16nov 13
Une petite bruine fine tombait gentiment pendant cette balade matinale dans Tarbes, peu avant mon départ pour Pau. Je cheminais au hasard des rues avec Christophe, mon camarade, déjà mon accompagnateur de sécurité depuis deux jours. Allez savoir pourquoi, je décidai à cet instant de commencer ce post par l’évocation de ce moment. Les discrètes et fines gouttes de pluies brillaient sur mon manteau comme un tissu de petites perles. Mon chapeau fit son office de parapluie de circonstance pour protéger la tignasse qui est à l’origine du nom de ma famille parait-il. Sous le manteau gris des nuages, la ville avait cet air tranquille que prennent les choses, loin de l’agitation fébrile des capitales régionales. Je raconte sans ordre ce qui me revient de ce périple que je viens d'accomplir de Barbaste dans le Lot-et-Garonne à Pau dans les Pyrénées Atlantiques, avec un séjour à Bagnères-de-Bigorre et Tarbes comme halte. Trois meetings, trois salles combles pour recharger les batteries et connaître toutes ces rencontres, ces paysages, ces odeurs qui sont le meilleur de ce que l’on ramène dans son bagage de retour.
La bataille pour le changement fiscal est cette fois-ci sérieusement engagée. Cela signifie qu'avec l'appel du Front de gauche à la marche du 1er décembre sur Bercy, une alternative existe à côté de l'incroyable confusion des rôles créés par l'opération « bonnet rouge » manigancée par le Medef, l'UMP et le Front National, flanqués de la fédération départementale de l’agriculture productiviste. Ces « bonnets rouges » devraient se retrouver le 30 novembre à Carhaix où se trouvaient les nôtres la dernière fois à l'appel des syndicats ouvriers du département. L'inversion des lieux créera de la confusion dans les mémoires, mais quelle importance ? La confusion en général est en train de reculer de façon très nette. Les organisations CFDT de Bretagne se sont exprimées d'une manière on ne peut plus claire. La CGT, Sud, la FSU en avait fait autant avant cela en manifestant ensemble à Carhaix le jour où les autres étaient à Quimper. À présent c'est le syndicat FO qui prend ses distances en dénonçant le corporatisme qui structure l'opération « bonnet rouge » et la logique « identitaire » qui l’anime. Le 23 novembre prochain les organisations de salariés prennent la rue pour la défense de l'emploi dans chacun des départements bretons. Et nous serons, nous autres, le lendemain dans la rue à Paris le 1er décembre pour la révolution fiscale et contre l'augmentation de la TVA en janvier prochain. Ici, après la confusion c'est l’éclaircie. Nous avons tenu bon et maintenant cela est apprécié rétrospectivement. Nous traçons un chemin sur le futur qui va à la racine des problèmes que rencontre le pays : la question de la répartition des richesses et du système fiscal qui l’organise. La marche du 1er décembre est une marche sociale, elle implique la vie quotidienne des citoyens, et touche au cœur du mécanisme institutionnel. Car l'impôt plus que tout est le résumé des relations entre les catégories sociales dans un pays. J'y reviens en partant du dernier coup de menton de M. Moscovici.
De Barbaste à Pau
A Tarbes, on a fini trop tard, selon moi, au restaurant avec Marie-Pierre Vieu et son équipe, après le meeting. Je n’ai pas assez dormi et la fatigue est déjà là, quoi que la journée ne fasse que commencer. Il est vrai que la viande servie à Tarbes était exquise. Je n’en aurai trouvé que de bonnes, d’Agen à Bagnères-de-Bigorre, Tarbes et même à Pau où elle fut servie en brochettes de tapas, mangées de bon cœur avec Olivier Dartigolles. Chaque fois c’était cette ambiance du travail accompli et de la joie du succès rencontré. Les salles combles et la ferveur des participants, leurs réactions amusées ou leurs huées d’indignation contre le gouvernement, Manuel Valls et Hollande, surlignent la complicité des présents, leur envie de se sentir ensemble et d’en découdre, ne serait-ce qu'en nommant les choses par leur nom. Mon parler « cru et dru » est assez bien compris, non seulement dans sa visée tactique mais aussi pour l'intention humoristique qu'il contient ! Une autre chose aussi qui compte dans cette circonstance. Les salles sont combles, joyeuses et pleines d'entrain, de façon d'autant plus enthousiaste que je me trouve à la tribune en compagnie de dirigeants communistes de premier plan. Comme c'est le cas à Tarbes où Marie-Pierre Vieu, mais aussi Marie George Buffet, s'exprimèrent, ou à Tarbes aux côtés d'Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Bien sûr je ne me trouve là que par ce qu'il s'agit de listes autonomes du Front de gauche au premier tour. Sans qu’il n’y ait jamais besoin d'évoquer la difficulté que nous subissons du fait du lâchage parisien, le nombre et le comportement des participants exprime une forme d'adhésion politique très nette et très consciente.
A Bagnères de Bigorre, après une visite au local de la CGT où s'étaient rassemblés une trentaine d'amis à midi, et encore après une bonne tablée, on fit route vers l'abattoir municipal. A table, les camarades, dont plusieurs professionnels impliqués, m'avaient décrit leur bataille pour garder un abattoir municipal dans ce secteur. On n'y pense pas mais c'est le type d'instruments sans lequel il est absolument impensable d'envisager le maintien et le développement de certaines productions agricoles décisives. En particulier parce que l'agriculture familiale d'élevage ne permet pas l'organisation des transhumances modernes où les animaux naissent à un endroit sont engraissés à un autre, abattus à un troisième et ramenés sous forme de livraisons à un quatrième ! Dans cette discussion qui a d'abord un aspect économique entrent ensuite en ligne de compte d'autres dimensions peu souvent évoquées. Parmi celles-ci la façon avec laquelle les animaux sont traités à l'occasion de tous ces transferts. Leur martyr prend souvent la suite de conditions d'élevage de masse déjà écœurante de cruauté. Je ne peux manquer d'y penser à cet instant. Et je veux le relever pour vous tous qui me lisez. Je vous propose cette réflexion de l'admirable Marguerite Yourcenar. Voici: « L'homme a peu de chances de cesser d'être tortionnaire pour l'homme, tant qu'il continuera à apprendre sur l'animal son métier de bourreau ».
Il y a aussi un autre aspect qui lie directement la nature de l'élevage au territoire et au modèle économique. À Tarbes il y a un abattoir. Il est privé. Pour lui l’abattage des moutons produit peu de poids et rapporte peu : il n'est donc pas intéressant. Par conséquent le mouton n'y est plus traité. C'est pourtant lui, et souvent lui seul qui peut être élevé sur les territoires pentus de cette zone. Si donc on en restait aux normes de rentabilité de l'abattoir privé il ne servirait à rien d'élever des moutons et par conséquent les territoires qu’eux seuls peuvent valoriser seraient à l'abandon. En fin de compte, si ma visite sur le site de l'abattoir était assez symbolique toutes ces rencontres et discussions qui l'ont environnées de l'étaient en aucunement. C'est tout le contraire ! J'y vois plus clair sur tout ce qu'impose l'idée de relocalisation de l'agriculture. Pour y passer massivement il faudra une organisation des services indispensables pour mettre en place les nouveaux processus de production agricole.
