01déc 14

La semaine qui chauffe

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En janvier, le ministre ex-banquier Macron pourrait bien se prendre une bonne mufflée à l’Assemblée nationale. Je le souhaite ardemment. Car c’est le coup de Jarnac de trop que son projet de loi qui sera présenté la semaine prochaine en Conseil des ministres. Le travail du dimanche et de la nuit, ce sont, avec le travail des enfants, les fondamentaux de base de l’action de gauche depuis l’origine du mouvement socialiste. Emmanuel Maurel, le chef de la gauche du PS, a prévenu que le projet Macron ne trouverait pas de majorité. On verra bien. Mais ce sont des paroles réconfortantes. Elles viennent après la semaine où le PS du Parlement européen a disparu corps et bien de la bataille laïque. C’était à l’occasion de la présence du pape à la tribune du Parlement européen. Il est vrai que c’était à l’invitation d’un « socialiste » allemand, Martin Schulz, son président. En tous cas, avec le rapport soi-disant franco-allemand, mais surtout 100% PS, on sait qu’il n’y a aura pas de limite à la déchéance social-libérale de cette famille politique. Macron peut donc s’en sortir, Maurel être démenti. Ce serait un jour de deuil. Un de plus. Car la signature de Pierre Moscovici au bas du document de menaces de la Commission Européenne contre la France, que j’analyse dans ce post, est déjà une honte absolue. 

Je viens un instant sur ce qui vient de se passer à droite avec la tenue du congrès du FN et le vote de l’UMP pour élire son président. Je vois se mettre en place un tableau très dangereux. Mais où nous aurons notre chance tant le remuement va être important. Le reste de mes sujets est à la carte, comme d’habitude, en partant du pavé qui se trouve à la droite de l’écran. J’aimerais que ceux qui suivent la construction du Mouvement Sixième République aillent vers le chapitre paru dans ma note précédente sur ce thème. Un intérêt particulier s’attache à cette lecture. Car c’est au cours des prochains jours que sera installée, sur le site M6R.FR, la machine à débattre présentée dans ce chapitre. Cette semaine, j’ai pu annoncer l’arrivée d’un groupe d’animateurs de ce qu’il est convenu d’appeler la gauche d’EELV au mouvement sixième République après celle d’un secteur du mouvement communiste. D’autres annonces vont suivre, bien sûr. Et comme nous avons atteint et dépassé le chiffre de 70 000 signatures je crois que nous tenons le bon bout pour atteindre les cent mille signatures visées. Le mouvement va donc prendre son envol et son auto-organisation dans les délais prévus. On attend le rapport de propositions pour franchir cette étape.

Cette semaine est marquée pour moi par la visite que je vais faire aux Assises de la mer organisée par le journal « le Marin ». L’an prochain, le 17 janvier, je tiendrai, avec mes amis et de nombreux invités un forum de la mer à Lorient. Pourra venir qui veut du moment qu’on se sera inscrit d’avance car le nombre de places n’est pas extensible. Ce sera aussi la semaine de l’émission « Des paroles et des actes » à laquelle je participerai avec Cécile Duflot et Benoit Hamon sur le thème « une autre politique est-elle possible ? ». Il est possible, selon la conduite qui sera faite de l’émission que ce soit un évènement pour la gauche si le jeu ne consiste pas à pousser à la bagarre ou à démolir toute alternative avec des graphiques surprises destinés à créer cette ambiance grand oral de l’ENA que l’émission affectionne parfois.

Une bonne nouvelle à savourer. La gauche garde la majorité en Uruguay. Après la victoire de Dilma Roussef au Brésil, c’est celle de Tabarré Vasquez en Uruguay avec comme vice-président le fils de Raoul Syndic le chef des guérilleros urbains des années 70 ! Alors, les sociaux-libéraux, comment vous faites pour tout perdre et eux pour gagner sans trêve ? La « gauche latino tonitruante » comme disait ce néant ambulant de Michel Sapin devrait organiser des stages pour dirigeants PS français.     

FN et UMP le paysage de la droite est mis en place

Dominante face à une gauche officielle gouvernementale en pleine supercherie, l’évolution de la droite donne la pente des évènements politiques en France. On voit une stabilité et une capacité d’offensive à l’extrême-droite qui est sans précédent. L’historiette charmante de la troisième génération chez les Le Pen aura été une contribution remarquable à la dédiabolisation de la marque familiale. Une fois de plus, le parti médiatique s’est surpassé en veulerie. Est-ce voulu ? Je ne le crois pas. C’est juste de la stupidité. C’est en effet une nouvelle crise aigüe de panurgisme, la maladie des moutons de Panurge. On sait que ces animaux se suivent les uns les autres sans réfléchir à ce qu’ils font, jusqu’à se jeter tous par-dessus bord. L’un a commencé et, du coup, il n’est plus question que de cela. Et du reste ? Plus rien. Le FN parti banal ? Mais non ! Pas du tout ! C’est un parti trèèèèèès intéressant ! La preuve par Marion.

Par contre, la marmite des mets épicés reste en pleine ébullition dans la droite officielle. Là encore, le parti médiatique fait fort. Le score de l’opposant à Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, permet aux commentateurs de faire comme si le résultat était un match nul. Erreur. Nicolas Sarkozy a gagné. Il va piloter la machine et son savoir-faire est intact. La preuve : il a gagné ! Et cela contre tous les médias et contre une large part de l’appareil des notables de l’UMP. Ne boudons pas notre plaisir dans ce contexte. Les médias nous garantissent le spectacle des « déchirements de l’UMP » comme un fil conducteur pour des mois. Il est vrai que cela servira le plan de madame Le Pen. Mais le nôtre aussi, il faut bien le reconnaître. 

En attendant, Sarkozy aura l’initiative ; le battu et ses soutiens sont cantonnés au rôle de tireurs dans le dos pour de long mois. C’est un rôle rarement populaire dans un camp politique très structuré par le culte des chefs. Mais le diagramme des forces reste clair. D’une façon ou d’une autre, la droite et le centre sont condamnés ou à se regrouper autour de Nicolas Sarkozy ou à partir divisés vers l’élection présidentielle. On connait la maison. Ils se diviseront, bien sûr. Avant cela, on peut compter sur ces gens pour tâcher de s’entredétruire à coups « d’affaires » et de coups tordus. Je serais étonné que Sarkozy soit le moins bon dans cet exercice. La ligne de pente est donc prise. On peut même dire que tout est en place pour le grand remplacement de la droite par l’extrême droite. Celle-ci a déjà imposé tous ses thèmes de ce côté de l’espace politique. Il lui reste à s’imposer comme direction. Elle dispose pour cela non seulement d’une équipe unie et cohérente, d’une stabilité reposant sur trois générations de chefs, mais surtout d’une volonté d’union des droites majoritaire à la base.

Dès lors, notre responsabilité est plus grande que jamais. Il faut rassembler les forces de la résistance à la pente dramatique prise par l’Histoire dans toute l’Europe. Les conditions pour y parvenir sont très strictes. C’est évidemment impossible autour du PS dont la politique au gouvernement est la première cause de la catastrophe qui s’avance en France. Quant aux frondeurs et autres opposants internes, le mur construit pour se protéger de moi d’une part et leur addiction au calendrier interne du PS les neutralisent jusqu’aux primaires du PS. Sauf incident de parcours. Je veux donc prendre ma part avec énergie au travail pour l’union de l’opposition de gauche au gouvernement. Mais là encore il faut être très clair si l’on veut être entendus tant le ras le bol et le « qu’ils s’en aillent tous » sont forts dans la profondeur du pays. D’abord il s’agit bien d’opposition de gauche et pas de guerre de guérilla pour obtenir des places distribuée par sa majesté solférinienne. Cette opposition doit se donner un objectif de réunir une majorité. Et pour cela, il lui faut une dynamique citoyenne pour changer la vie pour de bon, pas pour rectifier à la marge les plans d’austérité imposés par la Commission européenne. L’opposition de gauche doit donc s’obliger à fédérer le peuple à partir de ses aspirations au bien vivre écologique et social, et non à limiter la casse. L’opposition de gauche doit répondre à l’aspiration au bon gouvernement en mettant fin à la monarchie présidentielle. Bref, il ne suffit pas de se faire des sourires et bonnes manières. Il faut agir avec détermination et endurance ! Il n’est pas dit que nous y parviendrons. L’autre gauche sait aussi être un panier de crabes ou la démolition du plus proche et de toute tête qui dépasse, la suspicion permanente et l’esprit « bout de ficelle de cheval » restent des exercices très goûtés.

