17juil 13
Cette deuxième carte postale du mois de juillet prend l’allure d’une interminable lettre. Elle vous arrive de Lima au Pérou. Depuis que je m'y trouve je n'y ai vu qu’un ciel gris. Le bleu et le soleil n’ont jamais percé. Un petit crachin glacé est venu parfois donner l'impression que l'humidité mortelle de l'air se purgeait d'elle-même. En fait, ici, je me trouve dans l’hémisphère sud et c’est donc l'hiver. Les témoignages de l'an passé prétendaient qu'il n'y avait pas vraiment d’hiver ici. Erreur complète. On devine donc combien j'ai hâte de revenir en été. Ce sera chose faite quand je serai en Équateur, au moment où ces lignes seront publiées. De plus je ne suis pas certain de parvenir à m'accoutumer à ces petits tremblements de terre qui sans cesse agitent le sol de la capitale péruvienne. Encore moins depuis ce qu’on m’a dit. Les scientifiques prévoient, sans pouvoir dire si c'est pour demain ou pour dans cent ans, un événement qui atteindra le niveau huit sur l'échelle de Richter !
À présent, je raconte ma rencontre avec le président de ce pays, Ollanta Humala. Cela s'est passé samedi 13 juillet au palais présidentiel Plaza Mayor. Notre entretien a duré une heure et quart. Il m'a commenté les grands axes de la politique qu'il met en œuvre, analysé l'événement qu’a été l'interception de l'avion du président bolivien et la réponse qu’y ont apporté les pays de l'UNASUR dont il exerce la présidence. Du coup je n'avais plus envie de me faire démolir le moral en écoutant François Hollande le 14 juillet. Selon ce qu’on m’en a dit, je crois que j'ai bien fait. A la fin de cette très longue note je fais quand même un écart pour parler d’un beau livre et d’une histoire de Français dans ces parages. Une histoire bouleversante. Ma prochaine carte postale viendra de l'Équateur où je me trouverai déjà quand cette note sera publiée. Elle sera davantage historique car je suis aussi sur les traces des hommes et des femmes des lumières et de la grande révolution de 1789, ici dans le nouveau monde. Et par-dessus tout je dirai où nous en sommes de la construction du Forum Mondial de la révolution citoyenne qui se prépare en lien direct avec les équatoriens.
Dimanche matin 14 juillet, je me trouvais place de France à Lima pour la cérémonie des Français. Ici nous pratiquons sur une place publique et en grande solennité. Y viennent les enfants des écoles françaises, le corps de sapeurs-pompiers soutenus par la France, tous les responsables des diverses activités que les Français ont ici en matière de recherche et de développement ou de travail scientifique. Sans oublier les représentants des Français de l'étranger et leurs associations. Bien sûr les autorités péruviennes y sont fortement représentées. Au milieu de la place une statue de la Liberté, son flambeau à la main. On a chanté à pleins poumons la Marseillaise et l'allocution de l'ambassadeur de France a célébré l'universalisme français avec un mot de Montesquieu : « avant d’être français, je suis un être humain ». Bref, la France des lumières. Le soir venu, à la résidence de France, on a encore chanté la Marseillaise. La réception a été un énorme succès qui a réunis mille deux cent personnes. Parmi tous ceux qui se trouvaient là, toutes sortes de jeunes Français, étudiants, stagiaires, professionnels divers se trouvaient là dont un bon nombre de ceux qui sont venus au-devant de moi partagent notre engagement de valeurs politiques. On s'est retrouvé entre gens positifs, qui font des choses utiles et en sont fiers
L'honnête homme
Maudits embouteillages ! Lima qui m'était pourtant parue plus fluide que bien des capitales sud-américaines, ce soir-là s'était embouteillée. J'ai fini le trajet, que j'avais commencé en taxi, au petit pas de course, dans l'état de stress que l'on devine quand on abandonne son véhicule pour courir à un rendez-vous présidentiel avec un quart d'heure de retard déjà sur l'heure prévue. Le parcours à l'intérieur du palais entre les divers contrôles me permit de reprendre mon souffle et de faire bonne figure le moment venu. Au demeurant, le président Ollanta Humala sait mettre son monde à l'aise. Après un abrazo sans façon, et après m’avoir rappelé qu’on se tutoyait, on entra dans la conversation comme si on s'était quittés hier. La simplicité tranquille de cet homme est extraordinairement contagieuse. Il n'y a en lui ni pompe ni superbe. Et ce qu'il dit concentre toute son attention.
Je ne suis pas venu à sa rencontre pour vérifier des accusations et encore moins entendre une défense. Je m’intéressais à l’homme et à sa perception des problèmes et des solutions. La sympathie personnelle qu’il m’inspire au plan humain depuis que je le connais ne se dément pas. Et si je sais bien que cela n’a pas de valeur politique, il me semble néanmoins que cela a du sens. Je place l'élection de ce président dans la vague démocratique qui a couvert toute l'Amérique du Sud compte tenu des conditions dans lesquelles il a dû faire campagne et de l'adversité médiatique bestiale qui s'est opposée à lui. Je pense que notre privilège d’observateur engagé est de pouvoir écouter et observer des façons d'agir et de penser différentes qui nous apprennent beaucoup de toutes les manières possibles. Nous savons depuis le début que chaque pays connaît des processus de transformation différents. C'est pourquoi, dans le passé j’ai toujours refusé le prétendu clivage entre le « bon » Brésil et le « méchant » Venezuela. Il faut en faire de même dans le cas du Pérou et de son président par rapport aux autres pays de l'Alba ! D’une façon plus générale il faut que je répète ce qu’est à mon avis la bonne manière d’appréhender notre relation aux gouvernements de la vague démocratique d’Amérique du sud. L’enjeu n’est pas de les soutenir ou pas. Répétons-le : il n’y a pas de modèle pour nous. Seulement des sources d’inspiration. A partir de là nous ne devons « soutenir » aucun gouvernement, aucune personnalité ce qui reviendrait à nous identifier à eux et donc à en faire des modèles. Nous soutenons des politiques en particulier et nous participons à des campagnes de défense commune contre l’oligarchie, le parti médiatique et l’Empire. Notre esprit critique ne doit jamais désarmer, et pas davantage le devoir d’apprendre avec modestie de ceux qui sont en mode action ! Tant qu’on se parle, nous formons une même mouvance, ce qui n’interdit ni les débats, ni les critiques. En me recevant, moi qui ne suis rien, sinon le symbole d'une certaine gauche européenne, le président péruvien donne un signe de connivence et de volonté de dialogue avec nos forces politiques. Je ne l'oubliais pas au moment où nous nous fîmes un abrazo final et qu’il me fit l'amitié de me raccompagner en me tenant par l'épaule. Au moins puis-je dire une chose : c'est que sur le plan personnel cet homme est moins pusillanime dans ses relations que bien d'autres qui me tournèrent le dos sitôt que François Hollande fut élu ! Que ceux-là soient revenus depuis à de meilleures sentiments après avoir découvert le personnage peu fiable du président français ne me fait cependant rien oublier.
Pour situer l’état d’esprit dans lequel se trouve Ollanta Humala, je vais citer la comparaison un peu provocante qu’il m’a faite. « Tu comprends, me dit-il, c'est un peu comme ceux qui se passionnent pour le foot. Ils sont dans l'euphorie et l'enthousiasme du match à ce moment-là et ne se posent pas d'autres questions. Mais ensuite il faut rentrer à la maison et savoir si demain tu vas travailler ou pas, si les enfants vont aller au collège et s'il y a quelque chose à manger. Moi je me sens responsable de savoir si dans mon pays il y a du travail et s'il y a à manger». Je présente là les choses comme il me les a dites avec assez d'insistance pour que je me rende bien compte que c’est là une conviction très forte pour lui. À un autre moment, peut-être parce qu'il s'est souvenu de la personne à laquelle il s'adressait, il m'a dit : « l'idéologie c'est très important, bien sûr, mais ça ne doit pas remplacer le réel ». Je pense qu’il m’a dit tout cela parce que j’étais accompagné par un camarade de la gauche de son parti et qu’il a croisé dans la pièce attenante avant de me rencontrer dans ce salon particulier qui avait été prévu pour cela. Mais moi je n’étais pas venu faire des reproches. Juste me donner la chance de pouvoir parler de l’exercice du pouvoir avec un homme que j’estime et qui est dans la deuxième année de son accession au pouvoir sur nos bases politiques communes. Ça ne m’a pas empêché ensuite d’entendre aussi ce que m’ont dit les camarades du nouveau « Frente Amplio de Izquierda ». Ils se définirent : « c’est comme le Front de Gauche en France ». Eux attribuent la responsabilité de leur rupture avec la majorité présidentielle à Ollanta Humala. D’autres aussi sont venus me voir : ils participent aux élections en cours dans le parti du président en se définissant comme la gauche de ce parti. J’ai remis mon commentaire à plus tard, quand j’aurai le temps d’approfondir ce que j’ai entendu. D’une façon générale je ne me mêle pas des discussions qui opposent les nôtres là où je vais. Je vois tous ceux qui veulent bien me parler. J’enregistre ce qu’on me dit et ensuite je réfléchis en me demandant comment je m’y prendrais moi-même si j’avais à décider sur le sujet. C’est ma forme de réalisme gouvernemental : je me demande toujours comment nous devrions faire nous-même chez nous. L’étude des autres est donc un carburant précieux.
