26déc 12
A propos des vociférations d’Harlem Désir.
Communiqué de Jean-Luc Mélenchon, Député européen
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J’appelle Harlem Désir à la retenue. Les invectives du Premier secrétaire contre le clip du PCF-Front De Gauche expriment une exigence de soumission et de censure totalement inacceptable. Il n’empêche : ce clip présente avec humour le bilan des renoncements gouvernementaux. Au lieu de vociférer il ferait mieux de se demander quelle part de vérité si évidente il contient pour que tout le monde rie de si bon cœur en regardant ce plaisant petit film. Le gouvernement et son nouveau porte-parole feraient bien de cesser de se tromper d’adversaire. Après avoir passé tant de temps en université d’été et banquet à huis clos avec les patrons, après avoir fait voter deux plans d’austérité en six mois ils perdent leur temps en croyant nous intimider ! Nous respectons nos engagements électoraux en nous opposant à cette politique. Il devrait se réjouir que cela soit fait avec humour et drôlerie plutôt que sur le ton arrogant et sectaire avec lequel le PS croit possible de traiter les partis de notre gauche.
Comme entre chien et loup, pénombre et aurore, cette époque de l’année ne vaut pourtant pas trêve aussi forte qu’en août. Mais presque. Pour moi la pause est entrecoupée du plaisir de lire, et d’écrire sans les contraintes ni les harcèlements ordinaires. Réputé mécréant, on me fait peu de souhaits pour cette première fête commerciale et chrétienne de la noël. Mais j’en reçois cependant. Et, parmi ceux-ci, les plus émouvants furent ceux de ces cheminots ou bien ceux des sidérurgistes de Florange qui eurent un instant pour une pensée fraternelle collective avec moi. C’est peu dire que je m’y suis ressourcé comme dans un de ces moments précieux de l’existence.
J’ai réparti mes lignes pour ce passage sur mon blog en deux catégories. Les unes pour saisir au bond ce qui me venait à l’esprit qui pourrait éclairer ou égayer, les autres pour quelque chose de plus méthodiquement mis au point et servir au travail de ceux que cela peut intéresser. Ainsi pourrez-vous aller de confidences plutôt politiques à de la politique plutôt personnelle. Je n’ai pas craint de vous lasser puisque vous avez déjà résisté à tant de longueurs ! Et puis je reste dans l’idée qu’il ne faut pas chercher à plaire quand on pense, même si c’est à haute voix.
Confidences de vacances
Au menu les Pyrénées-Orientales très fréquentées, le vin mieux compris, un Japonais mal guéri, Miss France et d’autres choses plus ou moins légères à propos de Louis Capet, ci-devant Louis XVI, après qu’il a été capturé dans sa fuite à Varennes.
Moi et mes ex-æquo. Entre Noël et jour de l’An je nomadise. A Noël j’ai failli croiser Jean-Marc Ayrault dans les Pyrénées-Orientales où j’ai de la famille et des tombes. Et au Nouvel An ? Vais-je croiser mon ex-æquo en sympathie spontanément déclarée par les sondés de BVA ? Ça vient de sortir. BVA a sondé sur la sympathie que ressentent les Français pour les personnages notoires. Mais au lieu de suggérer des noms il a été laissé libre cours à l’expression spontanée des sondés. J’y suis classé vingtième et j’ai des ex-æquo. De quel ex-æquo suis-je en train de parler ? De Jamel Debbouze, bien sûr. Mais j’ai encore un autre ex-aequo, figurez-vous à cette vingtième place du classement ! Mais je n’ose pas croire qu’il puisse me croiser dans le Loiret où je dois aussi cantonner. Devinez « c’est qui c’est » ? François Hollande, les amis ! Mais oui ! Le chef de l’Etat a autant de gens qui le trouvent spontanément aussi sympathique que moi ou Debbouze ! Trop fort le gars ! Mais c’est vrai que moi, je suis « inaudible » comme dit « Libération » ! Dommage qu’il n’y ait pas un seul journaliste de « Libération » dans la liste des journalistes cités spontanément par les gens pour exprimer leur sympathie. Ils gagneraient à être aussi inaudibles que moi. Un conseil peut les aider dans cette direction : moins lécher les pompes des sociaux-libéraux. Ça les rendra discernables.
Valls me devance en sympathie spontanément avouée dans ce classement. C’est le seul homme politique avant nous deux, Hollande et moi. Je le cite parce que cet intense fayot de Valls est venu passer quelque jours en compagnie de son pendu, qu’il soutient comme une bonne vieille corde, l’anti-minable actuel premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais oui. Non seulement Ayrault, mais aussi Valls dans les montagnes des Pyrénées-Orientales. Comme un rom, je quitte les lieux sans bruit et avec mon peu de bagage. C’était prévu. De toute façon parmi les sondés de gauche, Valls ne me dépasse pas. Au contraire. Nous sommes ex-aequo parmi ceux dont on espère qu’ils jouent un rôle plus important à l’avenir. Ah ! Ah ! Voilà qui devrait rendre nerveux mon autre ex-aequo. Je suis arrivé sur un soleil couchant plein de feu derrière le Canigou, je repars devant une montagne glacée qui luit comme une lame sur le ciel. A l’aéroport on me fouille et on me palpe des pieds à la tête. Il est tout à fait clair que j’ai une tête de député suspect et que je pourrais bien avoir emmené une bombe pour faire sauter l’avion dans lequel je monte.
Je plaisante mais mes lectures sont sérieuses. Je mijote en effet un travail d’écriture sur la révolution citoyenne. Pour cela je fouille, entre autre chose, dans les petits hasards à grandes conséquences de l’histoire. Je viens de me brancher sur un livre de Mona Ozouf : « Varennes, la mort de la royauté ». D’accord le livre date de 2006. Mais ça cale bien. De toute façon je me suis lancé en alternance sur un travail de Claude Mazauric : « L’histoire de la pensée marxiste et la révolution française » dont j’ai bien besoin pour baliser ce que j’ai à écrire. Claude, en personne, m’a offert ce livre en juin 2009, après mon élection comme député européen. L’été 2011 j’ai croisé une nouvelle fois Claude à l’université du PCF où j’étais invité. Je lui dis : « Claude, je réalise que je suis séparé par des gouffres de temps avec certains livres que j’ai lu il y a maintenant si longtemps ! Que faire ? » Réponse de Claude, pleine d’humour tranquille : « Relire ! ». Autour de moi, nous le considérons tous comme notre brise-glace de la pensée à propos de ce bing bang de l’ère moderne qu’est la grande révolution de 1789. Un grand honneur pour mes amis Laurent Maffeïs et Alexis Corbière a été de recevoir de lui une préface pour leur best-seller militant : « Robespierre, reviens ! ». Ça se lit comme on mange une mousse au chocolat. Suave.
Déguster sans peur notre vin à Noël ? Oui, on peut. Les grands esprits de la Commission européenne ont renoncé à une de leurs stupides décisions technocratiques. Ils avaient prévu de libéraliser le droit de planter de la vigne autant qu’on veut, là où on veut, quand on veut. Une trouvaille à la mesure des extra-terrestres de Bruxelles qui boivent du coca et pensent que celui-ci se fait en pressant n’importe quelle patate. Peu importe la vigne, meugle la Commission, pourvu qu’on ait le vin ! La suppression des quotas de « droits à plantations » une idée, si l’on ose dire, signée « aux têtes d’œufs réunies ». Les mêmes technocrates avaient aussi inventé d’autoriser la fabrication de vin rosé en mélangeant du vin rouge avec du vin blanc. Et vous savez pourquoi ? Parce que le rosé étant moins abondant il est plus cher. Donc en écoulant du vin mélangé on fait baisser les prix. Les prix, mes amis ! La valeur suprême de la Commission européenne, de la Banque centrale et de tout leur saint-frusquin inhumain. Les mêmes ont également autorisé de sucrer le vin et d’y mettre des copeaux de bois pour obtenir un bon goût universel de « terroir » (les copeaux) dans la norme de la civilisation Disney (le sucre abondant). Autrefois on vous coupait les mains pour moins que ça !
Shinzo Abe, absurde nationaliste japonais, devient le premier ministre de son pays. Comme beaucoup de pays et régions qui n’ont pas été dénazifié après la défaite de l’Axe, la société japonaise n’est pas bien guérie de ses abominations en Asie. On se souvient qu’en Autriche, réputée victime de l’Anschluss, l’extrême-droite est arrivée jusqu’à une coalition au pouvoir. La peur des communistes fit en effet maintenir n’importe quel montage politique pour éviter de créer un vide qui leur soit propice. Ainsi le criminel de guerre Hiro Hito fut maintenu empereur du Japon et mourut dans son lit. C’était bien assez que les communistes aient eu la Chine ! Dès lors à intervalle régulier des nostalgiques comme ce nouveau premier ministre vont rendre hommage au mémorial des autres militaires criminels de guerre japonais. Bien sûr, l’énergumène a déjà prononcé des paroles offensantes pour la Chine. Bien sûr, la classe médiatico-politique liée aux Etats-Unis d’Amérique lui a déjà trouvé des circonstances atténuantes. Elle va bientôt jubiler à mesure que cet homme haussera le ton et menacera son grand voisin. Attendez-vous à une recrudescence des « inquiétudes » du journal « Le Monde » à propos du budget militaire de la Chine, et autres arguments de justification des provocations gouvernementales japonaises sur les îles disputées à la Chine. Le militarisme japonais va connaître de nouveaux beaux jours. Il est autrement plus efficace pour les ennemis de la Chine que les hypocrites pantomimes du Dalaï Lama et ses incroyables consignes de suicide. Quant à nous, n’oublions pas que le Japon c’est aussi une masse de gens qui continuent à lutter contre le nationalisme ahuri de leurs compatriotes. Et quand on pensera au fait que les Japonais ont pu élire un parti qui recommande la reprise du nucléaire, même après Fukushima et Nagasaki, on se souviendra aussi des autres, ceux qui continuent à manifester et protester. Là-bas comme partout deux camps. Pour l’instant nous sommes battus. Pour l’instant.
