24mai 13

Vertige du moment, des faits et des mots

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Je vous fais ce post pour l’essentiel depuis Strasbourg. Il y est surtout question du démarrage de la grande affaire de ce nouveau siècle en Europe : l’annexion par les USA de nos démocraties déjà fracassées. C’est le commencement des négociations en vue de la constitution d’un marché unique transatlantique libéralisé. Des années d’alerte n’ont servi à rien. L’épais tapis de silence médiatico-politique a étouffé le bruit de botte des trusts yankees. Tout d’un coup, après des années de préparation discrète tout s’emballe.

Non accord UE_USA

Sur une simple déclaration d’Obama approuvée par Merkel, après une visite aussi solennelle que formelle des androïdes Van Rompuy et Barroso, la machine s’est lancée. La Commission européenne va se doter d’un mandat de négociation. La négociation commence en juillet. Hollande est aux abonnés absents. Quant à Ayrault… Qui ça ? Et les médias… Les quoi ? Je répartis mes explications en deux chapitres. L’un décrit sommairement l’enjeu du contenu du traité, l’autre analyse le contexte des forces politiques sur le sujet. J’invite fortement mes lecteurs à s’emparer de la question en commençant un apprentissage des faits. Mon post est destiné à y aider. Mais vous avez aussi le livre édité par nous qui vous est proposé dans la colonne de gauche de ce blog. En toute hypothèse cette affaire va surplomber toute notre activité politique pendant des mois et sans doute pendant des années. Nous ne pouvons combattre sans former une opinion éclairée sur le sujet. Il faut donc commencer immédiatement un travail d’éducation populaire de masse pour y parvenir. J’espère que nous arriverons au pouvoir à temps pour faire échouer ce plan. C’est ce qui s’est passé en Amérique du sud. L’arrivée au pouvoir de nos amis a permis que le traité équivalent à celui-ci soit envoyé à la poubelle au dernier moment. Quoiqu’il en soit il faut travailler dès à présent activement.

J’ajoute un petit chapitre que je m’offre comme une récréation pour le seul bonheur d’écrire en souriant. C’est mon point final au palpitant épisode du tweet concernant le désolant accident survenu au sacrum de madame Le Pen. Je l’ai intitulé « Foutre ! ». L’abandon de l’usage de ce mot provoqua récemment la tristesse de Bernard Pivot. Le mot est l’équivalent en langue du dix-huitième siècle de l’interjection « putain, con ! » dans notre midi actuel. Mais si j’avais préféré cette modernité rabelaisienne, les tartuffes qui m’ont accablé auraient trop cruellement souffert. J’ai choisi la modération en quelque sorte.

Nouveaux convertis

Etrange ambiance encore une fois, au Parlement européen ce matin-là. Des flots de paroles venant de tous les bancs fustigeaient les paradis fiscaux. Chiffres et comparaisons pleuvaient. J’en ai noté. Celui-ci : il s’évade par an l’équivalent de sept ans de budget de l’Union européenne. Les sommes perdues par la fraude fiscale cumulées sur les cinq années qui ont vu se déclencher la tempête financière mondiale représentent plusieurs centaines de fois le montant total de la dette grecque. Je me disais : s’ils reconnaissent tous maintenant que tout cela est si grave et si préjudiciable, pourquoi l’ont-ils toléré jusqu’à maintenant ? Et que valent toutes ces déclarations si l’on considère la modestie des dispositions arrêtées. Tel est ce théâtre d’ombres. Les mots sont des trompe-l’œil. Comme le mot "Union européenne" lui-même. Le sommet sur ce sujet ne valait pas plus cher si l’on peut dire. Les Etats voyous de l’Union, le Luxembourg et l’Autriche conditionnent leur soumission aux règles de la morale au jour où le péché finira dans le monde. Tant que des micro-états bidons comme Andorre, Lichtenstein et Monaco ne se soumettront pas eux-mêmes, ils prétendent ne rien faire. (idée de sondage web pour « Le Parisien » : Mélenchon a-t-il raison d’insulter nos petits voisins, la princesse de Monaco, l’évèque co-prince d’Andorre et le grand papamouchi du Lichtenstein ?). Moi j’aurais dit : « Ces gens-là nous agressent en se faisant complice d’un hold-up annuel de mille milliards d’euros par an ! Donc on riposte. On coupe le courant électrique à Monaco, on barre la route vers Andorre et on coupe la flotte dans l’unique rue du Lichtenstein ». (idée de papier pour Libération : « Mélenchon veut couper l’eau aux évadés fiscaux »). Pour ma part je pense qu’aucun de ces Etats confettis ne sont en état de soutenir une confrontation, ni avec la France ni avec aucun des Etats de l’Union. Il suffit de demander, sur le ton juste. En fait, il suffit d’ordonner. (idée de tweet pour Aphatie : « Mélenchon veut un ultimatum à Monaco ! Dément ! »). Mais pour cela il ne faut pas faire des clins d’œil aux voyous avec des législations à leur service, il faut appeler une agression, un acte de guerre, ce fait de piller nos pays et nos peuples, il faut appeler du parasitisme ceux qui financent leurs économie de cette façon. (idée de tweet pour Quatremer : « Mélenchon dit que les voisins de l’Europe sont des parasites, bonjour le nationaliste ! »).   

Un vieux complot mercantile

Le gros plat de résistance de cette session c’était le vote d’une résolution à propos du mandat de la Commission européenne dans la négociation qui s’ouvre pour la mise en place d’un grand marché unique entre les USA et l’Union européenne. En 2009, j’avais édité une brochure de grande diffusion sur ce thème. J’ai alerté sur les dangers de ce Grand Marché Transatlantique qui se trame depuis dix ans dans le dos des peuples. Un silence médiatique total et une prudente omerta des partis qui participaient depuis le début à cette discussion ont bien protégé dix ans de pourparlers préliminaires. Ce vaste projet de libéralisation des échanges et de l'investissement connaît en ce moment une accélération spectaculaire sans qu'aucun peuple ne l'ait décidé en Europe. Et pour cause : aucun gouvernement ne l'a jamais inscrit à son programme électoral, à commencer par François Hollande. J'ai déjà pointé en ce début d'année la relance de ce projet par Obama immédiatement approuvé par Merkel. Les arcanes de l'Union européenne débattent désormais secrètement d'un mandat qui doit être donné par les 27 ministres du commerce à la Commission européenne le 14 juin. Les négociations commencent dès cet été ! L'existence de ce projet de mandat est bien attestée en date du 13 mars sur le site du conseil de l'Union européenne sous le numéro 7396/13. Mais le document est estampillé comme "non accessible". Comme les traités confient à la Commission européenne une compétence exclusive en matière commerciale, le Parlement européen n'a aucun pouvoir contraignant sur ce mandat. D'ailleurs il n'en est même pas officiellement saisi. Et les députés européens n'y ont même pas accès. Le Parlement a juste la possibilité d'exprimer un avis général sur cette négociation via une "résolution" comme il en vote sur tant de sujets sur lesquels il n'a aucun pouvoir. C'est le sens des résolutions votées à Strasbourg ce jeudi 23 mai dont j'ai publié l'analyse sur mon blog européen.

Grâce au site du journal « L'Humanité », ce projet de mandat secret, qui n'existe qu'en anglais, a enfin pu être connu cette semaine. Aucun média dominant ne s'est pour l'instant penché sur l'ampleur de la négociation qui s'annonce. Tout juste un débat a-t-il été ouvert depuis 10 jours sur la place de l'audiovisuel et de l'exception culturelle dans cet accord. Pourtant le mandat secret atteste que c'est bien l'ensemble de l'économie et des services publics qui vont subir une nouvelle vague de libéralisation si cet accord est signé.

Que fait François Hollande à ce sujet ? Rien ! Ou plutôt il entérine passivement ce qu'ont décidé Barack Obama et Angela Merkel. Le conseil européen des 7-8 février s’est ainsi prononcé, avec l'aval de Hollande et sans qu'il dise un mot, « pour un accord commercial global UE /USA ». Et dès le 13 février, toujours sans un mot de Hollande, c'est à Washington que le nom du nouvel accord a été scellé par Barack Obama avec Barroso et Van Rompuy. Du cousu main ! Le projet s'appellera « accord de partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement ». Il est ainsi déjà désigné sous le vocable globisch "TTIP" ("Transatlantic Trade and Investment Partnership"). Obama et les deux dirigeants non élus de l'UE lui ont fixé pour objectif d’« accélérer la libéralisation du commerce et de l’investissement ». Désormais le mandat de négociation de la Commission européenne doit être adopté définitivement le 14 juin par le Conseil des ministres du commerce. Et à peine le mandat sera-t-il donné à la Commission que les négociations pourraient être lancées en marge du sommet du G8 du 17 juin comme l'a proposé le britannique David Cameron. Là non plus Hollande n'a pas dit un mot sur cette échéance alors qu'il représentera la France au G8.