Je sais que Humala a dû souffrir quelques empoignades avec ses amis sans que ceux-ci aient su lui proposer un autre cadre d’action global si je comprends bien. J’ai connu cette situation en France en 1983. Nous réclamions alors à cors et à cris « l’autre politique » pour nous opposer au « tournant de la rigueur ». Mais aucun de nos chefs n’avaient la moindre proposition concrète dans ce sens. Je n’ai pas oublié la leçon. Si la radicalité n’est pas concrète ce n’est qu’un songe creux. Cela ne veut certainement pas dire qu’il faut en rabattre de nos ambitions mais qu’il faut les formuler avec un mode opératoire. C’est ce que nous avons voulu faire avec notre premier forum du parti de gauche intitulé : « gouverner face aux banques ». Le programme d’action qui s’en est déduit, le livre que Jacques Généreux a donné sur le thème (« nous on peut »), tout cela est notre réponse méthodologique au danger de l’abstraction futile. Je m’en tiens toujours fermement à cette ligne d’action. Je pense que notre tour viendra et qu’il faudra être prêt. D’ici là il faut agir, sans oublier d’apprendre, et d’écouter ceux qui peuvent nous aider à comprendre, a tous les niveaux.
L’action du nationalisme de gauche au Pérou
Voici donc ma synthèse de ce que j’ai compris de mon échange avec le président péruvien. Ici, il n’est question ni de rupture avec le capitalisme ni d’éco-socialisme. La politique du président Humala est celle d’un nationaliste de gauche. Il ne s’agit de rien d’autres que de donner a la communauté péruvienne, conçue comme un tout, son indépendance collective et personnelle. Cette position lui vaut la solide haine du parti médiatique qui l’accable ici comme le sont tous nos amis partout. Cela lui vaut aussi l’incompréhension de plusieurs secteurs de gauche et de sa majorité. Mais ce qu’il fait mérite attention et nous apprend aussi beaucoup de choses. A son sujet comme au sujet de beaucoup d’autres dirigeants et de beaucoup d’autres gouvernants de la vague démocratique il faut absolument renoncer aux vieilles habitudes mentales du passé qui voudraient voir partout ou bien des modèles ou bien des traitres. Ollanta Humala dans ses pires manques est dix mille fois plus à gauche que n’importe quel jour de la vie de François Hollande ou de l’un quelconque des membres de son gouvernement. Par de nombreux aspects de sa politique, il est aussi une source d’inspiration pour notre action.
Toute la politique mise en œuvre au Pérou repose sur la bonne santé de l'économie minière. Ce que l'on appelle « l'extractivisme » a donc encore ici de beaux jours devant soi. La croissance est de six points par an. La croissance reste un horizon indépassable pour nos gouvernements dans cette région. L'intensité de la misère à laquelle il leur faut arracher la société explique cette fixation. Je crois pourtant qu'il faut y ajouter quelque chose qui ne fait pas plaisir à entendre. Je veux parler du retard qui a été pris partout à gauche pour penser un modèle alternatif concret de production et d'échange. Ce genre de travail ne se commence pas quand on accède au pouvoir. Il faut l'avoir fait avant. Sinon tout ce qu'on peut dire ensuite reste des phrases creuses et abstraites que les urgences du quotidien renvoient toujours à demain. En regardant faire ce que fait le gouvernement Ayrault, on comprend plus facilement en quoi consiste le retard de prise de conscience de la vieille gauche. Dans l'Amérique du Sud, nos amis ont pris la direction de leur pays après une période terrible d'ajustement structurel imposé par le FMI. Une immense extension de la pauvreté et surtout de l'extrême pauvreté a été le résultat de cette période. La vague démocratique a d'abord été une rupture avec les politiques de coupes budgétaires et de privations dont le néolibéralisme est le prescripteur. Mais on ne doit pas perdre de vue que si cette urgence et la protestation contre elle ont permis de fédérer des mouvements sociaux et des électeurs de toutes sortes, pour autant, il n'a pas permis de formuler à soi seul un projet d'organisation économique réellement, c’est-à-dire complètement, alternatif. C'est pourquoi dans tous ces pays j'ai pu observer que la sortie de la misère, la formation d'une classe moyenne, l'extension de droits humains concrets, n'ont cependant fait remettre nulle part en cause les fondamentaux des modèles de consommation dominant. C’est un fait extrêmement important qui doit nous servir de leçon. Il ne suffira pas d'en finir avec les options politiques d'austérité et d'ajustement structurel qui dévastent l'Europe. Il faudra rompre aussi avec le modèle de consommation et d'échange. Il ne suffit pas d'en avoir conscience. Il faut se préparer effectivement avec des propositions concrètes et des modes opératoires. Sinon nous ne réglerons aucun des problèmes que rencontre aujourd'hui l'écosystème humain ni aucune des impasses existentielles que construit la société de frustration consumériste. Mais surtout si nous perpétuions les modes et les usages de la société de consommation néolibérale, nous reproduirons en même temps l'ensemble des valeurs et des comportements qui y sont attachés. Dés lors, la révolution citoyenne ne met pas seulement à l'ordre du jour la question du partage de la richesse et des formes de l'exercice du pouvoir. La définition et le contenu de cette richesse, l'objet du pouvoir à exercer et les domaines auxquels ils s'appliquent sont les dimensions qualitatives sans lesquelles le reste ne prend pas de sens de façon durable.
En tout cas, je dois préciser qu’Ollanta Humala ne fait pas de l'activité minière l'horizon indépassable de l'économie péruvienne. Il s'est réjoui de pouvoir me dire que, pour la première fois, le commerce compte davantage que la mine dans la contribution fiscale. Je comprends bien le circuit économique qu'il me décrit et j'admets que tous les plans du gouvernement dépendent de l'alimentation fiscale dont la source est dans les mines. Pour autant je ne sais pas quel est le rapport de force social et donc quelle est la proportion de ce qui est prélevé dans les mines qui revient dans les caisses de l'État. J'ai bien compris que Humala ne veut pas tuer la poule aux oeufs d'or. Il me l’a assez dit. J'ai trouvé qu'il avait tendance à reprendre à son compte des antiennes connues : il y a d'une part l'idéal et d'autre part le réel. Mais dans sa bouche cela ne m’a jamais semblé aussi plein de cette hypocrisie que l’on note sur ce thème en Europe où ce refrain sert de prétexte pour justifier que l’on ne fasse rien d’autres que de continuer « la seule politique possible ». J’ai lu que Manuel Valls avait réitéré son numéro sur ce thème en faisant l’apologie du « réformisme assumé » de François Hollande, pour faire semblant de recommencer le débat entre réforme et révolution qui a fait les grandes heures de ce type de droitier complexé. Aucun journaliste n’a eu l’insolence de lui demander de quelle réforme progressiste accomplie par François Hollande il parlait. Il est vrai que beaucoup de ses auditeurs ne comprennent même pas de quoi il est question, tout simplement.
J’en reviens à Ollanta Humala. Il ne se résigne sur aucun thème. Je l’ai trouvé très pointu sur bien des questions concrètes concernant les moyens d'agir. Son souci sincère est de parvenir à ce point ou l’activité minière ne sera plus l’alpha et l’oméga de la politique de ce pays. Du coup, il souligne avec beaucoup d'insistance ce fait que l'économie péruvienne ne dispose ni de cadres intermédiaires techniques ni d'ouvriers hautement qualifiés. Il voit bien quelle dépendance en résulte à l'égard du capital étranger qui s'investit au Pérou et amène avec lui des techniques que personne d'autre ne sait mettre en oeuvre. Je crois que les capitalistes concernés savent faire sentir par ce biais là que leur présence est indispensable. J’avais pu m'en rendre compte à l'occasion d'un voyage en Bolivie en rencontrant des professionnels du gaz et du pétrole. Ceux-là plaisantaient sur le fait qu’en toute hypothèse, nationalisation ou pas, les Boliviens ne sauraient pas faire les trous comme eux savent les faire pour sortir les matières premières. Du coup j’ai senti Ollanta Humala bien plus avancé dans la compréhension de l'importance de l'enseignement technique qu'aucun autre des dirigeants latino-américains que j'ai rencontré. Ni même que la plupart des dirigeants européens que je connais. À ce qu'on m'a dit c'est là un thème récurrent de ses interventions en matière d'éducation. Pour ma part je l'ai entendu faire plusieurs développements sur le sujet. Il m'a fait la démonstration classique pour prouver qu'une carrière technique assure un métier et qu'elle est souvent mieux rétribuée qu'une autre, plus généraliste. Il m'a dit qu'il voulait combler le fossé de ce manque « à marche forcée ». « Nous ne dépendrons plus de l'économie minière le jour où nous serons capables de faire autre chose », m'a-t-il dit. Il faut mesurer ce que ce propos a d'extraordinaire. L'enseignement technique et professionnel est la partie du système éducatif la plus méprisée et la moins connue des dirigeants de tous les pays du monde et davantage dans le monde latin que nulle part ailleurs. J’affirme que nous avons exactement le même problème de mépris de caste dans notre pays. Entendre le président du Pérou en parler comme d'une urgence absolue est pour moi un fait sans précédent. Ce n'est pas tout, sur le sujet.