Et Miss France dans tout ça ? Vous y pensez-vous à Miss France ? Il paraît que moi j’ai une doctrine sur le sujet. Dans mon bilan de l’année, qu’il faudra bien faire le clavier sous les doigts, je vais faire une place particulière à la campagne de diabolisation dont j’ai fait l’objet. Sans trêve ni pause, à tout propos et hors de propos, les mêmes qui ont trouvé toutes les circonstances atténuantes à Marine Le Pen, en fonction du fait sans doute qu’elle s’en prend aux musulmans, me traînent copieusement dans la boue au motif que je ne m’occupe pas de la religion de mes compatriotes. Comment pourrais-je l’oublier un seul jour. L’exercice me rattrape à chaque revue de presse. Aujourd’hui voici Bruno Roger-Petit qui m’implique dans la polémique qu’il soulève à propos de l’attitude d’Audrey Pulvar et Clémentine Autain devant Miss France sur un plateau de télé. J’aime bien Roger-Petit notamment parce qu’il ne pousse pas l’esprit de secte et le corporatisme jusqu’à ménager les plus grosses bévues de Jean–Michel Aphatie. Il lui a dit son fait assez de fois pour que je repère en lui à la fois le type de droite mais aussi le gars qui n’a pas peur d’assumer ses hostilités. Une variété assez rare au royaume sournois des médiacrâtes. J’avais noté aussi qu’il ne me ménageait guère. Soit. C’est dans l’ordre des camps. Mais pourquoi me mettre à contribution pour flétrir les femmes qui n’aiment pas le concours de Miss France ? C’est pourtant ce qu’il fait dans une chronique saignante d’une hilarante mauvaise foi et me vaut une alerte de mon moteur de recherche. Ce qui m’a fait sourire c’est le magnifique tuyau de poêle : Clémentine Autain est mélenchoniste donc chaviste et donc Chavez n’aime pas le peuple qui lui aime Miss France que n’aime pas Clémentine Autain qui est mélenchoniste donc chaviste… Admirable trouvaille. Il y a cependant une face sombre à cette histoire, c’est l’idée que cet aristo se fait du peuple. On se croirait à « Libération ». Ceux-là savent que le peuple « rêve d’avoir le Pen pour grand-père ». Bruno Roger-Petit lui sait que le peuple aime Miss France et le concours qui la désigne dans ce rôle si valorisant d’idiote à visage humain. Ce serait du mépris de classe dit-il. Attention ! Soulignons la gravité de notre cas : un mépris dans « une conception un rien stalinienne ou chaviste (donc melenchoniste ?) ». En effet Bruno Roger-Petit estime que Clémentine Autain défend « en creux » l’idée suivante : « Des miss d’accord mais à condition d’être les ambassadrices du petit père des peuples ». Mon cher, je voudrais vous informer que les champignons sur la bûche de Noël se mangent. On ne les fume pas !
Quand Louis XVI a été ramené à Paris après sa tentative de fuite en Belgique, sur le chemin du retour, il a pu voir la population mobilisée en masse, tout le long du trajet, depuis Varennes. Paysans, ouvriers, bourgeois des villes et notables des bourgs, une marée humaine piétinant parfois des heures sur place, souvent armée de bâtons, piques, fourches, branches. Pour un traître prêt à l’aider pour s’enfuir de nouveau, mille et mille patriotes qui le surveillent et l’accablent de leur silence. Chaque épisode de cette lamentable équipée l’a confronté à la réalité de la révolution dans la profondeur du pays. Une réalité populaire, audacieuse, sérieusement ancrée et construite dans tous les esprits. Une fois revenu à l’intérieur des Tuileries sous bonne garde et à deux doigts de se faire écharper dans les derniers mètres, il lâchera ensuite une confidence au douteux La Fayette qui était censé le garder : « Je vous dirai franchement que jusqu’à ces derniers temps j’avais cru être dans un tourbillon de gens de votre opinion dont vous m’entouriez, mais que ce n’était pas l’opinion de la France ; j’ai bien reconnu dans ce voyage que je m’étais trompé et que c’est là l’opinion générale. » Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les puissants à mine placides sont en fait, derrière leurs grands airs, tellement « citrouille confuse » comme on l’a dit de ce Louis Capet là. Mais les faits, et le peuple, les rattrapent toujours. J’ai donc quitté les Pyrénées le cœur tranquille. Ayrault finira bien par rentrer à Matignon.
La crise comme stratégie.
Plus personne n’y fait attention et le niveau de l’information donné par les médias sur ce sujet est passé depuis longtemps sous la ligne de flottaison. En tous cas il y a eu un sommet européen les 13 et 14 décembre derniers. J’en ai fait un compte rendu. A présent je veux faire rebondir l’analyse sur une phrase très parlante du communiqué final où l’on apprend que la « crise » n’est pas seulement ce que l’on croit. Elle serait aussi une opportunité davantage qu’une calamité. Attention, lecteur pressé, mon texte est dense ! C’est une mise en en ordre de mes idées que je mets en partage.
La faillite du système d’information sur l’activité de l’Union européenne est totale. Sortis des récits et jeux de rôle sur les « sommets de la dernière chance » et autres mises en scène mélo dramatiques, les griots ordinaires de « l’Europe qui nous protège » n’ont rien à dire. Il est impossible de trouver où que ce soit la moindre information documentée, la moindre présentation du contenu des mesures prises chez les habituels médias donneurs de leçon de morale européenne. Ni d’ailleurs la moindre curiosité ou investigation, quand la source officielle européenne ne donne pas elle-même une information pré mastiquée sur un sujet. De mon côté j’ai publié mon compte rendu sur ce sujet comme je le fais de toute l’actualité européenne sur mon blog dédié. Je ne recommence donc pas ici mon compte rendu sur l’ensemble de ce qui s’y est décidé. Mais je veux revenir sur un point suggéré par une lecture attentive de la déclaration finale. Je le fais parce qu’il éclaire la scène du moment que nous vivons d’une façon spéciale.
Ce qui n’a pas facilité l’intérêt pour ce sommet c’est que les documents n’ont pas été traduits en français. Aucun ! Ordre du jour, note d’information, tout a été livré en anglais! C’est la règle dorénavant. Sous prétexte d’économie, les parlementaires et les citoyens sont privés du seul moyen de comprendre les enjeux des décisions prises : la traduction. En allant jeter un œil sur le site de la Commission européenne vous pourrez faire le constat du nombre des documents non traduits. Compte tenu des sommes dérisoires qui sont en cause à l’échelle de l’Europe pour ces traductions, j’en déduis que cette attitude est délibérée. Il s’agit de réserver la compréhension de ce qui se passe à ceux qui ont l’usage de la langue des décideurs. D’un autre côté il s’agit aussi de préparer méthodiquement le passage au grand marché unique transatlantique dont la langue de travail unique sera l’anglais. Dans l’immédiat, ce confinement permet aux médias euro-béats d’en rester à des récits de surface sans risquer d’être mis en cause par un contact direct du public avec les textes réels. Dans ce qui s’est dit il y a en effet matière à dire davantage que les comptes rendus de circonstances ont fait. Notez que ces mots ne valent pas pour autant quitus de ma part sur ce que ces comptes rendus ont rapporté à la connaissance du grand public. En effet, qu’il s’agisse de « l’aide à la Grèce », du fameux « nouveau » contrôle bancaire dont l’anti-minable Ayrault s’est fait de si vibrants gargarismes, et ainsi de suite, tout a été une fois de plus du recopiage manipulateur de la parole officielle, sans imagination ni curiosité, mâtiné par-ci par-là de rumeurs organisées par les attachés de presse des eurocrâtes. Encore une fois, sur ces sujets je vous renvoie à mon compte rendu car il vous permettra d’en prendre la mesure.
Mais dans le texte de clôture de ce sommet, comme je l’ai dit, quelques lignes m’ont frappé. Je les analyse comme un aveu tellement frappant ! Voyez ces lignes. Elles méritent d’être traduites intégralement. Elles expriment davantage que le cynisme ou l’aveuglement idéologique ordinaire des commissaires européens. Lisez lentement : « La crise économique et financière que traverse l'Union européenne a été un catalyseur pour mettre en place des changements profonds. Son impact est visible dans la restructuration profonde de nos économies, qui a actuellement lieu. Ce processus est perturbateur, politiquement stimulant et socialement difficile – mais il est nécessaire pour jeter les bases de la croissance future et de la compétitivité qui devra être intelligente, durable et inclusive. » Ce texte dit, en fait, que la crise est en réalité une stratégie d’action et non pas seulement une difficulté qui s’impose de l’extérieur. Je pense que cela jette sur la situation un jour nouveau. Par la « crise », délibérément, les eurocrates sont en train de faire naître consciemment et méthodiquement un ordre nouveau. C’est la stratégie du choc décrite par Naomi Klein. Attention : vu sous cet angle ce serait une erreur de dissocier l’objectif et les moyens. La politique d’austérité et les moyens autoritaires destinés à les imposer en Grèce, par exemple, forment un tout. Je voudrai qu’on ne l’oublie jamais du moins ici parmi les lecteurs qui viennent me lire dans le but de s’instruire et de compléter leur propre analyse de la période historique que nous vivons.
