, avaient parfaitement le droit de composer la musique de leur choix. C'est pourquoi, il me parait vain de vouloir à tout prix que Jean-Luc aime le nouveau roman s'il préfère autre chose. On n'est pas libre de passer au feu rouge ou de rouler à gauche. Mais on a tous les droits d'aimer ou pas en matière artistique. Sinon on tombe dans une contrainte qui pour moi est inacceptable dans un domaine où tout n'est que subjectivité.
@Antraigues
Je me permets de mettre ici le lien direct vers "Le défi de la politique dans un monde multipolaire" que vous nous invitez à lire, pour les plus pressés, ce n'est pas évident à trouver.
Bonjour à tous
Cela fait longtemps que je ne m'exprime pas mais je reste une fervente lectrice de ce blog. J'attends avec impatience chaque nouvelle contribution de Jean-Luc et c'est un plaisir à chaque fois de le lire et de s'informer encore un peu plus. Merci pour le lien vers la conférence de presse de Chavez, mon analyse de la situation en Libye s'en est trouvée confortée. Quelqu'un pourrait-il mettre le lien pour l'intervention de JL sur France Inter dimanche dernier ? Je n'ai pu l'écouter. Merci !
Sur le dossier EADS-BAE et comme l'écrit Jean-Luc "...se jouait l'avenir de notre avenir industriel et un bon morceau de l'industrie aéronautique ". De le rapprocher avec la persistance de notre présence dans l'OTAN et avec ce prochain GMT. Tout est mis en place pour que notre pays soit un satellite aux ordres sans aucune indépendance et décision du peuple souverain. Avec le TSCG la mise sous tutelle et contrôle de qui déjà ? la France, ce qu'elle représente, l'apport universel de sa Révolution, ses avancées par le programme du CNR et son ambition dès que son peuple se bouge et surtout avec l'Humain d'abord, notre pays subit une attaque sans précédent et tout ça au nom de notre bien. Alors, le textile, les mines, la sidérurgie, chantiers navals, automobiles,raffinerie, pêche, laboratoires, santé. Tout est attaqué, ah oui sauf la production agricole mais là les chimistes et Monsanto ont des visées tentaculaires, ah si le luxe ça marche même en Belgique pour les refuges, nous serons un nouvel état des U.S.A.à notre échelle et à celui du continent. Pour les atlantistes forcenés et décomplexés très american on live de la toute sainte libre entreprise et magouilles bancaires, ça les fait jouir et plus,de nous refiler les acteurs financiers suspects de tripatouiller les comptes pour le compte de qui ? Aux plus hauts postes de la BCE dite indépendante sauf pour les mêmes. Au temps de la compétivité serinée à longueur d'antenne, ça fait tache dans les manoeuvres de nous faire tout payer, il est urgent de se mobiliser pour le "Nous, on peut."
La transformation sociale peut marcher dans les deux sens. Soit des politiques socialistes établissent de nouvelles règles pour une meilleure place de chacun dans la répartition des produits économiques, dans ce cas la société se transforme en allant vers le progrès social. Soit des politiques ultra libérales parviennent à affaiblir suffisamment la démocratie et le partage se fait encore moins bien, la société se transforme en allant vers le totalitarisme conservateur et un apauvrissement dans tous les sens du terme. Des militants, des citoyens, voudraient qu'on aille vers le progrès tout en constatant qu'on se dirige dans l'autre sens. Ce mouvement nous emporte contre notre gré et on sait très bien qu'il nous conduit vers une sortie de route, on va finir dans le décors à cette allure, c'est sûr.
Lire beaucoup, aimer l'art, ne ralentit pourtant pas ce flux, il faut croire que cela constitue une préparation parce que sinon ce serait tragique toute cette beauté, cette finesse, pour rien. Donc l'épanouissement de la sensibilité est peut-être le levier qui pourra tirer sur le frein.
Malheureusement la majorité du peuple n'est pas épicurienne, pour elle tout ceci est un luxe. Ha ! si on pouvait lire des textes de SF où le matérialisme historique inspire un personnage qui passe à travers le barrage des consciences aliénées pour y rétablir la conscience de classe. On verrait la Boétie revenir et dire c'est merveilleux, le peuple s'est débarrassé de la servitude volontaire. Des pages de 1984 devenues inutiles seraient emportées par le vent comme des feuilles mortes.