C’est l’action qui purgera l’atmosphère pesante actuelle. L’entente revenue au sommet entre PC et PG, après la condamnation sans ambiguïté vis-à-vis du PS affirmée par la Convention Nationale du PCF est un bon signe pour la suite. Mais, bien sûr, cela ne peut suffire à faire naître le printemps du peuple. C’est même très loin du compte. Nous n’avons aucun espoir si nous ne parvenons pas à rallumer le moteur de l’initiative populaire. Du « mouvement d’en bas » comme disait l’extrême gauche autrefois. De l’initiative citoyenne comme nous disons, nous, les partisans de la révolution citoyenne. Je plaide pour que les élections départementales soient un banc d’essai de la nouvelle formule de rassemblement citoyen à mettre en mouvement. Je plaide pour que nous prenions appui sur une initiative venant du terrain et je renouvelle mon appel pour que nos amis de Grenoble prennent l’initiative et même la conduite des opérations si cela est possible.      

Le Pape et les hypocrites.  

La venue du pape devant le Parlement européen, la piquante lettre que je lui ai adressé, ont donné lieu à la mise en scène habituelle. D’un côté une caricature de mon propos pour faire correspondre à l’image convenue du « bouffeur de curés » sans finesse, doublé de la nouvelle perversité médiatique : (« oui mais vous saviez bien que vous alliez provoquer ce genre de réaction »). Il est vrai que demander à des journalistes de savoir ce qu’est la « théologie de la libération » et la lutte contre elle des jésuite et de la papauté, s’intéresser aux 20 disparus français d’Argentine dont trois religieux et faire le bilan des hiérarques religieux dans cette circonstances, sans parler du reste, c’est beaucoup demander ! Quant à défendre la laïcité chez les importants dans cette circonstance : autant essayer de faire boire des ânes qui n’ont pas soif ! Au contraire, partout prévaut désormais l’habituelle papolâtrie nunuche qui est la règle depuis Jean-Paul II. Elle est désormais agrémentée de la fine remarque que « ce pape n’est pas comme les autres » au motif qu’il condamne le capitalisme et défend les pauvres ! Les éblouis d’aujourd’hui sont surtout des ignorants qui n’ont jamais lus ni encyclique ni discours papaux.  Car les deux papes précédents faisaient pourtant de même que ce pape-ci. « N’est-ce pas un pape de gauche ? » s’amusent les brutes médiatiques pour se distraire à nos dépends avec ces questions/affirmations qui sont devenues leur habitude. Comme si c’était le sujet du débat !

Un pape n’est ni de droite ni de gauche. Il incarne le dogme car c’est sa foi. Au demeurant, la laïcité n’est pas mise en cause par le caractère d’un homme, ni même par ses idées, mais par la pratique qu’il engage. Un chef religieux, quel que soit son culte, même s’il est personnellement de gauche, ne trouvera jamais grâce à nos yeux dans une institution politique. Autrefois, cette façon de voir était largement dominante à gauche. Et les minorités religieuses en France défendaient aussi cette règle avec ardeur. À présent, il faut bien admettre que la situation est considérablement dégradée. Côté PS l’effondrement est complet. Pas une voix au PS pour dire quoi que ce soit, ni à Paris ni à Strasbourg. Au contraire c’est le député PS belge Tarabella qui s’investit publiquement d’une mission de surveillance de mes activités contre les excès du « laïcisme ». Le « laïcisme » ! Cette expression est une signature. C’est le vocabulaire de l’extrême droite depuis toujours sur le sujet. On en est là.

Le pape a donc pu dire sans craindre d’être démenti qu’il s’adressait à nous députés « à partir de ma vocation de pasteur » pour adresser « à tous les citoyens européens un message d’espérance et d’encouragement ». Et même nous dire sans blêmir que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence ». Tranquille ! Pour lui, au centre de « l’ambitieux projet politique européen, il y avait la confiance en l’homme, non pas tant comme citoyen, ni comme sujet économique, mais en l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante ». Naturellement, ces élans-là ne peuvent lui être reprochés. Il agit conformément à ce qu’il est : le chef d’une communauté religieuse. Le reproche va à ceux qui lui ont demandé de venir là faire un prêche. De même on ne saurait honnêtement condamner son discours du premier au dernier mot parce que c’est un chef religieux qui les prononce. C’est plutôt l’hypocrisie de ceux qui l’applaudissent qui doit être pointée et montrée du doigt.

En effet, voir la droite et l’extrême droite applaudir était parfois surréaliste. On sait quelles politiques économiques ces gens votent sans état d’âme. Alors comment qualifier les acclamations qu’ils ont faites au propos papal suivant : « Quelle dignité est possible, sans un cadre juridique clair, qui limite le domaine de la force et qui fasse prévaloir la loi sur la tyrannie du pouvoir ? Quelle dignité peut jamais avoir un homme ou une femme qui fait l’objet de toute sorte de discriminations ? Quelle dignité pourra jamais avoir une personne qui n’a pas de nourriture ou le minimum nécessaire pour vivre et, pire encore, qui n’a pas le travail qui l’oint de dignité ? Promouvoir la dignité de la personne signifie reconnaître qu’elle possède des droits inaliénables dont elle ne peut être privée au gré de certains, et encore moins au bénéfice d’intérêts économiques ». C’est quasi du Robespierre dans le texte. Et quand, après avoir refusé de distribuer gratuitement les excédents alimentaires de l’Europe droite et extrême-droite applaudissent le pape qui leur dit : « On ne peut tolérer que des millions de personnes dans le monde meurent de faim, tandis que des tonnes de denrées alimentaires sont jetées chaque jour de nos tables ». Et comment qualifier l’hypocrisie de cette droite et extrême droite applaudissant ces mots « De même, il est nécessaire d’affronter ensemble la question migratoire. On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! » Tout ceci était donc bien dans ce Parlement, et à cause de ceux qui y siègent, une comédie insoutenable.

J’ajoute que les applaudissements de la gauche officielle ne valaient pas mieux. Les mêmes qui ont supporté sans broncher une apologie de « la famille unie, féconde et indissoluble » qui, dans le contexte, sentait fort la condamnation du mariage pour tous. Ils sont aussi restés muets quand la contraception, l’avortement et le droit de mourir dans la dignité ont été condamnés. Comme en attestent ces phrases bien applaudies dans l’hémicycle « lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades, des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître ». Par conséquent si le pape était dans son rôle et son discours utile au croyant et amical pour les autres, le plus choquant restera l’hypocrisie de ceux qui l’ont invité écouté et applaudi en sachant que les propos tenus ne les engageraient à rien d’autres qu’à se déjuger eux-mêmes chacun sous le point de vue central de leur doctrine.

Ça va saigner ! Pierre Moscovici menace la France

Au nom de la Commission européenne. Cet homme est dorénavant le proconsul de la Commission européenne pour la France. En effet, la Commission a rendu son avis sur le budget français. C’est simple : nos députés peuvent voter ce qu’ils veulent, dans trois mois Bruxelles se donnera la possibilité de rectifier leur vote. En attendant, la Commission poursuit le chantage entamé depuis maintenant des mois : plus d’austérité et plus de « réformes structurelles » pour éviter une sanction. L’exécuteur des basses œuvres de la Commission contre la France est Pierre Moscovici en personne. L’avoir traité de traitre avait été considéré comme excessif, on s’en souvient. Et pourtant telle est la situation. L’avis de la Commission est signé de la main de l’ancien directeur de campagne et ancien ministre des Finances de François Hollande. Le caractère ubuesque d’une décision négociée entre bureaucrates non élus pour l’imposer à un gouvernement issu du suffrage universel par celui-là même qui est responsable de ce qu’il dénonce résume à lui seul le caractère farcesque de notre « chère Europe qui nous protège » !

