18juin 14
Je préfère en rire. Que je me donne cinq jours d’absence de France, puis que je renonce aux fatigues des émissions matinales à la radio et à la télé me vaut un papier dans le « Figaro » sur mon « retrait de la scène politique ». La « scène »… c’est bien dit. On évoque même avec délicatesse ma déprime de 2002 pour suggérer que je suis peut-être de nouveau malade. Quelle élégance ! Mais surtout, quelle comédie ! Les mêmes ne s’émouvaient guère de notre manipulatrice disparition de la scène médiatique pendant les élections municipales et européennes !
Certes, ce n’est pas là le fait marquant de la vie médiatique. La haine aveuglée des médias contre les cheminots et leurs grèves est un révulsif autrement plus notable ! Bien sûr, c’est un classique. On y revient à chaque grève et à chaque diminution des droits de grève dans le service public. Dans le contexte d’un pays à 25 % d’extrême droite, la propagande médiatique anti-syndicale est une contribution directe à la propagande de celle-ci. L’usage obsessionnel des mots « prise en otage » résume l’incitation malsaine à la criminalisation de l’action syndicale qui est recherchée à cette occasion. Les professionnels du vocabulaire cherchent délibérément à provoquer la confusion entre syndicalistes et terroristes, conflit social et guerre. Que les cheminots fassent grève pour défendre l’intérêt général n’a pas effleuré un seul article, un seul reportage. Qu’ils en soient lourdement de leur poche juste avant les vacances ne veut rien dire pour un médiacrate gavé. Que la libéralisation du rail soit une calamité et un échec partout où elle a été appliquée n’est pas le débat pour eux. La seule question qui vaille ce serait la grève, pas ses causes. « Faut-il interdire la grève ? », demande même le Figaro. Question aussi choquante pour les libertés publiques que si les cheminots demandaient : « Faut-il interdire le Figaro ? ». Je m’amuse d’observer jusqu’où va l’esprit de caste chez ces croisés. Ainsi de l’argument glauque des malheureux candidats au bac qui seraient ainsi empêchés. Cela ne concernerait éventuellement, le cas échéant, que 7 % du total. Mais il y a plus intéressant à noter. Le savez-vous : le bac pro avait commencé depuis une semaine sans que les beaux esprits s’émeuvent du sort des jeunes gens concernés. Révélateur, non ?
Cette bataille sociale du rail en France n’est pas la seule. Le pays fourmille d’initiatives et de conflits partout sur le territoire. Celui des intermittents est exemplaire d’une profonde et légitime exaspération sociale. Cette situation entre en résonance avec un contexte de conflits, plus amples encore, qui touchent tout le sud martyrisé du vieux continent. En Europe, la pente des évènements entraîne tous les protagonistes vers un point de rupture dont l’enjeu va croissant. Après les maxi manifestations républicaines d’Espagne, la maxi manifestation de la CGT au Portugal demandant la démission du gouvernement et des élections générales. Clairement, dans l’Europe du sud, la rébellion tient la corde. Et les nôtres l’incarnent. Il n’en va pas de même en France et dans l’Europe d’outre-Rhin, où domine la pulsion d’extrême droite comme réponse aux saccages irresponsables des libéraux. C’est ce qu’analysait le conseil national du Parti de gauche ce week-end en même temps que se tenait celui d’EELV et du PCF. Je dis un mot de réflexion générale sur ce que ces réunions nous apportent selon moi.
La bataille du rail est un combat d'intérêt général
Cette question du Figaro, « Faut-il interdire la grève ? », est tellement révélatrice de la distribution des rôles sociaux actuels. On voit bien quelle différence de taille existe, à cette heure, entre un cheminot et journaliste du « Figaro » qui le décrie ! Le cheminot perd des journées de salaire pour le bien de tous et le journaliste du « Figaro » est payé pour défendre l’intérêt de quelques-uns. Le cheminot fait vivre à ses dépens personnels une liberté fondamentale, le journaliste du « Figaro » milite pour limiter la liberté dont il est censé être l’emblème. Mais pourquoi charger le seul « Figaro » ? Les moutons de Panurge ont plus d’un nom. En France, la presse actuelle est, pour l’essentiel, l’adversaire principal de la liberté de penser autrement, c’est-à-dire de penser tout court.
