31oct 14
Le moment politique retient son souffle. De l’adoption au Parlement du budget de la Sécurité sociale sans majorité à l’humiliation du pays par la Commission européenne, jusqu’au paroxysme qu’est la mort de Rémi Fraisse à la manifestation du barrage du Testet, quel séquence ! Tout montre combien le pouvoir actuel est devenu progressivement un « objet sans objet » en quelque sorte, une société à irresponsabilité illimité. Nul ne sait quand tout cela va s’effondrer comme cela est inscrit dans les données du problème. Mais il est acquis que la chronique des jours qui passent est un concentré de la décadence morale du pouvoir en place et de la coterie solférinienne à tous les niveaux de responsabilité.
Dans ce post j’explique les principes en cause dans la demande de démission du ministre de l’Intérieur. Et je mets en garde du prix que coûterait de ne pas démissionner, du point de vue de la logique de notre démocratie républicaine. Périsse le mandat de Cazeneuve plutôt qu’un principe aussi essentiel que celui de la responsabilité des actions de « maintien de l’ordre ». Puis je passe au budget de la Sécurité sociale. Je laisse de côté mon chapitre sur le résultat des élections au Brésil et en Tunisie pour cette fois-ci. Car j’ai écrit quelques lignes qui se rapportent au contenu de mon livre. Les premiers résultats de vente montrent que vous avez bien reçu les risques d’abstraction que j’y ai pris et les audaces doctrinales qu’il contient. S’il vous est utile cela m’autorise un plaisir et un devoir de « service après lecture » que j’assume ici.
De son côté le mouvement pour la sixième République suit son expansion (m6r.fr) de façon très satisfaisante. Mercredi il a passé la barre des 60 000 signatures ! Les développements de la page l’ont transformée en site et bientôt des fonctions interactives décisives seront en place. J’y reviendrai aussi en cours de semaine prochaine puisque nous serons à la veille de deux évènements militants important : la votation citoyenne pour le referendum révocatoire et la manifestation du 15 novembre prochain contre la politique du gouvernement à l’appel du collectif « triple A » qui rassemble toute l’autre gauche politique et bon nombre d’organisations syndicales de tous les niveaux.
Au moment où j’écris ces lignes, nul ne sait comment se propagera l’onde de choc de l’indignation provoquée par la mort de Rémi Fraisse dans la manifestation devant le barrage du Testet. Nous avons demandé la démission du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Nous ne faisons pas souvent ce genre de demande. En tous cas pas avec l’intensité avec laquelle Harlem Désir le faisait lorsqu’il était Premier secrétaire du parti socialiste. Aussitôt, le ministre de l’Intérieur déclare à notre sujet que nous « chassons en meute ». Cela parce que sur l’ensemble des médias où nous sommes intervenus, mes amis du PG et moi, nous avons demandé cette démission. Pourquoi nous comparer à des chiens et à une meute ? Nous sommes simplement des militants organisés pour agir ensemble sur les mêmes objectifs. Les caciques du PS ont décidément changé de camp et leur vocabulaire en témoigne. Car aurait-on imaginé qu’un héritier de Jean Jaurès dans le Tarn aille dire qu’il est stupide de mourir pour des idées comme l’a fait le président du Conseil général du Tarn ? Ou que le président du Conseil général du Jura, après avoir lui-même demandé que Valls démissionne, se risque à dire que notre proposition de referendum révocatoire est « digne de madame Le Pen » ? Bien sûr, c’est panique à bord, et ces gens parlent dans l’affolement après avoir espéré que le silence leur permettrait de passer entre les gouttes. Gonflés de contrition autour du cadavre de Christophe de Margerie (sans une fleur pour les autres passagers de l’avion), leur silence et inaction devant la mort de Rémi Fraisse laisse pantois tant elle est caricaturale !
Pourquoi Cazeneuve doit-il démissionner ? La question devrait être renversée. Sinon quoi ? Quelle est cette façon de se défausser sur le gendarme mobile qui a fait de son arme un usage aux conséquences si disproportionnées ? S’agit-il d’une bataille privée entre manifestants et gendarmes ? Bien-sûr que non ! Le ministre doit s’en aller car il doit assumer devant la société la responsabilité de la mort du manifestant. Car c’est l’échec suprême de la tâche de maintien de l’ordre dans une démocratie pacifique, quand une opération de police aussi banale tourne à l’opération militaire. Rappelons qu’un gouvernement démocratique n’est pas en guerre contre ses citoyens ! Il est vain d’arguer la violence de certains manifestants pour renvoyer tout le monde dos à dos. Le maintien de l’ordre, la protection des biens et des personnes est prévue pour se faire pacifiquement et dans certaines règles quelle que soit la situation. C’est d’ailleurs ce qui explique les équipements incroyables dont disposent les équipes de garde mobile et CRS. C’est donc tout un que le métier en question et ses méthodes de travail en République. Je renvoie au blog de mon camarade Corbière car il rend bien compte des antécédents en la matière.
Refuser de prendre la responsabilité de la situation c’est pousser les manifestants à se retourner contre les gendarmes et les policiers comme responsables de la situation et de la mort du jeune homme. Pourtant même si la responsabilité personnelle de celui qui a fait ce tir est décisive, ce n’est pas sous cet angle que s’apprécie la situation. La responsabilité est toute entière dans les mains de celui qui a pris les décisions et non dans celles de ceux qui les ont exécutées. Naturellement personne n’a voulu la mort du manifestant, nous le savons. Mais c’est justement pourquoi il faut se demander pourquoi il est mort si personne ne voulait cela. C’est donc bien une faute d’évaluation de la situation et des moyens mis en œuvre. Tout autre raisonnement produit pour dégager la responsabilité du ministre va conduire à une escalade aux conséquences imprévisibles. Ou alors il faut admettre qu’au lieu d’obéir, les effectifs engagés doivent se mettre à débattre, à discuter les consignes et à auto évaluer la situation et le contexte. Qui peut vouloir que les forces de l’ordre décident d’elles même de l’usage de la force ?
Du jamais vu : gouverner sans majorité parlementaire
C’est le bilan du vote sur le budget de la Sécurité sociale. Certes il a été adopté par l’Assemblée nationale. Mais avec seulement 270 voix pour. Or la majorité absolue de l’Assemblée est de 289 voix. Dans quel autre pays « démocratique » du monde un budget est-il adopté sans qu’une majorité de parlementaires l’ait voulu ? Surtout quand la conséquence est un rude coup porté à un monument de notre mode de vie : la Sécurité sociale.
Les votes se suivent et se ressemblent. Sur le budget de la Sécurité sociale : 270 voix pour, 245 contre et 51 abstentions. Une semaine plus tôt, mardi 21 octobre, les recettes du budget de l’Etat avaient été adoptées par un score quasi identique : 266 voix pour, 245 contre, 56 abstentions. A chaque fois, le gouvernement Valls est très loin d’obtenir la majorité absolue des 577 députés. Il gouverne sans majorité absolue. L’Assemblée nationale doit encore adopter les dépenses du budget de l’Etat. Le vote aura lieu le 18 novembre, après l’examen des dépenses par domaines. On va voir Valls manœuvrer pour obtenir une majorité sur les dépenses de chaque ministère, selon les oppositions et les abstentions dans son camp. Plus d’une trentaine députés PS et 14 députés Europe Ecologie sur 17 n’ont pas soutenu le gouvernement ni sur le budget de la Sécurité sociale ni sur les recettes de l’État. Ils ont préféré s’abstenir. Ce mardi, il y a 49 abstentions « de la majorité présidentielle » sur le budget de la Sécurité sociale dont 34 députés PS. La semaine précédente, il y a même eu jusqu’à 56 abstentions parmi les députés « de cette majorité » dans le vote des recettes de l’Etat dont 39 députés PS. A chaque fois, les députés du Front de Gauche et Isabelle Attard, de Nouvelle Donne, ont voté contre. Si les frondeurs avaient voté « contre », aucun des deux budgets n’aurait été adopté. En s’abstenant, ils privent Valls de la majorité absolue. Mais ils laissent passer les budgets alors qu’ils pourraient l’empêcher. Dès lors quel est le sens politique de ce vote ?