Ici, je parle du lien qui unit la planification écologique et la transition du modèle agricole. Laurent Levard, qui est le responsable au Parti de Gauche des questions agricoles et qui a doté notre parti, pratiquement à sa fondation, d'un programme fortement charpenté sur le sujet, m'a bien préparé. Aussi bien, depuis le temps lointain où j'étais le responsable provisoire du « Jura rural » au journal les dépêches du Jura jusqu'à cet après-midi à Bagnères-de-Bigorre, je n'ai pas perdu le goût du sujet. Je me méfie des déclamations qui ne s'appuient pas sur un contenu clair d'organisation concrète. Les délires bucoliques des citadins m’ont souvent exaspéré. La transition depuis l'actuel modèle productiviste vers celui que nous voulons construire est une question très délicate. La réussite est une obligation si l'on veut bien se souvenir qu'il s'agit ici de nourrir la population ! Il faut tout considérer. Cela va des moyens à mettre en œuvre en aval de la production jusqu'à ceux de l'amont. Je parle ici de la formation professionnelle des agriculteurs et de leur statut social. On ne peut écrire comme nous le faisons dans nos programmes qu'un passage à l'agriculture paysanne créerait 300 000 nouveaux postes de travail sans se demander qui va les occuper et à quelles conditions. Pour faire bref je veux dire qu'on ne peut passer à côté de la détresse de vie qui est actuellement celle des petits producteurs agricoles pris à la gorge dans tous les aspects de leur existence quotidienne. Je n'évoque pas seulement les conditions économiques encore que celles-ci soient souvent au point de départ de tout. Chaque jour un paysan se suicide dans notre pays. Chaque jour ! Il n'en est pourtant jamais question. Mais c'est la réalité ! Le désespoir que cet acte contient s'est noué dans l'impasse économique d'innombrables chefs d'entreprises agricoles. Mais aussi dans leur solitude affective, leur isolement, l'asservissement nuit et jour à une tâche sans horizon de mieux être.
À Pau, la nouvelle excitante du moment c'est évidemment le retour sur la scène des élections municipales de François Bayrou. Vu de Paris Jean-François Copé et les autres chefs de l'UMP ne veulent pas en entendre parler. Sur place il en va tout autrement. Les UMP du coin et les centristes font leurs tambouilles ensemble depuis tant d'années ! Bayrou a de l'espoir. Car sur place le milieu socialiste est un nid de guêpes irresponsables comme dans beaucoup d'endroits. Les féodaux locaux se livrent d'indicibles guerres comme chaque fois qu'un apanage tombe en jachère. Ici, le départ du député-maire sortant à dégoupillé les appétits. Une lutte mortelle et publique a éclaté entre le député-maire socialiste d'une commune voisine et le premier adjoint de Pau. Pour imposer un armistice et faire conclure une paix des braves, il aura fallu faire venir le patriarche landais Henri Emmanuelli, qui les apaisa en effet en partageant les bénéfices : à l’un la commune et son titre prestigieux, à l'autre l'agglomération. Depuis, tout baigne dans l'amour et la concorde, cela va de soi. J'en déduis que nous avons nos chances avec Olivier Dartigolles, figure montante du Front de Gauche, le seul qui agit, dans ce contexte, avec l'esprit ouvert de ceux qui n'ont rien à perdre. Sa liste a reçu presque aussitôt la participation de l'ancien bâtonnier des lieux Jean-François Blanco, avocat des questions sociales qui jusque-là n'avait jamais eu d'engagement politique ! C'est un signal fort dans le contexte. Je n'ai pas l'intention de résumer ici les données de l'élection municipale de Pau. Je veux juste souligner que le Front de Gauche en sera un acteur central du fait de son indépendance. Mais je ne veux pas manquer l'occasion de rappeler à mes lecteurs les fortes pensées de François Bayrou sur le grand sujet de la dette, de la dépense publique et de l'austérité, qui sont aujourd'hui le cœur de l'actualité réelle. C'était alors le « monsieur plus » de l'austérité. Combien de fois l’ai-je pointé dans le cours de la campagne présidentielle ! Mais, à l'époque, le plus grand nombre ne réalisait pas la conséquence réelle des plans d'économies et de réduction de la dette que les candidats alors réputés importants se jetaient à la figure comme autant de gages de leur sérieux et de leur courage. A présent tous ceux-là rasent les murs.
Comme le Modem est aussi dans les petits papiers suaves de plus d’une liste municipale socialiste, je crois utile au débat de rappeler quelle est la pensée de François Bayrou à propos de l’austérité. Il aime ! Il en redemande. Il battait des records pendant la campagne présidentielle: "Il faut un plan de 100 milliards d'euros : 50 milliards de recettes et 50 milliards d'économies sur les dépenses" ça c'était sur TF1. Puis il en rajoutait, il se répétait à chaque occasion comme dans « la Tribune » le même mois de novembre : "On doit économiser 50 milliards : 20 milliards pour l'Etat, 20 milliards pour la Sécurité Sociale et 10 milliards pour les collectivités". Pour finir et revenir dans l'actualité, n'ayons pas la mémoire courte. En préparant la marche du 1er décembre nous penserons aussi à François Bayrou qui déclarait :"Il faudrait également relever le taux normal de la TVA de deux points. On l’a vu avec l’Allemagne qui avait relevé son taux de trois points : c’est relativement indolore". Oui, bien sûr, c’est très bien dit ! L'augmentation de deux points de TVA est « relativement » indolore. C'est-à-dire que plus on a de hauts revenus et plus c'est indolore et, à l'inverse, moins on gagne d'argent et plus ça fait mal… Et justement c’est contre cela que nous manifestons.
Je serais électeur de Pau, je me méfierais. Ceux qui ont l'intention de prendre un bulletin socialiste devraient y réfléchir à deux fois. Car pour appliquer la politique d'austérité que lui-même proposait, François Bayrou rêvait de cette union dont nous ne voulons pas. Il disait sur la chaîne parlementaire: "Il faut une majorité centrale pour faire ce qu’ont fait les Allemands avec l’agenda 2010 ou les Espagnols avec la règle d’or". Reconnaissons qu'alors, il se rendait parfaitement compte des limites d'un tel attelage. Il s'exprimait d'ailleurs sur le sujet sans détour : "Bien sûr, les réformistes sont compatibles et ils auront l’obligation de travailler ensemble. Mais c'est autre chose d'affirmer que la gauche de la gauche, type Mélenchon, pourrait se retrouver dans une telle démarche. Je suis sûr que c’est une illusion, un leurre » (Le Figaro). Vous voilà prévenus !