Tout cela va très vite. La mise en place aurait pu passer inaperçue comme d’habitude et les médias officiels continueraient leur besogne de dissimulation. Mais il y a eu la réaction des amis de la culture européenne. J’ai déjà raconté quel ravage cet accord impliquera dans le monde du cinéma. Le milieu a donc réagi avec fermeté. C’est le seul secteur qui l’ait fait pour l’instant. Effectivement la création culturelle et audiovisuelle sont menacées par cette libéralisation. Ces activités sont en effet protégées en Europe par des mécanismes d’aide publique mais aussi de réglementation de la diffusion, comme les quotas de chansons en français ou les obligations de diffusion d'un nombre minimal de films français. Du point de vue de la libéralisation du commerce visée par l'accord ce sont autant d’obstacles à éliminer. Mais en réalité tous les secteurs d’activité sont concernés. Du coup d’aucuns voudraient utiliser la bataille pour « l’exception culturelle » pour masquer le reste du texte et en faire l’arbre qui cache la forêt des libéralisations. Le mandat secret préparé par la Commission fixe comme objectif la constitution d'un "marché transatlantique intégré". Il vise la "libéralisation du commerce des biens et services et de l'investissement", "avec une attention particulière à supprimer les barrières réglementaires inutiles". Il demande que l'accord soit "très ambitieux, allant au-delà des engagements de libéralisation de l'OMC". Avez-vous bien compris ?

Regardons de plus près. Cette opération de libéralisation générale comporte plusieurs volets. D'abord la "suppression totale des droits de douane" sur les produits industriels et agricoles. Rien que sur ce volet "tarifaire", l'accord est dangereux pour les européens. En effet selon les chiffres de la Commission européenne le taux moyen des droits de douane est de 5,2 % dans l’UE et de 3,5 % aux USA. Cela signifie que si les droits tombent à zéro, les USA retireront un avantage 40% supérieur à celui de l'Union européenne. Cet avantage pour les produits fabriqués aux Etats-Unis sera encore amplifié par la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. Et ce déséquilibre sera démultiplié par la faiblesse écologique et sociale des coûts de production aux USA. Dans ces conditions, rien que par son volet quantitatif, cet accord deviendra une machine à délocalisations. Cela aggravera le chômage. La Commission reconnaît d'ailleurs pudiquement dans l'étude d'impact qu'elle a commandée que cela entraînera une « baisse importante » de l’activité et de l’emploi dans la métallurgie. Dans la métallurgie !

Vient ensuite le volet non tarifaire de l'accord. Là ce ne sont pas seulement les productions qui vont être impactées mais le contenu des réglementations des pays. Le projet de mandat appelle à "réduire les coûts résultant des différences réglementaires" Il propose de "trouver de nouveaux moyens d'empêcher les barrières non tarifaires [c'est à dire les lois] de limiter la capacité des entreprises européennes et américaines d'innover et de participer à la compétition sur les marchés mondiaux." Barroso a d'ailleurs expliqué que « 80 % des gains attendus de l’accord viendront de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ». Cela signifie que les androïdes de la Commission européenne voient dans cet accord l'occasion d'aller encore plus loin que ne le fait déjà l'Union européenne dans la dérèglementation. « Le fardeau »… il fallait le trouver.

Pour libéraliser l’accès aux marchés, l’UE et les USA vont devoir faire converger leurs réglementations dans tous les secteurs car les normes plus contraignantes sont considérées comme des obstacles au libre commerce. Or contrairement à ce qu'affirment la Commission européenne et ses perroquets libéraux et sociaux-démocrates au Parlement, les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas "des normes d'une rigueur analogue en matière d'emploi et de protection de l'environnement". En effet les Etats-Unis sont aujourd’hui en dehors des principaux cadres du droit international en matière écologique, sociale et culturelle. Ils ne souscrivent pas à plusieurs conventions importantes de l’OIT sur le droit du travail. Ils n'appliquent pas le protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique. Ils refusent la convention pour la biodiversité. Ainsi que les conventions de l’Unesco sur la diversité culturelle. Autant d'engagements qui sont souscrits par les pays européens. Les standards réglementaires états-uniens sont donc dans la plupart des cas moins contraignants que ceux de l’Europe. Un marché commun libéralisé avec les Etats-Unis tirerait donc toute l’Europe vers le bas. S’il faut un exemple de ce qu’est l’état d’esprit des trusts nord-américains l’exemple vient du Bangladesh. Les trusts européens se sont accordés pour discuter des normes à appliquer, selon eux, à l’avenir pour ne pas connaitre la réédition de l’horreur qui vient de se produire. Les trusts yankees ne veulent entendre parler ni de ces discussions ni de normes d’aucune sorte. Vous voilà prévenus !

Voyons à présent d’encore plus près le tableau des dégâts en vue. Le premier impact négatif d'un tel accord sera écologique. On retrouve ici le couple infernal du productivisme et du libre échange. En effet le projet table sur les exportations comme solution de relance de l’activité. Il s'opposera donc à toute politique de relocalisation des activités qui peut permettre la réduction de l’empreinte humaine sur l’écosphère. A l’inverse, en augmentant le trafic aérien et maritime de marchandises à travers l'atlantique, la hausse attendue des exportations fera encore grimper les émissions de gaz à effet de serre. Ne croyez pas que je fasse ici un excès de zèle sans preuve. La Commission elle-même a pris conscience du fait que la question se posait. Elle estime cette hausse limitée entre 4 et 11 000 tonnes de CO2 par an. Il ne reste plus qu’à la croire ! Mais aussi petite soit la hausse envisagée, elle sera toujours trop importante. L’Union européenne ne s'est-elle pas au contraire engagée à réduire ces émissions en général ? Ce que signe ma main gauche, ma main droite n’a pas à le savoir ?

En raison des différences de normes dont j'ai parlé, cet accord sera aussi une incitation au pire productivisme au détriment de la qualité sociale et écologique des produits. Par exemple dans la construction, les normes françaises HQE sont beaucoup plus contraignantes que les normes américaines LEED. Idem en matière de limitation de la pollution automobile ou en matière de production d’énergie. Les constructeurs automobiles français ont d'ailleurs exprimé des réserves sur l'accord. Car bien qu'insuffisants, leurs efforts pour investir dans des motorisations moins polluantes seraient ralentis et en partie ruinés par la libéralisation.

Et l’agriculture ! Là c’est l’horreur. L'accord exposerait les Européens à laisser entrer les pires productions de l'agro business états-unien: bœuf aux hormones, volailles lavées au chlore, OGM, animaux nourris aux farines animales. Sans parler du fait que les USA ont des systèmes peu contraignants de traçabilité. Et qu'ils ne connaissent même pas les « indications géographiques protégées ». Ils considèrent les appellations "Bourgogne" ou "Champagne" comme des noms génériques dont l'usage commercial doit être libre. Ce qui pourrait leur permettre de commercialiser du « Champagne » produit en Californie. Et ainsi de suite. Adieu les AOC et tout l’immense et patient travail de valorisation des produits qui vont avec. Une qui va se réjouir c’est la ministre de l’université : non seulement parler anglais mais boire en même temps un Bordeaux du Tenessee !

Ce n’est pas fini. Le projet de mandat comporte quelques autres dernières mauvaises nouvelles. On y apprend que la négociation portera aussi sur "la politique de concurrence, incluant des dispositions sur les concentrations, fusions et faillites". Et à ceux qui espéraient que les services publics seraient exclus, il est bien précisé que "l'accord concernera les monopoles publics, les entreprises publiques et les entreprises à droits spécifiques ou exclusifs". L'accord vise ainsi "l'ouverture des marchés publics à tous les niveaux administratifs, national, régional et local". Vous êtes groggy déjà ? Eh bien le délire n’est pourtant pas fini. Car il est précisé qu'il devra lutter contre l'impact négatif de barrières comme les "critères de localisation". Enorme ! Exemple : impossible de promouvoir par exemple les circuits courts dans la fourniture des collectivités locales.