Pourtant le budget de la Sécurité sociale doit être combattu. La symbolique de l’abstention est très mal adaptée à une situation de régression provoquée qui n’a vraiment rien de symbolique. Pour au moins trois raisons. Le budget de la Sécu est une pièce centrale dans le plan d’austérité de Manuel Valls. D’ici 2017, 21 des 50 milliards d’euros de coupes budgétaires prévus seront effectués dans le budget de la Sécurité sociale. Pour 2015, ça commence même encore plus fort : la Sécurité sociale va supporter la moitié des 21 milliards d’euros de coupes dans les budgets publics. Derrière ces chiffres, il y a une réalité sociale : des hôpitaux davantage soumis aux restrictions budgétaires, les pensions de retraite gelées, l’application de la nouvelle convention d’assurance-chômage plus restrictive pour les intermittents et intérimaires notamment…
Ces coupes marquent aussi la fin de l’universalité des allocations familiales. C’est un des points les mieux mis en scène dans le budget de la Sécurité sociale. Dorénavant, tous les enfants ne donneront pas droits aux mêmes montant d’allocations. Pour un couple avec deux enfants, les allocations seront divisées par deux à partir de 6 000 euros de revenus et par quatre à partir de 8 000 euros. Je sais que de bonne foi, certains trouvent cela « juste ». L’enfumage du gouvernement est là pour ça. Mais c’est en réalité un changement total de principe dans notre pays. Je continue d’affirmer que chacun doit toucher les mêmes allocations. La nécessaire justice doit être pratiquée au moment du prélèvement des sommes par les impôts et cotisations. Pas au moment du versement des allocations. L’idée est que chacun contribue selon ses moyens et reçoit une même prestation. Sinon, demain cotisants ou contribuables les mieux dotés seront en droit de remettre en cause une contribution devenue de pure solidarité plutôt que d’avantage acquis commun. C’est mettre le doigt dans un engrenage qui finira par broyer tous les droits universels. Demain, au gré des coupes budgétaires, un gouvernement baissera le plafond de ressources pour avoir droit aux allocations, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des miettes pour les plus pauvres. Et progressivement, la même logique se développera pour les allocations chômage, pour les remboursements de soins par la Sécurité sociale. Une fois de plus la perversion des mots joue à plein son rôle d’empêchement de la pensée. C’est maintenant au nom de « l’égalité » qu’est mis en cause l’acquis social. Comme dans le cas du CDI dont on entend dire qu’il « crée » de « graves inégalités avec le CDD ». Et dans ce cas c’est toujours par un nivellement par le bas que se fait « l’égalité » annoncée.
Oui, il fallait rejeter ce budget de la Sécurité sociale ! C’est le premier budget annuel d’après le pacte de responsabilité adopté cet été. C’est-à-dire après la nouvelle série de cadeaux au MEDEF décidée par Hollande. Un exemple bien parlant se trouve dans ce train de mesure. Il s’agit de la baisse des cotisations sociales payées par les employeurs. Mais plus provocante encore est la suppression progressive de la « C3S ». Il s’agit d’une cotisation payée par les entreprises réalisant plus de 760 000 euros par an de chiffres d’affaires pour financer le régime social… des indépendants et le fonds de solidarité vieillesse. La solidarité patronale est abolie, à la demande… du MEDEF. Les salariés vont donc payer une cotisation pour les petits patrons, à la place des patrons ! Ces deux cadeaux représenteront plus de 15 milliards d’euros par an de manque à gagner pour la Sécurité sociale lorsqu’ils tourneront à plein régime, en 2017. Là encore, la mécanique infernale est déjà à l’œuvre. Après avoir décidé d’appauvrir la Sécurité sociale, les partisans de l’austérité viennent nous expliquer qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses et qu’il faut renoncer à indemniser les chômeurs, rembourser les malades, à augmenter les petites retraites ou combien d’autres choses qui permettent souvent seulement de survivre. Ils recommenceront demain.
Pendant ce temps, personne ne demande au gouvernement et au MEDEF comment lutter contre la fraude des patrons qui ne paient pas les cotisations sociales : heures supplémentaires non déclarées, travail au noir, utilisation frauduleuse du régime de détachements travailleurs… Pourtant, selon un récent rapport de la Cour des comptes, cette fraude a doublé entre 2007 et 2012. Cette fraude patronale à la Sécurité sociale est estimée à 20 à 25 milliards d’euros par an ! C’est deux fois le montant du déficit de la Sécurité sociale, attendu en 2014 autour de 11,7 milliards d’euros. Dit autrement, sans la fraude patronale, il n’y aurait pas de « trou » de la sécu ! C’est aussi 5 à 10 fois le montant de la fraude aux prestations sociales dont on parle pourtant beaucoup plus. Tel est le monde des fripons qui, de la Commission européenne aux palais de la monarchie présidentielle, gouvernent au mépris du grand nombre des gens simples qui les croient utiles au bien commun.
La démonstration par laquelle commence « L'ère du peuple » concerne l'importance du nombre des êtres humains sur l'évolution de leur civilisation globale. J'ai même risqué une phrase un peu à l’écart d’une certaine doxa. J’ai écrit que « l'Histoire est l'histoire de l'évolution de ce nombre ». Autrement dit : c'est dans cette évolution que réside la dynamique de l'Histoire humaine. Ce n'est pas tout à fait la formule selon laquelle l'Histoire serait l’histoire de la lutte de classes. Au contraire. La lutte des classes apparaît comme conséquence de l'Histoire et non comme sa cause. La lutte des classes pour la répartition des richesses n’est possible qu'à partir d'un certain développement complexe de la société humaine. Ce processus initial ne s’interrompt pas avec le passage au stade suivant du développement de la société. Mon livre affirme que cette complexification résulte du nombre et non des qualités individuelles, même si celles-ci sont indispensables pour que l’effet du nombre se produise. Elle en résulte mécaniquement, spontanément comme une propriété émergente.
Mon livre affirme que le nombre provoque une transformation qualitative des individus qui constituent le groupe. Il ne s'agit pas seulement d'une transformation de leur situation sociale les uns vis-à-vis des autres. Il s'agit de ce que les individus perçoivent d’eux-mêmes, de leur identité, de leur rapport à la réalité en fonction de la culture et des savoirs que chaque génération assimile. Mais affirmer n'est pas démontrer. La bonne surprise pour moi, cette semaine, a été d'acheter le numéro spécial de novembre 2014 de la revue « Pour la science » dont le thème est « L'odyssée humaine, les moteurs cachés de notre évolution ». J'ai été spécialement attiré par les surtitres, à vrai dire alléchants du point de vue de ce que j'avais besoin d'approfondir. Je les cite avec le sourire : « Un gros cerveau grâce à la monogamie ? », « L'origine du bond technologique il y a 50 000 ans », « Un rameau humain taillé par les aléas du climat ». On peut dire que je pouvais me sentir directement concerné de bien des façons. Je fais là une publicité gratuite suffisante pour pouvoir passer immédiatement à la suite. L'article qui m'intéressait très précisément est celui qui concerne l'origine du bond technologique observé il y a 50 000 dans les cultures humaines.
Cet article de la revue « Pour la science » fait le point. Il y a 200 000 ans coexistaient différentes branches d’êtres humains. Ils avaient des modes de vie et produisaient des instruments à peu près comparables. Mais il y a environ 50 000 ans, tout d'un coup, les moyens de subsistance sont devenus beaucoup plus complexes et plus efficaces. Pour quelle raison ? Comment expliquer ce qui apparaît d'abord comme une complexification très soudaine ? L'idée qui dominait était la suivante : une modification génétique est apparue qui a donné à notre ancêtre le moyen de dépasser en capacité d'invention et de compréhension les autres branches humanoïdes et, naturellement, celle de tous les autres animaux. À présent il apparaît que cette façon de voir est beaucoup trop limitée. Les capacités intellectuelles individuelles, si élevées qu'elles soient, ne suffisent pas à faciliter l'adaptation à l'environnement et à l'amélioration des performances pour exploiter cet environnement. Ce point est vérifié par des expériences concrètes bien connues. Un individu projeté dans un environnement qu’il ne connaît pas est bien menacé de périr, surtout si cet environnement est très hostile. Il ne survit en général que si les populations autochtones l’accueillent et l’informent des moyens de subsister. « La difficulté des explorateurs à s'adapter à ce type d'environnement hostile illustre les limites de nos capacités d'innovations individuelles », dit l’article. Le processus clef ici à l’œuvre dans le succès de notre espèce tient à une autre qualité qu'à celle des individus qui le constituent. Il s'agit de la capacité à accumuler des savoirs à travers les générations. « Les historiens des techniques défendent en effet l'idée selon laquelle les outils complexes ne sont jamais inventés spontanément mais résultent de l'accumulation successive de nombreux changements mineurs ». Dès lors, « ce processus, nommé culture cumulative, nécessite que les innovations produites par un individu soit transmise à d'autres individus ». Le mécanisme de cette transmission, puis celui de la capacité à accumuler les savoirs au point qu'ils constituent une base de nouveaux savoirs plus complexes, est le moment essentiel du phénomène dont nous parlons. Commençons par voir comment cela fonctionne.