Donc je veux revenir sur ce point précis de la « crise » comme moyen d’action des dominants. J’ai déjà évoqué dans ma conférence à Londres cette idée de « la crise » en tant que stratégie de réorganisation du rapport de force entre le capital et le travail. Ce point mérite, bien sûr, une entrée en matière pour être compris sans excessive simplification. Le mot « crise », dans le vocabulaire commun, désigne un paroxysme provisoire. On suppose qu’il y aura des soins qui permettront un retour à l’équilibre initial. Pourtant la crise de la dette que nous vivons n’est pas provisoire. Elle implique un mécanisme de fond, structurel, qui forme la trame même du système capitaliste de notre temps. L’endettement et le crédit sont les moyens de masse que le capitalisme a trouvé pour dépasser sa limite interne traditionnelle. Permettez une explication plus approfondie de ce point. Je n’ai pas souvent l’occasion de donner mon analyse sur ce sujet que je crois essentiel. Il me semble que c’est acceptable de votre part, chers lecteurs, dans le cadre d’un texte comme celui-ci, ajouté depuis un séjour de repos dans une note publiée dans le temps de la trêve des confiseurs. Comment « la crise » peut-elle être à la fois une situation inopinée, un incident imprévu du parcours, et une stratégie d’action pour le futur? Je voudrais l’expliquer.
On s’accordera pour dire que c’est bien la dynamique du système financier global qui a conduit à la situation actuelle. Mais a-t-on clairement à l’esprit qu’à présent la masse de la dette est telle qu’il n’y a pas de soin qui puisse ramener à la situation antérieure. Si la dette n’est pas effacée, d’une façon ou d’une autre, le système roulera à l’abîme en entraînant la civilisation humaine. Mais cet effet de système ne peut être réglé par aucun des acteurs du système. De même qu’il n’y a pas de complot pour conduire à cette catastrophe, il n’y a pas d’état-major pour l’empêcher d’avancer vers son terme. Chaque épisode est le résultat d’un effet de système auto-organisé dont la dynamique est spontanée. Le point crucial est que tous les acteurs, les décideurs de toute nature, banquiers, personnages politiques et ainsi de suite, tous sont inclus dans la situation. Ils en sont une composante. Ils gèrent ce qu’ils trouvent en face d’eux du point de vue des intérêts qui dominent la scène et qui sont aussi les leurs en particulier. Cela leur paraît être la seule voie possible, le seul comportement raisonnable. Certes pour eux, la crise est d’abord seulement un dysfonctionnement. Ils estiment donc que leur devoir est de ramener la situation à l’équilibre. Mais ils n’imaginent pas de le faire autrement que du point de vue des normes, usages et exigences du système lui-même. Nos questions, mises en garde et revendications leur paraissent aussi extravagantes que le serait à nos yeux l’attitude d’un conducteur qui ayant un pneu crevé s’en prendrait à l’industrie de l’automobile au lieu de changer de roue pour continuer son parcours.
C’est donc de l’intérieur du cadre qu’il faut comprendre ce fait apparemment paradoxal : « la crise » offre des opportunités d’aller plus loin dans la logique qui a pourtant rendu possible « la crise ». Elle le peut parce que la situation de crise permet des prises d’avantages. Ce résultat nous l’avons sous les yeux. Bien sûr, personne n’a voulu la faillite du système des « subprimes ». Ni celle de la dette publique grecque. Ni l’effondrement de l’immobilier irlandais ou espagnol. Bien sûr que l’instabilité du système financier et la rupture des flux qui le constituent sont dangereux aussi pour les bénéficiaires de ce système. Cependant, tous ces événements ont eu lieu. Peut-être bien que les maîtres de la finance auraient préféré qu’il en soit autrement. Pourtant ce sont leurs décisions et leurs spéculations qui les ont provoquées, parfois de propos délibérés comme en Grèce. Quoiqu’il en soit, leurs regrets s’arrêtent à la porte des profits fabuleux que cette situation leur permet encore de réaliser. Un tel système ne contient aucun élément d’auto-régulation. Tout au contraire. La dérégulation et ses abus de toutes sortes constituent une belle part de marché. Elle forme même une part significative du PIB de nombreux pays qui constituent la toile des paradis fiscaux. Cette expression n’est pas réservée aux contrées exotiques, du type des Iles Caïman, elle concerne le cœur même du système comme on peut le voir avec le rôle de la City et du Royaume-Uni, qui en est un des rouages les plus actifs.
Quelle que soit l’obligation où nous nous trouvons de parler avec des mots qui obscurcissent ce qu’ils désignent davantage qu’ils ne l’éclairent, nous devons nous en tenir aux faits observables. Les apparences de la « crise de la dette » et les politique d’austérité qui sont censé y répondre ne doivent pas nous empêcher de voir ce qui se passe vraiment à la fin. Au-delà des arguments et des raisons mis en avant par chacun. Sinon on ne peut en comprendre la dynamique particulière de la situation d’ensemble. Ni la façon avec laquelle les événements réputés liés à la « crise financière », ou à la « crise écologique », et à la « crise sociale » forment un tout dans la réalité des faits qui surviennent. Le résultat, dis-je, nous l’avons sous les yeux. Alors même que « la crise de la vie quotidienne» s’approfondit visiblement pour le très grand nombre, pendant ce temps, les profits des très grandes entreprises explosent, la prédation bancaire s’élargit, la part de la rétribution du travail dans la richesse produite diminue, la financiarisation de l’économie s’étend et la part des dividendes par rapport aux investissements augmente. Et la température ambiante du globe monte. Dans ces conditions la suite ne continue pas simplement le présent.
C’est bien parce que les mots nous induisent en erreur qu’il faut utiliser un vocabulaire nouveau pour désigner les évnements. Souvent vous avez vu que j’utilise le mot « bifurcation » pour désigner ce type de situation bien particulier où une modification apparemment très localisée et ponctuelle se produit et fait dévier de sa trajectoire tout le système sans qu’aient changé les éléments qui font sa dynamique. J’en donne souvent une image : ce qui se produit avec un véhicule lancé à toute allure si le chauffeur se fait piquer par une guêpe. J’utilise souvent ce mot pour parler de l’étape qui va se franchir dans le climat lorsque l’impact du changement en cours aura atteint un certain seuil. Ou bien pour désigner ce qui se produira lorsque la Chine passera devant les Etats-Unis. L’image permet de mieux se représenter le mouvement comme un tout qui s’organise d’après ses propres éléments et non comme une interruption momentanée des données qui ont prévalu jusque-là dans le passé récent. La « crise » actuelle est en fait une nouvelle trajectoire, un nouveau moment cohérent et global pour le système dans son ensemble et pour son futur immédiat.
Une autre manière d’entrer dans la compréhension de la réalité que recouvre le mot « crise » est d’en placer les manifestations dans l’histoire pour observer leur incidence. Un regard en grand angle sur le sujet nous apprend d’abord quelque chose. L’instabilité et les « crises » sont consubstantielles au système capitaliste. L’histoire en atteste ! De 1816 à 1929, en plus d’un siècle, il y a eu 14 crises majeures ! Deux d’entre elles se sont réglées par une guerre mondiale. Depuis 1973, en moins de 40 ans, il y a eu déjà 12 crises affectant l’ensemble du système mondial et menaçant de le faire s’effondrer ! Depuis 1992, en 20 ans il y a eu 8 crises ! Ce coup d’œil montre que le rythme de déclenchement de ces crises systémiques s’accélère. D’une façon ou d’une autre, on peut dire que les conditions dans lesquelles se sont dénouées chacune d’entre elles, ont préparé les conditions d’un épisode suivant encore plus violent. Chaque « crise » a augmenté l’instabilité du système dans l’épisode suivant. Cette escalade a fait dire à Jean-Claude Trichet en août 2011, alors gouverneur de la Banque centrale européenne, que la crise actuelle est « la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Cela aurait même pu être la crise la plus grave depuis la première guerre ». Ce n’est pas seulement le moment qu’il faut alors considérer mais la raison pour laquelle il est parvenu à ce point en dépit de l’expérience qui devrait être acquise.