Pierre Moscovici estime donc que « le projet de budget présente un risque de non-conformité » avec les règles européennes. Il demande au gouvernement français de « prendre, dans le cadre de la procédure budgétaire nationale, les mesures nécessaires pour garantir la conformité du budget 2015 avec le pacte de stabilité et de croissance ». Concrètement, cela veut dire que la Commission exige plus d’austérité que les 21 milliards d’euros de coupes budgétaires déjà prévues par Valls et votées à l’Assemblée nationale pour l’an prochain.

Ce n’est pas tout. La Commission appelle à « accélérer la mise en œuvre » des réformes structurelles qu’elle a demandées au printemps 2014 : baisse du coût du travail, précarisation des salariés, nouvelle étape d’ouverture à la concurrence des services publics de l’énergie et des transports etc.

Mais la Commission renvoie sa décision finale sur d’éventuelles sanctions à dans trois mois. Elle écrit qu’elle « réexaminera au début du mois de mars 2015, à la lumière de la version définitive de la loi de finances [pour 2015] et du programme détaillé des réformes structurelles annoncé par les autorités, sa position sur les obligations qui incombent à la France ». Il s’agit donc en fait d’une liberté sous surveillance assortie d’un sursis de trois mois.

Car il ne faut pas croire que ce délai de trois mois soit un cadeau ou un répit. Au contraire. C’est un cran de plus dans la laisse autour du cou de notre pays. La preuve : les commissaires européens ont le privilège de connaître le contenu d’une lettre de Manuel Valls à propos des mesures qu’il compte prendre pour obéir aux ordres de la Commission. Mais cette lettre est secrète. Nous voilà revenus à la diplomatie des cabinets noirs de l’ancien régime ! Les Français ont-ils le droit de savoir ? Non, bien sûr. Mais un traité comme TAFTA est bien négocié en secret ! Alors ! D’ici mars, la Commission européenne va donc se livrer à un odieux chantage permanent. Comme Valls et Hollande ne veulent pas résister, ils céderont. Soit en augmentant la cure d’austérité déjà insupportable. Soit en dégainant de nouvelles attaques contre les droits sociaux et les services publics en guise de « réformes structurelles ». Et sans doute même sur les deux tableaux. Ça va saigner.

Arnaque sublime: le plan de relance de Junker

Monsieur Junker, l’homme de la « dernière chance de l’Europe », a « mis sur la table » plus de trois cent milliards d’euros. En fait il s’agit d’une grosse arnaque à têtes multiples. Arnaque : sur 315 milliards annoncés, il n’y en a que 5 avancés réellement qui soient nouveaux. Et encore. Ils viennent de la Banque Européenne d’Investissement qui, de toutes façons, les aurait sortis de ses caisses si son travail était fait, c’est-à-dire si elle trouvait de l’appétit d’investissement dans l’économie réelle. Et le reste ? D’où vient le reste de la somme annoncée ? D’abord d’un regroupement de 21 milliards de fonds européens déjà programmés. Et c’est tout. Le reste, ce sera une garantie donnée pour des investissements publics ou privés acquis par l’emprunt auprès des banques privées. Elaguez les bavardages : l’Europe se porte caution pour 315 milliards d’investissements privés ! Autrement dit : elle assume le risque de ces investissements. C’est le nouveau capitalisme à la sauce européenne ! Junker a en effet débarrassé le capitalisme de son principal inconvénient pour les actionnaires des banques : le risque ! La prise en charge du risque social que couvrent les régimes d’indemnisation du chômage, ou celle du risque santé que couvrent les régimes sociaux sont toujours trop « généreux ». Mais la prise en charge du risque capitaliste est toujours insuffisante. Ici enfin, à hauteur de 315 milliards, ce risque est tout simplement annulé. Il est totalement pris en charge par la collectivité.

Ce n’est pas la seule très bonne manière faites aux banques dans cette opération. Les prêts qu’elles feront, sur garantie de l’Union européenne, elles pourront aussi en faire un usage magique : les titriser. C’est-à-dire les répartir en petits morceaux dans des bons et titres qu’elles proposeront à leurs clients comme placement. Donc si un de ces magnifiques agrégats venait à s’effondrer, la partie titrisée serait à charge de la collectivité ! Youpi. Quelle fête pour les banques que ce Junker ! J’hésite à déprimer mon lecteur en lui annonçant encore une nouvelle de ce genre. Mais il le faut. Junker a encore trouvé une utilisation supplémentaire pour son « plan de relance ». C’est d’exiger « en échange » (de quoi ?) une réduction de la « bureaucratie ». C’est-à-dire de faire sauter les réglementations qui encadrent l’investissement dans les secteurs de l’énergie et des transports ! Génial ce Junker. Mais, mes amis ce n’est pas encore fini. Voici encore un délice de plus. Si les États mettent au pot de ce fonds d’investissement, la somme qui y viendra ne sera pas comptée dans les déficits publics. Pour savourer cette idée, souvenons-nous que les investissements nationaux, eux, sont comptés dans les déficits ! Je vous mets au défi de trouver l’analyse que je viens de vous présenter dans la presse officielle. Les hérauts habituels des vertus du capitalisme se sont cachés où ? 

Rapport franco-allemand 100% PS

C’était la fête chez les ennemis du peuple à la lecture jouissive du « rapport franco-allemand » pour détruire les acquis sociaux, « privilèges » des salariés. L’enfumage ne doit pas vous laisser aller à croire que ce soit là une étude scientifique. Juste un manifeste de plus de l’adhésion des militants du PS au dogme libéral. En effet, les auteurs du rapport ne sont pas de simples « économistes ». Jean Pisani-Ferri et Henrik Enderlein sont d’abord des militants politiques très liés aux sociaux-démocrates. Henrik Enderlein est même membre du SPD allemand qui gouverne actuellement avec Angela Merkel. Jean Pisani-Ferry a travaillé pour Dominique Strauss-Kahn. Et il occupe actuellement le poste de commissaire général à la prospective auprès du gouvernement Valls. Il y a été nommé par François Hollande en mai 2013. Les deux économistes ont une longue carrière dans les institutions libérales. Jean Pisani-Ferry a travaillé pour le FMI et la Commission européenne. Son collègue allemand représentait la Banque centrale européenne dans la Convention Giscard qui a rédigé le projet de Constitution européenne. Le Français a aussi fait un passage chez Goldmann Sachs et la banque Rothschild, comme le ministre Emmanuel Macron. L’Allemand a été le conseiller de l’actuel ministre de l’Economie d’Angela Merkel, le social-démocrate Sigmar Gabriel. Autrement dit, ces « économistes » travaillent sur commande pour les dirigeants sociaux-libéraux européens. Ils sont seulement là pour lâcher des ballons d’essai et préparer les esprits aux prochains mauvais coups.

Ils prennent leur tâche très au sérieux. Leur rapport est un appel à la violence sociale. Jean Pisani-Ferry a ainsi appelé le gouvernement français à « passer un cap » dans les réformes favorables au patronat. Pour lui, malgré tout ce qui a déjà été donné par Hollande au MEDEF, on est seulement à « la mi-chemin » ! La rengaine est toujours la même. Le premier axe des « économistes » est l’assouplissement du marché du travail. Comprenez : la baisse des droits des salariés. Comment ? La proposition est de faire reculer l’emprise de la loi au profit de « plus d’autonomie à la négociation de branche et d’entreprise ». Le but est de permettre des « accords de compétitivité offensifs ». Les « accords de compétitivité » sont ces dispositifs par lesquels un employeur peut obtenir des salariés qu’ils renoncent à certains droits, y compris une partie de leur salaire, en échange de promesses creuses. Ce type d’accord a été généralisé par François Hollande à travers la loi « made in Medef » voté au printemps 2013 suite à l’accord national interprofessionnel (ANI) sur le sujet. Mais jusqu’ici, seuls des accords « défensifs » sont autorisés. C’est-à-dire que l’entreprise doit avoir des problèmes de compétitivité pour pouvoir en profiter. Et ces accords ne s’appliquent que pendant deux ans. C’est déjà inadmissible. Mais ce n’est jamais assez pour le MEDEF. La proposition Pisani-Ferry/Enderlein veut donc rendre ce type d’accord plus facile et plus durable.

