22août 13
Il y a un an, vous veniez déjà Grenoble pour les universités d’été du Front de Gauche. Qu’est-ce qui a changé depuis un an ?
« C’est simple. Depuis un an, tout va plus mal pour les gens ordinaires. Nous observons d’abord un décrochage pour les foyers les plus précaires. Un décrochage qui a été prouvé par une enquête Insee du mois de juillet de façon très cruelle. Car derrière toutes ces fluctuations de chiffres qui pourraient paraître abstraites, il y a des désastres humains, personnels, familiaux et intimes. Quant à ceux qui ont un travail régulier, leurs dépenses contraintes n’ont cessé d’augmenter sans que leur salaire ne suive cette progression. Il faut rappeler qu’en juillet, et cela n’était pas arrivé depuis longtemps, le SMIC n’a pas du tout été augmenté… Dans le même temps, la tranche la plus haute de la société a continué à s’enrichir et à faire bombance. Face à cette situation, la France déprime et n’a plus de vision pour son futur. »
Une absence de futur que vous imputez aux socialistes et à François Hollande, puisque vous avez récemment dit qu’il privait notre pays d’avenir.
« Il n’y a plus projets de société qui mobiliseraient les Français. Le seul projet que François Hollande nous propose est de courir sans fin après l’équilibre budgétaire. En fait il a tout simplement décidé de sacrifier une génération. Une génération à qui rien n’est proposé. On lui demande tous les sacrifices, et on lui promet l’austérité à perpétuité. »
Les ministres ne se sont-ils pas penchés sur l’avenir, avec leur rapport estival sur la France en 2025 ?
« Comme séance de com à la papa, on ne fait pas mieux ! De la planification de sciences fiction sans choix de société. Franchement c’est même indécent. Cela montre à quel point ce pouvoir en place est hors-sol et déconnecté de la population. Pendant ce temps les gens se demandent comment passer la rentrée. Survivre n’a jamais constitué un projet de vie. Résultat : notre pays, qui a tant d’atouts maitres, est en panne de futur. C’est la déprime générale. En un an, voilà le résultat du travail de François Hollande. Zéro sur tous les points.»
Il y a un an à Grenoble, vous vouliez réveiller François Hollande. Maintenant, c’est zéro pointé donc ?
« Franchement il y a un an je ne pensais pas qu’une personne, dont on n’attendait presque rien parvienne quand même à nous décevoir autant et en aussi peu de temps. Au début du mandat, on pouvait croire à de la maladresse. Maintenant on sait qu’il a délibérement choisi un cours très droitier. Il n’y a qu’à voir sa politique sociale et économique. François Hollande croit encore au miracle de la reprise par l’austérité. Il ne se produira pas, il ne produira jamais. Il devrait savoir que sans crédit, sans dépenses publiques, sans réel choix de société telle que la planification écologique qui créerait des milliers d’emplois, on ne pourra pas relancer le dynamisme du vieux continent. »
Hollande, d’après vous, c’est pareil que Sarkozy ?
« C’est juste la même politique qui continue. Le pire est a venir. Le gouvernement s’apprête à commettre un crime dans deux mois en portant atteinte au droit à la retraite.Pour la première fois dans l’histoire, un gouvernement qui se dit de gauche va rendre aux puissants un acquis social du peuple.»
Vous tapez dur sur les socialistes et pas sur la droite…
« L’ump n’est pas au pouvoir que je sache ! Quand au gouvernement je ne parle plus de socialistes, mais de solfériniens, car la politique menée par le PS n’a plus rien à voir avec le socialisme. Ensuite, nous sommes en démocratie. On critique le pouvoir ! Et comme sa politique est a droite on fait d’une pierre deux coups.
Votre sortie sur Manuel Valls qui, d’après vous serait inspiré par Marine Le Pen, a provoqué des réactions très vives.
« Oui mais quarante-huit heures après, Valls apportait la démonstration de ce que j’avais dit. Ses propos sur l’immigration ont même consterné certains membres du gouvernement. Ils l’ont condamné publiquement. Je les ai donc réveillé ! Sans moi ils auraient laissé passer. En fait, Valls fait son autopromotion par la stigmatisation et les mouvements de menton. Mais ses paroles sont vides. Ce sont des paroles verbales comme on dit. Elles n’apportent aucune proposition. En revanche elles créent de la haine. »
Parlons un peu des municipales. Vous plaidez pour des listes autonomes, sans le PS.
« Au premier tour que les électeurs tranchent notre désaccord. C’est ma position personnelle et celle du Parti de gauche. Ensuite à l’intérieur du Front de gauche, il y a une divergence avec une partie des communistes. On ne dramatise pas. La décision se prend au niveau local du fait des statuts du PCF. Mais je peux déjà vous dire que le parti de gauche participera a des listes autonomes de gauche partout où cela lui sera possible. À Grenoble, comme ailleurs. »
À Grenoble pour les municipales, on ne sait toujours pas si Michel Destot (PS) va se représenter pour un 4emandat et si Alain Carignon va partir en campagne.
«Bref pour eux le futur c’est le passé. Face à cet archaïsme et de telles vieilleries, je me dis que là, un Front de gauche bien uni a vraiment toutes ses chances. Et pourquoi pas avec les écologistes ? Et les socialistes critiques, s’il y en a à Grenoble. Ce serait une bonne idée pour tout renverser et faire du neuf, non ?
Qu’apportent des universités d’été, comme les Remue-Méninges et les Estivales organisées à Grenoble ?
«On se retrouve, on se remobilise. On en a besoin car on est à la veille d’une année stratégique pour le Front de Gauche. Il y aura les municipales, certes. Mais aussi et surtout les Européennes. Là les français peuvent renverser la table en nous plaçant devant le PS. C’est le seul moyen pour mettre fin à cette politique d’austérité qui fait tant de mal aux populations. »