23avr 14

La vie pour la raconter

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Je n’aime pas que García Márquez soit mort et je ne m’en cache pas. Cependant j’admets que cela devait bien arriver. En fait, il n’est pas sûr qu’il soit mort ; en tout cas, il n’est pas disparu si c’est ça qu’on veut dire, mais tout juste décédé et j’accepte d’en convenir. Je n’ai aucune parole définitive a prononcer sur cet évènement, et je n’en pense rien d’autre que ce qu’en pensent tout ceux qui ont lu García Márquez. Je n’ai jamais rencontré personne qui m’en ait dit du mal, alors que je connais une palanquée de gens qui ont encore des bâillements rien qu’à entendre le nom de Proust. J’ai recommandé la lecture de « Cent ans de solitude » à presque tous les gens que j’aime. Ce genre de livre entre dans vos veines et vous devez ensuite vivre avec toute votre vie. Encore que, dans mon cas, « L’amour au temps du choléra » se soit incrusté bien autant sous ma peau. Dès lors, partager de telles lectures, c’est comme se donner un peu et se partager par le moyen qui le permet. Les livres sont les hosties des païens. La dernière chose que j’ai lue de lui m’est tombée sous la main par hasard, comme la plupart de ce que j’ai lu sans y être obligé. C’est « La vie pour la raconter ». D’une phrase tout était dit, et le reste est venu comme une promenade digestive. Je ne peux manquer de recopier cette phrase, en ouverture de la première page : « La vie n’est pas ce que l’on a vécu mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient ». Rien n’est plus matérialiste que cette façon de considérer la vie comme une production sans cesse recommencée dans les compartiments de la mémoire et des lumières qu’on allume sur son présent et sur les futurs qu’on s’organise. Pardon pour ce jargonnage. Je ne sais pas mieux le dire. Je n’ai pas assez de Márquez dans le sang pour l’instant.

Mercredi soir, je suis à Decazeville, en Aveyron. A quelques kilomètres de là, dans le même département, le petit village de Laguiole est en train de devenir un exemple de ce qu’impliquent les mutations du capitalisme de notre époque, des évolutions de rapports de force et de propriété que contient son ancrage financier et transnational. Un exemple aussi caricatural vaut mieux que dix thèses argumentées pour faire comprendre le problème posé et donner le goût d’aller plus loin dans l’étude du sujet. Après ça, je viens sur le sujet des « travailleurs détachés », cette délocalisation a domicile. Il en était question a Strasbourg la semaine passée. C’était au cours de la session où nous avons expédié cent quarante textes à mains levées et boutons électroniques à la cadence d’un vote toutes les trois ou quatre secondes en suivant les feuilles de votes. Tel est l’exercice de la dignité de parlementaire européen, à la portée d’un rat de laboratoire. Mais comme c’est à cette aune qu’est évaluée la performance parlementaire aux yeux de certains, on ne va pas s’en moquer trop ouvertement. Pour ma part, comme je m’intéresse à chacun de mes votes et que j’explique mes raisons de voter, j’étais yeux très grands ouverts pour voir de près les socialistes voter avec la droite sur le sujet. Mais je ne savais pas que le vote des rats de laboratoire n’engageait que ceux qui les enregistraient. Qu’il était pénible ensuite d’entendre les héros de cette comédie dire le contraire de ce qu’ils ont voté. C’était pour le meeting lamentable de lancement de la campagne européenne des solfériniens au Cirque d’hiver en présence du pétulant roi des schtroumpfs menteurs, Martin Shultz, social-démocrate co-gouvernant avec madame Merkel dans son pays.

Pour finir, je parle de l’Ukraine. J’y pense beaucoup. Je redoute ce que l’enchaînement de la bêtise, des provocations et de l’aveuglement propagandiste peut produire. Cent ans après le déclenchement de la guerre de 1914 nous méritons mieux que le pitoyable numéro pavlovien actuel. Savoir que des navires de guerre français sont entrés en mer Noire aux cotés des USA et que le ministère français ment sur leur nombre et leur mission m’effraie davantage encore. 

Où c’est Laguiole ? Au Pakistan, con !

Si on t’offre un couteau, ami lecteur, sors une pièce de monnaie à donner en échange. La superstition a organisé un rite amusant qui permet de distinguer le maroufle du connaisseur. A Laguiole, donc, il ne peut jamais être question de couteau hors contexte humain. J’y viens. Les gens du lieu viennent de se faire détrousser comme des indiens des plaines par des colons sans scrupules. Je ne crois pas qu’il y ait là-bas tant de gens qui sympathisent avec nous et avec les « partageux » d’une façon générale. Mais comment auraient-ils pu deviner qu’ils allaient être les victimes de la pire caricature de ce que nous dénonçons dans nos ouvrages savants sur le capitalisme de notre époque ! Voyez ça, si vous ne le savez déjà. Tout le monde connaît les couteaux Laguiole. Leur nom vient de ce village où ils étaient produits à l’origine. Certes, aujourd’hui, il n’y a plus qu’une poignée de couteliers dans le village et aux alentours. Et encore ! Quelques-uns seulement produisent sur place leurs couteaux du début à la fin, et selon les codes du savoir-faire historique. C’est comme ça. Aujourd’hui, l’essentiel des couteaux Laguiole sont produits… à des milliers de kilomètres de là et seulement assemblés sur place ou dans les environs. Jusque-là que du banal. On connaît la musique : « le monde change il faut changer », « les charges sociales écrasent le couteau », « les ouvriers pakistanais ne font pas tant d’histoires »… et ainsi de suite.  Bref : on n’y peut rien, et ceux qui disent le contraire sont des rêveurs et même des fous dangereux.

De ce monde et de ses merveilles, un jour vient pourtant où vaille que vaille tout le monde finit par en manger une cuillère de trop. Ce jour est arrivé à Laguiole.

Le village a été condamné à payer 100 000 euros de dommages et intérêts à une entreprise privée qui produit des couteaux Laguiole… en Asie ! En effet, le propriétaire de cette entreprise a déposé la marque « Laguiole » en 1993. Depuis cette date, il commercialise des couteaux mais aussi d’autres objets sous cette marque. Un malin. Il a attaqué en justice le village de Laguiole pour « contrefaçon », l’accusant d’utiliser illégalement la marque qu’il a déposé. N’est-ce pas trop drôle, quand même, qu’un monde où de telles choses sont possibles ? Je crains le jour où quelqu’un viendra m’interdire de signer mes écrits de mon nom parce qu’il aura déposé celui-ci comme une marque. C’est ce qui se passe ici. Pour ce village, c’est la double peine. Premièrement, il est privé du droit d’utiliser son nom pour commercialiser le traditionnel couteau et vanter le savoir-faire de ses artisans. Deuxièmement, il est condamné à payer 100 000 euros, ce qui représente un somme très importante pour un village d’un gros millier d’habitants. Au point que le maire divers droite du village a sollicité l’aide des autres communes. Divers droite, le malheureux. Vous me direz que s’il était socialiste, ça n’y changerait rien. Ni communiste non plus, tout bien pesé, étant donné que toutes ces sortes de choses se décident ailleurs très loin dans le secret des arrangements internationaux qui fondent le droit sur la propriété intellectuelle, les brevets, les appellations contrôlées et tutti quanti.

Le juge applique la loi. La loi est injuste, le juge le devient à son tour comme son instrument. La justice ne se préoccupe pas d’être juste. Il lui faut seulement être légitime et légale au pied de la lettre. Comment le droit et la justice peuvent-ils protéger l’utilisation de la marque « Laguiole » par une entreprise qui produit ses objets hors d’Europe et en priver un village qui a donné son nom à ce couteau ? Il a bien fallu que d’aucuns s’en émeuvent après nous, si bien qu’une loi récente a permis d’étendre aux produits non alimentaires la protection « indication géographique protégée ». Mais pour Laguiole, c’est trop tard. Ultime espoir : que le le village parvienne à obtenir gain de cause auprès de l’OHMI, l’Office de l’Harmonisation dans le Marché Intérieur. C’est le nom de l’agence européenne chargé de gérer les systèmes d'enregistrement des marques et modèles dans l’Union européenne. Jusqu’ici, la Commission européenne n’a pas bougé une oreille. Il est vrai qu’elle n’en a pas pour ce qui est des plaintes de petits villages de mille habitants, et encore moins pour des casse-pieds avec leurs histoire de couteau. Il est vrai que ce qui rend l’affaire plus pénible, c’est que le Commissaire européen à la Concurrence est pourtant un « socialiste ». C’est l’espagnol Joaquin Almunia. Il est l’un des sept commissaires membres du Parti Socialiste Européen dans la Commission Barroso. Il n’a rien fait ni même rien dit. Il sert seulement à interdire les aides publiques aux secteurs stratégiques au nom de la « concurrence libre et non faussée ». Un androïde nourri au manchego produit en Chine et découpé en Irlande avant d’être emballé au Portugal et transporté en camion tchèque conduit par un Letton jusqu’au monoprix de Bruxelles. Ou sûrement quelque chose d’approchant si on y regardait de près.

