23avr 14

La vie pour la raconter

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Je n’aime pas que García Márquez soit mort et je ne m’en cache pas. Cependant j’admets que cela devait bien arriver. En fait, il n’est pas sûr qu’il soit mort ; en tout cas, il n’est pas disparu si c’est ça qu’on veut dire, mais tout juste décédé et j’accepte d’en convenir. Je n’ai aucune parole définitive a prononcer sur cet évènement, et je n’en pense rien d’autre que ce qu’en pensent tout ceux qui ont lu García Márquez. Je n’ai jamais rencontré personne qui m’en ait dit du mal, alors que je connais une palanquée de gens qui ont encore des bâillements rien qu’à entendre le nom de Proust. J’ai recommandé la lecture de « Cent ans de solitude » à presque tous les gens que j’aime. Ce genre de livre entre dans vos veines et vous devez ensuite vivre avec toute votre vie. Encore que, dans mon cas, « L’amour au temps du choléra » se soit incrusté bien autant sous ma peau. Dès lors, partager de telles lectures, c’est comme se donner un peu et se partager par le moyen qui le permet. Les livres sont les hosties des païens. La dernière chose que j’ai lue de lui m’est tombée sous la main par hasard, comme la plupart de ce que j’ai lu sans y être obligé. C’est « La vie pour la raconter ». D’une phrase tout était dit, et le reste est venu comme une promenade digestive. Je ne peux manquer de recopier cette phrase, en ouverture de la première page : « La vie n’est pas ce que l’on a vécu mais ce dont on se souvient et comment on s’en souvient ». Rien n’est plus matérialiste que cette façon de considérer la vie comme une production sans cesse recommencée dans les compartiments de la mémoire et des lumières qu’on allume sur son présent et sur les futurs qu’on s’organise. Pardon pour ce jargonnage. Je ne sais pas mieux le dire. Je n’ai pas assez de Márquez dans le sang pour l’instant.

Mercredi soir, je suis à Decazeville, en Aveyron. A quelques kilomètres de là, dans le même département, le petit village de Laguiole est en train de devenir un exemple de ce qu’impliquent les mutations du capitalisme de notre époque, des évolutions de rapports de force et de propriété que contient son ancrage financier et transnational. Un exemple aussi caricatural vaut mieux que dix thèses argumentées pour faire comprendre le problème posé et donner le goût d’aller plus loin dans l’étude du sujet. Après ça, je viens sur le sujet des « travailleurs détachés », cette délocalisation a domicile. Il en était question a Strasbourg la semaine passée. C’était au cours de la session où nous avons expédié cent quarante textes à mains levées et boutons électroniques à la cadence d’un vote toutes les trois ou quatre secondes en suivant les feuilles de votes. Tel est l’exercice de la dignité de parlementaire européen, à la portée d’un rat de laboratoire. Mais comme c’est à cette aune qu’est évaluée la performance parlementaire aux yeux de certains, on ne va pas s’en moquer trop ouvertement. Pour ma part, comme je m’intéresse à chacun de mes votes et que j’explique mes raisons de voter, j’étais yeux très grands ouverts pour voir de près les socialistes voter avec la droite sur le sujet. Mais je ne savais pas que le vote des rats de laboratoire n’engageait que ceux qui les enregistraient. Qu’il était pénible ensuite d’entendre les héros de cette comédie dire le contraire de ce qu’ils ont voté. C’était pour le meeting lamentable de lancement de la campagne européenne des solfériniens au Cirque d’hiver en présence du pétulant roi des schtroumpfs menteurs, Martin Shultz, social-démocrate co-gouvernant avec madame Merkel dans son pays.

Pour finir, je parle de l’Ukraine. J’y pense beaucoup. Je redoute ce que l’enchaînement de la bêtise, des provocations et de l’aveuglement propagandiste peut produire. Cent ans après le déclenchement de la guerre de 1914 nous méritons mieux que le pitoyable numéro pavlovien actuel. Savoir que des navires de guerre français sont entrés en mer Noire aux cotés des USA et que le ministère français ment sur leur nombre et leur mission m’effraie davantage encore. 

Où c’est Laguiole ? Au Pakistan, con !

Si on t’offre un couteau, ami lecteur, sors une pièce de monnaie à donner en échange. La superstition a organisé un rite amusant qui permet de distinguer le maroufle du connaisseur. A Laguiole, donc, il ne peut jamais être question de couteau hors contexte humain. J’y viens. Les gens du lieu viennent de se faire détrousser comme des indiens des plaines par des colons sans scrupules. Je ne crois pas qu’il y ait là-bas tant de gens qui sympathisent avec nous et avec les « partageux » d’une façon générale. Mais comment auraient-ils pu deviner qu’ils allaient être les victimes de la pire caricature de ce que nous dénonçons dans nos ouvrages savants sur le capitalisme de notre époque ! Voyez ça, si vous ne le savez déjà. Tout le monde connaît les couteaux Laguiole. Leur nom vient de ce village où ils étaient produits à l’origine. Certes, aujourd’hui, il n’y a plus qu’une poignée de couteliers dans le village et aux alentours. Et encore ! Quelques-uns seulement produisent sur place leurs couteaux du début à la fin, et selon les codes du savoir-faire historique. C’est comme ça. Aujourd’hui, l’essentiel des couteaux Laguiole sont produits… à des milliers de kilomètres de là et seulement assemblés sur place ou dans les environs. Jusque-là que du banal. On connaît la musique : « le monde change il faut changer », « les charges sociales écrasent le couteau », « les ouvriers pakistanais ne font pas tant d’histoires »… et ainsi de suite.  Bref : on n’y peut rien, et ceux qui disent le contraire sont des rêveurs et même des fous dangereux.

De ce monde et de ses merveilles, un jour vient pourtant où vaille que vaille tout le monde finit par en manger une cuillère de trop. Ce jour est arrivé à Laguiole.

Le village a été condamné à payer 100 000 euros de dommages et intérêts à une entreprise privée qui produit des couteaux Laguiole… en Asie ! En effet, le propriétaire de cette entreprise a déposé la marque « Laguiole » en 1993. Depuis cette date, il commercialise des couteaux mais aussi d’autres objets sous cette marque. Un malin. Il a attaqué en justice le village de Laguiole pour « contrefaçon », l’accusant d’utiliser illégalement la marque qu’il a déposé. N’est-ce pas trop drôle, quand même, qu’un monde où de telles choses sont possibles ? Je crains le jour où quelqu’un viendra m’interdire de signer mes écrits de mon nom parce qu’il aura déposé celui-ci comme une marque. C’est ce qui se passe ici. Pour ce village, c’est la double peine. Premièrement, il est privé du droit d’utiliser son nom pour commercialiser le traditionnel couteau et vanter le savoir-faire de ses artisans. Deuxièmement, il est condamné à payer 100 000 euros, ce qui représente un somme très importante pour un village d’un gros millier d’habitants. Au point que le maire divers droite du village a sollicité l’aide des autres communes. Divers droite, le malheureux. Vous me direz que s’il était socialiste, ça n’y changerait rien. Ni communiste non plus, tout bien pesé, étant donné que toutes ces sortes de choses se décident ailleurs très loin dans le secret des arrangements internationaux qui fondent le droit sur la propriété intellectuelle, les brevets, les appellations contrôlées et tutti quanti.

Le juge applique la loi. La loi est injuste, le juge le devient à son tour comme son instrument. La justice ne se préoccupe pas d’être juste. Il lui faut seulement être légitime et légale au pied de la lettre. Comment le droit et la justice peuvent-ils protéger l’utilisation de la marque « Laguiole » par une entreprise qui produit ses objets hors d’Europe et en priver un village qui a donné son nom à ce couteau ? Il a bien fallu que d’aucuns s’en émeuvent après nous, si bien qu’une loi récente a permis d’étendre aux produits non alimentaires la protection « indication géographique protégée ». Mais pour Laguiole, c’est trop tard. Ultime espoir : que le le village parvienne à obtenir gain de cause auprès de l’OHMI, l’Office de l’Harmonisation dans le Marché Intérieur. C’est le nom de l’agence européenne chargé de gérer les systèmes d'enregistrement des marques et modèles dans l’Union européenne. Jusqu’ici, la Commission européenne n’a pas bougé une oreille. Il est vrai qu’elle n’en a pas pour ce qui est des plaintes de petits villages de mille habitants, et encore moins pour des casse-pieds avec leurs histoire de couteau. Il est vrai que ce qui rend l’affaire plus pénible, c’est que le Commissaire européen à la Concurrence est pourtant un « socialiste ». C’est l’espagnol Joaquin Almunia. Il est l’un des sept commissaires membres du Parti Socialiste Européen dans la Commission Barroso. Il n’a rien fait ni même rien dit. Il sert seulement à interdire les aides publiques aux secteurs stratégiques au nom de la « concurrence libre et non faussée ». Un androïde nourri au manchego produit en Chine et découpé en Irlande avant d’être emballé au Portugal et transporté en camion tchèque conduit par un Letton jusqu’au monoprix de Bruxelles. Ou sûrement quelque chose d’approchant si on y regardait de près.

