03mai 13
Jean-Luc Mélenchon sera à Lille ce vendredi avant de marcher à Paris dimanche pour la VIe République.
Vous espérez 100000 personnes dimanche. La faible mobilisation du 1er mai ne vous inquiète pas ?
Il est sûr que le gouvernement a réussi à diviser profondément la gauche sociale et la gauche politique, ce qui ne joue pas en notre faveur. En revanche, il y a beaucoup de gens à gauche qui sont indignés par les volte face du gouvernement, notamment sur l’amnistie sociale ou sur les licenciements boursiers, et par le fait que les rues ont été occupées ces dernières semaines par les opposants au mariage pour tous. Il y donc l’envie de montrer qu’il y a une gauche politique dans ce pays et qu’elle ne se réduit pas aux avatars Ayrault et Hollande.
La Vie République, est ce vraiment la priorité des Français en pleine crise économique ?
Le changement institutionnel rendra possible les débats que le pays aujourd’hui ne peut avoir, sur l’austérité, sur l’emploi. Oui, c’est une manifestation avec un contenu politique de haut niveau. Ce n’est pas un super 1er mai syndical !
Vous maintenez l’expression “coup de balai” qui a beaucoup choqué dans la majorité ?
Absolument ! La bonne société de gauche et de droite s’indigne du mot “balai” mais c’est une indignation sélective. La violence ordinaire des rapports sociaux quotidiens ne la choque pas.
On verra dimanche avec vous Eva Joly et des élus EELV, est-ce cohérent pour un parti au gouvernement ?
C’est très cohérent. Ils ont fait un choix qui n’est pas le nôtre, pensant qu’ils seraient influents en participant au gouvernement. Ils sont bien obligés de convenir qu’il y a une marge considérable entre ce qu’ils espéraient et ce qui se passe, notamment sur l’amnistie sociale qu’ils demandent comme nous. Le thème de la Vie République est aussi très fort chez eux. Cela témoigne que la gauche est en train de se recomposer sur un autre axe politique. Autre phénomène très nouveau, près d’un millier de syndicalistes appellent à notre manifestation. Le choc est tellement dur et les volte face tellement nombreuses que la gauche est en ébullition !
Dans les douze mois de François Hollande, il n’y a pour vous rien à retenir ?
Si, le mariage pour tous. Mais ce que je retiens avant tout, ce sont ses volte-faces qui ont divisé le monde social et la gauche.
Le nordiste Marc Dolez, co-fondateur du parti de gauche, vous a quitté. Il vous reproche une “outrance verbale” et une “dérive gauchisante”…
Ces mots sont excessifs. En fait Dolez a une profonde divergence sur l’éco socialisme et par ailleurs il ne croit pas à un espace possible entre le PS, la droite et l’extrême droite. Or c’est précisément pour éviter l’enfermement de toute la gauche dans ce cercle mortel qu’a été créé le PG. Il a donc eu raison de quitter le parti. Mais il reste au Front de gauche. Ca me va.
N’y a – il pas aussi un problème entre vous et le PC, allié au PS aux municipales ?
Le seul problème que je lis, c’est dans la presse. Personne ne m’en a parlé directement.
Hénin-Beaumont reste-t-il présent dans vos projets ?
J’y ai vécu un grand moment et il s’est créé quelque chose. J’aurais volontiers prolongé cet engagement mais ce n’est pas la tache qui m’a été confié par le Front de gauche. Mais si le Front de gauche me demande demain pour les européennes de mener la liste Nord Pas de Calais, je viendrai !
Propos recueillis par Hervé Favre