Cette affaire témoigne bien de ce qu’est le capitalisme contemporain, financier et transnational. En effet, la logique à l’œuvre dans les firmes transnationales repose de plus en plus sur les marques et les brevets. C’est le rêve d’une entreprise sans murs, ouvriers ni machines : « juste un carnet de commandes, un chéquier et des brevets », comme disaient les douze administrateurs de l’entreprise Nike en refusant qu’on les désigne comme des fabricants de chaussures. La fonction de production, les usines, les machines sont progressivement filialisées, sous-traitées et si possible abandonnées. Les grands groupes recentrent leur stratégie de profit sur la possession de ce qui rapporte le plus en coûtant le moins : les marques. Du moment qu’ils possèdent une marque, les grands groupes se moquent de savoir où et comment l’objet est produit

Un exemple proche est bien connu. C’est celui du thé « Eléphant ». Depuis des décennies, l’usine Fralib de Gémenos produisait du thé sous cette marque ainsi que des tisanes. La marque Eléphant est née en Provence pour labelliser une production locale : les thés et tisanes étaient parfumés avec des herbes, parfums et fruits de Provence. Le groupe Unilever a racheté l’usine et la marque. Depuis plusieurs années, il veut fermer l’usine mais garder la marque, cela va de soi, car c’est elle qui fidélise la clientèle ! D’ailleurs, il produit déjà du thé marseillais en Pologne ! Et 85 % de la production revient en France où se trouvent les amateurs de ce thé…. Seule la résistance héroïque des salariés l’empêche d’arriver à son but. Mais le bras de fer est loin d’être gagné. Je place ici un lien pour vous permettre d’en savoir plus sur le sujet et prendre des idées d’action de soutien.

En tous cas, avec l’affaire Laguiole, nous avons un exemple supplémentaire qui nous permet d’expliquer concrètement à la fois le danger et son origine dans la mutation du capitalisme de notre époque. Je ne suis pas ici en train de défendre les « marques » commerciales, par principe. Loin de là. Mais dans ces deux cas, on voit comment la « marque » est d’abord un marqueur. Celui d’une production locale et d’un savoir-faire local. C’est cela que nous défendons contre la mondialisation libérale, la marchandisation de tout et l’uniformisation des goûts et des saveurs. Nous défendons aussi les productions et les savoir-faire locaux, et pas seulement les producteurs comme personnes abstraites considérées hors de tout contexte, de toute culture, à qui produire n’importe quoi, n’importe comment, suffirait à contenter le sort ! Notre façon de voir nous permet d’entrer dans la discussion sur le contenu des productions, leur utilité sociale, leur respect de la règle verte et ainsi de suite. La rupture avec le productivisme, c’est aussi décréter la fin de la sacralisation des productions compte tenu de ce qu’elles sont et de ce qu’elles impliquent ! Nous sommes partisans de la relocalisation de l’activité au moyen de la planification écologique de l’activité. Il est temps de montrer à travers ces exemples comment le renforcement des droits des producteurs, artisans ou salariés, face aux financiers qui vampirisent l’économie a un double contenu écologique et social. Laguiole a, malgré lui, rejoint les salariés de Fralib à l’avant-poste de cette bataille.

Les travailleurs détachés enchaînés à la demande du PS

L’hypocrisie des solfériniens n’a décidément aucune limite. Et surtout pas celle de la décence. Jeudi 17 avril, le meeting à Paris de lancement de la campagne européenne du PS fut un moment psychédélique ! Seuls pouvaient écouter sans rire les gens qui avaient sérieusement fumé la moquette ! Quand même : un meeting contre l’austérité en Europe par ceux qui l’organisent en Europe et en France ! C’est à peine croyable, mais c’est possible. Et ce n’est pas sur ce seul sujet que ces gens mentaient, les yeux brillant d’enthousiasme pour leurs mensonges. Il y a eu un moment spécialement révulsif pour moi. Ce fut celui où la tête de liste du PS en Ile-de-France, Pervenche Bérés, et le candidat du Parti Socialiste Européen à la présidence de la Commission européenne, le social-démocrate allemand Martin Schulz, ont osé affirmer qu’ils voulaient « remettre à plat la directive sur le détachement des travailleurs » en Europe. Ah, les braves gens ! Pourtant, à peine 36 heures plus tôt, au Parlement européen, les socialistes européens ont tous voté pour la poursuite du système de détachement. Ecoeurant.

Ce système de détachement est une honte pour l’Europe. Il organise un dumping social légal qui s’apparente à de véritables délocalisations à domicile. En effet, il permet à un employeur d’envoyer ses salariés travailler dans un autre pays de l’Union européenne tout en ne respectant pas la totalité du droit social de ce pays d’accueil. Ainsi, les cotisations sociales, salariales comme patronales, sont payées dans le pays d’origine. Tout cela est légal, organisé, même, par une directive européenne de 1996. Ce système a donné lieu, en plus, à de très nombreux abus où la malhonnêteté des employeurs concernés n’a d’égal que l’exploitation bestiale des salariés.

Le PS a voté pour que ce système continue d’exister. Tous les députés européens du PS français ont approuvé une directive qui ne modifie ce système qu’à la marge. Et, ce faisant, ils ont légitimé tout le reste du système. Aussitôt, quelques singes savants sont venus glapir en cadence que ces améliorations « valaient la peine d’être soutenues ». Beau prétexte ! En fait, la directive approuvée par le Parlement européen n’est qu’une directive d’exécution. Elle ne change rien à la directive cadre de 1996. Le dumping sur les cotisations sociales continuera donc en toute légalité grâce à la complicité du Parti Socialiste Européen. J’ajoute que les députés européens Europe Ecologie Les Verts, dont José Bové et Daniel Cohn-Bendit, ont eux aussi voté pour la poursuite de ce système scandaleux. Au final, 474 députés européens ont voté pour la poursuite du dumping dont tous les socialistes français, tous les députés d’Europe Ecologie Les Verts et la droite. Pendant ce temps, Marine Le Pen, après avoir bien aboyé sur ce ton inimitable de fureur blanche qui est le sien… s’abstenait lâchement, en pleine complicité avec les bonimenteurs qui veulent faire croire qu’il y avait du bon « malgré tout » dans cette nouvelle directive.

Mais, sérieusement, la nouvelle directive apporte-t-elle quelques améliorations, comme le prétendent les eurobéats ? C’est de la poudre aux yeux. La principale supposée amélioration consisterait en ceci : le donneur d’ordre aurait dorénavant une responsabilité si un sous-traitant vient à manquer aux obligations légales. La belle affaire ! C’est un faux-semblant de première catégorie ! Car cela ne concerne que le premier sous-traitant. Mais aucun des sous-traitants du premier sous-traitant ! Or, l’expérience montre que, dans ce domaine, on peut avoir une chaîne de nombreux sous-traitants. De plus, cette nouveauté ne concerne que le secteur du bâtiment et travaux public. Or, le BTP n’emploie que 40% des travailleurs détachés. Pour les 60% restants, le texte n’apporte aucune amélioration, par exemple dans l’intérim, l’agriculture ou l’industrie. La Commission des affaires sociales et de l’emploi du Parlement européen avait adopté cet automne une position plus exigeante : que la « responsabilité solidaire » s’applique à tous les sous-traitants et à tous les secteurs d’activité. Voila qui aurait été « une avancée ». Et voila bien ce qui permet de souligner la reculade quasi-totale du texte final !

En fait, le PS a saboté la lutte contre le dumping. François Hollande lui-même a accepté que seul un sous-traitant et seul le BTP soient concernés. Puis Pervenche Bérès a saboté le travail de la Commission des Affaires sociales du Parlement. Elle est la présidente de cette Commission. Son devoir était de défendre l’extension de la responsabilité solidaire à tous les sous-traitants et tous les secteurs comme l’avaient exigé ses collègues. Mais dans les négociations obscures avec la Commission européenne et les chefs d’Etats, elle a abandonné cette position pour se rallier à François Hollande. Puis tous les députés européens du Parti socialiste européen, dont ceux du PS français, ont capitulé dans la foulée de leur chef de file, Pervenche Bérès.

