30juil 13
Ce que je lis de l’avancée de la crise écologique au pôle nord m’atterre si je pense à l’indifférence des pouvoirs politiques a ce propos. Ce que je comprends du nouvel abus de l’Union Européenne à propos des semences autorisées en Europe dorénavant me consterne. Ce que j’entrevois de l’actualité dans notre pays depuis Quito en Equateur me révulse. Du moins ce ne sera pas sans réaction. Mais comment être partout à la fois ? Citoyens engagés, les militants du Parti de gauche sont sur le pont, drapeaux et musique en tête dans tous les combats de cet été sans trêve. Tous les partis n’en sont pas là et je suis donc très fier de ce dont je suis informé. Je crois que je participe à l’effort à ma manière ne serait-ce qu’en animant ce blog. A ce propos, je veux attirer votre attention sur un additif que j’ai apporté à ma précédente note. On y accède par un bouton qui se trouve dans le pavé gris à droite de l’écran. Il vous propose ma vision du rapport avec l’Amérique du sud. Cet effort de formalisation m’a paru indispensable au moment où la vague émancipatrice qui est née dans ce coin du monde entre en eaux troubles comme on le voit au Brésil et au Pérou. Plus que jamais : « ni rire, ni pleurer : comprendre ».
Quant à moi, je pensais prendre des vacances entrecoupées de politique. C’est l’inverse qui s’est produit : l’action politique a tout occupé, entrecoupée de pauses. J’en suis à quatre conférences et un meeting. A partir du 29 juillet, je participe pour la première fois au sommet de l’Alba et je n’en reviens sur Quito qu’après avoir prononcé ma cinquième conférence. Et encore ne dis-je rien de l’agenda des rencontres dont je me suis déjà fait l’écho, avec les présidents Correa et Moralès, puis le vice-président équatorien Jorge Glas, les ministres et les divers responsables auprès desquels je fais ma cueillette d’idées. Ce n’est pas dans nos médias que vous l’apprendrez. Ni mon voyage, ni mes rencontres présidentielles, ni le contexte survolté de l’Amérique du sud autour de l’offense au président bolivien Evo Moralès n’y sont évoqués, même pour me nuire. Royal baby, accidents et noyades pour tous ! Ouf ! Enfin le calme ! J’ai donc pu jouer librement du clavier. Le blog de cet été mêle donc sans soucis des haineux, le récit de voyage, l’histoire et la philosophie politique. Mais je ne le cache pas : j’ai bien l’intention que tout ceci aide à éclairer notre présent. Finalement mon blog va fonctionner comme un feuilleton. Sur les pas de La Condamine et à la recherche de la momie perdue. Deux faits lointains ? Je les crois riches de leçons pour le présent. Penser passe par bien des sentiers retirés.
Hors du milieu scientifique, peu de Français connaissent le nom de La Condamine. Ici pourtant, en Equateur, c'est un héros national. L’homme et l’expédition à laquelle il participait mesuraient le méridien pour connaitre la forme de notre planète. Mais le résultat obtenu ne fut pas seulement un succès pour l’académie des sciences. Ce fut un évènement politique dont l’onde de choc se propagea largement dans l’espace social, économique et politique. Une leçon qui fait réfléchir. L’autre chapitre de mon feuilleton me met aux prises avec une enquête pour retrouver la momie perdue d’Atahualpa, le dernier des « rois » Incas. A côté de ça, Da Vinci code est juste une amusette ! Ça commence en petites foulées dans ce post et je vous garantis que c’est aussi de la politique. D’une certaine façon.
Quand la science produit aussi de la politique
En 1735, lorsque l'expédition géodésique française arriva et que La Condamine entra dans Quito, l'Académie des sciences de Paris dont il était le mandataire était une institution mondiale du savoir. Une dispute l’animait alors, qui occupait aussi toutes les académies européenne de l’époque. Il s'agissait de la forme de la terre. Les uns postulaient qu'elle avait, en gros, la forme d'une patate ovoïde, les autres, à la suite de Newton, qu’il s'agissait d'une sphère aplatie aux pôles. Pour trancher, il fallait mesurer l'arc de courbure de la planète. Une première tentative avait été faite en France même. C'est à partir de là que fut décidé de vérifier ce qu'il en était en envoyant une expédition en Laponie et l'autre, ici même, à Quito, dans l'ancienne audience royale du Pérou espagnol, sur l'Équateur. La dispute scientifique avait évidemment une implication économique et politique. De la connaissance de la forme de la terre dépend l'évaluation correcte des distances à parcourir. Plus directement encore, la précision des cartes permet de s'orienter, de conclure ses voyages qu’ils soient marchands ou… militaires. Et puis, hum ! hum ! Cela permettait aussi de trouver de nouvelles voies d’accès… Si l’on se réfère aux premiers mots de cette note on fera le lien…avec l’actualité !
Aucun des protagonistes de l'époque ne pouvait ignorer cet arrière plan. Si bien qu'en donnant son accord pour que l'expédition française aille dans cette vice-royauté du Pérou, le roi d'Espagne flanqua l'équipe de chercheurs français de deux officiers de marine espagnols pour les accompagner en tous lieux. Ces deux là avaient une double qualité aux yeux de leur maitre. D’abord d'être des militaires capables de surveiller très officiellement les agissements des Français. Ensuite c’était aussi et surtout des officiers de marine, c'est-à-dire des hommes disposant de connaissances scientifiques qui les rendaient aptes à comprendre ce que les Français trouveraient d’utile. Enfin c’étaient des marins justement, c’est à dire des hommes ayant la capacité de manier eux-mêmes des instruments de mesure assez usuellement utilisés sur les navires pour s’orienter en mer.
Mais l'impact concret de l'expédition ne s'est pas limité aux aspects purement géodésiques comme on pourrait le croire. Si peu nombreux qu'ils aient été, les membres de l'expédition amenaient avec eux un bien précieux extrêmement contaminateur : la science, dans la version de la philosophie des lumières. Ce n'est pas que le lieu fut peuplé seulement d’ignorants. Ni même qu'il n'y eut aucune capacité scientifique sur place. Même si La Condamine grince et ne cesse de répéter que « les arts et la science sont peu développés », sur place, les jésuites et les érudits locaux faisaient beaucoup, chacun à leur manière. C'est par eux que maints livres entrèrent dans le Nouveau Monde notamment ceux de presque tous les intellectuels européens des Lumières. Mais, pour faire simple, la science que les jésuites entretenaient n’était pas aussi libre que la science doit l’être pour mériter ce nom. Elle restait intellectuellement captive de l'obligation d'établir un lien avec l'ordre divin tel que le dogme l'affirmait et donc, par-dessus le marché, de justifier l'absurde ordre féodal qui lui était attaché. Ce n’est pas pour rien qu’elle est appelée « sciences baroque ». La science que pratiquaient les Français était tout autre. Avec ses instruments de mesure, ses calculs méticuleux, sa méthode de confrontation des hypothèses aux réalités au moyen des expériences renouvelées et confirmées, l'expédition géodésique française obligeait publiquement à reconsidérer des principes et usages établis depuis des siècles. Elle modifiait ostensiblement les normes de production du savoir, ridiculisait l'acceptation dogmatique et tous les pouvoirs qui en découlaient. Et tout cela sans un mot de politique.
C’est par ce chemin que la mesure du méridien terrestre eut, entre autres effets, de participer directement à la naissance du sentiment indépendantiste créole. L'historiographie traditionnelle de l'Équateur l’enseigne aujourd’hui officiellement. Bien sûr, je suis très fier qu’un de nos compatriotes ait occupé cette place dans l'histoire nationale de mes amis parmi les plus chers et que son nom soit attribué à des rues et des places équatoriennes avec autant de naturel qu’il l’est au lycée français de Quito. Mais ce qui retient mon attention plus que tout c'est évidemment le rapport qu'il y a entre la production du savoir, ce qu’il permet de connaitre et l’évolution des idées politiques.
Je rassure mes lecteurs : mon propos n'est pas d'en revenir à l'idée d'une politique « scientifiquement » établie, à laquelle je n'ai jamais cru de ma vie de militant. Je le confirme alors même que, selon moi, l'action politique doit pouvoir trouver dans la science nombre de ses principaux outils de travail. Peut-on décider valablement sans comprendre ni connaitre ? L'action politique ne peut être un art de réalisation efficace sans que des savoirs objectifs nous alertent puis épaulent nos intuitions ! Mais ce n'est pas là l'essentiel pour mon propos d’aujourd'hui. Car chacun de mes lecteurs sait bien qu’il existe dorénavant un autre niveau d'intime articulation entre la science et la politique. Il en est ainsi depuis que les connaissances scientifiques sont devenues des moyens d'action susceptible d'anéantir ou de transformer radicalement la condition humaine. Depuis la bombe atomique et la manipulation génétique, dorénavant, la loi, c'est-à-dire la politique, doit donner son avis et organiser l'usage technique et commercial qui est fait des découvertes de la science. On peut dire que le savoir scientifique nous oblige à prononcer de façon explicite une vision globale du monde et de la place singulière des êtres humains en son sein. La bioéthique en est une des expressions. Ce point souligne que la politique ne peut jamais passer à côté des sciences et de leurs conséquences techniques. Cette idée est à présent essentielle. Elle a pour nous une actualité élargie en politique. La connaissance scientifique des mécanismes à l’œuvre dans l’écosystème pour se maintenir au point d’équilibre auquel il se trouve est décisive. C’est d’elle que se déduit l’intérêt général humain. Dès lors c’est elle qui prononce l’obsolescence de la pensée libérale et de toute la civilisation qui lui est attachée. Plutôt que de le démontrer une nouvelle fois, je préfère pour mon plaisir d’écriture de le montrer à partir de ce que fut l’impact d’une expédition scientifique sur l’ordre du monde politique. En ce temps là….