À propos de la jeunesse, le plus grand problème pour lui, me dit-il, c'est cette énorme quantité de jeunes qu’il nomme les « ni-ni ». Ni étudiant, ni travailleurs. Il s'agit des jeunes qui n'étudient pas et qui ne travaillent pas. « Alors que peuvent-ils faire, me dit le président ? Rien, ou de la violence, ou de la délinquance ! Ou alors faire les fourmis pour le trafic de drogue. On leur met un sac sur le dos avec quelques kilos de drogue, ils mettent une capuche par-dessus et ils passent des jours et des nuits dans la montagne à essayer de traverser avec leur cargaison. Nous en capturons beaucoup. Vraiment beaucoup. Nous en avons déjà trois à quatre mille en prison. Et bien sûr ils ne sont pas condamnés à vie. Que veux-tu qu'ils fassent ensuite en sortant de la ? Ils retournent à la vie quotidienne et ils recommencent la seule chose qu'ils savent faire, de la violence et des trafics, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Nous préparons un programme de formation technique pour ceux qui seront volontaires. Ceux-là passeront leur temps de peine à étudier. Sinon quel avenir peuvent-ils espérer ? En Amérique du Sud, le phénomène des bandes de «ni-ni » qui se répartissent des territoires de délinquance est maintenant généralisé. C'est un fléau dont personne ne sait comment sortir une fois qu'il a commencé. Comment convaincre un jeune d'aller chercher du travail quand il peut gagner grâce au trafic de drogue davantage en une journée que son père en un mois de travail honnête ? Il faut régler le problème avant d'en arriver à la cartelisation des zones de délinquance. Il faut que les jeunes aillent directement au travail après leurs études. Pour ça il faut qu'ils finissent leurs études et qu’ils trouvent du travail. Ça c'est notre responsabilité ». Je partage complètement, cela va de soi. J'ai été heureux de l'entendre formuler ce diagnostic. Je sais que nous n’échapperons pas en Europe à ce qu’il décrit. D’une certaine façon je crois que cela est commencé en France et que la récession va précipiter le mouvement. Je n'ai pas relancé cette discussion. Je sais comme lui que le Pérou est devenu le premier pays producteur de cocaïne. Je sais ce qu'il m'en aurait dit et je sais aussi qu'il est sincère.
Je me suis renseigné. Les gens avec qui j'ai pu échanger attestent du fait que les autorités péruviennes au sommet de l'État et du gouvernement sont totalement déterminées et ne font aucun compromis avec le narcotrafic. Ce n'est pas si courant ! Au cours du premier semestre de l'année 2013, presque 300 laboratoires de production de pâte base de cocaïne ont été détruits ainsi que 529 puits de macération et trois pistes d'atterrissage clandestines. Plus de 10 000 hectares de surface de cultures de la coca ont été éradiquées. 10 tonnes de cocaïne ont été saisies et détruites. C'est bien, c'est spectaculaire. Mais ça ne suffit pas. Au Pérou sont produites 325 tonnes de cocaïne par an. Il faut comprendre ce qui se cache derrière ce chiffre, le défi que cela représente pour l'autorité de l'État et même pour la construction d'une société organisée. La culture et le commerce de la drogue pourrit tout ce qui l'approche et l'entoure. En 2011, il y avait eu 11 pistes clandestines d'aviation repérées par satellite. En 2013 il y en avait déjà plus de 75 repérées à la moitié de l'année. Ainsi de tous côtés l'État est mis au défi ! Son espace aérien, son espace fiscal, ses ports, sa jeunesse, les instruments de l'État comme la police, tout est rapidement contaminé. Sans oublier la dimension politique. Car 60 % des cultures sont actuellement sous le contrôle de la pseudo guérilla maoïste « Sentier lumineux ».
Cet aspect ne saurait être négligé. Le lien qui existe entre la culture et le commerce de la cocaïne et la prétendue guérilla « Sentier lumineux » n’est pas anecdotique ici. Il fait ressurgir le fantôme d’un passé qui a laissé un terrible souvenir : celui des années de guerre qui ont défiguré la société péruvienne pendant une décennie. Les gens que j'ai rencontrés, porte-paroles des associations de victimes, parlent de 70 000 morts et 4000 disparus. Comme je m'ébahissais du nombre des morts et du fait que cela se sache si peu, même de gens comme moi qui suivent l'actualité de l'Amérique du Sud depuis tant d'années, on me demanda de bien prendre en compte qui sont ces morts et ces disparus ! Au contraire de la situation du Brésil, de l'Argentine ou du Chili dans le cadre des meurtres planifiés par les dictatures et les nord américains avec le plan Condor, ici toute la bataille a eu lieu dans les campagnes. Les protagonistes dans tous les autres pays étaient urbains. Ils venaient de toutes les classes sociales, certes. Mais beaucoup étaient des cadres, des étudiants, des enfants de la classe moyenne. Ils avaient une voix, des relais et se firent entendre. Rien de tel ici. L'armée patrouillait dans les campagnes, le «Sentier lumineux » et le Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru de même. Les paysans étaient seuls devant eux. Tous seuls. « Tupac Amaru était mieux équipé, m’a raconté un témoin. Ils avaient des armes et certains étaient en uniforme. Ils fusillaient les gens qu’ils condamnaient. Les militaires aussi. Ceux du « Sentier lumineux » étaient plus pauvres, en haillons. Souvent ils n'avaient pas de chaussures. Ils tuaient les gens leur écrasant la tête avec une pierre ou en leur coupant la gorge avec un couteau ou une machette.» Il y avait aussi des attentats en ville qui tuaient les gens à l'aveuglette. Mais pour l'essentiel les victimes sont de pauvres paysans illettrés, sans relation, coupés du monde. Il y a une commission admirable qui a fait le décompte des morts et qui s'est efforcé de rétablir la vérité. Tant d'années après, évidemment, la société veut tourner la page. Il faut le comprendre. Mais beaucoup de familles des victimes ne lâchent pas la prise. Elles se battent encore pour la vérité et les réparations. Ce sont de pauvres gens. Ils méritent notre aide.
Ce 14 juillet, au terme de la cérémonie place de France à Lima, pour la fête nationale des Français à laquelle participent de nombreuses personnalités péruviennes, il y avait un groupe de représentantes des familles des victimes. Elles se sont groupées devant nous pour nous présenter une modeste pancarte large comme une feuille de papier sur lequel était écrit : « familles des victimes ». Rien de plus. L'ambassade de France avait organisé une exposition de photographies qui donnaient des témoignages de cette époque. Je pense que c'est ce qui explique la présence de ces personnes. Quand on voit les photos on comprend mieux… Et on comprend surtout pourquoi le narcotrafic est aussi vécu comme un ticket de retour du passé de guerre civile. Dans ce domaine encore il n'y a pas d'autre issue que la reconstruction de l'État, de son autorité et des moyens qu’il peut mettre en œuvre pour donner à la population une autre issue que la production de coca qui finira dans les puits de macération et les sentiers de fourmis.
C'est tout cela l'arrière-plan d'une discussion comme celle que j'ai pu avoir avec le président péruvien. Un passé terrible, un présent incertain, surplombent toute la décision politique. Le programme le plus simple prend alors une dimension qu’il n'a pas ailleurs ! Il s’agit de construire un État et de le mettre à la disposition de toute la population et non pas seulement de quelques secteurs. Il faut développer massivement les infrastructures pour unifier le marché péruvien et par ce seul moyen offrir des débouchés aux régions enclavées qui s'en tiennent à une économie de subsistance. Par-dessus tout, l’objectif est d’élever le niveau d'éducation et de santé du peuple. Le but est d’éradiquer la très grande pauvreté et de réduire massivement la pauvreté ordinaire. Voilà les quelques axes essentiels auxquels Ollanta Humala s'accroche. En deux ans les résultats sont solides, sérieux, avérés. Pour faire tout cela, il dit qu'il a besoin de la rente minière. « Et tout cela, rappelle-toi, nous sommes en train de le réussir dans la démocratie ». Il aurait pu ajouter : et dans… l'honnêteté. Car ses pires adversaires ne lui disputent pas ce point d'honneur : pour la première fois depuis bien longtemps le président de la république du Pérou est un homme honnête.
Ici, la nouvelle hiérarchie du monde est faite.
La discussion sur l'interdiction de survol de la France par l’avion d’Evo Morales a été rapide. Pour Ollanta Humala, comme pour ses collègues, si j'ai bien compris, cela est assimilé à une grosse bourde ridicule commise sous la pression des nord-américains. L’image de la France sort terriblement amoindrie de cette affaire. Désormais nous sommes classés dans la catégorie des petites mains de l’Empire. L’effet Villepin est mort. Il m'a rappelé qu'en tant que président de l’UNASUR, il a fait adopter un communiqué unanime des chefs d'État de l'Amérique du Sud pour condamner cette décision. C’est un texte dur. À ce moment-là, je lui ai demandé s'il ne s'était pas isolé des autres chefs d'État de la « vague démocratique » en n’acceptant pas l'idée d'un sommet de tous les chefs d'État. Il m'a répondu très calmement et très tranquillement. « Je travaille bien avec tout le monde. Je me suis toujours bien entendu avec Chavez et maintenant avec Nicolas Maduro. Je n'ai pas de problème avec eux. En tant que président d’UNASUR, je devais arriver à un résultat unanime. Il n'y avait pas unanimité pour tenir un sommet de tous les chefs d'État d’UNASUR ! Je pense que si nous avions fait voir de la division, la situation aurait été très mauvaise. Bon, après cela, il y a eu un sommet à Cochabamba où se sont retrouvé un certain nombre de chefs d'État, mais ce n'était pas dans le cadre d’UNASUR. Ils étaient quatre en tout! Maduro lui-même était en Biélorussie.» La « chancelière », ministre des affaires étrangères a beaucoup insisté sur le fait qu’il fallait retenir la condamnation unanime et sans ambiguïté plutôt que les critiques et disputes éventuelle à propos de la tenue ou non d’un sommet des chefs d’Etat de l’UNASUR. Elle souligne que la convocation d’un tel sommet répond à des règles de convocation qui s’impose en tout premier chef à celui qui préside à ce moment-là l’UNASUR. Je livre ces arguments à l’appréciation de ceux qui me lisent et sont très attentifs à tout ce qui s’est passé ici autour de cette affaire où notre pays s’est si mal comporté. Je le fais pour éviter la sale besogne de tous ceux qui ont intérêt à diluer le problème posé par l’abaissement atlantiste de la France dans une autre discussion, qui n’a pas lieu d’être, à propos du degré de condamnation réel que la décision française a provoqué, ici en Amérique du sud !