C’est-à-dire ouvrir la voie à un chantage patronal encore plus grand. C’est écrit noir sur blanc dans le rapport. Le but est d’« élargir le champ des dérogations possibles aux dispositions légales dans les conventions collectives de branche, y compris lorsque ces accords comportent des dispositions qui ne sont pas bénéfiques pour les employés ». Le ministre français de l’économie, Emmanuel Macron, a dit son accord pour aller dans ce sens. Il s’est dit « à l’aise avec ce programme », parlant « d’agenda de convergence » et même de « programme commun ». Macron a répété ce qu’il a dit il y a quelques jours à l’Assemblée à propos des 35 heures : leur démantèlement continuera mais en cachette. Il propose de « dédramatiser » ces reculs sociaux, en « déconcentrant » le débat « dans les branches professionnelles et les entreprises » pour « faire un pas vers la culture allemande ». Il reprend ainsi un point central du programme du MEDEF, l’hypocrisie en plus !

L’autre offensive frappe les salaires. Pour préparer les esprits, la presse allemande avait fait fuiter l’idée d’un gel des salaires pendant trois ans en France. Il lui reste à apprendre que le gouvernement français n’a pas le pouvoir de geler les salaires dans les entreprises privées, et que le salaire des fonctionnaires est déjà gelé depuis 2010 ! Mais c’est bien l’esprit du rapport. Il propose ni plus ni moins de supprimer les négociations annuelles obligatoires sur les salaires ! Et de les remplacer par des négociations triennales, c’est-à-dire une fois tous les trois ans seulement.

L’autre proposition pour geler ou contenir les salaires concerne le SMIC. Le rapport propose de revoir le mode de calcul du salaire minimum pour freiner encore sa hausse déjà quasi-nulle. Il s’agirait de ne plus prendre en compte dans le calcul du SMIC la hausse moyenne du salaire ouvrier mais de remplacer ce critère par une prise en compte de l’évolution de la productivité. En gros, le SMIC augmenterait moins vite que les autres salaires. Un gel déguisé en somme. Le ministre Macron a précisé qu’il n’était « pas prévu » de modifier le mode de calcul. Et pour cause, il n’en a pas besoin pour geler le SMIC ! Son collègue François Rebsamen a déjà annoncé il y a quelques jours qu’il n’y aurait pas de coup de pouce sur le SMIC au 1er janvier prochain. Et comme les statistiques disent que les prix n’augmentent pas, il y a fort à parier que le SMIC sera gelé au 1er janvier, sans même avoir besoin de changer son mode de calcul.

Le troisième étage de la fusée est d’une banalité aussi affligeante que les deux premiers. Que proposent ces « économistes » ? De l’austérité ! Bien sûr, ils versent des larmes de crocodiles sur l’absence d’investissement. Dans un éclair de lucidité, ils estiment que le plan européen d’investissement bidon de Juncker est « insuffisant ». Mais c’est pour mieux appeler à encore plus d’austérité en France ! Dans leur rapport, ils proposent de réduire la dépense publique à 50% du PIB contre 55%. Cela revient à couper 100 milliards d’euros dans les services publics, les prestations sociales ou dans l’investissement de l’État ou des collectivités locales ! Valls a déjà prévu d’en faire la moitié d’ici 2017. Macron a laissé entendre que les 50 autres milliards d’euros seraient à trouver entre 2017 et 2022, c’est-à-dire dans le mandat du successeur de François Hollande. L’austérité à perpétuité pour le peuple, voilà le programme de ces gens-là !


157 commentaires à “La semaine qui chauffe”
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  1. Jom Smims dit :

    Merci beaucoup pour ces éclairages en général et pour l'explication du plan Juncker en particulier, dont en effet, aucune analyse serieuse n'a ete presentée ailleurs qu'ici. Reste plusieurs questions qui me taraudent et auxquelles je n'ai toujours pas de réponse. Pourquoi les solferiniens ont trahi leur propre cause? Quel est leur intérêt politique? Y a t il d'autre intérêts que politiques en jeu?

  2. Fulgence dit :

    Tout va très bien madame la marquise. Et cerise sur le gâteau, "l'entente (est) revenue au sommet entre le PC et le PG". Il reste un peu plus de deux ans pour pour que ça pète et inverser vraiment la vapeur. Et il n'y a pas de temps à perdre !

  3. Poncet dit :

    Un bémol à propos de la direction de la droite qui se met en place. "On peut même dire que tout est en place pour le grand remplacement de la droite par l’extrême droite. (...) Il lui reste à s’imposer comme direction. Elle dispose pour cela (...) d’une équipe unie et cohérente, d’une stabilité reposant sur trois générations de chefs, (...)" Mais elle ne dispose pas de cadres locaux. Les expériences municipales du FN le montrent. Peut-être peuvent ils en trouver dans la droite classique, qui n'en est pas si riche que cela non plus. A un certain point, est-ce parce que le culte de la force s'oppose à celui de l'effort intellectuel ? la droite dure ou qui se veut telle, peine à trouver des cadres de bon niveau. Les plus rusés n'hésiteraient pas à choisir l'étiquette FN par opportunisme, mais ils ne seraient pas fiables, justement parce que trop rusés. Et les "bons soldats" n'ont que rarement la finesse qui fait gagner des élections.

  4. Absens dit :

    Cher Jean-Luc, après lecture de votre billet, je ne peux que m'interroger. La recomposition de l'échiquier politique, bien qu'ancienne, nous montre enfin son vrai visage depuis l'élection de Hollande. Aujourd'hui se côtoient en France une gauche pluraliste, une droite populiste, un centre-droit en reconstruction, une extrême-droite qui cache son vrai visage et un parti libéral de gouvernement que l'on pourrait taxer d'apolitique tant ses considérations sociales et ses idéaux sont anéantis par sa doxa de la calculette. Vous ne pouvez opposer "les fondamentaux de base de l'action de gauche" face à M. Macron. Ces notions ont disparu depuis longtemps de l'univers intellectuel socialiste. Arrêtons de parler de gauche en citant le Parti socialiste. Il est primordial aujourd'hui de leur nier cette appellation qui est aux antipodes de leurs actions politique depuis Pierre Mauroy. Dans les médias, dans la rue, en famille, partout, il est urgent des les appeler par leur vrai nom de "libéraux" (sans étiquette de sociaux, démocrates ou autres) pour montrer au peuple de plus en plus apolitique que la gauche, la vraie, existe et qu'elle propose une réelle alternative politique et...

  5. Citoyen Pat d'Alés dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon pour votre blog, nous donner une espérance pour des valeurs humanistes, des éclairages cruels sur le formatage néolibérale de notre pays, de dévoiler les trahisons et mensonges sur le PS et ses alliés, des propositions concrètes pour nous sortir du cynisme ambiant, et la construction de la 6° République (mais cela dépend de nous tous).
    Pour l'émission "Des paroles et des Actes", malheureusement je n'attends rien de Benoit Hamon et de Cécile Duflot car ils ont participé à la casse du social et de l'application des directives néolibérales. Alors les entendre tous les deux sur des valeurs de gauche cela va me fait rire tant les couleuvres que j'ai avalé me donne toujours envie de vomir.

  6. Xavier Nathalie dit :

    Pleurer sur le manque d'investissement et proposer pour y remédier de réduire les dépenses (c'est pas comme si c'était pareil que les investissements, notons…), c'est un peu comme affirmer, lorsque le verre n'est pas assez rempli, que l'ivresse sera plus grande si on utilise un verre plus petit. C'est à se demander si ce n'est pas de cette façon que naissent les idées de ces génies, d'ailleurs…

    @Jom Smims
    Comme l'avait, entre autres, démontré il y a quelques mois Frédéric Lordon, le PS Français n'est plus un parti que l'on peut classer à gauche. Il n'en a plus les valeurs, ni même n'en respecte les marqueurs historiques. Jean-Luc en fait la démonstration d'une manière plus pratique à chaque billet, ici même. Dès lors, si l'on regarde les politiciens issus de ce parti et de ses annexes idéologiques, il convient de le faire sous l'angle d'une mentalité de droite. Les intérêts en jeu deviennent alors très clairs : il s'agit d'un simple, très commun carriérisme. Chacun pour soi (et depuis quelques temps, dieu pour [presque] tous). Très normal à droite, terrifiant à gauche. La sincérité de quelques un(e)s, peut-être, ne les rend que plus aisément manipulables.