Ma première halte avait été, après l’arrivée à Agen, roulant de nuit, passé Nérac la magnifique, un hameau de Barbaste. C’était un hôtel de charme où je passais la nuit avec ma petite troupe. Après le réveil aux confitures maison, on commença cette journée si spéciale au petit monument de Lausseignan. Puis le moment fort à Barbaste, devant l’église d’où le monument aux morts a été sorti il y a de cela plusieurs décennies. Sous les grands arbres torturés, avec les enfants des écoles portant des fleurs simples, les pompiers au garde à vous et les porte-drapeaux en rangs, nous rentrions en nous tandis que jaillit la sonnerie « aux morts ». Puis « La Marseillaise » que je chantai fermement, quoiqu’on la joue ici bien lentement. D’esprit je me trouvais heureux d’être là comme on ne se le figure pas ! Mon beau pays ! Un pas derrière la maire de Barbaste, Bernadette Jayles, que je crois connaître depuis toujours, je me tins attentif aux usages locaux en la circonstance pour m’y plier aussi naturellement que je le pouvais. Du plus loin qu’il m’en souvienne, hasard et puis devoir avant de devenir un rite personnel, j’ai pratiqué le onze novembre comme une communion avec ma patrie Républicaine. Ce n’est ni la victoire sur le Reich, ni le retour de l’Alsace Lorraine dans la République qui m’ont accroché sur cette date. Il y avait pourtant de quoi. C’est la liste des morts. D’année en année j’en ai mesuré la longueur, je l’ai comparée en pensée au nombre de la population qui vivait alors dans les villages, j’ai compris l’ampleur de la tuerie en entendant les noms de familles que portent en commun trois, quatre, cinq disparus mentionnés à la file. L’effroi m’a gagné au fil du temps. Et maintenant que je suis un homme sensible aux nuances et flamboiement de l’automne, j’ai le cœur qui saigne en y pensant. Car je sais qu’il s’agissait de politique, de volonté humaine, qu’il n’y avait aucune fatalité à tout cela.
A Massy, en Essonne où j’ai pratiqué le rite tant d’année au petit cimetière du Mont Gaudon, on voyait, côté face du monument, la liste des morts de la grande guerre et, côté pile, la liste des volontaires de la levée en masse de 1792. C’est si rare ! Le moment venu on rendait hommage aux morts à deux voix. L’une lisait les noms inscrit sur le monument, l’autre disait à chacun d’eux: « mort pour la France ». C’était long, comme c’était long ! A mesure de la liste, les deux voix semblaient psalmodier une mélopée. Un jour j’ai tenu le rôle d’avoir à dire « mort pour la France » après chaque nom. En le disant, en le répétant, j’entendais le nom de mon pays comme un son de ces grands tambours de basse, battu à la cadence d’un pas de marche. Mais à mesure, c’est comme si je les voyais, tous ceux-là dont on nommait les fratries, devant moi, ombres pâles et grises comme ces matins de novembre où les brumes s’effilochent. Si tous nos morts dans cette guerre étaient rangés épaule contre épaule, ils formeraient un ruban d’hommes allongés sur sept cent kilomètres. Plus jamais ça ! Jaurès évoquait les « morts d’orient » dont « la puanteur » arrivait à ses contemporains comme « l’odeur du remord ». Le remord pour moi, ce serait de n’avoir rien dit quand il était temps. Nous l’avons fait à chaque étape où s’est construite la machine infernale de l’actuelle Union européenne austéritaire. C’est le chaudron ou cuit la catastrophe de notre temps. Pour le reste, mon discours à Barbaste m’a donné le moyen de dire ce que je pensais à propos du bilan de cette séquence de l’Histoire, pour notre usage contemporain. Les camarades l’ont déjà mis en ligne. Je veux saluer cette équipe bénévole qui agit autour de moi en grande modestie et rend possible toute cette diffusion des idées ! Puis j’ai encore cité Jaurès, beaucoup, au fil des meetings que j’ai animés, vous le savez. L’Histoire, mes chers lecteurs, n’est pas une matière morte. C’est non seulement une culture commune dans un grand pays instruit, mais un terreau d’expériences pour penser et agir dans le présent.
TVA et compagnie
Pierre Moscovici a confirmé sur RTL sa décision d'augmenter la TVA le 1er janvier prochain. Et alors ? Moscovici est un tigre de papier ! On l’a vu céder en une journée au Medef à propos de l’impôt sur les sociétés et aux « bonnets rouges » en moins de temps encore quoiqu’ils aient détruit beaucoup de matériel ! A présent, en prime de son coup de menton face à ceux qui vont devoir payer, l'hypocrite ministre demande à la grande distribution de ne pas répercuter la hausse de TVA sur les prix. Il l'appelle même à avoir un comportement "civique" et "vertueux". Pantalonnade ! Ridicule ! Il demande aux grands enseignes de diminuer leur prix de vente réel ? Il ne peut y croire ! Des cours de morale comme rapport de force avec la grande distribution, on croit rêver. Les études produites par son propre ministère ont démontré dix fois que les hausses sont directement répercutées. Elles montrent aussi sans discussion que moins on gagne plus la part de ses revenus qui passe dans les impôts indirect est forte. Moscovici est un cynique ! En plus de leur faire les poches, il prend donc les français pour des imbéciles.
Pendant longtemps la TVA a été considérée comme un impôt « indolore » disait monsieur Bayrou. Ce temps est fini. En réalité, l’hostilité et la mobilisation montent dans les catégories les plus diverses contre la hausse prévue pour le premier janvier. De toute part on prend la mesure du choc fiscal que le pays va subir au quotidien. Maints économistes relèvent que cette nouvelle amputation du pouvoir d'achat va diminuer la consommation et donc l'activité, et par conséquent augmenter le chômage et la dette. Nous ne sommes plus seuls à décrire de cette façon le cercle vicieux de l'austérité. Notre initiative de marche au premier décembre a ramené le thème dans l’actualité sociale. Les syndicats de salariés se sont exprimés dans ce sens. A présent c’est l’UPA, l'union professionnelle de l'artisanat, qui mobilise ses composantes et ses adhérents dans une mobilisation placée sous le sceau de la défense de la consommation populaire. J’ai aussitôt capté l’importance de cette situation. Je leur ai écrit pour leur proposer de les rencontrer et de faire le point. Il va de soi que la distance avec les fédérations patronales du bâtiment et des services que cette union rassemble est tout à fait évidente quand il est question de droit social. Mais ce qui importe, c’est le point de convergence. Le premier, qui est immédiat : contre la hausse de la TVA, et en particulier des taux intermédiaires. François Hollande avait sournoisement omis de les signaler quand il a évoqué l'augmentation de la TVA. Ces taux intermédiaires étaient à 5 %. Sarkozy les a passés à 7 %. Hollande les passe à 10 %. Ces taux s'appliquent d'une façon irresponsable à toutes sortes d'activités qu'elle pénalise quand il faudrait les encourager. C'est le cas pour la collecte des ordures ménagères, les transports publics, les maisons de retraite et ainsi de suite. Si le patronat des très petites entreprises de l'artisanat se met en mouvement pour défendre la consommation populaire dont il dépend, le paysage commence donc à bouger en profondeur.