Cette affaire témoigne bien de ce qu’est le capitalisme contemporain, financier et transnational. En effet, la logique à l’œuvre dans les firmes transnationales repose de plus en plus sur les marques et les brevets. C’est le rêve d’une entreprise sans murs, ouvriers ni machines : « juste un carnet de commandes, un chéquier et des brevets », comme disaient les douze administrateurs de l’entreprise Nike en refusant qu’on les désigne comme des fabricants de chaussures. La fonction de production, les usines, les machines sont progressivement filialisées, sous-traitées et si possible abandonnées. Les grands groupes recentrent leur stratégie de profit sur la possession de ce qui rapporte le plus en coûtant le moins : les marques. Du moment qu’ils possèdent une marque, les grands groupes se moquent de savoir où et comment l’objet est produit

Un exemple proche est bien connu. C’est celui du thé « Eléphant ». Depuis des décennies, l’usine Fralib de Gémenos produisait du thé sous cette marque ainsi que des tisanes. La marque Eléphant est née en Provence pour labelliser une production locale : les thés et tisanes étaient parfumés avec des herbes, parfums et fruits de Provence. Le groupe Unilever a racheté l’usine et la marque. Depuis plusieurs années, il veut fermer l’usine mais garder la marque, cela va de soi, car c’est elle qui fidélise la clientèle ! D’ailleurs, il produit déjà du thé marseillais en Pologne ! Et 85 % de la production revient en France où se trouvent les amateurs de ce thé…. Seule la résistance héroïque des salariés l’empêche d’arriver à son but. Mais le bras de fer est loin d’être gagné. Je place ici un lien pour vous permettre d’en savoir plus sur le sujet et prendre des idées d’action de soutien.

En tous cas, avec l’affaire Laguiole, nous avons un exemple supplémentaire qui nous permet d’expliquer concrètement à la fois le danger et son origine dans la mutation du capitalisme de notre époque. Je ne suis pas ici en train de défendre les « marques » commerciales, par principe. Loin de là. Mais dans ces deux cas, on voit comment la « marque » est d’abord un marqueur. Celui d’une production locale et d’un savoir-faire local. C’est cela que nous défendons contre la mondialisation libérale, la marchandisation de tout et l’uniformisation des goûts et des saveurs. Nous défendons aussi les productions et les savoir-faire locaux, et pas seulement les producteurs comme personnes abstraites considérées hors de tout contexte, de toute culture, à qui produire n’importe quoi, n’importe comment, suffirait à contenter le sort ! Notre façon de voir nous permet d’entrer dans la discussion sur le contenu des productions, leur utilité sociale, leur respect de la règle verte et ainsi de suite. La rupture avec le productivisme, c’est aussi décréter la fin de la sacralisation des productions compte tenu de ce qu’elles sont et de ce qu’elles impliquent ! Nous sommes partisans de la relocalisation de l’activité au moyen de la planification écologique de l’activité. Il est temps de montrer à travers ces exemples comment le renforcement des droits des producteurs, artisans ou salariés, face aux financiers qui vampirisent l’économie a un double contenu écologique et social. Laguiole a, malgré lui, rejoint les salariés de Fralib à l’avant-poste de cette bataille.

Les travailleurs détachés enchaînés à la demande du PS

L’hypocrisie des solfériniens n’a décidément aucune limite. Et surtout pas celle de la décence. Jeudi 17 avril, le meeting à Paris de lancement de la campagne européenne du PS fut un moment psychédélique ! Seuls pouvaient écouter sans rire les gens qui avaient sérieusement fumé la moquette ! Quand même : un meeting contre l’austérité en Europe par ceux qui l’organisent en Europe et en France ! C’est à peine croyable, mais c’est possible. Et ce n’est pas sur ce seul sujet que ces gens mentaient, les yeux brillant d’enthousiasme pour leurs mensonges. Il y a eu un moment spécialement révulsif pour moi. Ce fut celui où la tête de liste du PS en Ile-de-France, Pervenche Bérés, et le candidat du Parti Socialiste Européen à la présidence de la Commission européenne, le social-démocrate allemand Martin Schulz, ont osé affirmer qu’ils voulaient « remettre à plat la directive sur le détachement des travailleurs » en Europe. Ah, les braves gens ! Pourtant, à peine 36 heures plus tôt, au Parlement européen, les socialistes européens ont tous voté pour la poursuite du système de détachement. Ecoeurant.

Ce système de détachement est une honte pour l’Europe. Il organise un dumping social légal qui s’apparente à de véritables délocalisations à domicile. En effet, il permet à un employeur d’envoyer ses salariés travailler dans un autre pays de l’Union européenne tout en ne respectant pas la totalité du droit social de ce pays d’accueil. Ainsi, les cotisations sociales, salariales comme patronales, sont payées dans le pays d’origine. Tout cela est légal, organisé, même, par une directive européenne de 1996. Ce système a donné lieu, en plus, à de très nombreux abus où la malhonnêteté des employeurs concernés n’a d’égal que l’exploitation bestiale des salariés.

Le PS a voté pour que ce système continue d’exister. Tous les députés européens du PS français ont approuvé une directive qui ne modifie ce système qu’à la marge. Et, ce faisant, ils ont légitimé tout le reste du système. Aussitôt, quelques singes savants sont venus glapir en cadence que ces améliorations « valaient la peine d’être soutenues ». Beau prétexte ! En fait, la directive approuvée par le Parlement européen n’est qu’une directive d’exécution. Elle ne change rien à la directive cadre de 1996. Le dumping sur les cotisations sociales continuera donc en toute légalité grâce à la complicité du Parti Socialiste Européen. J’ajoute que les députés européens Europe Ecologie Les Verts, dont José Bové et Daniel Cohn-Bendit, ont eux aussi voté pour la poursuite de ce système scandaleux. Au final, 474 députés européens ont voté pour la poursuite du dumping dont tous les socialistes français, tous les députés d’Europe Ecologie Les Verts et la droite. Pendant ce temps, Marine Le Pen, après avoir bien aboyé sur ce ton inimitable de fureur blanche qui est le sien… s’abstenait lâchement, en pleine complicité avec les bonimenteurs qui veulent faire croire qu’il y avait du bon « malgré tout » dans cette nouvelle directive.

Mais, sérieusement, la nouvelle directive apporte-t-elle quelques améliorations, comme le prétendent les eurobéats ? C’est de la poudre aux yeux. La principale supposée amélioration consisterait en ceci : le donneur d’ordre aurait dorénavant une responsabilité si un sous-traitant vient à manquer aux obligations légales. La belle affaire ! C’est un faux-semblant de première catégorie ! Car cela ne concerne que le premier sous-traitant. Mais aucun des sous-traitants du premier sous-traitant ! Or, l’expérience montre que, dans ce domaine, on peut avoir une chaîne de nombreux sous-traitants. De plus, cette nouveauté ne concerne que le secteur du bâtiment et travaux public. Or, le BTP n’emploie que 40% des travailleurs détachés. Pour les 60% restants, le texte n’apporte aucune amélioration, par exemple dans l’intérim, l’agriculture ou l’industrie. La Commission des affaires sociales et de l’emploi du Parlement européen avait adopté cet automne une position plus exigeante : que la « responsabilité solidaire » s’applique à tous les sous-traitants et à tous les secteurs d’activité. Voila qui aurait été « une avancée ». Et voila bien ce qui permet de souligner la reculade quasi-totale du texte final !