Sur le terrain, les militants du PG distribuent des tracts de soutien aux grévistes de la SNCF. Ils vont à la rencontre des usagers pour expliquer la situation. C’est décisif. Je crois bien que nous sommes le seul parti à le faire. Quand les gens entendent le message et apprennent la responsabilité de Hollande et de la Commission européenne, leur colère change vite de cible. Le travail est facilité par la méfiance que les gens ont à l’égard des médias quand ils se mettent tous à répéter la même chose. L’écoute est plus grande. L’exaspération, paradoxalement, pousse au débat. C’est de la politique. On ne sait pour combien de gens, cette discussion sera un déclencheur non seulement à propos de ce conflit mais dans bien d’autres registres. Pour chacun d’entre nous, il faut bien comprendre ce qui est en jeu.
La grève à la SNCF aura commencé il y a une semaine. Les libéraux multiplient les insultes contre les cheminots comme Eric Woerth les comparant à des « Talibans ». Manuel Valls, comme un banal homme de droite, mise sur le pourrissement de la lutte et l’épuisement des lutteurs pour gagner son bras de fer. Quoi qu’il arrive, quelle que soit l’issue du conflit, il faut travailler à faire connaitre la vérité : les cheminots en grève défendent l’intérêt général. Plus cette idée gagnera du terrain plus nous tirerons d’un mal un bien. Pour cela, voici une provision d’arguments. Si cet argumentaire vous convainc, prélevez-le et faites-le connaître dans vos listes de diffusion. Une grève ? Mais pourquoi ?
Les cheminots en grève depuis le 11 juin protestent contre le projet de réforme ferroviaire du gouvernement Hollande-Valls. Le gouvernement prétend que sa réforme va « réunifier la famille ferroviaire » aujourd’hui divisée en deux entreprises distinctes. En effet, en 1997, la SNCF a été coupée en deux. Depuis, la SNCF est chargé de « l’exploitation » du réseau, c’est-à-dire de faire circuler les trains. Et une autre entreprise, Réseau Ferré de France (RFF), assure l’entretien des voies ferrées et la construction de nouvelles lignes. Ce système est absurde. C’est d’abord une absurdité technique : séparer les rails et les quais des trains donne le spectacle lamentable des quais trop larges qui doivent être rabotés. C’est aussi une absurdité financière. Dans le ferroviaire, il faut des infrastructures très lourdes pour pouvoir faire circuler des trains. La logique de l’entreprise unifiée est de regrouper toutes les activités. Le système actuel sépare l’activité qui coûte le plus, à savoir entretenir et construire des voies ferrées, de l’activité qui rapporte, à savoir faire circuler des trains. Comble de l’aberration, lors de la création de RFF, c’est cette entreprise qui a hérité de toute la dette issue des investissements de la SNCF pour construire le réseau ferroviaire français. Bilan : RFF est asphyxié par cette dette et son remboursement. Et RFF est donc incapable de financer les investissements nécessaires à l’entretien et au développement du réseau. Pour compenser, RFF augmente les droits de péages que la SNCF doit lui payer pour pouvoir faire passer ses trains. Ce qui aboutit à augmenter les tarifs pour les usagers et à supprimer les trains les moins «rentables », donc a aggraver la désertification humaine et industrielle des zones concernées.
Le gouvernement prétend que son projet va mettre fin à cette division. Il ment. Il ment pour tromper. Que le public s’y laisse prendre, c’est une chose compréhensible. Mais il n’y a aucune chance que les cheminots le croient un instant, qu’ils soient en grève ou pas.
En effet, le projet du gouvernement ne prévoit pas de regrouper les deux entreprises. Il prévoit au contraire d’éclater encore davantage le service public ferroviaire en créant une troisième structure censée chapeauter les deux autres. Pour habiller son mensonge, il propose que le sigle « SNCF » figure dans le nom des trois entreprises. Cela ne trompera que ceux qui le croiront ! Le gouvernement ne veut pas réunifier le système ferroviaire. Car pour le faire, il lui faudrait désobéir à l’Union européenne. En effet ce sont les directives et règlements européens qui imposent la séparation de la gestion des voies et des trains. Hollande veut être le « bon élève de la classe européenne ». Il obéit donc servilement aux injonctions de la Commission qui reviennent à détruire la France pan par pan.
Le but de toute cette manœuvre est l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire. Il s’agit de permettre à d’autres entreprises que la SNCF de faire circuler des trains. Cette ouverture à la concurrence est déjà effective pour le transport de marchandises depuis 2005 et pour les liaisons internationales de passagers depuis 2009. L’Union européenne pousse actuellement pour ouvrir à la concurrence les transports intérieurs de passagers : trains régionaux, trains intercités, TGV. L’ouverture totale à la concurrence est prévue à partir de 2019 par le fameux « quatrième paquet ferroviaire » actuellement en débat au niveau européen. Au Parlement européen, le PS et la droite l’ont déjà adopté en première lecture en février. J’ai voté contre. Un deuxième vote aura lieu dans les mois à venir. La bataille du rail n’est donc pas finie !