Tout commence par la capacité d'acquérir de l'information en observant un autre individu. C'est le mécanisme de l'apprentissage social. Cependant, de nombreuses espèces partagent cette qualité parmi les animaux. Pour autant, cela ne signifie pas que toutes la pratiquent de la même façon ni surtout avec la même efficacité. Cette différence s'observe et peut même se mesurer. Les êtres humains acquièrent une technique par l'observation d'un congénère de façon plus rapide, plus précise et plus systématique que n'importe quelle autre variété d'animaux, mêmes parmi les plus proches de lui comme les singes. « En d'autres termes, lorsqu'une innovation apparaît au sein d'un groupe humain, la probabilité qu'elle soit transmise est bien supérieure à ce qui est observé chez le chimpanzé ». Une caractéristique spécifique aurait ajouté à la fixation de ces qualités d'apprentissage social. Il s'agit ici des comportements pédagogiques. Ceux-ci sont observés dans toutes les cultures humaines. Aujourd'hui même on peut constater comment les enfants humains « cherchent spontanément à faciliter l'apprentissage de leurs semblables en effectuant des démonstrations, lesquelles favorisent la réussite des observateurs ». Bien sûr, ce processus est extraordinairement facilité par l'existence du langage articulé. D’ailleurs, le langage lui-même peut être considéré comme le produit d'une culture cumulative. Quoiqu’il en soit, la production d'une syntaxe et d'une grammaire permet de combiner des mots pour former des phrases et des significations bien définies. Elle améliore de façon considérable la transmission d’information, et donc les capacités d'apprentissage social. Cela, aucune autre espèce ne le connaît. Une fois tout cela posé nous n'en sommes qu'au début de la découverte à faire pour comprendre le rôle décisif du rôle du nombre des êtres humains dans le processus de formation de cette culture cumulative qui va être son atout maître. Voici le raisonnement qui y conduit.
L’émergence de techniques complexes ne peut être expliqué à soi seul, ni par l'intelligence individuelle, ni par le mécanisme d'apprentissage social. « L'explosion culturelle du paléolithique supérieur n'a pas été homogène ni dans l'espace ni dans le temps. Cela suggère que la complexification culturelle ne résulte pas directement de l'apparition soudaine de capacités individuelles spécifiques, et que d'autres facteurs sont susceptibles de déclencher l'émergence ou la disparition de pratiques culturelles complexes. » Ce qui a permis de trouver la solution, c'est une enquête sur un phénomène de régression culturelle à l'intérieur d'un groupe humain. On connait une situation où, à une époque de son histoire, une communauté humaine a fonctionné avec un équipement d'outils moins nombreux et moins sophistiqués qu'à la période précédente. Que s'était-il passé entre les deux moments de cette histoire ? Le groupe humain sur lequel on enquêtait s'était trouvé pour des raisons de changement climatique et de montée des eaux, coupé des autres groupes humains. « Cette observation a conduit à la formulation d'une nouvelle hypothèse liant la complexité technologique à la taille des populations ». Le cheminement qui conduit à cette hypothèse est simple. Voyons.
Le mécanisme d'apprentissage social est toujours imparfait. Quand il s'agit d'une technique complexe il l’est encore plus. Dès lors, plus un groupe est petit, plus la chance que celui ou celle qui a la connaissance complète disparaisse est grand. Avec cette personne disparaît alors le savoir pour tout le groupe. A l’inverse, « dans un groupe d'une taille plus importante la probabilité que personne n'arrive à acquérir la technique est plus faible car la probabilité qu'un individu doué pour cette tâche soit présent dans le groupe est plus importante ». On peut facilement comprendre en effet que l'acquisition d'une technique complexe soit moins courante que si c'est une technique simple. Le nombre de ceux qui sont susceptibles de l'acquérir est donc un facteur décisif de la capacité de transmission de ce savoir. Une autre question est réglée par ce constat. Si le nombre joue un rôle dans le maintien de pratiques culturelles complexes joue-t-il aussi un rôle dans l'apparition des innovations ? Oui. Voyons comment.
Les innovations dépendent à la fois les savoirs accumulés antérieurs et de déductions à partir d’eux. Mais aussi d'erreurs apprentissage ou de hasard d'exécution. La probabilité que de telles occurrences apparaissent est plus grande dans un groupe plus nombreux que dans un groupe plus petit. Les observations d'archéologie confirment le lien entre l'évolution de la taille des populations ancestrales et les changements majeurs concernant les techniques utilisées. Ce point se vérifie d'autant plus facilement aujourd'hui que nous sommes en état de décrypter la composition génétique des populations. Plus la diversité génétique s'observe dans les restes d'une population, plus on sait que celle-ci a été nombreuse. « Les données obtenues par les généticiens des populations ont permis de vérifier dans quelle mesure les différentes augmentations de complexité culturelle observée dans les vestiges archéologiques correspondent à des densités de population supérieure à un certain seuil. » Après ce tour d'horizon nous voyons s'enchaîner les composantes suivantes : capacités d'apprentissage social, capacité de faire émerger une culture cumulative, augmentation et protection de cette capacité par l'extension du groupe humain considéré. Il reste bien entendu à préciser que l'amélioration des savoirs et la complexification des techniques permettent l'acquisition d'avantages particuliers permettant d'occuper de nouveaux espaces et d'accéder à de nouvelles ressources de sorte que le groupe humain s'accroît du fait de son savoir accumulé car les conditions de son existence et celle de ses jeunes sont augmentées. L'article de la revue « Pour la science » précise bien que « l'identification des facteurs indispensables à l'émergence de la culture cumulative ne constitue qu'une étape dans la compréhension de son origine ». Mais je crois bien qu'elle est déjà sérieusement décrite par tout ce qui précède.
Un autre concept pourrait être introduit qui permettrait de décrire les événements qui ont conduit à la naissance cette culture cumulative. Ce serait celui de « propriétés émergentes ». Un ensemble étant davantage que la somme des parties qui le composent, les propriétés qui le définissent peuvent être considéré comme « émergentes » du nombre d’éléments qui le constituent. L'ensemble des individus et des savoirs particuliers qu'ils ont acquis individuellement produisent dans un groupe une propriété émergente qui est la culture globale de ce groupe à l'intérieur de laquelle chaque nouveauté va pouvoir prendre place ou être détruite comme dans un écosystème qui évolue à mesure que sa population s'étendrait. Ainsi, j'ai trouvé dans cet article la démonstration à partir des comportements de base des êtres humains du rapport qui existe entre qualité et quantité. La description du mécanisme conduisant au fait que le nombre est le facteur décisif de l'évolution des groupes humains et non pas seulement son résultat. Cette démonstration valide entièrement la démarche particulière du matérialisme appliqué à l'Histoire : se sont donc bien les relations sociales réelles qui définissent le niveau de la richesse intellectuelle des êtres humains. C'est d'ailleurs ce que disait Marx.
Universalité ?
J'ai un enfant, pas d'allocs. Je viens de changer mes verres de lunettes, ok, les 14€ de la Sécu sont les mêmes pour tout le monde, mais pour le reste, je vais toucher plus/moins que mon voisin en fonction de ma mutuelle. J'ai les APL, quand mon salaire augmente, elle baisse. La TVA, on la paye tous, quelque soit le revenu. L'alloc de rentrée scolaire, tous les parents ne la touchent pas, pourtant les cahiers sont bien universels. Etc.
Cher Jean Luc,
Aussi respectable que soit cet individu de l'intérieur, il ne mérite pas ton attention. Ses actes et/ ou interventions télévisuelles sur une chaîne privée en béton(!) signent son incompétence technique sur ce sujet (entres autres). Sarko est allé à Calais en qualité de ministre de l'intérieur pour en finir avec l'asile politique. Cazeneuve donne nos cartes d’identité contre des cartes de séjour territoriales. Ce gouvernement n'a plus aucune légitimité sur notre territoire puisqu'il confond démocratie et autoritarisme. Ils sont devenus pauvrement gauche de façon adroite.