En fait, le PS a saboté la lutte contre le dumping. François Hollande lui-même a accepté que seul un sous-traitant et seul le BTP soient concernés. Puis Pervenche Bérès a saboté le travail de la Commission des Affaires sociales du Parlement. Elle est la présidente de cette Commission. Son devoir était de défendre l’extension de la responsabilité solidaire à tous les sous-traitants et tous les secteurs comme l’avaient exigé ses collègues. Mais dans les négociations obscures avec la Commission européenne et les chefs d’Etats, elle a abandonné cette position pour se rallier à François Hollande. Puis tous les députés européens du Parti socialiste européen, dont ceux du PS français, ont capitulé dans la foulée de leur chef de file, Pervenche Bérès.

N’allez pas croire que ces gens se soient contentés comme d’habitude de peu sous le prétexte qu’on ne pouvait faire autrement. C’est bien de propos délibérés et de manière combattante que le PS et les Verts se sont exprimés sur le sujet. Car ils ont fait obstacle à tout renforcement de la législation lors de l’examen du texte en séance plénière à Strasbourg mercredi 16 avril. Mon groupe de la Gauche Unitaire Européenne a déposé un amendement pour étendre la « responsabilité solidaire » à d’autres secteurs que le bâtiment. Ils auraient pu voter pour cet amendement. C’est le contraire qui s’est passé. Les députés du PS et d’Europe Ecologie ont mêlé leurs voix à celles de la droite pour repousser notre amendement ! Ils se sont comportés en défenseurs de la nouvelle version contre le vœu des députés de la commission concernés. Dit plus crûment : ils ont sacrifié les droits des travailleurs européens pour ne pas déplaire à François Hollande !

La Confédération Européen des Syndicats est très dure : « Au mieux, le Parlement européen a échoué à renforcer la mise en œuvre de droits minimums et faibles pour ceux qui travaillent temporairement dans d’autres Etats membres. Au pire, il réduit la capacité de ces Etats qui essaient de renforcer cette directive de le faire dans le futur ». Envoyez ça a votre député socialiste local ! Le PS n’a-t-il pas que le « dialogue social » à la bouche, d’habitude ? Mais c’est seulement quand ça lui permet d’habiller ses cadeaux aux Medef. En l’occurrence, le PS a foulé aux pieds la position des syndicats européens.

Tout cela, vous n’en sauriez rien si vous lisez le Monde. Le journal de révérence n’a pas écrit une ligne dans ses éditions papiers sur ce vote au Parlement européen la semaine dernière. Sur son site internet, on trouve un seul article sur le sujet. Il traite du sujet essentiellement à partir de la position de Madame Le Pen. Le titre, raccoleur comme d’habitude, est centré sur elle : « Le Pen dénonce un texte européen « criminel » sur les travailleurs détachés ». A la toute fin, la journaliste explique que « Reste que dans cette bataille la présidente du FN, s'est trouvée des alliés dans les rangs de la gauche et de la gauche de la gauche, soucieux de rendre le texte plus protecteur pour les travailleurs. Parmi eux : Jean-Luc Mélenchon. Tout aussi peu familier de Strasbourg, le co-président du Parti de Gauche a fustigé une directive qui n'assure pas l'égalité entre les travailleurs. « Il n'y a pas de liberté sans égalité qui puisse produire la fraternité », s'est-il exclamé ». Mais l’article a été mis en ligne le 16 avril à 11h55. Juste avant le vote sur le texte. Du coup, une dernière phrase a dû être ajoutée après la publication, une fois le résultat du vote connu. Mais les lecteurs du Monde ne sauront pas que Le Pen s’est finalement abstenue. Que font les décodeurs ? A part les pitreries sur ma présence à Strasbourg, colportage de ragots, on voit que ce journal n’a même pas la décence de donner une information complète sur le sujet qu’il traite. C’est du journalisme ça ?

Au final, j’ai voté contre ce texte comme mes camarades de la GUE. Cette mascarade est insupportable. Le travail de désinformation des eurolâtres est écoeurant. Finissons avec cet aveu du gouvernement français sur le sujet. Dans un document du Secrétariat Général aux Affaires européennes, le gouvernement Valls affirme qu’il « il n’y a pas d’autres voies possibles dans le contexte actuel de l’Union européenne » que le compromis pourri adopté mercredi dernier. C’est un aveu de taille : ces gens là ont cessé le combat. Reddition unilatérale. Il est donc logique que toute l’Europe libérale s’essuie les pieds sur eux !

L’Ukraine, gouffre de la raison politique

Les Etats-Unis et l'Europe, dans leur sillage, sont engagés en Ukraine dans une stratégie d'engrenage absurde face à la Russie. Comment comprendre l’ingérence permanente des Etats-Unis dans le dossier ukrainien, pourtant si éloigné de ses frontières, alors que l’Europe directement mitoyenne est censée s’en préoccuper au premier chef ? Chaque semaine un nouveau dirigeant états-unien se déplace pour soutenir le gouvernement provisoire de Kiev auquel participent, comme on le sait, plusieurs néo-nazis hier dénoncés par le Parlement européen lui même. Et quels visiteurs ! Le directeur de la CIA, John Brennan, était ainsi en voyage officiel à Kiev les 12 et 13 avril. Il a été suivi le 22 avril par le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden. Cet activisme est délibéré. Il ne résulte d'aucune légalité internationale ni d'aucun intérêt légitime des USA dans cette zone. Les USA rejouent ainsi un lamentable scénario de guerre froide sans objet ni but d’action rationnels. Il s'inscrit dans la droite ligne de leur stratégie pour faire adhérer à l'OTAN tous les anciens pays du bloc de l'Est, en totale contradiction avec la lettre du Traité de l'Atlantique Nord. Cela a commencé en 1999 avec l'adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque. Cela a continué avec l'adhésion en 2004 de la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et les trois pays baltes directement à la frontière russe. Cela s'est poursuivi en 2009 avec l'adhésion de la Croatie et de l'Albanie. Le projet d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN soumis au Parlement ukrainien par le nouveau pouvoir de Kiev vise à parachever ce plan états-unien. Il est clairement dirigé contre la Russie. Pourquoi ? Pourquoi la Russie prend–elle ce statut d’adversaire ? Où est l’intérêt européen dans cette affaire ? Et l’intérêt français ? On nous dit « la cause c‘est le régime Poutine ». Je me demande bien pourquoi. Mais admettons. Dans ce cas, que dire de l’Arabie saoudite, du Qatar et de je ne sais combien de régimes de cette sorte que les mêmes cajolent sans trêve ? Et si la Russie est traitée en adversaire, comment s’étonner qu’elle réagisse et utilise toutes les situations pour rétablir le rapport de force que lui imposent les Etats-Unis ? Ce que je dis là ne comporte pas d’appréciation sur la légitimité de l’action mais sur sa logique. Qui pouvait croire que la Russie se laisserait agresser sans rien faire pour faire reculer un adversaire qu’elle n’a pas souhaité ?

Alors qu'elle devrait être une force d'apaisement dans cette escalade, l'Europe met de l'huile sur le feu. Elle l'a encore fait la semaine dernière, lorsque le Conseil des ministres des Affaires étrangères des 28 a sommé la Russie de retirer ses troupes stationnées à la frontière avec l'Ukraine. Comment l'Europe peut-elle ainsi prétendre régenter le déploiement de l'armée russe sur son propre territoire ? Pourquoi l'Europe n'enquête-t-elle pas, à l'inverse, sur la présence suspectée en Ukraine de soldats des sociétés militaires privées états-uniennes DynCOrp et Greystone Limited, ne parlant ni le russe ni l’ukrainien, mais en uniforme ukrainien ? Pourquoi ne s'alarme-t-elle pas que l'essentiel des victimes tuées dans les heurts des dix derniers jours soient des militants pro-russes ? Pourquoi ne dénonce-t-elle pas l'intégration sous uniforme ukrainien des milices ultra-nationalistes de Pravyi Sektor ? Pourquoi ne s'émeut-elle pas que des membres du pouvoir de Kiev appellent à mobiliser les cadets des lycées militaires (entre 15 et 18 ans) alors que l'UE est d'habitude si prompte à dénoncer les enfants soldats ? Pourquoi ne s'étonne-t-elle pas que des unités entières de l'armée ukrainienne (des unités parachutistes et blindées s'ajoutant désormais aux unités marines refusant l'autorité du gouvernement de Kiev) préfèrent déserter plutôt que de réprimer dans le sang les manifestations pro-russes ? Au lieu de ça, le Parlement européen a encore voté le 17 avril une résolution nuisible qui « prie instamment le Conseil et la Commission d'aider le gouvernement de Kiev ». Ce gouvernement est composé comme on le sait de ministres néo-nazis membres du parti Svoboda. Je rappelle que c'est le même Parlement qui, le 13 décembre 2012, appelait « les partis démocratiques siégeant au Parlement ukrainien à ne pas s'associer avec le parti Svoboda, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier » !

L'alignement de François Hollande sur la politique internationale des Etats-Unis a rendu la France largement inaudible dans la crise ukrainienne. Alors que la France est une amie historique de la Russie, sa position aurait pu peser fortement en faveur de l'apaisement. Au lieu de ça, nous avons découvert avec stupeur que plusieurs navires de guerre français sont arrivés il y a peu en mer Noire dans le sillage de la flotte états-unienne. J'ai été, le 17 avril, le premier parlementaire français à m'étonner de la présence de ces navires français et à demander publiquement des explications au gouvernement. J'attends toujours cette réponse. Alors que le gouvernement a ainsi engagé notre armée dans une escalade absurde contre la Russie, ni les parlementaires ni les citoyens n'en sont informés. Le service d'information des armées a certes concédé à l'AFP la présence du navire de renseignement Dupuy de Lôme. Celui-ci est entré en mer Noire dans le sillage du destroyer états-unien USS Donald Cook. Nous avons aussi découvert via les signalements qu'en effectuent les Etats côtiers de la mer Noire, la présence de la frégate Alizé utilisée par les commandos du service action de la DGSE. Pour compléter ce dispositif, se trouvent dans les parages la frégate Dupleix et le pétrolier ravitailleur Var. Tout cela manifeste des intentions opérationnelles inquiétantes vis à vis de la Russie. Ces navires n'évoluent pas, en effet, habituellement en mer Noire.

Le seul prétexte qui pourrait être invoqué pour justifier leur présence est le rattachement à l'opération méditerranéenne de l'OTAN Active Endeavor. Lancée depuis 2001 cette opération a pour objectif la "neutralisation des groupes terroristes" et la "recherche des armes de destruction massive". Aucun rapport avec la crise ukrainienne et la Russie donc. Cette surenchère militaire française dans le sillage des Etats-Unis est une erreur politique. Je la condamne. Elle est absolument contraire aux intérêts de notre pays et à la nature de nos relations avec la Russie. La gêne du ministre à répondre et la concession faite d’une information incomplète posent gravement problème. On mesure de nouveau l’inconvénient d’avoir des médias si serviles dès qu’il s’agit de politique étrangère mettant en cause les Etats-Unis d’Amérique. La multiplication des provocations contre la Russie ne peut que conduire au pire. J'ai donc demandé le retrait immédiat des navires français présents en mer noire. Notre flotte a beaucoup à faire ailleurs, en particulier pour surveiller l'immensité du domaine maritime national, qui manque cruellement de moyens. Suis-je assez clair ? Pour moi, la France n'est pas l'ennemie de la Russie et doit se comporter avec elle en partenaire.

Afin d'éclairer ce qui se passe dans l'est de l'Ukraine, je veux aussi rappeler quelques réalités démographiques et économiques largement invisibles dans le traitement médiatique actuel de la crise ukrainienne. Le déclencheur des tensions en Crimée puis dans 3 provinces (oblasts) de l'est de l'Ukraine a été l'annonce par le nouveau gouvernement de Kiev de la suppression du russe comme langue officielle du pays aux côtés de l'ukrainien. Or, le russe est parlé au quotidien par 70 % des Ukrainiens et même 85 % d'entre eux dans les régions de l'est du pays. Même en terme de nationalités, le destin des russes et des ukrainiens est indéfectiblement lié : 17 % des habitants de l'Ukraine sont russes et ce chiffre monterait même à 40 % selon les estimations des bi-nationaux, très nombreux. La volonté des nationalistes actuellement au pouvoir à Kiev de construire une identité nationale ukrainienne sur des critères ethnolinguistiques est donc une illusion dangereuse. Au-delà de ce déclencheur linguistique des tensions, celles-ci sont alimentées par des enjeux économiques encore plus profonds. Le gouvernement provisoire de Kiev a décidé, par idéologie, de rompre la plupart des accords politiques, économiques et commerciaux qui liaient l'Ukraine avec la Russie. Or, les trois régions de l'Est, Donetsk, Louhansk et Dnepropetrovsk, constituent le poumon industriel de l'Ukraine. Et l'essentiel de leur activité est tournée vers la Russie, tant en raison des exportations qu'en raison des investissements effectués. Par exemple, le bassin houiller du Donbass, où se concentrent actuellement les troubles, est commun avec la Russie et pèse 27 % du PIB de l'Ukraine à lui tout seul, non seulement sous forme de mines mais aussi de métallurgie et d'industrie chimique. Moins troublée, la région de Dnepropetrovsk est également fortement liée à la Russie puisqu'elle concentre l'essentiel de la production héritée de l'URSS en matière de pipelines, de ferroviaire et surtout d'industrie spatiale. C'est là, par exemple, qu'est fabriqué le lanceur spatial russe Zenith, par une société détenue par le géant russe de l'espace RKK.

Pour toutes ces régions et leurs travailleurs, rompre avec la Russie signifie mourir économiquement. Leur défiance face au gouvernement de Kiev ne résulte donc pas tant d'un nationalisme pro-russe, qui reste minoritaire dans ces régions, que d'une défense éclairée de leurs intérêts économiques et sociaux. Car, bien sûr, le gouvernement de Kiev n'a pas la moindre stratégie de développement économique en dehors de la mise sous perfusion des emprunts du FMI et des aides de l'UE. En matière linguistique comme en matière économique, la politique actuelle de Kiev, soutenue par l'UE, de rupture avec la Russie est donc un non sens. Il n'y a pas d'avenir intelligent pour l'Ukraine sans coopération constructive avec la Russie. Et pour nous, les Européens en général, nous n’avons rien à gagner à voir ce genre de bagarres se dérouler sur le terrain où se trouve la centrale de Tchernobyl et sept autres centrales en aussi piteux état. La confrontation avec les Russes est une bêtise, une faute, et, maintenant, cela commence à être un crime.


162 commentaires à “La vie pour la raconter”
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  1. Adrien dit :

    Je viens de suivre le débat sur Médiapart avec comme invitée Corinne Morel-Darleux. Elle est géniale notre représentante. Elle leur a damé le pion surtout au représentants Vert et PS en les clouant au pilori de leur soumission aux lobbyistes en votant très souvent en alliance avec la Droite contre les intérêts des peuples. Elle nous a fait du grand JL Mélenchon.

  2. jmr dit :

    Très bon meeting ce soir à Gaillac dans le Tarn, où Jean Luc tu as eu toute l'estime de auditoire, contrairement à celui qui est passé hier dans le Tarn, qui a eu aussi ce qu'il méritait. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu'il nous faudrait proposer la sortie de l'Union Européenne, car sans cela comment retrouver notre souveraineté populaire. Tu dis qu'après les élections les députés voteront le traité de libre-change transatlantique, et donc chaque voix compte. Comment peut-on accepter que le sort du pays soit ainsi joué? La construction de l'UE est libérale depuis 58 et le vote contre de Mendès France, elle est effective depuis les années 80 et Mitterrand. Nous devons proposer clairement la sortie de cette galère. Ainsi ce serait nous qui prendrions l'initiative, et donnerons l'exemple à tous les peuples qui veulent retrouver leur liberté. Amitié.

  3. Marianne Ghirardi dit :

    Ce n'est peut-être pas le moment et l'endroit de dire ça. Mais j'ai regardé tout à l'heure Jean-Luc très calme et détendu, clair et patient, face à Caroline Roux à la télé (iTélé je crois), et je vois notre héraut s'escrimer à expliquer aux téléspectateurs l'escroquerie de Manuel Valls avec son supplément de 500 € annuels aux smicards. Le même soir, je vois que même le Figaro Bourse se donne la peine de l'expliquer lui aussi avec de fins calculs, simulations et tableaux !

  4. Franck dit :

    Je vous suggère d'aller voir le débat sur Médiapart (accès abonnés ?) où Corinne Morel-Darleux a été exemplaire dans ce "drôle de débat". Malgré la configuration du débat, elle a pu parler (un peu) de l'accord GMT. Cette campagne très courte, doit mettre plein projecteur sur les dangers de cet accord, concrètement.