L'expédition de La Condamine intervenait dans un contexte que l'on va dire déjà « sensible ». Il était déjà marqué par de nombreux gestes d'affirmation créole à l'égard de l'absolutisme royal espagnol. Les failles étaient partout. Même chez les jésuites chez qui La Condamine est allé s'installer en arrivant à Quito. Eux aussi avaient été en état de semi dissidence lorsque leur général eut décidé depuis Rome de leur imposer un recteur espagnol venu d'Europe en opposition aux candidatures locales. Ces jésuites fournirent aussi à l’expédition des matériaux d'information considérables. Ce sera la base sur laquelle ensuite le Français dressera bien des cartes géographiques qu'il publiera ensuite, après avoir accompli un travail considérable de corrections et de rectifications. Certes, il n'oublie jamais de préciser l'ampleur et les mérites qu'il eut à les établir sur le terrain, sans se laisser distraire par aucune autre obligation. C'était de sa part une critique implicite à l'égard de ceux qui combinaient le travail du géographe et celui d'évangélisateurs… Mais au demeurant les Français ne furent jamais seuls. Car, lorsqu’ils arrivent, l’élite intellectuelle locale est déjà marquée et divisée par la pénétration déjà bien avancée des œuvres du siècle des Lumières. Quand l’expédition française arrive, on discute déjà des choses sérieuses sur place. Maints protagonistes locaux ont déjà « le feu sacré » selon une expression de La Condamine. La présence française joue le rôle de déclencheur. Cette élite intellectuelle créole fait mieux que de fournir l'appoint aux Français. Ainsi de Pedro Vicente Maldonado dont on peut même dire qu'il est de fait lui aussi membre de l'expédition, tant il va contribuer de toutes les façons possibles à son succès, que ce soit sur le plan matériel et financier ou sur celui des observations et de la collecte des faits scientifiques. C’est lui par exemple qui fait connaitre le latex à La Condamine qui s’en sert pour protéger ses instruments. Et c’est ensemble qu’ils étudient la « cascarilla », l’écorce de l’arbre de la Quina dont on tirera la quinine. D’une façon générale cette élite créole a vraiment beaucoup lu. L'analyse des bibliothèques possédées par ces patriciens montre l'influence considérable des auteurs des Lumières, Voltaire, Rousseau, d'Holbach, d’Alembert, Diderot et, bien sûr, de l'Encyclopédie. Notons ce point. Pour eux, comme pour toute l’époque, l'Encyclopédie et les « Lumières » c'est une seule et même chose. À mes yeux ce n'est pas rien que ce livre contienne tant de descriptions d'outils de travail et de procédés de production, en même temps que des définitions philosophiques ou scientifiques. Cela ne fait que souligner comment la centralité du savoir objectif expérimental ne peut être dissociée d’un contexte productif et d'une méthode de pensée que rien n'empêche d'appliquer ensuite à tous les domaines. Et de là part la contamination dans la politique. Ce fut le cas avec La Condamine.
Comprenons-nous bien : s’il y a une intrusion de la pensée scientifique en politique à ce moment-là, même si elle n'est pas explicitement formulée, c’est pour contester le fait que l'ordre politique puisse se déduire d'une volonté divine. On pourrait en dire autant de n'importe quelle autorité non démontrée. Dans cette façon de voir la foi dans l’action bienfaisante de la main invisible du marché est tout aussi ridicule que n'importe quelle autre affirmation sans preuve d’où on déduit une injonction légale. En tout cas à l'époque, l'origine divine de l'autorité politique royale est la pierre de voûte du système. Les rois le sont «par la grâce de Dieu». Je me souviens que sur les pesetas espagnoles, le général Franco se disait « caudillo de Espagne por la gracia de dios ». L'Inca, lui, se disait « fils du soleil ». Car on ne doit pas perdre de vue que dans l'organisation des sociétés, la première question est celle de la légitimité du pouvoir. D’elle dépend le consentement à l’autorité qui ne peut se limiter à la violence du pouvoir. L'origine divine du pouvoir royal servait aussi à justifier une hiérarchisation du monde et de tout ce qu'il contient. C’est pourquoi les rites et usages liés à la preuve de ce lien divin occupe une telle place dans les pratiques des pouvoirs de cette sorte. Ce point-là est essentiel pour comprendre le fil de l’enquête policière dont je dois parler ensuite à propos de la « tombe » du dernier Inca, Atahualpa. En me promenant dans les rues de Quito où l’on croise une église tous les cents mètres dans le centre historique, je vois l’intensité de la bataille qui s’est mené ici dans ce registre. Car tous les lieux de culte chrétiens ont été construits à la place des « temples » indiens du secteur. Lesquels étaient tous surtout des observatoires astronomiques. La capacité à connaitre les temps de la nature était un pouvoir social, puisque tout dépendait de cela pour planter, chasser, pécher et récolter à bon escient. La légitimité de l’autorité avait ici une base utilitaire. Ainsi la hiérarchie sociale naissait du ciel, au sens littéral. Après la violence militaire, la conquête espagnole dut donc installer son autorité d’abord sur les lieux d’où se formait le consentement à l’autorité.
En tous cas, à l’époque de La Condamine, la pensée scientifique fait exploser l’ordre des choses. Non seulement elle montre que la réalité physique n'est pas celle qu'affirme la vérité révélée, mais elle en apporte la preuve argumentée. De cette façon est démontré qu'on peut accéder à la vérité par soi-même, par son propre esprit, d'après des lois qui se vérifient et se complètent ou se nient à mesure que l'intelligence humaine les compare aux faits. La vérité est une construction provisoire, pas une révélation définitive. Dès lors, si l'on peut accéder à la vérité par soi-même et la libre discussion, l'origine de l'aveuglement et des injustices est dans le dogmatisme et l'autorité d'un pouvoir qui ne peut faire l'objet d'aucune discussion raisonnée. Tel est le contenu politique détonnant de l'esprit des lumières dans l'ancien régime. Et dans le nôtre.
Bien sûr, cette sorte de confrontation idéologique commence souvent en vase clos parmi les intellectuels. Mais elle prend sa dynamique expansive quand les conditions particulières de la lutte politique et sociale d'une époque y trouve une expression. Il ne peut pas en être autrement. Les idées deviennent des forces matérielles lorsque des forces sociales s'en emparent. J’ai lu les textes des « libertins » du seizième siècle qui disent sur tous les tons que tout pouvoir politique qui prétend venir de Dieu est une imposture. Aucune condition objective ne permit que ce message devienne un programme politique. Car les conditions matérielles et sociales n’en était pas réunies. En 1735, il en va tout autrement. L'arrière-plan de l'expédition de La Condamine est aussi une bataille géopolitique entre les puissances européennes. « La compétition pour mettre au point des cartes géographiques précises a d'innombrables conséquences matérielles pour le commerce et les transports. La représentation géographique elle-même est un enjeu idéologique, car selon que l'on situe le fleuve Amazone au centre de la région ou bien qu’on le fasse avec la montagne andine, on désigne clairement des centres et des enjeux de pouvoir » m’explique Pedro l’économiste. La curiosité et l'émerveillement scientifique d’un La Condamine d’un Joseph Jussieu ou de Pedro Vicente Maldonado rejoint ainsi les attentes d’intérêts très matériels de l'époque. La Condamine ramène en Europe la quinine, la cannelle, le curare, le platine, le latex que l’économie d’alors est prête à prendre en compte avec avidité. Tout cela est oublié aujourd'hui. Mais à l'époque cela fit grand effet. De très nombreuse expéditions scientifiques dans le Nouveau Monde, notamment espagnoles, ont été organisées ensuite. On pourrait presque parler d'une deuxième conquête. L’espace géographique est une matière très directement impliquée dans les relations humaines. Il n’a de sens que par rapport a elles aux yeux des sociétés humaines. Dès lors, je crois que tout le monde voit le rapport entre l’espace et la politique, non ?
L’expédition de La Condamine produisit donc beaucoup d’effet politique. D’abord sur le plan de la méthode de compréhension du monde, je viens de le dire. Puis par les produits stratégiques qui furent collectés et présentés pour la première fois en Europe. Ensuite par le nombre de cartes géographiques dressées ou rectifiées qui ouvraient autant de chemins d’accès possible. Sans oublier l’usage idéologique qui en fut fait ici en Equateur pour justifier l’existence d’un « royaume de Quito » distinct du Pérou. Car ainsi étaient jetées les bases d’un nationalisme dont l’Equateur actuel est l’héritier. Enfin il y eut aussi des effets politiques encore plus imprévus. Ainsi, quand La Condamine se mit à mesurer, à décrire et à commenter les monuments incas pour occuper les périodes où les nuages et les brumes rendaient impossible les mesures stellaires. Je me suis promené sur le site d’Inga Pirca, « la pierre de l’inca », orgueil archéologique du pays. Entre deux moments de fascination en découvrant que le site était construit d’après une vision de l’univers, je pensais à nos compatriotes qui s’en émerveillèrent avant nous. La différence c’est qu’ils trimballaient avec eux toutes sortes d’instruments de mesure dans le fouillis végétal d’alors. N’empêche que ce fut là une curiosité féconde. Elle créa un bouleversement du regard des élites sur l’histoire locale. Elle s’intéressa à son tour aux ruines alors encore visibles. Le résultat politique ? Cela conforta l’estime de soi du sentiment créole. Le métissage changeait de signification. Au lieu d’être une source de gêne d’un sentiment d’imperfection ou même de honte face aux « bien blancs » d’Europe, le métissage humain des créoles les adossait à une histoire où la puissance et le savoir venait aussi des indiens. Encore un ajout à cet inventaire des progrès collatéraux dus à l’expédition géodésique. Il ne faut pas oublier l’impact de ce qu’ils voyaient sur les deux officiers de marine espagnols chargés de surveiller les Français. Car eux aussi se mirent à leur tour à mesurer et décrire. Mais eux non plus ne s’en tinrent pas seulement aux faits géodésiques, aux monuments et à la botanique. Ils franchirent le pas de descriptions plus dévastatrices avec leurs « Nouvelles secrètes de l’Amérique ». Et ce témoignage sur la société coloniale de l’époque, fait de dures critiques, féconda à son tour les révoltes ibériques et créoles!
