09avr 14
Candidat aux européennes dans le Sud-Ouest, le co-président du Parti de Gauche appelle à un nouveau vote sanction contre Hollande.
Sud Ouest. Que pensez-vous de ces députés socialistes qui ont demandé à Manuel Valls un contrat de majorité, menacé de s’abstenir sans toutefois prendre le risque de mettre le gouvernement dans l’ornière ?
Jean-Luc Mélenchon. Ces députés montrent une certaine capacité d’écoute des électeurs et des militants socialistes excédés par la politique de François Hollande. Mais pourquoi n’ont-ils pas le courage d’aller au bout de leur pouvoir ? Ainsi en ne votant pas en fonction de leurs convictions, ils révèlent la logique de la Vème République : le monarque décide à leur place et ils acceptent servilement. Samedi prochain, nous organisons une marche nationale « Trop, c’est trop ». C’est aussi leur message, non ? Viendront-ils ou ne viendront-ils pas ?
Que dites-vous à ces députés socialistes : « rejoignez-moi et recomposons la gauche » ?
Je ne procède pas par ultimatum. J’interpelle leur réflexion et ce qu’il leur reste de cohérence. Ils ont en eux la solution positive : qu’ils prennent la tête du changement de politique puisqu’ils sont les plus nombreux au Parlement.. Est-ce que ça doit passer par leur départ du PS ? Ce n’est pas obligatoire. Mais qu’ils prennent l’initiative d’un mouvement autour d’eux pour faire naitre une nouvelle majorité de gauche. Dans ce cas là, je pense que les écologistes comme nous, saisirions l’occasion au vol. Nous les suivrions. Nous ne sommes pas sectaires. Même plus : je suis disposé à tout moment à m’effacer dès lors que ce que je défends est retenu : une rupture absolue avec les politiques d’austérité et un passage franc et clair à l’éco-socialisme.
Vous qui avez qualifié le nouveau gouvernement de Manuel Valls de « fusil à un coup », attendez-vous encore quelque chose du Premier ministre ?
Bien sûr que non. Valls ne pourra rien faire d’autre que ce qu’a décidé la Commission européenne. Tout le reste, c’est de la mousse de jolies phrases. Les principaux amis et point d’appui de Manuel Valls sont des communicants. Son discours à l’assemblée l’a prouvé. Hors des intentions ronflantes que reste-t-il ? La politique d’austérité, le démembrement de la démocratie territoriale, les baisses de cotisations sociales. On a déjà donné. Ce n’est pas un remaniement c’est un reniement assumé. Ce gouvernement est né sur une débâcle et il va vers une déroute. Les élections européennes seront un démenti catégorique aux choix de Hollande.
Justement, qu’est-ce qui vous a convaincu de vous présenter à nouveau aux européennes ?
Je suis un des rares responsables politiques dont la vie est faite. Je n’ai pas besoin de me prouver quelque chose sinon de proposer aux électeurs leur participation à ce que j’entreprends. C’est-à-dire être un candidat de rassemblement de l’autre gauche et quelqu’un qui se place dans une stratégie de rupture avec l’ordre européen actuel. Cet ordre qui dicte les politiques nationales. Avant de se présenter devant le Parlement, les nouveaux ministres sont allés déjà demander quitus à Berlin…
Quel sera votre message ?
Je veux faire du jour du vote un jour d’action politique concrète, pas seulement la caisse enregistreuse de la mauvaise humeur de chacun. Le sens politique que je veux donner à ce vote est multiple. Il affirmera un rejet clair et net de l’Europe de Hollande et de Merkel, de la politique d’austérité du grand marché commun avec les USA. Je demande un vote de confiance pour l’écosocialisme.
Vous avez été critiqué pour votre absentéisme au Parlement européen. Que dîtes-vous aux électeurs sur ce point ?
C’est une boule puante lancée contre moi par José Bové, désormais totalement acquis au système. Je voue ma vie au travail. Parler d’absentéisme est blessant. C’est un mensonge. Je suis premier des français sur un des quatre sites de classement. Je suis mal placé si on ne compte que la présence physique derrière la machine à voter. Allez sur mon blog vous y trouverez l’explication de chacun de mes votes, de chaque dossier et même le motif de chacune de mes absences. Qui en fait autant ? Quand je ne suis pas au Parlement, c’est que je suis dans une manif. On peut critiquer ma manière d’être député mais on n’a pas le droit moral de critiquer l’intensité de mon implication.