@21 Piétron
Juste une précision car quand on donne des informations autant qu'elles soient vraies. Je sais bien que depuis longtemps, même ici dans des commentaires, il est de bon ton de critiquer Mitterrand (ah si au moins FH avait tant soit peu un peu de Mitterrand...) Mais bon, les CRS ont été créé par le Général de Gaulle en 1944, en remplacement des Groupes Mobiles de Réserve (GMR) du régime de Vichy. Et la gendarmerie mobile en 1921 !
T'as déjà comparé la société à un animal, à quel stade de l'évolution en sommes nous mais surtout, pour l'individu, il faut avoir en tête qu'il appartient à plusieurs sociétés à la fois (je suis une cellule de vaisseau sanguin du pouce gauche). Toujours prendre garde aux analogies, est ce que le "coude France" peut vivre hors du "corps monde" tel qu'il demeure, c'est à dire en refusant sa règle principale dominante qu'est l'ultra-libéralisme ? Plutôt qu'une amputation, voyons cela comme une mutation qui pourrait bien faire changer le "corps monde". Tu as raison, le processus est inévitable et ne ce fera pas d'un bloc sur la planète mais se propagera. Nous sommes peut être à un moment assez tendu de l'histoire française avec la mort (de trop) d'un jeune idéaliste comme ils le sont tous.
J'avais envie de vomir en regardant BFM hier soir, une représentante de la police si je me souviens bien a déclaré que les jeunes qui restent en place après l'ordre de dispersion sont ceux qui veulent se battre avec les forces de l'ordre. Refuser de partir devient, vouloir affronter les forces de l'ordre. Dites ça aux parents de Rémi Fraisse.
Il est écrit au dernier paragraphe : « se sont donc bien les relations sociales réelles qui définissent le niveau de la « richesse intellectuelle » des êtres humains »
Le niveau culturel apporté par l'enseignement scolaire, universitaire et surtout par la diversité, la spécialisation des matières est tel, ainsi que la place prise par la littérature et la diversité des sujets abordés, que notre pays n'a jamais eu, de son histoire, un niveau de compétences et de connaissances aussi élevé. Par contre, le niveau de désinformation émis par les médias, dans le but d'occulter ce niveau de culture, de créer le doute, la peur de tout et des autres et surtout de diviser les individus est tel que ce potentiel prodigieux de connaissances, de compétences et d'aspirations à la solidarité est incontestablement mis à mal, voire annulé. Cette « richesse intellectuelle » ne peut être sauvegardée et valorisée que par un contrôle des médias et une réglementation, voire une occultation des publicités. Le comble de la perfidie et du cynisme de ce système médiatique et publicitaire est en effet atteint car tous les individus, au titre de la consommation, paient et donc financent ce système de...
@Francis.
Le prolétariat ne serait plus la classe montante... voir ! Marx ne s'est pas contenté d'un cliché arrêté sur 1789 mais a proposé un film de Spartacus jusqu'à "bourgeois et prolétaires". Développons l'héritage de Marx. Que voyons nous aujourd'hui ? la condition des classes et couches intermédiaires, certaines en déclin, se rapprochent des ouvriers. Ceux-ci ont ils disparu ? loin s'en faut ! D'où viennent les habits que vous portez ? Votre ordinateur ? etc. Nous assistons bien au contraire au développement d'un phénomène mondial, la prolétarisation. En Asie, en Amérique Latine, ce sont des millions d'individus rejoignant de gigantesques mégapoles pour vendre leur force de travail quand ce ne sont pas leurs enfants, leurs organes et leur sang. Je suis un militant mais je n'assène pas de "vérités", simplement je m'interroge, doute, j'émets des hypothèses, essaie de les vérifier. Le prolétariat est en phase montante. En nombre mais aussi qualitativement. Ceux qui n'ont pour vivre que leurs capacités intellectuelles rejoignent ceux qui n'ont que leur force physique de travail. Indignés, altermondialistes, communistes avons raison d'opposer 99% à...
Attention de ne pas aller trop loin dans l'invective et la participation à tout ce cirque médiatico-politique. La sixième trouvera sa force dans la mise en place brutale et forte des idées. Non dans la gesticulation médiatique. Revenez à vos basiques. Les idées, les réformes justes et leur mise en place coûte que coûte.
@ Titoune: "On ne lâche rien"
La méthode de Pascal Jean Michel est bonne. Il y en a une autre, plus légère. Lire sans comprendre, relire sans comprendre, jusqu'à ce que quelque chose émerge. Les enfants apprennent à parler en écoutant, en écoutant encore, au début sans comprendre, et petit à petit des mots connus surnagent, et ils finissent par comprendre tout ou presque. Bonne chance, le désir est le moteur, et ça, tu l'as.
Dans mon village, le poids du conservatisme pourrait être défini ainsi : le nationalisme se renforce du fait d'un désir accru de protectionnisme à cause d'une précarité grandissante, et ceci est renforcé aussi par une résistance au changement qui augmente à cause des incertitudes liées à l'avenir. Il est facile pour les égocentriques en mal de reconnaissance de prédire des catastrophes parce que ça leur donne l'impression de jouer un grand rôle dans les discussions, ce discours s'appuie sur des approximations qui ont l'air pourtant de rejoindre un mouvement de fond. En même temps que progresse le savoir-être de la société, comme dit Jean-Luc Mélenchon, le conservatisme progresse aussi. Personnellement dans cette lutte historique je ne parierai pas sur un des deux combattants, tout est possible avec un coup porté au bon endroit. Vieux proverbe populaire "il ne faut pas remettre au lendemain ce qu'on peut faire le jour même".
"Pourquoi est-il mort si personne ne voulait sa mort ?" telle est la question que pose Jean-Luc Mélenchon, et dont la pertinence permet de l'étendre à bon nombre de situations sociales actuelles. Pourquoi tant de chômeurs si tous prétendent "ne pas vouloir de chômage" ? Façon de dire que toute responsabilité individuelle s'inscrit dans des conditions d'exercice, qu'il faut faire l'effort de connaître pour les maîtriser et mieux, les changer si possible. Notre camarade philosophe Lucien Seve dit que "chacun est responsable de ce qu'il peut changer". A chacun ses moyens. Un ministre de l'Intérieur de gauche peut et doit changer les conditions d'intervention pour ce qui est appelé par la droite le "maintien de l'ordre". Mais quand on se croit davantage l'héritier de Jules Moch, créateur des CRS, que de Jaurès... Il nous faut donc changer la règle du jeu. Cela ne se fera que si chacun prend conscience que sa vie sociale personnelle le mettant en rapport multiple avec d'autres lui confère une dimension, une culture, une force,une puissance d'intervention, que tout seul il n'aura jamais. Combattre tout ce qui sépare, isole les gens les uns des autres : l'union fait la...
Oui, il est nécessaire de moduler les allocations familiales, en fonction des revenus. Comment peut-on admettre que des ménages qui gagnent 8000 € par mois, et voir plus, reçoivent les mêmes alloc que des smicards ? Sous prétexte d'égalité et d'universalité. Ces prétextes là étaient peut-être tout à fait justifier il y a 30 ans, mais en 2014, ceci ne peut plus se concevoir. Il en va de même pour des allocations chômage (là aussi une grande réforme est nécessaire). Compte tenu des difficultés que rencontre bon nombre de populations, il n'est plus possible de continuer ainsi, les plus démunis ne l'acceptent plus et si une vrai gauche ne le proposent pas (pas les socialistes, car eux ne sont plus de gauche, ils sont à l'écoutent et aux ordres de la finance européenne et mondiale), alors il ne faut pas s'étonner que cet électorat fou le camp vers Marine Le Pen. Attention prenons garde, elle est aux portes de l'Elysée.
Statistiquement le prochain "Einstein" ou "Mozart" devrait être originaire de la République populaire de Chine.
Amitiés militantes. CPMG (Chaleureuse Poignée de Main Gauche).
@Barachois et @marianne 31
Soyons sérieux et ne sombrons pas dans la caricature simpliste (marianne) ! Ce n'est pas la juxtaposition d'une infinité de bien-êtres individuels qui crée le bien-être commun, mais bien plutôt une bonne organisation de la société qui permet le bien-être de chacun de ses membres. De plus les allocations en question ne sont pas une compensation mais un acte de solidarité entre les membres de la société. Il ne s'agit donc nullement d'évaluer les besoins de chaque individu selon on ne sait quels improbables critères et invraisemblables modes de calcul pour les comparer à une norme non moins invraisemblable de façon à répartir une compensation. Il s'agit simplement de répartir la solidarité à la manière, par exemple, des 14 tranches que le programme du FdG propose d'instaurer pour l'imposition.