Avant d'aller plus loin sur les pas de ceux qui m’ont précédés ici et dont j'ai cherché si passionnément la trace, comment ne pas surligner quelques analogies entre cette époque et la nôtre. N'y a-t-il pas aussi aujourd’hui un obscurantisme qui tient lieu de vérité révélée auquel l'ordre politique doit se conformer ? Le dogmatisme libéral ne suppose-t-il pas lui aussi ordre implicite du monde ? Ne formule-t-il pas à son tour une définition de l'identité humaine ? L'une et l'autre ne viennent-elles pas en opposition avec ce que le savoir et l'expérimentation nous permettent de connaître d'une manière certaine ? C'est-à-dire avec notre connaissance démontrée de ce que l'existence de l'écosystème qui rend possible la vie humaine est condamnée si les injonctions de la doctrine libérale et productiviste continuent à s’imposer ou à justifier l'ordre politique ? Pour moi, dans le combat que nous menons aujourd'hui, le rapport entre le savoir objectif est la contestation de l'ordre en place, la redéfinition philosophique de l'identité humaine et de ses droits sont d'une nature comparable au travail des lumières dans l’obscurantisme de leur temps. Le monde néolibéral est un obscurantisme. Il porte en lui une cosmogonie aberrante. Il suppose, par exemple, un monde capable d'être l'objet de prélèvements et de rejets sans limite. C’est aussi absurde que l’idée du soleil tournant autour de la terre. Pourtant de là il déduit des principes d'organisation politique qui sont présentées comme des lois naturelles en vue du bien commun. Celui-ci qui résulterait mécaniquement de l’expansion sans fin de la richesse produite sous le fouet bienfaisant de la compétition de chacun contre tous. Dès lors, la concurrence libre et non faussée, le droit privatisé réservé à la conservation des privilèges et puissants de notre temps comme sont les tribunaux d'arbitrage, ne sont-elles pas des duplications de l'absolutisme de l'ancien régime ? N’y retrouve-t-on pas les gargouilles juridiques destinées à réserver aux féodaux ces droits sans légitimité que l’on nomma du coup privilèges ? Et le mépris qui nous est suggéré contre l’identité révolutionnaire de notre République et ses fondateurs ? Et les apologies incessantes des créatures les plus viles de l’ancien régime comme cette pauvre petite gosse de rois qu’était la traitresse Marie Antoinette ? Et les simagrées devant le royal baby de ces bourriques somptueuses de Windsor ? N’est-ce pas la version contemporaine d’une acculturation politique semblable à celle des créoles dont je parle ?
Je reviens sur les pas de La Condamine. J’ai commencé tout a l’heure à piquer l’esprit de qui me lit à propos de la signification sociale et politique de la description géographique. Mais calculer la courbure de la terre, redessiner les cartes et en lever de nouvelles, produit aussi un modèle d'espace-temps. Car la description des espaces est une autre façon de décrire le temps. Celui qu'il faudra pour accéder, parcourir, dominer les espaces décrits. Mon propos est d’amener au fil de mon feuilleton à cette idée que le temps n’a jamais cessé d’être avant tout un résultat de l’univers social. Ou dit autrement que le temps est lui-même une matière sociale avec des temps dominant et des temps dominés. Il y a une histoire des formes de cette domination et des arguments de sa légitimité donné par ceux qui en ont bénéficié au fil des âges. Pour l’instant, je marche en commentant derrière La Condamine. On voit bien la question de l’espace dans le travail de cette mission géodésique. Mais on ne devine pas aussi facilement celle du temps. Cela tient à ce que les moyens de transport de l'époque qui s'appliquent aux distances qui seront décrites fonctionnent d'après les vélocités connues et limitées. On a tout dit quand on a décrit la distance car la mesure du temps qui s’y rapporte est tout d’une pièce. L’espace et le temps semblent aller chacun leur logique séparée sans que cela soit un problème concret. Pourtant la corrélation intime entre les dimensions d'espace et de temps est pressentie par La Condamine. Voyez plutôt cette histoire. Dans le fouillis des unités de mesure de l'époque féodale, le pouce, le pas, la toise, et ainsi de suite, l'idée d'une unité de mesure « objective », universellement acceptées faisaient son chemin. La Condamine propose d'abord de construire cette mesure universelle en prenant comme base un segment du méridien. L’Équateur contemporain a retenu le lieu de cette inspiration. On a en effet marqué la trace de la visée qui se fit depuis la montagne avoisinante, surnommée depuis « la montagne du Français », sur une église. J’ai vu cette petite plaque mesquine sur une des églises qui pullulent dans ce secteur de Cuenca. La légende rapporte que c’est dans les murs de cette église que La Condamine eut cette idée. Carmen, notre consul honoraire, mon guide ce jour-là, a été catégorique sur le sujet. D’ailleurs la plaque déclare que ce lieu est plus fameux que les pyramides pour cette raison qu’on y a établi le mètre. En tous cas, l’idée fut retenue par la grande révolution de 1789. Après qu’une nouvelle expédition sur le territoire français ait permis une nouvelle mesure du méridien, seront ensuite établis la portion qui forme le mètre et le système métrique. Mais La Condamine, pour sa part, changea d'idée. Il eut l'intuition d'un autre étalon de mesure autrement en phase avec des conceptions scientifiques bien plus actuelle. En effet, jusqu'à la fin de ses jours il proposa, que l'unité de base de cette mesure universelle soit la distance parcourue par un pendule battant pendant une seconde, à l'Équateur. L’espace et le temps se trouvaient ainsi réuni par cette façon de les mesurer l’un par l’autre. Comme s’il était possible d’avoir l’intuition à cette époque qu’il s’agit bien en effet d’une réalité unique. Peut-être que son périple parmi les ruines indiennes lui avait permis de comprendre que si l’espace est une dimension politique, le temps l’est tout autant. Et même bien davantage à notre époque. J’y viendrai dans ma prochaine note en même temps qu’à la suite des aventures dont je vais maintenant commencer le récit.
Sur les pas de la momie disparue
J'ai raconté comment j'ai appris la découverte de la dernière « tombe » de l'Inca Atahualpa en lisant un article sur le sujet dans « Science et Vie » en voyage de retour depuis Strasbourg. Il faut m’imaginer à présent embarqué dans un quatre-quatre pour m’y rendre a la surprise de tous ceux à qui j’ai dû demander le moyen d’y aller. La vérité est que presque personne ne sait de quoi je parle quand j’aborde le sujet ici. On m'avait annoncé une heure trente pour m'y rendre, il a fallu cinq. Je ne dis rien de la piste, du raccourci en chemin de chèvre, et, par-dessus tout, de l'angoisse de voir le temps passer avec le risque d'avoir à faire le chemin du retour dans la nuit et la brume. Mais la magie des paysages avait tout compensé. Le mieux restait à venir. C'est cette rencontre avec l'historienne qui a fait la découverte, Madame Tamara Estupinan. Je la trouve à l’heure au rendez-vous, claudicante mais rayonnante. On vient de lui opérer la hanche et elle marche pour l’instant avec une canne. Rude contrainte pour une femme sportive car c’est aussi une cycliste. On se met à table comme si on s’était quitté de la veille et on se tutoiera quasi aussitôt. On vient vite au récit de ce qui nous réunit en mangeant des aiguillettes de poulet au quinoa trempées dans du miel. Elle me raconte comment elle a mené son enquête. Elle sait ce qu’elle cherche : la momie de l’inca Atahualpa. Car celui-ci n’a accepté le baptême qu’en échange de la promesse que son corps ne soit pas brulé. Pizarro a promis. Le plus urgent pour lui c’est d’accroitre la soumission des indiens en liquidant la dernière autorité dont ils pourraient disposer. Et cet Atahualpa est un rude politique qui n’a pas trouvé ses galons dans une pochette surprise. Pizarro applique à Atahualpa la sentence d’un jugement ridicule. Il lui est, par exemple, reproché l’assassinat de son demi-frère Huscar, concurrent pour le trône. Et c’est un envahisseur qui le fait ! On lui reproche aussi un rejet blasphématoire de la Bible. C‘était le jour où on lui avait dit qu’il entendrait par ce moyen la voix de dieu. Après avoir approché de son oreille le livre, Atahaulpa l’aurait jeté en disant « je n’entends rien ». Les Espagnols passent Atahualpa au garrot. Puis l’histoire se brouille. Mais on sait que le corps disparait. On connait le nom de celui qui le prend en charge. Il n’y a aucun doute que celui-ci ait fait aussitôt momifier le mort. Cette momie c’est un trésor dont on ne peut se figurer l’importance. Elle est autant institutionnelle que religieuse pour les Incas. On ne peut prendre la succession au trône de l’Inca si l’on n’a pas l’accord de la momie de son prédécesseur. Donner une chance à la dynastie fracassée par ses luttes internes et par le désastre de la conquête espagnole, c’est avant tout sauver le corps d’Atahualpa, c’est-à-dire sa momie. Ces sortes de momies ont d’ailleurs un statut spécial. Elles sont présentées aux yeux de tous dans un lieu qui leur est réservé. On les consulte. La momie a ses serviteurs. Elle est promenée. Elle rend visite à d’autres momies. Bref, la momie continue la fonction de celui qui en est l’origine. Alors, où la momie d’Atahualpa a-t-elle été emmenée et cachée si bien que les Espagnols ni personne ne la retrouva jamais au cours des quatre siècles derniers ?
