08oct 14
Mon livre « L’ère du peuple » arrive en librairie. Je vis donc dans la tension de l’attente. Quel accueil va lui être réservé dans sa première semaine, cruciale pour les observateurs ? J’avais donc prévu un moment de calme et de fraternité avant la fournaise qui m’attend. Je suis allé dans les Hautes-Pyrénées pour un banquet républicain et une visite de la centrale hydro-électrique de Pragnères. Pendant ce temps, ce dimanche-là, la droite se préparait à descendre dans la rue poussée dans le dos par Valls. Les frondeurs socialistes affichaient leur volonté de « rassembler la gauche » en tenant trois réunions concurrentes. De mon bureau on m’annonça que nous avions largement dépassé les quarante mille signatures au Mouvement Sixième République. Mais j’avais la tête ailleurs. Pour moi, le moment le plus suave, et pas forcément le plus long, fut celui que je passai sur le plateau du Saugué dans la montagne.
Là-haut, le soir commençait à descendre et le fond de l’air fraichissait gentiment. Au bout du regard, sur l’horizon, le cirque de Gavarnie barrait le chemin des yeux. La prairie qui s’étendait là avait un air tellement coquet, tondue comme une pelouse des beaux quartiers. Je voyais les brebis la brouter avec application. A mon approche, elles s’enfuirent en vague comme c’est leur lamentable habitude. Je restai coi car il n’est pas bon pour elles de faire courir les brebis. Si l’ours nous regardait depuis les bois au loin, il devait bien rire. Ici les gens le haïssent. Le soir, à la table du repas amical dans le gite superbe où l’on dina, j’ai eu droit au réquisitoire argumenté des petits éleveurs amers.
Avant d’aller au gite, j’ai bu ce qui restait de lumière sur l’horizon tranquille d’après le feu du jour. Je marchais au pas paisible de Pierre Montoya, compagnon de combat de longue date. Pour la première fois de notre vie, je faisais avec lui une conversation sans enjeu sinon cette amitié si spéciale que se portent souvent ceux qui militent pour la cause depuis longtemps. La dentelle des crêtes les plus élevées frangeait le ciel. Depuis le traité de la Bidassoa ces hauteurs délimitent la France et l’Espagne. C’était donc là le bout de « par chez nous ». Par là passèrent les maquis et Résistants républicains espagnols. Leurs ombres glissent encore sur les pentes. Avant ça, dans la journée, j’avais bien bougé au cœur de ce coin des hautes Pyrénées. D’abord à Viscos, puis dans le canton de Luz Saint Sauveur, en mairie de Gèdre, après la visite de la centrale hydroélectrique de Pragnères. Je vais donc parler ici de la privatisation de ce secteur décidée par Hollande et Valls. Et bien sûr de nouveau du mouvement sixième république naissant. Mais je commence par quelques mots sur le weekend end de la politique officielle : la manif pour tous et les trois réunions séparés des dissidents socialistes divisés qui veulent « rassembler la gauche ».
« Pas de foin pour les martiens » !
La droite dans la rue, quel spectacle ! Ces milliers de gens défilent derrière une banderole des plus étranges : « Pas de foin pour les martiens ». Ou presque. En effet, elle prétend s’opposer à la Gestation Pour Autrui (GPA). Cette pratique étant interdite en France et n’ayant jamais été mise à l’ordre du jour d’aucune loi, comment en est-on arrivé à faire croire à tant de gens qu’il en était question ? D’autant que nous sommes innombrables à y être absolument opposés pour des raisons liées aux fondamentaux de nos convictions de gauche. La marchandisation du corps des femmes, que ce soit dans la prostitution ou dans la gestation tarifée, nous la dénonçons comme un paroxysme de l’inhumanité de l’économie de marché. On peut donc voir comme est habile l’action des fanatiques qui ont intoxiqué tout le petit monde du conservatisme familial. Partant de l’idée que Hollande et Valls sont capables de tout en matière de marchandisation, ce qui est vrai, ils ont réussi à convaincre qu’ils seraient aussi capables de ça. Mettons à leur crédit que Manuel Valls dans le passé était en effet partisan de la GPA comme toute la droite de la « gauche ».