Comme on le devine le volet financier est le principal dans l’esprit des promoteurs de l'accord. Il devrait porter sur l'investissement et la finance. En matière d'investissement, le mandat vise à parvenir "au plus haut niveau de libéralisation existant dans les accords de libre échange". Des mesures spécifiques de "protection des investisseurs" devront être négociées, "incluant un "régime de règlement des différends entre les Etats et les investisseurs". Derrière ces formules obscures, il s'agit de doter les investisseurs de droits spéciaux et de procédures préférentielles supranationales par rapport aux autres justiciables soumis aux droits des Etats. C'était la logique poursuivie par "l'accord multilatéral sur l'investissement", dit AMI, que les USA avaient tenté d'imposer en 1998 et qui avait été abandonné suite à des mobilisations citoyennes et le refus de la France de l'accepter. Retour par la fenêtre de ce que Jospin avait fait couler. Mais cette fois-ci François Hollande est d’accord ! Autre bonne nouvelle pour les financiers, le projet de mandat se prononce pour une "libéralisation totale des paiements courants et des mouvements de capitaux". Voilà une aubaine pour les places financières anglo-saxonnes les moins réglementées et les plus spéculatives ! Les géants du crédit hypothécaire états-unien pourront ainsi vendre leurs crédits pourris en Europe aux mêmes conditions que dans leur pays d'origine. Que des bienfaits, on le voit !

Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer un tel accord avec les Etats-Unis serait aussi une erreur géopolitique historique. Depuis 10 ans l'Empire a vu tous ses efforts de libéralisation commerciale mondiale bloqués à l'OMC par la résistance croissante des pays du sud. En arrimant l'Europe à ces projets de libéralisation dans un ensemble pesant 50% de la production mondiale, les Etats-Unis essaient de reconstituer leur domination aujourd'hui en voie d'effondrement face à la Chine. Il s'agit tout simplement pour eux de pouvoir continuer à imposer leur loi au monde entier. Le projet de mandat de la Commission ne s'en cache même pas en affirmant que les règles communes fixées par l'Europe et les Etats-Unis devront "contribuer au développement de règles mondiales". Bref, cet accord a mûri en même temps que la théorie du « choc des civilisations » dont il est la traduction géopolitique.

Faire échouer le Grand Marché Transatlantique

Le Parlement européen a donc délibéré sur le mandat de la Commission pour la négociation de la mise en œuvre du Grand Marché Transatlantique. Bien sûr ce texte du Parlement n’a aucune valeur législative ou normative. C’est une résolution. Voyons son contexte politique car il va être décisif pour la suite.

Le groupe social-démocrate a capitulé. Que dis-je ? Il s’enthousiasme. Son rapporteur vient de dire qu’il comptait sur ce grand marché « pour réindustrialiser l’Europe » ! Consternant ! Après quoi il formule le discours confus de ce genre de posture : « tracer des lignes rouges », « négocier avec fermeté » et blabla. Consternant. Le président de la commission du commerce est un socialiste. Il se réjouit de l’ouverture de la négociation. Ils pensent qu’il n’est pas indispensable de retirer de la discussion sur certains domaines comme le domaine culturel. Bref pour lui, ça baigne ! Sans l’intervention du socialiste français Henri Weber sa position aurait été celle du groupe social-démocrate ! Au total, les sociaux-démocrates entrent dans le cadre et courent devant. Ce qui me frappe c’est qu’à les entendre il n’y a aucun inconvénient au projet. Le grand marché serait donc exclusivement bénéfique. Pas même une réserve sur la propagande de la commissaire qui annonce 2% de croissance grâce à ce grand marché. Pourtant le scepticisme serait de rigueur. Car si l’on mettait bout à bout toute la croissance déjà promise dans le passé à propos de chaque accord adopté, l’Europe devrait avoir une croissance supérieure à celle de la Chine !

Ici l’avachissement du groupe social-démocrate correspond à ce qui se passe dans les partis nationaux. Les socialistes français sont inexistants. Ils n’ont plus guère d’influence sur leur groupe. Cela tient bien sûr à leur très grande hétérogénéité sur la politique européenne. Mais surtout à ce qu’ils sont de surcroît à présent pris en tenaille sous une double contrainte. D’un côté il y a les Allemands qui dominent le groupe social-démocrate. Et de plus ces derniers se coordonnent en permanence avec les députés allemands des autres groupes politiques. De l’autre côté il y a l’Elysée qui se porte garant des accords avec le gouvernement allemand. Les indices de l’efficacité de cette tenaille se multiplient. On ne peut comprendre autrement leur incroyable vote pour éviter le débat du Parlement européen sur le sujet sur l’aide alimentaire européenne dont tout le monde se souvient qu’elle fut suspendue du fait du gouvernement allemand. De même, dans le cas de la négociation transatlantique, les Allemands sont les moins préoccupés. En effet ils n’ont pas de secteurs vitaux en concurrence réelle avec les nord-américains

D’une façon générale voici comment l’affaire va se présenter. La social-démocratie européenne ne tiendra pas cinq minutes le choc. Elle est déjà acquise au projet. Le PS français va se concentrer sur la question du retrait du projet du domaine audiovisuel. Si ce point est acquis il sera présenté comme une très grande victoire et tout le reste du projet de Grand Marché Transatlantique sera accepté. Toutes les marionnettes des solfériniens vont souffler de la trompe sur ce thème pour faire avaler le traité. Le juste dossier de l’exception culturelle servirait donc de rideau de fumée. Le pire aurait été, pour le PS, que dès le départ l’exception culturelle soit mise en cause. Il aurait été obligé de combattre le projet lui-même et notre travail en serait facilité. En toute hypothèse, comme je l’ai déjà dit, l’engagement des gens de culture va faciliter notre travail. Tout le temps que durera la négociation ils agiront et nous aussi. Et très vite les agriculteurs et les associations de santé publique vont entrer dans le débat. Car tout cela est menacé aussi. Comment pourrait-il en être autrement ? Toute la civilisation européenne actuelle a été fondée sur les interventions de l’Etat. Et que se passera-t-il quand les citoyens vont comprendre que la question clef de la défense et des industries d’armement est aussi incluse dans  la négociation ! En fait le Grand Marché Transatlantique est une annexion de l’Europe par les Etats-Unis. Quelle foutaise ! Il ne restera rien de l’idéal européen avec ce grand marché. Non seulement notre présent sera détruit mais notre futur sera définitivement mis en impasse. Car comment se donner ensuite des objectifs européens d’harmonisation salariaux ou fiscaux ou de coopération renforcée ? Ce sont des obstacles caractérisés à la concurrence libre et non faussée. Les punitions pleuvraient s’ils étaient développés. La preuve de ce fonctionnement coercitif est donnée par ce qui se passe vis-à-vis du Canada qui est poursuivi pour plusieurs milliards de dollars en raison d’entraves supposées à la loi de la concurrence libre et non faussée. Le GMT va donc être un déni de la souveraineté du peuple. Il prononce de fait la dissolution de l’Union européenne dans le marché unique des USA.

Nous, les partis de l’autre gauche de l’Europe du sud nous savons que la fonction tribunicienne et la radicalité concrète du programme marchent de pair. Toute stratégie de pression et de négociations graduées tourne tout le temps au marché de dupes. Nos amis d’Amérique du sud ont fait échouer l’ALCA, projet similaire piloté par les Etats-Unis. Nous devons avoir le même objectif, sans compromis. Faire échouer le GMT !

Foutre !

Pour solde de tous comptes (de tweet) avec les navrés du casse-cul, une citation venue de la grande révolution de 1789. Je la prends dans les polémiques du père Duchesnes à qui on reprochait ses vulgarités. « Si j’avais voulu trancher du bel esprit, je m’en serais aussi bien tiré qu’un autre. Moi aussi je sais parler latin ; mais ma langue naturelle est celle de la Sans-Culotterie ; j’aime mieux être lu des pauvres bougres, j’aime mieux leur apprendre de bonnes vérités, et les avertir des manigances des traîtres, que de prendre le ton de nos journalistes freluquets qui, pour plaire aux petites maîtresses et aux prétendus honnêtes gens, n’osent nommer les choses par leur nom. Il faut jurer avec ceux qui jurent, foutre ! Ma rudesse, quoi qu’on en dise, ne déplaît pas autant que quelques viédases le prétendent. Tous ceux qui aiment la franchise et la probité ne s’effarouchent pas des bougres et des foutres dont je larde par-ci, par-là, mes joies et mes colères ; les oreilles si délicates qui sont déchirées de mes expressions les trouveraient délicieuses si je voulais être l’apôtre de l’aristocratie […] Il est donc clair que ceux qui s’offusquent tant de mon langage n’aiment pas la vérité, et, comme je n’ai cessé de la dire, ceux à qui je déplais si fort sont à coup sûr des aristocrates. » (Père Duchesne, n°257, juillet 1793)