  5. Mandar_8 dit :

    Heureusement, certains à gauche, n'ont pas baillé en lisant Proust : Benjamin, Deleuze ou Daniel Bensaid, ce dernier comparant l'écriture du Capital à celle de la Recherche du Temps Perdu. "D’ailleurs pendant certaines réunions particulièrement ennuyeuses du comité central, il n’était pas rare de le voir plongé dans la lecture de Proust." (Tariq Ali in The Guardian).

  6. Alain Le Vot dit :

    Je partage complètement l'analyse de Jean Luc sur l'Ukraine et je voudrai préciser deux choses.
    L'histoire de l'Ukraine est étroitement liée à celles des grands empires européens d'avant la première guerre mondiale. Elle a été dominée par l'empire austro-Hongrois, l'empire allemand, l'empire Russe, l'empire ottoman et d'autres. Tout cela a eu des conséquences sur les religions pratiquées et les langues parlées, on est devant une "poudrière" dont il serait fou de vouloir allumer la mèche !
    Je ne suis pas un historien mais de ce que j'ai appris de mon histoire, j'en tire la remarque que quand la France a été alliée de la Russie cela lui a été bénéfique. Dans les cas contraire, ce fut une catastrophe pour nous ! Je rappelle Napoléon 1er et la Bérézina, Napoléon III et l'intervention en Crimée, ce qui nous a valu des milliers de zouaves morts, un boulevard (Sébastopol), une station de métro (crimée), un pont (l'Alma) et la statut d'un zouave, la lamentable intervention dans les années 20 en soutien aux armées blanches pendant la révolution Russe avec...

  7. Patrice C. dit :

    Pour ma part Jean Luc, je tiens à vous féliciter pour votre excellente présentation (encore une fois) hier soir sur KTO. Vous avez donné une leçon aux journalistes, qui malgré tout ont été très bons joueurs car ils ne vous ont pas interrompu une seul fois : ça fait du bien.
    Sur l'Ukraine je vous invite également à lire l'article d'Olivier Zajec (Monde diplomatique) : L’obsession antirusse.
    On lâche rien surtout pas à un mois des européennes.

  8. françois 70 dit :

    L'affaire Laguiole est emblématique de l'absurdité criminelle du productivisme financiarisé. Elle l'est aussi de la soumission totale de ce gouvernement à la doxa néolibérale, au mépris de la souveraineté du peuple. Un pouvoir citoyen digne de ce nom récuserait ce jugement inique et dirait: "le village de Laguiole ne paiera pas un centime, c'est lui qui est dans son droit! "
    L'heure est à la désobéissance, sinon la civilisation humaine sera broyée par le monstre politico-juridique néolibéral.

  9. Sirkmar dit :

    On comprend mieux les craintes des russophones de l'est de l'Ukraine lorsqu'on connait les bases idéologiques du nationalisme ukrainien de Svoboda. Ce sont des banderistes, se réclamant donc de bandera, prônant l'extermination des russes et des juifs. Leur idéologie prend racine dans les années 30, suite à l'Holodomor, famine organisée par Staline, qui causa 8 millions de morts. Les nationalistes ukrainiens associent depuis le pouvoir stalinien et le judaisme, car le général russe ayant mis en oeuvre cet Holodomor était juif. Ainsi, ces gentils nationalistes se réclamèrent rapidement du nazisme, massacrant les juifs ukrainiens et adhérant à la Waffen SS. De nombreuses vidéos accessibles sur youtube confirment que ces énergumènes faisant la loi dans les rues de Kiev se réclament toujours du nazisme. En face, les russophones sont soutenus par le parti communiste local et se définissent antifas. Ils ont proclamé la république du peuple de Kharkov il y a quelques jours.
    Merci Mr Mélenchon de dire la vérité sur cette situation, sur ce soutien scandaleux de l'UE et de la France, gentils toutous des USA, à des bandes de nazis.

  10. Msettimio dit :

    « Le juge applique la loi. La loi est injuste, le juge le devient à son tour comme son instrument. La justice ne se préoccupe pas d’être juste. Il lui faut seulement être légitime et légale au pied de la lettre ».

    Il faut qu’il en soit ainsi, couplé avec le contrôle à postériori de la constitutionnalité des lois, sinon il n’y aura jamais de séparation des pouvoirs. Si l’application d’une loi fait que les droits constitutionnels sont bafoués et qu’on ne puisse invalider le jugement, on est mal. Je ne connais pas dans le détail votre projet de VIème République, mais s’il ne prévoit pas la stricte séparation des pouvoirs et le contrôle à postériori de la constitutionnalité des lois, ce sera sans moi.

  11. jean ai marre dit :

    Cette affaire Laguiole est très symptomatique de la mondialisation et de la main mise de la finance sur tout ce qui profite. " toutes ces sortes de choses se décident ailleurs très loin dans le secret des arrangements internationaux qui fondent le droit sur la propriété intellectuelle, les brevets, les appellations contrôlées et tutti quanti." La finance tel un glouton étend son appétit dans tous les domaines, agroalimentaires, industrie, le savoir, le tourisme. Le drame est que les possédants ne manifestent aucun désaccord, ils ne se protègent pas contre ces conquérants. Pour vendre les produits les dirigeants d'industrie acceptent de se dépouiller, de nous dépouiller, ils offrent le produit avec la méthode de fabrication, le savoir faire, les bureaux d'études et les brevets. Inconcevable, ils vendent la matière grise au prix de la ferraille ! Nous ne sommes qu'au début de ce dépouillement, de cette spoliation. Que penser des princes du Qatar qui investissent dans les secteurs de souveraineté nationale ? Que penser du "Big data" lié au TIC, marché colossal et défi immense ? Que penser de la promotion de ces nouveaux sites...

  12. chris_84 dit :

    L'affaire Laguiole est vraiment scandaleuse, mais c'est le droit des marques qui doit être amendé. En effet, il suffirait que nos parlementaires introduisent deux choses, des garde fous juridiques, l'impossibilité à une entité privée de déposer une marque si celle-ci correspond à un nom propre, nom d'une collectivité, d'une région, d'une commune, sans l'accord explicite de cette dernière. Et énoncer un principe d'une antériorité de fait quand une marque est utilisée par une commune, une région, une entité collective (cas de Laguiole) depuis de nombreuses années même si elle n'a pas été enregistrée formellement. Une entorse au pur libéralisme sauvage qui voudrait que le 1er à avoir déposé gagne la mise, même si cela va à l'encontre du bien collectif. Avec de tels garde-fou, l'INPI et le juge des marques pourraient ne traiter que du droit et ne pas accepter le depôt de la part de celui qui l'a fait.

  13. Nicks dit :

    @Msettimio
    Il n'y a pas de "projet" de VIéme république, il y a la volonté de convoquer une assemblée constituante pour rédiger une constitution qui servira de socle à une VIéme république. Sa teneur dépendra des députés constituants qui y siègeront, du travail, des débats et des choix politiques qu'il y feront.

  14. Nuno dit :

    Au sujet de la Russie et l'Ukraine. Quand on regarde sur une carte (voir l'émission la dessous des cartes) de très nombreuses bases militaires de l'OTAN encerclent littéralement la Russie avec des batteries lance missiles, l'inverse par contre n'existe pas. D'autre part il faut se rappeler que l'OTAN/USA a été responsable d'expéditions militaires très sanglantes comme par exemple la recherche d'armes de destruction massives imaginaires en Irak qui a été la cause de plus d'un million de morts. Aussi il convient d'être très circonspect avec la propagande des médias occidentaux incitant au conflit en Ukraine.

  15. Jean-François91 dit :

    @62 chris_84
    Voilà une très bonne idée. Un autre domaine (un autre fromage) est envahi par les multinationales, les brevets. De nombreux brevets abusifs sont déposés chaque année et forment un marché (dérivé, même) bloquant l'innovation, avec des effets mortels quand il s'agit de médicaments. Contester un brevet coûte très cher, alors qu'aux seuls Etats-Unis, dans le domaine des logiciels entre le tiers et la moitié des brevets sont abusifs. Des réseaux se constituent pour démontrer l'absence d'antériorité ou d'innovation d'une idée brevetée. Comme pour les offices de brevets, les différents offices des marques sont parfois (souvent) laxistes. Récupérer un bien commun privatisé est légitime.