Il est vrai qu’il vaut mieux se méfier de cet homme en permanence et tout autant de son compère président. En effet l’un et l’autre n’ont aucune conviction philosophique particulière. Ils suivent la pente de ce qu’ils croient dominants dans leur petit monde. Hollande était pour le mariage pour tous jusqu’au moment où il déclara que chaque élu agirait selon ses convictions, avant de réaliser qu’un tel raisonnement est la destruction de toute autorité de la loi et de la démocratie. Le vrai mystère n’est pas qu’il ait pu proposer une telle sottise mais qu’il n’ait pas compris avant en quoi consiste la légitimité d’une loi. Valls était pour la GPA du temps qu’il vivait dans les dîners en ville de la bobocratie amie du « droit à l’enfant ». Il est contre depuis qu’il vit dans les agapes des néoconservateurs « pro bizness ». En fait, il n’a pas davantage de convictions sur le sujet qu’il en avait quand il passait du « non » au « oui » sur le traité constitutionnel européen. C’est pourquoi quand il est venu jurer ses grands dieux qu’il était absolument opposé à la GPA il fit le contraire de ce qu’il avait l’air de faire. Il augmentait le soupçon. Il l’a fait volontairement pour donner le sentiment qu’il se mettait à distance d’une option présente à gauche et à laquelle il ferait rempart de son corps. Il a sciemment soufflé sur les braises. De même que ses annonces sur la baisse des prestations familiales étaient une contribution directe à l’alimentation du brasier que les conservateurs allumaient. Les meilleurs aliments du feu de la droite dure sont ces deux personnages en perdition à la tête de l’Etat. En effet, ils ont un besoin pathétique de reconstruire le champ politique entre « méchants et gentils » pour armer la tenaille mortelle du « Front Républicain » dont ils seraient le centre. Les manifestants de dimanche ont donc fourni le bienfaisant fond de scène de tous les cyniques du moment : l’extrême droite traditionnaliste et la droite solférinienne.
En chemin dans les hautes Pyrénées
J’ai brisé la frénésie de mes jours ordinaires. Après Tarbes où j’atterris, partout on m’a reçu comme si j’avais gagné en 2012. Il est vrai que par là-haut, dans ce coin de la montagne, on m’a placé en tête des suffrages à toutes les élections depuis 2009. Le maire de Luz (PRG) et le conseiller général (UMP) étaient eux aussi venus à ma rencontre à Pragnères. A Gèdre, les habitants organisèrent donc un goûter en mairie et le maire Jean-Claude Roudet m’accueillit solennellement avant qu’on m’invite à parler. J’étais là d’abord pour dire et argumenter mon opposition à la privatisation des installations hydroélectriques. C’est pourquoi j’avais rendez-vous à la centrale de Pragnères. Ségolène Royal vient d’annoncer l’entrée en vigueur de cette mesure stupide et dangereuse. Mais en décidant de visiter la centrale de Pragnères, sur le canton de Luz-Saint-Sauveur, je savais que je ne verrai pas seulement un dispositif complexe de cheminement d’eau et de turbinage. J’ai vu une sorte de monument de la religion humaine quand un grand projet mobilise des milliers de personnes persuadées d’agir pour le bien commun. La construction de ce système aux lendemains de la guerre fut une épopée inouïe, avec ses hauts et ses bas, ses luttes sociales et ses cruautés, ses splendeurs et ses exploits. Certes nous ferions autre chose et autrement à présent. Mais on ne peut méconnaitre la leçon de ces enthousiasmes collectifs pour des travaux de pionniers qui reconstruisent une économie. Le moment venu, nous devrons agir dans le même état d’esprit avec l’entrée dans l’économie de la mer.
Je viens à l’actualité du sujet. Hélas le gouvernement Valls prend des décisions concernant les barrages et centrales hydroélectriques de notre pays. Il s’agit de 15% de notre électricité. L’hydroélectricité est la première énergie renouvelable utilisée en France. 80% de la production électrique d’origine renouvelable vient de ces barrages et centrales. Très loin devant l’éolien ou le solaire par exemple. A l’échelle du monde c’est encore plus frappant. L’hydraulique est la troisième source d’énergie derrière le charbon et le gaz mais loin devant le nucléaire ! C’est donc un sujet très sérieux que la gestion de cette ressource stratégique. Et voilà pourquoi il faut encore se lamenter d’une décision inepte de ce gouvernement misérable.
