22août 14

A l’école de Grenoble

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Je suis à Grenoble pour participer au Remue-Méninges du PG. Comment aurais-je pu ne pas participer aux commémorations de la Libération dans cette ville hors du commun pour ce qui est de l’esprit de Résistance et du goût révolutionnaire pour la liberté ? Grenoble, c’est le début de la Révolution française qui joua, dès 1788, la répétition générale de ce qu’on verra en 1789 à Paris. Grenoble s’est libérée elle-même de l’occupant allemand. Grenoble, sous le plateau du Vercors, était la capitale de tous les maquis, et il s’y concentra l’équivalent des effectifs d’une armée que les Allemands ne parvinrent pas à détruire quoi qu’ils aient infligé un martyr collectif à toute la population environnante, qui ne céda pas non plus.

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La Libération est le fait de l’action de la population, de la Résistance et du 1er Bataillon parachutiste de choc de l’armée d’Afrique du nord, qui avait été créé en 1943 dans le village de ma mère, à Staoueli, en Algérie.

Plus récemment, Grenoble d’Hubert Dubedout fut la première ville de la nouvelle gauche des années 1970. Elle est actuellement le laboratoire de la nouvelle gauche du XXIe siècle, qui a réussi à mettre en déroute à la fois les revanchards de droite et la coalition de la vieille gauche traditionnelle bureaucratisée et sans imagination.

J’ai trouvé si beau et si fort le symbole de cet instant ou l’on chanta à la fois le chant des Partisans et, à pleins poumons, la Marseillaise ! Mes amis en ont fait quelques images, et j’espère qu’on y voit combien j’étais heureux de cet instant partagé avec Eric Piolle, le maire de Grenoble, et Elisa Martin, son premier adjoint.

Interview publiée dans le Dauphiné Libéré le jeudi 21 août 2014

 

IMG_5156Le Dauphiné - On avait lu au début de l’été que vous souhaitiez prendre du recul, or vous voilà à Grenoble pour les universités d’été du Parti de gauche…

« Disons qu’il y a eu un emballement médiatique sur une de mes phrases. Je ne me mets pas en retrait du combat politique. Je dis juste que je ne veux plus être englué dans la bagarre politicienne. Je n’en ai plus le goût et ce n’est pas ce que les Français attendent de moi. Quand on voit l’état d’effondrement de la gauche, littéralement plombée par François Hollande, il est temps de mener une vraie réflexion, préparer les bases de l’alternative. Vous savez : notre heure viendra, et il faut que nous soyons prêts à gouverner. »

Le Dauphiné - Dans votre réflexion, allez-vous aussi analyser vos échecs électoraux ?

« Je ne ferai jamais semblant, comme les autres. Je sais reconnaître les échecs. Oui nous en avons subi un très sévère aux Européennes, et il faut en tirer les leçons. Il faut se demander pourquoi on a été incapables de créer une dynamique, pourquoi on a été incapables de rassembler nos électeurs. Se demander aussi comment nous nous sommes rendus à ce point illisibles ? »

Le Dauphiné - Une réponse à cette dernière question ?

« L’exemple des municipales de Grenoble, où une partie du Front de gauche a choisi de couler avec le PS, est un miroir grossissant de la situation nationale. La technique des dirigeants du PCF – qui tantôt prônaient l’alliance avec le PS, tantôt se sont approprié le Front de Gauche, a dissout notre message.
Et quand Pierre Laurent décide de se rendre aux universités d’été du PS, c’est aussi, à mon avis, une erreur. La Rochelle, ce festival des vanités ! Et ça l’année où Manuels Valls traite d’irresponsables tous ceux qui, à gauche, ne pensent pas comme le gouvernement ? Notez : pour moi, la question d’aller ou pas à ce rendez-vous ne s’est pas posée, car je n’ai pas été invité ! Tant mieux. Être bien vu du PS, c’est être mal parti. »

Le Dauphiné - Le Front de gauche est-il mort ?

« Le Front de gauche a été un acteur majeur de la dernière présidentielle, donc un tel acquis ne doit pas être dilapidé. Mais le Front de gauche souffre actuellement de n’être qu’un cartel, sans participation populaire. Vous savez, le système actuel n’a pas peur de la gauche, mais il a peur du peuple. Le Front de gauche doit cesser ses palabres entre dirigeants et se tourner vraiment vers le peuple, et le fédérer. Il y arrivera sur des perspectives fortes de rupture avec le système. Il faut trouver les moyens d’en finir avec la monarchie républicaine. Il faut mettre en route la VIe République et la Constituante, cette assemblée dont le travail sera de réorganiser tous les pouvoirs, avec le peuple. »

Le Dauphiné - Un exemple d’action de cette Constituante ?

« Donner aux électeurs la possibilité d’un référendum révocatoire qui leur permettrait de décider si tel ou tel élu peut rester en place. Cela existe au Venezuela ou aux États-Unis. En France, ce serait une vraie bombe contre le système actuel. Et la politique en serait changée du tout au tout. »

Le Dauphiné - Si cette rupture n’arrive pas ?