Dans ces conditions, il ne faut surtout pas accepter de réduire le problème soulevé par la grève à un conflit corporatif ! Les cheminots luttent pour l’intérêt général. En premier lieu parce que la concurrence, ça coûte plus cher et ça marche toujours moins bien ! Depuis des années, l’Europe et les gouvernements poussent la SNCF et RFF à être gérées comme des entreprises privées et non comme des services publics. Le résultat est aussi clair qu’ubuesque : fermetures de gares, explosion des tarifs, notamment pour le TGV, remplacement des trains par des autocars… Le bilan de la concurrence est désastreux partout où elle est appliquée. En Angleterre, elle s’est soldée par des accidents dramatiques causant de nombreux morts. En France, la concurrence est déjà appliquée pour le transport de marchandises depuis 2005. Bilan ? Depuis 2005, la part du ferroviaire a reculé au profit du transport routier. Entre 2005 et 2012, la part du ferroviaire a reculé de un point, passant de 10,6% à 9,6% des marchandises transportées. Pendant ce temps, la part du transport routier a augmenté de près de deux points, passant de 81,9% à 83,6%. Davantage de concurrence, c’est donc davantage de camions et de pollution !
Le but visé est soigneusement masqué par les vociférations contre les grévistes. Avec sa réforme ferroviaire, le gouvernement Valls organise très directement le passage à la concurrence pour le transport de passagers. Il n’en dit mot publiquement. Mais il l’a écrit noir sur blanc dans son Programme National de Réforme, un document transmis à la Commission européenne en mai 2014 sans aucune publicité ni sans que les fainéants de la plupart des médias fassent le début du commencement de leur fameux « devoir de savoir et d’informer ». J’en ai déjà parlé sur ce blog.
J’en parle de nouveau ici pour que vous voyiez bien l’articulation entre tous les éléments de la politique en cours. Voici ce qu’écrit le gouvernement Valls : « dans le domaine des transports, le projet de loi de réforme du système ferroviaire […] vise à renforcer l’efficacité de la gouvernance actuelle avec la mise en place d’un opérateur unique pour la gestion de l’infrastructure, dans une perspective compatible avec l’ouverture à la concurrence du transport de passagers. (…) Par ailleurs, la pression concurrentielle dans le secteur devrait s’accroître du fait de l’accroissement des possibilités de transport par autocar » ! La logique est claire : « être compatible » avec l’ouverture à la concurrence et « accroître la pression concurrentielle » avec les autocars !. C’est contre tout cela que se battent les cheminots.
Cette lutte est d’intérêt général. J’en donne un autre exemple. Il s’agit de la sécurité du transport ferroviaire. Il y a un an, le 12 juillet 2013, 7 personnes mouraient dans le déraillement d’un train à Brétigny dans l’Essonne. Tout le monde s’en souvient. Les cheminots eux-mêmes n’ont jamais instrumentalisé cet événement tragique. Ils voulaient d’abord savoir ce qui s’était passé. L’enquête a ensuite montré que la raison de l’accident est le mauvais entretien des voies ferrées. Ce n’est pas un cas isolé. Dans « Libération »de ce lundi 16 juin, un conducteur de TGV témoigne du mauvais entretien des abords des voies : « Je suis apolitique, pas syndiqué, je ne vais pas aux AG. Mais je vais vous dire ce que je vois de ma cabine : la direction nous parle de sécurité, mais c’est le TGV qui élague les arbres ! On a alerté dix fois et la hiérarchie fait le mort. On en a marre d’écoper dans une maison qui prend l’eau ». Tout cela est la conséquence directe de la logique financière de la SNCF et RFF, du recul du service public et de l’austérité. C’est contre cela que les cheminots sont en grève. Ils perdent leur salaire pour nos conditions de transport. Ils méritent donc notre soutien.
Une nouvelle fois, François Hollande aurait mieux fait de se taire. Vendredi 13 juin, il a cru intelligent de déclarer « Il y a un moment où il faut savoir arrêter un mouvement ». Il voulait faire référence à la phrase célèbre de Maurice Thorez en 1936. Je me permets donc de rappeler cette phrase en entier : « il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue ». Or pour l’heure, les cheminots n’ont pas obtenu satisfaction. Donc la grève dure. C’est la faute du gouvernement. Les cheminots ont exprimé leurs désaccords avec la réforme ferroviaire depuis des mois. Ils l’ont fait par deux journées de grève de 24 heures le 13 juin 2013 et le 12 décembre 2013. Ils l’ont encore fait par une manifestation nationale à Paris le 22 mai. L’idée d’une grève reconductible en juin était déjà dans les têtes à ce moment-là. Le gouvernement n’a rien voulu entendre et a tenté le passage en force. Son coup a raté. Manuel Valls a pris les usagers en otage pour se faire bien voir de la Commission européenne. Puisse-t-il le payer le plus cher possible !