N’allez pas croire que ces gens se soient contentés comme d’habitude de peu sous le prétexte qu’on ne pouvait faire autrement. C’est bien de propos délibérés et de manière combattante que le PS et les Verts se sont exprimés sur le sujet. Car ils ont fait obstacle à tout renforcement de la législation lors de l’examen du texte en séance plénière à Strasbourg mercredi 16 avril. Mon groupe de la Gauche Unitaire Européenne a déposé un amendement pour étendre la « responsabilité solidaire » à d’autres secteurs que le bâtiment. Ils auraient pu voter pour cet amendement. C’est le contraire qui s’est passé. Les députés du PS et d’Europe Ecologie ont mêlé leurs voix à celles de la droite pour repousser notre amendement ! Ils se sont comportés en défenseurs de la nouvelle version contre le vœu des députés de la commission concernés. Dit plus crûment : ils ont sacrifié les droits des travailleurs européens pour ne pas déplaire à François Hollande !

La Confédération Européen des Syndicats est très dure : « Au mieux, le Parlement européen a échoué à renforcer la mise en œuvre de droits minimums et faibles pour ceux qui travaillent temporairement dans d’autres Etats membres. Au pire, il réduit la capacité de ces Etats qui essaient de renforcer cette directive de le faire dans le futur ». Envoyez ça a votre député socialiste local ! Le PS n’a-t-il pas que le « dialogue social » à la bouche, d’habitude ? Mais c’est seulement quand ça lui permet d’habiller ses cadeaux aux Medef. En l’occurrence, le PS a foulé aux pieds la position des syndicats européens.

Tout cela, vous n’en sauriez rien si vous lisez le Monde. Le journal de révérence n’a pas écrit une ligne dans ses éditions papiers sur ce vote au Parlement européen la semaine dernière. Sur son site internet, on trouve un seul article sur le sujet. Il traite du sujet essentiellement à partir de la position de Madame Le Pen. Le titre, raccoleur comme d’habitude, est centré sur elle : « Le Pen dénonce un texte européen « criminel » sur les travailleurs détachés ». A la toute fin, la journaliste explique que « Reste que dans cette bataille la présidente du FN, s'est trouvée des alliés dans les rangs de la gauche et de la gauche de la gauche, soucieux de rendre le texte plus protecteur pour les travailleurs. Parmi eux : Jean-Luc Mélenchon. Tout aussi peu familier de Strasbourg, le co-président du Parti de Gauche a fustigé une directive qui n'assure pas l'égalité entre les travailleurs. « Il n'y a pas de liberté sans égalité qui puisse produire la fraternité », s'est-il exclamé ». Mais l’article a été mis en ligne le 16 avril à 11h55. Juste avant le vote sur le texte. Du coup, une dernière phrase a dû être ajoutée après la publication, une fois le résultat du vote connu. Mais les lecteurs du Monde ne sauront pas que Le Pen s’est finalement abstenue. Que font les décodeurs ? A part les pitreries sur ma présence à Strasbourg, colportage de ragots, on voit que ce journal n’a même pas la décence de donner une information complète sur le sujet qu’il traite. C’est du journalisme ça ?

Au final, j’ai voté contre ce texte comme mes camarades de la GUE. Cette mascarade est insupportable. Le travail de désinformation des eurolâtres est écoeurant. Finissons avec cet aveu du gouvernement français sur le sujet. Dans un document du Secrétariat Général aux Affaires européennes, le gouvernement Valls affirme qu’il « il n’y a pas d’autres voies possibles dans le contexte actuel de l’Union européenne » que le compromis pourri adopté mercredi dernier. C’est un aveu de taille : ces gens là ont cessé le combat. Reddition unilatérale. Il est donc logique que toute l’Europe libérale s’essuie les pieds sur eux !

L’Ukraine, gouffre de la raison politique

Les Etats-Unis et l'Europe, dans leur sillage, sont engagés en Ukraine dans une stratégie d'engrenage absurde face à la Russie. Comment comprendre l’ingérence permanente des Etats-Unis dans le dossier ukrainien, pourtant si éloigné de ses frontières, alors que l’Europe directement mitoyenne est censée s’en préoccuper au premier chef ? Chaque semaine un nouveau dirigeant états-unien se déplace pour soutenir le gouvernement provisoire de Kiev auquel participent, comme on le sait, plusieurs néo-nazis hier dénoncés par le Parlement européen lui même. Et quels visiteurs ! Le directeur de la CIA, John Brennan, était ainsi en voyage officiel à Kiev les 12 et 13 avril. Il a été suivi le 22 avril par le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden. Cet activisme est délibéré. Il ne résulte d'aucune légalité internationale ni d'aucun intérêt légitime des USA dans cette zone. Les USA rejouent ainsi un lamentable scénario de guerre froide sans objet ni but d’action rationnels. Il s'inscrit dans la droite ligne de leur stratégie pour faire adhérer à l'OTAN tous les anciens pays du bloc de l'Est, en totale contradiction avec la lettre du Traité de l'Atlantique Nord. Cela a commencé en 1999 avec l'adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque. Cela a continué avec l'adhésion en 2004 de la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et les trois pays baltes directement à la frontière russe. Cela s'est poursuivi en 2009 avec l'adhésion de la Croatie et de l'Albanie. Le projet d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN soumis au Parlement ukrainien par le nouveau pouvoir de Kiev vise à parachever ce plan états-unien. Il est clairement dirigé contre la Russie. Pourquoi ? Pourquoi la Russie prend–elle ce statut d’adversaire ? Où est l’intérêt européen dans cette affaire ? Et l’intérêt français ? On nous dit « la cause c‘est le régime Poutine ». Je me demande bien pourquoi. Mais admettons. Dans ce cas, que dire de l’Arabie saoudite, du Qatar et de je ne sais combien de régimes de cette sorte que les mêmes cajolent sans trêve ? Et si la Russie est traitée en adversaire, comment s’étonner qu’elle réagisse et utilise toutes les situations pour rétablir le rapport de force que lui imposent les Etats-Unis ? Ce que je dis là ne comporte pas d’appréciation sur la légitimité de l’action mais sur sa logique. Qui pouvait croire que la Russie se laisserait agresser sans rien faire pour faire reculer un adversaire qu’elle n’a pas souhaité ?

Alors qu'elle devrait être une force d'apaisement dans cette escalade, l'Europe met de l'huile sur le feu. Elle l'a encore fait la semaine dernière, lorsque le Conseil des ministres des Affaires étrangères des 28 a sommé la Russie de retirer ses troupes stationnées à la frontière avec l'Ukraine. Comment l'Europe peut-elle ainsi prétendre régenter le déploiement de l'armée russe sur son propre territoire ? Pourquoi l'Europe n'enquête-t-elle pas, à l'inverse, sur la présence suspectée en Ukraine de soldats des sociétés militaires privées états-uniennes DynCOrp et Greystone Limited, ne parlant ni le russe ni l’ukrainien, mais en uniforme ukrainien ? Pourquoi ne s'alarme-t-elle pas que l'essentiel des victimes tuées dans les heurts des dix derniers jours soient des militants pro-russes ? Pourquoi ne dénonce-t-elle pas l'intégration sous uniforme ukrainien des milices ultra-nationalistes de Pravyi Sektor ? Pourquoi ne s'émeut-elle pas que des membres du pouvoir de Kiev appellent à mobiliser les cadets des lycées militaires (entre 15 et 18 ans) alors que l'UE est d'habitude si prompte à dénoncer les enfants soldats ? Pourquoi ne s'étonne-t-elle pas que des unités entières de l'armée ukrainienne (des unités parachutistes et blindées s'ajoutant désormais aux unités marines refusant l'autorité du gouvernement de Kiev) préfèrent déserter plutôt que de réprimer dans le sang les manifestations pro-russes ? Au lieu de ça, le Parlement européen a encore voté le 17 avril une résolution nuisible qui « prie instamment le Conseil et la Commission d'aider le gouvernement de Kiev ». Ce gouvernement est composé comme on le sait de ministres néo-nazis membres du parti Svoboda. Je rappelle que c'est le même Parlement qui, le 13 décembre 2012, appelait « les partis démocratiques siégeant au Parlement ukrainien à ne pas s'associer avec le parti Svoboda, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier » !

L'alignement de François Hollande sur la politique internationale des Etats-Unis a rendu la France largement inaudible dans la crise ukrainienne. Alors que la France est une amie historique de la Russie, sa position aurait pu peser fortement en faveur de l'apaisement. Au lieu de ça, nous avons découvert avec stupeur que plusieurs navires de guerre français sont arrivés il y a peu en mer Noire dans le sillage de la flotte états-unienne. J'ai été, le 17 avril, le premier parlementaire français à m'étonner de la présence de ces navires français et à demander publiquement des explications au gouvernement. J'attends toujours cette réponse. Alors que le gouvernement a ainsi engagé notre armée dans une escalade absurde contre la Russie, ni les parlementaires ni les citoyens n'en sont informés. Le service d'information des armées a certes concédé à l'AFP la présence du navire de renseignement Dupuy de Lôme. Celui-ci est entré en mer Noire dans le sillage du destroyer états-unien USS Donald Cook. Nous avons aussi découvert via les signalements qu'en effectuent les Etats côtiers de la mer Noire, la présence de la frégate Alizé utilisée par les commandos du service action de la DGSE. Pour compléter ce dispositif, se trouvent dans les parages la frégate Dupleix et le pétrolier ravitailleur Var. Tout cela manifeste des intentions opérationnelles inquiétantes vis à vis de la Russie. Ces navires n'évoluent pas, en effet, habituellement en mer Noire.

Le seul prétexte qui pourrait être invoqué pour justifier leur présence est le rattachement à l'opération méditerranéenne de l'OTAN Active Endeavor. Lancée depuis 2001 cette opération a pour objectif la "neutralisation des groupes terroristes" et la "recherche des armes de destruction massive". Aucun rapport avec la crise ukrainienne et la Russie donc. Cette surenchère militaire française dans le sillage des Etats-Unis est une erreur politique. Je la condamne. Elle est absolument contraire aux intérêts de notre pays et à la nature de nos relations avec la Russie. La gêne du ministre à répondre et la concession faite d’une information incomplète posent gravement problème. On mesure de nouveau l’inconvénient d’avoir des médias si serviles dès qu’il s’agit de politique étrangère mettant en cause les Etats-Unis d’Amérique. La multiplication des provocations contre la Russie ne peut que conduire au pire. J'ai donc demandé le retrait immédiat des navires français présents en mer noire. Notre flotte a beaucoup à faire ailleurs, en particulier pour surveiller l'immensité du domaine maritime national, qui manque cruellement de moyens. Suis-je assez clair ? Pour moi, la France n'est pas l'ennemie de la Russie et doit se comporter avec elle en partenaire.

Afin d'éclairer ce qui se passe dans l'est de l'Ukraine, je veux aussi rappeler quelques réalités démographiques et économiques largement invisibles dans le traitement médiatique actuel de la crise ukrainienne. Le déclencheur des tensions en Crimée puis dans 3 provinces (oblasts) de l'est de l'Ukraine a été l'annonce par le nouveau gouvernement de Kiev de la suppression du russe comme langue officielle du pays aux côtés de l'ukrainien. Or, le russe est parlé au quotidien par 70 % des Ukrainiens et même 85 % d'entre eux dans les régions de l'est du pays. Même en terme de nationalités, le destin des russes et des ukrainiens est indéfectiblement lié : 17 % des habitants de l'Ukraine sont russes et ce chiffre monterait même à 40 % selon les estimations des bi-nationaux, très nombreux. La volonté des nationalistes actuellement au pouvoir à Kiev de construire une identité nationale ukrainienne sur des critères ethnolinguistiques est donc une illusion dangereuse. Au-delà de ce déclencheur linguistique des tensions, celles-ci sont alimentées par des enjeux économiques encore plus profonds. Le gouvernement provisoire de Kiev a décidé, par idéologie, de rompre la plupart des accords politiques, économiques et commerciaux qui liaient l'Ukraine avec la Russie. Or, les trois régions de l'Est, Donetsk, Louhansk et Dnepropetrovsk, constituent le poumon industriel de l'Ukraine. Et l'essentiel de leur activité est tournée vers la Russie, tant en raison des exportations qu'en raison des investissements effectués. Par exemple, le bassin houiller du Donbass, où se concentrent actuellement les troubles, est commun avec la Russie et pèse 27 % du PIB de l'Ukraine à lui tout seul, non seulement sous forme de mines mais aussi de métallurgie et d'industrie chimique. Moins troublée, la région de Dnepropetrovsk est également fortement liée à la Russie puisqu'elle concentre l'essentiel de la production héritée de l'URSS en matière de pipelines, de ferroviaire et surtout d'industrie spatiale. C'est là, par exemple, qu'est fabriqué le lanceur spatial russe Zenith, par une société détenue par le géant russe de l'espace RKK.

Pour toutes ces régions et leurs travailleurs, rompre avec la Russie signifie mourir économiquement. Leur défiance face au gouvernement de Kiev ne résulte donc pas tant d'un nationalisme pro-russe, qui reste minoritaire dans ces régions, que d'une défense éclairée de leurs intérêts économiques et sociaux. Car, bien sûr, le gouvernement de Kiev n'a pas la moindre stratégie de développement économique en dehors de la mise sous perfusion des emprunts du FMI et des aides de l'UE. En matière linguistique comme en matière économique, la politique actuelle de Kiev, soutenue par l'UE, de rupture avec la Russie est donc un non sens. Il n'y a pas d'avenir intelligent pour l'Ukraine sans coopération constructive avec la Russie. Et pour nous, les Européens en général, nous n’avons rien à gagner à voir ce genre de bagarres se dérouler sur le terrain où se trouve la centrale de Tchernobyl et sept autres centrales en aussi piteux état. La confrontation avec les Russes est une bêtise, une faute, et, maintenant, cela commence à être un crime.


162 commentaires à “La vie pour la raconter”
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  1. pmjtoca dit :

    Et ainsi, pendant que nous lisons les aventures militaires de l'Europe en Ukraine, on oublie le GMT. Smart, isn't it ? La campagne des Européennes me parait bien déserte.

  2. auger dit :

    Vous nous donnez envie d'allonger notre vie afin de la faire plus belle à raconter... en ce moment, il faut une bonne dose de rêves pour l'écrire jolie l'histoire.
    Merci d'écrire aussi bien !

  3. seniorenforme dit :

    Dans Mémoire de mes putains tristes Garcia Marquez écrivait "Nous sommes vieux, a-t-elle soupiré. L’ennui c’est qu’au-dedans on ne le sent pas, mais qu’au dehors tout le monde le voit." Pour faire un parallèle avec la situation de notre pays, on peut dire que le gouvernement s'acharne sur le sort des retraités. Il faut savoir que les pensions nettes ont diminué de 0,1 % en moyenne annuelle entre 2006 et 2011! Qui en parle ? Les écarts entre les hommes et les femmes n'ont jamais été aussi importants: 1603€ de retraite moyenne pour un homme contre 932€ pour une femme. Alors messieurs les députés, c'est quoi une petite retraite dont on nous rabâche les oreilles depuis quelques jours! Mais jusqu'où mettre le curseur pour définir une petite retraite ? Plus de 792€? 1000€? 1 128,70€ qui est le montant net du Smic ? 1256€ qui est la pension moyenne ? Nous aimerions connaitre comment définir justement et équitablement une petite retraite !

  4. JULES IMPRÉCATEUR dit :

    Laguiole: N'y a-t-il pas "faux et usage de faux" en cette matière de couteaux, puisque l'objet existait des décennies avant que le nom de Laguiole soit usurpé, le produit falsifié, et la marque déposée ? La folie de la "civilisation" à idéologie prédatrice tient dans cet exemple là. Résistance !

  5. pmjtoca dit :

    Ukraine et Europe. Etonnamment, sur cette vidéo à propos du délire Européen en Ukraine, les participants de ce débat restent silencieux, très. Tout est dit en 4mn. Repassons au GMT. Merci.

  6. Mel dit :

    Merci pour votre résumé sur l'Ukraine, ce sont des rappels indispensables car la pensée libre donc pacifiste est en danger et nos parents ont déjà vu à cela mène.

  7. tchoo dit :

    Sur l'europe à lire un entretien avec Anne-Cécile Robert, Docteur en Droit Européen et journaliste au Monde Diplomatique,
    et sur l'Ukraine Olivier Berruyer à fait un travail remarquable (qui continue d'ailleurs) sur son blog les crises. Par ailleurs, il est très difficile de lutter contre la désinformation, il faut pour cela être visible sur et dans les médias. J'ai le sentiment que la situation pour le PG s'améliore même si ce n'est jamais assez

  8. PCDoubs dit :

    Merci pour tout ce décodage d'infos.
    Je reviens sur la marche du 12 avril. J'y étais donc j'y croyais à ce type d'action. Mais il faut réfléchir à innover. Nous avons vécu des situations qui montrent que même à 2 millions d'individus dans la rue, cela ne provoque plus aucune écoute de la part des gouvernements. Alors quoi d'autre ? Sitting, actions répétées, blocage d'activités ? Le monde se durcit, les mesures sont toujours plus inhumaines (bloquer indexation jusqu'au plus petites retraites), jusqu'au socialistes qui nous ramèneront tranquillement à une forme d'esclavage. Près à durcir le ton, quand vous voudrez.