Donc, chaque sortie crise aggrave la violence de la suivante. Entrons davantage dans ce que montre le coup de projecteur. Vu de haut et de loin on peut voir une constante : chaque crise est une crise de surproduction. Cela paraît incompréhensible d’un point de vue du sens commun mais c’est la réalité. Quand tout le monde manque de tout c’est aussi le moment où la capacité de production est la plus élevée. Puis intervient une destruction massive de capital. Guerre, hyper-inflation ou faillites y pourvoient. Puis la reconstitution fournit la dynamique de la phase suivante. Mais, notez un fait peu souvent mentionné dans l’analyse de ce mouvement général : à chaque étape, dans l’histoire réelle, le système a vu l’aire du marché disponible pour l’accumulation du capital se réduire. Et du coup, il lui a fallu pour l’étendre par des moyens de plus en plus artificiels et dangereux. Les deux guerres mondiales ont soustrait au champ du marché toute l’aire de ce que l’on nommait le « camp socialiste », soit le tiers de l’humanité productive et consommatrice. La reconstitution du niveau des forces productives d’avant-guerre dans un espace marchand moindre a contraint à constituer des aires d’accumulation de plus en plus artificielles : économie naine du Moyen-Orient en surcapacité monstrueuse de capitaux, économie d’armement sans objet servant de volant d’entraînement à l’économie productive globale et ainsi de suite. A partir d’août 1971, et la fin de la convertibilité du dollar en or, est née une économie purement financière, sans objet matériel réel, en expansion permanente.
Depuis 1971, la masse monétaire en dollar a augmenté dix fois plus vite que le PIB des USA : la richesse produite réellement a été multipliée par 4 et la masse monétaire par 40 ! C’est ici la base d’une extraordinaire mise en circulation de signes monétaires sans contrepartie réelle. Elle a semblé affranchir le mécanisme de l’accumulation capitaliste de toutes les limites du monde matériel réel. Le crédit et la dette, la marchandisation de tous les compartiments de l’activité humaine et la financiarisation de tous les secteurs sont les bases du système actuel. C’est dans ce cadre que prennent place la situation et les dangers de la situation en Europe.
Une « crise » plus grande est inscrite dans la logique des événements ainsi mis en perspective. Du moins si aucune des conditions initiales du système ne change. L’observation des échanges sur le marché des devises permet de mesurer la hauteur de la falaise de papier qui surplombe l’économie productive réelle et menace de l’engloutir. Les chiffres sont souvent cités. En 1970 les fonds concernés s’élevaient à 20 milliards de dollars par jour. En 1990 à 1 500 milliards de dollars par jour. En 2010 ils atteignaient 4 000 milliards de dollars par jour. Pour comprendre quelle boursouflure sans objet matériel sont ces sommes, il faut les comparer à la valeur des biens réellement échangés. Quand 4000 milliards s’échangent en une journée, pendant ce temps, les biens et services réellement échangés sont de 40 milliards ! Cent fois moins chaque jour ! En 4 jours d'échanges sur le marché des changes, on atteint le montant annuel total du commerce international réel ! Je vais encore faire une comparaison pour bien faire comprendre les ordres de grandeur du monde de signes artificiels dans lequel nous vivons. Quand il circule 4000 milliards, il n’y a que 170 milliards de richesse produite dans le monde ! Il y a donc 23 fois plus de dollars en circulation que de richesse mondiale créée ! Le plus vaste choc que le monde va recevoir est celui de l’ajustement de cette masse de monnaie de singe avec sa contrepartie en biens matériels réels. Cela se produira lorsque les Etats-Unis d’Amérique ne seront plus en tête de l’économie mondiale réelle et que la confiance dans la valeur du dollar sera donc mise en cause par cette situation. Cela est inscrit dans le calendrier.
L’Europe peut donc, à tout moment, recevoir ce choc en plus de celui qu’elle subit. La catastrophe peut être déclenchée fortuitement à tout moment par un incident systémique intervenant n’importe où dans le monde. Et, évidemment, l’Europe peut elle-même déclencher le choc général par un épisode incontrôlé de sa propre instabilité. A chaque pas nous rencontrons l’articulation de ces deux niveaux de la réalité et l’interaction des instabilités structurelles du capitalisme de notre temps. Ainsi, par exemple, quand nous voyons que les Etats-Unis d’Amérique ne peuvent accepter que l’euro soit une monnaie de réserve. En effet l’euro mettrait alors en danger le rôle du dollar comme monnaie de réserve. Mais à l’inverse l’effondrement de l’euro entraînerait aussi tout le système financier mondial dans la catastrophe.
Le texte de la Commission avec lequel j’ai commencé cette longue analyse nous montre que « la crise » a cessé d’être perçue comme un risque par les puissants en Europe et qu’ils la vivent essentiellement comme une opportunité dans une stratégie de réorganisation des sociétés. Le modèle de la stratégie du choc, tel qu’il a été expérimenté sur les pays sortis du Comecon et du « camp socialiste » sert de modèle sur les économies imbibées « d’Etat providence ». C’est pourquoi les eurocrates peuvent continuer à recommander avec insistance les politiques que nous nommons « austéritaires » alors qu’elles semblent être un défi au bon sens ! C’est à ces recommandations qu’est consacré l’essentiel des déclarations de ce sommet. Et cela en dépit de pronostics particulièrement sombres, donnés par les mêmes personnages, sur les souffrances à endurer l’année prochaine, en matière de chômage notamment.
Mais tout ceci contient aussi une mise en garde pour nous aussi. Notre camp ne peut se contenter d’imaginer le futur souhaitable comme une simple reconstruction du monde du passé, désormais idéalisé, celui des « trente glorieuses ». Nous ne pouvons penser l’avenir comme de bons keynésiens à qui il suffirait d’espérer « relancer la croissance » comme le répètent en refrain tous ceux qui continuent de vivre dans l’imaginaire du productivisme. Non seulement pour la raison que tout le monde connaît bien désormais ce qu'il en est des limites de l’écosystème. Non seulement parce que la financiarisation de l’économie ne le permet pas. Mais surtout parce que le productivisme contient une logique d’appel à l’accumulation qui reproduit mécaniquement les mêmes contradictions : il lui faut sans cesse élargir la base des consommateurs et pour cela il lui faut sans cesse tenter de restreindre les coûts de production. Cette logique de la politique de l’offre, quel qu’en soit l’habillage, constitue un modèle de production et d’échange fondamentalement instable. La planification écologique se présente face à cela comme une méthode exactement inverse. Comme politique de la demande, elle a vocation à prévoir la satiété de la société. Comme orientation responsable du futur elle doit éteindre les moteurs de frustration consuméristes qui sont le cœur du modèle publicitaire productiviste. Je suppose que tout le reste du discours sur le modèle alternatif se devine à partir de là sans que je doive en surcharger ce post.
J’ai commencé en montrant comment la « crise » devient une stratégie davantage qu’une nuisance pour la finance. Pour nous il en va tout autrement. Les nuisances de la situation et les résultats de la stratégie de la finance sont intégralement payés par les salariés, qu’ils soient actifs ou au chômage. Misère et insécurité sociale n’ont jamais élevé le niveau de combativité sociale. Mais en même temps, l’idée fait son chemin qu’il faudrait passer à autre chose. C’est sans cesse davantage le cas dans les secteurs de la société qui jusque-là ne regardaient pas de notre côté, parmi les catégories sociales les mieux formées et les plus qualifiées. Les objectifs et les méthodes de la planification écologique forment un horizon de mobilisation autant politique que professionnel. Bien sûr, le phénomène est très loin d’être hégémonique. Mais le mouvement est de ce côté. Car le discrédit des sociaux-libéraux, et l’insupportable bonne conscience routinière de la vieille deuxième gauche type « Nouvel Observateur » ou « Libération », sont devenus de puissants répulsifs ainsi que nous en avons d’innombrables témoignages. Je ne mentionne ces faits que pour les placer dans le contexte. Si la société est conduite au point de blocage que les politiques d’austérité ou d’ajustement structurels ont produit partout ailleurs dans le monde, la société ne songera pas à ce moment-là à se tourner vers les comptables sans imagination du social-libéralisme ou les ethno-libéraux de l’UMP. Cette exclusive s’est déjà maintes fois vérifiée. Pour qu’elle fonctionne vers nous, il est indispensable de n’entrer dans aucune combinaison ou arrangement avec ce vieux monde et son système politique. C’est cela que signifie notre stratégie de l’alternative. Et c’est en cela qu’elle est un recours pour la société.
Je me rends compte que je suis parmi les premiers à lire ce mot de Jean Luc Mélenchon. J'en profite pour le remercier de m'avoir redonné envie de reprendre le combat. Rien que pour cela (et c'est beaucoup!) merci.
Sinon, pour tous les lecteurs de ce blog, meilleurs vœux pour l'année qui s'annonce.
Si vous n'étiez pas audible monsieur Mélenchon, personne ne parlerait de vous. Or c'est tout le contraire qui se produit! A tel point que les ministres se défilent pour débattre à la télé avec vous. Donc nous pouvons continuer ainsi, nous sommes sur la bonne voie!
Quelques lectures de vacances sérieuses pour moi aussi, sur la Révolution française...
Très bonne fin d'année à tous! Et rendez-vous sur France 2 le 7 janvier alors pour vous si monsieur Cahuzac ne s'est pas dégonflé!
J'ai lu cet article stupide à propos de Miss France et du soutien indéfectible que tout un chacun devrait apporter à cette institution archaîque et je remercie JL d'avoir remis les choses à l'endroit. Merci pour ce billet tonique et les analyses qu'il renferme.
Bonne Année de luttes, ne lâchons surtout rien !
Merci JL de porter le regard et l'analyse loin devant. J'apprécie vraiment la fin, le message est clair et particulièrement audible !
On ne lâche rien !