Après les élections ? C'est le tour de la lutte
Les trois réunions de conseils nationaux ce week-end portent loin. Elle tendent a constituer un nouveau paysage dans la gauche politique. Les Verts ont donné la consigne de ne pas voter le collectif budgétaire du gouvernement, c’est-à-dire l’inepte pacte de responsabilité. Quand on vote contre le budget, qu’est on, sinon dans l’opposition ? Ainsi, d’un seul coup, quels que soient, pour finir, la réalité et le nombre des votes négatifs des députés Verts, l’opposition de gauche s’élargit d’un parti supplémentaire. Il y a trois mois, ce parti était membre du gouvernement….
Le conseil national du PCF a produit un texte qui m’a enchanté. En effet, il approfondit la convergence sur le fond doctrinal avec les thèses du Parti de Gauche. Dans un moment où nombreux sont ceux qui prennent un malin plaisir à souligner les divergences et à essayer d’envenimer les débats, cette convergence est un bien précieux. Lors du dernier congrès communiste, les délégués ont déjà adopté la thèse de la « révolution citoyenne ». Je n’en reprends pas ici la description. Mais je crois que je peux rappeler ceci : il ne s’agit pas de nommer sans le dire l’ancienne idée de « révolution socialiste ». Il s’agit d’autre chose. Le mot nomme le processus qui met en mouvement pour « prendre le pouvoir dans tous les domaines du quotidien » un acteur nouveau. Cet acteur, c’est la population urbanisée, ou vivant en mode urbain, en condition salariale ou précarisée ou durablement sans emploi, pauvre ou incluse dans le circuit du système. Une telle révolution se donne pour objectif et pour méthode la démocratie partout et jusqu’au bout, au service du bien de tous. A noter que ce processus se dote de ses propres organes d’action : le comité citoyen ou l’assemblée citoyenne. A ne pas confondre avec une assemblée de base du Front de gauche. En effet, il s’agit ici d’une assemblée de tous, quelles que soient les opinions, quels que soient les votes, en vue d’une appropriation collective d’un problème a régler. Nommer cet acteur est décisif. Il s’agit du « peuple », concept qui inclut le salariat mais ne s’y réduit pas puisqu’il intègre tous ceux que la condition urbaine met en situation d’interdépendance.
Je demande qu’on me pardonne ce résumé abrupt et somme toute assez abstrait. Mais sans doute nombre de mes lecteurs qui suivent mes réflexions sur ce thème y retrouveront un écho de leur propres analyses. Le concept de peuple fut âprement discuté, et je fus copieusement affublé de l’étiquette de populiste pour cela. L’idée de « Front du peuple » se déduit de cette description. Elle ne nie pas la centralité du conflit pour le partage de la richesse ni la place singulière de la lutte en entreprise sur ce terrain. Elle en élargit le domaine d’application à l’ensemble des questions de la vie commune, que l’on soit salarié ou pas. Ce qui importe ici c’est le mode de vie et la relation d’interdépendance étroite entre individu à travers, par exemple, les prestations communes des services publics, ou de l’extension du domaine de l’interconnexion des individus entre eux. Le « Front du peuple » est donc un mot d’ordre pour tous et en tous lieux. Il unit dans un même mouvement la participation politique traditionnelle des partis mais aussi des syndicats, des associations, des secteurs informels, mais surtout des comités et assemblées de citoyens librement associés dans l’action. On est loin de la formule du « Front populaire », traditionnellement réduit à un cartel d’organisations politiques. Une convergence sur un tel espace idéologique est, à mes yeux, essentielle. Plus nous parlerons la même langue, plus nous avancerons facilement ensemble pour comprendre et agir. C’est par la compréhension commune que l’action commune se renforce le plus vite et le plus profondément. Il est encourageant que, sans concertation préalable, nos deux résolutions de Conseil national s’achèvent par la même référence au « Front du peuple ».
C’est pourquoi je veux rappeler comment notre texte conclut : « Voici notre conviction : le pire de la crise ne serait pas les ravages qu’elle provoque. Le pire serait que nous renoncions à en tirer le moyen de faire naître un monde nouveau, libéré des causes des malheurs du présent. Le Parti de Gauche tiendra son poste de combat. Il se donne les moyens de son développement autonome. Mais il sait que rien n’est possible sans que naisse une union large de tous ceux qui ont compris le danger et le besoin d’en finir avec la politique austéritaire. Et bien davantage encore, rien n’est possible sans qu’un Front du peuple ne se lève pour congédier l’oligarchie, préparer les « jours heureux » et avancer vers l'écosocialisme, seul horizon viable de l'humanité. ».