  9. reneegate dit :

    Concernant les travailleurs détachés vous avez bien fait. Le transport en France est laminé par ces directives. Les transporteurs polonais captent tout le marché avec des prix défiant toute concurrence (prix retour). Pour ma part, nous avons créé un site pour recharger les transporteurs sur leur trajet retour (éviter retour vide). Mais il n'y a plus de trajet aller car les transporteurs étrangers ayant des cotisations inférieures captent tout le marché. De plus les restrictions que se targuent d'imposer Sapin nécessitent des contrôles qui sont insuffisants et qu'il souhaite par ailleurs réduire (restructuration des finances). Donc des Polonais viennent travailler non stop 3 semaines en France et retournent voir leur famille ensuite. Cela prête à rire car les transporteurs internationaux sont aussi autorisés à faire du cabotage sur leur retour en arguant de l'optimisation du cout écologique. La non plus, aucun contrôle sur les 3 cabotages autorisés. Donc sachez que pour le transport rien n'a été décidé (seulement le bâtiment), que de toute façon cela n'aura rien réglé, que le transport en France est à l'agonie.

  10. Adrien78 dit :

    Elections européennes : il n'y a jamais rien eu à attendre d'une Europe où tout est verrouillé au profit exclusif du capitalisme financier mondialisé surtout tant qu'en France aussi prévaudra l'alternance des jumeaux gauche-droite. Et ce n'est pas l'actuel état du Front de Gauche qui accélèrera les choses. Alors oui la vie continue et c'est l'avenir qu'il faut préparer, les combats futurs pour l'écosocialisme, pour l'édification d'un large front anticapitaliste et l'irruption dans l'arène politique du peuple aujourd'hui trop souvent trompé, désabusé, démobilisé. Au rythme où va la crise et compte tenu du mépris généralisé des gouvernants en place pour les peuples, l'avenir n'est peut-être pas si lointain.

  11. Michel Matain dit :

    Les salariés sont en train de recevoir les déclarations de revenus à déclarer. Pour la moitié d'entre eux, ceux qui bénéficiaient déjà d'une mututelle d'entreprise, ils découvrent que maintenant le montant de cette mutuelle doit être déclarée en sus des revenus propres. Pour beaucoup d'entre eux, ceci va entrainer encore quelques dizaines d'euros supplémentaires d'impôts. Dans mon entreprise, il y a de la colère. Les salariés n'ont pas le sentiment d'être les "riches". Les conséquences de l'accord ANI se manifestent clairement. Par contre la canalisation de cette colère vers les idées Front de Gauche est compliquée. Ceux de droite reprennent le discours anti-impôt de l'UMP ou du FN. Les socialisants sont aux abonnés absents. Il serait bien qu'au niveau national, nos dirigeants quand ils ont l'occasion de s'exprimer publiquement abordent ce sujet : les salariés y sont sensibles et sont stupéfaits.

  12. Emmanuel dit :

    Ce matin, je me lève et je trouve une affiche avec la tête de Jean-Luc Mélenchon en bas de chez moi, plus un tract dans ma boîte aux lettres...
    J'aime bien le FdG et je crois encore à la cohérence de cette pratique politique. Simplement sur les européennes je pense qu'il fait fausse route. Dans le tract en question, trop de justifications personnelles sur la députation. On s'en fout. Je veux bien croire à l'utilité du travail de Jean-Luc Mélenchon. Et je lui suis gré d'en rendre compte. Mais il y a un point aveugle fondamental : celle de la crédibilité des institutions européennes et du rapport à l'euro.
    A l'heure où de plus en plus d'économistes argumentent de façon convaincante sur la nécessaire sortie de l'euro (Sapir, Lordon, Durand, dernièrement Maris... on en passe) il est dramatique que le FdDG (pour des raisons que j'imagine de tactique politique) n'en fasse pas un cheval de bataille. On sait que l'euro ne peut pas être réorienté. On sait que nous n'en ferons rien. On sait que les institutions européennes ne pourront être amendés. On sait que le gros clash est inévitable et qu'il faut exprimer un discours radical sur l'Europe. Le FdG ne le fait pas assez. C'est, je pense,...

  13. pierrot de Pont dit :

    Encore un grand merci pour ces analyses si précieuses et pertinentes sur la mondialisation toujours plus effrénée, la désastreuse gouvernance européenne avec la complicité de ces socialistes qui sont une honte au regard de l'Histoire qu'ils représentent et surtout sur la situation en Ukraine que l'on ne peut lire hélas nulle part ailleurs que sur ce blog. Or, tout juste un siècle après le déclenchement de l'atroce conflit de 1914-1918 dont on se souvient de l'inéluctable série d'enchaînements qui y a conduit, une telle cécité et surdité des médias fait peur. Jaurès ayant payé le prix de sa lucidité à l'époque, que dieu (ou Marx) épargne ce destin à l'auteur de ces analyses iconoclastes et donc dérangeantes !
    Par ailleurs, et d'autant plus dans ce contexte actuel, je suis assez effaré de constater que nous sommes à moins de 5 semaines des élections européennes et quasiment personne n'en parle. Nouvelle preuve, s'il en était besoin, de l'échec de ce projet européen dévoyé par les tenants du marché et leurs affidés. Que faut-il donc bien faire pour être audibles et visibles dans ce monde de l'image et des mirages ?

  14. Pierre Pifpoche dit :

    Merci.
    Pierre F., Meudon.

  15. tinatine dit :

    Merci jean-luc pour ces éclairages indispensables pour qui veut être vraiment informé mais à chaque fois c'est comme prendre un coup de massue tant les infos que tu nous donnes sont terribles et désespérantes ! Heureusement que l'espoir fait vivre et qu'il s'appelle le Front de Gauche, mais il va falloir trouver des paroles et actions efficaces pour convaincre et faire comprendre que c'est nous qui avons raison ! Toi jean-luc tu fais le maximum. A nous de trouver les actions. Peut-etre occuper une place parisienne comme dans d'autres pays ?

  16. AF30 dit :

    Que se passerait-il si le village de Laguiole refusait de payer la somme réclamée ? A mon avis rien. Mettront-il le maire en prison ? Ou bien les habitants ? Couperont-ils l'eau ou l'électricité ? En tout cas peut être même en portant jusqu'au bout ce refus cette honte serait médiatisée et créerait un précédent, une jurisprudence qui pourrait déglinguer la "belle machine".

  17. lilou 45 dit :

    En ce qui concerne Laguiole, si la commune perd son procès contre le pakistanais il ne lui reste plus qu'a ajouter un L au nom de leur village, double avantages, les artisans pourront continuer à produire des couteaux Laguiolle, le pakistanais l'aura dans le baba et tout ce qui s'appelle Laguiole avec un seul L, on boycotte, et ce rapace de pakistanais l'aura deux fois dans le baba. Raquel Garrido doit pouvoir nous arranger cette affaire.

  18. Jef Durel dit :

    Plusieurs centaines de nos camarades travailleurs Portugais, Italiens mais aussi Roumains et Bulgares "détachés" en Guadeloupe travaillent 50 à 60 heures par semaine pour une misère, s'entassent à dix dans un même appartement, certain sous des tentes de fortune. Le PG971 participera à la manifestation du 1er mai au côté des syndicats pour dénoncer le dumping social à l’œuvre : "travailleurs détachés, esclavage déguisé !".
    Pour mieux comprendre la situation en Ukraine, il faut mettre en lumière les enjeux géostratégiques en Europe de l'est, en Asie centrale et au Moyen-Orient. Je vous invite à faire des recherches au sujet des réseaux de gaz russes North et South Stream et le contreprojet américano-européen Nabucco. Il est à rapprocher au récent contrat signé par Chevron entre les USA et Kiev pour l'exploitation massive de gaz de schiste dans l'est de l'Ukraine. Enfin il faut se pencher sur ce petit pays qu'est la Transnistrie et se rappeler la guerre menée par les USA en 1992, faisant plus d'un millier de mort en moins de trois semaines.

  19. Patrice C. dit :

    Merci Jean Luc, quel billet encore et quelles recherches !
    Sans vous je ne serai pas informé aussi bien de tout cela.