  16. RODIERE MICHEL dit :

    Je viens de visionner ton passage sur KTO. Quelle présence ! Merci pour toutes les explications qui servent dans les débats que nous avons autour de nous, particulièrement dans le mouvement syndical qui est devenu pauvre en réflexion réellement politique. On a vraiment du mal à aborder la question de la participation officielle de la CGT dans les rendez-vous comme celui du 12 avril. Je continuerai de marcher à tes côtés et aux côtés du Front de Gauche, mais j'aimerai tant que ce soit sur deux jambes ! Vivement dimanche soir qu'on se retrouve sur LCI. Je partage l'idée de ceux qui aimerait voir le débat de Decazeville sur le blog. Tu as récupéré une meilleure mine et c'est tant mieux, car on a besoin d'un porte parole qui fasse un peu trembler les journalistes bien pensants. Fraternellement

  17. gswan dit :

    Je viens de regarder l'interview de KTO TV, et constatant avec quelle clarté vous avez pu exposer vos idées dans une émission où aucun coup bas ne vous a été porté, je me suis fais la réflexion suivante : si j'étais un journaliste fameux et si comme beaucoup d'entre eux je méprisais ce que vous faites avec vos camarades, je vous poserais toujours au moins une question vaseuse et insultante, car je serais alors à peu près certain que vous sortiriez de vos gonds, que tout ce que vous auriez à dire d'intéressant serait rendu inaudible, que toutes les caricatures repoussantes qui sont faites de vous seraient confirmées aux yeux des uns, et qu'elles amplifieraient leur travail de sape auprès des autres. Un excellent repoussoir dont je peux constater l'efficacité chaque jour autour de moi. Autant je crois que votre entrée fracassante sur la scène médiatique il y a quelques années à coup de fureur et de fracas était brillante, autant je suis convaincu qu'il est temps de mépriser suffisamment ceux qui nous insultent pour leur répondre avec calme et assurance en toutes circonstances. Qu'on les traîne enfin dans leur fange sans souffrir des éclaboussures.

  18. Sophie Clerc dit :

    Dans l'émission Face aux Chrétiens, tellement agréable du fait que les journalistes n'interrompent jamais, Jean-Luc Mélenchon développe plusieurs fois une idée-clé : l'importance de se donner et de poursuivre de grands objectifs. Il évoque De Gaulle qui imposait un objectif sans se préoccuper des obstacles, celui de l'argent en particulier. C'est l'objectif qui doit dicter l'action. Pour l'atteindre, on a des libertés de choix, on se heurte en route à des obstacles. Que l'objectif soit fort, clair, toujours présent à l'esprit, et les choix, quasi automatiquement, seront adéquats, les obstacles surmontés ou évités plus facilement. C'est l'objectif qui est le moteur de tout. C'est sur lui qu'il faut se concentrer, pas prioritairement sur les obstacles.

  19. olivier. A dit :

    Votre courage, franchise et honnêteté est indiscutable Jean-Luc. Vous devez informer de tout ce qui se cache dans l'hypocrisie et la lâcheté de ceux qui font souffrir l'humain. Tôt ou tard l'heure viendra pour la victoire et pour une France meilleure. Nous, les humbles, sommes forts car notre coeur va toujours vers ceux qui sont sincères. J'espère que l'humain retrouvera sa dignité et que les égoïstes paieront les dégâts qu'ils causent dans notre pays. Continuez Jean-Luc ! Nous sommes avec et derrière vous. Dénoncer les mensonges, les pièges, seront bénéfiques pour l'avenir. Merci pour toutes ces informations qui sont révélateurs pour l'avenir et laissons de côté ceux qui ont choisi de se pavaner dans l'indifférence d'autrui !

  20. Poncet dit :

    Le droit des marques n'a pas besoin d'être amendé : nul droit ne saurait en annuler un autre ! Le droit d'utiliser un nom propre ne peut pas être annulé par le droit de l'utiliser comme marque (et l'utilité commune primant sur les intérêts particuliers, ce serait même le dépôt d'un nom propre comme une marque qui pourrait se voir limité en droit). Ce que je dis là n'a rien de révolutionnaire : ce sont des principes élémentaires dans toute société. Et puis AF30 a raison : si la commune ne paye pas, il ne se passera rien... et même si elle lance une campagne de promotion des "véritables couteaux de Laguiole" ! Le vrai scandale, c'est que le maire accepte ce jugement et se permette de "taper" les communes voisines !

  21. Gorfou breizhou dit :

    " L'humanité est comme une armée en campagne, elle avance à la vitesse du plus lent." Gabriel Garcia Marquez.
    Je ne suis pas un agent, je ne suis pas un militaire, je ne suis pas un client, je ne suis pas un indicateur, je ne suis pas un collaborateur. Je suis un ouvrier, un employé, un salarié, un travailleur (...). Et je suis fatigué des "éléments de langage" qui instruisent à décérébrer les classes populaires.

  22. gege dit :

    J'ai lu avec intérêt les réflexions de jean-luc sur la sortie ou non de l'euro lors de son interrogation par l'hebdo Mariane, je pense que son analyse geopolitique de la situation avec l'Allemagne fait qu'il serait peut-être préférable de faire pression de l'intérieur pour faire évoluer les choses dans notre sens car le risque qu'il évoque de reconstitution d'une nouvelle zone mark avec son côté historique connu ne serait pas forcément la meilleure des choses. Alors en sortir ou préférer la pression de la France de l'intérieur ?

  23. richard30 dit :

    Sur la vidéo, J.L. Mélenchon parle de "démocratie incompatible avec le consensus". Autant il est vrai que la Démocratie est la pluralité des opinions, qui ne peut aboutir qu'à une synthèse positive et constructive pour l'ensemble des citoyens, autant le consensus est la synthèse positive, constructive et bonne pour toutes les opinions, indispensable pour faire fonctionner la démocratie. Alors, qu'attendons-nous pour obtenir dès maintenant le consensus qui permettra aux citoyens souverains de ce pays de se réapproprier le pouvoir ?

  24. Michel E. dit :

    @ richard30
    "qu'attendons-nous pour obtenir dès maintenant le Consensus qui permettra aux citoyens souverains de ce pays de se réapproprier le pouvoir?"

    Claquons des doigts alors ! C'est ce qu'on a oublié de faire, non ? Ce n'est pas si simple que ça, à mon avis, d'obtenir une majorité qui permette à une politique de gauche d'arriver au pouvoir, comme l'Histoire semble nous le confirmer. En premier lieu, il faut ouvrir une brèche, ensuite il faut que les idées se propagent. Cela prend du temps. Les présidentielles étaient un début, les municipales étaient un pas de plus. Si la gauche arrive à faire suffisamment de choses à Grenoble, Avignon, etc., ça va enthousiasmer, engager les citoyens et propager les idées. Les européennes peuvent être un autre rendez-vous important. Par exemple si Syriza arrive en tête en Grèce, que le FdG progresse, etc. En somme, ça se fait par étapes, il n'y a pas de solution "claquons les doigts et c'est tout bon".

  25. Empathie dit :

    Jean-Luc, ta position sur l'Ukraine (3ème partie de ton billet) est totalement partagée par Olivier Berruyer sur son site internet.

  26. marianne31 dit :

    @Michel E
    "ensuite il faut que les idées se propagent"

    Quand on voit comme les idees novatrices passent si lentement parmi la gauche de gauche elle même... Combien de fois JL Mélenchon a expliqué sa stratégie sur l'euro, avec tout ce qu'il faut entendre entre les lignes bien sur, combien de fois faudra t-il qu'il le fasse encore et encore et que son équipe le répète pour qu'enfin ce soit assimilé ? Il y en a encore même ici qui vont dire que ce n'est pas clair qu'il faut sortir de l'euro blabla. Bon sang c'est pourtant clair non ? Il suffit d'écouter encore son passage a KTO. Il l'explique une énième fois, en ajoutant cette explication, ne pas y aller brutalement comme le dit MLP, mais avec l'appui des populations pour ne pas créer de "guerre" avec les Allemands, en privilégiant la discussion entre Merkel et celui qui représenterait la France. Monsieur Mélenchon est aussi un fin stratège, quoiqu'en disent ses adversaires, mais ce sont les mêmes qui démolissaient Jaurès et qui maintenant font semblant de l'encenser tout en deformant ses idées, pour les édulcorer et donc les neutraliser.