Nous sommes allés aussi un peu davantage sur le fond à propos de géopolitique. Pour bon nombre de nos amis, l’alliance privilégiée par Ollanta Humala est vécue comme un axe opposé à celui qu’ils défendent. Pourtant, lui présente sa participation à l'alliance pour le Pacifique avec le Chili et la Colombie comme une décision sans contenu idéologique. Pour lui, cet accord résulte des intérêts du Pérou « en tant qu'économie ouverte », selon sa façon de nommer les choses. D’après lui, les géants de la région comme l’Argentine ou le Brésil ne sont pas dépendants comme le Pérou de leur ouverture sur le reste du monde. Je lui ai demandé si c’était un problème que la vie au côté d’une superpuissance comme le Brésil. Il m’a répondu que c’était à eux, tous les autres, de trouver la façon positive de vivre avec cette situation.
Il m'a rappelé que dorénavant la Chine était le premier partenaire du Pérou devant les États-Unis d'Amérique. La bifurcation du monde est commencée ici. Dans ces conditions, selon lui, certaines batailles, ne sont pas celles du Pérou. J'ai bien compris qu'il classait la polémique et les bras-de-fer avec les États-Unis d'Amérique dans cette catégorie de faits qu'il nomme « idéologiques ». Bien-sûr, je ne suis pas d’accord. Les Chinois n’espionnent pas tout le monde, ils ne déclenchent pas de coup d’état, ils n’essaient pas d’assassiner les chefs d’état qui leur déplaisent, ils ne font d’embargo sur aucun pays au monde, ils n’ont aucune base militaire en Amérique du sud. Ils n’ont jamais colonisé personne ici. Les Chinois posent d’autres problèmes. Ollanta Humala le sait bien, j’en suis certains. Mais à plusieurs occasions il a précisé sa pensée : « le Pérou ne peut pas être un simple fourgon dans un train dont il n'a pas la direction ». Je pense que dans la conscience nationaliste du président péruvien, aucun leadership régional n’est acceptable. Je pense que sa priorité est là.
J'ai trouvé le président péruvien très serein et détendu. Aucun sujet de notre conversation n'a créé de tension en lui ou dans ses propos. Il n'avait pas de cravate, il était très souriant. Il parlait bien assis au fond de son fauteuil et son visage ne portait aucun des stigmates du stress ou de la grande fatigue des personnes qui agissent à son niveau de responsabilité. Pourtant c’était samedi, le soir, et il était de retour d’un déplacement en province. Il est sec physiquement et ses mouvements sont très déliés. Il se tient très droit et cela m’a impressionné comme le premier jour où je l’ai rencontré dans la gare de Strasbourg, il y a deux ans. Il me dit en début de la conversation que lui et sa femme, Nadine, avaient un bon contact populaire. De fait dans les enquêtes d'opinion, aucun président péruvien n'a été aussi haut deux ans après son élection. A l’évidence il surplombe une scène politique confuse où la corruption bat encore son plein. Sa réputation d'intégrité le place à part de ce monde. Sa politique a quasi éradiqué l'extrême pauvreté et fait monter une classe moyenne qui avait été détruite dans les années précédentes par l'hyper inflation et le chaos politique. Il sait que cette classe moyenne nouvelle présente à son tour des exigences impatientes en matière de qualité du service public et de présence de l'État. Il a bien capté l'exemple de la situation brésilienne. « Il n'y a rien d'autre à faire que de continuer à développer un niveau de bien-être et une qualité de service public et d'infrastructures. Pour cela il me faut une économie en ordre et beaucoup de recettes fiscales. » C'est sa manière de voir et de dire les choses.
Quelques leçons de choses
Je veux revenir sur un point qui doit nous servir de leçon. Cette diversité des situations que j'observe en Amérique du Sud, je sais qu'elle nous concerne nous aussi. On ne peut mettre un signe égal entre ce que disent Die Linke en Allemagne, Syriza en Grèce, Izquierda Unida en Espagne et le Bloco au Portugal. Le moment venu, je crois bien qu'ils n'appliqueront pas la même politique s’ils gouvernent leurs pays respectifs. La singularité du Front de Gauche en France, de ses méthodes et de son programme sont aussi une réalité. Cette différence tient à l’histoire bien sûr, aux traditions politiques particulières de chacun de nos pays, mais aussi à la place qu'ils occupent dans les rapports de force en Europe et dans le monde. On ne peut rayer tout cela d'un trait de plume et il faut s'attendre à ce que cela pèse lourd le moment venu. Le rythme et les conditions auxquelles s'opèrera le changement ne pourra effacer toutes ces différences. Cela peut paraître une évidence mais il faut bien mesurer l'impact concret de ces sortes d'évidence. Nos gouvernements doivent impérativement obtenir des résultats concrets car c'est sur la base d'une urgente nécessité qu'une majorité se tourne vers nous, dans tous les cas que j'ai pu observer. Obtenir des résultats oblige à placer le curseur des compromis du mieux que l'on peut, là où il peut être placé dans les conditions particulières de chaque pays. Nous n'échapperons pas à cela. Et nous devons être conscients que ce qui est plus accessible à la France, deuxième économie de notre continent et cinquième puissance du monde, ne le semble pas autant pour nombre d'autres pays.
Le procès des étoiles
En 1735, trois personnalités de l'Académie royale des sciences de Paris sont envoyées en Amérique du Sud pour mesurer de Quito à Lima, chemin inverse du mien, un morceau du méridien terrestre. Il s’agit de trancher un débat crucial sur la forme de la terre et permettre, entre autre, d’étalonner les mesures qui se feront pour les cartes. Une expédition est envoyée en Laponie, l’autre en Amérique du sud. Celle-ci comptera jusqu’à 10 personnes! Deux d'entre eux seulement reviendront à Paris. Les autres mourront sur place ou sombreront dans la folie. Godin, chef d’expédition, La Condamine, Bouguer, Seniergue, Jussieu avaient prévu quelques mois de présence loin de leur pays. En fait, lorsque commença la troisième année de leur travail, ils n'en étaient qu'à la moitié de leur calcul. Leur parcours a représenté un terrible exploit physique qui les a vu passer par des chemins quasi impraticables, des régions que les Indiens eux-mêmes craignaient, attelés à une tâche absurde consistant à mesurer les distances entre une étoile et deux tas de cailloux laborieusement constitués pour servir de repère ou entre deux points remarquables du paysage qu'un brouillard, des nuages ou une tempête de neige pouvaient tout d'un coup dissiper dans le néant…
Dans cette équipe, c'est Jussieu qui se montre le plus proche de nous par sa sensibilité, son intérêt et sa proximité avec les Indiens. Les autres finirent bien ou mal comme lui. L'un se dissipa en aventures féminines quand l'occasion s'en présentait, l'autre fut assassiné, celui-ci mourut en tombant d'un échafaudage tandis qu'il réparait l'horloge de la cathédrale de Lima parce qu'un très petit tremblement de terre se fit sentir à cet instant. Tous connurent toutes sortes de démêlés avec les autorités espagnoles. Pour autant nul ne fut plus méticuleux que ces hommes pour faire leurs mesures. Ici la rigueur scientifique est à la racine d’exploits et de démêlés inouïs et qui le resteront jusqu’à la fin ! Leurs aventures sont en effet à peine croyables, bien des fois.
Ainsi le 28 octobre 1746, 11 ans après leur départ, alors que Jussieu et Godin se trouvent à Lima et font leurs ultimes préparatifs pour le retour en France, un tremblement de terre rase toute la ville. Leur maison est en décombres et tous leurs papiers concernant l'expédition sont sous les gravats… Ces papiers si précieux, qui ont déjà failli être emportés avec les mules dans les torrents ou dans les précipices du parcours dans les Andes. Ils parviendront encore à les récupérer. Mais le voyage du retour est reporté : toute la population vivante est réquisitionnée pour reconstruire Lima. Godin est nommé ingénieur en chef de travaux à accomplir et c'est lui qui décide du nouveau plan de la ville de Lima. Après quoi, deux ans plus tard, en 1748, enfin autorisés à partir, ces deux-là décident de rentrer en traversant tout le continent par les plateaux pour s’embarquer à San Paolo. Ils se sépareront en fait à La Paz, car Jussieu disparaît, incapable de quitter le pays, en laissant tout l'argent commun à ce pauvre Godin. Lequel ne parviendra pourtant à reprendre pied en Europe, au Portugal, qu’en 1751, 16 ans après son départ, d'où il ne pourra plus sortir. La Condamine eut les honneurs et le lycée français ici porte son nom.
J’ai accumulé toutes sortes de récits sur ce sujet qui m’excite d’enthousiasme. Il s’est fait en Equateur un colloque sur le thème. Mais je recommande un livre passionnant. Il raconte l’expédition, écrit comme un beau roman. Il a été publié à la « petite bibliothèque Payot » sous le titre : « le procès des étoiles ». C'est Florence Trystram qui en est l'auteur. Je m'amuse de penser que, de cette façon, avec ce livre, toutes les tentatives faites par l'absurde justice espagnole locale pour effacer les traces du passage des Français, que les hidalgos locaux détestaient tandis que les créoles les soutenaient selon une heureuse préfiguration de ce qui adviendra bientôt, auront été vaines. Au milieu du récit des exploits de ces hommes, on sent bien sans cesse la trace bien racontée de leur humanité. Enfin, La Condamine avait fait construire de petites pyramides pour graver la mémoire du passage de notre expédition. La jalousie de ses collègues espagnols et de grotesques démêlés judiciaires aboutirent à ce qu'elles soient détruites. Mais en dépit de tout, par la légende, le livre publié et peut-être même ces quelques lignes, l'esprit parvenant jusqu'à vous, le néant de l'oubli aura été vaincu.
