20fév 15
Cette semaine se déroule sous le signe d’un double et violent déni de démocratie. Toute la scène est dominée par les coups de force des puissants. En Europe avec l’agression contre la Grèce orchestrée par le gouvernement allemand et actionnée par la banque centrale européenne. J’y consacre un développement argumenté. Pour l’instant, la représentation française et les officiels français des différentes institutions ne sont pas des appuis pour les Grecs. Pourtant, ce serait dans le mandat de l’élection présidentielle de 2012. N’est-il pas incroyable que l’occasion ne soit pas saisie au bond ? L’autre choc, c’est celui du 49-3, véritable coup de force du gouvernement contre la majorité et le Parlement. Ce moment montre comment la cinquième République est le nœud du problème pour nous, Français. C’est l’instrument qui rend possible toutes ces violences. Seules les institutions de la monarchie présidentielle permettent que la France fasse défaut aux Grecs impunément, quand bien même seul en profite le gouvernement allemand contrairement à l’intérêt du pays. Seule l’impunité qu’elles garantissent permet au Premier ministre de venir dire à la télévision qu’il utilise le 49-3 parce que « le pays a besoin d’autorité pour la réforme comme face au terrorisme » ! Incroyable phrase ! Pendant ce temps, sur la chaîne du service public, le ministre Macron, jamais élu par personne, et présent à ce poste du seul fait de la faveur du prince, l’homme qui a réussi à diviser toute la majorité, vient donner des leçons aux parlementaires qui le contestent. Pauvre France menée à la chicotte par des exagérés qui espèrent être appréciés non pour ce qu’ils font mais pour la brutalité avec laquelle ils le font !
A partir du 20 février commence le processus de mise en place d’une assemblée représentative du mouvement sixième République, par tirage au sort, élection et cooptation. Je commence par là.
Le Mouvement sixième République va constituer son assemblée représentative
Certes nous n’avons pas atteint encore les cent mille signatures visées. Mais les 78 000 acquises forment un milieu bouillonnant. Evidemment l’objectif sera atteint. La plate-forme « Nous le Peuple » tourne à son régime : discussions et votes s’y mènent aussi librement qu’on peut l’attendre d’un système horizontal absolument autogéré. Je m’amuse de voir qu’un système aussi ample passe sous les radars des observateurs et même des militants politiques traditionnels. La vie a fait son chemin sans bruit, comme si de rien n’était. Le nombre des signatures a continué à progresser, les échanges se sont étendus, les premières réunions locales ont eu lieu à l’initiative des signataires. Six mois après son lancement, le mouvement a prouvé qu’il n’était pas un champignon médiatique. C’est pour moi l’essentiel. L’enracinement est la condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante pour faire en sorte que le thème devienne majoritaire dans l’opinion d’ici 2017 et dans le processus électoral qui aura lieu. Au demeurant, pas une semaine ne passe sans que la question des institutions et de la règle du jeu de notre société ne vienne sur la scène d’une façon ou d’une autre. Outre le débat sur l’abstention, signal de méfiance absolue, on a vu les rebondissements de la discussion sur le nombre de parlementaire et le rôle du Sénat. Caractéristique commune : une discussion entre experts, entre élus, entre officiels dans laquelle personne n’évoque jamais le fait que le peuple puisse se mêler du sujet ! Mais tout cela constitue néanmoins un fond de scène qui aide nos amis à comprendre l’importance de l’enjeu et à approfondir leur préparation.
Semaine après semaine, la jeune équipe qui anime l’outil internet qui porte cette action a multiplié les développements. Avec la mise en place de l’outil pour constituer l’assemblée représentative, construit de manière totalement autonome, nous disposons désormais d’un appareil global très remarquable. Il est transposable dans d’autres pays francophones. Il peut être prêté pour l’organisation d’autres mouvements dans notre pays. Il constitue une machine à faire fonctionner un outil de nouvelle génération succédant à la forme actuelle des partis. Dans l’immédiat, nous avons réussi à construire un outil de meilleur niveau d’efficience et plus complet que celui de nos camarades de Podemos, sans rien devoir à personne.