  7. Maya dit :

    Bonjour et merci Jean-Luc Mélenchon pour ce billet très instructif comme d'habitude, il n'y a donc qu'en venant sur votre blog qu'on est au courant de ce qui se trame dans cette Europe, qui fait froid dans le dos et qui finira par nous faire crever si rien n'est fait. C'est donc une infime partie des Français qui est informée car bien sur rien de tel n'est dit dans les JT (normal !). La VIe çà urge !

  8. ElNigo dit :

    Merci de nous raconter tout ça.
    @ Jom Smims: Quel est leur intérêt politique?
    On se le demande, un suicide, d'un point de vue politicien, pas vrai ? Alors quoi, un sacrifice nécessaire au service d'une plus noble ambition politique ? La conviction quasi-religieuse de faire le choix de la "modernité", de l'adaptation à la "réalité" ? Le bon vieux "pas d'alternative" ? Complaire aux milieux financiers, à leurs profs de fac, comme de bons élèves "faire le job" et se retirer, puis à titre personnel faire un parcours professionnel, entre public et privé ? On saura pas, mais au delà de l'insondable psychologie des énarques socialistes, les actes sont là. Pour rappel c'est l'interview du financier qui annonçait (avec raison, donc) début 2012, l'alignement probable d'un gouvernement PS à l'orthodoxie et aux marchés, et entre autres la disparition du CDI dans le droit du travail.

  9. Stockholmare dit :

    Très bonne analyse, comme toujours.
    Comme vous le mentionnez en début de post, une nouvelle victoire des "méchants rouges latinos" apporte un peu de baume au coeur. Par contre, les résultats des législatives en Moldavie font peur. Les sondages donnaient une très claire victoire pour le PC et les autres partis désirant rompre l'accord de libre-échange signé avec l'UE l'été dernier (sans en demander rien aux citoyens bien sûr), et renouer les liens fraichement rompus avec la Russie (en organisant un référendum au préalable, afin de légitimer la volonté populaire), mais, oh surprise, le PC se retrouve seulement en 3ème position et la droite, vendue à l'UE, est en tête! Il faut dire qu'il y avait plus de 700 soit-disant "observateurs" de l'UE/OSCE présents, au moins on sait qui a bourré les urnes. Sans parler d'un parti "pro-russe" interdit juste 3 jours avant le scrutin. C'est beau la démocratie à la sauce UE!

  10. jorie dit :

    Super carburant intellectuel que de vous lire M. Mélenchon. Avez-vous remarqué que la lecture de votre blog augmente proportionnellement à votre apparition dans les média. N'hésitez pas, donc, à venir défendre vos positions à des heures importantes, si l'on vous y invite. Oui, je pense comme vous que la droite s'est fait manger la laine sur le dos par l'extrême droite en flirtant avec son espace politique, et que notre axe républicain social nous a été également volé par l'extrême droite qui gagne ainsi sur tous les tableaux de ladite sphère politique.La force bascule donc du mauvais côté du Volcan, grâce à ces thématiques complaisamment relayées parles média alors que nous sommes adroitement censurés. Grâce aussi à l'habileté du FN. Attention, ils ne feront pas les erreurs d'avant, ne les sous-estimez pas! Ce prêt aux Russes doit avoir une fonction pratique. Masse d'argent pour les campagnes et peut être aussi pour des actions "sociales" concrètes. Interrogez-vous là-dessus. Vous avez redressé le cadre idéologique de la gauche, déblayé l'horizon mais le FN agit par la base et tisse sa toile sur le concret. Vous savez bien que les gens ne croient que ce qu'ils...

  11. Magdala Schlokhoff dit :

    Formidable billet. Bien que le fond soit tragique, j'ai eu plusieurs fois le fou rire. Le passage sur le pape au Parlement européen est un pur délice.
    J'ai arrêté de rigoler quand j'ai lu que le banquier Macron utilisait l'expression "programme commun", à propos de l'alliance Solférino-Medef. C'est d'une obscénité sans précédent. Y a-t-il un mot "de gauche" sur lequel ils n'ont pas encore posé leur sales pattes ?

  12. Denise dit :

    Merci pour cette présence au monde active, fertile, sur tous les fronts et d'une force à déplacer les montagnes. Car c'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui. Nous serons là, nombreux, pour "des paroles et des actes", en organisant des écoutes collectives : c"est aussi une forme d'assemblées citoyennes pour ouvrir le débat.
    Caminante no hay camino... Se hace camino al andar...

  13. jean ai marre dit :

    Il est des billets que l'on lit avec plaisir, dès qu'ils sont sources de réflexion. Celui ci en fait partie, et le sujet dominant est le FN qui veut s'installer dans la gouvernance. L'équipe de la marine, sent qu'il peuvent prendre le pouvoir, à condition de s'allier avec d'autres dans le monde. Il ya qqs années on pensait à l'Italie. Et bien c'est du coté de l'Est, que ça se passe. Il est indéniable que l'alliance avec Poutine,est stratégique.Le fait d'inviter un russe au congrès de Lyon, vaut plus que la demande de prêt de 4 millions d'€uro. Cette alliance de fachos, a pour but de contre carrer la stratégie de l'OTAN, mais aussi l'ingérence des Etats Unis. Voila Poutine qui rentre dans le futur gouvernement français. La toile de la marine se tisse petit à petit. Alors qu'elle voulait sortir de l'€uro, elle veut maintenant sortir de l'europe.
    Ce qui attend la Gauche, c'est d'affirmer sa volonté dans la souveraineté du peuple, pas d'ingérence, autonomie complette, soit avec l'atlantisme que du coté de l'Oural. Nous avons les cartes en main, à condition de se démarquer du PS, et de présenter notre projet politique crédible.

  14. Boissy saint léger dit :

    Merci, toujours autant d'intérêt à la lecture de votre billet.
    En visitant ce week-end l'exposition sur les lay-out des studios Ghibli de Takahata et Miyazaki, je me disais qu'ils sont marqués par l'utilisation de l'arme atomique et le lien de l'homme avec son écosystème. Bref, en regardant "Princesses Mononoké" avec ma fille je me disais que déjà ce film présentait les tensions et la dialectique ecosocialistes. Peut-être qu'après les jeux vidéos, Jean-Luc tu pourrais de mettre aux dessins animés. Savoir que le roi et l'oiseau a eu un poids important dans ce travail, me rappelle que la France est une grande nation quand elle noue ensemble savoir et savoir faire dans un mouvement culturel et social.
    Concernant Junker, le vote étant secret ne pouvions nous pas voter contre lui, pour ne pas laisser l'extrême droite avoir le beau rôle de dénoncer ce traite à l'ensemble du projet européen, celui d'un espace de convergence social, je sais qu'il n'existe pas mais je l'espère encore avec Podemos, Front de Gauche, Die Linke et Syriza...

  15. Sam Pablo dit :

    Bonjour,
    Pas un mot des prêts russes à la famille Le Pen. Ces prêts sont gagés sur la prise du pouvoir prochaine par le FN en France. Livraison des navires de guerre et sortie de l'euro garanties.
    Pouvons nous mettre en place une SEL au sein du front de gauche.
    Ensuite que des Français aillent combattre le dictateur El Assad, me rappelle les brigades internationales de Saint-Exupéry ou Malraux, Orwell au POUM. Nous avons laissé encore une fois les démocrates se faire massacrer en garantissant qu'aucune livraison d'armes ne se ferait, maintenant DAESH sert d'épouvantail, surtout pratique pour criminaliser les classes populaires musulmanes ici, à l'intérieur de la France.
    Merci de nous avoir rappelé la théorie de la libération.
    Continuez votre combat

  16. Michel Matain dit :

    @ 11 Magdala Schlokhoff
    J'ai arrêté de rigoler quand j'ai lu que le banquier Macron utilisait l'expression "programme commun"

    Et que Marine Le Pen, après avoir volé le vocabulaire du Front de Gauche, fait de même avec ceux des gaullistes historiques : "l'Europe de l'Atlantique à l'Oural". Quand on se rappelle que l'extrême-droite avait condamné à mort de Gaulle pendant la seconde guerre mondiale et qu'en 1961 elle a organisé un coup d'Etat contre lui ! Un sondage de l'Humanité nous ramène à la réalité. Les sympathisants du FN sont les moins nombreux de tous les courants politiques français à vouloir la reconnaissance de l'Etat palestinien. Gratter un peu et la haine de l'Arabe revient vite fait à la surface. Inversement c'est au sein des électeurs Front de Gauche que l'on retrouve la plus forte adhésion à la reconnaisance de la Palestine.