Ouvrir à la concurrence et aux entreprises privées la gestion des installations de production de l’électricité, c’est une bêtise totale, dans la droite ligne du reste des hallucinations des idéologues libéraux. On comprend vite et sans effort que les « partenaires privés » n’investiront pas par philanthropie mais pour tirer des profits. S’ils agissaient autrement leurs actionnaires seraient en droit de les sanctionner et d’arguer, à juste titre, de l’abus de bien social. Ce n’est donc pas leur cupidité qui doit être mise en cause mais plutôt ceux qui leur offrent ce nouveau terrain de jeu sans aucune justification. Aucune ! Personne n’imagine que les investisseurs privés viennent pour faire des investissements. Ni qu’ils seront portés à en faire si besoin est. Car lorsqu’une opération d’entretien est à l’ordre du jour cela coûte deux fois. Une première quand il faut payer les travaux et une seconde pendant l’interruption de l’exploitation. La tendance sera donc toujours de regarder ailleurs quand les symptômes d’usure seront là. L’arrivée des privés dans l’exploitation des barrages et des centrales n’est donc vraiment pas une bonne nouvelle pour la sécurité des populations. Ceux qui vivent aux alentours de ces installations peuvent s’inquiéter. Mais si éloignés qu’ils soient, les autres sont aussi concernés. Car le réseau électrique forme un tout et fonctionne comme un tout.
Je n’évoque pas ici ce qui se passera quand un maillon de la chaine mal entretenu ou mal géré ou faisant du chantage au tarif, devra interrompre sa production. Cette situation on l’a connue car on l’a déjà observée aux USA ou au Royaume Uni. Ce sont alors les maxi pannes. Elles sont inconnues en France jusqu’à ce jour sinon partiellement en période de tempête. J’ai eu l’occasion de prendre la mesure du risque global lors de mon séjour dans les Hautes-Pyrénées en visitant la centrale hydroélectrique de Pragnères. Elle joue un rôle majeur dans la production d’électricité pour la région. Elle est aussi un segment de la régulation globale du système électrique français. Mais elle est aussi un maillon du dispositif de sécurité de la centrale nucléaire du Blayais en Gironde puisqu’elle doit approvisionner en électricité les moteurs de refroidissement de l’eau de celle-ci en cas d’accident. En amont, pas moins de quatre barrages permettent de maîtriser l’alimentation continue en eau de la centrale. Le plus haut est situé à plus de 2000 mètres d’altitude. L’eau circule de haut en bas, et parfois à l’inverse quand il le faut, par des conduite forcée de tuyaux cerclés où des galeries creusées dans la montagne. L’eau jaillit au final à la vitesse de 570 kilomètre heure par une humble conduite de dix-huit centimètres. Celle-ci la projette sur une roue Pelton, petite merveille de calibrage qui fait tourner le rotor de la machine à fabriquer de l’électricité. Je ne donne ces détails que pour faire comprendre plus facilement ce qui va suivre.
Le système électrique fonctionne comme un tout. Il doit fournir à chaque instant très exactement la quantité d’énergie en cours de consommation. S’il en produit moins ou plus, le système plante. Cette gestion fine est cruciale ! Les installations hydrauliques sont les variables d’ajustement du système électrique global. Car le flux de l’eau turbinée est très facile à maitriser selon que l’on doit augmenter la puissance ou la diminuer. Augmenter on comprend. Diminuer ? On le fait par exemple en consommant le trop plein d’énergie produite pour remonter l’eau dans la retenue d’eau. Ou en coupant le flux de production car la machine démarre et s’arrête en quelque secondes. La production d’énergie nucléaire n’a pas du tout cette souplesse technique. Elle produit ou bien elle ne produit pas, et l’arrêt comme le démarrage sont des procédures complexes, lentes et dangereuses.
