15mai 14
Le Front de gauche a été créé il y a six ans pour changer l’Europe à l’occasion des élections européennes. L’objectif est-il le même ?
Six ans après, tant de choses ont changé ! Il y a notamment eu le nouveau traité budgétaire qui oblige le gouvernement français à présenter son budget avant même que les députés ne le votent. La France doit désormais se soumettre au plan de marche de la commission européenne. Il y a eu aussi la crise grecque.
Nous voulions « changer » l’Europe. Ce n’est plus possible. Si l’on veut rester européen, il faut rompre avec cette Europe pour la refonder !
Mais pourquoi candidater à une Europe que vous ne cautionnez pas ?
Quelle autre méthode pour convaincre que les bulletins de vote ? Je me plie à la loi de la majorité mais je fais une proposition différente. Protectionnisme solidaire, harmonisation fiscale et sociale et un changement de statut de la banque centrale européenne pour qu’elle finance le budget des Etats : soyons clairs, cela signifie refonder l’Europe.
Vous avez choisi de nationaliser la campagne. Est-ce de nature à faire comprendre les enjeux européens ?
Les socialistes voudraient un « débat continental » pour éloigner le danger. Fumée ! Notre pays est totalement soumis à la politique européenne. Si François Hollande avait eu une attitude de résistance à la politique européenne et aux mesures d’austérité nous l’aurions appuyé.
Mais Hollande a mille fois mérité le vote sanction. Il a menti sur la renégociation du traité Merkozy et sur le volet croissance qu’il voulait imposer. Il n’a jamais parlé du grand marché transatlantique ! C’est une forfaiture.
Pourquoi faire de ce traité transatlantique l’axe fort de votre campagne ?
C’est le cœur du problème, avec l’austérité. Ce grand marché sera un marché unique avec un alignement par le bas des normes sociales et environnementales. La viande aux hormones pourrait donc entrer librement en Europe, les poulets à la javel aussi ! De plus, ce traité permettrait aux entrepreneurs privés de porter plainte contre les Etats, non pas devant un tribunal d’Etat mais devant un tribunal d’arbitrage privé. Ce serait la fin de la démocratie car la loi doit être la même pour tous ! C’est aussi la fin du projet européen car l’ordre juridique international prévoit que ce qui est convenu dans un traité est supérieur à la loi nationale et aux directives.
Vous avez fait 6% en 2009. Votre objectif est de doubler ce score. Vous êtes eurosceptique mais optimiste ?
Le but est de retrouver les électeurs que nous avons eu à la présidentielle. Et oui, je veux donner aux gens de l’espoir : la déprime généralisée, ça suffit !
Pensez-vous dépasser le PS ?
J’aimerais bien car si nous sommes devant le PS, le chef de l’Etat devra acter que le centre de gravité de la gauche s’est déplacé. Nous prendrions nos responsabilités et on se mettrait immédiatement au travail. Avant toute chose, nous proposerions un plan de relance écologique de l’activité et la fin de l’austérité.
Le 25 mai, on additionnera les voix des eurosceptiques et on vous associera avec le FN…
Je n’ai rien à voir avec Marine Le Pen. Nous ne sommes d’accord sur rien.
Que répondez-vous à vos adversaires qui vous reprochent votre absentéisme ?
Présent 70 % sur 6 ans avec une présidentielle c’est bien. Je suis donc blessé. Je ne suis pas un objet mais une personne qui travaille du matin au soir. Je suis le seul parlementaire qui a donné tous ses motifs d’absence et expliqué tous ses votes. J’ai ma manière d’être député. Le rôle de tribun du peuple fait partie de la mission.