25mar 13

Interview pour l'Humanité, vendredi 22 mars 2013

« C’est une réorientation générale de la politique menée qui est à l’ordre du jour »

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«Mélenchon l'antisémite», le buzz foireux, les éditocrates et moi

Par Stéphane Alliès
25 mars 2013

Mélenchon l'a longuement redit à la tribune du congrès de son parti gauche (PG) ce dimanche, il n'a évidemment pas tenu de propos antisémites à l'égard de Pierre Moscovici, comme l'en ont accusé vingt-quatre heures durant nombre de socialistes et éditorialistes sur les réseaux sociaux. Pour avoir voulu donner sa propre version d'un «buzz factice», Mediapart a de son côté été une nouvelle fois mis en doute, à tort, par Jean-Michel Aphatie ou Jean Quatremer…

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Ce qu’a VRAIMENT dit Mélenchon…

Par Michel Soudais
24 mars 2013

Le co-président du Parti de gauche n’a pas tenu les propos qu’on lui prête depuis 24 heures pour l’accuser de tenir un « discours des années 30 » et d’avoir versé dans « l’antisémitisme » en parlant de Pierre Moscovici. Voici la bande son de ses propos…

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Entretien réalisé par Julia Hamlaoui

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Alors que le congrès du Parti de gauche ouvre ses portes, son coprésident, Jean-Luc Mélenchon, affirme que l'heure n'est plus à « demander (au pouvoir) "une inflexion" ».

Votre congrès s'ouvre à l'issue d'une période qui a mis la majorité gouvernementale à l'épreuve. Ces difficultés pouvaient-elles être évitées ?

Jean-Luc Mélenchon. Hollande va dans le mur parce que sa ligne politique l'y condamne. Il connaît pourtant l'échec du PS au Portugal, en Espagne ou en Grèce. Le désastre est assuré économiquement – avec la politique de l'offre où le coût du travail, et non celui du capital, est montré comme l'adversaire – et avec la méthode politique qui croit pouvoir contourner le rapport de forces : cela revient à un désarmement unilatéral. C'est pourquoi le Front de gauche, durant toute la campagne, a porté la confrontation de deux lignes possibles pour la gauche. Au bout d'un an de pouvoir, on ne peut pas demander une inflexion. Quels aménagements Jean-Marc Ayrault pourrait-il faire avec les 20 milliards offerts aux entreprises, sans contrepartie du plan de compétitivité, et l'ANI ? C'est une réorientation générale qui est à l'ordre du jour avec un changement de gouvernement ! Le Front de gauche est prêt à y pourvoir.

Quelles mesures sont à prendre de façon urgente ?

Jean-Luc Mélenchon. Au centre de tout : partager les richesses en faveur du travail, opérer la transition écologique du système de production. Pour cela, il faut frapper le coeur des problèmes, l'Europe. Marquer une rupture sur trois points. D'abord, la relation franco-allemande : totalement déséquilibrée, elle fonctionne à l'avantage exclusif du capitalisme allemand. Ensuite, l'euro. Nous avons toujours défendu l'idée que la monnaie unique pouvait être un point d'appui pour une politique progressiste, mais nous arrivons au point où ce discours devient inopérant du fait de l'obstination des dirigeants européens. Enfin, l'arc méditerranéen. Le moment n'est-il pas venu de nous apercevoir que nous avons un autre centre de gravité que l'Allemagne, du côté de la Méditerranée ?

Après quatre années d'existence, quel rôle doit jouer votre parti ?

Jean-Luc Mélenchon. Nous devons être un parti avant-coureur dans les formes de combat. Être une sorte de grand think thank qui met du matériel idéologique à disposition, comme avec la planification écologique, la révolution citoyenne, la règle verte et maintenant, l'écosocialisme. Par ailleurs, les partis du Front de gauche n'ayant su quel rôle me confier après l'élection, je suis à la fois le coprésident du PG – quasiment condamné à le rester – et le patrimoine commun du Front de gauche. Le parti doit gérer cette difficulté. Mais, en peu de temps, il a atteint les objectifs qu'il s'était fixés en se créant : constituer une force crédible en dehors du PS, rendre possible le Front de gauche, crédibiliser une alternative de gouvernement.

Quel bilan tirez-vous de la coopération des forces du Front de gauche ?

Jean-Luc Mélenchon. C'est un succès. Il a été capable de traverser plusieurs élections, de réaliser l'exploit de désigner un candidat commun à l'élection présidentielle avec l'objectif d'ouvrir une brèche à gauche dans le bipartisme, et de se renforcer. Nous avons un document d'orientation unanime ! Il y a aussi des faiblesses. Notamment la difficulté à être davantage qu'un cartel. Le Front de gauche n'est pas un label électoral. Nous sommes l'outil d'une stratégie : la révolution citoyenne.

Êtes-vous confiant dans l'avenir de cette construction, au moment où de nouveaux débats apparaissent sur sa position vis-à-vis du gouvernement ?