  27. SCHAFF dit :

    Merci Jean Luc pour ce propos comme pour tant d'autres. La flibusterie sur Laguiole et le détachement des travailleurs en Europe du droit du pays où ils sont missionnés, voilà bien deux sujets démonstratifs de la ligne social-démocrate revendiquée aussi par Valls, le héros actuel des médias ! Ce double jeu disqualifie de la gauche tous ceux qui usurpent aujourd'hui le mot "socialiste" et donc ses valeurs.
    Pour ce qui est de la marque déposée qui nous est chère, celle de "Front de gauche", elle reste très ambiguë avec ou sans l'étoile jaune, et cette situation est utilisée par certains "kamarades" qui en fait ne peuvent pas l'être lorsqu'ils utilisent cette "marque" pour faire liste commune aux côtés des socio-démocrates. Ce double jeu est pour moi aussi dramatique pour notre Gauche que celui des solfériniens au parlement européen. Malgré tous les efforts d'Eric Coquerel, secrétaire national du FdG, comment sortir de cet imbroglio d'image pour éclairer les citoyens trompés par cet affichage spécieux, merci à José pour les précisions portées à ce sujet ?

  28. Roland011 dit :

    @63Nicks
    ...Sa teneur dépendra des députés constituants qui y siègeront, du travail, des débats et des choix politiques qu'il y feront.

    Oui, mais aussi du débat démocratique du peuple souverain a proposer, amender, en bref, participer a cette élaboration, mise en forme par les députés constituant (non rééligibles) et soumise a référendum par le dit peuple.
    Dans l'émission Face aux Chrétiens, du très bon J.L. Mélenchon avec de journalistes dans leurs rôle. Petit bémol sur "la monnaie". La Monnaie n'est pas neutre (j'avoue que ce n'était pas très clair). Le "neutre" et la vision des monétaristes (Friedman) mais un élément capital de la souveraineté-politique, donc une véritable question.

  29. jigso dit :

    En ce qui concerne Laguiole, il faut bien comprendre que la loi les autorise a utiliser le nom "Laguiole" pour faire des couteaux, et seulement des couteaux. Ils doivent demander une licence au détenteur de la marque pour faire autre chose, des fourchettes par ex sous ce nom. Et c'est à ce titre qu'ils sont poursuivi pour contrefaçon. Le plus ironique dans l'histoire, c'est qu'ils défendent bec et ongles le droit des marques à travers un musée de la contrefaçon dans l'une des fabriques du village, alors que c'est ce droit là qui les met dans cette situation ubuesque. Et vous voulez connaitre le plus drole ? Un jour un gars du pays est revenu d'Espagne avec un joli couteau, ils l'ont étudié, démonté, et on essayer d'en refaire. C'est comme ça que ça a commencé, mais point de propriété intellectuelle a l'époque.

  30. Francis dit :

    @ Roland011 - 78
    La monnaie a été introduite à l'origine pour faciliter les échanges et remplacer le troc quand la société humaine a commencé à sortir de l'auto-suffisance et l'autarcie. Elle n'est au fond qu'un outil d'équivalence pour permettre le commerce marchand interhumain. C'est le sens donné à la neutralité de la monnaie à savoir qu'elle doit retrouver son rôle premier et non celui que le capitalisme financier lui assigne dans sa recherche de profit maximum.

  31. bremont dit :

    J'ai écouté sur Médiapart la soirée consacrée à l'Europe cette semaine et j'ai donc fait la "connaissance" de cette pervenche Berès. Insolente de morgue dans son attitude hautaine, regardez-là, il n'y a pas besoin d'avoir fait beaucoup de PNL pour comprendre le personnage. Et c'est ça la tête de liste PS en RP ? Très révélateur de ce qu'est devenu ce parti de gouvernement.

  32. remjea dit :

    Merci pour cet éclairage, car si les gens un peu attentifs dont je suis savaient pour Laguiole (dont j'ai un temps possédé un exemplaire hélas égaré), quel moyen avons-nous de savoir que tel député réclame à grand cri le suppression d'une mesure qu'il a votée des deux mains quelques jours plus tôt à Strasbourg ? Merci d'être clair, d'être là, et de subir sans (presque) broncher des méthodes qui ne sont pas sans rappeler ce qu'on faisait dans les années 70 à Georges Marchais : photos prises sous des angles épouvantables, marionnette ridicule. Heureusement on ne peut tourner en dérision votre français ! Courage, et vivement les européennes qu'on vote comme il faut !

  33. chan dit :

    Excellent article de Louis Maurin (observatoire des inégalités) dans Le Monde daté de samedi (décryptages) bien qu'encadré de professions de foi libérales, Aghion et c°. Il montre tout ce qu'un gouvernement de gauche aurait pu faire avec 30 milliards pour créer des emplois et améliorer la vie des citoyens. Conclusion, Hollande suicide la gauche. J'ai peur, à voir les sondages sur l'abstention et le vote aux européennes, qu'il ne suicide tout ce qui porte le nom de Gauche.

  34. jeannine dit :

    @Poncet 70
    Je partage votre esprit de résistance dans cette affaire Laguiole, en ce qui concerne la question du maire (toute forme de résistance du reste quand il s'agit d'injustice !) et c'est bien ce que Monsieur Mélenchon nous sous-entends dans ces billets. Un peu de sang vif, à la fin du compte ! Marre de ces mous y compris ces magistrats des communes, qui ont autre chose a faire me semble-t-il, que de bêler aussi fort que les brebis dans les prés. On leur fait payer la dîme sur ce qu'ils ont crééet il faut obéir illico ? Non mais ça va pas!

  35. richard30 dit :

    @ Michel E
    "il n'y a pas de solution "claquons les doigts et c'est tout bon"".

    Vous avez tout à fait raison, cependant il y a le long et le court terme. Nous sommes tous d'accord pour dire que les lois ne sont pas adaptées à notre Constitution, pour en réécrire une nouvelle et passer à une 6ème République. Par contre, seuls nous ne pouvons rien, sauf à dénoncer par voie de justice le non respect de la souveraineté telle qu'elle est définie en préambule de notre Constitution et à demander un référendum révocatoire. Pouvons-nous le faire? Pouvons-nous faire respecter la justice et donc l'équité dans notre pays ? Dans tous les cas, les citoyens souverains de notre pays ont impérativement besoin de respect et d'espoir. Ils ont besoin de savoir qu'une solution est enviseageable et crédible. Le consensus doit être construit sur cette solution et validé par un maximum de citoyens en accord sur ces bases. Est-il souhaitable et constructif de rester en "circuit fermé"? Non, il faut s'ouvrir à tous les citoyens et principalement aux partis politiques qui souhaitent ce changement, sinon la 6ème République...

  36. Willia dit :

    Bonjour Jean-Luc, Bonjour Camarades !
    Hélas cette Europe libérale nous tue à petits feu. Mais comment en sortir, on croyait à mieux, et on trouve le pire, et à en croire les sondages même s'il ne faut en prendre et en laisser, ce serait le FN qui arriverait en tête ? C'est le comble des combles ! Il faut bien dire que les gouvernements et leur politique de droite laissent trop de place à ces partis et ça dans tout cette Europe qui est menée par l'extrême-droite. Jean-Luc a beau faire, beau dire, on ne l'entend ni ne l'écoute, même on le ridiculise. J'admire son courage, sa ténacité, j'espère que pour les prochains scrutins le FdG ne nous donnera pas la consigne de se désister en faveur de ce soi-disant PS qui mène le pays à la ruine et droit dans le mur, le mur de Berlin à bien y regarder. Ceci dit, je soutiens à fond le FdG et Jean-Luc Mélenchon, je m'écarte un peu du PC qui fait trop de concessions au PS pour se garder quelques places au soleil.

  37. L. Miller dit :

    Monsieur Mélenchon, nous sommes plusieurs lecteurs des nouvelles de la Société Radio-Canada qui échangeons sur les fils de discussion de notre organe de nouvelles national. Nous avons publié un lien vers votre billet, billet que nous avions trouvé via le site de M. Olivier Berruyer que plusieurs parmi nous fréquentent assidûment. Rapidement, plusieurs ont exprimé qu'ils ont été impressionné par votre billet, par la profondeur et la clarté de ses vues. [...] Il faut dénoncer l'amateurisme des politiciens dans ce dossier, et au Canada, nous sommes très bien représentés dans ce domaine. Bonne continuité.

  38. garcia dit :

    Tout est écrit avec tellement de poésie que c'est un plaisir que de vous lire et de vous suivre.
    merci à vous Mr Mélenchon.

  39. LELIEU Roger dit :

    Pour ma part je suis entièrement d'accord avec Emmanuel (12). Je ne comprends pas ce que fait le PG dans la pétaudière européenne où il galvaude sa crédibilité auprès des électeurs de plus en plus nombreux à avoir compris ce qu'est l'Europe, la crise austéritaire aidant.