  17. jollain dit :

    Camarades, il semble que pour janvier l'observatoire de la laïcité doive rendre conclusions et propositions (c'est rare) sur le régime local d'Alsace Moselle y compris le concordat. Je crois que ce serait intéressant que le PG y prenne sa part mais c'est début janvier.
    Slt à tous

  18. Paul dit :

    En Uruguay, je préférai quand même Mujica à Vasquez, car ce dernier avait interdit l'avortement.

  19. reneegate dit :

    Je trouve votre lettre adressée au pape tout à fait mesurée et pertinente venant d'un représentant de la république. Il faut peut être signaler le comportement éminemment dangereux de Laurent Fabius à l'encontre des communautés chrétiennes en Syrie. Alors que l'ONU pondère ses positions et tente de trouver des solutions politiques avec le gouvernement Syrien et la Russie, Fabius n'a de cesse d'agresser cet état laïque refuge des populations chrétiennes et de nombreux palestiniens aussi.
    Nicolas Sarkozy n'a mobilisé que 64% de la moitié (57%) des militants de son parti. Il n'est guère plus populaire que F.Hollande donc.
    J'ai aussi vraiment apprécié votre livre, sa simplicité, ses perspectives, sa foi en l'avenir. Vous êtes le seul homme politique en France à penser le devenir de notre nation. Je suis désolé que votre positionnement trop technique sur l'euro vous pénalise tant au profit de ceux qui profitent souvent de la justesse de vos analyses. Sortez de l'euro et vous serez majoritaire.

  20. Palumbo Viviane dit :

    Cher Jean-Luc, tu seras parait-il l'invité de "des paroles et des actes" sur France 2 ce jeudi 4 décembre ! J'ai appris la nouvelle par la bande et le journal à Gauche et surtout le bulletin du PG n'en faisant pas mention j'espère que cela est vrai car j'ai déjà fait la pub sur ma page et mon journal. Allez et surtout ne lâche rien ami il y a encore des pendules à remettre à l'heure du peuple mais notre tour va venir.

    [Edit webmestre : Vous n'avez donc manifestement pas lu ce billet avant de "commenter", ni même son introduction, puisque Jean-Luc Mélenchon l'annonce au troisième paragraphe. Vous avez également raté l'agenda du blog, et le fil d'info qui se déroule en haut de chaque page. Personne n'est parfait... Heureusement qu'il y a "la bande".]

  21. jean dit :

    Bonjour a tous
    J'ai noté dans les commentaires fait qu'il serai très bon d’être face aux lumières des caméra du moment que l'on soit invité. Je suis d'accord avec ça. Avez-vous entendu Mr le 4ème homme du FN a nouveau faire de la récup. Fatiguant et énervant. Dores et déjà, bonne émission pour ce jeudi 4. Le bon vivre, le vive la vie, la règle verte etc. doivent être la surbrillance de cette émission.

  22. Bastien dit :

    Et bien ! Tout ça d'un coup ! Ce qui fait le plus peur dans ces informations c'est le constat de la droite divisée, qui pourrait profiter a une extrême droite déjà bien installée dans les intentions de vote. Je les pense tout à fait capables de remporter l'élection présidentielle de 2017. Il faudrait que les représentants du Front de gauche soient plus terre à terre (parler de chômage, salaires, précarité, retraites, cadre de vie). Vos discours sont trop contestataires et ne présentent pas assez ce que vous pourriez apporter a l'amélioration du quotidien des citoyens Français les plus démunis. Il faut du concret en ces temps de crise. Mais peut être que vous avez un plan de route et que cela viendra. Bon courage et merci pour ce blog toujours intéressant.

  23. bernard farel dit :

    Bonjour camarades,
    Attention à ce qu'aucune alliance avec le PS, aucune discussion avec les socialistes, ne vienne entacher les élections à venir. Les dernières municipales ont conduit tant et tant de camarades au soir du 1er tour dans les bras méprisants des socialistes, et pour rien y gagner. Quel malheur !

  24. proletaire dit :

    La vieille recette de Junker, c'est la recette de l'austérité : privatiser les profits et socialiser les pertes. Mais bon, c'est à la sauce Junker avec un touche de titrisation, méthode casino. Faites vos jeux rien ne va plus !

  25. PIETRON dit :

    Quand on pense que le traité de Maastrich a été combattu bec et ongle (PCF en tête) et que près de 50% des français l'avait rejeté (l'appel à abstention de LO a été fatale pour quelque 0,5%). Car c'est bien là que la dégringolade a débuté (le capitalisme a ses phases). Pour la grande majorité des populations ce fut la curée graduelle. Il continue de dérouler son rouleau compresseur social.
    Cela dit, la Belgique, l'Italie, l'Espagne (avec Podémos) ne s'en laissent pas compter à en juger par les mobilisations très importantes qui s'y déroulent. Les citoyens français et parmi eux ceux qui ont le plus intérêt à la mobilisation, les classes populaires majoritaires (ouvrier et employés), au delà de leurs ressentis dramatiques, ont du mal à dépasser leurs contradictions souvent imposées par des médias de plus en plus configurés par de jeunes journalistes très très formatés au sortir de leurs écoles. La confiance c'est, dans un premier temps, cela qui fera la différence. Comme le dit Jean-Luc Mélenchon, cela passe par la vertu qui éjecte les ambitions personnelles, le carriérisme, vers des horizons dont nous ne voulons plus entendre parler.

  26. philippe coste dit :

    Merci pour tout cet éclairage. Un seul point de désaccord, concernant Dilma Roussef. En quoi cette dame est elle différente des socialistes français ? Il faudrait demander leur avis aux indiens d’Amazonie et aux personnes qui n'apprécient pas Monsanto et ses OGM ou la déforestation.

  27. bernard hugo dit :

    Deux lignes se dégagent à droite. La ligne Juppé au centre va rassembler des débris socialistes aux chiraquiens en opposition au FN sur une orientation équilibrée européenne, libérale, progressiste et républicaine. La ligne Sarkozy est plus floue pour l'instant, car contrairement à la ligne Juppé, elle vise l'électorat FN, sur des questions de société, de morale, d'ordre, d'autorité. Mais elle ne peut suivre le FN sur l'opposition à l'Europe et au libéralisme (Le Pen-Philippot). C'est un véritable piège pour Sarkozy qui doit surfer plus qu'un autre sur les mouvements de l'opinion. Son capital d'énergie et de renouvellement s'est épuisé contrairement à 2007.

  28. oberon dit :

    Très bonne analyse. Le seul espoir est de proposer aux français une opposition allant du NPA/LO à EELV en passant par le Front de Gauche.

  29. cousin hub dit :

    Bonsoir
    Tout ton message, Jean-Luc, me fait penser à l'empire Romain. Rome décide, les consuls et pro-consuls appliquent les décisions dans les provinces même si cela va l'encontre du besoin des populations locales. Il faut servir l'intérêt de l'empire pour assurer les ambitions de César (argent). Le peuple souffre en silence jusqu'au jour où la décadence des serviteurs du dieu argent provoquera naturellement sa chute. En attendant il faut tenir le coup et se battre sans colère mais avec ténacité pour éviter le pire. Courage à tous et résistance dans tous les petits villages de l'empire.

  30. willy du Sud-Est asiatique dit :

    C'est un tableau cataclysmique à la Jérôme Bosch que tu dresses. C'est la fin des temps avec un trop plein de "néants ambulants" à la Sapin chez les solfériniens, de tireurs dans le dos à droite," d'ânes qui n'ont pas soif" et de moutons de Panurge sous la conduite du pasteur en chef, Monsieur le pape, qui voit des enfants tués avant que de naître. Il est vrai qu'ils osent tout car ils se sentent les plus forts et que nous n'en pouvons plus de telles cruautés. C'est l'impuissance qui devrait enrager mais elle accable, paralyse le plus grands nombre. C'est 10 Mélenchon herculéens qu'il faudrait, un mouvement syndical dynamique, une presse de gauche florissante, des cercles de réflexion hyperactifs partout dans le monde ou une brèche quelque part même petite avec beaucoup d'énergie derrière pour s'y engouffrer.