@ Rodrigo
Votre point de vue est tout à fait juste et légitime, on attendrait d'un président sincère et progressiste un plan de nationalisation - ou socialisation - de l'industrie minière. Mais que pensez-vous de l'argument, donné par Ollanta Humala lui-même, qui explique que pour le moment, le Pérou n'a pas assez d'ingénieurs et de techniciens, d'ouvriers hautement qualifiés, pour faire fonctionner cette industrie ? N'est-ce pas là le langage de la vie réelle, ou mieux encore, du possible de son pays ?
Et de la part de JL Mélenchon, qu'est-ce qui est le plus révolutionnaire : dire ce qu'il a vu, ou dire ce qu'il aurait dû ou voulu voir en fonction de présupposés de principe ?
Merci M. Mélenchon pour vos cartes postales. J'ai l'impression moi aussi de voyager. Je vous souhaite un excellent séjour.
@ vm
Je me permettrais de dire qu'Ollanta Humala nous prend pour des cons, ce qui est totalement son droit, mais pas le vôtre ! Son explication concernant l'encadrement technique des sociétés minières n'a rien de convaincant et loin s'en faut.
Que je sache, et le contraire m'étonnerait, ce ne sont pas les actionnaires des sociétés capitalistes étasuniennes qui se charge du dit encadrement technique, cet encadrement est bien salarié des compagnies minières, non… Donc cet encadrement peut tout aussi bien être salarié par une société d'état que par une multinationale, pour lui où se trouve la différence ? Puisqu'il se trouve déjà en place.
Donc c'est bien de la mauvaise volonté ou pas de volonté du tout, car à l'opposé de votre démonstration le peuple péruvien serait peut-être plus facilement enclin à permettre la multiplication des lieux d'extraction si il en était le premier bénéficiaire ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui, cela aurait en autre permit d'éviter le massacre inutile des paysans contestataires.
C'est cela le langage de la vie réelle et du possible du Pérou vu par un humaniste de gauche et non par un libéral de droite tel que monsieur Ollanta Humala ou plus précisément par son épouse qui, à ce que l'on dit, mène réellement la politique du pays.
Et ne demandons pas à Jean-Luc Mélenchon d'être révolutionnaire, mais plus simplement d'être objectif dans ses explications. Faut -il rappeler que pour le Pérou les extractions minières de cuivre, d'or ou autre matériaux est vitale, encore faut-il qu'il y est une volonté politique en faveur du peuple et non pas de quelques nantis oligarques de Lima.
@vm
Votre post traduit exactement ce que je pense aussi.et votre dernière phrase pose effectivement la question essentielle sur ce que l'on attends de Monsieur Mélenchon. La vérité ou ce que certains désirent en fonction de leur propre vision des choses ? Que se soit un voyage d'agrément doublé d'un voyage politique, c'est très bien et ensuite cela le regarde. Que je sache il n'est pas parti faire la "Révolution" mais me parait-il, s'informer entre autre et nous informer. Un point c'est tout. Et nous, tout "benef", instruits des situations locales en Amérique latines et nous apprendrons ainsi sainement de quoi se forger une idée pour nous même Européens. Personnellement, je crois au dicton "on a toujours besoin d'un plus petit que soi".
Une note d'humour maintenant si vous me permettez, Monsieur, je suis heureuse que vous ayez quitté la terre qui "tremble" au Pérou, car souffrant de cette crainte moi-même incontrôlable, j'ai tremblé avec vous !
Voilà des mois que mon voyage pour l'Equateur s'était planifié. Ma famille avait annoncé le coup. Depuis ma dernière visite en 2008, tant de choses avaient changé. Nous l'imaginions, et l'affirmation concrète de nos proches nous donna une envie de "fuerte abrazo" à Rafael Correa (alors que je me remettais encore de l'émotion causée par sa lettre de soutien à votre encontre lors des dernières présidentielles... fuerza!) Je gardais jusqu'alors un terrible souvenir du fossé d'extrêmes inégalités entre les possesseurs de 4x4 flambants neufs garés sous les "malls" et les familles entières, les orphelins, gémissant leur faim sous une vitrine de boutique de luxe. La classe moyenne se distinguait à peine parmi ces deux extrêmes. J'avais 15 ans. C'est avec hâte et émotion que j'envisageais donc ce nouveau séjour, l'idée de voir mon beau pays en de bien meilleurs jours me faisant oublier les 14h d'avion interminables.
La semaine précédant mon départ, je lis ici que vous serez en Amérique Latine... et même à Quito! Que faire, où vous croiser (au "mercado central"? Le mote y est succulent) Il doit y avoir un programme, une conférence! Ce n'est qu'à mon arrivée le 18 juillet que j'apprends qu'il y a bel et bien eu une conférence... le 16 juillet. Et voilà comment j'ai manqué "Crisis europea y políticas alternativas".
Mes recherches internet n'ont pas été fructueuses. C'est avec espoir mais sans grandes illusions que je vous écris ici pour vous demander s'il y aura, à l'avenir et avant votre départ pour Sao Polo, un autre évenement auquel je pourrais, cette fois-ci, participer. Autrement, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un très beau séjour, vous recommander "la ronda" à Quito (et les empanadas de morocho) et surtout, vous remercier pour vos posts. Le procès des étoiles sera ma prochaine lecture.
Denis F, ta façon de traiter les nationalisations est irréaliste. 1936 dans le programme de Léon Blum on prévoit de nationaliser la Banque de France, mais au pouvoir il y renonce. 1945 De Gaulle la nationalise. Blum nous aurait "pris pour des cons" alors que De Gaulle aurait eu de la "volonté". Non, 2 moments politiques différents avec des rapports de force différents.
Dans l'Amérique du Sud moderne, assurément c'est au Vénézuela que la nationalisation des matières premières a été la plus "radicale", et encore, non sans préparation et sans prendre un risque politique énorme qui aurait pu emporter la révolution. Et encore 5 ans de guerre médiatique, politique et judiciaire pour récupérer les plus importantes concessions.
En Bolivie petit pays où l'Etat est beaucoup moins puissant - budget, cadres, police - tu noteras que les "nationalisations" n'en sont pas. La propriété des exploitations reste aux multinationales, mais les autorisations d'exploiter ont été revues pour bénéficier plus largement à la communauté. Détail amusant, c'est la droite bien-sûr qui avec sa force de frappe médiatique a utilisé abusivement le terme de "nationalisation" qui veut dire là-bas "horrible Castro mangeur d'enfants" pour sa campagne de diabolisation et ses tentatives de déstabilisation (déjà 2 ou 3 insurrections qd même...). Prudent le Evo, "il nous prend pour des cons" sûrement lui aussi, mais il avance.
Alors comme toi je suis déçuuuu pour le Pérou et en bon trotskyste de salon j'aurai préféré qu'il décrète tout de suite de tout nationaliser. Non il ne peut pas, et il le pourra de moins en moins à mesure que nous donnons raison à la diabolisation sans proposer aucune alternative. Ne nous prend pas pour des Cohn Bendit ! Donne nous vite l'alternative politique. Et allons convaincre les millions de péruviens qui ont décidé de braver des décennies de peur, de résignation et d'abstention pour voter Humala, que... euh non en fait la droite c'est mieux,...
Il y a ceux qui discernent dans l'action politique les motivations réelles et les objectifs poursuivis, et il y a ceux, en plus grand nombre, qui ne distinguent pas grand chose. C'est la masse qui vote donc il est peu probable que des dirigeants éclairés soient élus aux prochaines élections. Les lumineuses explications de Jean-Luc Mélenchon ne touchent pas assez de monde, le parti creuset est au point mort. Ce qui nous attends est le cantonnement dans une opposition de principe qui rassemble des militants fiers de leur appartenance à un projet de société humaniste. Cela ne peut suffire.
La compréhension des enjeux et des réalités des révolutions Amérindiennes est très utile, mais cette compréhension reste partielle d'une part et d'autre part il ne peut en ressortir un modèle de transposition. Que cherchons nous, une solution pour s'interposer avant la victoire définitive du capitalisme financier non ?
Soit on sait parler au peuple pour espérer un changement par le jeu institutionnel, soit on trouve une stratégie de renversement, soit on se résigne, soit on pratique la politique de l'autruche. Le temps presse et nous sommes installés dans le temps long des discussions, il y a des malentendus et des écarts qui ne sont pas perçus par les meilleurs militants.
J'en profite également pour saluer l'initiative de ce forum de la Révolution Citoyenne qui est une grande, grande idée. Votre intérêt pour les démocraties d'Amérique Latine, le programme du Front de Gauche rassemblent en quelque sorte, pour les mêmes envies par des mêmes idées, mes deux pays. Estamos contigo, Jean-Luc!
Merci pour la réflexion politique tout au long de votre périple en Amérique Latine. Pendant ce temps là, en France, M.Hollande "le visage de la finance" ne chôme pas. " Les banques vont recevoir 30 milliards d'euros issus des livrets A " d'après les dernières nouvelles. Notre président fantoche est trop bon avec les pillards. Le pédalo de la république aime trop les ripoux, c'est pourquoi nous appelons rapidement à une sixième république. N'en doutons pas, elle vient. Nous n'aurons pas le choix !
Bonjour à tous,
merci pour ce témoignage de tes échanges au Pérou. Humala a repris le pays dans un piteux état, après des années de libéralisme et de diktats du FMI, de Fujimori à Garcia. Ce qui restait des infrastructures dans le pays, des services de l'état, était soit en ruine soit gangréné par la corruption. La population réduite à la disette dans de nombreuses provinces, et à l'illettrisme. Denis F@, c'est trop simple de juger les nouveaux chefs d'état comme Morales ou Humala, avec une grille toute faite d'évaluation comme le fait le FMI, ou la commission européenne, ou... des théoriciens se targuant d'être de gauche. Ce qu'on peut aujourd'hui reconnaître, c'est le pragmatisme concret, radical de ces chefs d'état, dont les marges sont ténues. Il n'y a pas si longtemps le Pérou ou ses voisins étaient tenus par des oligarchies tenus serrées par les releveurs de compteurs nord américains, noyautant et polluant l'armée, les médias en plus de la nature.