Je veux bien que mon commentaire n'ai pas un rapport direct avec l'article mais le féminisme est une question fondamentale pour le Front de Gauche.
Ce serait agréable qu'il ne soit pas supprimer comme ça.
[Edit webmestre : Ici, les même règles s'appliquent à tous, donc à vous également. Dire que votre intrusion n'a pas de rapport direct avec le billet de Jean-Luc Mélenchon, c'est un euphémisme. Et c'est pour parler de ces sujets "fondamentaux" que vous avez un blog, j'imagine, blog d'ailleurs signalé dans la liste des blogs amis...]
Bonsoir Jean-Luc, Bonsoir Amis, En effet, nous le touchons maintenant du doigt, la crise est une belle opportunité pour les puissants. Elle va leur permettre de réorganiser l'Europe à leur manière. Et leur méthode est visible à ce jour : après avoir imposé l'austérité ils s'attaquent aux Codes du Travail. Et la lutte n'en sera que plus dure car, comme vous le précisez, "la misère et l'insécurité n'ont jamais élevé le niveau de combativité sociale." Nous le savions mais ceux qui se cachaient les yeux vont l'avoir amère. Merci Jean-Luc pour vos éclairages indispensables. Et j'adhère complètement à votre conclusion : "pas de combinaisons ou d'arrangements avec ce vieux monde politique" si nous voulons changer cette société ! Vous avez raison de le souligner car on sent comme un fumet de manoeuvres pour briser le Front de Gauche ! Mais on sent aussi un frémissement rassurant vers nos propositions. Rassurez-vous, vous n'êtes pas trop long. D'ailleurs, vos billets doivent être relus plusieurs fois pour bien s'imprégner de tous leurs sens. Ils devraient être soumis aux étudiants en économie ! Bonne fin d'année ! Et que la nouvelle, même si elle sera plus dure pour le peuple, voit nos idées progresser et gagner les têtes et les coeurs !
Cher Jean-Luc,
Encore une fois, merci pour ce mot. J'en aime la clarté, l'intelligence, la pédagogie, et l'espoir qui s'en dégage. Oui, nous, on peut, et cela arrivera peut-être bien plus vite que certains le pensent. C'est ce que je nous souhaite à tous pour 2013, et moi aussi j'ai hâte d'être au 7 janvier!
A toi Jean-Luc, et à toutes et tous les ami(e)s de ce blog, "Bon bout d'an", comme on dit à Marseille, et on lâche rien, ni maintenant, ni l'année prochaine!
Plus d'une année avec vous et toujours le même plaisir. Cette année fut géante, riche exaltante et passionnante, nous sommes sortis de l'ombre, la rivière est sortie de son lit et nous n'avons rien lâché,l'écosocialisme est né, que du bonheur ! Je n'oublierai jamais la plus belle des campagnes pour la présidentielle, magnifique Mr Mélenchon, votre détermination force le respect la vie serait d'une profonde tristesse sans le Front de Gauche, je n'aurais de cesse de vous remercier, portez vous bien et bonne route sur le chemin de la 6ém République. Bonnes fêtes de fin d'année.
Super explication, mais comment faire comprendre aux autres la situation réelle alors que tous les médias appartiennent à des actionnaires tenants de de l'économie actuelle ? Comment faire comprendre que le PS actuel a trompé les socialistes et que le mot de socialiste restera attaché à cette politique qui nous mène à l'austérité et à la souffrance de tant de gens. J'en profite pour dire que quelques personnes bien intentionnés vous reprochent vos réactions de colère. Mais quand on voit ce qui se passe, comment ne pas l'être à tous les instants. Installer la misère, la pauvreté, l'injustice. Je ne décolère pas. Merci à vous, continuez, passez de bonnes fêtes.
Bonsoir Jean-Luc,
Avant même de terminer l'article un grand merci pour le travail accompli dans cette année 2012 et encore grand merci pour le travail de recherche et d'écriture politique que vous abordez ici. Que ferait-on sans vous!
La stratégie du choc est une nouvelle fois confirmée! Il était évident que nous étions dans cette démarche, mais le plus fort, si j'ose dire, c'est que dans leur cynisme ordinaire ils le reconnaissent ! Que tous ceux qui n'ont pas encore lu La Stratégie du Choc de Naomi Klein se précipitent pour se procurer ce livre essentiel. Et si par hasard d'aucuns n'auraient toujours pas lu 1984 d'Orwell, même chose, 2014 risque d'être notre 1984! Il nous est impossible, nous sympathisants du FdG d'attendre 2017, et subir 4 ans de politiques austéritaires "justes" (qui est le nouvel élément "force" de langage de la novlangue socialo-libérale). Que le FdG, avec toutes ses composantes (où en est le PCF? Et la CGT?)), se démarquent radicalement des politiques aveuglément croissancistes prônées ou par les socio libéraux, ou par les ethno-libéraux et toute la horde des centro-centristes. Que le FdG affiche enfin clairement une politique anti-productiviste et anti-capitaliste, combatte ce monde de l'hyper consumérisme qui s'appuie sur l'artifice de la publicité dévoreur de budgets et de parts de cerveaux! Nous ne voulons pas vivre dans ce monde là! Planification écologique et Humain d'abord sont les 2 mamelles de l'éducation populaire permanente! Souhaiter une bonne année 2013 est prendre un grand risque avec ce que nous préparent Hollande et Tapault! (euh! Ayrault petit, pas Tapault)! Mais allez, on lâche rien en 2013 non plus!
Les rodomontades de la commission européenne cela me fait penser quand on contrôle plus rien, autant feindre qu'on est à l'origine. C'est quand même incroyable de tenter de rassurer les marchés en leur disant, un nouvel ordre encore plus rentable va naitre de cette crise, Ha Bon ? Allez voir en Grèce si c'est toujours rentable de produire pour les capitaliste, ce n'est pas le cout du travail qui coute cher, mais les investissement technologiques. Hasta le révolucion siempré et bonne fêtes.
Jean-Luc,
Merci pour ce texte dense et riche. Il donne a mieux comprendre encore la stratégie et les idées. De la Republique tcheque ou je reside desormais, je t'invite a te pencher sur les premieres elections presidentielles tchèque a suffrage direct de cette jeune democratie. Elle a grand besoin de se defaire de Vaclav Klaus et de toute cette bande de l'ODS, une droite bete et dure. Que du bon.
Comme d'hab, Jean-Luc, c'est clair et brillant. Et quand tu laisses couler un petit filet d’humour, on ne s'en plaindra surtout pas. Non, rien à dire sur le contenu, l'analyse, tout ça. Mais juste une question qui me tracasse et pas que moi, parmi les copains-camarades-amis (et copines, amies pareil) du PG et alentours. Pourquoi ne cause-t-on plus par ici des relations, au sein du FdG, du PG avec le PCF, au point qu'on serait en droit de se demander s'il n'y a pas des discussions en cours (perspective des prochaines municipales, désaccord sur le nucléaire et donc l'éco-socialisme...) et qu'il serait alors loisible de se hâter lentement d'attendre que ces supposées discussions aient abouti avant qu'il en soit publiquement -ou à tout le moins au sein de PG- rendu compte. Bon, comme on dit dans le Sud-Est où j'ai passé quelques belles années avant de me replier en Charente-Maritime, bon bout d'an à toutes et à tous !
Et si l'Europe devenait une étoile supplémentaire sur le drapeau US?
D'un marché transatlantique nous passerions à une puissance capable de rivaliser avec cette Chine et de ce fait de maintenir l'hégémonie américaine intacte. Les contes de fées se terminent bien mais hélas, l'histoire nous apprend que l'inéluctable devra se produire d'ici peu par un renversement de cette démocratie "trop" ouverte aux libertés individuelles sur le plan social. Le mensonge comme argument de propagande et la xénophobie pour rendre inaudibles les solutions aux problèmes économiques, sociaux et écologiques, voilà avec quoi nous devons passer un temps fou à lutter pendant que la machine à transformer l'humanité est lancée à toute vitesse alimentée par des richesses jamais connues à ce jour aux mains de quelques-uns. Nos idées et notre idéal d'une société plus juste sont en mesure de porter leurs fruits mais lorsque la haine de "l'autre" entre dans le jeu, tout bascule dans le fanatisme religieux, ce qui empêche toute démonstration, car seule la solution du retout au pays d'origine s'impose. Absurde! Ce que nous subissons aujourd'hui est le résultat d'une machination de la finance mûrement réfléchie et consciente, dirigée par ces "loups dévorants", termes utiisés par les cathares au XIIème siècle, qui aboutira à une catastrophe mondiale.
Merci Jean Luc pour cette analyse profonde de la crise dans toutes ses dimensions, financière, sociale, écologique. On en est tellement loin avec Hollande et son gouvernement, dont l'analyse se résume à dire qu'il faut faire plaisir aux marchés en étant sérieux, et à attendre le retour miraculeux de la croissance... La Télé de gauche a d'ailleurs fait un bilan vidéo très efficace d'une année de Hollandisme, des fausses promesses du candidat aux renoncements sur la compétitivité, la rigueur ou Mittal. C'est juste dramatique. Heureusement lire ce blog me redonne toujours un peu d'énergie malgré tout. J'espère que vous continuerez à l'alimenter l'an prochain. Très bonne année !
Et bravo pour la qualité de ce blog.