  31. tchoo dit :

    Jusqu'où et jusqu'a quand va-t-on se laisser faire ?

  32. Titus dit :

    En Uruguay, la gauche, oui, mais ce n'est tout de même plus Mujica. Quel Président pourra égaler cet homme droit, intègre, humaniste ? Regrettons le, il est un exemple.

  33. Lundi-1er-Décembre dit :

    Bonsoir à Tous,
    Mes remerciements sur l'éclairage que vous nous fournissez, Jean-Luc, rejoignent ceux qui m'ont précédé. Une remarque que je me permets toutefois. "La gauche latino tonitruante" comme disait ce néant ambulant de Michel Sapin ». Le qualificatif que vous attribuez à cette personne est outrancier, inutile, et dessert vos propos, ce qui est vraiment dommage. Je précise que je n'ai aucune sympathie particulière pour le personnage. Bien cordialement. Serrons-nous les coudes et bon courage à tous.

  34. roussel dit :

    Merci à Jean-Luc pour toute l’énergie qu'il dépense pour essayer de sauver la France, notre chère patrie. Mais vous autres, arrêtez d’écouter les médias aux services des banquiers. Sarko, Hollande, Le Pen, tous sont au service des banquiers et des Américains, nous devenons leurs enclaves. Seule une prise de conscience massive pour un changement radical sera notre salut, nous les pauvres gens. Il ne faut pas attendre 2017 pour mettre en place la 6e République, c'est déjà trop tard, ne perdons plus de temps à discuter !

  35. carlo dit :

    On peut même dire que tout est en place pour le grand remplacement de la droite par l’extrême droite. Celle-ci a déjà imposé tous ses thèmes de ce côté de l’espace politique

    Certes, la droite, et spécialement NS, a beaucoup emprunté aux thématiques de MLP, mais il reste une différence essentielle qu'il nous faut reconnaître : sur l'Europe (à part l'espace Schengen dont NS veut sortir), la droite et le FN sont en total désaccord. Or ceci demande à être médité car l'opposition de MLP à la construction européenne explique en grande partie son succès auprès de l'électorat naturel de la gauche, notamment dans le nord de la France.
    Le désaccord entre le FN et la droite dite républicaine sur l'Europe est si important que ce qui se dessine est moins un rapprochement entre le FN et le la droite qu'une alliance entre l'UMP et le PS, alliance qui se produira à l'élection présidentielle de 2017 et qui est parfaitement conforme à ce qui tend de plus en plus à devenir la règle en Europe puisque la droite et la gauche gouvernent déjà ensemble dans de nombreux pays, notamment en Allemagne, le modèle du moment.

  36. orchdee dit :

    Je vois, Jean luc comme vous aimez écrire, mais voila, c'est assez long à lire et vous avez la capacité de vous exprimer toujours avec justesse. Vous devriez le faire, chaque jour, comme un journal, dans une video que l'on pourrait enregistrer pour que dans des cafés citoyens, chaque sujet que vous mettez en lumière, puisse etre débattu. Il y a tellement de sujet à aborder chaque jour. J'aime vous lire mais il nous faut convaincre des électeurs que vous n'etes pas cet homme agressif qu'ils ont entendu dire que vous étiez. Je sais votre sensibilité, c'est ce qui vous donne cette intelligence inuitive de ce que sera notre avenir si les peuples ne se réunissent pas pour faire front contre le mal qui va s'abattre sur nous. J'espère que vous ne vous trompez pas sur ces engagements qu'auraient pris le pcf lors de sa convention nationale. Pourquoi, déjà dans certains secteurs locaux, des alliances malsaines se profilent déjà ? J'aimerais assez voir une video chaque jour de vos ressentis, il vous faudrait juste lire ce que vous écrivez sans des journaleux pour vous empecher de vous exprimer. Imaginez ces videos, regardées avec intérêt par la jeunesse qui vous découvrirait.

  37. Mel Lemma dit :

    Bonsoir! j'avais presque envie qu'il n'y ait pas de nouveau billet de Jean-Luc Mélenchon, j'ai déjà à bien relire le compte rendu sur le site de la 6ème. Mais finalement, avec votre point de vue sur la politique oligarchique, votre témoignage des progrès faits et vos souhaits, et bien en effet, non seulement on voit que le temps ne s'arrête pas, mais surtout on sent bien que chacun de nous va finir par trouver de quoi faire dans ce grand mouvement pour la 6ème. C'est bien commencé pour qu'on arrive enfin à s'occuper chacun de nos propres affaires, en citoyens.

  38. JCH dit :

    Analyse toujours très pertinente.
    Mis à part que c’est vrai que les soins palliatifs ne sont pas pour out le monde, et que le suicide assisté dans un état oligarchique est une option potentiellement criminelle. C’est vrai aussi que nous sommes dans un contexte glauque avec des droites PS, UMP et tutti quanti au sommet de la caricature oligarchique et une extrême droite aux aguets.
    Notre seule espoir est la réussite du M6R s’il devient vraiment le mouvement pour la 1ere démocratie, et pour cela il doit englober tous les mouvements démocratiques qui ne l’ont pas attendus, qui prônent une démocratie horizontale, c’est à dire tous les citoyens décident. Vaste projet qui ne peut naître que des racines de ce qui a créé la Gauche, et reprendre ce combat noble des Lumières (pas les usurpateurs du 18eme siècle) pour sortir de l’obscurantisme.

  39. Merci pour vous mots sur nous en Uruguay. Si on avait des rélections on aurait Mujica pour toujours, mais ici personne a le droit d'etre président plus de 5 ans de suite, on est comme ca. Tabaré n'est pas Mujica pas seulement pour son charisme, mais parce qu'il répresente un secteur plus centre-gauche dans le Frente Amplio. Mais, dans le futur parlement on aura une representarion plus importante de la vrai gauche (Mujica en tete, pusqu'il sera sénateur). Jamais notre parlement aurait ete si a gauche que dans la prochaine legislature. Donc, la situation se présente intéressante: un executif plus au centre mais un parlement plus a gauche. On verra ce qui ressorte de cela. Le Frente Amplio est une engin tres complexe. et l'Uruguay est un pays si petit (3 millons d´hab.) qu'il sera toujours soumis aux vents des puissantes, tant régionales (Argentine et Brésil, comme mondiales), pas facile de faire des choses vraiment revolutionnaires sans nous mettre en vrai danger inmediat. Si on avait la puissance des autres on ferait encire mieux. Merci donc, pour votre soutien.

  40. Michel Matain dit :

    @ 35 carlo
    Le désaccord entre le FN et la droite dite républicaine sur l'Europe est si important

    Ce désaccord est en apparence aujourd'hui très important. Le sera-t-il demain ? L'extrème-droite (d'Hitler à Pinochet) fait toujours semblant de lutter contre l'oligarchie, pour la patrie, mais en fin de compte a toujours appliqué des programmes qui servent la classe dominante. Je suis convaincu que la demande de sortie de l'euro de Madame Le Pen est de l'esbrouffe pour la galerie et que, si elle arrivait aux commandes, elle nous ferait le coup de Sarko ou de Hollande "je reste dans l'Europe parce que j'ai obtenu de grosses concessions, j'ai eu raison d'être ferme". Mais ces concessions se feront sur le dos des immigrés, de Shlengen, du programme Erasmus, de la lutte contre les gaspillages (des pauvres) et du renforcement de Frontex... Par contre, sur le fond, elle ne bougera pas. Il suffit de voir là où l'extrème-droite est en position d'influence en Europe aujourd'hui même : Autriche, Hongrie, Espagne... Aucun de ces pays n'a rompu ni avec l'euro ni avec l'Europe.