Si j’acceptais de hurler avec les loups on trouverait mon cri suave. Si je mettais mon art au service de l’idolâtrie euro béate, si je raillais ceux qui ne veulent pas enseigner en anglais à l’université française, si je fustigeais les tire au flanc des 35 heures et si je brocardais les vieux fainéants qui ne veulent pas s’éclater au boulot jusqu’à 65 ans, mon esprit et mon sens de la formule seraient acclamés dans les dîners en ville des puants parfumés. Si j’entrais dans la coterie des raisonnables qui déplorent le « risque populiste » et la « montée des extrêmes » (au pluriel s’il vous plaît), si je connaissais mes arpèges, comme hier mes déclinaisons latines, pour parler du « monde-qui-change-et-nous-devons-changer », bref, si je vannais comme un muscadin pour les merveilleuses, Marie-Camomille et Jean-Patou en seraient d’autant plus enchantés qu’ils n’en entendraient même pas parler. Peut-être quand même finiraient-ils par m’avouer qu’ils ont écouté le tube trivial qui réjouit l’aîné de leurs enfants, celui qui finit son année en section math-allemand, l’îlot de sérieux blanc au collège. Il est vrai qu’il est nul à chier, si j’osais le dire. Un petit « pet’ » et on s’en taperait cinq. Mais comme « je tonne et que j’éructe » comme l’a noté finement monsieur Pujadas, il me faut oublier les douceurs de l’estime mondaine : elles me sont refusées pour toujours. Rabelais, médecin d’élite, en fit l’expérience en son temps pour avoir amené la paillardise au service des Lumières naissantes. Sait-on, en l’adulant depuis que ses querelles contre les pédants de son temps sont bien froides, qu’il nous régala de quarante pages d’interrogations sur le point de savoir quel est « le meilleur torche cul » au milieu d’un ouvrage à présent enseigné au lycée (en français comme des nuls !) ? Mon tour de notoriété posthume viendra peut-être avec mes seuls 140 signes symptômes du raccourcissement du temps propre à notre époque.

Quelle affaire que ce cul que nous ne saurions voir même par allusion dans nos phrases ! A moins que l’interdit ne soit l’apanage de quelques uns ! Pourtant Montaigne prévient : "Si hauts sommes assis, si ne sommes assis que sur notre cul". Ce n’est pas si simple cher Michel ! Le cas s’aggrave pour certains à proportion de l’altitude à laquelle ils se sont hissés. Une diablerie de rapprochement d’idées me fait penser à cette plaisanterie qu’on dit africaine : plus le singe est haut dans l’arbre, plus on voit son cul ! Alors ? Comment en parler poliment pour parler d’une importante qui se le fend par distraction ? Dirais-je qu’il « y a peu du Capitole à la roche tarpéienne », pour impressionner les ignorants de l’antiquité romaine, ou bien, pour être mieux compris et faire sourire, que le chemin qui va du sommet de l’arbre au fond de la piscine, surtout si elle est à sec, casse les meilleurs fondements ?

Foutre ! Mesdames et messieurs les faquins ! Foutre, dis-je, monsieur Bernard Pivot, comme vous le recommandiez il y a peu ! Foutredieu, même ! Je me casse le cul à mettre du sel dans les épinards et les pisse-vinaigres (comme disait De Gaulle) qui se la pètent, me gavent grave ! Me voici banni des affections mondaines. Tant pis. Je m’en passe. Pour l’instant, je suis assis à jamais au banc de la Montagne aux côtés de l’abominé Robespierre, comme le revendiquait déjà Jean Jaurès. Et comme le tribun socialiste, je ne paraîtrai donc qu’en caricature, la barbe hirsute et la bouteille de vin de messe en poche. Je vais le dire maintenant : c’est un bonheur que, dans cette comédie toujours recommencée, j’ai l’honneur d’être à la place du paria des pédants et des puissants. Car on se souvient de ceux qui ont tenu l’emploi avant moi et leur pétulance n’en finit plus de nous secouer. Mais ne distingue pas entre leurs détracteurs au fil du temps : ils ont tous le même groin de Tartuffe. Tenez-vous le pour dit au sujet de mes pratiques. Voici une pensée pour les manuel de citations. De la langue et de ses vertiges il en est comme des autres plaisirs simples : on se gratte là où ça soulage.

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377 commentaires à “Vertige du moment, des faits et des mots”
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  1. sergio dit :

    @ bernard hugo
    Je partage tes craintes. Sur l'acte III de la contre-réforme Chatel dite de "décentralisation" de l'école, on prépare le démantèlement des programmes et exigences du pays qui obligeaient jusque-là l'Etat à des engagements et un budget. Que des élus aient soutenu pareille régression est lamentable.
    Pour le passage provisoire du discours public au registre relâché, je ne suis pas sûr que cela aide à la conscientisation politique des gens. A voir.

    @ robin des voix
    D'accord avec toi également. L'UE actuelle et sa monnaie créée par la BCE est un des meilleurs outils de domination économique et idéologique des financiers et du Capital international dans nos pays. D'une manière ou d'une autre, un projet FdG soutenu par d'ex-gaullistes et chevènementistes, Verts et ex-PS, et on l'espère tous, des millions de ralliés, devra prendre des décisions fermes sur l'euro et sur tous les traités qui ont détruit nos sociétés.

  2. olivier dit :

    Il faut sortir de l'Europe et de l'euro provisoirement (le temps de construire et de mettre en avant cette europe sociale). Quand le Fdg fera cette proposition alors je suis certain que nous depasserons les 15 % d'intention de vote.
    Je suis moi aussi encarté au PCF.

  3. Gerard Blanchet dit :

    Pas encore exploré, mais bien adapté au format des tweets, la contrepèterie inventée par Rabelais.

  4. rayana dit :

    Chacun sur ce blog a sa propre théorie sur la sortie ou non de l'euro ou de l'UE. Pourtant il existe sur le sujet une stratégie FdG. Elle est proche de la description faite par @ermler 87. Il y a entre autre des écrits de Guillaume Etievant très explicites. Nul ne sait comment les choses vont évoluer prochainement dans le reste de l'UE. Un défaut de paiement des Slovènes ou des Grecs par exemple pourrait secouer les fondements de cette Europe ultra libérale, d'autres pays s'engouffreraient certainement dans la brèche et provoqueraient l'effet domino. Notre position est plus compliquée à expliquer que le binaire : je reste - je sort (position simpliste du FN). Les points les plus importants sont la dénonciation des traités et le refus de les appliquer, la récupération de la souveraineté monétaire et donc de la souveraineté politique. La lutte contre le GMT devra être coordonnée avec les résistants de tous les pays européens, et pourrait servir de point d'appui pour le combat contre l'horrible construction européenne actuelle. A nos balais pour de belles répliques.

  5. Ouilya dit :

    Quand la maison brûle, faut la quitter, question de survie. D'autant que la déco ne nous plaisait pas.

  6. @ 55 JULES IMPRÉCATEUR
    Tout d'abord merci pour le lien sur le site de Paul Jorion et l’excellente analyse qui y est faite de la montée du facisme et d’Hitler notamment.
    Concernant la dédiabolisation du FN par les médias, hier dans l'émission de canal plus "le supplément", présentée par Maiténa Biraben, avec pour invité Fabrice Arfi de Médiapart. Dans le montage vidéo passé avant l'interview de l'invité (voir le replay de canal plus à 2'06"), y apparait en image quasi subliminale un affichage similaire à celui que l'on voit lors de chaque élection présidentielle française : le drapeau français (environ 1") et les visages graphiques de Marine Le Pen avec un 53,2 % en dessous et de Jean Luc Mélénchon, avec 46,8 % en dessous : ça dure aussi environ 1" également. Vous pouvez aller sur le replay de Canal plus (pas besoin de mettre le lien).

  7. lemetayerv dit :

    Concernant la monnaie, il existe et se créé actuellement des monnaies locales complémentaires. Ces monnaies servent à l'économie locale et s'inscrivent dans un projet solidaire que les citoyens ont ou auront choisi. Elle permet de contrecarré les monnaies institionnelles qui n'existe que pour esclavagiser les êtres vivants et détruire notre planète car elle est créée pour le citoyen par le citoyen. Elle est obligée de circuler, elle ne permet pas la spéculation et l'amassage. Elle contribue au bien être de chacun même si ce n'est bien sur pas la solution sur le plan international, c'est un espoir de sortie en cas d'écroulement de la monnaie internationale. Monnaie locale complémentaire contre grand marché transatlantic. A suivre...

  8. olivier dit :

    Si nous voulons dépasser les 15% d'intention de vote et être crédible sur nos propositions (l'humain dabord) nous devons sortir de l'euro et de l'Europe, ensuite participer à la construction d'une Europe des peuples.
    Moi aussi je suis encarté au PCF.

  9. françoise dit :

    Joyeux.... et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

  10. robin des voix dit :

    @Rayana
    Ce n'est pas tant le fait d'être simpliste ou bien linaire ou je rentre je sors de cette dangereuse Europe. C'est que notre politique appliquée avec conviction nous mettra au banc de l'Europe dans l'instant T et écroulera le système banquier libéral. Le dire avant c'est mieux pour convaincre ou alors est-ce une stratégie qui me dépasse ?