Pour Tamara Estupinan, tout commence avec le testament du fils de l'Inca Atahualpa. C’est elle qui l’a trouvé. Ce n'était pas du tout un document inaccessible. Seulement il est écrit dans la forme de l'ancien espagnol et il est collationné avec des milliers d'autres feuilles dans un très gros registre que personne n'avait consulté. Trop rebutant. Mais Tamara, elle, a un don : celui de lire facilement la calligraphie de l’ancien espagnol. Elle s'attarda avec émotion en me présentant la photocopie de ce document. On voit le travail d’une main habituée à écrire ce genre de document avec ordre et d'une écriture ferme. Mais à la fin, la signature est d’une autre facture. Le fils d’Atahualpa a signé lui-même. C’est la loi. Il est sans doute malade. Sa main a tremblé. Nous restâmes un petit moment en silence à regarder ce trait. C'est la seule trace matérielle de l'existence de cet homme. Mais une trace très personnelle. Toute son humanité et dans ce léger tremblement sur la première lettre et quelques-unes des suivantes. C’est un geste fossile que je vois en quelque sorte.
Dans ce testament, il fait le point de ses propriétés matérielles. Tamara a donc entrepris une étude encyclopédique de l'histoire de la propriété de chacune des parcelles désignées par ce testament. Elle a constaté que seule une d'entre elle n'est jamais vendue au fil du temps très long qui nous sépare de ce texte. En fait elle ne change de propriétaire que depuis peu et encore par un coup de force du beau-frère d'un récent dictateur. En élargissant la recherche de l’histoire des propriétés voisine, Estupinan découvre aussi que le principal général d'Atahualpa, Rumiñahui, a lui aussi acquis une propriété à proximité de ce lieu, après la mort de son souverain. Elle reconstitue aussi les déplacements des principaux personnages de l'entourage d'Atahualpa à partir de la disparition de son corps juste après l’exécution. Elle constate alors de nouveau que ceux-ci d'une façon ou d'une autre ont convergé vers cette propriété particulière. Elle se met donc en route, elle aussi dans la zone et son enquête démarre à partir de cette ancienne propriété.
Surprise ! Une fois rendu au point de départ de son travail, elle reste bouche bée. Ce lieu, à Insinche, c’est un lieu de culte particulier dans la région. Il est plus que célèbre ! C’est celui où l’on célèbre le niño d’Insinche, une sorte d'enfant Jésus, figuré par une poupée solitaire. Drôle de figure religieuse. Elle se présente dans une étrange posture, le bras levé, la tête penchée dessus. Cette position, c'est un coup de tonnerre pour Tamara. Car c’est la pause traditionnelle de la momie d’un Inca. Et ici, chaque année aux solstices, des fêtes sont célébrées qui réunissent des milliers de personnes qui viennent rendre hommage au niño, prier et donner des offrandes. Elle ne dit rien. Elle a compris qu’elle brûle ! Partant de ce point de départ elle enquête sur les noms des lieux-dits de cette région de plus en plus montagneuse à mesure qu'on s'éloigne du point de départ pour aller vers la côte. Elle étudie aussi les patronymes des familles qui habitent dans cette zone. C'est un travail scientifique. Elle constate que beaucoup d'entre eux sont des noms des lignages de la cour de l'Inca. Bientôt elle peut resserrer sa recherche autour d’une zone un peu éloignée de son point de départ, mais en ligne droite, dont elle découvre que les toponymes évoquent une momie.
Elle travaille aussi beaucoup en bavardant avec les gens. Après tout il s'agit de retrouver des ruines. Peut-être quelqu'un a-t-il vu quelque chose ? C'est cette façon de faire qui va lui permettre de trouver l'endroit recherché à l’intérieur de la zone étroite qu’elle a fini par délimiter à partir des noms de famille et des toponymes. Car elle découvre dans l'axe de la propriété dont j'ai parlé, en ligne droite à travers la montagne entre le lieu de culte du niño d’Insinche et un lac sacré, une micro localité qui est appelée Malki. Ce mot, Malki, signifie « la momie ». Mais où aller dans ce fouillis de pentes et de vallées, cet entrelacs de végétations dense et de prairies? D’ailleurs il y a plusieurs « Malki » dans ce secteur, additionnés de toutes sortes d’adjectifs qualificatifs. Elle parle avec ceux qu’elle croise. Un jour, elle tombe sur un couple d’indien du coin. « Savez-vous s'il y a des ruines par ici » leur demande-t-elle ? Non, non ils ne savent pas. C'est alors qu'elle a la bonne idée. « Alors vous savez peut-être s'il y a des pierres par ici » précise-t-elle. Car elle a compris que le mot ruine n'est peut-être pas connu de ces gens. « Ah oui des pierres, il y en a là-haut ! » dit la femme. Bingo ! « Ou ça ? demande Tamara. Comment ça s'appelle l'endroit où sont ces pierres ? ». « Là-haut, montre la femme avec le doigt. « Et ça s'appelle comment là-bas », insiste Tamara. « Matchaï ! » dit la femme. « Matchaï ! Ça s'appelle Matchaï ». Cette fois-ci c'est un frisson glacé pour Tamara. Elle ne pouvait rêver plus clair message. « Matchaï », cela veut dire : le nid. « Malki Matchaï », c'est « le nid de la momie ». Ca ne peut pas être plus simplement dit.
L'expédition est vite organisée. C'est son habituel complice, Jaïme, son mari, qui tiendra le volant comme d'habitude après avoir calculé le trajet et organisé la logistique. Elle sera accompagnée cette fois-là d'une archéologue avec qui elle a l'habitude de travailler. Celle-ci aussi se prénomme Tamara. Sa présence est indispensable. Car notre historienne n'est pas archéologue. Elle ne sait donc pas, avec l'autorité de la science, identifier à coup sûr le caractère Inca de ruines. Bientôt, il faut couper le moteur et continuer à pied. Le Malki Matchaï est situé dans une propriété privée. C'est une hacienda de très grande dimension. Jaime se donne le temps de bavarder respectueusement avec les personnes qui se trouvent sur le trajet. Il veut solliciter leur autorisation, ne bousculer personne si près du but, peut-être. Mais les deux femmes sont parties quand même devant, à travers la végétation extrêmement dense à cet endroit. Elle l’est toujours autant d’après ce que j’ai vu et encore suis-je arrivé par l’arrière du site qui a été dégagé, quoiqu’il faille passer sur un pont de bois nullement engageant. Mais Tamara se réjouit de l’hostilité des lieux et du parcours car elle ne souhaite guère les visites intempestives en l’état actuel. Ce jour- là, en escaladant la pente, l’historienne arrive la première devant un mur de pierre. Ce seul repère permet à l'œil de mettre en perspective tout le secteur. Elle distingue plusieurs niveaux de plate-forme et la boursouflure d’une enceinte. Sans hésitation possible c'est bien un ensemble de ruines. C’est un même site monumental que Tamara distingue, en dépit des arbres, des herbes hautes et des éboulis. Elle appelle, pleine d'émotion. Et sa voix porte comme jamais. Jaïme, si loin en contrebas, tout occupé à ses palabres de précaution, dit qu’il l’a entendu et qu’il a aussitôt compris. « Tamara ! Tamara ! » L’homonyme archéologue est à bout de souffle parce que la pente est rude à cet endroit. Mais pas besoin de se parler. Elle voit à son tour le mur de pierre. Elle aussi se met à arpenter le lieu en tous sens. En hauteur la plate-forme est en bonne partie dégagée et il y a même une grande cabane d'habitation posée dessus. L'archéologue voit bien ce qu'il faut voir. Elle dit en anglais : « ce que vous venez de trouver est extraordinaire ! ». « C'est bien Inca ? » demande avec angoisse l’historienne. « Oui, c'est inca, sans aucun doute » répond l'archéologue en montrant la bouche trapézoïdale typique d'un conduit d'irrigation Inca qui débouche sur la plate-forme. C’est bien le « Malki Machaï », le lieu de vie de la momie. Toutes les caractéristiques de ce type de lieu sont visibles sur la plateforme. On discerne la petite « estrade » où était posée la momie pendant le jour, l’emplacement à l’inverse où elle était abritée la nuit, le bassin d’ablution, le canal souterrain pour l’eau et ainsi de suite.