A côté de l’enjeu revendicatif immédiat qui est le même sur la TVA, il y a la perspective plus large. Celle d’une remise à plat globale de tout le système. Qu’on l’appelle « réforme globale », comme Thierry Lepaon, ou bien, comme Thomas Piketty, « révolution fiscale », cela importe peu à mes yeux. Ce qui compte, c’est la conjonction des forces qui réclame ce « big bang » fiscal. C’est en effet une revendication qui touche de plein fouet le politique dans sa forme la plus élevée. Autre chose qu’une jacquerie de patrons routiers et de syndicat agricole productiviste flanqués d’identitaires folkloriques, comme ce fut le cas à Quimper en Bretagne récemment. Cette question de l’impôt soulève immédiatement la question de la redistribution de la richesse dans un même pays. De toute part s’exprime la nécessité d’une réforme radicale de l’impôt pour que toutes les charges du pays cessent de peser sur les seules classes moyennes et populaires. Cela pourrait suffire à retenir notre attention et à nous impliquer dans cette lutte. Mais il faut bien considérer que de par sa nature même elle engage immédiatement un champ de transformation de très grande ampleur. L'impôt, son montant, sa collecte, la décision de son usage et la dépense qui permet sont le coeur de toutes les questions institutionnelles et politiques d'une nation. Si avec le 1er décembre et la marche des citoyens nous somme capables d'entraîner de nombreux publics inactifs politiquement le reste du temps, nous aurons commencé à prendre la tête du mouvement qui travaillait profondeur de la société en vue d'un grand changement. Contrairement à Mme Le Pen, qui dorénavant gesticule dans les médias pour « le retour à l'ordre normal des choses », nous savons bien nous que cet « ordre normal » est la cause du désordre actuel. La tactique des Le Pen est d'envenimer les conflits pour se présenter ensuite comme la solution d'ordre. Banal ! Notre démarche est à l'inverse de partir de la prise de conscience du désordre actuel pour aller vers un nouvel ordre des choses. Les « bonnets rouges » ont défendu un intérêt particulier, celui de certaines branches patronales. Ils ont créé un grand désordre.
Nous proposons à cette société en ébullition une sortie par le haut, c'est-à-dire une sortie positive sur le terrain de l'intérêt général. Il ne fait pas de doute dans notre esprit que, de cette façon, nous construisons une relation de confiance et, si possible, d'adhésion politique que nous voulons retrouver demain dans les urnes, pour en recevoir de nouvelles responsabilités dans le pays et régler les problèmes que nous soulevons aujourd’hui. Ainsi, la façon de travailler du Front de Gauche, aussi longtemps qu'il reste fidèle à son indépendance, est clairement lisible. Il combine lutte sociale, marche civique, mobilisation électorale comme autant d'épisodes intimement liés par l’objectif politique commun qui est visé. On en pense ce qu'on veut, mais c'est cohérent. Que nous propose-t-on d'autre « à gauche » ? Il est étrange que la question ne soit jamais posée. Pourtant elle l’est. J'y reviens : qu'y a-t-il à côté ou en face de ce que propose le Front de Gauche ? Rien d'autre que de supporter en silence la politique appliquée par le gouvernement, même si elle fait souffrir inutilement, même si elle détruit, même si elle est inepte et inefficace !
Encore un magnifique billet. J'ai particulièrement aimé le dernier paragraphe et le discours rationnel et responsable qu'il développe. La question fiscale est centrale dans la crise actuelle, le consentement à l'impôt juste et bien réparti est une composante essentielle de l'Etat moderne et nous assistons à un fomidable retour en arrière de ce point de vue. J'ai visionné comme beaucoup d'autres ici je suppose, le documentaire de France 5 sur la City, véritable araignée au centre d'une toile qui s'étend au monde entier, un système dont le but est d'éviter l'impôt et le contrôle fiscal des Etats et, accessoirement, de recycler l'argent sale, tout cela à nos portes, contre la volonté du peuple britannique et au nom de la défense de soi disantes "libertés" de nature féodale.
Mosco tigre de papier pour les patrons bien sur, mais il sort ses griffes quand il s'agit de defendre les ouvriers et les syndicalistes. Allez ouste, du balais.
A bientot au portique du Medef.
"L'impôt, son montant, sa collecte, la décision de son usage et la dépense qu'il permet sont le coeur de toutes les questions institutionnelles et politiques d'une nation."
Cette seule phrase résume parfaitement l'enjeu politique essentiel de notre époque (comme d'autres situations révolutionnaires historiques). Nous devrions être fiers de contribuer par l'impôt au collectif national à condition bien sûr que l'effort soit réparti de façon équitable et qu'une partie significative des sommes collectées ne servent pas à faire prospérer des privilèges inacceptables. En ce qui concerne la collecte l'impôt le plus juste est un impôt direct et fortement progressif. Il serait souhaitable que tous puissent le payer, à condition bien sûr, d'assurer par ailleurs des revenus suffisants et décents à l'ensemble des citoyens. Le prélèvement de l'impôt à la source me paraît également une mesure hautement souhaitable.
L'usage qui est fait de l'impôt est sans doute la partie la plus délicate sur laquelle il est sans doute impossible d'arriver à un véritable consensus. Toutefois il ne devrait sans doute jamais y avoir de cadeaux sans contrepartie et le remboursement intégral de la dette garantie une récompense difficilement acceptable à des soi-disant "élites" qui ont accumulé, sans sacrifices personnels, en ne payant pas leur juste part à la collectivité.
Merci à Jean-Luc Mélenchon pour un blog qui est une bouffée d'air frais dans le marasme ambiant.
Moscovici est rhabillé pour l'hiver avec cette citation que dans quelques jours la presse bien pensante (90% du marché comme ils disent), ne manquera pas de nous renvoyer avec un pince nez, après avoir découvert que Mao avait en son temps affublé l'impérialisme de cette appellation, qui heureusement, n'est pas sous copyright (Ah ces Chinois!). Ensuite, bon meeting à Pau, mais il faudrait passer dans les Landes. C'est un département qui s'accroît, certains secteurs sont en crise, notamment à Hagetmau, où des centaines d'emplois ont sauté. Le PS propose en Sud-Ouest un gloubiglouia infâme, avec une tête de liste radicale, Maurel en deux. Ca sent le cynisme PS en plein. Après avoir humilié Maurel, on l'oppose à Mélenchon "et qu'ils se bouffent entre eux" sous les yeux d'Henri Emmanuelli. Il y a des villes à prendre ici. A commencer par Mont de Marsan. L'Aquitaine est prenable par le FdG, et les Landes dont la tradition est vraiment à gauche peut devenir une nouvelle base pour la conquête. Un secteur ouvrier et agricole innovant, une population jeune, un littoral qui peut servir de base à une nouvelle génération d'industrie et de production écosocialiste. Le refus de la TVA doit devenir le tremplin pour une nouvelle exigence démocratique, pourquoi pas à Bordeaux d'ailleurs? Te souviens tu de ce congrès des municipalités du 10 MAI 1871 qui voulait contrer Thiers avec Clémenceau ? Une idée ?