Aujourd'hui on ouvre une trajectoire de sortie de la pauvreté partout en Amérique latine, avec des idées emprunte de la gauche mondiale, mais aussi, des valeurs indiennes, qui influencent mêlées à celles de la révolution les politiques mises en place. Nier que les techniciens manquent au Pérou, et qu'il y a encore besoin de compétences étrangères dans les exploitations minières est absurde. Il faut aussi penser que restant impliquée dans le procès de production, les multinationales seront mises à contribution pour réparer les dégâts causés à l'environnement, comme en équateur à Iquitos. Le Pérou s'émancipera progressivement à mesure que la misère reculera et que l'instruction avancera. D'ailleurs, pourquoi se passer de l'aide de certains mécènes intéressés comme Negroponte, si cela accélère la formation des plus isolés des péruviens? Le réalisme, l'efficacité, le pragmatisme, ne sont elles pas également des valeurs de gauche? Le post libéralisme passe assurément par ces valeurs là.
Denis F (41, 9 juillet 2013 à 17h22)
"...Le seul moyen de s’opposer au capitalisme financier européen est de l'attaquer au cœur, la BCE étant ce cœur, comment ? En réalisant un coup de force au Parlement européen"
On peut s'attaquer à la BCE en prenant le pouvoir en France, tout simplement. Quant au coup de force au Parlement européen, c'est comment ? Vous croyez que les autres pays laisseraient faire ? Vous vous rêvez en 1789...
Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg ont d'abord constitué un parti politique. A partir de celui-ci, ils ont fait connaître leurs idées. C'est ce que fait le PG (et le FdG). Le grand succès du Spartakusbund est d'avoir précipité la fin de la Grande Guerre, par la prise de pouvoir dans les ports et les villes, et par la désertion en masse du front - les soldats destituant leurs officiers et emportant leur arme. C'est parce qu'ils avaient convaincu les matelots et les soldats de l'inanité de la guerre, sur un fond d'extrême pauvreté pour cause d'effort de guerre menant à la famine, que les politiques sont parvenus à leurs fins. Mais trop peu nombreux, les membres du Spartkusbund ont été dépassés par la socialdémocratie à la Ebert, beaucoup mieux implantée et organisée.
Ceci pour vous dire qu'il faut une organisation politique très solide, implantée partout, pour prendre le pouvoir en cas d'insurrection. En attendant, les élections permettent de s'organiser, de se faire connaître, de couvrir le territoire. L'important, maintenant, n'est pas de vouloir tout, tout de suite, mais de convaincre le plus grand nombre qu'une autre politique est possible, modeste d'abord, et pour cela, comme l'explique Jean-Luc Mélenchon à propos de l'action de Ollanta Humala, proposer des étapes et des alternatives.
Deux problèmes majeurs au Pérou l'éducation et la sante à deux vitesses. Une politique d'éducation et de santé d'origine publique à améliorer tant quantitativement que qualitativement (notamment le niveau éducatif du primaire)' Si l'on veut bénéficier d'une bonne éducation et d'une bonne santé il faut payer et ce n'est offert qu'aux classes moyennes et supérieures ce qui prive la majorité de la population de ce que l'on appelle en France l'égalité des chances. D'où la nécessité pour ce gouvernement d'investir dans le domaine éducatif ce qui n'est pas transparent dans sa politique, notamment aux besoins de techniciens et de cadre techniques évoqués. Je connais le Pérou depuis plus de 4 ans et j'y suis fixé depuis plus de 2 ans maintenant. La rupture avec le capitalisme néo libéral made in USA n'est pas pour demain et les inégalités, mêmes si elles se réduisent sont encore importantes notamment pour les populations andines qui sont effectivement à désenclaver et à aider prioritairement au niveau éducatif et de santé. Il y a du travail pour ce gouvernement de coalition du parti d'Ollanta et de celui de Tolédo (ou la corruption domine !). Alors "l'abrazo" traditionnel au Pérou ne suffit pas. Il faut plus de clarté et de transparence pour tracer des lignes claires d'une politique qui se dit de gauche mais qui n'apparaît pas comme telle à un observateur étranger qui y vit quotidiennement. Il faut je pense un peu plus de recul à J.L Mélenchon pour porter une appréciation distanciée et la plus objective possible sur la politique du président Ollanta!
JL possède une remarquable plume et son exposé de la réalité économique et sociale du Pérou me rappelle les séries de "Connaissance du monde" dans ma jeunesse - pas de questions qui fâchent afin de ménager le pouvoir en place et de garder de bons contacts afin de faciliter les déplacements-. Restons en France et concentrons-nous sur le réel en ayant en mémoire toutes les conditions nécessaires pour réaliser une transition écologique indispensable à la seule survie de l'humanité.
Tant que le pétrole sera à un prix aussi bas, aucune politique de transition ne pourra être mise en place, les humains n'agissent que par nécessité. Il me faut du travail pour vivre et je fais ce que je peux avec mes moyens. Il n'y a aucune différence entre le technicien de la classe moyenne française et l'africain qui part avec sa tronçonneuse débiter des troncs et des planches dans la forêt, ils agissent tous les deux pour le même motif -nourrir leur famille- et participent chacun à leur façon à la lente mais inexorable entropie des ressources. Pourquoi devrais-je vivre volontairement d'une manière frugale, alors qu'à la TV, chaque jour l'on nous montre la bonne vie des riches, sinon pour entretenir la frustration nécessaire à la marche d'un système addictif. Du pain et des jeux, ils savent bien ce qu'ils font ceux qui nous gouvernent. Mais même ce système est à bout de souffle et je rejoins JL dans ses préoccupations concernant notre futur politique en France. Car le compromis politique est-il compatible avec une politique de frugalité nécessaire ? Sur quelle base sociale s'appuyer pour mettre en pratique ces réformes sans insurrections permanentes ?
Il y a loin de la théorie à la pratique. Il fait pourtant bon voyager en Amérique du Sud avec notre camarade Jean-Luc, mais bon les analyses genre « Tintin à Lima » trouvent vite leurs limites lorsqu’il s’agit de combattre réellement l’oligarchie. Nous sommes européens et français et notre combat est de soutenir tous les vrais ennemis de l’Empire. Sans faire un culte de la personnalité, on notera quand même que les discours de Chavez étaient loin de la poésie ambiante.
Dans son dernier discours du 8 décembre 2012, il nous rappelait qu’il nous fallait livrer des batailles politiques, économiques, sociales mais que c’est le combat historique que nous devons assumer avant tout. Il l’exprime en parlant du drapeau souillé, déchiré, piétiné sous le regard de son peuple endormi, comme mort. Son combat, n’est pas fait au nom des droits de l’homme, qui nous le savons tous est en général plutôt blanc et riche, mais du peuple. Son peuple, pas celui d’Europe ou d’ailleurs, il parle de nation, de drapeau de valeur pas d’humanisme inter mondialiste. Jean-Luc nous le rappelle, il n’y a pas de modèle pour nous. Seulement des sources d’inspiration. J’approuve volontiers, mais nous devons soutenir les pays qui partagent avec nous le même ennemi. Celui qui détruit les nations et livre nos peuples à la merci de l’impérialisme financier. Partout où un pays est confronté à ce même ennemi nous devons lui apporter notre soutien. Nous le savons bien, tous les pays qui refusent l’allégeance sont soumis à des troubles venant de l’extérieur. Autrefois Cuba, aujourd’hui la Syrie demain l’Algérie.
Pourquoi en effet faudrait-il chercher un modèle ailleurs, nous avons une histoire, nous avons des valeurs non ?
Bon, eh bien adoptons le "pragmatisme concret" et adaptons le à notre vieux continent.
Pour faire bref, oublions toutes nos utopies humanistes, et rangeons nous à la raison du plus fort, puisque tel est la nouvelle mouvance.
Je vous signale seulement que pour ce faire en 2014 il ne faudra pas vous tromper de bulletin de vote, si par hasard vous votez ! Car le pragmatisme qui veut que l'on ne perde pas de temps dans des élucubrations de vieux théoriciens de gauche, vous commandera de mettre le bulletin du parti fasciste dans l'urne, cela nous fera gagner beaucoup d'énergie et de désillusions, allons au fait !…
@ Alain V
Après vous jeune homme, montrez moi comment vous prenez le pouvoir en France et de quelle manière vous attaquez la BCE, je suis curieux de voir ça !…
Merci, pour le temps pris pour l'élaboration de ce récit, à notre intention. Tout à l'heure, je le grignotterai des yeux, par mon cerveau, mon coeur et mes tripes, enchantée d'une telle nourriture de savoirs et de réfflexions. Nous y arriverons !
Ne dis t-on pas : "au royaume des aveugles les borgnes sont rois".
@Denis F
Vos deux questions à Alain V appellent des réponses toutes simplles:
montrez moi comment vous prenez le pouvoir en France
Par les urnes (en s'adressant à l'électorat populaire qui s'abstient ou vote pour le FN)
de quelle manière vous attaquez la BCE
En exigeant qu'elle prête aux Etats eux-mêmes. Si elle refusait, la banque de France prêterait à l'Etat avec le risque -mais ce serait plutôt une chance selon moi- que nous soyons alors obligés de sortir de l'euro.
@ 68carlo
Si vous aviez lu mes précédents commentaires, je pense que vous vous seriez abstenu de réponses aussi incongrues qu'inutiles, elles tiennent l'une et l'autre de la "méthode coué"et n'amènent rien de tangible à la réflexion ; il est vrai que vous êtes un spécialiste de la chose et nous crevons des spécialistes et experts en tout et rien, voyez où nous en sommes, et où nous resterons avec de tels arguments.
Décidément le diction du 67 se confirme bien. Au fait où en est Beppe Grillo ?