Quand Tamara m'a raconté cette histoire nous étions à table avec son époux Jaïme, au restaurant du « Patio Andalou » dans le vieux centre historique de Quito. Jusque-là les fourchettes n’avaient pas beaucoup servi car le récit nous avait saisi les trois de la tête aux pieds. Tamara sait raconter. Jaïme son époux appuyait le récit de hochements de tête et de quelques précisions par-ci par-là sans rompre le rythme de l’histoire ni la magie de la voix de Tamara racontant comme si elle était revenue au moment même de la découverte. Puis ce fut le silence, quelques coups de fourchette méditatifs et un peu d'eau pour faire passer le tout. Je me revoyais arrivant dans ce jour maussade et cette pauvre lumière d’une après midi avancée, sur cette plate forme, devant cette improbable cabane, après ce pont de bois tout pourri. Le chien aboyait et les propriétaires révélèrent leur présence au bout d’un bon moment aussi confus que nous de cette rencontre inattendue. Ils faisaient la sieste. J’allais d’un endroit à l’autre en suivant Fédérico, l’historien qui nous accompagnait ce jour- là. Le mur de verdure qui entoure le site étouffait le regard. Je repérai quand même tout seul le lieu du sommeil de la momie car j’ai les ruines dans la peau depuis que mon père m’a trainé dans mon enfance dans celles des Romains et des Etrusques tant de fois. Quand on a été un explorateur amateur en culotte courte à Volubilis au pied de Mulay Idriss au Maroc, arpenter le Malki Machaï est plus simple, même si c’est à couper le souffle d’émotion. Mais mon parcours dans l’enquête de Tamara ne fait que commencer. J’ai décidé d’aller à Insinche voir de près le niño. Et cette fois- ci j’y vais avec elle et Jaïme ! Avant cela je vais au sommet de l’Alba à Guayaquil, en hiver, sur la côte. Mes récits vont devoir suivre. De fait, pour la première fois, j’écris un feuilleton. Ici on est arrivé sur un site que personne n’a trouvé en quatre siècles. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché car le « trésor » à trouver était l’obsession des cupides. Ils s’acharnèrent pour un malentendu. Une population entière s’est mobilisée autour d’un secret politique. Car avec une momie de cette sorte c’est un ordre du monde qui était en jeu. En cela consistait le « trésor ».
Après la naissance du royal baby qui fut à la une de tous nos médias bien pensant la semaine dernière, voici le retour au Brésil du pape Francois avec son "magnfique succès populaire des JMJ". Et autour de ces 2 révélations divines, rien.... le néant !
Merci et bonne route.
Petit complément technique. Jean-Luc vient de rappeler le rôle des géomètres français dans la détermination de la longueur de l'arc de méridien entre l'équateur et le pôle, et l'idée qui en découlait de définir le mètre comme étant la dix-millionième partie de cet arc de méridien. Au passage, une des grandes idées associées, consistait à abandonner le système sexagésimal des mesures d'angles en degrés, minutes, secondes, si peu commode à utiliser, au bénéfice d'un système purement décimal, consistant à diviser l'angle droit non plus en 90 degrés, mais en 100 grades. Mais ça n'a pas marché, et sans doute sous la pression anglo-saxone, la marine comme l'aviation continuent donc à pratiquer l'ancien système, qui permet de définir le Mile Nautique comme unité de distance et le noeud comme unité de vitesse.
Par contre, pour les calculs associés aux opérations d'arpentage, les géomètres français utilisent un quadrillage kilométrique, qui est donc plus qu'une survivance, mais même une forme de résistance.
Et ceci n'est pas complètement déplacé sur ce blog, car il faut savoir que du temps de l'URSS, les avions soviétiques étaient les seuls à avoir des instruments gradués en système métrique, avec des vitesses en km/h et des altitudes en mètres, ce qui n'était pas sans compliquer la vie de leurs équipages dès qu'ils allaient dans les autres pays.
Difficile de faire la révolution, n'est-ce pas...
Passionnant, oui réellement, ce récit Monsieur. Vous nous offrez un moment de lecture, issue d'une écriture tellement élégante et passionnée par le sujet, qu'il est difficile de s'en séparer, même avec l'heure tardive de La Condamine à la momie perdue d'Atahualpa. Vous avez raison de dire que Da Vinci Code est dépassé (je ne renie cependant pas que j'ai aimé le livre). Merci, j'attends impatiemment la suite.
Votre remarque sur les lieux de cultes chrétiens qui ont été construits à la place des temples indiens du secteur cité dans votre texte, est vraie également chez nous, par rapport au lieux de cultes des Celtes et des Druides. Que ce soit les édifices Romans ou Gothiques, ils ont tous remplacés les lieux sacrés de ceux ci. Mais cela est une autre histoire.
Je relirai ce récit demain, ce soir il va meubler mes rêves ! C'est une manière comme une autre de partir en vacances!
En te lisant mon cher Jean-Luc, je me dis que notre beau pays aurait avec toi un Président enfin digne de cette fonction ! Et puis nostalgiquement, je me dis que si ton élection à la présidence n'est pas encore garantie, ta culture et ton intelligence ne resteront pas sans être reconnues par tous, et que donc Président ou pas, nous n'avons pas fini de te suivre. Même si il est certain que tu ne veuilles pas devenir notre gourou et encore moins un dictateur, tu prends place de plus en plus auprès des intellos, et j'ai peur que ton survol personnel de la politique soit trop haut pour le commun des mortels, non pas que tu nous prenne de haut mais que nous soyons pour la majorité de ceux qui te suivent d'un niveau trop bas. Mes différents métiers et mes différentes vies en passant par des années chez les jésuites entre autres me permettent de lire entre les lignes, mais je suis obligé de lire plusieurs fois tes récits pour en distinguer la finesse et la subtilité, alors pour certains de mes amis voisins, famille, et membre du PG, je suis septique quand à la compréhension de tes écrits si ils arrivent même à lire ceux-ci jusqu'au bout. Sans vouloir te donner de conseils puisque tu es plus fort que la majorité d'entre nous mais en osant te donner mon humble avis, je crois qu'il va falloir que tu reprennes les bases (RMI, SMIC,Retraite, Antibanksters, etc OGM, Monsanto, Marché mondial, etc) pour accrocher l'écoute de la majorité de ceux qui veulent et qui peuvent te mettre à la tête de notre beau pays. Rien de méchant dans cette suggestion, mais j'ai tellement envie de te voir devenir Président que j'essaie d'apporter ma contribution humblement à ta, donc à notre réussite ! Tes électeurs ne sont pas tous des membres intellos du PC et c'est dommage, par contre je suis sur et certain qu'il leur est difficile à tous d'apporter leur aide à d'autres en utilisant tes écrits tellement ceux-ci sont trop bons, mais trop intellectuels. Courage on ne lâche rien !
Un récit pour l'été, ça change et ça détend de tout ce qui se passe en ce moment. C'est un temps d'évasion et ça fait du bien, même si certains te reprocheront d'être dans un pays lointain au lieu de parler de la santé politique de la France. Moi ça me fait du bien de m'évader dans tes récits. Surtout que tu vas avoir fort à faire en rentrant de ton voyage. Mais il ne vaut mieux pas que j'en dise plus... Mieux vaut s'évader par la pensée dans ces cas là.
@5 SandrineN
Exact ! Je me suis fait la même réflexion en prenant connaissance des "vacances" de Jean-Luc. Toujours sur la brèche même en vacances.
Bonjour, Jean-Luc voici ce que je retiens:
La connaissance scientifique des mécanismes à l’œuvre dans l’écosystème pour se maintenir au point d’équilibre auquel il se trouve est décisive. C’est d’elle que se déduit l’intérêt général humain. Dès lors c’est elle qui prononce l’obsolescence de la pensée libérale et de toute la civilisation qui lui est attachée... et encore Le monde néolibéral est un obscurantisme.
Nous sommes bien en phase avec l'écosocialisme.
Encore merci pour tes messages, bonne continuation.
La belle plume de mon cher Jean-Luc au souffle d'aventure, entre les sciences de Jules Verne et le fouet d'Indiana Jones. Le temps de s'élever un peu, de sortir du sinistre médiocre que nous supportons encore. Le temps de retrouver le gout de la recherche, de la découverte et du vrai progrés humain.
Dis Jean-Luc, tu nous écrira des romans un jour ? Trop de talent dans un seul bonhomme !
Amitiés et Résistance
@oliv
Un roman ? Non il est dans la poésie du réel, pourquoi aller vers la surpopulation des romans de fiction.
Ses carnets de voyage qu'ils soient en France ou plus loin sont uniques en leur genre. Pas besoin d'illustrations, rien ne manque et notre imagination fait le reste.
Nous sommes scotchés devant ce récit qui mêle le passé et notre présent. C'est une grande chance d'allier un voyage, des rencontres politiques et intellectuelles qui irriguent la réflexion. Nous en mesurons encore plus la pauvreté de notre quotidien politique. Comment orienter notre imaginaire social institué sur le mode libéral destructeur vers l'acceptation de nos limites physiques de nos ressources et d'un vivre ensemble plus fraternel et convivial. Merci JL, nous attendons la suite avec gourmandise.
"(...) la foi dans l’action bienfaisante de la main invisible du marché est tout aussi ridicule que n'importe quelle autre affirmation sans preuve d’où on déduit une injonction légale."
Combien de fois faudra-t-il rappeler que l'idée de "main invisible du marché" à l'origine n'a rien d'une foi ? J'avais déjà critiqué une injuste critique de Smith en page 99 de "Qu'ils s'en aillent tous!", je n'en fais pas un nouveau résumé ici. Je ne dis pas que la théorie de Smith contient à elle seule La Vérité. Elle ne la contient ni plus ni moins que celle de Copernic (qui soutenait que les orbites étaient circulaires) ou de Galilée (qui pensait comme Aristote que "la nature a horreur du vide"). C'est ce crédit qu'il faut accorder à la théorie de "la main invisible" (c'est-à-dire l'existence d'effets collectifs qui sont autre chose que la somme des effets individuels) : celui d'un progrès dans la connaissance scientifique. Et retenir que Smith a donné une explication à cette "main invisible", il ne l'a nullement invoquée comme une divinité (d'ailleurs, croyant, il s'est justement abstenu d'invoquer dieu pour expliquer le marché et il n'aurait certainement pas inventé pour l'occasion une divinité païenne).
J'ajoute pour conclure que la théorie la plus récente pour expliquer la formation des prix, ne conteste pas l'existence du jeu de l'offre et de la demande. Elle y ajoute simplement des bornes hautes et basses, résultat elles aussi d'un compromis tacite et néanmoins solide -in fine, résultat d'un rapport de forces- entre les acteurs.