Merci Jean-Luc pour votre discours du 11, ce moment d'histoire est un rappel important dont nous avons tous besoin ça sent en effet 36-38 avec l'extreme-droite qu'il ne cesse de faire monter et l'austérité qui touche désormais les moyens qui commencent à se réveiller, c'est le moment de les écouter et d'argumenter
J'espère que le 1er décembre la foule sera le grand nombre; j'enrage car mes moyens ne me permettrons pas d'etre avec vous tous mais je le serai de coeur.la direction du PCF y sera ce que je déplore cela discrédite le Front de Gauche, pour les gens se ne sera pas lisible. Il faut se démarquer radicalement des solfériniens et de ceux qui font alliance avec eux j"ai mal d'y penser étant communiste, c'est pourtant ainsi que les gens résignés viendrons vers nous. Tous ceux là oui qu'ils s'en aille tous!
Réjouissons-nous du fait que les communistes de province, au moins dans le sud ouest, soient toujours vaillants et porteurs du message du FdG. Ce qui attire mon attention c'est l'expression "révolution fiscale". Entamer une "révolution fiscale" n'est pas une voie univoque : la fiscalité n'est à mon sens qu'un des moyens obligatoires pour faciliter le retour de la démocratie. Peut-être, prêche-je dans le désert mais un des noeuds de lecture de (et d'action sur) la situation est de commencer pas distinguer travail et emploi. Un second noeud est d'avoir présent à l'esprit la notion de croissance, item sans cesse rabâché dans les médias comme la raison de toute sortie de crise : il est indispensable à quiconque veut comprendre le fond de cette notion de lire l'ouvrage de Ehrenfeld et Hoffman, publié cette année, sur la notion de "flourishing", autrement dit épanouissement que les auteurs opposent à croissance. Certains me diront que je dérape complètement dans mon commentaire mais il est pour moi totalement en relation avec le travail d'explication que nous avons à mener. C'est un point à discuter avec les collègues écologistes et un moyen d'éclairer l'idée que nous appelons "écosocialisme". Quant à consommer uniquement des végétaux cela suppose une évolution de la biochimie humaine que nous ne pouvons inclure dans une quelconque révolution... imminente.
Toujours agréable à lire, et quel talent, même dans des billets politiques et techniques.
Quand on commence on ne pas pas reprendre et on le dévore jusqu'au bout ! Un vrai plaisir ; moi qui ne suis pas un fervent lecteur (de livre) là je me régale et depuis que je lis Jean-Luc Mélenchon j'ai pris goût à la lecture. Merci M. Mélenchon
[...]
@ Pascal des Landes
D'après Le Monde, E. Maurel est en deuxième position de la liste Ouest, et c'est Eric Andrieu qui est deuxième de la liste Sud-Ouest.
Bravo Jean-Luc.
Le premier décembre, comme le 30 septembre 2012, comme le 5 mai 2013, nous serons tous là, pour marcher pour la révolution fiscale et pour la fin des privilèges. Et chaque mois, s’il le faut, on marchera. Et en plus, la marche c’est bon pour la santé ! Et le 29 novembre tous à Japy pour lancer la liste autonome parisienne de Danielle Simonnet.
Amitiés
L'agriculture est vitale pour les humains et les animaux domestiques. Vous faîtes bien de le souligner, car notre nourriture est tant marchandisée qu'elle trahie notre santé et celle de la planète. La planification écologique et la transition du modèle agricole sont de plus en plus d'actualité.
Les morts ne le sont plus que pour la France, mais pour ce capital destructeur. Les suicides journaliers ne sont pas comptabilisés ni inscrits sur nos monuments, mais nos cœurs sont en deuil par ceux que nous connaissions.
Il n'y a pas d'autres perspectives pour s'en sortir par le haut que le FdG. Des gens commencent à en parler d'avantage malgré les déformations orchestrées des médias pour nous faire taire. Les voix de la rue s'amplifient et font parler ceux qui ne disaient rien. Dans cette bataille tant attendue d'un changement fiscal et surtout d'un contrôle des finances, les gens nous suivent. Ce 1er Décembre qui fait bouger nos adversaires pour ne pas nous faire entendre, sera plus bruyant que leurs bruits de bottes usées.
@Souilhat
Où habitez-vous? Des collectes sont organisées afin que tous ceux qui veulent participer à la marche du 1er décembre puissent aller à Paris. C'est impensable que des personnes en soient empêchées à cause du prix des billets.
Savoureuse langue française, qui permet de préciser l'expression "la TVA est relativement indolore" en retournant presque son sens ! [...]
J'ai fait un long voyage un bus depuis l'Alsace pour être présent le 5 mai, mais c'est une chance pour moi d'avoir pu être présent : que de chaleur humaine dans le défilé ! Que de contacts pris entre militants ! Je n'hésiterai pas à recommencer le 1er décembre, il faudra juste s'habiller plus chaudement. On ne lâche rien !
Membre du PCF depuis 1953, c'est toujours un grand plaisir de lire le billet tellement enrichissant, tant d'un point de vue littéraire que politique de Jean-Luc Mélenchon.
Salut
A propos de construire une sortie par le haut, dans un entretien, J.Genereux enfonce le clou sur l'euro et nous livre en prime un bon slogan "Sauver l'Europe, pas l'euro". Tous dans la rue le 1er décembre. Hasta la Victoria Siempre !
"Que nous propose-t-on d'autres « à gauche » ? Il est étrange que la question ne soit jamais posée. Pourtant elle l’est."
Je trouve cette pensée finale de cette note tout à fait remarquable. Je pense que l'on devrait se saisir de cette idée et la développer pour mobiliser et faire que le front de gauche devienne la 1ère force politique.
"On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités" disait Gandhi.
Bonjour,
"Berce mon cœur d'un mouvement monotone" car cette guerre économique de sauvages semble faire autant de mal dans le Monde que les guerres militaires, au moins psychiquement, tout cela parce que depuis des siècles les dirigeants, ces félons, s'abonnent avec les machiavels de la finance. Respect pour nos morts emportés par ces fallacieux dans un tourbillon de l'infamie.
Trop de manifestations tuent la manifestation, il y en a beaucoup en ce moment, il serait temps de rassembler les mécontentements, d'ailleurs je t'interpelle Jean Luc pour cette manifestation du 7 décembre des chômeurs et précaires à Paris, on en parle peu, dommage car c'est la principale préoccupation des Français (30%) loin devant tout autre occupation, tu comprends ce que je veux dire.
Salutation militante.
Très heureux d'entendre enfin parler d'un nouveau modèle agricole, et de savoir que chez nous on y réfléchit sérieusement. Dans une vingtaine d'années le pétrole se fera rare et très cher, pourtant c'est lui qui amène les aliments dans notre assiette, depuis les intrants, le chauffage des serres, le carburant des tracteurs et les transports. Ce vieux modèle est condamné, et si nous n'anticipons pas cette fin nous pourrions connaitre d'immenses pénuries dans un futur proche. Encore merci pour cet éclairage; les pensées intelligentes et humanistes qui émaillent ce billet. En force à Bercy le 1er décembre, on lâche rien !