  11. vm dit :

    Loi Peillon : le communiqué du PG.

  12. Franchitto Marie Claude dit :

    Moi, je reste perplexe. Entre cru et dru et grossièreté il y a une marge. L'époque culturelle à laquelle JL se réfère représentait la société de son époque. Elle était ce qu'elle était, on aime ou pas mais de nos jours on emploie d'autres arguments, bons ou mauvais de même, mais différents. Je pense que la grossièreté, à notre époque, n'atteint pas son apogée comme critère de sélection. Or, pour briguer un mandat, il faut convaincre, mais plaire aussi. JL doit être aussi attentif au souhait des gens qui ont, et c'est bien leur droit, un peu plus de retenue dans ce domaine. Il se doit de veiller à respecter aussi leur sensibilité qui n'est pas forcément "sensiblerie". Aussi, je dis : attention. C'est le seul bémol car l'actu est violente donc il y a lieu de le faire savoir haut et fort et avec toute la vigueur dans laquelle JL excelle. Mais sa grande distinction ne passe pas auprès de tous les sympathisants par ce langage Rabelaisien d'une toute autre époque. La culture par lui en est magnifiée il est vrai, mais n'a pas un écho performant auprès de toute l'étendue de tous ceux qui l'aiment et le comprennent. Ceci en toute sympathie pour JL en qui je crois énormément pour toute l'énergie et la recherche qu'il met au service de tous.

  13. rayana dit :

    @robin des voix112
    Tu as entièrement raison. Le dire avant pour convaincre c'est effectivement beaucoup mieux. Ton résumé est clair et correspond à la réalité. Par contre ce qui ne semble pas facile à faire comprendre, c'est comment, une fois au pouvoir et sans avoir préalablement revendiqué une sortie de l'euro et de l'UE (c'est à dire sans désirer notre mise au ban de l'Europe), l'application de notre programme fera obligatoirement exploser le carcan des traités. Cela entrainera de nouveaux bouleversements car d'autres pays suivront le mouvement en le renforçant. La reprise en main de la monnaie par exemple ne pourra pas se faire en 5 minutes sans garder la monnaie euro, au moins pendant une période transitoire. De plus la fragilité des systèmes bancaires et le ras le bol des peuples pourraient démarrer ce grand retournement avant que nous soyons au pouvoir, ce qui signifie qu'il nous faut également réfléchir et anticiper la manière de prendre en marche le train de cette révolution qui adviendra obligatoirement, que ce soit le fait de peuples en colère ou l'écroulement sur lui même d'un système à bout de souffle.

  14. robin des voix dit :

    @rayana
    Comme quoi après discussion nous sommes d'accord sur tout et je crois à ta deuxième supposition "le ras le bol des peuples pourraient démarrer ce grand retournement avant que nous soyons au pouvoir". Ce qui mettrait tout le monde d'accord encore.C'est sur les ruines que se rebâtit l'avenir des peuples et comme toujours.Il faut rester crédible.
    Fraternellement.

  15. Jean-François91 dit :

    Le débat sur l'euro et sur le carcan libéral européen (qui s'apprête maintenant à nous lier un peu plus serré à la globalisation made in USA), ce débat prend de l'ampleur et c'est bien ainsi. Le tabou européen traverse toute la société, et il traverse aussi nos rangs, ne l'oublions pas ! Entre le maintien avec désobéissances multiples (génératrices de crises politiques nécessaires) et la sortie pure et simple, aucune stratégie n'est évidente ni simple à mettre en œuvre, toutes ont un coût élevé. C'est pourquoi tous les scénarios doivent être étudiés de près, la désobéissance ne devant pas exclure une sortie à terme.
    Le point positif c'est que le débat, qui divisait la gauche grecque (entre Syriza et le KKE, mais aussi parfois à l'intérieur de Syriza), arrive maintenant en Allemagne chez nos amis de Die Linke, où les tabous sont sans doute les plus forts (mais ne fanfaronnons pas !) et en Italie.
    Après Jacques Sapir, qui examine les scénarios de dissolution de l'euro et leurs conséquences, c'est aujourd'hui Frédéric Lordon qui estime que « le temps de la patience est terminé » et qui plaide « pour une monnaie commune [mais pas unique !] sans l’Allemagne (ou avec, mais pas à la francfortoise) ». Deux lectures très stimulantes pour garder la tête froide quand notre patience est à bout.

  16. citoyenne21 dit :

    De toute façon, qu'on y reste ou qu'on en sorte de l'euro, il y aura du fardeau à porter, c'est inévitable. Selon la configuration, faut juste être prêts tant pour l'une que l'autre des issues. On n'ignore encore vers quoi on sera obligés d'aller mais tout envisager serait le mieux et le montrer clairement pour qu'une majorité de gens ne suivent pas la Le Pen aveuglément, juste pour une question de sortie de l'euro qu'elle revendique prioritairement (sans en mesurer les conséquences négatives en ce qui le concerne) et pour laquelle nous apparaitrions comme trop tièdes et non préparés !

  17. carlo dit :

    @ ermler
    Pourquoi une Europe sociale serait-elle forcément une illusion ? Et qui vous dit qu'une sortie brutale et unilatérale de l'euro ou de l'UE ne serait pas une illusion pire encore ?

    Ces deux possibilités ne sont pas du tout à mettre sur le même plan. L’Europe sociale implique une modification des traités et donc l’accord de tous les pays européens, notamment celui de l’Allemagne de Merkel et du SPD de Schroëder. La sortie de l’euro (ou la désobéissance aux traités) ne dépend que de nous. Que veulent les électeurs ? Que leur vote puisse influer sur la situation de leur pays tout de suite, ce qui n’est pas le cas si le changement est subordonné à l’adoption de nouveaux traités européens. Au demeurant, qui ne voit par exemple qu’un SMIC européen n’est envisageable qu’à l’horizon de 30 ans, le temps que les économies européennes convergent et moyennant des transferts de charges auxquels certains pays européens ne sont pas prêts à consentir?

    Bien sûr que je n'attends rien de l'UE actuelle et de ses bavardages socio-libéraux.
    Mais il est plus déraisonnable encore d’attendre quelque chose d’une UE qui n’existe pas et dont on ne voit guère, dans le contexte actuel, comment elle pourrait se dégager des bavardages libéraux.

    Imaginez que ce pouvoir, au lieu de claquer la porte de l'UE, exige une renégociation immédiate de tous les traités et, en attendant, décide de désobéir à toutes les dispositions des traités qui empêchent l'application de son programme
    Mais si nous faisions cela, comment réagirions-nous ensuite face à des pays qui, mécontents de cette Europe sociale que nous serions enfin parvenus à mettre en place, décideraient à leur tour de désobéir à toutes les règles qui ne leur plaisent pas (par exemple en refusant d’instaurer un SMIC européen, de taxer la fortune etc.) ?

  18. jeannine dit :

    Franchement ça devient lassant ce questionnement permanent sur l'écriture ou le style de communication de notre hôte et ça chacun avec le mode d'expression de son propre parti. Les uns pour plaire a tout prix, les autres pour ne pas déplaire aux voisins, certains par gout personnel pour tel ou tel comportement au quotidien, mais tonnerre de tonnerre il vous demande quelque chose! Faut-il qu'il demande aussi au quotidien ce qu'il doit dire ou faire ? C'est usant a force ces gens qui veulent faire a tout prix de Mr Mélenchon le modèle vu par leur propre regard. Usant, flippant et... ridicule.

  19. pascal des landes dit :

    @robin des voix
    C'est une question que je pose au 96. L'Europe ne se résume pas à Maastricht, et encore une fois c'est moins la monnaie ou la BCE qui sont un problème, que la façon dont ils sont gérés depuis 20 ans, et ce qu'on en a fait. Ce sont tout bonnement les instruments de l'ultralibéralisme, et aussi des patrons et banques allemandes, qui ont fait d'une pierre deux coups. D'une part ils ont trouvé le moyen de faire fortune sur le dos de la réunification allemande, mais encore, ils ont longtemps justifié intérieurement le dumping social par cette nouvelle unité nationale. A l'inverse on pourrait avoir un retour à la monnaie nationale, avec une monnaie non plus unique et commune, cela ne changerait rien si nous n'avons pas une banque centrale pilotée politiquement, sous contrôle du politique et que nous dégageons les pouvoirs de toute responsabilité politique. En d'autres termes, il est devenu urgent de fédérer les luttes à travers l'Europe afin d'imposer une négociation de type Grenelle avec les partenaires sociaux, les gouvernements pour définir un contrat social européen et politique. La monnaie, la BCE en feront parties, puisque ce sont les instruments de remise à niveau des rapports entre travail et capital, salaire valeur produite, etc. en bref ce sont les outils de l'humain d'abord. Les pays du sud de la zone euro, où la gauche proche du FG monte en puissance, constituent la majorité de la population de cette zone. C'est là qu'une stratégie commune et des outils communs de pouvoir peuvent payer. C'est par ces outils que nous pouvons jouer sur une inflation maitrisée, une dévaluation de l'euro et par là émanciper de la dette états-PME-citoyens, financer l'écosocialisme qui dans un seul pays est moins intéressant. Personnellement, je pense que la discussion doit être approfondie et publique avec les linke sur ces points précis.