Ce billet nous emporte dans l'histoire avec la force d'un roman, et pourtant à partir du trait de plume si particulier de Jean-Luc Mélenchon. Quel regret qu'il ne soit notre Président de la République. Avec lui et son équipe, nous serions sûrs de la place donnée à l'instruction quelle qu'elle soit pour former des citoyennes et des citoyens qui seraient en mesure de faire valser tous les "jean-foutre" qui se piquent d'érudition et contribuent seulement à désinformer ou surinformer la population. Merci Jean-Luc de prendre sur ton temps de vacances pour penser encore à nous, à; notre avenir à travers l'histoire.
Essaye tout de même de te reposer.
@Alain tétard
Je ne suis pas de ton avis. C'est bien les bases, mais la politique est tellement au ras des pâquerettes en ce moment, ça fait énormément de bien de s’élever. Enfin, c'est ce que je ressens en lisant ces textes. C'est, comment dire..., régénérant et je pense que vous en avez tous besoin, pour prendre du recul et éviter de ressasser et tourner en rond. Jean-Luc Mélenchon ouvre des horizons pour continuer parce qu'il va falloir beaucoup d’énergie et de conviction pour aussi ne pas se diviser et pinailler pour des broutilles.
Curieuse et passionnante chose que l'histoire. L'écho des époques charnières du passé raisonne encore à qui cherche à y voir un peu plus clair dans notre présent. Les années Trente par exemple, à travers les travaux d'Annie Lacroix-Riz notamment. De vous lire, la confirmation qu'une autre époque nous parle encore plus fort: celles des philosophes des Lumières.
Ne sommes-nous pas porteurs d'une contestation de nature équivalente, celle d'un ordre factice du monde et d'une légitimité usurpée qui reposent sur le dogmatisme du marché, sur le fatalisme, la négation de toute alternative possible ? Le libéralisme, nouvelle transcendance, obscurantisme d'aujourd'hui. L'agressivité manifestée par le nouveau président du Medef à l'encontre de l'enseignement des sciences économiques et sociales, l'empressement des Solfériniens à accentuer la promotion de l'entreprenariat, ne nous confirment-ils pas que nous sommes sur la bonne voie ? D'où l'impérieuse bataille de l'éducation sur le front de cette guerre idéologique.
Grand merci pour ce feuilleton philosophique qui y contribue si passionnément.
Je reprends l'intervention de notre camarade Poncet qui commence par citer Jean-Luc Mélenchon : "(...) la foi dans l’action bienfaisante de la main invisible du marché est tout aussi ridicule que n'importe quelle autre affirmation sans preuve d’où on déduit une injonction légale." Puis, poursuit "Combien de fois faudra-t-il rappeler que l'idée de "main invisible du marché" à l'origine n'a rien d'une foi ? "
Oui, c'est exact, mais c'est la foi aveugle dans l'action bienfaisante qui est mise en cause et non l'existence d'effets produits par tout marché même laissé libre.
Petits rectificatifs concernant le billet n°27 (Amérique latine : une solidarité raisonnée) du blog de Jean Luc Mélenchon.
"Ils (les investisseurs) tirent aussi les ficelles localement, notamment celles des forces de police dans la région de Cajamarca..."
Grâce à des lois votées certes à l'époque Fujimori et Garcia, mais maintenue et renforcée par le gouvernement d'Ollanta Humala.
"Depuis, effectivement, le projet de Conga, une extension gigantesque du projet déjà exploité par Yanacocha, a été quasiment arrêté."
Cela est faux le projet continue et l'entreprise Yanacocha continue de préparer l'exploitationde l'extension Conga.
"Les tensions se sont apaisées sur le terrain.
Cela est faux, les tensions persistent, les manifestations contre le projet continuent, même s'il n'y a pas eu de mort récemment.
A propos de marché libre, puisqu'on en parle, un marché n'est jamais le résultat d'interactions totalement libres entre les agents économiques, justement. Pour qu'un marché existe, il faut par exemple imposer un jour et un lieu de rencontre (même si ce n'est pas la puissance publique qui le fait, ce peut être la parution d'un journal privé). Toutes les théories classiques et néoclassiques font intervenir, sur un marché idéal, un "commissaire priseur" ou équivalent. Bien entendu, dans la vraie vie, les transactions hors-marché existent toujours, et n'obéissent évidemment pas au jeu de l'offre et de la demande. Bref, le libre-échange réel, ce serait l'absence de marché et une vaste coexistence d'échanges de gré à gré, avec très peu de concurrence entre producteurs (ou du moins, pas sur les prix). Ce que les adeptes du "libre échange" nomment ainsi, c'est en réalité une liberté de fixer ses prix dans le cadre de certaines règles d'échange qui font du marché une compétition entre producteurs.
Merci cher Jean-Luc pour ce récit passionnant.
Vous avez certainement lu les romans de Denis Guedj, écrivain et mathématicien, hélas décédé en 2010. Il était un farouche défenseur de l'université populaire et grand vulgarisateur des mathématiques. L'un de ses thèmes favoris était notamment l'histoire de la mesure du globe, depuis Eratosthène jusqu'à la Révolution française. On pourra citer trois romans traitant de ce sujet avec une approche différente :
La méridienne : aventure passionnante des scientifiques Jean-Baptiste Delambre et Pierre Méchain, de 1792 à 1799, aboutissant à l'établissement du mètre étalon à partir d'une portion de l'arc de méridien Dunquerke - Barcelone. Vous avez évoqué cette excursion dans votre billet.
Le mètre du monde, dont la postface offre une belle continuité avec vos propos : "La Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen avait fait les hommes égaux devant la loi, le système métrique les fit égaux devant la mesure des choses. Égalité politique, égalité métrologique. En choisissant un méridien terrestre pour étalon de mesure, les acteurs de la Révolution, savants et politiques, ont consacré la Terre commune à tous les hommes comme mesure de toute chose. Rencontre unique entre philosophie, politique et science, cette épopée de la mesure offre une image peu habituelle : celle de la Révolution française vue à travers l'élaboration du système métrique décimal."
Et pour conclure, mon préféré, les cheveux de Bérénice : ce livre propose une version romanesque de la mesure du globe effectuée par Ératosthène, directeur de la grande bibliothèque d'Alexandrie au IIIème...
[Edit webmestre : Evitez les liens commerciaux. Vous n'avez pas à suggérer une librairie en ligne plutôt qu'une autre. Chacun est capable de se procurer les ouvrages cités, et en particulier auprès de son libraire. Il serait d'ailleurs plus astucieux de donner le N°ISBN pour permettre à celui-ci de les commander. J'ai donc retiré vos liens.]
Alors là bravo ! L'actualité française étant déprimante, vous voilà à nous offrir des vacances intellectuelles et politiques, on vient là pour ça au départ encore que je me demande parfois, on s'habitue au petit plus de votre écriture ! Un jour vous serez capable de nous mettre une recette de cuisine, toujours en lien avec un fond politique et c'est pour ça que je suis accroc à ce blog il y est toujours question de vie d'abord et avant tout. Encore merci
Que du bonheur la lecture de ce blog. La science, la philosophie et l'histoire essaient de relier les points qui apparaisssent disparâtres sur le canevas des savoirs pour donner une cohérence au Monde. Je comprends maintenant ce que science politique veut dire grâce à vos écrits. Grand Merci de nous éclairer au moment où obscurantisme et ignorance reprennent place alors même que l'on n'a jamais eu autant facilement accès aux savoirs. La chose Politique c'est votre vie mais sachez aussi vous reposer lorsque nécessaire. Amitiés écosocialistes.
@13 marianne31
"C'est, comment dire, régénérant et je pense que vous en avez tous besoin"
Effectivement nous en avons peut être tous besoin, mais avant de fidéliser sa clientèle, il faut réussir à avoir sa propre clientèle, et jusqu’à preuve du contraire Jean-Luc Mélenchon doit en premier lieu, faire voter pour lui, les indécis, ceux qui s'abstiennent et les autres et c'est seulement après qu'il pourra fidéliser comme il le fait et comme il sait si bien le faire ! Pour ma part je ne me sens pas de taille à faire voter pour le Front de gauche en imprimant et en faisant lire les écrits de Jean-Luc, cette arme magnifique que possède JL avec ses écrits n'accroche pas les abstentionnistes, les indécis, etc. la base pour tout vous dire ! ça vole trop haut !...
Souhaitons que vous ayez raison, mais j'en doute !
Ce récit sonne comme une suite aux aventures de Jéromine Pasteur, racontées dans Chaveta : l'arche d'or des Incas, où elle raconte comment, aidée par les indiens Ashaninca, elle a parcouru la jungle à la recherche du pont naturel qui aurait été le lieu de passage d'une partie du trésor d'Atahualpa lorsque celui ci tombait aux mains des Espagnols. Ce pont permettant de franchir un profond canyon est évoqué comme un passage obligé sur la route de Cuzco à Païtiti, ville légendaire cachée dans la Selva où aurait été caché le fameux trésor... Chez nous, on découvre encore des vestiges archéologiques chaque fois qu'on creuse un trou, alors là-bas, il y a encore de l'espoir de belles découvertes...
@ Alain Tétart
Oh non s'il vous plait cher ami, ne jouez pas les grognons ! La magie est trop belle et je suis sûre que vous appréciez ces écrits comme nous tous ici. Être de cette gauche ci n'implique pas forcément "'être ignares" vous savez. Et puis, et l'éducation populaire, c'est ça aussi. Nous ne votons pas tout de suite, et nous serons fin prêt, je vous assure. Car vous le savez comme moi, la nourriture des méninges est essentielle pour bien se battre. Je crois que vous jugez vos concitoyens trop sévèrement quant a leur possibilités d'intelligence et leur intérêt pour les belles lectures. Nul besoin de sortir de l'ENA pour cela. Au contraire parfois. Voter Front de gauche et aimer l'Histoire, celle des civilisations etc. n'est pas incompatible que je sache, non ? Et puis, moi justement, c'est ce que j'aime chez monsieur Mélenchon, c'est ce non mépris pour tous les individus. Il mise sur leurs neurones pour les faire travailler et c'est bien comme ça.
