03juin 13
Un peu moins d’un mois après le rassemblement géant contre l’austérité et pour une VIe République, le 5 mai place de la Bastille à Paris, le Front de Gauche organise une série de « répliques » ce week-end dans plusieurs villes de France. Jean-Luc Mélenchon participera aux manifestations de Toulouse aujourd’hui, et de Perpignan demain.
Fin avril, les chiffres du chômage en France battent de nouveaux records. La politique d’austérité que vous dénoncez est-elle en cause ?
C’est bien sûr la confirmation de ce que j’annonçais pendant la campagne pour la Présidentielle, et de ce que je répète depuis qu’en Europe et en France, les gouvernements utilisent l’austérité comme seul remède à la crise. Il faut se rendre à l’évidence : la contraction des dépenses publiques produit la récession, une dépression généralisée qui se traduit notamment par une nouvelle dégradation de l’emploi. Le voisin allemand lui-même est prêt à basculer dans la récession. Ce qui me fait dire 1000 fois hélas ! que la situation ne va pas s’améliorer mais au contraire s’aggraver. Pourtant de nouvelles purges et saignées supplémentaires sont déjà programmées.
Dans ce contexte, misez-vous, après la démonstration de force de la Bastille, sur une nouvelle mobilisation citoyenne record ce week-end ?
Revenons sur le rendez-vous du 5 mai. J’avais senti que ce que nous avions construit pendant la Présidentielle ne s’était pas dissous, comme s’il s’était agi simplement d’un champignon électoral. Si la Bastille constitue un outil de mesure de la mobilisation citoyenne, alors nous pouvons affirmer qu’elle a progressé, puisque nous avons fait mieux en mai — période de vacances scolaires à Paris — qu’en mars, où nous étions dans la dynamique de la campagne électorale. Nous avions alors le devoir de ne pas en rester là, d’autant qu’Espagnols et Portugais avaient lancé un appel européen contre l’austérité.
C’est ainsi que vous avez conçu les « répliques » organisées ce week-end dans plusieurs grandes villes de France…
Oui ! ….elle nous permettront de prendre à nouveau le pouls de la société. Face à une droite qui s’homogénéise et déplace vers l’extrême ses marqueurs politiques, et un gouvernement de “Solfériniens » aveuglés qui ont pris un cap libéral aussitôt le pouvoir conquis, le péril qui menace le peuple, c’est la peur et la résignation. Voilà notre principal adversaire et voici notre défi: serons nous capable de constituer une véritable alternative de gauche dans cette société en souffrance, mais qui n’est ni perdue ni condamnée?
La sortie de crise passe-t-elle forcément par l’abandon de la politique d’austérité que vous combattez ?
Il est urgent de changer de cap économique, comme il est nécessaire d’imaginer un nouveau cadre constitutionnel plus ouvert. C’est le sens de notre appel en faveur d’une VIe République et c’est la proposition que nous faisons aux Français désemparés et désorientés par la politique de Hollande. Comme en Amérique latine, en Espagne ou en Grèce, l’acharnement des « Solfériniens » dogmatiques conduit le pays vers l’explosion politique. Comme ailleurs dans l’Europe du sud, on approche des points de rupture. Je suis partisan d’une révolution citoyenne, car l’expérience démontre, hélas ! qu’il ne suffit de remplacer un gouvernement par un autre pour que ça change, Je un républicain: je m’en remet au suffrage universel. Les élections européennes sont donc notre prochain rendez vous pour régler les problèmes.
Vous avez choisi de participer à la « réplique » toulousaine ce samedi. Venez-vous confirmer la candidature d’une liste autonome du Front de gauche aux élections municipales ?
Je crois qu’en cohérence politique, nous avons vocation à être présents de manière distincte au premier tour de ce scrutin. La plupart des composantes du Front de gauche sont d’accord là-dessus, exception faite, me dit-on, de la direction départementale du PCF. Mais il appartiendra à l’état-major national communiste de trancher. En toute hypothèse, il y aura une liste « Sellin » à Toulouse dont il conviendra de déterminer l’étiquette en fonction, notamment, de l’issue des discussions engagées avec les écologistes. Je ne veux pas polémiquer et j’admets volontiers que le PCF est une force très importante au sein du Front de gauche. Mais ce n’est pas une raison pour considérer les autres composantes comme de vulgaires satellites ou des porte-bagages…
Propos recueillis par Lionel Laparade