C'est toujours avec impatience je j'attends les nouveaux billets de Jean-Luc Mélenchon. C'est un véritable plaisir d'avoir une source d'informations justes et constructives dans ce monde faux et rempli d'injustices. Un véritable talent d'écriture qui redonne gout à la lecture, merci.
Je lis avec interêt les billets qui nous apprennent comment au gré des circonstances naît la réflexion. Quel talent dans le verbe qui rappelle parfois le Danube de la pensée.
La révolution fiscale ne devrait pas se faire uniquement sur le calcul, sur la base de 14 tranches, sur le prélèvement à la source et sur la manière de la récolter. Il faudrait aussi que les citoyens s'investissent sur ce que l'on fait de ces recettes fiscales. Qu'ils aient un droit de regard, de décision et qu'il soit appliqué et vérifiable afin d'en interdire la corruption, la malversation, la mauvaise utilisation (projets public/privés, grands projets inutiles imposés qui ne profitent financièrement qu'aux grands groupes dévoreur d'argent pris au dépend de l'intérêt général, et volé aux contribuables). C'est à cela que nous devons nous former en tant que citoyen car rien n'est inné, tout s'apprend pour être efficace (en partant souvent d'expériences existantes à montrer en exemple). Car oui, le ras-le-bol s'exprime aussi par la façon dont notre impôt est utilisé sans qu'on ne puisse rien changé, souvent contre notre volonté, sans aucun débat, ni explication (exemple : l'aéroport de Notre Dame des Landes, la construction d'EPR, de lignes THT, de tunnels, de mégasupermarchéloisirs...). Oui à l'impôt moins douloureux pour tous, oui au droit d'utilisation et de regard des citoyens de la dépense publique (planification).
Salut à tous. Egalement j'attends les nouveaux billets de Jean-Luc, qui pousse à la réflexion. Un grand bravo pour ce très beau discours du 11 Novembre.
C'est bien d'aborder le dossier agricole. Il faudrait l'approfondir dans votre expérience vécue et faire de nombreuses immersions dans ce milieu qui est extrêmement varié, entre agriculteurs et paysans, entre gros et petits, entre ancestraux et nouveaux arrivants. Il faudrait aussi percevoir l'impact des aides agricoles sur les pratiques et les budgets familiaux. Il existe un site gouvernemental qui s'appelle télépac et où sont listées des nombreuses subventions possibles.
Quant au suicide, il vaudrait presque mieux, c'est paradoxal, ne pas en parler pour... ne pas lui faire de la publicité. Ça paraît choquant ce que je dis mais parfois le suicide ne tient qu'à un instant de basculement et l'influence extérieure peut y jouer un rôle. Il faudrait que les ruraux retrouvent une joie de leur métier et qu'ils ne soient pas poussés au misérabilisme par des propos déprimants répétés par les médias qui, par ailleurs, s'en fichent pas mal. Ça ne fait du mal qu'à ceux qui sont concernés, mais ça en fait beaucoup. Il vaut mieux donner de l'espérance et fustiger l'esprit suicidaire.
Encore une fois superbe discours au meeting de Pau. Merci Jean-Luc ca remet les idées en place. A visionner
Votre paragraphe sur la transition du modèle agricole est très instructif. Toute la problématique y est posée de manière très complète. J’y ajoute qu’actuellement 80% des aides vont aux 20% des exploitations les plus riches. Une vraie politique visant à favoriser les PME agricoles par une exonération complète de tva et une répartition des aides inversement proportionnelle à la taille de l’exploitation aurait des répercussions positives sur l’emploi, la qualité des produits, et l’écologie. Il resterait à régler la question de l’asservissement à la tâche des petits agriculteurs privés de vacances et de temps libre : ne pourraient ils être soulagés par des stagiaires accompagnés, dans le cadre de leur formation dans le métier ? Les marges de la grande distribution et des intermédiaires sont telles que les produits au final ne seraient pas beaucoup plus chers (voire même moins) pour un qualité incomparable. Ce que je peux vérifier en allant principalement sur les marchés et non dans les GS. Une anecdote. A un petit producteur auquel je demandais s'il s'en sortait. La réponse a été "je m'en sors même bien mais je n'ai pas un énorme tracteur flambant neuf comme mes voisins qui se plaignent".
De la même manière que la ressource maritime, celle de l'agriculture et de toute ses filières inhérentes offrent des potentialités économiques considérables en matière de perspectives humaines et écologiques.
Pour info, ça y est, on sait et on s'en doutait, une majorité des militants du PC toulousain a décidé de s'allier au PS dès le premier tour des municipales. Qu'ils s'en aillent tous et que vive la liste autonome "Place au peuple" avec Jean-Christophe Sellin. Voir article.
Pour ce qui est des éleveurs de mouton des pyrénées, excusez moi, mais à 80%, ils sont sur le ligne FNSEA de 80% des agriculteurs bretons ! Ce qu'ils veulent, c'est pouvoir laisser leurs moutons divaguer sans surveillance (réduction des coûts) sur les territoires publics du parc national des Pyrénées. Et ceci au dépend de la faune et la flore de ce "parc". Essayez au mois d'août (difficile avec les bouchons) de vous balader dans la vallées du Mercadau. Vous sentez cette bonne odeur ? La nature ? Que nenni ! Une bonne odeur d'étable de vaches (également très nombreuses), et de moutons. Alors!
Le premier constat c'est que la lecture reprend sur votre blog, la raison essentielle me semble être votre capacité a avoir un coup d'avance sur les autres, votre analyse sur le mouvement des bonnets rouges était la bonne par exemple et votre ténacité mérite le respect.
J'attire quand même votre attention sur l'impact de la TVA pour les collectivités territoriales qui ne récupèrent pas la TVA sur les dépenses de fonctionnement (les plus grosses dépenses contraintes) et n'ont droit qu'à un fonds de compensation de la TVA que pour certaines dépenses éligibles deux ans après la dépense effectuée alors que les collectivités territoriales représentent 70% de l'investissement public d'où des difficultés importantes pour boucler les budgets, d'une part, et pour sauvegarder ou développer les missions de service public, d'autre part.
En outre, pour la plupart des communes la principale recette étant l'impôt et son alternative l'emprunt qui crée l'impôt à terme (les emprunts d'aujourd'hui sont les impôts de demain, phrase écrite à de multiples reprises par la droite et les solfériniens), l'issue semble fatale pour les citoyens/contribuables.
Je vous fais part d'une étude que j'ai mené sur ma commune rurale concernant la mise en place de la réforme des rythmes scolaires dans de bonnes conditions, pour une aide de l'Etat plafonnée sur deux ans à 90 € par élève, la dépense réelle communale est de 550€ par élève, l'Etat appellera ensuite à la vertu budgétaire!