Dévoiler le Malki Matchaï va faire flipper certains et les faire se déplacer sur les lieux ? La perspicacité de cette Tamara qui trouve ce trésor historique de ce lieu et peut-être la momie qui fera le lien avec les Incas orphelins, redonne espoir dans nos recherches abandonnées de l'obscurantisme de notre identité humaine. Le savoir objectif peut contester l'ordre mis en place, ce dont nous sommes maintenus ignorants, par les médias, certains historiens, les Églises, les écoles et les gouvernements successifs.
Les idées politiques au travers de la science, font évoluer et doivent donner des vérités, des lois, d'ordre de l'intérêt général. C'est pourquoi il ne faut pas que les religions s'en mêlent ! La séparation partout de l’Église et de l’État doit se faire dans chaque pays. Rendre à César ce qui est à César. Vous avez bien expliqué la science baroque et on la comprend mieux. Le sentiment d'indépendance vient de la science. On peut accéder à la vérité par soi-même. La révélation n'est pas définitive mais une construction provisoire dites-vous aussi. La main n'est pas invisible dans ce capitalisme acharné !
Le feu sacré de La Condamine, vous l'avez et vous soufflez sur nos braises. Affaire à suivre, on vous suit, c'est le temps des vacances. Merci.
Sur les Lumières et l'Amérique latine, il ne faut pas oublier le très beau roman du Cubain Alejo Carpentier, "Le siècle des Lumières". J'ai connu l'Equateur il y a 40 ans, la chanteuse Gloria Haro interprétait en espagnol et en quechua des airs à la gloire d'Atahualpa: "despierta, Atahualpa". Les petites bonnes indiennes mangeaient les restes du repas de leurs patrons, et cela dans des lieux sublimes. Et tant d'Equatoriens avaient pris le chemin de l'Espagne, d'où la crise et les expulsions de leurs maisons les chassent maintenant!
"voir la foi dans l’action bienfaisante de la main invisible du marché est tout aussi ridicule que n'importe quelle autre affirmation sans preuve d’où on déduit une injonction légale."
Il s'agit non seulement d'une affirmation sans preuve, mais bien d'une affirmation erronée. La règle classique de la formation des prix est démentie chaque jour sur les marchés financiers, où l'inverse se constate. Une hausse du prix des actifs produit une hausse de la demande de ces mêmes actifs, et vice-versa. Ce mécanisme est au principe de la formation des bulles spéculatives. Or, on parle là de pas moins de 80 ou 90% des transactions effectuées en économie libre. L'inexistence de dieu, elle au moins, n'a jamais été démontrée. L'inexistence de la "Main invisible", si.
Pour poursuivre la promenade à laquelle nous convie Jean-Luc Mélenchon "Sur les pas de la momie disparue", et être au fait des découvertes les plus récentes sur Atahuallpa, notamment celle de Tamara Estupiñan Viteri.
Bonne lecture et bon visionnage des vidéos du site de Malqui Machay.
J'ai adoré, le feuilleton était génial. Écrivez des feuilleton toute l'année Jean-luc ;)
Cher Jean-Luc Mélenchon,
Après l'analyste politique, le polémiste, le philosophe, vous voici en feuilletoniste! Avec talent certes, mais assurément aussi avec quel bonheur d'écriture, pour notre bonheur de lecteurs. Et si certains vous reprochent, par peur sans doute, de voler trop haut, combien - vous lisant - j'ai repensé au contraire à ces mots de Péguy : "Tout ce qui élève unit".
Merci encore et prenez soins de vous
Très bonne plume, c'est un plaisir de vous lire !
Je pense aussi que ce que vous faites là, sur ce blog, est très important. C'est de la nourriture indispensable pour beaucoup afin de sortir de la simple subsistance et avoir des projets humains d'existence (c'est bien ce qui nous différencie d'une vache, qui se contente de brouter et que beaucoup aimeraient que nous ne nous contentions que de ça). En tous cas, bon feuilleton en perspective, instructif, ludique, du partage.
Les passerelles avec notre époque actuelle sont très importantes !
Arpenter. La chaîne d'arpenteur, qui en a vu ? Comme disent nos cousins, "je me souviens" vaguement mais réellement de cet objet vu dans ma petite enfance, impression forte de connaître l'espace.
Le mètre, les Lumières! Actuellement la définition légale du mètre est la distance parcourue par la lumière dans le vide en un temps donné à 9 chiffres significatifs. Relation donc entre distance-lumière-temps. Plus de matière, une onde et une vitesse limite. Dans l'esprit actuel où tout se dématérialise et où la réalité n'est pas comme elle est mais comme il faut qu'elle soit pour satisfaire ceux qui entendent être maîtres du monde. A force de paroles incantatoires, de croyances forcenées dans la toute puissance des technologies innovantes portant le libéralisme comme moyen pour arriver à leurs fins, les Etats sont entraînés vers la décadence mortifère. Danse du tapis pour que la croissance soit au rendez-vous derrière l'église à l'heure dite, budgets sacrifiés sur l'hôtel des technologies fabriquant l'homme augmenté avec la bénédiction de la main invisible du marché où l'on ne marche pas, mais on court, on vole. Pouvoir légitimé par la connaissance d'experts "scientifiques" qui humilient les vrais, rigoureux, humbles, honnêtes dans leurs démarches. J. Ellul "avait raison". Les connaissances mises à l'épreuve des faits sont méprisées au profit de dénis et de mensonges, exemples à la pelle, des semences brévetées que les paysans ne peuvent reproduire, à l'énergie nucléaire dont on ne saura jamais maîtriser les risques, qui coûte très très cher etc. Seul l'écosocialisme bien pensé peut sauver nos sociétés et préserver un futur viable. Oui "le monde néolibéral est un obscurantisme".
Lumineux billet traversant l'espace et le temps qui apporte connaissance, partage, cultive la curiosité. Merci. Tant qu'à être dévoré tout cru par ces médiocres marionnettes, raffermissons nos chairs du plaisir de partager des savoirs et des ailleurs.
Bonsoir,
Tandis qu'à l'autre bout des étoiles se démêlent et se tressent des histoires frémissantes de serpent à plumes, d'oiseau fou au bec crochu, j'avance à pas feutré dans ma nuit scintillante... made in Berry ! Ici tout grillonne et couac-couac, brille de milliard de lucioles dans le ciel d'été, sent la marjolaine et la menthe. J'ai bien cherché : pas de trace d'Incas. Demain, je m'y remets, je retourne le jardin et je finirai bien par trouver le trésor moi aussi !
Formidable épopée que celle de la recherche d’une momie qui fut la dernière d’une civilisation, dérobée de force par la notre, dite occidentale.
Nous connaissons tous la brutalité de l’inquisition qui s’impose au reste du monde selon un dogme établit par «on ne saura jamais», car il est interdit de prononcer son nom. Je suis toujours étonné de la frilosité de mes comptemporains croyants à décrypter, ou même définir ce que peut être leur «dieu»… c’est un sujet tabou. Pour eux, "dieu est dieu et nous ne devons pas en savoir plus, point barre".
Dans cette optique, il est plus facile de comprendre la facilité à laquelle se prête le MEDEF pour détruire nos acquis sociaux, puisqu’on nous rabâche depuis toujours que l’ennemi est l’immigré et non pas l’émigré fiscal. Ou autrement dit, un bronzé, vivant et travaillant dans notre pays, qui se fait soigner une plaie nous coûte une fortune alors qu’une « star », vivant à côté, et donc échappant à toutes sortes d’impôts, balance sa carte vitale dans une clinique française pour se faire refaire les chicots. Il ne faut jamais citer de noms… C’est une momie française du rock, ce sera la seule piste que je puisse dévoiler.
...si l’espace est une dimension politique, le temps l’est tout autant...
Je vais relire et essayer de comprendre. En tout cas merci pour ce feuilleton de vacances, que du plaisir.
Rêver de nouveau...
@Bernard Boriello
Merci pour le lien, un véritable trésor ces vidéos.On retrouve avec bonheur tous les espaces décrit par notre hôte, nous permettant ainsi de mieux voyager et visionner avec lui. C'est passionnant. Le discours de Rafael Coréa également retrace aussi parfaitement l'impression laissé par Monsieur Mélenchon sur l'ambiance des manifestations Présidentielles dans cette partie du monde. Riche, très riche en enseignements.
Waouh ! ça c'est de la carte postale, quel plaisir de vous lire, merci de nous faire partager de la sorte ce voyage, vos pensées.
Quand à savoir si le mètre résistera au pouce, il n'y qu'à voir les boites à images, elles sont en pouces, on a des milles avec les billets d'avion, et il est de bon ton de parler et chanter anglais, sinon on est "has been", l'anglophonie grignote peu à peu l'espace francophone. Il y a bien eu un vent de résistance par le passé, mais on voit bien que cela n'a pas suffi.
Quand à votre analogie de l'histoire avec l'ordre établi que nous subissons, laisse à penser qu'il a de l'espoir de voir cela balayé à nouveau par l'esprit des lumières, merci de nous éclairer de la sorte. Cela ne se fera pas sans peine, quand aux pantins qui nous gouvernent en Europe, il est certain que dans 400 ans (j'arrondis pour les pinailleurs) on ne cherchera pas leur momies.