On voit donc l’enjeu de notre opposition à la privatisation. Car on compte plus de 2000 installations de toutes tailles dans le pays parmi lesquels une grosse centaine de barrages de grande taille, c’est-à-dire de plus de 20 mètres de hauteur. 400 barrages et centrales sont gérés par des entreprises à travers des «concessions» de longue durée. 80% d’entre eux le sont aujourd’hui par EDF. Les autres sont essentiellement gérés par GDF Suez ou ses filiales, héritage du temps où GDF était une entreprise publique. Le gouvernement Valls a donc décidé de brader la gestion de ce patrimoine national. C’est ce que prévoient les articles 28, 29 et 30 du projet de loi sur la transition énergétique actuellement en débat à l’Assemblée nationale. Il prévoit que les futures concessions seront accordées après mise en concurrence. Il prévoit surtout la possibilité d’attribuer la concession d’un barrage à une Société d’économie mixte comprenant des capitaux privés.
Le gouvernement Valls obéit à la Commission européenne. Il l’a d’ailleurs reconnu dès le mois de mai dernier. Valls a écrit dans son « programme national de réforme » envoyé à la Commission européenne : « un renouvellement par mise en concurrence des concessions d’exploitation des installations hydroélectriques sera privilégié. ». A l’époque je l’avais dénoncé dans un communiqué. En matière d’énergie, trois « paquets » de textes européens ont déjà été adoptés en près de 20 ans. Tous visent à ouvrir le secteur à la concurrence, à supprimer les tarifs réglementés, à séparer la production de la distribution d’électricité pour pouvoir mieux vendre chaque morceaux aux plus offrants. Mais la prise en compte de la cohérence des décisions de gestion du réseau global ? Et celle du réseau local quand les usines de turbinage sont installées à la suite les unes des autres sur le même flux d’eau comme c’est le cas avec cette usine de Pragnères ? Et la surveillance du niveau d’entretien des installations ? La centrale de Pragnères, encore elle, a été mise en service en 1953. Il y a 61 ans. Et la concession court jusqu’en 2033 ! Je le mentionne pour souligner l’importance du temps long en matière écologique.
Manuel Valls et Ségolène Royal font le boulot que la droite n’était pas parvenu à faire. Ils reprennent le chemin ouvert en 2010 par Jean-Louis Borloo et l’UMP. Cette année-là, le gouvernement Sarkozy-Fillon avait lancé une procédure afin d’ouvrir, à l’horizon 2015, 20% du parc hydraulique à la concurrence. 49 barrages, regroupés en 10 lots, d’une puissance installée de 5300 MW, étaient concernés. Plusieurs fois retardée, la présentation des appels d'offres était attendue pour la mi-2013, après le débat sur la transition énergétique. Mais la ministre de l’époque, Delphine Batho, a bloqué cette ouverture. Son départ du gouvernement Ayrault, puis l’arrivé de Manuel Valls et de Ségolène Royal ont relancé la marche vers la privatisation. La loi sur la transition énergétique vise seulement à proposer une méthode différente de celle prévue par Jean-Louis Borloo.
C’est un pillage digne de celui de la privatisation des autoroutes. Le peuple français a payé pendant des décennies pour construire et entretenir ces installations hydroélectriques. Le nouveau statut semi-privé proposé par la ministre Ségolène Royal permettra de continuer à nationaliser les pertes et les investissements tout en garantissant de verser une rente aux gestionnaires privés. C’est d’autant plus stupéfiant qu’en 2007, le projet de Ségolène Royal pour l’élection présidentielle prévoyait la création d’un pôle public de l’énergie entre EDF et GDF. Aujourd’hui, c’est la même qui est à la manœuvre pour découper et brader le patrimoine énergétique du pays aux intérêts privés.
Une nouvelle fois, l’impératif écologique et la question démocratique sont liés. On le savait déjà vu le poids des lobbys pro-nucléaire ou pro-gaz de schiste. En voici donc un nouvel exemple. Comment engager la transition énergétique sans maîtrise publique des moyens de productions et distributions de l’énergie ? Comment faire la planification écologique avec des actionnaires privés intéressés par des rendements de court terme ? Comment décider souverainement de la stratégie énergétique du pays sans disposer des outils et des moyens de mettre en pratique ce que le peuple aura décidé ? Vous voyez que pour faire face à la crise écologique aussi, la 6e République est une urgence !