En ce qui concerne Remi Fraisse, c'est triste, mais combien de morts suspectes dans des commissariats, combien de gens énucléés avec des flash ball ? Bien sur que la faute en incombe aussi aux flics, qui ne servent plus que d’armée pour un système en état de nécrose avancée. A moins de considérer qu'un être humain n'est pas responsable de ses actes. Effectivement,on peut casser du sucre sur le dos de Valls, il est incompétent, carriériste, menteur et pas du tout de gauche mais ça serait madame Duschmoll ou monsieur Trucmuch a la tête de la France,ça changerait quoi ? Nous avons signé des traités européens, l’austérité n'a pas été décidé a Bercy mais a Bruxelles et les budgets nationaux sont soumis a contrôle par la commission non élue et clairement anti démocratique qui y siège. La réalité, c'est que nous ne sommes plus aux manettes et que d'autres décident a notre place. On voit toute la folie d'une construction européenne factice, un fanatisme qui refuse de regarder en face le bilan calamiteux qui est le sien.
Le système est basé uniquement sur l'argent. Il faudrait s'élever, sortir du système et réfléchir à comment remplacer ce système à bout de souffle. La partie de Monopoly se termine, les plus riches ont des "hôtels" partout. Les plus pauvres vont être affamés rapidement. Il est temps de penser à l'avenir de cette société ! Combattre les inégalités sans changer de système ne nous permettra de tenir que quelques mois ou quelques petites années. La logique économique est inverse à la logique écologique. Sans vouloir faire du fatalisme, il y a urgence !
@Semanaz Daniel
Je ne crois pas que la modulation des allocations familiales n'aient d'autre objectif que de faire croire aux Français que le gouvernement est bien de gauche. Valls et Hollande ont regardé les sondages et vu que la majorité des gens de gauche étaient pour, comme ça, ils s'en tirent à bon compte, ça leur évite de mettre en place une vraie politique de gauche et une réforme fiscale juste. Or, cette mesurette ne changera pas grand chose aux déséquilibres du budget et s'attaque aux classes moyennes supérieures et non aux très riches. Un ménage qui gagne 6000 euros par mois, qui a 4 enfants et paie des impôts ne peut être considéré comme riche. Si l'on touche ainsi à l'universalité, pourquoi rembourser les soins de santé, il n'y a qu'à les moduler aussi... et on rentre facilement dans une société du chacun pour soi ou ceux qui paient des impôts regarderont encore plus de travers les bénéficiaires. C'est une pente dangereuse pour le pacte républicain car cela avive les divisions.
Qui manifeste contre la mort de Rémi Fraisse ? Celles et ceux qui sont indignés par sa disparition tragique, qui sont révoltés par une nouvelle atteinte au milieu naturel, qui contestent les conditions de la prise de décision des élus du Tarn. Et celles et ceux qui sont victimes de la casse sociale orchestrée par les "pseudo socialiste", qui n'en peuvent plus, qui veulent exprimer leur désarroi et leur colère en l'absence d'alternative politique. Ces raisons peuvent être conjuguées. Idem dans les manifestations contre l'aéroport de ND des Landes, contre l'écotaxe. Autant de nouveaux symptômes de la crise de fonctionnement de notre démocratie, de plus en plus mise en doute.
@SEMANAZ DANIEL
Ne vous leurrez pas. À terme, avec leur bricolage de façade, les alloc, la sécu, bref tous les acquis sociaux, seront considérés au même titre que le RSA, pour les pauvres, charité crasse. Rien de tel pour diviser encore les Français entre eux et réduire ainsi le nombre de ménages concernés et susceptibles de sortir dans la rue pour défendre ces mêmes acquis. Pendant ce temps les vrais gros riches du CAC40 siphonnent l'économie réelle et s'en frottent les mains. Éclater la cohésion sociale est le but de ce gouvernement.
Concernant "le nombre" évoqué pas Jean-Luc, j'ajouterais que nous vivons l'émergence d'un nouvel espace anthropologique presque aussi radical et violent que celle de l'apparition du langage articulé : le changement total des significations qui nous lient au monde dans lequel nous vivons. Si on considère la multiplication exponentielle des connections entre les humains via le cyberspace, à l'instar du cerveau, dépassé un seuil de concentration d'échanges, nous pourrions parler d'hypercortex. Mais pour l'instant, la conscience qui l'habite est néo-libérale. L'outil est là, il faut s'en emparer. Facile à dire, je l'admets.
@ SEMANAZ DANIEL 61
Il n'y a pas que les Socialistes à être à l'écoute de la finance. A l'évidence vous l'êtes aussi. Evoquer la solidarité et l'universalité en termes de "prétextes", déjà, et puis quoi ? La France ne pourrait plus se permettre ni l'une ni l'autre ? Vous adhérez donc au discours selon lequel la France serait au bord de la faillite ? La dette trop élevée ? Vous devriez changer vos sources de désinformation. 2059,9 milliards de PIB en 2013, jamais la France n'a été aussi riche, 132 milliards de fraude patronale (20 Mds en fraude cotisations sociales, 32 sur la tva, 80 en fraude fiscale). La modulation des allocs en fonction des revenus est juste un piège, dans lequel ceux qui prennent les ménages aux revenus salariaux encore confortables pour leurs ennemis de classe, tombent à pieds joints. C'est un cheval de Troie, qui à terme, emportera tout.
Dans l'ère du peuple, JL Mélenchon, de manière très précise, indique que l'entreprise n'est plus le lieu où se construirait un mouvement social conduisant à une révolution. A ses yeux, c'est le nombre urbain, le peuple, dans sa grande diversité qui exercerait aujourd'hui cette potentialité révolutionnaire. Ce peuple serait constitué de syndiqués, d'ouvriers, d'avocats et de médecins. Pourquoi pas. Cela dit, je m'interroge sérieusement sur le sujet. Le peuple c'est encore et toujours des classes. L'entreprise est le lieu où le patronat mène une lutte de classe. Le peuple en est victime et surtout les classes populaires majoritaires. L'exploitation dans les boites est féroce. Les classes populaires (majoritaires) en sont les premières victimes. Le productivisme, les classes populaires trinquent en premier lieu. Ce qui m'étonne c'est que JL, ne mentionne en aucune manière ce combat de classe que mène le patronat. Entre autres, c'est donc le contenu de ce dernier qu'il faut remettre au gout du jour et distiller aux salariés. Avocats, médecins... j'ai un doute.
@ PIETRON 70
La population active française est d'environ 25 millions de personnes. Les effectifs du secteur industriel sont d'environ 3,2 millions de salariés toutes catégories confondues. L'artisanat occupe quand à lui environ 2,5 millions de salariés. Le secteur de l’économie sociale emploi près de 2 millions de salariés. C'est le secteur tertiaire qui regroupe le plus de salariés avec un effectif d'environ 10 millions de salariés. Les entreprises d'interim compte environ 500 000 personnes dans leurs effectifs. Par ailleurs plus de 5 millions de personnes sont privés d'emploi et sont de facto isolées. Aujourd'hui c'est ça la réalité du monde du travail. Vous admettrez que du point de vue organisationnel ça complique singulièrement les choses et qu'il convient de se remuer un peu les neurones pour trouver les bonnes formules pour toucher "les prolétaires de notre temps". Cela n'enlève rien à l'antagonisme qui oppose la multitude laborieuse à la minorité exploiteuse. JL Mélenchon pense que le terrain révolutionnaire est le territoire urbain qui regroupe 80% de la population. Cette piste mérite au moins d'être étudiée hors de toute appréciation sur la personne qui...
@Francis 71
"Il convient de se remuer les neurones" laisse présager l'obstacle que vous-même constituez. D'autant que l'élaboration des classes sociales que vous effectuez, confirme que les classes populaires sont bien majoritaires. Lorsque l'on évoque les classes populaires (anciennement ou effectivement "classe ouvrière" au sens large, depuis longtemps), cela inclut les ouvriers, les employés (services publics ou privés), etc. Vous n’êtes point seul à savoir que les réalités d'aujourd'hui sont celles ci. Mais elles se situent surtout dans l'appropriation totale par le capital des grands moyens de production et l'élévation notable et subtile du niveau d'exploitation des mains d'oeuvre (services, industrie, notamment). Le syndicalisme semble avoir complètement abandonné le terrain du combat de classe (mais pas le MEDEF). Il ne resterait plus que l'urbain mais cela n’empêche pas de s'interroger sur d'autres pistes et de s'interroger sur les tiraillements inévitables (de classe) entre les classes populaires et les classes aisées (avocats, médecins). Le peuple c'est aussi des antagonismes de classe. Nous ne sommes pas au PS Mr (ou...