Ce projet d’une action en vue de la construction d’un « Front du peuple » nécessite sans aucun doute bien des discussion pour en approfondir le sens, les voies et les moyens. Je n’y viens pas à cet instant. J’aurais pourtant bien envie de montrer comment nos marches politico-sociales, et notamment celle du 1er décembre contre l’augmentation de la TVA et pour la révolution fiscale, en ont déjà dessiné les contours. Je ne viens à présent que sur un point. La question de cette construction politique et celle du rapport du Front de Gauche aux dissidents socialistes et Verts. La réunion de mes amis en Conseil national, m’a rendu le service que j’en attendais : y voir plus clair. Un point en particulier m’a frappé. Quelque chose que je n’avais pas vu, du fait de mon implication personnelle dans les discussions avec les partenaires institutionnels de la gauche. Beaucoup me mettent en garde : les regroupements de groupes et partis politiques ne sont pas l’essentiel à cette heure. Il existe une lame de fond de rejet de tout ce qui touche à « la politique ». L’activité de ceux qui veulent tourner la page de ce système ne doit surtout pas donner l’impression de résumer sa préoccupation à la préparation d’élections et aux alliances qui vont avec. J’entends ce message et je crois qu’il touche juste. Surtout si l’on tient compte du fait que les « dissidents » socialistes et Verts sont pour l’instant plus forts en mots qu’en actes. Ils ne sont donc ni le centre du monde ni « les nouveaux héros de la lutte des classes », comme le disait Pierre Laurent à propos de Kerviel. Beaucoup d’entre eux veulent surtout négocier des corrections à l’intérieur de la trajectoire définie par le gouvernement. Non, le cœur du moment est dans l’action de combat et dans les luttes à épauler et conforter autant qu’on le peut. C’est là qu’est le moteur du Front du peuple que nous voulons faire émerger. Et c’est là que va se jouer l’année qui vient. Le message venu du terrain est clair : on ne répond pas à l’écœurement général pour la scène politique en donnant l’impression d’ajouter des épisodes à la farce ! Que les dissidents de toutes sortes fassent mieux que grogner et se plaindre. Qu’ils agissent, qu’ils rompent les rangs, qu’ils renoncent aux arrangements politiciens. C’est l’urgence. Tout doit être fait pour les y aider. Mais c’est à l’aide aux luttes de terrain qu’il faut s’appliquer. Plus le front social sera actif, plus la scène politique sera ébranlée. L’un commande l’autre à cette heure.
@Michel Matain (199-201), Poncet (200)
Marcuse en 1968 avait constaté que le vol des mots allait devenir un frein au processus révolutionnaire. Il a écrit " 1968 sera la dernière critique efficace du capitalisme". Le mot travailleur a été remplacé par salarié, le mot pauvre par exclus. Le travailleur travaille, le salarié est un fainéant qui ne fait qu'attendre son salaire, le pauvre est pauvre parce qu'il y a des riches, l'exclu, lui, s'est exclu lui même ou alors il n'a pas eu de chance. Les mots sont mis dans leurs nouveaux contextes par des linguistes, ensuite c'est dans les médias qu'on les dévoile au grand publique, et enfin les hommes politiques réacs les utilisent. Il faut se réapproprier les mots, le mot gauche ne devrait plus désigner le PS, les élus PS, les ministres ou le président PS. Il faut crier haut et fort que ce sont des gens de droite, qui mènent une politique de droite.
@ Michel Matain 201.
Parler et revaloriser le terme "socialisme" est essentiel, en effet. Par contre, que vaut une culture "socialiste" dans un pays, voire une Europe où les citoyens, y compris "socialistes", ont totalement perdu leur souveraineté, ne possèdent plus aucune souveraineté ? Le problème ne serait-il pas, malgré tout, de parler de la souveraineté, la recréer, via une nouvelle Constitution, lui donner vie et la faire respecter aux yeux de tous ? Cette souveraineté citoyenne usurpée par les nouveaux colonialistes, ne concerne-t-elle pas une large majorité de citoyens et pour cause. En conséquence, ne serait-il pas plus judicieux et positif de parler de souveraineté citoyenne, de former un consensus autour de cette idée de construction sociale et non libérale ? En synthèse : construire un consensus qui concernerait la quasi totalité des citoyens puisque il permettrait à celle-ci de se réapproprier sa souveraineté intrinsèque.
Qui peut définir le peuple en cette période ? C'est un mot qui n'a pas de consistance claire il n'y a aucune cohésion.