  20. vm dit :

    J'approuve tout à fait Jean-François91 (13h26).
    Après avoir lu F. Lordon et les autres, même sans être spécialiste d'économie, on peut comprendre que économiquement, l'Europe et l'euro actuels sont indéfendables. De plus, un gouvernement européen fait de technocrates libéraux, comme le propose Hollande à la suite de la droite allemande, ne ferait qu'accentuer la malfaisance du capitalisme financier. Cela reviendrait à retirer nos dernières défenses contre les requins venus de tous les océans de la planète. Mais politiquement, on ne peut pas prévoir de façon sûre par quelle voie on a les meilleures chances de sortir de cette situation par le haut, ni quels événements surviendront entre-temps, favorisant ou retardant la remise en cause souveraine de notre rapport à cette Europe. Je pense aussi qu'il ne faut pas non plus adopter une attitude uniquement électoraliste et simpliste comme celle du FN (qui ne fait que surfer sur le mécontentement général) sous prétexte de lui prendre des voix. La seule solution dans l'immédiat me semble être encore une fois dans nos efforts d'explication et d'éducation populaire en toutes occasions, en reliant la question de l'Europe à celle du GMT si clairement exposée par JL Mélenchon. C'est là ce qui nous oppose à toutes les droites décomplexées et complexées, le P(arti) S(olférinien) n'est plus qu'une DC, comme dit Lordon, qui restent si évidemment du côté des patrons, des privatisations, de l'économie de l'offre, et finalement des banques et des actionnaires tant étatsuniens qu'interlopes. Il faut inlassablement rappeler que le NON au TCE a été trahi par les poiiticiens de tous bords, et en même temps, que seule une politique ouvertement anti-capitaliste, par et pour le peuple tout entier, peut trouver les solutions économiques et monétaires les plus favorables.
    Proverbe grec moderne : vlépondas kai kanondas : "agir en regardant toujours où on met les pieds"...

  21. robin des voix dit :

    @Pascal des landes.
    J'aime bien te lire et je te trouve agréable mais sur ce sujet je vais te dire un truc. Moi j'ai toujours voté non à cette Europe. Depuis 20 ans je ne pense pas avoir eu tort de le faire car cela donne le vertige à Mr Mélenchon cela veut signifier que l'on est tout prêt du vide ? Comme je n'ai pas voté le Hollandisme dont je vous donnerai modestement la définition encyclopédique pour bientôt. Au contraire nous les non on a fédéré plutôt que régresser et à juste titre au vu au su de ce à quoi on assiste. Je préférerai me tromper et avoir tort qu'avoir raison et voir mon pays souffrir comme pas permis maintenant. Mais s'il faut croire aux lendemains qui chantent pourquoi pas, c'est pas encore mon point de vue. On est même pas capables de s'entendre en France, alors je crois difficile toutes associations qui n'a eu de but que de nous contraindre plus encore que ne l'a fait nos politiques nationales durant ces 50 dernières années. Il faudrait aussi faire disparaître ces institutions méprisantes de hauts fonctionnaires bons qu'a sévir chez les autres mais pas chez eux. Qu'ils commencent d'abord à se serrer la ceinture. Je n'ai jamais rien touché de cette Europe et je n'ai eu aucun avantage avec elle. Et je resterai libre de mon opinion et je respecte la tienne qui peut être validée à de nombreux égards. Je crois ne pas être le seul dans ce cas et à gauche.

  22. Lucas Pouvreau dit :

    Il y a t-il un quelconque moyen de consulter le texte présentant l'accord ? Nous pourrions le traduire pour le diffuser plus largement, les gens auront toujours un scepticisme s'ils ne sont pas de notre bord en lisant nos interprétations, et ont le droit de connaître son contenu !

  23. cata dit :

    Ben non, moi je ne suis pas d'accord du tout avec pascal des landes d'où mon post précédent. J'ai l'impression qu'en poussant son raisonnement, on peut-être pour le nouveau traité transatlantique, puisqu'il nous permettra d'être plus solidaire avec les travailleurs américains. Ce qui revient à laisser progresser les lois ultra-libérales dans l'espoir de faire progresser des idées plus humanistes...Et non cette monnaie n'est pas la mienne, j'ai aussi voté contre, elle n'a pas beaucoup de sens dans une zone géographique regroupant 27 pays aux cultures/industries différentes. Elle est un bien pour l'allemagne, une calamité pour quasiment tous les autres pays (j'exagère, je sais, le luxembourg va bien). Actuellement l'essentiel de l'énergie des gvnts européens est axé sur la sauvegarde de l'euro, tout ceci dans une ambiance de concurrence économique intra européenne, (avec l'espoir que bientôt on pourra mettre en concurrence les régions entre elles, voir les mégalopoles), de dérèglement climatique à venir, de crise énergétique à venir... bref, super! On,est vraiment dirigé par des gens très compétents. Les mêmes depuis 40 ans, globalement. Ils ont tout foiré (de l'europe, à l'euro, et à tout le reste), allons encore plus loin dans le foirage, avec eux!

  24. jpp2coutras dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon pour cet éclairage pertinent (qui rend vraisemblables les analyses complotistes comme bain réel dans lequel on veut nous noyer). Il est plus que grand temps de chasser les marchands du temple. Ils en sont presque à danser sur l'autel en secouant le nabuchodonosor de champagne! Vite quelques "christ" intégralement laïques pour faire le ménage et virer cette engeance dégénérée du démon capitaliste. Le balai suffira-t-il? Ou sinon nous allons le tirer par la queue, le diable.

    @110-lemetayerv et pascal_landes
    Vrai, la monnaie se révèle un outil éminemment politique pour une europe des peuples. Monnaie locale, vertueuse, ou carrément virtuelle comme dans certains jeux informatiques ? Autre solution récurrente (cf le monde diplo de ce mois), créer un revenu de base pour chaque citoyen en Euros-francs utilisables seulement en France et convertibles en euros (1 EF= 1€ pour un dixième du total, par ex.), via une caisse de crédit national qui gère le global. Les sommes, allouées via numéro de sécu nominalement, moitié pour les enfants en dessous de 16 ans, plein pot pour les adultes, plus 50% pour les plus de 60 ans (retraites réajustées corrélativement). Ce revenu sert d'unité de base aux rémunérations (de 1 à 20 fois; au delà on taxe à 80% ou en totalité). On entraine d'autres pays à faire de même et on rattache ces unités d'échange à une devise commune avec les diverses communautés du monde(BRICS etc.) et on rééchelonne tous les 15 du mois les valeurs par rapport à la devise commune. Cela enfoncerait des coins dans le chateau de cartes de l'euro-billet vert, qui semble plus que fragile, même à un non-spécialiste comme moi! et si l'euro-dollard foire le relai est tout prêt, crédits aux PME/tpe compris.

    @108_phiphi biker
    Déjà observées ces images subliminales qu'on peut voir au replay. Confirme la propagande des médias officiels. Le balai n'y suffira pas. Faut la tornade rouge de l'humain d'abord du sol au plafond !

  25. thersite69 dit :

    Je n’ai aucune compétence en économie, mais je suggère que la sortie ou non de l’euro n’est pas le problème principal, à notre époque, qui a dépassé la phase (dont nous avions l’expérience) d’automatisation dans l’industrie pour une nouvelle phase technologique de robotisation avec logiciels intelligents. Dans cette logique technicienne nouvelle les capitalistes n’auront plus besoin de louer les bras et le savoir faire technique de salariés dans la production industrielle. Or c’est là que se produit la richesse, le supplément de valeur ou de productivité qui était jusqu’ici partageable socialement. C’est pourquoi je regrette qu’on fasse des pronostics sur l’opportunité de telle ou telle monnaie et taux de change, etc… alors que la question du futur c’est bien plutôt celle de la propriété des moyens de production : plus les gains de productivité dépendent de la technologie, moins on n’a besoin d’un collectif nombreux de travailleurs. Ce n’est plus la richesse produite qui demande à être partagée, mais la propriété des moyens de production qu'il s'agit de reconsidérer! Je trouve que nous ne mettons pas assez cette revendication au premier plan de nos réflexions : C’est cette question qui nous distingue de la droite, autant que des solutions sociaux-démocrates.Socialiser seulement ou au moins ce qui résulterait de la croissance, cela a-t-il encore un sens ? Voilà la question à poser aux gens…. celle de la propriété des moyens de production.