« Si cette rupture n’intervient pas, ce pays, qui a le sentiment de tout avoir essayé, pourrait être tenté de tout casser ou de laisser l’extrême droite gagner comme aux européennes… Mais on peut redonner confiance à ce pays, en stoppant les discours déclinistes qui ne correspondent en rien à sa réalité. Des discours qui viennent de certains médias et de ce gouvernement piteux. Hollande a installé le pire gouvernement du Cac 40 ! Un gouvernement qui court après Pierre Gattaz, le patron pleurnichard du Medef. »

Le Dauphiné - François Hollande a toujours tout faux?

« Je le disais déjà il y a deux ans. Et mon diagnostic était le bon. Sa politique de droite, basée sur l’austérité, ne pouvait que générer de la récession. Je ne suis pas devin, il suffit de lire ce qu’écrivent les plus grands économistes de gauche. Mais Hollande a préféré faire du zèle face à l’Europe, être le bon élève de Mme Merkel. Cela a d’ailleurs déchaîné l’arrogance du gouvernement allemand à notre égard comme jamais, alors qu’on n’a pas de comptes à lui rendre et que le modèle économique allemand est inapplicable en France. »

Le Dauphiné - Il y a quelque temps, vous tendiez la main aux écologistes en citant l’exemple des municipales à Grenoble.

« Ce qui s’est passé à Grenoble est une anticipation qui me fait rêver. L’anticipation d’une gauche sortie des clous de la traditionnelle alliance avec le PS, d’une gauche inventive, d’une gauche fière d’innover et de proposer autre chose. On ne doit pas voir ce qui s’est passé à Grenoble comme une simple péripétie locale. C’est un sentiment qui monte au sein des militants écologistes, je crois. »

Le Dauphiné - Au début de l’été, une polémique a touché le maire de Grenoble Eric Piolle, sur les actions qu’il détient dans une entreprise basée à Singapour et qui a des clients dans des paradis fiscaux. Qu’en avez-vous pensé ?

« Tout le monde peut avoir des voisins de paliers peu respectables, sans être responsable de leurs actes. Je pense juste que cette polémique a été une façon misérable de chercher à lui nuire. En ce qui me concerne, ma confiance en Eric Piolle est intacte. »


159 commentaires à “A l’école de Grenoble”
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  1. educpop dit :

    Dans son discours de Grenoble, (qui ne ressemble en rien à un autre discours connu dans la même ville), Jean-Luc Mélenchon parle de l'hypothèse qui faut éviter pour 2017. C'est à dire un affrontement entre une représentante de l'extrème droite et un représentant de la droite au 2ème tour. Convoquer le peuple aux élections par un appel pour une nouvelle constitution semble difficile à réaliser à tous ceux à qui j'en parle depuis 2 jours. Le pari consisterait donc à s'appuyer pour cela sur une action médiatisée d'un champion, sinon le désintérêt persistera. Les évènements se précipiteront peut-être bientôt et dans ce cas c'est l'hypothèse d'un renforcement de l'ordre qui pourrait se vérifier. Jean-Luc Mélenchon veut prendre les devants, il faudra une détermination encore plus grande que celle qui s'est manifestée jusqu'à maintenant ! Il faudra que les militants soient prêts à l'action comme il l'a dit. Il faut donc parler maintenant de quelles actions il s'agit.

  2. Rogé Alain dit :

    Le front de gauche est le dernier espoir contre la violence sociale qui rythme nos société moderne. Plus rien à espéré du coté des sois disant socialiste pour contrarier l'organisation de la déchéance de nos vies voulu par un petit nombre. Jaurès doit se retourner dans sa tombe.

  3. Claude dit :

    La gauche cela ne veut plus rien dire, puisque actuellement elle vient encore de trahir, comme depuis toujours dès qu’elle accède au pouvoir. Ce vocable de gauche ne peut plus rassembler. Alors pourquoi ne pas abandonner cette étiquette et vous déclarer comme parti Républicain et/ou Démocrate. Cela parle mieux de vos objectifs d’une souveraineté du peuple qui a délégué tous ses pouvoirs à une oligarchie méprisante qui fait pire que Rois et noblesse, en vivant de même manière dans les mêmes palais. Une élection épisodique et tout échappe à l’électeur, le citoyen. Quittez cette marque « Gauche » et redéfinissez votre identité, sinon vous coulerez avec elle, cette gauche qui a fait le lit de l’extrême droite dans les classes populaires et moyennes.