@ Matain et Poncet
Nous pouvons déjà contrer ceux qui utilisent sans cesse la novlangue libérale. Sur ce point, je trouve que les journalistes face à Jean-Luc font gaffe. Ils parlent plus de "cotisations" sociales, alors que la langue les démange pour dire "charges sociales". Alors de notre côté ne laissons rien passer : CFDT, Medef ne sont pas pour nous des "partenaires" sociaux. Je reste usager des services publics pas client. Si je fais gréve, je ne prends pas "en otage". Etc.
Pourquoi à tout crin vouloir se ré-approprier des mots qui ont été galvaudés, détournés et trahis comme communisme ou socialisme qui ont été meurtris tout comme le mot gauche qui ne signifie aujourd'hui que trahison et félonie, celui de droite n'étant pas mieux loti étant étroitement confondu avec magouille et fric.
Tournons nous vers des mots qui sont encore propre tel qu'humanisme, écologisme ou universalisme. Oublions le mot front qui projette à son devant la haine de l'autre et la xénophobie, ou associons le à un autre mot que celui de gauche qui est lui porteur de reniement et d'austérité par celui de prolétaire et non par celui de peuple dans lequel notre ennemie, la bourgeoisie, est comprise. Définition très argumentée dans mon blog de la fonction d'un " front ".
Ou sont les députés frondeur du PS chers à G.Filoche ? La reforme ferroviaire à été voté largement, sauf le FdG. Ça continue...
A la lecture des derniers commentaires en réponse à Michel Matain, un frisson d'espoir renaît en moi, c'est bon !
Oui les mots liés au socialisme nous appartiennent, il s'agit là de notre langue avec laquelle nous cherchons à convaincre. Jusque dans les années 70 des écoles de formations existaient au PCF, cellules, sections, fédérations, et centrale mais aussi une qui mettait sur la voie du communisme d'Etat l'école internationale de Moscou définitivement morte en 93. Il convient de rappeler les paroles de Jean-Luc concernant toutes les erreurs du passé, nous assumons tout. Notre voie à nous c'est le socialisme dans et pour la VIeme République. Si nous nous accrochons aux tâches qui nous incombent nous construirons de partout en moins de 10 ans peut être des structures de partout ou les salariés sont exploités. Déclarer la guerre à la misère morale et matérielle dans le monde là est notre combat. Dans ma langue, les mots Patrie, drapeau tricolore, hymne national, valeurs de la Révolution, DDH sont des notes qui chanteront toujours en moi.
Amitiés partisanes
@archerducher
"Où sont les députés frondeur du PS chers à G.Filoche ? La reforme ferroviaire à été voté largement,"
Effectivement 274 députés PS (puisque 2 se sont dédiés d'avoir voté contre) ont voté pour et avec toutes les voix (17) d'EELV. Reste à connaître les amendements retenus dans la loi et déposés par le FdG. On peut penser que le résultat n'est pas brillant eu égard au vote contre du FdG.
Les députés PS, y compris "frondeurs", votent pour la contre-réforme ferroviaire qui prépare l'ouverture à la concurrence. A côté du petit geste de Hollande et Valls sur Alstom en direction de Montebourg, qui a mis sa démission dans la balance, les politiques PS ont dû accepter de jouer la carte de l'unité sur d'autres décisions. N'est-ce pas cela que Jean-Luc appelle dans la dernière émission de France inter en lien la pratique des "combinaisons politiciennes" dont il ne veut pas ?
Faute d'un projet qui puisse réussir et qui soit progressiste, le PS et des EELV associés, n'ont plus que cet horizon de survie électorale présentée également par Jean-Luc devant les journalistes muets : tout faire pour maintenir le FN au second tour des futurs scrutins dont la présidentielle. Dans ce cas, n'importe quel candidat fera l'affaire, Hollande, Royal ou même Tapie. C'est cela la politicaillerie de la Vième pourrissante et du PS implosé par Hollande.
Jean Luc Mélenchon, comme nous tous, a demandé aux députés frondeurs du PS des actes après leurs paroles. Eh bien voila, c'est fait, tous pour la réforme du rail, il n'y a rien a espérer des ces gens là.
Pourquoi ne pas commenter plus amplement le mouvement de grève des cheminots en Suède qui a duré deux semaines sous régime privé ? Il faudrait faire attention de ne pas avoir un retard à l'allumage, question guerre lexicale, sur le type de contrat scandaleux qu'est celui du "zéro heures" qui sous la plume du Figaro a perdu son nom, mais se retrouve déguisé d'une justification flattant le contribuable, peu importe ce que subiront le travailleur, le citoyen et l'usager.