@cultive ton jardin
Merci, c'était mon intention, les commentaires ont bien déblayé le terrain c'était une bonne idée, heu ! Peut être que cela m'arrange mais j'aime bien ce vieil adage qui dit que la véritable grandeur est la simplicité, pour ce post cela été utile, mais c'est bien qu'il y en ai pour tous, le peuple n'est pas composé que de prolos il y a aussi des intellos c'est bien de ne pas niveler tout par le bas, ça fait évoluer. A lors c'est bon je lâche le ménage et je vais lire et relire.
A tous ceux qui trouvent normal de diminuer les allocations familiales des plus riches, je conseille de bien relire dans le détail le paragraphe de Jean-Luc sur le sujet. Tout y est bien expliqué. Aujourd'hui un seuil de ressources est déterminé, et vu ce seuil tout le monde est tenté de dire : bien fait pour les « riches... ». Mais demain le riche ce sera peut-être vous. Car qui peut dire si le barème ne sera pas modifié demain ? Qui peut dire une fois l'opération sur les allocations familiales digérées, comprises et approuvées qu'on n'appliquera pas cette règle à d'autres champs de la protection sociale ? Les "riches" moins bien remboursés de leur frais médicaux que les pauvres, ouvrant une porte béante à des systèmes d'assurance privée qui à terme concerneront de plus en plus de monde d'abord le haut de la classe moyenne, puis le bas de cette classe moyenne etc. et de fil en aiguille le mot solidarité disparaîtra des dictionnaires. Car tous ces gens exclus du bénéfice du système, à terme, voudront aussi s'exonérer des cotisations qui le font fonctionner. Les plus pauvres, seront alors pris en charge à minima. On commence par gratter au pied du mur, c'est presque...
@ Francis 71 et Pietron
Jean Luc semble nous déstabiliser quleque peu en lançant une réflexion profonde sur la lutte des classes et sur le terrain où elle doit être menée. Pour les communistes (marxistes), c'est toujours le concept de classe qui structure la vie économique et politique, notamment à travers l'exploitation dans l'entreprise (salarita, taux de profit...). Alors que pour Jean-Luc cette notion n'est plus pertinente, il lui préfère celle d'urbains. Effectivement depuis Marx le monde a changé, la société a évolué. La société s'est fragmentée en multicouches au sein d'une même classe. On peut dire que le médecin, l'avocat, auparavant notables, est exploité et donc fait partie des opprimés. La classe qui faut combattre est celle qui s'approprie les richesses naturelles et celles produites. Il y a distinction entre révolution par les urnes (Jean-Luc Mélenchon) et révolution par la rue (manif sociale, grève). Mais comment mener la révolution par les urnes avec seulement 50 ou 60 % de votants ? On sens bien la difficulté du débat dans le Front de Gauche entre le PC et le PG, le NPA et les autres. A moins de créer une troisième voie, celle des assemblées citoyennes.
Le débat sur la lutte des classes et les changements sociaux est passionnant et très important. Je fais aussi partie de ceux qui pense que la lutte des classes, c'est toujours là. Mais comme d'autres camarades le disent, leur composition a changé, je n'y reviens donc pas. Est-ce à dire que le prolétariat a changé et que la lutte s'exerce ailleurs ? Il me semble, en tant que Marxiste, qu'il faut adapter à la situation. Que la lutte des classes s'exerce depuis d'autres lieux, je n'en doute pas. Par exemple, nous avons un chômage très important : d'où s'exerce l'exploitation capitaliste des chômeurs ? Le monde urbain a explosé au détriment du rural et le tertiaire domine le marché du travail : là encore cela a des conséquences. Quant au prolétariat, il y a beaucoup à dire, à commencer par le fait que les ouvriers existent toujours, mais sont loin d'être les seuls à subir l'exploitation capitaliste. Les vraies classes moyennes viennent en "renfort", par exemple. Il ne s'agit donc pas d'abandonner quoi que ce soit. Tant qu'il y aura le Capital, l'exploitation de l'Homme par l'Homme, il y aura un lutte des classes qui prend des formes différentes.
La lutte des classes c'est aussi l'opposition de plus en plus radicale entre une partie du peuple qui refuse les projets inutiles, consommateurs de l'énergie vitale qu'il ne faudrait pas gaspiller, et les militaires chargés du maintien de l'ordre. Des gendarmes masqués manoeuvrent sur le terrain parmi les manifestants, afin de rendre inévitables des affrontements pour amener une guerre civile. Les propriétaires de l'appareil de production politique veulent une sorte de couvre feu social, pour empêcher la lutte des classes de prendre de l'ampleur, car c'est de révolte contre l'iniquité dont il s'agit. Iniquité du partage des richesse et iniquité de l'utilisation des ressources par la puissance publique. La lutte de la classe ouvrière devrait passer par la défense de l'écosocialisme, mais il y a maldonne à cause de la manipulation des mots et des idées, par cette même puissance publique qui veut la guerre contre le peuple. Finalement la lutte des classes, ça sera sûrement une lutte au sens propre, à quand les barricades ?
Pour cette devise de la sécu : on donne selon ses moyens, on reçoit selon ses besoins, c'était un temps de choses simples. Tout le monde cotise selon le même pourcentage de ses revenus (donc les + riches cotisent forcément davantage) et chacun reçoit les soins nécessaires lorsqu'il a besoin de soins médicaux ou hospitaliers. Faut pas chercher trop complexe !
Je ne crois pas que brandir comme mesure emblématique d'une 6ème République le référendum révocatoire soit une idée lumineuse. Je ne crois pas que tout agacé qu'il soit, le peuple jugerait d'un bon oeil la possibilité de pouvoir faire tomber Hollande subitement. Qui se substituerait à lui demain si tel était le cas ? Marine Le Pen certainement, si l'on veut être optimiste Juppé. Mélenchon ? Désolé mais c'est se bercer de douces illusions. A part être un facteur d'instabilité portant en lui pas mal de risques démagogiques, je ne vois pas quel changement de pratiques celui-ci produirait-il sur la sphère politique. Sans doute seulement une aggravation des dérives actuelles, à savoir une accentuation de la bataille des egos, du PMU sondagier permanent et des plans de com ultra-démagogiques. En rien une remise en cause du coeur du problème, l'indépendance des pouvoirs républicains vis-à-vis des lobbies !
Ravie de voir que Jean-Luc Mélenchon s'aventure sur le sujet des techniques en liaison avec l'évolution des sociétés humaines. Nous sommes à un tournant d'époque où le numérique nous offre la capacité de nous organiser autrement. Encore faut-il que nous mettions l'outil au service du bien commun et non pas de notre aliénation. Le marketing, la publicité exploitant notre penchant naturel à la bêtise, sait surfer sur ces outils numériques pour détruire nos désirs d'apprendre, de transmettre, de soigner les générations montantes. L'outil est toujours à la fois poison et remède. A nous de penser et d'agir en conscience. Le philosophe français Gilbert Simondon, malheureusement difficile à lire, a établi tous les concepts qui permettent de penser notre époque dans laquelle, effectivement les relations, les échanges, la contribution sont essentiels. Marx + Simondon + la fin des oppositions stériles nature/culture, nature/technique. Moins d'emploi, plus de travail, mise au ban des prédateurs face aux contributeurs.
@75 jean ai marre
Il n'y a pas débat entre "la révolution dans les urnes (Mélenchon) et la révolution dans la rue (manifestations, grèves)" parce que la première n'aboutira qu'à la suite ou pendant la deuxième lors d'élections anticipées exigées par le peuple et la situation. Dans la situation de verrouillage anti démocratique résultant de la Vème république, du carcan européen, du monopole libéral des médias etc, la victoire électorale ne peut qu'être l'aboutissement d'une grande mobilisation populaire citoyenne. Quant aux marxistes, il y en a fort heureusement ailleurs qu'au PC.
@Jauresist 79
Je crois que vous faites une erreur d'interprétation. La question du referendum révocatoire n'est pas liée de façon privilégiée à la conjoncture présente, et n'implique pas une application immédiate (même si le cas Hollande est parlant !). Elle concerne l'avenir politique en général, et cette campagne doit servir surtout à faire prendre conscience à nos concitoyens que ce sont les élections qui sont souveraines, et non les élus une fois placés. Et que ces derniers doivent en toutes circonstances rester sous contrôle populaire, et pouvoir être révoqués par leurs mandants. Il ne s'agit pas de "s'illusionner" sur un possible résultat électoral(iste) mais avant tout de réveiller les 99%, sans lesquels rien n'avancera.