@Denis F (post 53)
Tout à fait d’accord, les compagnies étrangères sont surtout là pour les investissements et non pour fournir un encadrement largement occupé par des nationaux.
Le problème de l’extrativisme tel qu’il est encore pratiqué en Amérique latine et spécifiquement au Pérou est un extractivisme destructeur, qui ne laisse derrière lui qu’un désert contaminé. L’exemple de l’exploitation de Yanacocha est en ce sens révélateur, l’utilisation à grande échelle de la lixiviation au cyanure (qui en plus du cyanure concentre les métaux lourds) a généré une contamination à grande échelle qui a atteint le pacifique et a rendu la production de produits laitiers de la région en bonne partie impropre à la consommation, ce qui oblige le pays à importer des produits laitiers de l’extérieur.
D’autre part les nouveaux décrets gouvernementaux (DS-054-2013-PCM) facilitent encore plus ce type d’investissement destructeur, qui n’amène aucun développement à long terme, pour ces régions transformées en désert stériles. Cela crée un peu de richesse à court terme, mais dans un horizon de 20 ans cela sape complètement l’avenir.
D’autre part l’attitude plus que répressive de l’état vis-à-vis de la contestation est indigne d’un système prétendu « démocratique ».
Très bon billet et très instructif. C'est peu être hors sujet, mais je suis très étonné de ne pas voir sur le blog de Jean Luc un mot sur la disparition d'Henri Alleg ?
Eh bien voilà !… Mon grand-père, qui étais un grand sage, me disait souvent :" dans une conversation, lance un duvet de plume en l'air et tu verras, souvent, c'est un bloc de plomb qui tombe au sol …", merci Gérald, je suppose que vous ne dites pas cela comme ça, juste pour me faire plaisir, n'est ce pas !… C'est tout de même agréable de savoir que l'on est pas seul dans la vie.
@ vm
Le commentaire de Gérald est-il suffisamment technique et scientifiquement parlant exact pour que l'on puisse clore ce chapitre sur la vie réelle du Pérou et de la maîtrise de son avenir, je parle du peuple péruvien bien évidemment, et de la "pachamama", écosocialisme dit-on, cela serait-il réservé à nos nobles contrées ?
@ Denis F
Vous vous seriez abstenu de réponses aussi incongrues qu'inutiles, elles tiennent l'une et l'autre de la "méthode coué"et n'amènent rien de tangible à la réflexion
Denis F, rendez-vous à l'évidence: personne ne peut croire un seul instant que "réaliser un coup de force au parlement européen", comme vous vous obstinez à le répéter contre tout bon sens, soit une réponse "congrue" et "utile" qui apporte quelque chose de "tangible à la réflexion".
Réfléchissez: que diriez-vous si un militant du FN prônait une telle solution? Je ne veux pas croire que vous ignoriez qu'on ne doit pas se permettre ce qu'on refuse aux autres.
il est vrai que vous êtes un spécialiste de la chose
Je ne suis pas absolument persuadé que ce genre de formules ait vraiment sa place ici. Permettez-moi de vous conseiller d'user d'un ton moins péremptoire et de ne pas persister lorsque, de toute évidence, vous avez tort.
Eh bien tant mieux si tout le monde y trouves son compte!Chacun avec sa propre vision de la situation au Pérou,et tout en souhaitant la même chose, on mélange allègrement,..tout !les réflexions sur le voyage de Monsieur Mélenchon, la politique menée ou a mener,le passé, le présent et le futur du Pérou.est ce bien le sujet? que je sache nous avons fort a faire chez nous non ?Ce que demande notre hôte, je suppose c'est de réfléchir,pour les solutions,est -ce de notre ressort? je crois que malheureusement non. Allez tous a égalité! @girard 71 Non , moi je n'oublie pas Henri Alleg,j'ai connu cette époque et partagé son combat, mais comprenez ami,monsieur Mélenchon est en voyage et ce n'est pas le sujet décidé par lui sur ce blog.cependant je suis tranquille , notre hôte n'oublieras pas ce héros du journalisme engagé.
@Gerald
Profitons des vacances pour vous donner raison, et, vous faire remarquer que les recherches sur les gaz de schistes se font actuellement sur notre propre territoire par des sociétés étrangères ! Étrange, vous avez dit étrange ?
Peut-on un instant se montrer critique sans être soit censuré ou montré du doigt. L’Amérique Latine a une histoire qui n’est pas la nôtre. Etudier les divers mouvements révolutionnaires est une priorité mais pas une fin en soi. Les mondes ouvriers et paysans de France n’adhèrent pas au programme du Fdg. Ce n’est pas une critique mais un simple constat. Nos discours sur la planification écologique ne le touchent pas. Nos prises de positions sur l’aide à apporter au pays en lutte contre l’Empire sont en totale contradiction avec les leaders politiques auxquels Jean-Luc fait référence. Nous parlons d’exemple, mais en quoi nos municipalités amies sont différentes de celles de droite. Nous parlons du rôle des banques, mais aucun de nos amis dont le talent est évident n’a proposé d’en créer une dans sa ville pour montrer l’aide qu’elle pourrait apporter concrètement dans la reconstruction économique et sociale. Nous sommes prêts à y faire des dépôts. Alors ! alors ! on écrit de beaux articles qu’on se lit entre amis et après ? On deviendra vite ringards avant d’avoir prouvé quoi que ce soit.
Comment peut-on encore aujourd'hui vénérer Staline et ses disciples … c'est totalement inconvenant.
Voilà une carte postale qui fait réfléchir. Les analyses du président péruvien rapportées par J-L.M. et les commentaires qu'il en tire montrent que les pays sud américains qui sont dans une dynamique démocratique de résistance au néo-libéralisme sont toujours dans un rapport à ce capitalisme mondialisé sur la base de l'extractivisme et de l'exportation de leurs matières premières: le pétrole au Vénézuela et en Équateur, le soja au Brésil et en Argentine, l'or au Pérou. Ces pays reviennent de loin sur le plan des rapports sociaux et cette structure des échanges extérieurs, comme la corruption généralisée et certains aspects du "caudillisme" sont des héritages à assainir et à transformer, ce qui est une tâche immense qui prend du temps. Je ne vois guère que Cuba qui ait été capable de construire une spécialisation technique nouvelle, dans la médecine et la santé publique et d'en faire une structure solide de ses échanges extérieurs, non plus comme instrument d'exploitation mais de coopération sur une base d'intérêt mutuel et de solidarité populaire. Il est vrai que nous devons travailler concrètement pour prévoir les alternatives possibles à proposer aux citoyens pour que les forces d'une véritable gauche deviennent crédibles.
Un seul exemple,la France aurait tous les moyens de devenir le pays le plus avancé pour développer les meilleures capacités industrielles pour le démantèlement des centrales nucléaires, avec son parc de centrales qui arrive en bout de course. Il faudrait dès maintenant définir les missions et les moyens d'un institut de recherche dédié à cet objectif, prévoir les filières universitaires capables de former les futurs ingénieurs de cette spécialité et mettre au point les caractéristiques juridiques d'une Areva chargée de réaliser ces chantiers en France et dans le monde entier. Ne serait-ce pas un bon moyen pour convaincre nos concitoyens que notre pays peut contribuer à produire autrement non seulement en France mais dans le...
@ Mar Ollivier (78)
Tu ne convaincras personne avec un tel discours. Entend moi bien, je ne dis pas que tu te trompes, je dis simplement que l’on ne convaincra personne en parlant ainsi. Lorsque tu galères au jour le jour pour t’en sortir les programmes aux longs termes sont importants mais pas primordiaux. Il faut du concret, de l’immédiat. Le pays est riche mais les gens ne peuvent plus se soigner. L’épargne est conséquente mais les petites entreprises ne trouvent aucune aide auprès des banques. On a un taux de réussite au BAC digne d’une république bananière mais étrangement la plupart de nos jeunes sont illettrés. On importe de plus en plus les matières que l’on exportait il y a peu encore. Il y a des choses à faire tout de suite, c’est sur cela qu’il faut convaincre.
Jean-Luc, je suis pas toujours d'accord avec ce que tu dis, mais quand j'ai pas le moral je te lis où j'écoute un de tes discours où tu dis que tout n'est pas foutu, que personne n'est cramé même les pires, et que on sait tous faire quelque chose de nos mains, de notre tête et de notre coeur. Et alors ça repart grave ! Merci pour toi !
A ceux et celles, le coeur vaillant qui espèrent pouvoir convaincre le petit peuple que le FdG est la solution (ce que j'aimerais et pas que moi qu'il advienne dans l'absolu), je leur demande comment comptez-vous faire pour vous faire entendre de l'électorat populaire qui s'abstient ou vote pour le FN, si à l'occasion de violences démontrées dans les banlieues, de non respect des lois de la République française de soit disant minorités, au FdG, on préfère les ignorer en considérant que c'est secondaire alors que l'électorat populaire justement c'est celui qui subit ces incivilités et pas les bobos des beaux quartiers ? Désolée de mon ton abrupt mais après l'euphorie des présidentielles, il faut bien voir les choses telles qu'elles se présentent et oser tenir des propos qui rassurent les gens qui souffrent, sans craindre d'être assimilés aux propos du FN, sinon jamais ils se rallieront à nous, ceux qui ont maille à partir avec ceux qui refusent sciemment de s'intégrer ou de respecter nos lois et sont donc les seuls à être obligés d'en supporter tous les excès. Il n'y a que les pauvres qui ont à se plaindre des ces incidents puisque à même de les vivre au quotidien. L'échec sera là à la vraie gauche à trop vouloir relativiser le fardeau des petites gens et si personne ne veut définir les raisons de la non adhésion du plus grand nombre dans la mouise, nous n'irons pas très loin et j'en suis la première consciente et affectée, d'autant plus que j'avais une ferveur incroyable à la base, qui ne se renouvelle pas avec la même intensité, à voir le gâchis s'opérer à trop vouloir en découdre avec le FN et à stigmatiser ceux qui votent FN en rapportant tout au racisme, hors, ce n'est pas vrai. Il est légitime pour des citoyens d'exiger de leur gouvernement qu'ils prennent toute la mesure de leur détresse et de régler les conflits de tous ordres au plus vite !