Encore un très bon billet de JL Mélenchon. C'est de mieux en mieux. Qualité du texte, le fond, la réactivité à l'actualité. On ne sait plus si ce sont ses billets qui font l'actualité ou si c'est l'inverse. Nos journaleux et autres adversaires politiques doivent bien jeter quelques regards curieux pour préparer leurs offensives. Allemagna de "libé" doit en être gourmand. Sur les 4131 lectures à cette heure, combien de journalistes et de d'hommes politiques ? Notre "webmaster" doit bien avoir son idée.
@Zaccio 26
Merci pour le lien. Ce qui m'interpelle dans cet article ce n'est pas le choix particulier des communistes à Toulouse, que nous sommes libres ici de regretter ou pas, mais c'est le niveau horrifiant de haines et d'imbécilités des commentaires diffusés dans cette feuille de chou à l'égard des militants du PCF!
Merci pour cette excellente prestation à Pau, avec toute cette pédagogie et cet humour qui font tant défaut à l'époque. J'aurais néanmoins un petit questionnement sur la mention des « 85% des exportations allemandes à destination de l'Europe » (vers 1:08 de la vidéo DailyMotion). Il me semble vous avoir déjà entendu évoquer ces proportions dans d'autres discours, mais si je lis correctement les chiffres 2013 du ministère du Commerce extérieur, la part des exportations allemandes vers l'Europe au global est plutôt de 69,1% (de 57,3% pour la seule UE 28, et de 37,3% sur la seule zone euro). Ce qui reste quand même un volume considérable, même s'il est en baisse constante.
Ce que je voulais dire c'est qu'il ne faut pas se joindre au chœur des pleureuses patentées sur le sujet du suicide paysan. Les grandes douleurs sont muettes, elles, et je n'ai pas apprécié que juste au plus fort de la mise en scène des bonnets rouges, on fasse passer des émissions (Le Téléphone Sonne sur FI) sur le suicide. Ceux qui pleurent des larmes de crocodiles devant les caméras ne sont pas les mêmes que ceux qui justement vont perdre pied et se suicider. Ce sont des opportunistes. Aucun patron ne mérite qu'on se suicide pour lui. Aucun ras-le-bol corporatiste ne vaut qu'on se suicide pour lui. Notre vie est notre seule richesse. Stop au suicide ! Osez ! Redressez-vous ! Changez quelque chose, bougez ! Ouvrez votre horizon ! Voilà ce qu'il faut dire aux gens.
Quel plaisir de vous lire. Que ce soit pour partager vos sensations et sentiments personnels durant vos déplacements ou vos analyses et perspectives politiques, vous nous passionnez, nous aidez à vouloir mieux pour notre pays et notre peuple. Vous nous donnez envie de changer les choses, vous nous rendez le goût d'aller vers les autres, avec les autres et vous nous rendez cela possible enfin !
Vos idées sont claires, sans compromis et sans compromission et toujours unitaires sur la base d'actions précises et rassembleuses et totalement compréhensives car très argumentées et c'est un atout fabuleux pour tous les partis qui composent le FdG même lorsque nous devons affronter comme aujourd'hui certaines contradictions qui se règlent déjà sur le terrain où nous militons ensemble.
Le premier décembre nous serons présents et je l'espère par milliers à Paris.
D'accord avec votre point de vue sur la transition du modèle agricole, aujourd'hui d'actualité avec ce qui se passe dans le Finistère. Cependant comment voulez-vous que ça change avec la profession agricole verrouillée par un monopole syndical et des institutions professionnelles comme les Chambres d'agriculture qui sont dépassées et avec des élections dignes de républiques bananières ? Aux dernières élections de janvier 2013, 50% des agriculteurs se sont abstenus. En Bretagne, les pouvoirs publics vont avoir pour interlocuteurs les Chambres d'agriculture, les coopératives, la FNSEA. Alors comment voulez-vous que ça change sans changer les instances décisionnelles de la profession ? En 1981 Edith Cresson s'était heurtée au mur de la FNSEA.
Superbe billet, comme d'habitude. Rien de plus justifié, de plus digne que cette lutte contre cette augmentation de la pression fiscale décidée par l'actuel pouvoir. Mais d'un autre côté, comment accepter la passivité timorée, pour ne pas dire la résignation, dont le FdG fait preuve à l'égard de l'euro ? Cet euro qui n'est (on le voit bien aujourd'hui) qu'un moyen d'introduire une concurrence économique implacable entre des pays inégalement armés ? Cet euro qui détruit l'Europe et ne profite à personne sauf aux riches de tous pays et (il faut avoir le courage de le dire) à l'Allemagne ?
Cette monnaie unique n'est qu'un lit de Procuste. Il faut à tout prix et au plus tôt la remplacer par une monnaie commune, qui conservera l'idée d'un projet européen mais délivrera les pays d'Europe de ce carcan qui va les étrangler à mort. La sortie de l'euro est considérée comme souhaitable par un nombre croissant d'économistes de gauche (Lordon, Sapir et bien d'autres). Aura-t-elle pour unique avocat le FN, pour qui elle n'est qu'un argument électoraliste ?
Moscovici est lamentable et exécrable, c'est un politicien professionnel cynique, sans foi, avec comme seule loi le marché, il a déjà prévu son point de chute après l'échec de ce gouvernement en tant que commissaire européen. Qu'il s'en aille vite et loin.
L'évocation des frimas de novembre, accolée à celle des monuments aux morts fera sans doute resurgir moult souvenirs d'enfrance chez beaucoup d'entre nous que l'école républicaine amenait au petit matin écouter le cantonnier égrener des noms de familles, tandis qu'un pompier répondait "mort pour la France". Et c'était l'odeur âcre des derniers dahlias serrés au creux des paumes. Mais qu'évoquait donc cette infinie tristesse qui saisissait les adultes autour de nous ? L'horreur de la boucherie nous est apparue bien plus tard, et ses causes et commanditaires.
Mais nous sommes là et bien debout pour reprendre les chaussures de marche, où remettre la voile, c'est selon. Que le Front de Gauche reprenne pied sur la rive, aux abords de Bercy, est la meilleure nouvelle de cette fin d'année. Et novembre appelle déjà, décembre.
Comme d’habitude, tes billets sont clairs, précis percutants. Celui-ci, a en plus, le mérite d’avoir abordé un sujet trop rarement évoqué : celui des conditions d’élevage et d’abattage des animaux, même si je reste,si j’ose dire, sur ma faim. Les circuits courts permettent un élevage de qualité, c'est-à-dire non seulement de produire de la viande saine, mais aussi respectueuse du bien-être de l’animal, de sa naissance à son abattage. De plus, ils facilitent, une traçabilité que les aberrations de l’élevage industriel ne permettent pas, tant les « intervenants » sont multiples. Interrogeons-nous donc à chaque fois sur l’origine des produits carnés que l’on nous propose ; refusons d’ingérer des animaux maltraités et/ou d’origine douteuse (j’applique cela depuis plusieurs années). Pour finir, un petit rappel : pour produire 1 calorie animale, il faut 7 calories végétales; en consommant moins de produits carnés, la faim dans le monde pourrait être éradiquée (cf J. Ziegler).