Bon voyage, et à bientôt de vous lire.
@ 21 Alain Tétart
faire voter pour le Front de gauche en imprimant et en faisant lire les écrits de Jean-Luc, cette arme magnifique que possède JL avec ses écrits n'accroche pas les abstentionnistes, les indécis, etc...
Par contre, avez-vous essayé, cher ami, de faire lire les textes de ses discours qui eux sont construits dans une démarche plus pédagogique et mériteraient d'être beaucoup plus diffusés par l'écrit, en tant que textes politiques. L'écrit étant bien plus propice à la réflexion de fond, ne nécessite pas d'avoir une heure ou une heure et demie de libre pour regarder une vidéo. Pour en avoir transcrit plusieurs et les avoir fait lire autour de moi, je peux vous dire que c'est rudement efficace.
Amitiés militantes à toutes et tous
Et Merci Jean-Luc, et prends soin de toi, nous en avons bien besoin.
@23jeannine,
... ne jouez pas les grognons !...
@ jacques B du 87
... avez-vous essayé, cher ami, de faire lire les textes de ses discours...
Cool les amis, et pour vous répondre à tous deux, non je ne suis pas grognon par nature du moins pas plus que les vieux de mon âge en général, mais assurément plus cartésien que la moyenne, et mes années d'études chez les jésuites n'y sont pas étrangères certainement !
Et oui Jacques (matinal comme moi) je fais souvent le test d'imprimer les écrits de Jean-Luc Mélenchon et je les laisse "traîner" aux bons endroits comme il se doit !
Ma remarque même si elle vous casse une partie de rêverie je vous l'accorde, est justement pour faire réagir et mettre en relief ce don cette capacité qu'a JL pour ses écrits et bien entendu, que j'apprécie autant que vous, malheureusement pour nous il faut convaincre ceux qui ne suivent pas ce blog, et si le texte de ce billet est fort intéressant, je tenais à expliquer qu'il n'était pas de forme idoine pour faire élire JL et, c'est pourtant cela qui est primordial ! c'est uniquement pour nous rappeler à tous que nous devons tout faire pour que cet homme devienne un jour notre Président, donc ok pour le rêve aujourd'hui car nous sommes en vacances, mais c'est aussi le moment des échanges et le contact avec des passagers(famille et étrangers) pour faire connaître notre ami, donc ce beau billet ne nous sert pas de devoir de vacances, et ma remarque allait dans ce sens ! désolé si je vous ai chagriné, ce n'était pas mon but premier, par contre je suis content de voir vos réactions et les autres, car au moins j'ai la preuve que nous défendons bien les mêmes valeurs ! bonnes vacances et merci de...
Cher camarades, les contraintes du blog font que l'expression des militants y est forcement limitée. Certains profitent de l’accalmie de l’été pour lire la première partie du blog qu'ils ne connaissait pas encore. Dans les billets, des passages peuvent être utilisés pour faire circuler des textes et les idées : "le nouvel ordre transnational" ou "les citoyens doivent inventer de nouvelles règles" pour ne citer que ceux-là. Merci. Bien à vous. On lâche rien.
Excellente lecture que ce billet. On a besoin d'élever le niveau (à gauche aussi) et rien que pour ça JL Mélenchon a déjà une victoire dans sa besace de philosophe, car sans connaissances du passé, nous ne pouvons pas imaginer notre avenir et nos utopies sont en panne. Nous sommes alors au siècle des lumières, juste avant. Et le besoin de connaissance s'associe au progrès des sociétés européennes, pour ce faire des richesses colossales sont tirées des mines du Potosi au Pérou. Dans le récit de Florence Trystan (citée par JL Mélenchon), elle y dit que La Condamine détourne les yeux pour ne pas voir la façon dont sont traités les indigènes. Cette politique qui va installer les sociétés industrialisées, la société de la consommation, l'hyper capitalisme libéral et mondialisé actuel, se base donc sur la prédation des richesses du sud. Et bien Rafael Correa, qui est un président d'une grande compétence, très radical et qui est un économiste professeur à l'université, voici la proposition qu'il a porte au moment de Rio : Le parque Yasuni ITT. Si nous ne réfléchissons pas à abandonner le pétrole et à développer d'autres façons de vivre sans gaspillage ni énergies fossiles, nous ne sortirons pas de l'impasse écologique dans laquelle nous sommes à l'ère dite de l'anthropocène.
@Alain Tétard
Bien compris votre message. Soyez rassuré a aucun moment je n'ai douté de vos idées, peut-être moi aussi une envie de "titiller" mais c'&tait très amical.
Du tonnerre ces infos qui arrivent en cascade à la suite de cette carte postale d'une qualité particulière (qui peut sonder la pensée de Monsieur Mélenchon pour la finalité de nos réflexions ?) en tout cas c'est réussi. La position de Rafaèl Correa, dont vous soulignez le savoir, dans "Le parque Yasuni ITT est a lire, je dirai même a déguster absolument. Merci.
@Alain Tétart
Pas grognon, non… mais un peu rabat-joie face à l’enthousiasme de Jean-Luc Mélenchon suivi du nôtre. Sortir des rails, c’est bien non ? (sauf quand il s’agit d’un train, l‘actualité m’oblige à cette précision)
Un blog ce n’est pas fait exactement pour militer. Même si la politique n’est jamais loin. Je crois que ceux qui, de bonne foi, ne sont pas encore convaincus par Jean-Luc Mélenchon et sa sincérité ne lisent pas assez le blog justement. C’est là où l’on y découvre l’homme caché derrière le politique des discours et des interviews où les moins avertis et les mal intentionnés voient du théâtre et un ego surdimensionné.
J L Mélénchon
"La vérité est une construction provisoire, pas une révélation définitive"
Une construction qui se fait pas à pas, qui se laisse découvrir. Victor Hugo a écrit "La vérité ne nait pas vérité, elle se fait et devient vérité". Cette maxime m'a beaucoup apporté, c'est certainement pour ça que la pensée unique n'a pas de prise.
Alain Tétart 74 ans
"...non je ne suis pas grognon par nature du moins pas plus que les vieux de mon âge en général..."
Camarade, arrête de dire que tu es vieux, on n'a que l'age que l'on se donne. L'espoir n'a pas d'age. C'est ce qui nous fait tenir éveillé.
Il est incroyable, un homme cultivé, qui continue de se cultiver, il y en a beaucoup qui devraient en faire de même, et le pauvre je l'imagine dans le 4x4, dans ces terrains arides. Bravo a notre petit soldat.
En lisant ce texte il est difficile de ne pas penser au chanteur Atahualpa Yupanqui qui avait pris, en souvenir, le nom du dernier inca exécuté par Pizarro et également à ces paroles d'une de ses chansons preguntitas sobre dios
Il est affaire sur terre
plus importante que dieu
que personne ne crache le sang
pour que d'autres vivent mieux.
dieu veille-t-il sur les pauvres ?
peut-être oui, peut-être non.
Mais il est sûr qu'il déjeune
à la table du patron.
En 2003, je suis parti en Equateur du haut de mes 25 piges pour aller filmer le désordre mis en place par les pétroliers. Ca dure 52 minutes et c'est visible ici.
Bon film !
Je me permets de signaler un ouvrage universitaire (en anglais) paru en 2008 sur la façon dont Condamine a construit et présenté les résultats de son expédition des années 1735 à 1744 : Neil Safier, Measuring the new world: Enlightenment science and South America. Chicago, Chicago University Press, 2008, 387 p.
Quel feuilleton ! Hergé aurait adoré,en attendant la rentrée tout cela ferait presque aimer l'été, le cagnard, les cigales les volets clos plus les touristes déguisés en langoustes cuites sans parler de l'actu des marronniers, ouf vous êtes là pour nous, pour nous ouvrir la tête toujours plus et tant pis si cela n'est pas accessible à tous mais rien n'empêche de faire les efforts pour comprendre, un peuple éduqué prend plus facilement son destin en main, encore merci pour tout ce que vous nous offrez, à bientôt pour la suite.
Le 5 mai dernier à la Bastille, j'ai appris quelque chose qui m'a abasourdi sur l'histoire de cette place, où l'espace et le temps se raccourcissent. Saviez-vous qu'il y avait là-dessous sous les fondations de la colonne de juillet, les dépouilles de plusieurs centaines de révolutionnaires de 1830 et 1848 ? Une véritable nécropole qui n'est mentionnée sur aucune stèle, ni sur le monument lui-même, à ma connaissance. Ca m'a fait un drôle d'effet de me rendre compte de ça, la puissance que ça représente de se donner rendez-vous si naturellement à cet endroit à l'heure des révolutions... Nous aussi français on a je crois besoin de retrouver notre propre histoire qui est là sous nos pieds. Et d'ailleurs une autre bizarerie que je ne m'explique pas : le 14 juillet, notre fête nationale, un évènement historique un peu mystique et spirituel pour la nation. On y célèbre la Prise de la Bastille... mais pas à la Bastille? bref, bonne route à tous les explorateurs, historiens et archéologues, ses récits nous font un bien fou.
L'Amérique latine une des cibles des appétits financiers français de l'agro industrie.
En France en plein été on apprend qu'une multinationale française décide de poursuivre devant les tribunaux des journalistes français qui alertent les gens sur une politique d'accaparement massif des terres d'Afrique, d'Amérique latine, et d'Asie par des multinationales françaises pour faire de l'agrocarburant ("carburant vert " dit la pub) et de super profits et tout cela comme toujours au dépens des cultures vivrières qui répondent aux besoins alimentaires des populations. Une nouvelle fois l'information prise pour cible. Rue 89 et bastamag mis en examen.