  4. Maddy COLLONGE dit :

    Jean-Luc, Martine ont eu raison de démissionner de la co-présidence du Parti de Gauche, pous se consacrer avec beaucoup d'autres camarades à mettre en place la constituante base de notre 6ème République. Nos idées gagnent du terrain, il n'y a qu'à se rendre compte que toutes les prévisions de notre candidat se sont avérées justes ! Mêmes des journaleux sont obligés de le reconnaitre. Alors si les circonstances nous y obligent au vu de la dégradation permanente de nos conditions de vie, nous descendrons dans la rue, exiger que les demandes du peuple soient prises en compte. Et plus de compromis possible avec celles et ceux qui nous prennent comme des moutons, tondre notre laine puis nous manger !

  5. cogilles dit :

    La lutte des classes ce sont les nantis via le grand patronat et le secours des gouvernements successifs qui la mènent et malheureusement ils ont marqué beaucoup de points. Alors lorsque j'ai ecouté les questions des journalistes a Jean Luc Mélenchon sur Europe 1, cela ne m'a pas surpris qu'ils aient cette hantise de l'insurrection même civique et qu'ils récusent l'idée même de constituante et de referendum revocatoire, l'idée d'une nouvelle constitution élaborée par le peuple. Les chiens de garde veillent. Le temps du grand coup de balai à tous les niveaux est venu.

  6. Georges 69 dit :

    Bonjour à toutes et tous
    Selon moi et je crois ne pas me tromper, fédérer le peuple cela veut dire créer des comités de défense de la République et de ses valeurs de partout sur le territoire national et pour cela nous avons 2 ans et un peu plus pour en arriver à l'insurrection civique qui imposera en 2017 la VIème république sur des bases sociales nouvelles. Forts de nos déceptions des municipales et européennes, avides de victoires à remporter, je crois, je suis certain que nous allons mener ce combat comme une dernière chance qui s'offre à nous. J'ai plusieurs fois cité Georges Guingoin, le Préfet du Maquis, comme d'autres l'ont cité, je pense aussi à Yves Farge (voir le net) en 44 j'avais 11 ans il était pour moi comme un dieu, je crois aux vertus du peuple trop souvent bafouées. Pour ce qui concerne le FdG, bien entendu pour la création de la VIème nous ne refuserons personne, s'il y a lieu le peuple de partout désignera ses porte-paroles des comités.
    Merci Jean Luc, merci à tous ceux du bureau PG et tous les autres qui avez produit cette belle page de notre Histoire à Grenoble.

  7. Jean-Pierre dit :

    Le PS est très clairement le corbillard de la gauche. Ses pseudos frondeurs rentreront bientôt à la niche pour ne pas abandonner leur os du cadavre à ronger. Et ce parti, depuis toujours mâtiné de droite à la moindre approche d'une crise, pourra prochainement, à l'image de ses aïeux (la liste serait longue à énumérer), prendre ses quartiers à Vichy ou à Alger. voire à Montretout, pourquoi pas. Le réalisme dont on nous rebat les oreilles de toutes parts, y compris et plus encore chez ceux qui persistent aujourd'hui à se revendiquer d'une prétendue majorité, n'est que l'aveu édulcoré d'une collaboration très engagée auprès des oligarchies financières quelles qu'elles soient. Dans toutes ses configurations, la capacité de résistance reste notre seule propriété.

  8. Guy-Yves Ganier d'Emilion dit :

    Je me fais le relais d'une analyse qui me paraît pertinente. Développant l'idée "Notre candidat sera la VIe République", l'auteur apporte des détails sur la façon de subvertir le système en militant dès à présent auprès des forces de progrès (mouvement social, alter, écolos, partis de gauche de gauche) pour amener en 2017 un candidat commun, non-partisan (voire tiré au sort!), détaché de tout aspect programmatique, et porteur d'un mandat unique et impératif: la mise en place d'un processus constituant pour un changement de régime. Ce qui n'empiète pas sur les combats propres des forces en question, ne leur demande pas de régler leurs divergences idéologiques ou programmatiques, et surtout, ouvre la possibilité d'une discussion profonde dans l'espace public.

  9. chevalier dit :

    Comment peut on continuer à vouloir faire alliance avec les Verts et le PC qui ne remettent pas en question l'ordre juridique européen ni l'euro (Cf.La gauche radicale et ses tabous - A Bernier). L'analyse d'A Bernier est que le FdG ne progresse pas car il ne dénonce pas clairement le maintient de l'euro et ne soutient pas tout aussi clairement le retour à la souveraineté nationale. Ceci semble t'il à cause d'une volonté de compromis avec les communistes notamment qui n'ont jamais été écologistes et qui ménagent la chèvre et le choux avec les socialistes. Quant aux Verts comme les "apparatchiks" du PC, ils soignent leurs petites carrières politiques. Il s'agit de "boulets" dont j'espère vous pourrez vous débarrasser en créant une formation hors du FdG ! Enfin les gens, non militants, considèrent vos colères comme un signe de "manque de sérieux" : il ne faut pas transiger sur le fond mais peut être sur la forme ? Une autre piste de remise en question ? Merci de nous donner espoir dans de ce désert moral des classes dirigeantes.


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