  40. Michel E. dit :

    @richard30
    "Est-il souhaitable et constructif de rester en "circuit fermé"?"

    Certes, le PCF s'est fourvoyé lors de ces municipales et donc a, dans une certaine mesure, rendu le FdG illisible, mais la quasi-totalité des autres forces du FdG (y compris les dissidents PCF) sont dans une logique d'ouverture (à commencer par l'unification de la gauche) et d'éviter "Les calculs rabougris de l’intérêt partisan". Si vous aviez écouté Mélenchon ces derniers temps, vous l'auriez entendu parler de l'importance de l'élargissement : "Notre but est de faire des additions, pas des soustractions. Toute notre énergie intellectuelle et stratégique doit s’y attacher. L’unité d’action de la gauche hors du gouvernement est un impératif permanent dont il faut dégager le chemin à chaque étape. Les calculs rabougris de l’intérêt partisan sont des variantes d’une même inconscience des dangers et des opportunités de ce moment de l’Histoire." (même lien que précédemment)

  41. alberto palacios dit :

    Pour l'affaire Laguiole. Le village est condamné par qui, quand, où ? Puis le droit des marques est utilisé par des milliers d'artisants, commerçants, industriels. Et justement, il existe un courant de la pensée économique ultra-libéral que postule de laisser complètement aux règles du marché et au droit commercial le règlements des conflits, c.a.d, l'INPI (OHMI) et son rôle d'acteur pour le compte de l'Etat et de l'intérêt général serait supprimé. Donc attention, la position du PdG paradoxalement (et je crois pas ce soit leur intention) peut apporter de l'eau au moulin du capitalisme.

  42. JeanLouis dit :

    Pris sur le site de Marianne et pour étayer ce que JL Mélenchon dit depuis plusieurs mois
    "Une enquête menée par Monitor, une émission de télévision allemande, vient mettre à mal la version défendue par le pouvoir actuel de Kiev concernant la sanglante journée du 20 février dernier. Ce jour-là, une soixantaine de manifestants avaient perdu la vie lors des affrontements avec les unités de police. Selon les journalistes allemands, les snipers de l’ancien président Viktor Ianoukovitch ne seraient pas les seuls responsables puisque des tirs seraient aussi partis des bâtiments tenus par les manifestants…"
    Heureusement qu'il y a la presse allemande. Nos medias à nous sont unanimes, sur l'Ukraine comme sur la Syrie, les méchants seraient d'un côté, les bons de l'autre, comme dans les western des années 50. Un des commentaires. Rien à ajouter.

  43. semons la concorde dit :

    @ Willia 86
    Vous n'allez pas assez loin je pense dans votre perception de la position du FN dans le jeu politique actuel. Le PS (comme l'UMP avant) utilisent le FN comme un verrou pour maintenir en place leur supposée suprématie aux élections diverses. Ce parti a bénéficié depuis plusieurs années d'une honteuse promotion dans tous les media (télé surtout, mais aussi papier et radio).
    L'objectif ? Je pense qu'il y en a plusieurs. Le premier est d'assurer l'alternance PS/UMP. Le deuxième est d'empêcher une vraie gauche d'émerger. Pour le pouvoir, ce serait la catastrophe absolue ! Remettre en cause la politique ultralibérale en cours signerait la fin d'une caste politico-financière pour qui la vie est plutôt belle depuis tant d'années. Enfin si le FN passe en tête, comme les sondages le préconisent, il servira d'alibi à une politique inégalitaire et répressive sans modifier vraiment la politique ultralibérale en cours peut-être même en l'aggravant sous prétexte de privilégier les "vrais -bons-français". Jeu stratégique pervers et criminel qui finira mal comme on s'en doute.

  44. Roland011 dit :

    @80 Francis
    "La monnaie a été introduite à l'origine..."

    Oulla ! Le débat sur la monnaie ? Vaste programme disait... Même les économistes honnêtes (si si ça existe) en débattent encore sans avoir épuisé le sujet. Alors ! Ayant lu de nombreux articles et livres, mais n'étant pas économiste je me garderais de continuer sur ce sujet. La seule affirmation que j'ai retenue :c'est loin d'être simple, donc attention, et la, d'accord avec J.L.Melenchon, pas de dogmatisme.
    Amicalement

  45. Md59 dit :

    Et les élections européennes ? Voter dans le système traditionnel qui risque de permettre à Hollande de proposer l'alternance avec la droite ? Tout ça à son bénéfice, il grille la droite pour 2017, et se representera en 2017. Toute décision n'est que proposition personnelle et devenir intime, c'est lamentable. Faudrait-il proposer un vote sanction autre que le vote traditionnel pour une organisation et proposer le vote blanc pour dire non au système ? Le vote blanc sera comptabilisé pour ces élections.

  46. Michel JACQUOT dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon,
    En bref, j'ai toujours mon vieux Laguiole dans ma poche. Celui là est un vrai. Un symbole. Un peu tout ce qui me reste comme dans de nombreux autres domaines.
    Ce que je lis sur l'Ukraine, bravo, mais ne m'apprends rien,féru d'histoire, j'avais curieusement déjà compris. Est-on dirigé par des fous dangereux et malfaisants ? Il faut qu'il pète ce monde immonde, révolution ?
    Cherchez cet intellectuel Australien qui a dit avant de mourir : "Cette civilisation ne passera pas le siècle..." Il ne parle pas de la 297ème fin du monde depuis la chute de l'empire romain chère à tous les illuminés. Le monde peut se passer de nous. Mais de notre civilisation qui se résume à cette société libéralo-mafieuse qui dévore tout, envahit tout, saccage tout. Je suis trop vieux pour y croire, mais un peu quand même. Les mots éco-socialisme pourront-ils nous aider à sauver quelques meubles si les gens se réveillent ?

  47. AlainV dit :

    Ukraine. Depuis le 12 mars, on sait ce qui s'est passé sur la place Maidan le 20 février, on sait qui gérait l'attaque de snipers. On sait aussi, comme c'est dit dans le reportage de l'ARD pourquoi l'enquête est stoppée en haut-lieu. Le chef des services secrets, qui avait dû fuir peu après le putsch, a continué de recevoir des informations. Il présente son rapport à une chaîne de la télévision russe (donc suspecte aux yeux de beaucoup). Il existe une traduction française des sous-titres allemands. Cette lecture permet de mieux comprendre les événements et la façon dont les manifestants étaient manipulés par les groupes nationalistes.

  48. vudeloin dit :

    Sans doute le début d'une grande solitude que de voir partir le patriarche bienveillant de la littérature sud américaine.
    Mais quelle tristesse de voir des élus Parti de Gauche se rallier sans se poser de questions à la candidature d'un socialiste anticommuniste (et probablement partisan de la politique d'austérité menée aujourd'hui) à la Présidence de la Métro de Grenoble. Pour faire naître une autre gauche, loin des solfériniens qui pervertissent le nom de socialistes, il faut savoir transformer l'essai, quand il a été marqué !

  49. richard30 dit :

    @ Michel E 90 du 27
    Merci pour votre réponse. En synthèse, il est largement temps de réaliser un consensus avec tous ceux qui souhaitent construire la 6ème République et l'"éco-citoyenneté", deux conditions nécessaires et suffisantes pour re-construire notre avenir.

  50. Eyquem dit :

    Sur les travailleurs détachés qu'ils n'ont osé appeller les travailleurs déportés. Je travaille dans le bâtiment, je suis métreuse, je vois bien moi le problème que génère ces travailleurs. Le taux horaire n'est pas le même (quand ils sont payés), le nombre d'heures travaillées est très flou (au moins 12 heures par jour), les entreprises générales (souvent en gros oeuvre font main basse sur les marchés) cassent les prix et pour générer du bénéfice (enfin encore plus) font appels à la main d'oeuvre détachée, rendant impossible l'accés des marchés aux moyennes entreprises sur notre territoire. Ils sont donc indirectement responsables de la fermeture de ces mêmes entreprises, de l'augmentation de toutes les charges (car moins nous sommes à en payer plus elles augmentent). Ces mêmes entreprises générales ont ce qu'elles appellent des acheteurs, dont le seul objectif est la rentabilité et le prix, au mépris des normes et des règles d'un ERP (établissement recevant du public). Voilà la messe est dite et nous sommes dans une m**** noire


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