Les dissidents socialistes rassemblent séparement.
J’approuve la tournée de Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, chez les dissidents socialistes. J’étais allé au déjeuner qu’il avait organisé à la Fête de l’humanité avec les dissidents socialistes et les nouveaux opposants EELV. Mais je n’avais pas caché mon scepticisme sur ce qui pouvait sortir d’une rencontre de cette nature. D’autant que quelques jours auparavant la rencontre officielle du Front de Gauche au complet avec la direction des Verts avait été spécialement décevante. Emmanuelle Cosse avait déclaré sans ambiguïté qu’elle n’envisageait pas de travailler à un « nouveau projet de gauche » sans le PS officiel et qu’elle n’était pas favorable à l’idée d’une « majorité alternative de gauche ». Cependant je m’y suis attablé parce que je ne voulais pas que mon absence puisse être interprétée comme un désaveu de ce que Pierre Laurent tentait. Il en va de même aujourd’hui. Mon sujet n’est pas que je sois hostile à une majorité « rouge-rose-vert ». Comment le pourrais-je ? Cette formule est née dans « la gauche socialiste » que je codirigeais il y a vingt ans. La formule est de Julien Dray qui l’utilisa pour la première fois dans un de ses livres. Elle servit ensuite au titre d’une de nos motions de congrès il y a quinze ou vingt ans, je ne me souviens plus. Puis elle me revint aux lèvres toute l’année passée quand je militais d’un média à l’autre pour une majorité de gauche alternative à l’Assemblée nationale. J’avais même dit que j’étais prêt à être le Premier ministre de cette « nouvelle majorité de gauche » pour faire buzzer l’idée et la rendre plus visible. Nombreux furent ceux qui me reprochèrent ma naïveté. D’autre s’y opposaient aussi parce que cela supposait de renverser le gouvernement en place et de vouloir déstabiliser le PS au moment où ils pensaient qu’on pouvait encore s’entendre avec lui avant les municipales. Peu importe. Qu’est-il sorti de tout cela ? Rien du tout. Les actuels dissidents n’ont pas été les derniers à l’époque à prendre leur distance avec ma proposition. La tentative de sortie par le haut a été explorée. Elle s’est brisée. De l’intérieur du PS, des voix amies me reprochaient mon impatience : on verrait ce qu’on verrait après les municipales, puis après les européennes. On a vu, en effet. Après Ayrault c’est Valls et la bergerie est restée close sur elle-même. On me dira que de l’eau a passé sous les ponts.
Depuis, la dissidence a progressé et sans doute avec elle la prise de conscience du caractère néfaste des gouvernements solfériniens. Pour ma part, je ne crois pas que ce soit le cas. Benoît Hamon a encore précisé ce week-end qu’il ne se situait pas dans l’opposition de gauche au gouvernement. Montebourg a fait de même. Je ne sais pas ce que dit Maurel sur le sujet. Et puis il y a ce que l’on voit. Trois réunions pour « rassembler la gauche » menées par des gens finalement incapables de se rassembler eux-mêmes quoique membres du même parti ! Encore ai-je oublié le quatrième qui tenait sa « réunion » la semaine passée sur un mode très significatif : les invités étaient priés de se taire pour écouter « la société civile ». Invitée par le grand seigneur du jour, celle-ci était invitée à faire connaître ses préoccupations aux silencieux. Vous m’imaginez dans la comédie où je ferai semblant de découvrir les « Fralibs » chez qui j’ai commencé ma campagne présidentielle le lendemain même de mon investiture comme candidat commun du Front de gauche ? Et cela sous la houlette d’un député dont le chef de file ministre n’a pas tenu parole sur le droit de préemption des travailleurs sur leur entreprise et qui a voté le renvoi en commission de la loi sur l’amnistie sociale !