Dénoncer la voracité, aliénée elle aussi, des bourgeois qui ne veulent rien lâcher à ceux qui pourtant transforment leur propriété inutile en appareil de production de toutes les richesses, ceci doit être le principal rôle à jouer des acteurs que nous sommes. Dénoncer, briser la longe, aligner des mots et des actes fiers, signifier que non, on n'ira pas plus loin. Bientôt.
Ce soir au JT de France 2 a été diffusé un reportage sur des manifestations qui on eu lieu en france contre l'adoption et le mariage homosexuel au cour de se reportage des images de manifestant arborant le drapeau du parti de gauche et du front de gauche sont visibles. Je trouve cette utilisation choquante les rassemblements etaient organisé par le collectif Alliance vita et même s'il est possible que quelque militant perdu ou égaré est pu se trouver dans ce type d'évenement l'ensemble du frond de gauche defend aussi bien le mariage que l'adoption par les personnes homosexuels. Je pense qu'il s'agit d'une manipulation ou d'une erreur de la par des journalistes et qu'il serait bien de le signaler au plus vite pour que les drapeaux des organisations du front de gauche ne soit pas assimilées à ceux de ces partisans de l'intolérance !
@ kimar à 20h57
Chacun a le droit d'avoir les positions sociales ou plutôt sociétales qu'il choisit. Pourquoi traiter celui qui exprime un avis différent de "partisan de l'intolérance". C'est sur qu'avec des bases comme ça la victoire est proche.
La recherche de "l'esprit nouveau", l'art ! Charles Silvestre, auteur de "Jaurès, la passion du journaliste", ouvrage aussi passionné que passionnant, déclarait dans une conférence où il expliquait la foi de Jaurès en l'homme et en sa capacité de réflexion: « Jaurès toute sa vie était à la recherche de l'esprit nouveau. Très ouvert et cultivé, l'art et la littérature étaient pour lui des formes de création d'où jaillissent des idées neuves."
Je pense que notre porte-parole est également à la recherche de l'Idée neuve en-dehors de toute subjectivité, celle qui permet de comprendre et de faire avancer l'humanité.
Je me disais que je prenais autant de plaisir à lire Jean-Luc Mélenchon que les commentaires (d'ailleurs ce ne sont pas des commentaires mais des choses mises en partage). Est-ce nous qui avons changé ? Plus conscient de notre rôle historique ? Seulement moi dans ma manière de saisir les choses ? Bref, il y a beaucoup d'humanité dans ce que je lis ici et contre la rentabilité économique, promue comme seule cadre de référence (politique qui veut se faire passer juste pour une donnée technique), seule l'humanité peut servir de boussole. C'est intéressant de voir comment Le Monde, d'ailleurs, essaye de créer le brouillage sur ce point à propos du terrible drame de cet enfant mort au bord de la route. On voit ici pourtant très bien combien la rentabilité économique vient percuter l'humain…
Demain, aux Mées, commune des Alpes de Haute-Provence, ATTAC, le Front de Gauche, la Ligue des Droits de l'Homme, le NPA... organisent ensemble une assemblée-débat avec un économiste sur le Traité qui vient d'être adopté. Comment le journal la Provence annonce-t-il l'évènement ? Un petit paragraphe avec le titre suivant : l'ultra gauche contre le Traité. Eh oui, pour le quotidien La Provence, ce 23 octobre, nous sommes devenus l'ultra gauche !
Pour comprendre les mécanismes du pillage et de l'oppression qui ont conduit l'Amérique latine à la crise des années 70, lire un autre grand Uruguayen : Eduardo Galeano - Les veines ouvertes de l'Amérique latine - Collection Terre humaine.
@jean h
Oui, le livre de Galeano est un monument ! D'ailleurs, il me semble que Chavez en a offert un exemplaire à Obama et les ventes ont explosé !