« L'alternative est de laisser le contribuable payer pour une situation dans laquelle 65 employés sont à temps plein, même si en pratique ils ne travaillent que 75% à 80% du temps.» Source.
Alors, il faut continuer à tendre les bras et les mains à tous ces ruffians politiques, ces flagorneurs.
Est ce de la cécité ou de la naïveté de votre part Jean-Luc, je refuse de le croire. Que pouvez vous encore espérer de ces gens qui n'ont pas de parole et sont inféodé au blaireau de l'Élysée. J'étais de gauche (PG), comme d'autres sont de droite, honnêtement. Mais aujourd'hui ces appellations nous font honte aux uns et aux autres, elles ont été souillées. Pauvres idiots que nous sommes et qui n'acceptons pas à gauche comme à droite d'avoir été trahis par les nôtres, par tous les nôtres sans exceptions depuis plus de 40 ans, par ces élus à qui nous avons donné notre confiance. Deux questions m'obsèdent maintenant, jusqu'où iront-ils ? Et combien de temps cela prendra ?
Certains ont pris la mauvaise direction, celle du FN, c'est à eux qu'il faut parler en priorité, et leur dire qu'il n'y a qu'une seule réaction qui puisse nous sauver, elle a été commencé en 1789, à l'époque il n'y avait ni gauche ni droite, c'était la révolution elle nous a été volée par la bourgeoisie, reprenons la lui et finissons notre révolution inachevée. Prolétaires debout !
Si apres ces votes "prévisibles", le PG et sa direction continuent à nous proposer des "ouvertures" vers quelques politicards ou parti que ce soit, il va bien falloir quitter aussi cet enfumage là. L'humain se trouve chez le peuple et donc forcément hors des partis de la Veme. Clair. Sur ce, bel été à tous, avant une quelconque VIeme République démocratique... plus qu'hypothétique désormais.
" Les politiques d'austérité ne marchent nulle part"
Que ce soit sous des gouvernements de droite, de facho, ou de gauche, l'histoire nous montre que c'est un fiasco. Les pays d'Amérique du Sud, la Pologne, l'Afrique du Sud après l'apartheid, sont un exemple. Leurs politiques d'austérité faites en reniant leur principe idéologique tel la "charte des libertés" pour l'Afrique du Sud, ou en faisant confiance à Sach et G. Soros en Pologne, en se contredisant avec le mouvement "Solidarité" ont mené ces pays dans le mur. Au lieu de d'axer la politique sur la redistribution des richesses, sur la politique de la demande, nos socialistes acceptent la logique dominante selon laquelle il faut de la croissance, et pour cela attirer les investisseurs étrangers. Ils définissent la politique économique en tenant compte de la réaction probable des marchés. Nous n'avons plus de souveraineté économique et par conséquent de choix politiques, dans le vrai sens du terme. Il est urgent de sortir du raisonnement fataliste. Pour cela, il faut un autre pouvoir, d'autres hommes capable de lier le politique avec l'économie.
Pourquoi les députés solfériniens, "frondeurs" et godillots réunis, ont-ils voté pour la libéralisation du rail ? Voici la réponse. Parce qu'ils sont pour, tout simplement. Et pourquoi sont-ils pour ? Parce que ce sont, pour l'écrasante majorité d'entre eux, des néolibéraux convaincus, tout simplement. Comme le sont leurs "chers collègues" UMP et UDI, tout simplement. Pourquoi les députés EELV ont-ils aussi voté pour ? Parce que ce sont des européistes convaincus, quasi religieux pour certains, qui considèrent que la construction européenne prime sur tout le reste, quitte à avaler de grosses couleuvres néolibérales, perçues par eux comme d'inévitables dégâts collatéraux du rêve européen.
Tout cela n'est guère encourageant, c'est vrai, mais mieux vaut regarder la réalité en face que de se nourrir d'illusions. Car la majorité rose-rouge-verte, dont certains frondeurs de sa Majesté nous rebattent les oreilles, pourrait bien n'être qu'un stratagème pour accrocher du rouge au char néolibéral rose-vert.
Super JL Mélenchon sur Tous Politiques. Des journalistes plus calmes mais au combien nuls surtout le jeune loup, Marc Fauvelle. En plus France Inter a été volontairement plus que nul en tardant sérieusement à rediffuser l'émission, et pour cause !
Pour le sigle remplaçant éventuellement le FdG, nous pourrions penser à ANR (Alliance Nationale Résistante), émanation de CNR (Conseil National de la Résistance) et pour l'étranger ANC (African National Congress) Afrique du Sud. On peut dire que les deux ont été porteur et succès d'avenir.