Jean-Luc Mélenchon. Il faut définitivement guérir notre mouvement des mauvaises habitudes de la polémique sectaire et personnalisante. J'estime qu'il ne faut faire un dogme ni du soutien ni de l'opposition aux socialistes. Notre but n'est pas d'être l'aiguillon du PS ou une force supplétive. Certes, en chemin, il faut prendre tout ce qu'on peut ! Mais ne tournons pas autour du pot : nous sommes candidats au pouvoir. Nous y serons avant dix ans. Pas par le développement mécanique de nos forces électorales, mais parce que la chaîne va rompre en Europe. C'est la leçon des révolutions réelles d'Amérique du Sud et du Bassin méditerranéen. Cela se fera contre la domination du PS sur la gauche.

Le mécontentement profite aujourd'hui peu au Front de gauche. Dans l'Oise, par exemple, les pertes du PS ont permis au FN de se qualifier au second tour…

Jean-Luc Mélenchon. Personne n'a gagné de voix dans l'Oise ! C'est le PS qui s'est effondré. C'est un sujet de très grande inquiétude, mais la principale machine à alimenter Mme Le Pen est à l'Élysée. Pour déverrouiller cette situation, nous devons être unis, faire des propositions très concrètes et être ambitieux. Mais tout ne dépend pas de nous. Les députés Verts et socialistes qui ont voté contre le traité européen doivent prendre leurs responsabilités. Ils ne peuvent pas nous refuser leur aide.


203 commentaires à “« C’est une réorientation générale de la politique menée qui est à l’ordre du jour »”
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  1. Chris_84 dit :

    @ jacquelin
    Donc il faut bien scinder ces 2 métiers pour arrêter cette interdépendance en cas d'occurrence néfaste du risque. Il n'y a aucune raison que la banque de dépôts assure l'existence de son tout, quand c'est la partie banque d'investissement a planté le tout. Et il n'y a qu'un seul moyen qui a été trouvé de par le passé (cf Roosevelt) et qui est encore d'actualité: séparation des 2 types de banque.
    Quand un coup de tonnerre éclate, plus aucune obligation de sauver le système financier, les banques d'investissement, il n'y a plus que les règles du marché capitaliste qui s'appliquent, c'est-à-dire la puissance publique peut toujours décider de sauver, mais récupère le bébé pour l'euro symbolique, ou laisse le bébé creuver. Dans les 2 cas, ce sont les actionnaires qui perdent tout, mais rien n'est perdu pour les citoyens, ni les déposants qui ont leur compte ailleurs dans la banque de dépôts.

  2. Invisible dit :

    Je suis persuadée que, lors du débat Cahuzac/Mélenchon, il avait été décidé par tout le stafff des coachs en communication qu'il fallait placer dans la conversation les mots "clown" et "vous êtes un homme seul". Ainsi, cela permet à la gent médiatique d'entonner le refrain en chœur et de savoir quel est le ton à donner.
    Tout est comédie, hormis ce qu'on dit dans les bras des filles (chanson de Jean Ferrat.)
    (De son côté, Jean-luc se pinçait les lèvres et s'accrochait au bastingage pour ne pas dire "je suis dans l'opposition"... Bast !)
    Alors que Jean-Luc est moqué, ridiculisé, présenté comme un hystérique et violent personnage, la droite adore des héros vulgaires : Sarkozy, Frigide Barjot, MLP. Mais là, silence ! Personne n'ose le dire. Hier Sarko, est allé faire le comique en Belgique, mais personne n'a présenté l'affaire sous cet angle. Il s'était mal rasé pour se donner le genre populeux. Pouah.
    Le corps social est un bizarre organisme où le consensus prime sur la vérité et tant que ça tient, ça tient.
    La vérité, c'est que Jean-Luc est issu du peuple, instruit, érudit, intelligent, aguerri politiquement, sincère, fougueux et intègre. Mais justement ! Tellement c'est vrai que c'est l'inverse qu'ils proclament pour empêcher ceux qui votent pour eux d'aller voir ailleurs. Ils endiguent, ils cernent, ils tiennent leurs troupes et les excitent.

  3. Invisible dit :

    Évidemment, je suis perfide quand je dis que Sarkozy a voulu se donner un genre populeux ! A mon tour, j'utilise leurs armes : le dédain et la risée. Car en fait, c'était le genre "baroudeur-voyageur" qu'il voulait suggérer. Hé oui ! Le mec qu'a voyagé, qu'en a vu du pays, qui s'est endurci dans ses aventures, dont la peau s'est burinée au soleil du Qatar, une sorte de Belmondo (de petite taille). Moi, ce que je retiens c'est qu'il se donne un genre. Du coup il reste dans ce qu'il a toujours été : le marketting et le packaging. Bref, la montgolfière que la droite va gonfler car il semblerait qu'elle n'ait pas trouvé de pantin de remplacement parmi les prétendants.


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