Ce système est touché à mort depuis 2007. Il convient donc dores et déjà de préparer celui qui lui succèdera. A moins d'une illusoire prise de conscience simultanée et homogène de l'humanité entière, c'est avec un rapport de force entre états que ce changement aura lieu. Notre rôle est de l'établir de la façon la plus pacifique possible mais aussi de définir les outils dont nous aurons besoin. Un de ces outils est la monnaie, qui échappe au contrôle citoyen depuis le milieu des années 70. Nous en avons besoin à la fois pour retrouver la souveraineté que le secteur financier nous a dérobé, avec la complicité de nos représentants (et de leurs électeurs, plus ou moins consciemment). Elle nous permettra, sans craindre un chantage aux taux d'intérêts et autres représailles spéculatives, de restructurer la finance, ce sans quoi l'économie ne peut à la fois se stabiliser et prendre l'orientation d'un développement durable, celui que la planification écologique se chargera de guider. La monnaie est également un outil qu'il faut modifier au niveau international, afin de faire cesser le privilège désormais intenable du dollar et impliquer les pays émergents, sur lesquels nous devrons nous appuyer pour que fléchissent les velléités de nos amis américains. Nous avons besoin de l'euro pour cela, mais bien entendu d'un euro dans la gestion serait bien différente, à commencer par les statuts de la BCE. L'Union, à cette condition et forte de son statut de première économie mondiale pourrait peser dans le lancement de discussions autour d'un nouveau système monétaire. C'est probablement à la France de donner cette impulsion, au Front de Gauche de porter ce projet.
...il est indispensable de n’entrer dans aucune combinaison ou arrangement avec ce vieux monde et son système politique...
Et pour cela, il est capital que toutes les composantes du FdG en soient conscientes. Il faut l'expliquer aussi aux personnalités comme M Dolez ou ne pas se laisser gruger comme avec M Moglia ou encore expliquer que des pseudo gauches comme Montebourg ne font que du bruit avec leurs bouches pour masquer la réalité de leur abandon au libéralisme.
Du réconfort : j'ai été amené à revoir des amis pas vus depuis un certain temps et ce qui m'a frappé, c'est que même si beaucoup n'ont pas entendu parler de JL Mélenchon depuis un moment (et pour cause l'Est Républicain local fait une vraie omerta et la TV ne sert qu'à regarder des jeux) tous m'en ont demandé des nouvelles et surtout dans leurs demandes, il y avait comme un espoir, la certitude encore vague qu'il reste avec le FdG la seule solution à notre futur.
Bonjour,
Merci pour ces commentaires éclairés, je ne pensais pas vous lire pendant ces jours.
A propos de l'effondrement général du système, crise, etc. Il ya une analyse que je trouve intéressante, chez Mr Jancovici (expert climat-énergie), dont certaines orientations peuvent porter à débat, certes, il explique la faillite actuelle du système capitaliste par la raréfaction de l'énergie, le prix élevé du pétrole, et donc une tension forte sur les productions, le recours à la financiarisation. Il met en relation les prix historiquement hauts du baril de brut et les crises qui ont suivi, toujours dans les 2ans ensuite, donc, relation entre crise des ressources en énergie, et crise du productivisme capitaliste. Intéressant, pour l'écosocialisme, qu'en pensez-vous ?
Le point essentiel que je retiens du propos, la crise sert de support pour mettre à plat tout ce qui à fait nos conquêtes sociales, nos libertés démocratiques. L'issue ne peut venir que par notre prise de conscience, individuelle et collective, elle sera le ferment d'un autre type de société. Par ces temps où le poids de l'austérité pèse si lourd sur la vie de chacun, le travail de compréhension sera d'autant plus dur. La mort de ce vieux monde arrive, la naissance du nouveau aussi...et il ne gardera rien d'autre que son cri pour vaincre.
Je nous souhaite à tous d'avoir l'énergie de cette victoire...
On en parle peu mais il serait important que le rôle des capitaux sales, produits d'activités mafieuses puisse être objectivement établi dans la crise financière actuelle. Un article ici , d'autres articles du journaliste spécialiste de la mafia Roberto Saviano sont stupéfiants. Des capitaux douteux qui renflouent des banques prises dans la tourmente des subprimes, La City et Wall Street qui selon certains experts seraient devenues les deux plus grandes places de blanchiment d'argent du monde.
Bon bin maintenant on a au moins la véritable date de la fin du système: le jour où la Chine supplantera les Etats-Unis pour l'hégémonie mondiale. M'est d'avis que ça devrait pas tarder! Super billet, Jean-Luc, qui interpelle vraiment et qui remue profondément. Le genre d'informations pour laquelle je pourrais passer des heures à faire la queue devant mon kiosque à journaux qui me vend de l'aliénation pour du Libération.
Merci infiniment et Vive le Front de Gauche.
Bonnes fêtes monsieur Mélenchon et bien contente que celles ci ne vous empêchent pas de réfléchir car je trouve que ce billet soulève des questions de fond lamentablement esquivées par la pensée et les médias dominants.
Qu'est ce qui se cache derrière le mot "crise" employé à toutes les sauces ? Vous remarquerez que c'est bien devenu le mot passe partout, le mot barrage sur lequel buttent toutes les explications comme si la fameuse "crise" était un phénomène naturel contre lequel on ne peut pas grand chose, servant à excuser par avance les défaites annoncées de nos gouvernements passés et actuel, Français et Européen, et comme vous le dites aussi, par la même occasion, le mot "crise" contribue à tétaniser le peuple afin de lui faire avaler toutes les potions les plus amères. C'est bien le but du système capitalisme aujourd'hui trés malade : se maintenir en s'adaptant s'il le faut mais toujours à son profit. On sent bien que le risque est là, jusqu'ou le peuple va se laisser berner et accepter les dérégulations et les régressions en cours ? Quelles vont être les conséquences de cette accumulation de richesses jamais atteinte et toujours plus déconnectée de la réalité de la production ? Je crois bien que vous avez mis le doigt ou il faut et nos compatriotes ont bien besoin d'être éclairés sur le sujet car malheureusement les médias et les politiques audibles ne les y aident pas.
A ce sujet, je me suis amusée à recenser les invités de la matinale de France Inter depuis un mois (du 26 novembre au 26 décembre) : 5 UMP, 6 PS, 1 FN, Nicolas Hulot, un romancier, une psychanalyste, des syndicalistes et zéro invité appartenant au Front de Gauche. Sachant que seuls les anciens ou actuels journalistes des "Echos" (appartenant au groupe LVMH), Seux et Beytout, tous deux libéraux, ont quotidiennement la parole sur cette radio publique, ça vous donne une idée de l'enfumage généralisé !
Bonsoir, Quelqu'un parmi vous saurait-il où se procurer le livre d'Alexis Corbière "Robespierre, reviens !" auquel Jean-Luc fait allusion dans le superbe billet ci-dessus ? Il semble indisponible partout, bien que récemment édité. Merci d'avance pour vos réponses. Et bravo et merci à vous, Jean-Luc, pour nous avoir rendus l'espoir et l'envie de militer. Prenez soin de vous !
@25 Josephine
Il suffit de lire la page d'accueil sur ce blog et de cliquer sur l'icône "La Règle Verte" et vous vous retrouverez chez l'éditeur! Etonni, na? Je viens de le commander!
Très bel article, analyse fine et précieuse, ciselée comme à l'ordinaire.
Mais Cher Jean Luc Mélenchon, pourquoi dire que Louis XVI s'enfuyait en Belgique ? Non. S'il avait voulu gagner la Belgique il serait parti dans la même direction que son frère le Comte de Provence, futur Louis XVIII qui lui a gagner sans encombre Bruxelles. Il allait dans l'Est de la France se mettre sous la protection d'une armée dont les cadres lui étaient favorables. Il ne comptait pas dans un premier temps quitter la France. De plus pourquoi persister comme les gens du Tribunal Révolutionnaire à l'appeler d'un nom qui n'est pas le sien, à savoir Louis Capet. Il appartenait à la dynastie de Bourbon. Les capétiens se sont éteints avec Philippe V le Hardi, dernier fils de Philippe IV dit "Le Bel".
Mais d'où vous vient cette énergie, cette force, cette rage d'instruire et de transmettre ? Elle fait et fera des merveilles. Prenez soin de vous, de vos proches, de vos amis, afin que jamais la puissance du Front de Gauche ne cède devant l'incroyable machine qui entraîne le monde vers le bas. Je vous souhaite pour 2013 toujours plus de courage et de détermination, et surtout l'harmonie dans vos/nos troupes, que surtout la cohésion demeure et permette au Front de Gauche de grandir, grossir et renverser la vapeur.
Bravo et merci. Infiniment.
Et comme il faut se tutoyer... au plaisir de te lire, camarade.
J'ai pas lu le livre dont vous parlez sur Louis XVI, mais Ozouf étant proche de Furet, c'est assez pour moi pour m'en méfier sérieusement.