Il faut parfois savoir ouvrir les portes et les fenêtres. Des rencontres comme celle d'aujourd'hui entre FdG et EELV je n'y crois guère. Emmanuelle Cosse se place encore dans la majorité et Pierre Laurent a ses sénatoriales a assuré. Autant dire que la solution ne sortira pas de négociations lestées par le carriérisme. L'unique salut viendra des militants de base qui n'ont rien à vendre et personne à acheter. Juste des idéaux à partager et des luttes à mener, souvent de façon naturellement unitaire. Je conçois que ca ne soit pas facile pour un petit parti comme le mien de le faire, mais il est urgent d'organiser de grandes assises de la gauche anti austeritaire et écologiste, partisanne et non partisanne, citoyenne. C'est le PG qui doit s'y atteler car au carrefour des idées de cette gauche, et c'est vous Jean Luc qui devez fédérer pour ce remue méninges ouvert, vous avez si bien su rassembler pour les marches.
Heureusement que tu es là Jean-Luc, pour porter une parole crédible. Ils t'insultent tous, mais que proposent-ils de mieux ? Rien ! Et que répondent-ils à nos idées ? Rien !
@jean a marre
"Les politiques d'austérité ne marchent nulle part. Que ce soit sous des gouvernements de droite, de facho, ou de gauche, l'histoire nous montre que c'est un fiasco."
Faux! Ce n'est pas un fiasco pour ceux qui courent après le taux de profit. Le fiasco c'est pour nous et nos enfants. JL Mélenchon l'a dit le 25 mai, dans sa conférence de presse démontrant par l'histoire que leur solutions sont toujours désastreuses pour le peuple. La primauté du vice (moteur du libéralisme) sur la vertu ne peut pas générer autre chose que la liberté (qu'ils dressent comme des étendards) d'agir comme des sauvages. Ils pensent que l'intérêt individuel concoure à l'intérêt collectif. CQFD.
@françois 70
"Pourquoi les députés solfériniens, "frondeurs" et godillots réunis, ont-ils voté pour la libéralisation du rail ? Parce qu'ils sont pour, tout simplement."
Non ! Parce qu'ils sont députés PS. Et qu'ils ont avalé l'histoire du dialogue social à préserver avec la CFDT, ils ont avalé aussi ce qu'ils prônent depuis Maastricht (1992) à savoir que l'Europe ne doit pas être vilipendée. Pour ne pas froisser J. Delors.
De toute manière soyons clair le rêve de l'Europe est l'exploitation. Comme le rêve de tout autre pays (très sincèrement je n'ai pas lu tout le billet de Mélenchon, mais je le respecte comme je respecte François Hollande, et aimerait bien entendu le voir activement participer a ce gouvernement avec un poste de ministre). Et si ce scénario ne se joue pas avant la fin de ce quinquennat, on risque d'être vraiment dans la "m****"! On a tout en France pour être bien. Il suffit effectivement d'équilibrer les richesses sans avoir peur de celles-ci, qui ne sont que de la poudre aux yeux, et qui humilient les valeurs citoyennes et républicaines !
Jean-Luc a donné quelques détails sur la rencontre EELV / Front de gauche, aussi je partage les interrogations soulevées par beaucoup. Qe peut-on tirer de ces positions qui continuent à coller à ce que j'appelle la nouvelle droite ? Doit-on encore croire à leur évolution ? Pour ma part je pense qu'il nous faut en tant que PG avancer nos propres solutions et montrer que nous pouvons changer cette politique dans l'immédiat et à plus long terme. On ne peut continuer à perdre notre temps avec des carriéristes attachés à cette Europe de la Finance, qui vote les privatisations du rail et du reste. On est en droit de se demander si la poursuite de la montée du FN n'arrangerait pas leur affaire pour crier au loup et espérer faire rentrer tout le monde au bercail. Autre inquiétude quand on entend les propositions d'un Fillion qui fait la surenchère sur Hollande pour aller encore plus loin il est vraiment urgent de secouer le cocotier. Souvenez-vous de Zapatero en Espagne. Nous y sommes les plus sincères pour le faire et entrainer et apparaître davantage.
Bonjour, camarades et militants.
Je pense que les Français attendent du concret de notre part et des propositions directes à leurs préoccupation quotidiennes. Si par exemple, pour désigner le PS, nous l'appelions Goche, avec une faute d'orthographe volontaire, et nous, la vraie gauche, sans faute d'orthographe. Cela permettrait aux ouvriers qui nous demanderaient d'où viens la faute d'orthographe de bien faire la distinctions entre les solfériniens et nous, et ainsi ramener l'adhésion générale à notre programme, et par incidence faire reculer le Front national !
Fraternellement.