Tout concourt à la fragmentation, à l'émiettement à tous les niveaux pour ôter le lien, le sens, briser la cohésion. Le grand nombre s'enrichit de ses échanges, de sa diversité à condition qu'il y ait perméabilités, volontés de coopérations et pour que l'on parle de qualité il est nécessaire de définir ce vers quoi On veut aller. Ce qui prédomine dans nos sociétés ce n'est pas l'éveil, l'ouverture mais l'aveuglement, le repli à l'image des villosités intestinales, mais qui elles sont là pour faciliter les transformations vitales. Alors que les connaissances de tout poil s'augmentent chaque jour, des découvertes scientifiques, aux livres traduits, en passant par toutes les prouesses technologiques (sonde Rosetta), recherches sur les civilisations disparues, les individus sont infantilisés, ignares et les enfants gavés d'écrans à l'image des adultes. Un grand nombre asservi par un petit groupe (assis sur du pétrole ou des métaux dits précieux) qui se veut et le devient maître du monde ! La Santé, qualité première à défendre transcende tout le reste à condition d'en considérer les causes, la prévention: nous sommes la Nature à défendre, grain de sable !
Le dossier de Sivens est de mieux en mieux documenté, notamment grâce à Reporterre et à Médiapart. Ce sont des récidivistes qui ont monté ce projet sur fond de conflits d'intérêts : les mêmes ont construit le barrage de Fourogue, illégalement et avec une catastrophe économique et écologique à l'arrivée. Dépêcher police et gendarmerie non pour faire respecter la loi, en bloquant des travaux illégaux, mais pour aider à violer la loi en défrichant sans les autorisations nécessaires, relève de la forfaiture. Mises au service d'actes délictueux, les forces de l'ordre sont ravalées au rang de milice privée et perdent toute légitimité à un quelconque recours à la violence. Pire, certaines unités ont multiplié les exactions : insultes sexistes, brutalités, destruction par le feu des biens personnels des zadistes. C'est l'extension aux ZAD des méthodes apprises dans la destruction des camps de Roms, en attendant de trouver d'autres champs d'application pour ces atteintes à la dignité des personnes et aux libertés publiques. Oui, Cazeneuve doit partir. Mais le pouvoir doit rendre des comptes pour l'ensemble des atteintes à la démocratie.
@ 81 Fulgence
Si J L Mélenchon a décidé de porter le débat sur l'urbain plutôt que sur l'entreprise, c'est qu'il a compris et analysé que ce terrain est réducteur. Le salariat a changé et tout seul il ne mènera pas à la révolution. Combien de syndiqués dans le privé ? D'ailleurs nous voyons bien que le FN bien qu'absent des luttes dans les entreprises progresse dans la société. Il faut donc rassembler dans la cité, dans l'urbain, toutes les couches sociales qui sous Marx étaient appelées classes. Comment lier les combats écologiques, sociaux, féministes ailleurs que dans l'urbain ? Comment créer l'alternative de vrai gauche, sinon que par l'adhésion de tous les opposants à la même classe ? Il est évident que pour réussir, il faut se désolidariser du PS, qui est avant tout réformateur et non révolutionnaire et qui offre depuis 30 ans l'alternative à la droite, pour mémoire rappelons nous du Congrès de Versailles de 2008 ! Ce n'est qu'ensuite que le combat ira dans les entreprises.
Aussi brutales soient-elles, ne jamais oublier que les forces de répression agissent sur ordres et dans des limites assez rigoureusement définies. La phraséologie anti-flic habituelle ne voit pas plus loin que le bout de son nez et détourne l'attention des vrais responsables, les élus, le préfet et les autorités de l'Etat et leurs pseudo-experts au service de la mafia du business agricole productiviste. Déjà Royal joue sur du velours en utilisant le rejet de la violence pour faire avaliser un compromis qui sera favorable au lobby du maïs, c'est à dire des accapareurs-gaspilleurs d'eau-pollueurs-destructeurs.
A propos des allocations familiales, revenons au attendus de leur inventeur Emile Romanet. Pour lui c'est un complément de salaire qu'il met en place dans son entreprise entraînant 5 autres entreprises grenobloise en 1918 pour la raison suivante : si je vis seul avec mon salaire, mon travail peut suffire à me faire vivre, en revanche si j'ai des enfants, le même salaire peut ne pas être suffisant. Introduire une différence directement sur le niveau de salaire en fonction de ce à quoi peut servir le salaire serait injuste et dangereux. Par exemple, l'employeur serait tenté de n'embaucher que des travailleurs sans enfants. L'idée est donc d'apporter un complément de salaire pour prendre en compte les dépenses supplémentaires que le salaire doit supporter quand il y a des enfants… C'est l'invention de la caisse de compensation, ainsi appelé avant de s'appeler caisse d'allocation familiales.
Le problème pour m6r.fr, c'est que le débat est insuffisamment ouvert aux citoyens. Juste quelques prestations d'intellectuels, pas de forum suffisamment public. Encore une belle chose qui sera détournée par les collectifs d'Etienne Chouard. Secondo, les média nous bloquent à des heures "confidentielles", faut pas se leurrer sur l'influence relative de nos troupes quand les émissions passent à 11h du soir ou à 10h du matin, alors que BFM, média de masse nous gave de lepénistes toute la sainte journée et aux heures de grande écoute. BFM, motscroisés, Moati etc. c'est du Alliot, Collard, Philippot à longueur de journée. Je vous renvoie au lynchage systématique de Mélenchon à des émissions où il n'est jamais invité, mais toujours vilipendé (voir la prestation Onfray sur CSOJ, ou celle D'Attali etc.). Idem à C dans l'air. La presse écrite, c'est du pareil au même. Quant à notre TV de gauche, elle fonctionne mal : vidéos de conférence inaccessibles ou juste les vidéos secondaires de la partie droite. Faut pas se leurrer. Toutes les grandes idées que nous avons lancées sont plagiées, torpillées par les autres qui font davantage de bruit grâce aux média, du moment qu'on...
À contre courant de la plupart de mes amis politiques (PC, PG, CGT etc.) je suis pour la suppression des allocations familiales aux familles aisées, c'est dire si j'approuve leur modulation, décidée par le gouvernement social libéral. Je me trouve ainsi en compagnie de 77% des Français qui sont favorables à cette mesure (sondage publié le samedi 18 octobre). J'entends les arguments de bonne foi (je ne relèverai pas les délires de la droite et de l'extrême droite) relatifs à l'universalité et au danger d'ouvrir une voie dans les acquis du CNR sur la protection sociale et familiale. Il serait, bien entendu, plus juste de mettre tous les éléments sur la table pour aboutir à des mesures d'ensemble et cohérentes. En attendant, réduire le déficit de la sécurité sociale par la modulation des allocations familiales ne me choque pas, bien au contraire. En effet, en prenant l'exemple d'un couple avec 2 enfants, demander à ces familles de faire le sacrifice de 60€ quand elles ont 6000€ de revenus ou de 80€/mois pour 8000€ est loin de me faire pleurer ! Cette mesure concrète et factuelle a le mérite d'exister en attendant la grande réforme...
@soufflet
Je pense que 77% des sondés (pas des Français) favorables à une modulation ne connaissent pas le pourquoi des allocations familiales. Nous avons à travers ce fait un bel exemple d'une nouvelle attaque contre le principe d'égalité, avec l'aide de l'équité, qui politiquement est souvent revendiquée par la droite.
@soufflet
On ne peut pas reprocher à certains d'être court-termistes quant à leur approche de l'économie par exemple et tomber soi-même dans le même travers, quitte à contribuer à saper encore davantage un modèle social attaqué de toutes part. L'universalité des prestations sociales permet de concerner tout le monde, attendu que les différences de revenus doivent être lissées par l'impôt. Or le problème est bien là. S'il y a bien une urgence, elle est fiscale. Une réforme rendant les contributions réellement progressives, en élargissant au maximum l'assiette pour concerner tous les citoyens, serait le meilleur moyen de revenir à une solidarité réelle en privilégiant l'approche collective et non discriminatoire. Au contraire, moduler les allocations, c'est donner un argument de plus à ceux qui rêvent de détruire toute solidarité institutionnelle et continuer à parcelliser le corps social. Par ailleurs, pour combler le déficit des régimes sociaux, s'attaquer à la fraude massive des employeurs serait sans doute bien plus prolifique que d'enlever quelques dizaines d'euros à certaines familles, même s'ils ne leur manqueront pas.