Naturellement, je comprends « le coup de com » et je n’en veux pas à ce député dissident de l’avoir tenté pour améliorer son image sans frais. Je ne lui reproche pas son passé pour lui interdire un futur avec nous. Mais la méthode elle-même montre que l’arrogance et la morgue sont tellement ancrées dans les comportements du PS que même ses dissidents n’arrivent pas à s’en départir. Au demeurant, on me dira que je n’ai pas à me plaindre d’avoir dû me taire en réunion puisque je n’étais pas invité. En effet. Car l’autre caractéristique commune de ces « rassembleurs » de la gauche est le cordon sanitaire qu’ils ont établis autour de moi. Je n’en suis pas dupe. Il s’agit pour eux de donner à leurs chefs suprêmes la garantie des limites de ce qu’ils entreprennent. Il est frappant que le même député qui ne m’a pas invité à écouter en silence mes propres amis se soit senti obligé de préciser qu’il plaçait sa réunion sous le signe du refus du renoncement et… du sectarisme.
J’approuve Pierre Laurent de s’astreindre à cette tournée usante. Usante : trois villes dans trois départements différents en deux jours pendant que je musarde au calme en montagne avec les camarades… Je l’approuve parce qu’il ne faut négliger aucune possibilité de mettre au pied du mur les membres du PS et ceux qui se disent en désaccord avec la ligne de l’austérité. Je ne le ferai certainement pas moi-même. Ce serait une mauvaise chose. Nos amis s’en désespéreraient me croyant prêts à je ne sais quel arrangement. Cela donnerait une caution qu’il n’est pas question pour moi de donner si peu que ce soit compte tenu de ceux que je représente depuis l’élection présidentielle. Et surtout ce serait en vain. Aucun de ces groupes de dissidents déjà si divisés entre eux ne fera rien. Cela bientôt se verra encore plus clairement que pour le vote de confiance où ceux-là s’abstinrent pour « être plus nombreux ». Ils perdirent pourtant la moitié de leur troupe dans l’opération. Je ne veux pas qu’il soit dit que l’échec des tentatives faites en leur direction serait de mon fait comme cela se dirait si je me mêlais d’aller bavarder avec eux. A l’inverse tout le monde sait que Pierre Laurent mouille la chemise loyalement dans leur direction. Mais aussi surtout pour notre camp. Car le moment venu, dans son esprit, il s’agit bien de rabattre vers la ligne d’opposition de gauche du Front de Gauche ce qui pourrait venir de là et peu importe sous quelle forme et appellation. Et non l’inverse, j’en atteste.
Pour être franc je ne demande qu’à être agréablement surpris. Je ne demande qu’à croire que les dissidents socialistes font de la politique en grand et non pas seulement des intrigues internes à leur parti pour lesquelles nous servirions d’appoint symbolique. Mais je sais ce que je sais. Leur horizon c’est leur congrès et ses comptages. C’est la répartition des candidatures aux élections cantonales, puis aux régionales. Et, ensuite, ce sera la « grande bataille » pour avoir des primaires au cours desquelles il y aura Hamon, Montebourg et Lienemann en compétition avec je ne sais qui mais aussi entre eux. Et ainsi de suite. Un petit bout de pain pour finir le fromage, un petit bout de fromage pour finir le pain. Il est donc nécessaire de porter la bonne parole chez les dissidents et de les aider à murir. Il est surtout indispensable de faire équipe loyalement avec tous ceux qui rompent les rangs de l’allégeance à la rue de Solferino. Ceux-là évidemment sont des compagnons de combat. Les autres n’ont pas donné de preuves de leur existence, en particulier sur la liste de signataires pour la Sixième République idée que parait-il tous approuvent. Mais on peut compter sur eux pour organiser de bonnes diversions sur ce thème aussi.
Le Mouvement Sixième République, avance
La barre des quarante mille signataires a été franchie en temps prévu. La liste des personnalités du monde de l’art et de la culture se complète au fil des jours. Bientôt on pourra donc publier une seconde liste. J’ai invité les cinquante premières d’entre elles à se retrouver pour faire le point. Plus de la moitié d’entre elles ont répondu présent et presque tous les autres ont envoyé un petit mot amical pour se faire excuser. Sous la présidence pour la circonstance de Christian Salmon, nous avons fait un ample tour de table pour se faire connaître mutuellement nos motivations dans cette affaire désormais commune. En fait, il ne s’agissait pas de prendre des décisions pour les autres signataires cela va de soi. Tant que l’objectif des cent mille signatures n’est pas atteint, on voit mal comment aller plus loin sur le plan de l’organisation que de chercher à développer le nombre des signatures. Mais il était utile d’échanger des idées sur la suite. Et de se donner des principes pour commencer.