Le FN n'est qu'un chiffon rouge pour occuper le terrain de l'agitation politique nécessaire à faire oublier les réalités de la vraie gouvernance, la finance. La vraie politique-pour eux- consiste à satisfaire la classe des riches et la classe moyenne sans laquelle rien n'est possible tout en faisant tenir tranquille le peuple besogneux par un chômage approprié. Après cela, pour inverser la tendance, il est nécessaire-pour nous- de reformer des militants (tes), seule façon de reprendre la main. JL me parait un bon pédagogue, représenter la gauche se heurte à toute la démagogie véhiculée par les médias, le discours doit être pesé car il s'agit non de se faire plaisir, mais de convaincre; la lutte collective continue.
citoyenne21 dit à 11h37
"...l'électorat populaire justement c'est celui qui subit ces incivilités et pas les bobos des beaux quartiers..."
Etes-vous certaine que c'est l'électorat populaire qui subit en masse ces incivilités? Je pense plutôt que c'est l'électorat (au sens de celui qui vote) qui subit en masse l'information quotidienne d'incivilités choisies par les médias pour des raisons politiques. L'électorat (celui qui vote) est le plus souvent éloigné de ces incivilités qui impactent réellement qu'une infime partie de cet électorat que vous qualifiez de populaire. L'INA avait déjà pointé la recrudescence depuis 10 ans des faits divers dans les médias. Ces faits divers sont des infos subliminales qui vont toutes dans le sens de la dédiabolisation du FN. A forte dose cela finit par infuser même les esprits les plus solides.
@ Naïf (85),
Je n'insisterai pas sur votre définition du terme "subliminal" ni sur ce sujet en ce qui concerne le traitement médiatique accordé aux incivilités subies par un plus ou moins grand nombre de citoyens, légitimement en droit à se sentir en sécurité dans leur pays !
Le thème étant hors sujet, quoi que d'actualité (brulante), le webmestre aura de plus un bon motif de m'envoyer valser pour cette raison, bien souvent évoquée sur ce blog !
Monsieur Mélenchon n'étant pas en France en ce moment et faisant voyager ses partisans de par l'envoi de ces splendides cartes postales, n'aura donc, et on le comprend, pas le loisir de se pencher sur des troubles considérés comme mineurs, tout à fait imaginaires, donc !
@ Alain44 (84)
Le FN n'est qu'un chiffon rouge pour occuper le terrain de l'agitation politique nécessaire à faire oublier les réalités de la vraie gouvernance, la finance.
J’adore cette phrase pleine de bon sens car elle s’applique en tout point à notre propre attitude. Nous n’avons, rien fait d’autre que de désigner l’ennemi tout en permettant au PS d’appliquer la politique que nous subissons aujourd’hui. On a songé un instant qu’il valait mieux FH que NS. Nous le voyons bien aujourd’hui le constat est plutôt amer. Nous le constaterons encore avec la future réforme des retraites. La gauche fera appliquer des réformes que la droite n’aurait jamais osé proposer. Nous sommes responsables à la hauteur de notre vote en faveur de FH.
Des observateurs mal intentionnés nous accusent de pratiquer la même agitation et finalement d’adouber un homme que l’on conspue pour sa politique à longueur de temps. Un jour ou l’autre il faudra bien prouver concrètement où l’on se situe. Le don d’analyse de Jean-Luc n’est plus à démontrer. Il nous reste maintenant à trouver le don de convaincre. Nous en sommes très très loin dans les classes les plus malmenées par la crise. Notre discours ne passe pas, nous sommes théorique là où il faudrait être concret. Quelle municipalité de notre camp, a entrepris autre chose que de favoriser l’accès aux aides. Une fois pour toute les gens ne veulent pas être aidés, ils veulent du boulot, ils veulent avoir accès aux soins etc…
Je viens de visionner la vidéo du débat avec Jacques Sapir, c'est du très haut niveau que ce débat. Je le conseille vivement à ceux qui ne l'auraient pas encore vue. On ne s'ennuie pas une minute malgré les deux heures !
Notre bon Jean-Luc Mélenchon je dirais même notre très bon Jean-Luc Mélenchon a certainement appris la dialectique, l'art de la communication, voire la maïeutique, il n'empêche qu'il commet une grave erreur dans ses attaques du FN, surtout quand il énonce des caractéristiques et non pas les avantages ou inconvénients de ces caractéristiques, et je vous en donne un exemple !
Dire que le FN est raciste, n'évoque pas pour la majorité des gens (et loin s'en faut) automatiquement les inconvénients que draine avec lui cette tare inhumaine, alors qu'il pourrait dire que la moitié des Français ne seraient pas sur le sol français si à l'époque de l'immigration de nos arrières grands parents, grands parents, ou parents, le FN avait été à la tête du pouvoir dans ce beau pays que notre famille à choisi pour immigrer, il ne faut pas chercher très loin dans nos ascendants pour qu'une très grande partie des Français d'aujourd'hui se rende compte qu'elle était étrangère !
Donc continuer de dire que le FN est raciste c'est perdre son temps, il faut sans arrêt expliquer les inconvénients de cette tare et automatiquement les gens lambda se poseront la question et ils trouveront la réponse d'eux mêmes allant de ce fait vers le rejet de ce parti politique, se rapprochant ainsi du FdG qui nous va bien à tous !
Nous allons avoir besoin de beaucoup d'élus prochainement, c'est peut être le moment de marquer des points !
Désolé WM hors sujet peut être ?
Merci Jean-Luc pour ces infos passionnantes. Nous voyageons par la lecture et on se documente sur ce qui s'y fait. A bientôt.
Photos souvenirs de JL Mélenchon en visite à l'Alliance française en Equateur (23/07/2013).
Un grand merci Souria 89
Si vous saviez comme Jean Luc nous manque avec tout ce qui se trame en ce moment en France. Le soir après avoir fait un tour des médias sur le web, j'enrage et j'ai envie de mordre mon oreiller. Par exemple nos petites économies du Livret A (et il en faut quand la retraite est mince pour remplacer les lunettes, les dents etc.), elles vont atterrir dans les poches des banquiers, sans filet de sécurité et au détriment du logement social qui fait tant défaut. Un beau fric-frac comme le titre Mediapart. Merci à l'homme dont l'ennemi était la finance. Vergogna (honte en italien).
N'a t'on rien a dire a propos de ce qu'il ce passe a Trappes ? [...]
[Edit webmestre : Certainement que si, mais pas sur ce blog, et pas en commentaire à un post qui traite principalement des révolutions citoyennes en Amérique latine. Est-ce si difficile à comprendre que ce blog n'est pas un forum généraliste où chacun aurait le loisir de porter au débat les sujets de son choix ? Débat qui n'aurait d'ailleurs aucune portée puisque la fréquentation est réduite en raison de la période estivale et que ce billet est référencé en fonction de ses thèmes principaux, parmi lesquels votre digression n'a pas sa place.]
La dimension de ce billet est prodigieuse. Du méridien terrestre et de sa mesure historique révolutionnaire, la gestion des ressources minières naturelles et le partage des richesses, la nature fougueuse qui sait faire trembler les biens et les les Hommes si forts, ce réel et ce que l'humain en fait, tout est distillé dans les mots lointains et proches.
L'enseignement technique massacré en France de façon irréfléchie car uniquement mercantile, semble retrouver dans ce là-bas des lettres de noblesse qu'il ne devrait pas avoir perdu en France, à supposer qu'il en ait eues, mais au moins il avait une teneur et une portée efficaces, tant sur le plan de la formation des personnes que sur celui de l'impact industriel. "Le mètre du monde" de Denis Guedj est aussi très intéressant.
Indispensables de voir ailleurs, d'élargir ses champs de connaissances, de compétences, d'y puiser forces et humilité mais après tout le boulot est à faire, espèce d'alchimie pour transformer ces richesses acquises en données applicables dans notre pays lié à l'Europe, avec un peuple de France qu'il faut bien percevoir dans sa diversité si médiatiquement modifié, plutôt collaborateur dans l'âme, râleur mais couard, pourtant prompt à donner s'il en saisit la nécessité mais aussi haineux envers ce qui ne lui ressemble pas...
Population et pouvoir, c'est à dire élus pour notre démocratie boiteuse et béquillée de mensonges: élus, c'est à dire prochainement des candidats ! Danger grave, car un bon candidat est celui qui se fait élire, et la situation est périlleuse, il y a urgence à correctement les choisir ces candidats. Trop de temps de perdus. Les leçons d'Amérique du Sud à distiller ? à verser dans un solvant de réflexions, arguments, idées d'ici-bas.
Ainsi la "Dame" au sourire forcé montrant des dents blanches séduit des renfrognés frustrés malheureux abandonnés ou mauvais, la combattre suppose d'écouter des "conseils" comme celui du n°87 (A Tétart)...mais sera-ce...
Merci jean-Luc pour ce blog passionnant (je le lis avec du retard)
Un point m'a particulièrement intéressée, la nécessité de changer le mode de consommation.
Vivant en Algérie après l'indépendance, j'ai vu et entendu les classes moyennes et même populaires réclamer à cors et à cris du beurre et du... camembert au moment où le pays avait opté pour le développement de l'industrie lourde et la réforme agraire. Le problème sera particulièrement important en France où beaucoup ont pris l'habitude de remplir, à Auchan, leurs caddies de paquets de choses inutiles.