@ 88 jorie
Le site m6r.fr vient d'ouvrir un mur sur lequel chaque citoyen peut intervenir. Par ailleurs le site a ouvert des possibilités de débat au bas de chaque contribution. Néanmoins je comprends votre crispation que je partage par rapport aux médias télévisuels ou autres d'ailleurs. Ceux-ci sont dans les mains des puissances d'argent et les médias publics ne remplissent pas leur mission de service public. Cette situation n'est pas prête de changer, il faudra donc faire avec et développer d'autres réseaux d'information. Le net est l'un de ces moyens, mais aussi les cercles citoyens, le porte à porte, les discussions avec la famille, les collègues. Il me semble que le militantisme de proximité qui était le point fort du mouvement révolutionnaire dans le passé doit être remis au centre de notre activité.
@soufflet et co
Et le plafond à 4000 ça serait pas mieux ? Voire 2500 parce que bon faut pas pousser. Et demain pour aller se soigner, pareil on demandera la feuille d'impôt pour être bien sûr que vous y avez droit. Quand on 2 enfants en Île de France ça coûte combien pour se loger (prix moyen du m² 4700 €) ? Alors ils ne sont pas trop riches nos gars à 6000 € dans leur 60 m² endettés pour 20 ans ? Vous avez déjà discuté avec des ouvriers des employés un peu au dessus du smic ? Que pensent-t-ils de la CMU ? Ils pensent que c'est dégueulasse qu'eux "les privilégiés" ne puissent pas mettre une couronne sur une dent pendant que ceux qui ont la SMU le peuvent. Et oui pas besoin d'aller chez les riches pour avoir de la rancoeur contre ce système injuste. Les prestations doivent être pour tous. On cotise selon ses moyens, on est couvert selon ses besoins.
En réponse à soufflet 89 et dans le sens de ce que dit nicks 91,
Il n’est pas question de renoncer à notre attachement au principe de droits à diverses formes d’allocations, universelles, et suffisantes, et indépendamment des variations (qui doivent être rendues acceptables) des revenus interindividuels, lesquels se justifient dans leur principe par la division du travail et la différence des compétences Sinon comment poser le droit à ce que nous appelons des biens communs (accès à une quantité d’eau nécessaire, à une qualité du logement, à une nourriture de qualité, droit à une certaine mobilité, à une formation continuée, un revenu de consommation convenable etc. pour tous) ? Surtout si le niveau technologique atteint de nos jours permet de confier une grande partie de la production à des robots et les services à des logiciels, avec le risque de construire une société dont nous ne saurions accepter une violence des inégalités jamais atteintes dans l’histoire humaine.
Si on lit bien le livre de Jean-Luc Mélenchon, l'équilibre devenu instable de la planète pourrait se rompre à tout moment. De ce fait, n'y a-t-il pas un risque de découragement chez ceux qui voudraient bâtir l'avenir ? L'auteur dit qu'une fausse position écologiste consiste à dire que c'est la somme des comportements individuels qui peut résorber les attaques du productivisme contre l'équilibre naturel. Le système productiviste est d'abord l'ennemi de l'humain, puis de la nature et enfin de la République. J'ai du mal à relier le fait que le grand nombre peut faire émerger plus facilement des savoirs faire qui vont faire progresser l'ensemble, avec le fait que la masse se laisse convaincre que le productivisme est le destin de l'humanité. Il n'y a pas de Front de gauche, il n'y a pas de front du peuple pour le moment. Le peuple croit majoritairement que ce sont les gauchistes qui font perdre du temps à l'ordre établi. S'il est urgent d'appliquer la règle verte et qu'on ne le fait pas, la conclusion est que l'avenir est sombre, si le peuple ne veut pas le savoir, comment précipiter les évènements ? Ceci est la question.
"Au moment où j’écris ces lignes, nul ne sait comment se propagera l’onde de choc de l’indignation provoquée par la mort de Rémi Fraisse"
C'est maintenant que ça va commencer. J'attendais avec impatience cette réunion qui ne pouvait rien donner sur le fond, mais qui pouvait soit calmer le débat, soit faire exploser le politique. France Nature Environnement rentre dans le concert. C'est autour de cette association que tout va se cristalliser. Les philosophes et autres penseurs vont intervenir. Edgar Morin a commencé, il a jeté les bases de la discussion, a parlé de guerre de civilisation. Nicolas Hulot, conseiller de François Hollande a pris position. Pour lui, les choses sont claires au sujet du barrage: «Il faut l'abandonner». «Ce n'est pas une question d'écologistes contre agriculteurs, c'est simplement une question de bon sens. On aurait déjà dû le faire plus tôt, et étudier d'autres alternatives au barrage», poursuit le conseiller de François Hollande. Nicolas Hulot parle d'«un immense gâchis et une profonde tristesse». Une «affaire qui (lui) donne la nausée», neuf jours après la mort de Rémi Fraisse. Et si c'était ça...
L'ère du peuple traite de sujets profonds en peu de pages et avec le souci de la pédagogie : lecture stimulante ! Et qui peut ouvrir l'appétit intellectuel pour les questions traitées...
Pour qui voudra approfondir le chapitre 3, sur l'anthropocène, je recommande L'événement anthropocène, de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, au Seuil (2013). Ce livre présente l'idée, met en garde contre la fuite en avant techno-productiviste de certains de ses promoteurs, introduit une lecture politique de l'histoire de l'environnement, met en évidence l'implication du lobby militaro-industriel dans la destruction de la planète. Historiens des sciences, les auteurs mettent à jour les racines profondes de ce que nous nommons écosocialisme – et promettent d'y consacrer leurs prochaines recherches.
Pour prolonger la réflexion sur le temps (chapitre 5), l'angle « travail » est traité dans L'entreprise et le temps, d'Alain Coulombel aux éditions L'Harmattan (2011), et les expériences locales de « bureaux de temps » apportent des éléments de réponse politiques. De quoi alimenter la réflexion collective.
Ils ne doivent vraiment pas être nombreux les hommes politiques qui lisent Pour la Science. Jean-Luc est peut être même le seul. Bravo à lui.
Après deux lectures soulignées, surlignées de votre synthèse "l'ère du peuple" je suis très admiratif devant votre hauteur de vue géopolitique, qui embrasse tout le champ écolo-social et les enjeux vertigineux de la situation d'impasse dans laquelle nous met l'oligarchie du fric. Arte nous a remonté le moral mardi soir avec le film "sacrée croissance" nous décortiquant quelques solutions concrètes fonctionnant bien en dehors du système de prédation, en contrepoint du gachis mortifère. Tout le long vos paroles entrent en échos lumineux ! N'êtes plus isolé à prècher dans le désert médiatique !
Aspect peu évoqué toutefois, la nature des emplois change de façon radicale, ainsi que leur quantité globale contrainte par l'ultra-libéralisme. Déjà évoquées la robotisation en production et la mécanisation à outrance productiviste détruit les emplois peu qualifiés non compensés par les services (surtout en période de récession). Aujourdhui il s'ajoute une profusion de robots à l'intelligence dépassant l'humain le remplaçant (cf "robots-sapiens" / science&vie de ce mois), même en Chine. Pose le problème du partage de...
Merci à tous les camarades d'avoir rebondi, c'est passionnant, cela nous interroge sur notre projet et nos pratiques militantes. Comment rassembler ? Qui gouvernera demain ? Imposer les choix du peuple ? Quelle ligne de masses ? L'analyse des classes doit être dynamique. Le marxisme c'est pas de la sociologie figée limitée au petit hexagone, le simple inventaire des effectifs. La position et les conditions de vie des cadres, des artisans, des employés naguère plus enviables tendent à se rapprocher de celles des ouvriers. La paysannerie s'efface à marche forcée. Le prolétariat moderne est un pôle d'attraction. Pour une petite classe moyenne émergente de 200 millions d'individus le capital a plongé les masses chinoises (1 milliard) dans la surexploitation, la régression sociale, la précarité. Quant à la lutte des classes, ne la voyons pas uniquement sous l'angle des grèves, des mouvements sociaux qui ne s'exerceraient qu'ailleurs (?) C'est ici aussi la régression imposée, les "réformes", les délocalisations, les répressions violentes, le massacre de la planète. Non seulement elle n'a pas disparu mais elle s'exerce partout. Le capital est encore/déjà acteur de la...