  26. Jean Jolly dit :

    N’oublions jamais qu’un grand nombre d’oligarques influents actuels sont ou furent des "young leaders" de la FAF (French-American Foundation) née en 1976. Qu’ils soient politiciens, affairistes, journalistes ou économistes ils sont tous des libéraux convaincus, donc y compris du PS. Personne ne me fera croire que le GMT tombe du ciel et soit ignoré par les médias sans que la FAF n’y ait une quelconque responsabilité, la liste des français appartenant à ce lobby est assez parlante et beaucoup ont côtoyé le club " Le Siècle ", disons par pure coïncidence pour ne pas être mauvaise langue.
    Il est à noter que le monarque républicain actuel y figure ainsi que quatre de ses ministres (Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem), le hasard faisant bien les choses comme chacun le sait. Une belle brochette en vérité. Ceux qui pensent qu’ Arnaud Montebourg serait un gauchiste défendant les intérêts des salariés se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude, il dit de belles choses et fait tout son contraire, il n’est là que pour amuser le peuple et faire croire que le PS est toujours de gauche.
    Voici un article qui éclaire sur le lien entre la FAF et le "Grand Marché Transatlantique", les intérêts mutuels semblent partir de bons sentiments mais il est indispensable de regarder ceux-ci sous l'angle du libéralisme-esclavagiste.

  27. cata dit :

    "Dans cette logique technicienne nouvelle les capitalistes n’auront plus besoin de louer les bras et le savoir faire technique de salariés dans la production industrielle."

    Connais-tu les imprimantes 3D, les logciels libres, les problèmes de propriété intellectuelle, de brevets etc. Il n'est pas exclu, que monsieur tout le monde n'ait plus besoin des industriels un jour. Dans l'immédiat un de nos problème est que nous n'avons plus d'industrie de pointe (hors Airbus, pour combien de temps). Et ça n'est pas le tourisme ou le service aux personnes agées qui remplacera les technos de pointe.

  28. vtt77 dit :

    Je suis très impliqué dans le milieu associatif, comment voulez vous que l'on fasse progresser nos idées au regard de ce que certains écrivent dans ce blog. Je zappe systématiquement les bloqués du cul, les y'a qu'a, les supposés donneur de leçons, ceux qui se donnent comme mission de conseiller JL. Pour moi ce blog est un enrichissement personnel, et je hais les gens qui ont un ego surdimensionné.
    Vive l'Humain d'abord.

  29. thersite69 dit :

    @cata 128
    [Avec les nouvelles technologies] il n'est pas exclu que monsieur tout le monde n'ait plus besoin des industriels un jour.

    Bonjour. D’accord, ces technologies nouvelles devraient changer dans l’avenir les rapports au travail, etc. Mais qui peut dire comment sera l'avenir? Je voulais seulement pointer le fait que, actuellement, le capitalisme a de moins en moins besoin du travail d’un grand nombre de personnes dans la production industrielle, encore essentielle. Le chômage va croissant parce que les détenteurs des capitaux préparent leur reconversion technologique sur le dos des salariés et en détricotant toutes les mesures sociales antérieurement consenties, et absolument pas parce que les salaires et les dépenses sociales étaient et seraient encore trop élevés pour que nous soyons compétitifs. C'est un argument contre les solfériniens et les traités européens que monsieur tout le monde peut comprendre.

  30. pascal des landes dit :

    Merci à toi robin. Pour être clair, j'ai voté pour Maastricht et contre la suite, comme beaucoup en fait. Si j'ai posé la question l'autre fois, c'est que non seulement il ne faut pas continuer de se faire enfler sur le plan de la déréglementation et le reste, mais il ne faut pas non plus se retrouver dans une situation où l'Europe se retrouve dans la situation d'avant 1914, avec la poudrière des Balkans, et la situation non maîtrisé au proche orient dès la frontière turque. En clair, Maastricht c'était aussi priver l'Europe de toute politique étrangère cohérente, y compris chez elle ou à sa porte. On voit également qu'un pays européen peut devenir fasciste sans être exclu. Il ne faut donc pas négliger l'idée que non seulement, on pousse à la déréglementation, à l'austérité, à la misère, à l'ignorance, puis, si cela ne suffit plus, à la boucherie d'abord sous la forme de guerres civiles, puis sous la forme de guerres. Le GMT porte certainement cela également en lui. Pour l'Europe ce sera le désert, la réserve ou le champ de ruine suite à une guerre. L'Europe, celle des peuples des prolétaires unis, c'est la paix si une organisation de militants, et un réseau d'organisations européennes tape du poing sur la table. Première urgence, un parti de masses et de militants. il n'y en a plus en France. Deuxième urgence, fédérer tout ce qui peut l'être sur une plate forme simple contre l'austérité, pour un politique de relance, pour la reprise en main des outils monétaires et de crédit, en premier lieu la BCE. Des institutions démocratiques, compatibles entre elles, ce qui exclu qu'une bande de technocrates s'arroge des pouvoirs hors légitimité populaire. La confrontation sociale est à organiser, pacifiquement mais avec détermination et méthode. Le débat doit avoir lieu. Quelle route prendre, pour mettre le programme en oeuvre, l'humain d'abord.

  31. le Prolo du Biolo dit :

    "Sortir de l'Europe".
    Et sinon, quand on est contre la politique de Mr Hollande, il faut aussi sortir de la France ?

  32. citoyenne21 dit :

    Le Prolo du Biolo (133)
    Pourquoi diable sortir de la France ? Il faut juste sortir le fossoyeur !

  33. Ghc dit :

    @Pascom 35
    C'est vrai ce que vous dites, c'est mon deuxième commentaire en 14 mois de lecture. Et fidèle depuis un an et demi, C'est grâce a vous que je m'informe.
    Ghc, Nlle Caledonie

  34. Alain Tétart 60150 74 ans dit :

    127thersite69 à 18h14
    Je n’ai aucune compétence en économie, mais je suggère...

    Comme ceux qui conduisent leur voiture, tu n'es peut être pas un as du volant mais tu sais conduire, donc tes compétences sont réelles comme beaucoup d'entre nous ! "Le bon sens paysan" sert de base à beaucoup de réflexions en économie comme ailleurs. Alors je te rejoins comme je rejoins le "pascal des landes" que j'aurais aimé rencontrer durant les dix années où j'habitais à Solférino, et comme lui je dis bien que l'on ne peut pas vouloir faire l'Europe et son contraire, la monnaie commune me paraît indispensable, et même si on a mis la charrue avant les boeufs, il faudrait trouver une règle économique qui maîtrise ce produit qu'est l'argent. La nationalisation des circuits bancaires via la banque de France me paraît être la première chose intelligente à faire ! Quand je vois une publicité de la BNP qui se vante d'avoir prêté 10 milliards aux entreprises cette année sur lesquels elle va se goinfrer un 5 % d'intérêts minimum alors qu'elle n'aura emprunté à la BCE qu'un milliard pour laquelle elle n'aura pas payé d'intérêt mais qu'en plus la BCE lui donnera une prime pour faire la création de cette liquidité, je me dis que les banquiers sont des bandits et que c'est ces gens là qu'il faut commencer par sortir du circuit. Il faut voir comment tu dois te mettre à plat ventre et à poil pour obtenir un crédit de n'importe quelle banque. Emprunter est devenu pour le commun des mortels la ruine morale de toutes les familles dans lesquelles un rejeton veut s'en sortir en créant une entreprise et pourtant avant de faire du pain il faut bien que le boulanger achète un four, un pétrin, une rouleuse et tout le matériel avant de faire sa première fournée. Avant de prêter un euro les banquiers font l'inventaire de toute la famille pour voir ce qu'ils auront à manger quand ils décideront de liquider le petit entrepreneur qui traversera...

  35. carlo dit :

    @Le Prolo du Biolo
    Et sinon, quand on est contre la politique de Mr Hollande, il faut aussi sortir de la France ?

    Non, il faut s'affranchir des règles inscrites dans les traités européens qui nous interdisent de mener une politique économique alternative à celle de FH et de NS. C'est la raison pour laquelle Jean-Luc Mélenchon dit qu'il nous faudrait désobéir aux traités européens. Mais ne soyons pas hypocrites, désobéir aux traités -et ne pas tenir nos engagements- entraînerait l'implosion de la zone euro. Notre discours n'est pas crédible car nous voulons parler à la fois comme le PS (en invoquant une Europe sociale alors que le processus de construction européenne nous contraint à remettre en cause les avancées sociales réalisées depuis la fin de la dernière guerre) et comme le FN (en disant que nous allons reconquérir notre souveraineté et ne nous soumettre qu'aux règles européennes qui nous conviennent).