L'article de Jean-Luc "Le défi de la politique dans un monde multipolaire" est en effet fort éclairant car s'il est important de s'impliquer dans les luttes quotidiennes, il faut néanmoins toujours garder en vue le but et pour cela avoir une bonne boussole. Pour ma part, longtemps ça a été “pour un monde sans argent et sans frontières”, avec de terribles doutes sur sa faisabilité (humaine : comment convaincre ? et technique : quelle transition ?) . Et pourtant quelle autre solution que celle-ci ? Le capitalisme n'est pas réformable: son moteur, c'est la recherche du profit à court terme avec toutes les aberrations humaines et écologiques que cette course suscite. Exactement le contraire de ce qui devient une urgence pour notre planète: partager les ressources, le temps de travail, avoir moins mais vivre mieux, vivre en sérénité (pas de compétition, pas de guerres). Prenons le pouvoir pour réaliser l'utopie. A un jour d'intervalle, j'ai entendu deux femmes grecques exprimer la même idée : Et si cette crise était une chance (terrifiante) de faire autrement ? Ni l'une ni l'autre ne souhaitait un retour à l'”avant la crise”.
EADS- Airbus
Dans le billet, l'importante analyse sur le rôle de la société EADS-Airbus mentionne :Un groupe public français à 50,45 % est à portée de main. D'après tout ce que je sais, nous sommes aujourd'hui à 22,45 parts françaises, idem 22,45 part allemandes, 5,5 espagnol. Ce total donc correspond aux participations nationales, mais non exclusivement d’État, ou participation publique. Comment voyez vous cette naissance, plutôt renaissance d'un groupe public aéronautique français? Il me semble qu'il y ait une confusion.
Pour illustrer la bonne entente entre les partenaires: ce jour à l'occasion de l'inauguration en grande pompe du hall d'assemblage pour le nouvel Airbus 350 Toulouse/Colomiers, M.Ayrault a rappelé dans des termes choisis que l'Allemagne doit encore 600 € millions pour financement au lancement de cet appareil. Retour immédiat à l'expéditeur via commentaires dans presse allemande: cet argent est lié aux engagements de renforcer R&D, production etc, dans les usines allemandes, pas pour faire les beaux à Toulouse. Voilà l'ambiance.
à Jean-Louis Charpal (84)
Nous ne nous comprenons pas.
[...]
[Edit webmestre : J'espère que vous aviez conscience que votre long développement sur l'art, pour passionnant qu'il fut, était parfaitement hors sujet sur ce blog. Et comme, en effet, vous ne vous comprenez pas, il est à craindre que la question ne s'éternise, ce que je ne peux pas permettre. Il faudra dont se résoudre à cette incompréhension.]
Mais qui est Jouyet, si ce n'est comme Le Drian, et Mignard le pote de trente ans et plus de Hollande, "les trancourants" du PS qui écrivaient avec lui "la gauche bouge" en 1984. Ils ont réussi, ou presque puisque s'ils ont réussi avec le PS, ils sont loin du compte avec la Gauche. Combien de voix a fait le Front de Gauche? Combien de manifestants à la Bastille ? Affaire à suivre !
Petroplus pose la question du raffinage en France. L'émission "28 mn" avait fait une désintox suite à votre remarque, qui disait en substance "Nous manquons de capacité de raffinage car nous importons des produits finis". Selon la désintox, il existerait des raffineries à essence et d'autres à gazole. Ceci n'a pas de sens. Certes, il n'y a probablement pas 2 raffineries strictement identiques, mais le fait de fabriquer plus ou moins d'essence ou de gazole dépend essentiellement de 2 facteurs :
- l'origine géographique du pétrole (plus ou moins lourd selon les régions du monde). C'est le facteur majeur. Par exemple le pétrole du Niger est très léger, et permet donc de faire beaucoup d'essence, alors que celui du Vénézuela est très lourd et permet donc de faire beaucoup de gazole.
- le réglage du tout 1er traitement que subit toujours un pétrole brut (distillation atmosphérique). Ce 1er traitement vise à découper le pétrole en plusieurs bases qui se différencient par leur température moyenne d'ébullition. On peut régler les différentes températures d'ébulition (qu'on appelle "point de coupe") pour obtenir plus ou moins de produits légers ou lourds. Il y a effectivement des traitements spécifiques pour l'essence ou le gazole (désulfuration), mais l'investissemnt à faire pour privilégier l'un ou l'autre est très faible par rapport à ce que coûte une raffinerie.
De plus, si la demande de gazole a augmenté dans les dernières décennies, celle de fuel domestique a baissé, or ces 2 produits sont strictement identiques. Seuls les taxes et un colorant rajouté (dans le fuel) les différencient.