Ainsi a-t-il été rappelé que nous n’aurions pas pour objectif de réduire ou d’uniformiser la diversité des points de vue et des propositions sur quelques points que ce soit à propos de cette nouvelle république. Un thème ainsi a été évoqué, celui du tirage au sort dans les processus démocratique. Les avis sont clairement partagés. Pour autant une chose est sûre : le mode actuel d’élection n’a guère de partisans et qu’il s’agisse d’en changer ou de passer à un tout autre système comme le tirage au sort, rien n’est possible dans le cadre actuel des institutions. C’est pourquoi la contribution de Judith Bernard sur la page internet à propos du tirage au sort a connu un vif succès et motivé de nombreuses signatures nouvelles. D’ailleurs, c’est à l'occasion de cette réunion qu’a été décidé de proposer à chacun d’exprimer sur la page ses propres motivations. Elles sont publiées au fur et à mesure pour ne pas provoquer d’effet de saturation qui nuirait à l’impact de chaque document. La méthode est préférée à celle qui consiste à écrire des textes en commun qui sont souvent des compromis parfois laborieux. Je pense que c’est cette liberté d’appréciation personnelle qui a facilité l’arrivée publique de signatures venue du monde politique appelant à signer. On dira bientôt qui. Je ne peux cacher que plusieurs personnes m’ont signalé l’inconvénient qu’il y aurait à marquer politiquement de façon trop ciblée. Autrement dit mieux vaut que la liste des responsables politiques ne soit pas limitée aux membres du Front de Gauche pour ne pas donner l’impression désagréable que c’est lui qu’on rejoint en signant.
Je veux rassurer tout le monde : il n’en sera pas ainsi. Cet engagement sous statut personnel était bien compris dans notre rencontre. Un des présents, membre du Parti de Gauche, le soulignait en disant « je ne suis pas ici au nom de mon parti ». Clairement toute appropriation personnelle ou partidaire du mouvement serait un facteur d’auto blocage. Par contre, il va de soi que les partis peuvent, et même doivent, s’ils se situent dans l’objectif de la Constituante et du passage à une nouvelle république, prendre leurs propres initiatives, faire signer et proposer leurs idées. Le tout à la condition de ne pas s’approprier le mouvement. Ce point d’équilibre est en débat entre mes camarades au PG je le sais. Comme il n’est pas question pour eux de dissoudre notre parti il faut donc travailler avec soin à bien distinguer les moments de l’action. Je suis certain qu’ils vont trouver la bonne façon de faire et de mettre leur formidable énergie au service de ce combat.
Un lieu d’expression existe avant que soit ouvert le site en construction pour organiser les échanges et la prise de décision commune. Certes il est modeste. Une page Facebook. Elle est ouverte et il s’y trouve déjà treize mille abonnés. Mais naturellement, les signatures se font toujours sur notre page internet autonome pour tenir compte de la demande et des commentaires formels exprimés sur le sujet et notamment ici même, sur ce blog. Ici et là des initiatives se prennent, sur le terrain : apéro civique, tagages propres, atelier constituant, envoi de courriels d’appel à signatures. On me parle aussi de selfies humoristiques mais je n’en ai pas encore vu moi-même. En tous cas vous savez que c’est à présent à vous de faire le travail de propagation virale. Plus vite on sera à cent mille signatures plus vite on pourra passer à la phase suivante du plan. Quel plan ? Celui qu’on se sera donné ensemble. Le mouvement n’a ni carte d’adhésion ni bureau politique ni rien de semblable. Son but est de rendre une idée majoritaire dans la société par les méthodes de l’éducation populaire, de l’humour et de la participation argumentée aux débats que la réorganisation des droits du peuple exige. A dire et répéter en y ajoutant ce que j’aurais pu oublier…
Je crains que de vouloir attendre 100.000 signataires au m6r pour passer à la suite, ne fasse retomber la pâte. L'effet FR3 a créé un petit frémissement mais pas plus. Les premiers signataires s'impatientent de ne pas pouvoir faire connaitre leurs idées. Pour le moment il ne leur ai demandé que de coller des papiers ! Attention de ne pas décevoir les enthousiastes de la première heure. Voir mon site sur mediapart pour une idée, parmi plein d'autres je suis sûr.