  36. Guy-Yves Ganier d'Emilion dit :

    Chers co-lecteurs,

    Je m'en veux déjà d'étaler ma mal-comprenance sur un point aussi trivial, mais est-ce que quelqu'un a une explication sur ce bout de phrase de notre hôte (antépénultième paragraphe): "Il est vrai qu’il est nul à chier, si j’osais le dire. Un petit « pet’ » et on s’en taperait cinq.". J'ai beau le tourner et le retourner depuis hier, je n'ai toujours pas la moindre idée de ce que ça signifie, ni même à quoi ça se rapporte. Merci par avance de votre indulgence...

  37. Leporati dit :

    Le même jour, triple palmes font de l'ombre au Rassemblement-des-Invalides-homophobes. Symbole encourageant dans notre détermination de faire échouer le Grand Marché Transatlantique.. L'exception est culturelle et la règle, humaine. d'abord !

  38. Roland011 dit :

    @124 Lucas Pouvreau 26 mai 2013 à 17h38
    "Il y a t-il un quelconque moyen de consulter le texte présentant l'accord ? Nous pourrions le traduire pour le diffuser plus largement,... "

    Ben voila, Il a été mis en ligne par le site insidetrade.com

  39. Roro 19 dit :

    Je ne reviendrais pas sur ce qui a été dit sur le CNR, mais mon analyse n'est pas que la bourgeoisie ait consenti à céder des avantages. Le rapport des forces était tel que certains ont fait profil bas. Pour ne parler que des communistes, ils étaient très bien représentés au CNR. En tant que tels, puis au titre du Front national (de la résistance), des FTP, de la CGT.

  40. jnsp dit :

    Souvent je me pose la question de savoir pourquoi "le peuple" fondamentalement majoritaire amène au pouvoir des gens qui ne vont pas le défendre. M. Leporati votre courte remarque pourrait constituer une partie de la réponse.
    Vous vous réjouissez que les triples palmes fassent de l'ombre au "rassemblement homophobe des invalides". Vous pensez donc que notre bien aimé président devrait tenir compte des manifestations nombreuses du FdG mais pas des autres. Même si elles heurtent ce que je pense, ces manifestations reflètent quelque chose et il n'y a pas que la droite qui est représentée dans ces manifs. Vous oubliez que c'est le même système des "parfumés" comme dirait JL Mélenchon qui défend l'ultralibéralisme, l'Europe non démocratique, le baisse nécessaire du coût du travail et la loi sur le mariage pour tous, ça devrait au moins poser quelques questions.
    Comment le Front de gauche peut il espérer devenir majoritaire s'il exclut de fait toutes les minorités qui s'opposent à la politique actuelle ?

  41. jeannine dit :

    @Guy-yves Ganier-d'Emilion 138
    Si je peux apporter ma modeste contribution a votre compréhension de l'incroyable humour de notre hôte, je le fait volontiers et n'y ai aucun mérite, car je me régale a cette re-lecture.
    Reprenons "Si j'acceptais de hurler avec les loups on trouverais mon cri suave... Marie-Camomille et Jean-Patou... finiraient ils par m'avouer avoir écouté le tube trivial (vraiment très ironique) celui qui réjouit leur fils ainé, celui qui finit son année en section math-allemand, l'ilot de sérieux blanc (et paf!) au collège. Point. Il est vrai qu'il est nul a chier" (le fils ainé). Point.
    A ce moment là "un petit pet et on s'en taperait cinq" traduisons "un petit écart de langage et nous nous permettons de rire en catimini cinq fois".C'est dans les normes et les formes de ces gens là. Qui ? Les Marie-Camomille et Jean-Patou. Voila cher ami ce que moi j'ai compris et qui j'espère vous satisfera. Amicalement

  42. thersite69 dit :

    Salut camarade A Tetart 136 !
    Nous sommes d’autant plus d’accord entre nous que nous avons vécu l’un et l’autre le démantèlement patient du programme de CNR et les progrès technologiques. Comme il n’y aura plus jamais la facilité d’emploi industriel dans les usines que nous avons vu disparaître partout et que nous avons connu, comme l’on ne bâtit pas une économie socialement équilibrée sur le tourisme et les services (dit Cata 129 avec raison), il faut entreprendre, mais au plus prés des gens, relocaliser, et alors ce que tu dis sur les banques est une politique obligée : l’état doit reprendre la main sur les investissements. Mais dans un tout autre esprit que le centralisme que nous avons connu, et avec de tous autres objectifs qu’un dirigisme étatique. Mais je précise que je suis un nostalgique de la "nouvelle gauche " de ma jeunesse, celle qui critiquait déjà l’économie de « à chacun sa machine à laver », préconisant plutôt une laverie collective d’immeuble ou de quartier en prévoyant des locaux de partage du lien social. Ainsi aujourd’hui des fablab et des ateliers de réparation auxquels pense Cata.

  43. madmarx dit :

    Bonjour à tous et merci une nouvelle fois pour ces éclairages.
    Mon intervention ici est pour poser deux questions. La première a déjà été évoquée au fil des différents billets publiés ici, mais sauf erreur, n'a pas eu de réponse. Où est passé Jacques Généreux ? Son expertise et ses analyses sont essentielles dans la mission d'éducation que s'est donnée pour mission le front de gauche, or il semble avoir disparu des radars, son blog n'est plus mis à jour depuis 1 an et ses apparitions sont plus que rares. Il ne serait pas inutile qu'il puisse également nous parler (entre autres) de l'Europe et du GMT sous son angle de vision.
    Deuxième question, peut être non attendue ici, et c'est justement sa raison d'être afin de connaitre les positionnements de chacun, de Jean-Luc Mélenchon et du front de gauche en particulier. Que pensez-vous d'un revenu de base inconditionnel, avec tout ce que cela sous-entend quant à sa mise place (je pense notamment au film de Daniel Häni et Enno Schmidt qui traite du sujet). Ne serait-ce pas un pas supplémentaire vers l'émancipation des individus et leur rapprochement ? Hors sujet ? Impensable ?

  44. COLLONGE Maddy dit :

    Je me suis régalée autant par la lecture du billet que par quelques commentaires de celui-ci, dont les explications de Jeanine à Mr Ganier-d'Emilion. Au moins, pour une fois j'ai pu rire mon saoul, tant la situation est éclairée.
    Soyons sérieux, le reportage en deux émissions samedi et dimanche consacré à Jean Moulin et son secrétaire Daniel Cordier était une pure merveille, qui mettait aussi en lumière les discordances des chefs de réseau qui ne voulaient pas du CNR. Rien ne change à notre époque. Pourrait-on manger son partenaire ?

  45. Guy-Yves Ganier d'Emilion dit :

    @ Jeannine

    Ah ôôokay! Merci pour cette exégèse, je suis soulagé. Ça devait être le "pèt" qui me bloquait... (pour rester raccord ;-)

  46. thersite69 dit :

    Pour le texte dont Jean Luc fait la critique auquel on souhaite avoir accès il a déjà été ici mis en lien dans sa traduction française.

  47. alinber dit :

    @Guy-Yves Ganier d'Emilion
    Comme quoi la communication reste un art difficile quel que soit le vocabulaire employé et la maîtrise du verbe de l'émetteur. Tchao Pantin ! je ris en catimini.

  48. Assez de l'UE dit :

    Je vois que certains préfèrent prendre le risque de porter le FN au pouvoir pour défendre jusqu'au bout une Europe sociale, à laquelle la classe ouvrière ne croit plus et des économistes de renom tels que Sapir, Nikonoff, Lordon non plus. Pour ma part, j'ai franchi le stade de l'exaspération, et je préfère me tourner vers les discours du M'PEP et du PRCF, qui se bat pour la sortie de l'UE depuis 2004 contre le venin et les calomnies de socio-démocrates en habits gauchistes.

  49. Antraigues dit :

    Le parlement Européen fustigeant les paradis fiscaux, les "états voyous", etc. quelle plaisanterie ! Alors même que de nouveaux paradis fiscaux voient le jour en Europe. Le Portugal, par exemple, où depuis début 2013, les pensions de retraite perçues par un étranger s'installant au Portugal peuvent être totalement exonérées d'impôts sur le revenu.

  50. Ouilya dit :

    @143 jeannine à 11h22
    "un petit pet et on s'en taperait cinq"

    Bonjour Jeannine, s'en taper cinq à ma connaissance, c'est se taper la main sur les cuisses, donc bien rire, les cinq étant les doigts. Mais finalement, nous arrivons au même résultat.
    Bonne lecture.


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