Par rapport à la conclusion, ce qui me fait peur c'est que dans les moments graves ou les politiques sont discrédités, les électeurs se tournent rarement vers ceux qui font appel à la raison et à la réflexion. Ils se tournent vers ceux qui excitent leurs bas instincts, qui leur offrent du sang et des sacrifices faciles. Les fachistes. Alors oui, il ne faut avoir rien à voir avec le PS et l'UMP. Mais votre passé vous y accroche quoi que vous fassiez car c'est la première chose que les journalistes rappellent, que vous avez été socialiste pendant 30 ans. Et ils préfèreront couler tout le monde et faire advenir la peste brune plutôt que de laisser le front de gauche avoir raison. D'ailleurs ils craignent moins la peste brune que les rouges (et vert). Parce que, futurs (et actuels) collabos, ils ont objectivement plus de chance de persister avec les fachistes. Et, comme Catherine Deneuve face à Torreton, ils se disent "qu'auriez vous fait en 1789, j'en tremble encore". S'assumant, sans même le réaliser, aristocrates, courtisans, privilégiés de la "France d'en haut".
Bref, il faut trouver une parade à cette obsession des journalistes, qui mine de rien s'imprime dans les têtes via la télé, que vous avez été socialiste. Il ne faut pas le renier. Vous le faites avec talent mais c'est trop long, trop verbeux, il faudrait une formule choc qui résume bien et s'imprime aussi fort afin de faire partir le volant dans l'autre sens, vers le sens "Mélenchon en rupture avec le PS, connaisseur du PS et donc de ses tares irrattrapables" (et voilà j'ai fait trop long).
J'ai tout lu, d'un bloc et je pense avoir tout compris. Plutôt que de chercher des solutions à la criiiise, ils cherchent à encore en tirer profit quand même, quitte à nous détruire, austérité oblige. Ce n'est pas leur souci et à chacune de leurs nouvelles solutions, le système dévie et nous emporte vers la misère, ineluctablement ou vers une crise encore plus forte, ou vers la guerre. ça pètera quand la Chine dépassera les USA et nous comme des glands on nous prepare le marché transatlantique !
C'est effrayant de se rendre compte des masses d'argent inouïes qui circulent de places financières en places boursières. Et qui sont totalement inutiles pour le monde économique réel. J'avais lu dans la revue "Alternatives Économiques" ceci: "Selon les données de la Banque des règlements internationaux (BRI), le montant des transactions sur les marchés de gré à gré s’élevait à 585 655 Milliards de dollars à la fin juin 2010, soit environ 10 fois le produit intérieur brut (PIB)". Même avec 10% de rentabilité, le total du PIB mondial ne suffit pas !
En effet, je partage le point de vue de Jean-Luc Mélenchon. La « crise » est un outil pour les riches afin de mettre en place les réformes structurelles pour élargir le champ des investissements financiers que les accumulateurs de richesse ont besoin pour faire fructifier encore et encore leur fric. Ils en on tellement que leurs comptes dans les paradis fiscaux ne suffisent pas à contenir tout leur pognon. Depuis le début la seule arme que nous avons à notre disposition c'est l'humain. L'humain pour informer, apporter les solutions de ruptures, une alternative au capitalisme. Malgré les obstacles que mettent sur notre route les masses médias, nous ne sommes pas inaudibles. Il faut continuer à retrousser nos manches et gagner du terrain centimètre par centimètre. À chaque personne convaincu qu'un autre monde est, doit être possible c'est deux, trois cinq personnes qui se rallient à notre vision et à notre combat. D'ailleurs au sujet des médias chantre libéral de la pensée unique je vous recommande le DVD qui est en vente sur internet : « Les nouveaux chiens de garde » le film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat à l'adresse suivante. Un beau cadeau pour ces fêtes : http://www.lesnouveauxchiensdegarde.com/
Je vous souhaite de prendre des forces pendant cette trêve des confiseurs afin de mettre toute notre énergie dans les combats qui nous attendent.
Merci au leader du Front de Gauche de nous inviter à faire comme Claude Mazauric lui conseilla avec humour : "relire". Merci aussi de nous entrainer dans un exercice de prospective en mettant les évènements en perspective, comme Jaurès savait alerter le peuple quant aux nuées portées par le capitalisme, ici nous sommes clairvoyants quant à l'émergence de la Chine. Permettez-moi alors de citer Henri Laborit: "c'est en définitive un choix de civilisation devant lequel se trouve placée l'espèce humaine (...) il est certain qu'il ne s'agira pas de choix. il s'agira, compte tenu d'un accès à la connaissance, d'une certaine conscience diffuse de ce vers quoi nous mènent nos comportements anciens, de la compréhension tardive des mécanismes qui les gouvernent, d'une nouvelle pression de nécessité à laquelle nous devrons obeir si l'espèce doit survivre (...) prendre systématiquement le parti du plus faible est une règle qui permet pratiquement de ne rien regretter (...) ce dont l'individu est dépossédé, (...) c'est avant tout la connaissance (...) qui pourrait le conduire à inventer de nouveaux rapports sociaux, à les organiser dans une forme différente de celle qui lui est imposée" (H.Laborit éloge de la fuite, Folio 1976). Il est question de se libérer des sociétés de dominants. Il me semble qu'il est bon de "relire" notre programme partagé "l'Humain d'abord" à l'aune de cette exigence, s'approprier les connaissances concernant ce qu'est cet "humain" ! (je fais un clin d'oeil au webmaster : merci!)
Je plie mes gaules pour quelques jours réparateurs. Je dois faire ma valise et me voilà scotché aux nouvelles lignes de JL. Encore merci à toi pour ces brillantes dernières et toutes celles qui ont distillé savoirs et réflexions avec tant de maîtrise. Quel scalpel! En lien avec le sujet du soir, je me permets de vous recommander à tous le n°39 de la Revue "Lignes" - des Editions Lignes - "Le devenir Grec de l'Europe néolibérale". Un remarquable travail de cette petite maison d'édition. Ca se lit stylo à la main. Au menu: des textes savoureux de Badiou, Balibar, Lordon, Cruz, Boni... et une quinzaine d'autres intellectuels, philo, éco et socio... Tous de l'école critique. Bonne année.
M. Mélenchon,
Pour faire suite à vos propos sur la "stratégie de la crise", je vous recommande vivement la lecture d'un ouvrage exceptionnel qui vient d'être publié et dont le titre parle de lui-même : "Un Pouvoir invisible : les mafias et les sociétés démocratiques du 19ème au 21ème siècle". Cet ouvrage, rédigé par Jacques de Saint Victor (professeur de droit), est particulièrement bien documenté et expose de façon précise les collusions ("pactes scélérats") entre les dirigeants politiques, économiques et les mafias. Si vous avez apprécié les reportages d'ARTE sur la "Noire finance" et "Goldman et Sachs", vous ne serez pas déçu.
En vous souhaitant une très bonne année.
Bonnes fêtes à toi Jean-Luc et bonnes pérégrinations. Repose toi bien. L'année qui s'annonce sera riche et tu auras encore beaucoup de boulot. La première partie du billet donne pour chaque paragraphe une information. C'est un ping pong. C'est dynamique. La deuxième partie complète de manière pédagogique, le très bon billet du blog européen du 21/12.
Pour le titre, tu es audible. Mais, être audible, soit entendu ne veut pas dire compris. Besancenot, Chevènement, voire Marchais ont été audibles. Ils n'ont pas agrégé ou temporairement. La deuxième gauche les a fagocité. Comme disent les médiacrates : "décribilisés" en ringardisant et en caricaturant. La "dream team" [en globish] du PG l'est également (Corbière, Delapierre, Meneses, Simmonet...) Dommage qu'ils ne soient pas tous députés. En tout cas félicitation à la "blogosphère" du PG, de grande qualité, et au delà de FdG qui s'affirme. Je formule le souhait que progressivement (car cela ne se décrète pas, il faut infuser) nos idées, dont tu es un brillant porte drapeau, soient "audible sur le fond" pour le plus grand nombre de nos concitoyens. Mais, c'est un défi pour tous les membres du FdG afin de sédimenter les 4 millions de voix de la présidentielle et de convaincre ceux ayant voté Poutou, Joly, Blanc, Hollande et même ceux s'étant abstenus et aussi ceux de notre classe se fourvoyant complètement par désespoir ou inculture en votant conservateur libéral ou réactionnaire nationaliste. Vive la Sociale ! Vive l'éducation populaire.
Encore une fois une vision sociale et économique remarquablement argumentée qui va te propulser bien plus haut dans les coeurs des sondés! Encore deux amis ce soir convaincus de venir te lire régulièrement, je suis fier de te l'annoncer.
J'aimerai un dernier argument, et pas des moindres. Le noyau Hollande et ses électrons, quel(s) intérêt(s) ont-ils à diverger de cette vision ? la peur du "tout, tout de suite"? Sont-ils vraiment aveugles, ce qui paraît étonnant devant la force lumineuse de tes exposés, ou ne sont-ils vraiment que de fieffés faux-culs à la botte des profiteurs de crise ?
Merci pour ce billet. C'est devenu un rendez-vous attendu ! Toujours clair, précis, pédagogique avec un côté littéraire qui donne une saveur particulière à la façon dont vous faites de la politique. Continuez le combat, ne déviez pas de votre trajectoire et merci pour nous avoir redonné le goût à la politique.
Même lorsqu'il semble que la fatigue pourrait insidieusement nous atteindre et que donc nous pourrions paraître vulnérables ou usés, il se trouve qu'il n'en est rien, bien au contraire. Résistance. Merci. A +.