  20. Alain Tétart 60150 76 ans dit :

    @lilou 45
    A moins que toutes les variantes possibles de Laguiole soient elles aussi déposées, et c'est ce qui doit être fait par ce financier qui a déposé la marque ! Malheureusement la seule solution aujourd'hui paraît être le rachat de la marque, de gré ou de force, et je m'explique. Il faut voir si la marque appartient à une Société ou un particulier, ensuite il faut tout mettre en oeuvre pour mettre la dite société ou l'homme en faillite, les deux sont faisables avec un peu d'astuces, alors il faut faire travailler les méninges, et des gens intelligents ne manquent pas ! Lisez A Maslow et vous verrez qu'en faisant un trou dans la base de la pyramide de Maslow l'homme seul ou l'homme qui dirige n'arrivera plus à construire sa vie, donc fera faillite et la marque Laguiole arrivera sur le marché ! CQFD ! Donc reprenable.

  21. gblanchet03 dit :

    @lilou 45
    C'est pas si simple. Ajouter un L à Laguiole ou un e pour féminiser le thé Eléphant ne saurait marcher. En effet le droit des brevets et de la propriété intellectuelle prévoit ce genre de choses.
    Non la solution, comme l'indique Jean-Luc est politique. Il suffirait par exemple que l'Etat Français oblige Unilever à céder sa marque Elephant à la SCOP de Géménos. Mais là il faut affronter les grands groupes et ces pleutres là n'en ont pas le courage ou pire en sont les valets.

  22. christiane 60 dit :

    Merci d'évoquer Gabriel Garcia Marquez avec de si jolis mots. J'ai offert les trois livres cités à ma fille pour Noël et la voilà comme tous les autres lecteurs de cet immense romancier un peu orpheline. Oui le lire crée une forme de communauté, et "L'Amour au temps du choléra" m'a marquée pour longtemps.
    La marche du 12/04 m'a redonné du courage, et à d'autres aussi sans doute, ce qui démontre déjà son utilité : se retrouver nombreux et se sentir soudés. Par contre cela devient de plus en plus enrageant de lire la presse ou de regarder les vidéos des interventions de Jean-Luc tant la morgue des journalistes est insupportable. En effet dans quel monde vivent-ils ? Et leur aveuglement quasi sectaire amène à douter de leur formation, voire de leur intelligence. Il y a des rencontres et des publications pour les Européennes, lisez "Place au Peuple" et mobilisons-nous.

  23. Carmine dit :

    Le coup qu'ont fait le PS et les Verts sur les travailleurs détachés me rappelle le même genre d'histoire juste après les élections présidentielles de 2012. Les élus PS de mon département associés à la droite et aux verts mettent en place une manifestation pour que les horaires d'ouvertures des urgences ne soient pas réduit sur la semaine. Ils sont tous réunis sur la tribune et chacun leur tour dénoncent la politique de fermeture d'établissement ou la diminution de l'offre de soins (loi Bachelot) et demandent à l'ARS (Agence Régionale de la Santé) de ne pas diminuer la plage horaire. Vous devinez mon écœurement. J'avais beau crier que c'était la droite qui avait, sous la présidence de N. Sarkozy, mis en place cette loi et que depuis F. Hollande président ne l'avait pas abrogée. Quelle démagogie, quel scandale, beurk, beurk et rebeurk ! Tous sur le terrain pour mener une formidable campagne Front de Gauche pour les Européennes !
    Merci à notre porte parole et éclaireur, Jean-Luc Mélenchon, pour ses billets qu'on attend toujours ardemment.

  24. jpp2coutras dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon d'alimenter notre esprit et notre détermination.
    "...Les firmes transnationales reposent de plus en plus sur les marques et les brevets. C’est le rêve d’une entreprise sans murs, ouvriers ni machines : « juste un carnet de commandes, un chéquier et des brevets »"

    Exactement, c'est la logique pompes à fric dans toute sa splendeur ultralibérale, irresponsables et à l'opposé du bien commun. Les néo-shadoks libertariens à la barre et les cireurs de pompes à la succion. Hautement nuisible à l'humain d'abord. D'où le lobbying effréné des anglo-saxons pour imposer Urbi et Orbi leur "common law" où le contrat prévaut sur la loi, ils auraient ainsi un avantage concurrentiel écrasant pour piller le reste du monde. L'effet dominateur mammouth écrase les pris- au piège productiviste. Pour l'instant l'armée des robes noires fait front, l'oeil sur le TAFTA translucide alias AMI/GMT etc. (voir "les robes noires dans la guerre économique" de Thibault D.M. De Juaye/ éd.nouveau monde. Passionnant)
    [...]

  25. reneegate dit :

    A la lecture de @emmanuel et pour aller dans ce sens, il faut absolument pouvoir répondre efficacement au bashing prévu "seul le FN veut en finir avec l'euro et donc l'UE" et donc mieux formuler votre position (nous sortons sauf miracle....). C'est avec grand plaisir que je te vois aborder de plus en plus la politique atlantiste de la France et ce résumé de la situation Ukrainienne est parfait.

  26. jeannine dit :

    C'est une véritable histoire de fou cette marque Laguiole ! Moi qui suis née en pays Thiernois, cette magnifique cité moyenâgeuse accrochée aux rochers, avec son rempart et ses ruelles étroites porteuses d'Histoire, en particulier celle du "couteau de Thiers" fabriqué dans cette Montagne Thiernoise depuis des générations (qui chez nous dans chaque famille n'a pas participé a la fabrication d'un couteau ?). Ce couteau que notre groupe Front de gauche a eu le privilège d'offrir a Monsieur Mélenchon lors d'un meeting a Clermont, qui comme il le dit si bien dans son article, doit donner lieu au rite de la pièce pour ne pas couper l'amitié, j'imagine notre tête si quelques coins de Chine, ou on fabrique du "Thiernois" venaient nous demander des comptes. Incroyable ! Signe de la folie de notre temps. De quoi péter un plomb et provoquer des catastrophes. Trop c'est trop.

  27. Louis31 dit :

    Comme on l'a fait pour les deux soi-disant vert Bové et Cohn-Bendit, il faudrait faire une petite fiche sur le travail de Rocard qui vous reproche (à vous Jean-Luc) sur Canal+ de ne pas travailler beaucoup, de ne plus lire ni réfléchir et de devenir un tour opérateur dans Paris ou il faut marcher beaucoup derrière des pancartes et on se contente de proclamer mais pas d’analyse et surtout il soutient Valls, et il attend des solution aussi bien de la gauche (socialiste) ou de la droite alors que nous on a le rêve de tout casser, du grand soir ! Mais n’est-il pas le fer de lance de ND.
    Vive la VIè Vive la VIE

  28. COLLONGE Maddy dit :

    La mondialisation conduit à la situation ubuesque et donnant envie de pleurer de ce qui se passe autour de Laguiole.
    Laguiole n'est pas une marque mais un modèle de couteau fermant servant à l'origine aux bergers aveyronnais.
    Thiers, capitale française de la coutellerie et son bassin coutelier ont produit pendant des générations le "Laguiole" commercialisé par différentes marques, qu'il serait trop long d'énumérer ici.
    Laguiole a eu la chance d'avoir des couteliers thiernois venir sur leur terre pour que la production reprenne sus ses lieux d'origine, aux côtés de Calmels et autres aveyronnais.
    Thiers a créé le "Thiers", modèle de couteau déposé et protégé par une Jurande de couteliers, avec une charte de qualité exigeante, et ce modèle connait un franc succès. Jean-Luc Mélenchon en a reçu un en cadeau à Clermont-Ferrand, comme le rappelle Jeanine un peu plus haut.
    Il ferait beau voir qu'au nom de la mondialisation, d'un capitalisme à tous crins, un capitaine d'industrie vienne réclamer des indemnités sur nos productions dans notre secteur.
    Les têtes dures de la montagne Thiernoise l'accueilleraient sans nul doute à couteaux tirés. Qu'on se le dise !

  29. Ul lecteur sympathisant dit :

    Mon cher Jean-Luc,
    Est-il encore loisible à un de vos lecteurs d'être à la fois admirateur de Marquez et amateur de Proust (sans baîllements, je le jure...) ? De nourrir sa pensée avec la même avidité, mais pour des raisons différentes, des œuvres de Rabelais et de Montaigne ? De ricaner avec Voltaire (çà soulage, même s'il est d'une rare hypocrisie) et vivre les passions de Jean-Jacques ? D'embrasser les théâtres de Brecht et de Claudel ? Et même, horreur des horreurs, d'admirer la maestria avec laquelle Céline nous fait (littéralement) vivre ce que la misère intellectuelle fait aux malheureux qui la subissent ? (Dans ce dernier cas, on peut même comprendre comment et pourquoi il a fini par céder à sa propre rhétorique et tomber dans son propre piège. Caveat emptor !).