  41. Jean-Claude Simon dit :

    Nous y voilà ! Avec le projet d'investissement à la Juncker le capitalisme financier atteint son but: privatiser les profits et socialiser les risques. On avait déjà la protection sociale pour le MEDEF et c'est maintenant pour la finance européenne. Il nous faut maintenant mobiliser nos énergies vers la socialisation de tous les moyens de production avec en priorité numéro un le contrôle public et démocratique du crédit afin, à notre tour, de socialiser les profits.
    Il serait aussi intéressant de réfléchir à quelque initiatives à offrir au MEDEF. On pourrait commencer par une loi instituant le principe du licencieur-payeur. Au lieu d'externaliser le coût du chômage vers la société, les entreprises (nous on les appelle les collectifs de travail) qui sont si dynamiques et innovantes continueront à payer les salariés licenciés jusqu'au reclassement complet à un poste et dans un lieu approuvé par ces mêmes salariés. Une vraie innovation sociale pour nos bons capitalistes qui se verront alors tout à fait responsabilisés face à un tel challenge qui requiert des compétences très performantes (nous aussi on parle le langage du management néo-libéral).

  42. jean giblin dit :

    Monsieur Mélenchon, vous semblez avoir renoncé à au moins agiter la menace d'une sortie de l'Europe dans vos projets. Croyez-vous qu'on puisse faire une vraie politique de gauche sans transgresser l'ensemble des directives européennes, sans sortir de l'OTAN, sans revoir de fond en comble nos relations avec les USA, le FMI, l'OMC. Voulez-vous laisser au FN l'initiative de cette sortie, qui pourrait rassembler largement les floués de 2005 ?

  43. cris dit :

    Très bon billet fort instructif. La question que je me pose: pourquoi le mouvement ne prend-il pas plus d'essor malgré la violence des coups?
    Je pense que les gens du Peuple que vous appelez à nous rejoindre ont bien compris que l'Europe est responsable. Hollande, certes lâche, ne fait qu'appliquer les directives qui tombent de la commission. Il faut marquer les esprits avec une phrase choc pour prendre définitivement la main à gauche. Comme le FN à droite, il faut revendiquer la sortie de l'Euro. Je suis sur que le mouvement gonflera avec les arrivées massives de tous ces gens qui s'abstiennent pour ne plus voter PS/UMP/Centre mais surtout FN. Ces gens ont compris que l'Europe est le problème donc ne votent pas pour PS/UMP/Centre et.... Nous et ne veulent pas du FN sinon ils y seraient déjà dans les votes.
    Franchement, je rêve d'un monstrueux buzz de votre part avec une phrase choc: nous sortirons de l'UE et de l'Euro responsable de tout. Et quel meilleur endroit que le plateau de France 2 jeudi soir.
    Le message serait audible, la brêche s'ouvrirait, et surtout les marchés s'affoleraient dans quelques temps si les partis qui montent sont ceux qui proposent la...

  44. jpp2coutras dit :

    Merci Jean-Luc Mélenchon de nous communiquer la réalité de ce qui se trame en coulisse, même si la potion est amère nous devons bien voir la vague géante à surfer et le rouleau où s'engouffrer. Le capitalisme nouveau est arrivé! Bourru de cynisme et bourré de profits virtuels. Et sans risque, bien que les dominants clament le contraire, toujours l'oxymore aux lèvres, brâmant que les courageux investisseurs affrontent un risque inouï. Mais à part ne pas savoir comment dépenser ces montagnes de fric fictif soustrait au commun réel, on voit pas! Risque de s'étouffer avec un bretzel à force de pouffer peut-être? Juncker est leur jocker, c'est clair.
    UMP, PS et FN jouent en triangle, la holding Le Pen rabat vers le bercail le cheptel qui veut s'enfuir. La politique, c'est très simple! Faut jouer en meute...
    Changer tout et au plus vite! Podemos.

  45. jean sur dit :

    M.Melenchon,
    Un grand merci pour ces informations terrifiantes, qui nous indiquent que Hollande-Valls-Macron and Co sont résolument engagés dans une guerre impitoyable contre les droits et les acquis du monde du travail.
    Quant au commissaire Moscovici, qui est le premier à oser menacer la France de sanctions depuis... l'expédition du Canal de Suez en 1956, voici ce qu'il déclarait en 2010 : "L'idée d'une mise sous tutelle des politiques budgétaires me parait absurde. Je vois mal un gouvernement soumettre son budget à la représentation nationale après autorisation de la Commission ! Je suis tout sauf souverainiste mais je suis contre la limitation des droits des Parlements. Ce sont des prérogatives intouchables." (Libération du 13 mai 2010)

  46. carlo dit :

    @Michel Matain
    Je suis convaincu que la demande de sortie de l'euro de Madame Le Pen est de l'esbrouffe

    C'est bien possible. En attendant, le FN tient ce discours, ce qu'il est à peu près le seul à faire, et l'électorat naturel de la gauche lui en sait gré car il a très bien compris qu'à l'intérieur de l'Europe de Maastricht il n'est pas possible de pratiquer une autre politique. D'une façon plus générale, et à l'heure où nous réfléchissons sur un changement de constitution, il me semble qu'on aurait intérêt à mieux analyser tout ce qui a été fait ces dernières années, et tout ce qui peut encore se faire, pour déposséder, directement ou indirectement, le peuple de sa souveraineté (intégration européenne, création des métropoles pour limiter le pouvoir des maires trop proches de leurs électeurs, multiplication des autorités indépendantes, constitutionnalisation de certains principes). Il faut comprendre que l'une des raisons du succès actuel du FN tient aussi au fait qu'il prétend parler au nom du peuple (même si son intention est de priver celui-ci de parole une fois parvenu au pouvoir).

  47. Moreau dit :

    Sortir de l'euro à mon avis n'est pas la bonne solution pour sortir de la crise. L'Angleterre a repoussé l'euro mais la politique de Cameron appauvrit les personnes les plus modestes et endette les pauvres, exactement comme la politique de Sarkozy et de Hollande. Ne pas proposer, à la suite des critiques de la politique de Sarkozy et de Hollande et du Front national, de bonne solutions fiables, participe à ce que les gens gardent leurs distances avec le Front de gauche républicain.

  48. Régis de Nimes dit :

    L'Humanité Dimanche n°21555, p 40 : "Avec le plan Juncker, il s'agit de "rassurer" les investisseurs privés par une garantie des Etats (le Mécanisme Européen de Stabilité). Profit au privé, pertes éventuelles au public..."

  49. Eric RAVEN dit :

    Bonjour cher Jean Luc, sincères remerciements de prendre ce temps d'écriture qui nous permet un bon temps d'une lecture vivifiante et rempli d'informations rares et utiles à dépolluer nos antennes et aiguiser notre sens politique.
    Je viens de terminer votre livre "l'ère du peuple", je l'ai lu patiemment pour ne pas en saisir uniquement les contours, mais en profondeur cela m'a éclairé.
    Pour cette fois, la part de mauvais s'étant accumulée autant en Europe me laisse penser que par votre expérience de hautes luttes et votre intelligence du combat politique doivent vous donner raison de ne pas choisir d'en sortir aussi brutalement, mais sans rien lui lâcher pour autant. Là dessus, je vous fais confiance.

    @Boissy saint léger (14)
    Je suis moi aussi passé voir l'exposition sur les lay-out des studios Ghibli de Takahata et Miyazaki, et me suis fait la même remarque. Ce chef d'œuvre "Princesses Mononoké" est un conte magique dédié à l'écosocialisme. Quand à cet autre chef d'œuvre "Le Roi et l'oiseau" du grand poète français de l'animation, Paul Grimault, il résume à merveille la vie d'un petit monarque ayant de sérieux faux airs avec le notre !

  50. clotilde gay dit :

    D'accord avec Jean Giblin. Il faut absolument oser poser la question de l'Europe et j'ajoute, de la souveraineté populaire. Ce sont des questions qui vont ensemble. L'Europe devrait être une associations des pays, une libre association, à certains niveaux et sur certains sujets. Cela suppose la souveraineté nationale. L'idéalisme de fusionner les peuples est très post-chrétien (ce n'est pas une honte ni une insulte). On devrait plutôt considérer, proche de l'écologie, que la souveraineté et la diversité des cultures sont des richesses, pas des anachronismes. Cela n'a rien à voir avec le racisme ou la méfiance envers l'étranger, si un pays accepte d'apprendre et d'évoluer grâce aux apports étrangers.


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