@Titoune,
Je ne comprends pas cette intervention à l'encontre de membres du PCF surtout de la part d'un intervenant lui même récent adhérent à ce parti. Je pense qu'avant de lancer de telles réflexions, il devrait s'informer sur l'histoire de son parti et sur le rôle qui a été le sien dans la construction du Front de gauche. Le grand combat que nous devons ensemble mener pour construire un large rassemblement populaire ne peut s'accommoder de telles élucubrations.
En lisant les commentaires, je désespère de voir la 6ème arriver. Ce n'est pas en dénigrant les uns ou les autres que nous parviendrons à quelque chose.
Je propose a Mr Valls et Macron le deal suivant. Dans 3 mois (je suis grand seigneur), vous n'avez plus de boulot, plus de logement et vous êtes a 1140 euros par mois. Vous devrez donc, dans ce délai, retrouver du boulot, un appart, payer la caution, les assurances, les charges, les déplacements, l'abonnement internet, la nourriture, les vêtements, la cantine, le sport des gosses, l'entretien de la bagnole. Je vous signale que ces 1140 euros diminueront de 20% tous les deux mois. Si vous ne trouvez pas a caler simultanément tous ces impératifs, vous serez officiellement catalogués comme fainéants, parasites et profiteurs... et vous n'aurez plus rien. Non mais ! Ah, j'oubliais. Ils ont une rente a vie. Charité bien ordonnée...
L'intervention de Jean-Luc Mélenchon dans l'Huma de ce jour vient compléter celle qu'il a faite hier sur FR 3, quand il indique son "accord" avec P. Laurent qui occupe, dit-il, un créneau différent du sien. Tous les créneaux sont à prendre et à occuper de façon offensive, pour mettre les derniers tenants de l'ancien régime sur la défensive. Tous les partisans d'une Constituante sont donc les bienvenus. Car, à plusieurs reprises, les grands changements ont été initiés par des coalitions hétéroclites de couches sociales qui ne pouvaient plus "supporter" l'ancien régime. De plus en plus nombreux sont aujourd'hui ceux qui pensent et disent que la Vème ou le système politique sont à bout. Il en est même qui proposent des aménagements, accommodements, replâtrages, comme la "dose de proportionnelle" par exemple. Changer la règle du jeu n'a rien à voir avec une redistribution des cartes, des postes, des sièges, encore moins de leur simple réduction, comme celle du nombre des régions, départements, communes. Ce sera difficile, mais c'est tellement honnête, courageux, exaltant de le proposer, qu'il faut se battre pour y parvenir.
Pour l'heure 2 choses sont importantes, 1/ tout faire pour le succès du m6R, 2/ être des millions dans les rues en novembre, pour demander un référendum sur la question de confiance du peuple au président de la république.
Ce que j'ai retenu personnellement de l'émission sur France 3, visible en haut de page, c'est que le président de la république, selon Jean-Luc Mélenchon, sera dans l'obligation après les cantonales de dissoudre. Mais dissoudre quoi le gouvernement ou le parlement ? J'avoue ne pas comprendre cette obligation !
Merci Jean-Luc pour votre travail d'explication a chaque fois que vous en avez la possibilité ça va être dur de faire connaitre votre bouquin il est évident que les médias sont aux ordres et feront tous pour gommer toutes actions du mouvement lancé la 6eme république et la sortie de votre bouquin déjà trois grandes surfaces avec espaces culturels pas trouvé je vais voir dans les librairies ? En tout cas j'ai regardé votre passage chez Ruquier difficile de faire un réel exposé avec ces journalistes et encore ce ne sont pas les plus agressifs a plus dans les prochaines actions du FdG merci pour tout.
Travail collosal maintenant et à venir pour tous