J'ai lu le livre d'Alexis Corbière et Laurent Maffeis "Robespierre reviens". C'est un beau petit livre qui rend justice au Révolutionnaire calomnié. La légende noire arrange la droite, mais ce qui est impardonnable, c'est l'indifférence méprisante ou¨l'hostilité ignorante des socialistes actuels. C'est bien autour de la figure et du combat de Robespierre que se détermine aujourd'hui encore la ligne de partage entre la gauche et la droite.
Merci Mr Mélenchon pour cette si belle année 2012.
Je vous souhaite une bonne année 2013.
A propos de "la crise": Analyse et argumentaire extrêmement pertinents qui éclaircit ma réflexion sur le sujet. Bien que j'aie pressenti depuis longtemps les effets pervers du système, l'évidence des causes sur les effets m'amenait à penser à une conspiration bien orchestrée. Puis ne voulant pas pencher vers une fumeuse théorie du complot, j'en restai à la fatalité du capitalisme. L'image qui me vient de ce système est celle de ces maladies auto immunes où l'hyperactivité du système immunitaire produit une autodestruction des organes. Votre analyse m'éclaire en en détaillant le processus.
Merci encore pour tous ces articles lumineux. Que l'année qui vient apporte un peu de clarté dans le débat politique, que notre mouvement prenne des forces et que nos propositions soient enfin entendues! Nous comptons sur nous et sur vous pour faire de 2013 une année aussi enthousiasmante que le fût sa précédente, malgré toutes les adversités et les souffrances à venir. Je vous aime et vous respecte. Vive la sociale !
J'ai lu les 17 paragraphe de la section de votre billet "la crise comme stratégie".
Ce qui me semble inouï, Monsieur Mélenchon, c'est que vous en vouliez toujours de cette Europe, car si vous n'en vouliez pas vous commenceriez par dire "on la quitte"
Bonne année 2013 et s'il vous plait ne recommencez pas le discours de Marseille qui vous a fait perdre de très nombreux électeur.
Merci pour ce billet ! vive le front de gauche ! prenez soin de vous et bonne année 2013.
Merci encore, Jean-Luc, pour ce dernier billet de 2012. En venant ici, on en apprend toujours, on se sent moins isolé, on se sent plus fort. On repart optimiste, malgré l'étendue du chemin restant à faire.
A Jean-Luc et à tous, en pensant particulièrement à "notre" webmestre, je souhaite une bonne année 2013, avec de la force et de la conviction pour obtenir une belle croissance de notre précieux Front de Gauche.
Ah oui je voudrai rajouter que contrairement à certains ici (et c'est trés dommage car cela montre qu'ils n'ont pas tout compris), j'ai apprécié tout au long de cette année votre positionnement et celui du front de gauche sur l'immigration, votre enthousiasme sur le devenir de notre pays "mélangé" et donc votre magnifique discours de Marseille. Peut-être parce que je suis petite fille d'immigrés qui ont été, en leur temps, les boucs émissaires d'une autre crise, celle des années 30, je suis hermétique aux discours faciles qui prennent pour cible les minorités ? Et j'ai toujours considéré comme des lâches ceux qui, jouant sur les divisions nées de cette nouvelle crise du capitalisme, n'ont pas le cran de nommer les vrais responsables : qui ferme les usines (dit Jean Luc Mélenchon) et laisse des milliers de familles sur la paille ? Il faut que le peuple comprenne que les immigrés ne sont qu'une des variables d'ajustement du système comme le sont les autres salariés, rejettés par temps de "crise", boucs émissaires pratiques,largement utilisés quand le système est en expansion mais nullement responsables. D'ailleurs, l"immigration s'autorégule d'elle même : la preuve, le solde migratoire s'est inversé en 2011 dans une Espagne gangrénée par le chômage : il y a eu davantage de départs que d'arrivées !
Article de presse de ce matin : «Il y a une déprime des ministres, reconnaît l'un d'eux. Ils se demandent parfois pourquoi ils sont là.» «Le climat n'est vraiment pas bon, constate, lui aussi, le député PS Christophe Caresche. Ça manque de liant. C'est étrange: on devrait être contents d'être revenus au pouvoir, même si la situation est difficile! On s'attendait à un climat plus positif, plus enthousiaste. Il manque un esprit collectif.»
. C'est sûr, ils doivent avoir l'impression d'être dans un gouvernement de droite !
Vivement le changement ! le vrai ! l'Humain d'abord!
Merci MR Mélenchon pour cet apport au combien éclairant. Depuis que j'ai lu la stratégie de choc de Noémi Klein, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec ce que nous vivons aujourd'hui sous une autre forme que la guerre mais par "la finance". C'est le moyen qu'ont trouvé les libéraux. Et l'on ne peux que déplorer que cela soi la pensée unique libérale qui domine nôtre société sans contradicteur, car interdite par les politiques et les médias complices.
De cette manière, le peuple n'a qu'un son de cloche. Le peuple n'a plus son mot à dire pour décider ce qui est bon pour lui via le traité européen.
Merci pour vôtre détermination pour nous soutenir malgré tout ce que vous subissez! il en faut une conviction, un idéal pour tenir.
Je vous souhaite une bonne Année et bon courage et surtout ne nous abandonnez pas.
" Cette logique de la politique de l’offre, quel qu’en soit l’habillage, constitue un modèle de production et d’échange fondamentalement instable. La planification écologique se présente face à cela comme une méthode exactement inverse. Comme politique de la demande, elle a vocation à prévoir la satiété de la société "
Bien que j'apprécie le jeu de mots " satiété de la société " une question me taraude : qui décidera des "vrais" besoins de la société ? Une élite éclairée ? Que se passerait-il si la masse obscure n'était pas d'accord ? Je me méfie des gens qui veulent mon bien. Puisque chacun recommande des lectures, je soumettrais celle de " La ferme des animaux " d'Orwell.
@ Sophie 27 décembre 2012 à 8h37
" Ce qui me semble inouï, Monsieur Mélenchon, c'est que vous en vouliez toujours de cette Europe, car si vous n'en vouliez pas vous commenceriez par dire "on la quitte "
Tout à fait d'accord. Ça commence à devenir lassant cette critique de l'Europe sans en tirer les conséquences. Toute politique alternative ne peut se faire qu'en dehors du carcan Européen. Croire qu'il suffirait de "désobéir" est au mieux se bercer d'illusions, au pire tromper les électeurs.
On peut trouver la version française sur l'opportunité de la crise dans un document daté du 28 novembre. Ça donne "La crise économique et financière que traverse actuellement l’Union européenne a été le déclencheur de changements importants, comme en atteste la restructuration profonde que connaissent aujourd’hui nos économies. Ce processus, s’il est déstabilisateur et pose un certain nombre de défis politiques et sociaux, est néanmoins nécessaire pour jeter les fondements d’une croissance et d’une compétitivité à la fois intelligentes, durables et inclusives."
[Edit webmestre : C'est très exactement le passage que Jean-Luc Mélenchon a cité dans le 4ème paragraphe du second article de ce billet, à quelques détails de traduction près... Vous ne l'avez pas lu ?]
J'ai lu avec une grande attention ce billet ainsi que le compte rendu, sidérant, du dernier sommet européen. Si sommet il y a, c'est un sommet de la bêtise humaine, sur fond d'hallucination collective. Mais je souhaiterais apporter quelques précisions personnelles concernant ce que nous dit Jean-Luc à l'avant dernier paragraphe de son article. Keynes, comme Marx, ne doivent être ni déifiés, ni sous estimés. Comme tous les penseurs passés à la postérité, ils ont découverts des vérités, mais ne détiennent pas la vérité sur tout.Je ne suis pas d'accord pour évincer Keynes des débats actuels (ni Marx non plus d'ailleurs). De nombreux apports et outils de cet économiste peuvent être encore utiles, voire indispensables, et tous les partisans du Front de Gauche peuvent être d'accord, sur les points suivants : un Gouvernement ne peut laisser faire tout et n'importe quoi aux capitalistes; il doit donc avoir une politique économique. L'économie réelle doit prendre le pas sur l'économie vue par les rentiers et les spéculateurs. La spéculation sur les monnaies doit être rendue impossible. Un peu d'inflation n'est pas un drame, ça ne spolie que les rentiers. Les depenses du budget d'un pays doivent réjouir et non attrister. Ce sont en fait des mesures d'ultilité et d'enrichissement publics si on voit plus loin que le bout de son nez. Ces sommes traduites en injections de pouvoir d'achat dans l'économie combattent efficacement la récession et le chômage. Une économie qui tourne bien et éradique la misère évite que des populations entières basculent dans le totalitarisme et la guerre, civile ou pas. Qui peut être contre ces sains principes ? Je précise que le contre budget du Parti de Gauche, qui peut être approuvé sans réserve par un marxiste qui ne veut pas tout tout de suite, intègre les enseignements de Keynes. Quant aux 30 glorieuses, je suis d'accord qu'il ne faut pas les idéaliser. Mais il ne faut pas oublier non plus qu'une dynamique a été créée par application du programme du CNR et qu'il fallait poursuivre sur cette lancée pour aller vers toujours plus de justice sociale et transiter vers un dépassement très progressif du capitalisme, dans le respect des libertés démocratiques. Hélas, les brutes du capitalisme le plus sauvage possible ont tout cassé à partir des années 80. Ce n'est pas un hasard si Reagan et Tatcher ont viré tous les experts Keynésiens du FMI et de la Banque Mondiale.