Je ne peux m’arrêter là sans dire mon émotion à la lecture du paragraphe où tu évoques la liste des morts de ces épouvantables guerres ; l’effroi que tu décris, je le ressens dans les cimetières militaires ou sur les lignes de front qui sont si nombreux dans ma région. Mais cet effroi a aussi son utilité : ne jamais oublier les souffrances et les sacrifices que provoque tout conflit armé.
"marche du 1er décembre sur Bercy, une alternative existe à côté de l'incroyable confusion des rôles..."
Oui. Les productivistes forcenés du toujours plus ont décidé, la tête près du bonnet (rouge pour qu'on la localise) et avec l'aide des médias achetés, de semer la confusion dans les luttes légitimes avec des objectifs réactionnaires. Mais du sac fourre-tout sortent de tous côtés les lièvres de leur pantalonnade. Et c'est la troupe des Faux-Nez Rouges qui crèvent l'écran et s'allongent. Les Faux-nez rouges du système pique-assiette du moloch capitaliste. La confusion, la division, la zizanie sont leur compétence. L'inverse de la clarté crue et drue, de la fraternité cultivées au FdG! A bientôt dans c'politique.
Je me félicite du ton des 4 derniers blogs. Je suis un grand admirateur de tes écris et de tes discours, mais il y a un mois, il y a eu plusieurs livraisons très limites. Pourquoi grossir alors les divergences tactiques au sujet de la stratégie pour une élection au mode de scrutin très spécifique. Tu avais déclaré à Besançon que c'était une question secondaire au regard de l'affrontement contre le libéralisme dont la manif de décembre et les élections européennes seront des temps forts. Tes écris avaient entraîné des commentaires détestables où il n'était question que d'injures et d'exclusions. Ton soucis de cliver devait s'appliquer il me semble pour les Solfériniens, pas pour les composantes du FdG en perspective de débauchage. Aujourd'hui tu travailles avec MG Buffet, O Dartigole, MP Vieu, et demain P Laurent. C'est bien. C'est une question vitale pour tous.
"Ainsi, la façon de travailler du Front de Gauche, aussi longtemps qu'il reste fidèle à son indépendance, est clairement lisible."
Je ne comprends pas, que vient faire la fidélité à son indépendance ? Le Front de Gauche peut il être inféodé ? Et à qui ? Cher Jean Luc tu en dis trop et pas assez.
Merci à Jean Luc Mélenchon pour ce beau billet. Dans notre vie de tous les jours on peut changer un peu le cours des choses et essayer d'enrichir le moins possible les productivistes en achetant intelligent. J'ai eu un grand-père qui racontait sa guerre de 14/18 plus sa grippe espagnole. J'étais attentive à son récit mais j'ai le souvenir triste que les adultes le trouvaient répétitif et finissaient par se moquer de lui. Il était italien et se battait contre les autrichiens. Je recommande le film de Francesco Rosi "Les hommes contre" qui me bouleverse toujours. Je ne sais pas si l'UPA répondra à Jean-Luc Mélenchon, les artisans que je connais râlent beaucoup mais je ne les vois pas marcher avec nous. On verra bien.
Je regarde C/Politique où il est reproché à Jean-Luc Mélenchon "capitaine de pédalo" mais souvenons nous de Martine Aubry qui disait fort justement à propos de F Hollande "quand c'est flou y'a un loup" qui est tout aussi redoutable et au final tellement vrai !
Y a pas que les salariés dans la vie (d'ailleurs, il y en a hélas de moins en moins), c'est pas dommage de s'intéresser aux petits artisans, commerçants et paysans en train de crever de la crise. Ils ne sont pas tous poujadistes. Vos billets sont remontants parce-qu'ils prennent de la hauteur, et, en ces temps d'épicerie électorale, ça requinque. J'attends aussi de savoir qui va enfin fédérer toutes les luttes très nombreuses en cours et qui restent plutôt éparpillées, chacun manifestant à son tour, si bien qu'on ne sait plus où donner de la basket. En tout cas, merci pour votre discours sur la paix et la guerre à Balbastres que j'ai trouvé passionnant. Je vais m'en resservir pour l'éduc'pop car il est très pédagogique.
Portez-vous bien et faites attention à vous, on n'en a pas beaucoup des comme vous.
Toute alliance avec les solfériniens nous sera préjudiciable. La nouvelle façon de faire de la politique passe par l'abandon des pratiques électoralistes. Le FdG doit promouvoir des idées. Si ses représentants sont élus sur cette base tant mieux, sinon le travail doit continuer. Mais toute attitude qui porte la confusion, notamment par des alliances avec des formations qui elles affichent des objectifs bien éloignés des nôtres, ne peut être passée sous silence et acceptée comme si de rien n'était. Le cas toulousain comme celui de Paris sont donc extrêmement regrettables. J'espère qu'il n'en sera pas de même à Clermont. Car enfin, paraît-il constructif et en accord avec nos principes, d'avoir le beurre et l'argent du beurre, à savoir la protection du Ps pour conserver quelques postes, sans garantie d'ailleurs vu le contexte, et de l'autre côté, le label gauche critique et autonome en se réclamant du FdG, au cas où cela serait plus prolifique ? C'est typiquement ce genre de tambouille que la classe politique est en train de payer aujourd'hui. Les conséquences de ce rejet pourraient bien tous nous atteindre si le FdG ne peut pas capter le mécontentement actuel. Ce n'est tout de même pas faire de l'anti-communisme primaire que de le dire, alors même qu'une grande majorité des militants Pc voit son travail excellent sapé par quelques uns...
Je viens de suivre l'interview dans C Politique et ma réaction est une immense satisfaction de voir cette manière pédagogique explicative, aimable comme s'il s'agissait d'enseigner, d'éclairer avant tout, quitte à considérer la mauvaise question comme une question à corriger et non pas à combattre. En fait on vous sent si fort et sûr de vous que la moindre atteinte à la superbe du journaliste parait agressive le mettant en position de victime et vous d'agresseur, ce qui est un comble lorsqu'on a compris que vous êtes son allié le plus sûr dans le fond. Rien de cela ce soir mais un moment politique de grande qualité.
"L’Histoire, mes chers lecteurs, n’est pas une matière morte. C’est non seulement une culture commune dans un grand pays instruit, mais un terreau d’expériences pour penser et agir dans le présent".
Formidable formule qui va droit au coeur d'un prof d'histoire de collège. Merci !
@ Michèle
Je pense qu'il y a un effet Dartigolle/Vieu. Jean-Luc revient du Sud-Ouest aimé des communistes et cela le rassérène. On l'a senti, calme, pédagogique comme on l'aime.
50 commentaires en un jour pour ce beau texte utile. Sur le blog de ce pauvre P Laurent son billet traîne depuis plus de 3 semaines et a entraîné 9 commentaires. Sans commentaire.