  30. Hélène Lacheret dit :

    Journal du soir sur France-culture : on entend les huées qui accueillent François Hollande venu déposer une gerbe en hommage à Jaurès. Les Français ne sont pas dupes et sont écœurés.
    Je suis d'accord avec PCDoubs (8) : rendons-nous plus visibles, plus offensifs, mais dans la durée. Quel site symbolique où nous pourrions nous retrouver ? Quelle action qui marque les esprits ?
    Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès a été assassiné. Ne pourrions-nous pas prévoir une action sur plusieurs semaines jusqu'au 31 juillet 2014 ? Une montagne de lettres de "ras-le-bol" adressées à tous ceux qui nous prennent pour des imbéciles, qui nous trompent, nous méprisent, nous spolient, volent nos vies et saccagent l'avenir de l'humanité ? Que nous viendrons apporter. Que nous aurions collectées pendant plusieurs semaines dans les lieux publics, sur les marchés, devant les postes, les gares… Avec "publicité" adéquate assurée par nos soins sur nos réseaux militants ? Je rêve de cette levée en masse du refus assumé de ce qu'on nous prépare.

  31. turmel jm dit :

    Le groupe GUE et JLuc Mélenchon sont les seuls à avoir voté contre le texte scandaleux sur le détachement des travailleurs en Europe. Et bien si ce groupe n'existait pas dans cette assemblée pour dénoncer et vulgariser les infos comme quoi Bové et les autres libéraux de service ont voté pour,et que la fille à son père s'est abstenue,cela manquerait dans le combat que nous menons.
    Je dit cela parce que je fais partie de ces gens qui n,ont aucune assurance quant à la meilleure façon de transformer cette Europe au service des peuples. Le boycotte de mon point de vue n'est donc pas une solution,et ce n'est pas la lecture de
    l'huma de ce jour," sortir ou non de l'Euro/ Quels sont les enjeux de l'alternative? (J Hénin-J Sapir- D Plihon) qui va me permettre de me forger une opinion définitive. Je trouve du bon chez chacun d'entre! Mais en notant chez les uns ce que je considère comme étant des solutions inefficaces,et chez les autres, ce que je redoute à savoir un risque économique,des prévisions trop optimistes qui pourraient se retourner contre les plus faibles et décevoir. Bien chanceux sont mes camarades qui fort de leurs certitudes m'expliquent leur position...

  32. Régis de Nimes dit :

    Sortir ou non de l'euro ? interroge l'Humanité du 23 avril dans ses pages débats. Pour J. Sapir, sortir de l'euro aurait des avantages. C'est le choc de compétitivité dont l'économie française et l'industrie ont besoin. "Choc de compétitivité" qui dit mieux ?

  33. Francis dit :

    @turmel - 31
    Vous avez parfaitement raison de signaler vos doutes et hésitations car vous n'êtes pas le seul à vous poser ce genre de questions. La position du Front de gauche est difficile à comprendre car la situation crée par l'intégration européenne et la mise en œuvre de l'euro ne supportent pas des réponses simples et encore moins simplistes. Le souverainisme et le nationalisme ne sont certainement pas les réponses qui peuvent convenir pour défaire l'écheveau ultra libéral qu'est devenue la Communauté Européenne.
    Le Front de gauche propose un rapport des forces basé sur la remise en cause des traités (imposés de manière autoritaire) Désobéissance aux traités, renégociation du rôle de la Banque Centrales Européenne, modification des priorités de l'euro (actuellement basé sur la lutte contre l'inflation) donc des parités avec les autres monnaies. Il est clair qu'il serait plus simple de dire on sort de l'euro et on remet en place les frontières. Chacun sent bien même de manière confuse que c'est quasiment impossible. Et surtout ce n'est pas le sujet de l'élection européenne. Pour sortir de la CE voir de l'euro il faut être en situation de le faire. Être en situation, donc au pouvoir dans notre pays. Clairement, l'élection européenne n'offre pas cette perspective. L'objectif dans cette élection est donc de créer un autre rapport des forces au parlement européen pour faire avancer la démocratie et contraindre la commission à prendre en compte les exigences populaires des différents pays qui composent la CE. Nous espérons que ce rapport des forces sera suffisant dans la plupart des pays européens pour qu'il soit signifiant d'une réelle volonté populaire. C'est pourquoi il est vital de voter pour les candidats de la Gauche Européenne présentés en France par le Front de gauche. Il est clair que le discours du Front de gauche doit être précis et compréhensible par le plus grand nombre. Merci pour votre contribution qui permettra à ceux qui sont au coeur de cette bataille, nos candidats, d'ajuster leurs arguments à l'attente de nombreux électeurs hésitants.

  34. marj dit :

    Avec vous pour l'hommage à Gabriel Garcia Marquez, un auteur qui m a fait entrer dans la littérature, la culture, la sensibilité Latino Américaine. Les hommages rendus ici n'ont pu s'empêcher d'égratigner les engagements de cet immense écrivain qui n'a jamais oublié d'ou il venait. Sans doute, fait -il trop d'ombre à nombre de nos pseudo intellectuels cire pompes des pouvoirs politico financiers et éloignés des préoccupations populaires.
    Bref, bon meeting ce soir, avec certainement un bien meilleur accueil pour vous à Decazeville en Midi Pyrénées que celui réservé ce jour dans la même région,à F Hollande, bien largement conspué à Carmaux !

  35. Odile dit :

    Bravo pour cette information claire et concise concernant l'Ukraine, et la mise en évidence de la position irresponsable de la diplomatie française.

  36. Tina dit :

    Puisqu'il est avéré que tous les peuples sont mangés à la même recette (compétitivité, austérité et autres menaces culpabilisantes à souhait), une réplique puissante s'impose. Laquelle ? Et si nous leur faisions très peur ? Pas si bête, sur Yt hasta siempre et el pueblo unido on diffuse en masse les paroles et les clips. Nous avons les moyens de militer en nous faisant plaisir aussi. Et puis il s'agit des fondamentaux de la lutte des peuples. Le bon sens comme arme universelle. Les scores sur la toile sont comme ceux des places boursières. A ne pas négliger.

  37. antigone 34 dit :

    GG Marquez a très bien décrit dans ses mémoires "Vivir para contarla" ou Vivre pour la raconter, le moment où la Colombie et sa fraction de gauche basculent dans dans la guerrilla et la clandestinité suite à l'assassinat de leur candidat Eleicer Gaitan. Je dédie ce passage de l'histoire, la leur ? la nôtre ? à René Revol, nouvel élu Vice-Président de l'agglo (à la régie municipale de l'eau, certes) de la liste très droitière clientéliste et affairiste de PH Saurel dans notre triste Montpellier. Et seul un cri de honte et de rage me submerge: resistencia!

  38. maryse dit :

    Merci une fois de plus de votre générosité à nous offrir tout cela, tant d'informations, et là, en plus, ce magnifique billet sur Marquez qu'on a tous aimé. Que vous dites tout cela bien, c'est un bonheur !
    En ressentant de petites gouttes d'espoir revenir face à ces européennes que forcément les médias nous annoncent comme catastrophiques, je voudrais mentionner le boulot énorme qu'on fait de leur côté (si proche du vôtre, Jean-luc) les membres de Nouvelle Donne : élections par tirage au sort, présentation de candidats de tous niveaux social et professionnel, mixité et ouverture, une équipe qui en veut, qui bosse à fond, et qui sont des alliés, si on veut bien et s'ils veulent bien l'entendre et y croire. Je rêve parce que çà fait du bien, mais une dégelée pour les partis traditionnels et une immense montée de FG, PG, et ND, ce serait juste grandiose !

  39. Poncet dit :

    Quel rapport entre l'affaire Laguiole et le capitalisme ? Nous avons là une simple affaire d'abus de pouvoir, d'incompétence d'un tribunal et de réflexe de soumission des petits, comme il en existe tant depuis bien, bien avant le capitalisme. Le plus désolant dans cette affaire est que faute de se défendre, le maire de Laguiole donne raison à un juge qui croit dire le droit en privatisant un nom propre. Je ne crains pas le jour où l'on prétendra m'interdire d'utiliser mon nom sous prétexte qu'il aurait été "déposé" comme une marque. Je l'attends au contraire de pied ferme : j'aime castagner de l'imbécile, à l'occasion. Les complices et les lâches en recevront autant que l'agresseur.
    Que le maire de Laguiole soit divers droite ou socialiste n'y change sans doute pas grand chose, en effet. Communiste, j'en suis moins sûr. Nous gardons notre système de valeurs. On nous a reproché de vivre "en dehors de la société", ce qui n'est pas faux. Mais c'est aussi ce qui nous autorise à combattre quand la plupart croient déjà que c'est interdit.

  40. carlo dit :

    @ Francis
    Pour sortir de la CE voir de l'euro il faut être en situation de le faire. Être en situation, donc au pouvoir dans notre pays. Clairement, l'élection européenne n'offre pas cette perspective.

    Parce que la remise en cause des traités ("désobéissance aux traités, renégociation du rôle de la Banque Centrales Européenne, modification des priorités de l'euro) ne nécessite pas d'être au pouvoir ? Plus fondamentalement, il est contradictoire de défendre la construction européenne et de se reconnaître le droit de désobéir aux traités dont elle dépend. Si chaque pays s'estime en droit de désobéir aux traités qu'il a signés, il n'y a plus d'Europe.

  41. Francis dit :

    @ carlo -40
    La difficulté avec la lecture en diagonale c'est qu'elle est parcellaire. Relisez bien mon commentaire et vous verrez qu'à un moment je dis que " L'objectif dans cette élection est donc de créer un autre rapport des forces au parlement européen pour faire avancer la démocratie et contraindre la commission à prendre en compte les exigences populaires des différents pays qui composent la CE."
    Il n'y a donc aucune contradiction mais bien au contraire je m'efforce de démontrer que l'élection européenne est une étape du combat pour la remise en cause des traités etc. Il reste que ceux qui prétendent que l'élection européenne permettra en tant que telle, une sortie de l'euro ou une remise ne cause factuelle des traités trompent les électeurs.
    Quand à votre remarque concernant la signature des traités, je vous rappelle que le peuple français s'est vu imposer des traités qu'il n'a pas souhaité puisqu’il a majoritairement voté contre le traité constitutionnel en 2005 et qu'il avait donné mandat à son candidat en 2012 de renégocier le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire signé par N...

  42. Courrierlecteur dit :

    A propos de littérature (et de signes) je me souviens, étant ado, de mes visites fréquentes chez un libraire, bien sympathique, qui offrait la possibilité de troquer des livres d'occasion. A un moment, il n'arrivait plus à décolérer à cause d'un client potentiel qu'il avait mis dehors parce qu'il l'avait offensé, estimait-il. Un instant, je me suis demandé si ce client malotru n'avait pas trainé longuement, pendant des heures, pour acheter, tout comme moi, habituellement, trois fois rien. Hé bien non, ce qui avait mis en colère ce libraire est que ce client potentiel voulait lui acheter je ne sais plus combien de mètres de livres pour décorer son salon. Cela existe, des gens comme ceux là: ils s'intéressent uniquement, méticuleusement, à la forme, à la couleur d'un livre, ou au nombre de signes qui composent un commentaire. La critique, l'enrichissement du débat s'arrête là. En politique aussi on peut les voir réagir ces gens là: ils s'arrêtent sur une image, une cravate, un mot, une voix trop forte à leur goût. La critique, l'analyse s'arrête là. Sur la forme et non le contenu.

  43. JeanLouis dit :

    Nous avons un problème majeur avec les media. Et je ne vois pas comment le résoudre, juste pour obtenir l'équité. Hier soir FI 19h00, le commentaire du journaliste sur la réaction de JL Mélenchon à l'hommage de FH à Jaurès, était du style "avec son esprit de nuance habituel"... et la suite, 2 interviews de députés socialistes pourtant éclairaient clairement l'écart entre les idées de Jaurès et la politique ordolibérale de FH. Ce matin la revue de presse sur la même FI aurait pu ressembler à un résumé des interventions de JL Mélenchon, mais jamais au grand jamais on entendra que ces idées sont portées par le Front de Gauche. Bref nous sommes invisible. Et quand nous le sommes c'est pour dénigrer, salir, etc.

  44. Jean ai marre dit :

    Laguiole, mais aussi la moutarde de Dijon et l'eau pétillante de Perrier ! Voila pourquoi il faut protéger les lanceurs d'alerte, après c'est trop tard. Laguiole, il y a longtemps que l'on en parle et faut il attendre le jugement pour s'en émouvoir ?
    Pour la moutarde c'est pareil ce sont les Chinois qui ont acheté l'entreprise donc le nom [...].
    Pour Perrier, il a fallu que le maire de Vergèse dans le Gard fasse classer la source, sinon, c'était encore les Chinois qui nous vendait de l'eau à bulles. Ca ma fait penser à un maire de Beaucaire, qui voulant gronder une entreprise polluante, c'était vu répondre qu'elle pourrait délocaliser. Cette entreprise tirant son produit de la colline environnante, pouvait elle emporter le gisement de calcaire ? Tout cela pour dire que nos politiques ne sont pas formés au monde de l'industrie et ensuite on court après et on pleure !

    [Edit webmestre : Merci de nous épargner vos propos racistes, même sur le ton de la plaisanterie (la couleur de la moutarde). Cette fois-ci, j'édite. La prochaine c'est le ban définitif. Par ailleurs, ce que vous dites sur la société Amora est faux. L'entreprise appartient au groupe anglo-néeerlandais Unilever et la totalité de la moutarde de cette marque, y compris pour l'export, est fabriquée à Saint-Sauveur à coté de Dijon.]

  45. Pierre Dubois dit :

    Vous proposez nombre d'analyses pertinentes et je vous en remercie, mais je crois que vous sortez quelque peu de votre champ de compétence et faites fausse route en opposant Marquez à Proust et en affirmant que vous connaissez "une palanquée de gens qui ont encore des bâillements rien qu’à entendre le nom de Proust" (c'est bien dommage pour eux). Comme l'a déjà demandé un autre sympathisant avant moi, "est-il encore loisible à un de vos lecteurs d’être à la fois admirateur de Marquez et amateur de Proust" ? Il est juste et utile de souligner l'humanisme et l'engagement de tel ou tel auteur ou artiste mais dangereux et étroit de réduire les oeuvres d'art à leur seul "message" social ou politique. Et peut-être faut-il rappeler que Proust a profondément révolutionné la littérature française et ainsi contribué à notre enrichissement humain et intellectuel. Merci d'éviter les sentences à l'emporte-pièce ! Bien cordialement.

  46. Franck dit :

    C'est réellement un plaisir de vous lire. Que cette poésie puisse accéder au pouvoir ! Bon sang, une révolution poétique, les orthodoxes ne sauraient que faire face à ça !

  47. jean ai marre dit :

    Pour être dans le fil de ce billet de Jean-Luc "sur ce qu'est le capitalisme contemporain, financier et transnational."

    Webmestre vous avez raison, c'est le groupe Unilever qui fait effectuer depuis 2008 sa production de "moutarde de Dijon" sur le site de Chevigny-St Sauveur, en fermant les sites de Dijon et de Appagny et en lourdant 150 personnes. Il y a une différence entre la moutarde de Dijon et la moutarde de Bourgogne, et comme nous dit Jean-Luc "on voit comment la « marque » est d’abord un marqueur. Celui d’une production locale et d’un savoir-faire local. C’est cela que nous défendons contre la mondialisation libérale". La moutarde de Dijon ne bénéficie pas d'une appellation d'origine Protégée (AOP), il suffit donc au fabriquant de respecter une composition du cahier des charges pour que ou qu'elle soit soit produite dans la monde une moutarde puisse se prétendre de Dijon. Les grains utilisées pour la fabrication son cultivées au Canada (80 %), Hongrie, Roumanie, Danemark. Elle peut être délocalisée. La moutarde de Bourgogne, depuis 2009, bénéficie de l'AOP. Elle obéit à un cahier des charges strict.

  48. Marie du 46 dit :

    Beaucoup de monde à Decazeville, la salle était bien trop petite ! La réunion s'est révélée très instructive. De la pédagogie, de l'humour, une sacrée présence qui nous redonne du peps !
    Merci, monsieur Mélenchon pour tout ce que vous faites.

  49. NICO 75 dit :

    Super billet une fois de plus. Pourriez vous mettre en ligne le meeting de Decazeville. Merci.

  50. José-pas-BOVE dit :

    Marque déposée, dans le même ordre d’idée : la marque "Front de Gauche", propriété exclusive du seul Parti de Gauche. Auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété intellectuelle), l’appellation " Front de Gauche ", ainsi que son logo, ont été déposés (d’une manière exclusive le 28 juillet 2009 sous le numéro 3 667 173), par Gabriel Amard, élu ex-PS, actuellement secrétaire national du Parti de Gauche, et domicilié pour le dépôt, au siège du Parti de Gauche. Le PCF, Gauche unitaire et tous les partenaires et associés constituant le Front de gauche, eux, n’ont aucun droit sur le nom, la marque, et le logo officiel " Front de Gauche ”.
    Cordialement


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