Grâce à cette machine, l’assemblée représentative puisera aux trois sources de la réalité du mouvement tel qu’il est. D’abord ses signataires qui seront représentés par deux canaux : le tirage au sort pour cinquante d’entre eux pris sur la liste totale des signataires. N’importe quel signataire est susceptible d’être sollicité de cette façon du seul fait qu’il a signé le bref texte de pétition. Ensuite il y a l’élection de cent personnes candidates parmi les signataires qui seront élus dans chacune des Régions. Cela représentera les trois quart de cette assemblée. Le reste, cinquante personnes, se cooptera parmi les signataires de l’appel initial. Il va de soi que l’assemblée une fois réunie décidera non seulement de son organisation, de ses travaux mais aussi du mode de convocation de la suivante assemblée. Pour permettre de couvrir le coût de la tenue de cette réunion une souscription en ligne est ouverte sur le site. C’est d’ailleurs là que je vous donne rendez-vous pour en savoir davantage.
L’Europe passe au détecteur de mensonges
Le révélateur de ce qu’est devenu l’Union européenne, c’est ce qui se produit depuis la victoire de Syriza et la formation du gouvernement d’Alexis Tsipras. Le nouveau gouvernement grec peut-il tenir ses engagements conformément au mandat reçu des électeurs ou bien les pays membres de l’Union européenne sont-ils désormais sous « souveraineté limitée » ? On a déjà compris la réponse. Mais il est important de mesurer à chaque étape si notre raisonnement est le bon. Et par-dessus tout d'examiner comment les choses se passent pour en tirer de l’expérience pour le futur. C’est-à-dire pour savoir comment nous y prendre, le moment venu, à la tête du pays.
Côté théorie, le premier à avoir donné une réponse, c’est le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, quatre jours à peine après la victoire d’Alexis Tsipras. Dans Le Figaro du 29 janvier, Jean-Claude Juncker affirme sans sourciller : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est l’expression crue et drue de ce que vivent les Français et les Néerlandais depuis les votes bafoués de 2005 contre le traité constitutionnel européen. En fait, la formule de Junker, c’est l’adaptation à l’Union européenne du principe de la « souveraineté limitée », inventé par le soviétique Brejnev en 1968 pour justifier l’écrasement du printemps de Prague.
Côté pratique, aujourd’hui c’est la Banque centrale européenne qui tient le manche du gourdin. Elle peut décider la mise à mort économique d’un État sans qu’aucun responsable élu n’ait à se prononcer. Comment ? En décidant que les banques de cet État ne puissent plus se refinancer auprès d’elle. C’est-à-dire de venir chercher les liquidités dont elles ont besoin pour faire fonctionner la vie quotidienne. La conséquence serait quasi-immédiate. Premièrement, la panique bancaire, les épargnants se ruant sur les guichets pour retirer leurs économies. Deuxièmement, l’effondrement du système bancaire du pays en question sous la pression de ces retraits massifs et de l’impossibilité d’obtenir des liquidités auprès de la BCE pour y faire face. Troisièmement, l’obligation pour le gouvernement du pays de céder aux exigences de la BCE ou de voir toute son économie s’effondrer faute de circulation monétaire et faute de délai pour mettre en circulation une monnaie de remplacement, ce qui équivaudrait de toute façon à une expulsion de fait de la zone euro.
Cette méthode, c’est celle d’un véritable coup d’État financier : la BCE, instance indépendante et non-élue, est en position d’imposer ses vues à un gouvernement issue du suffrage universel. C’est ce qui a déjà fait contre l’Irlande en 2010 et contre Chypre en mars 2013. Le Parlement chypriote avait refusé d’adopter le plan d’austérité et de restructuration des banques du pays en échange de l’aide de l’Union européenne. Un refus sans nuance : il ne s’était pas trouvé une voix favorable au plan européen lors du vote solennel. La BCE a menacé de couper l’accès aux liquidités s’il n’obtempérait pas. Et le Parlement a fini par céder devant la menace.
C’est la même démarche qu’a entamée la BCE contre le gouvernement d’Alexis Tsipras. Il s’agit d’un chantage aux effets progressifs. Cette démarche est faite de seuils destinés à faire monter la pression, jusqu’à l’ultimatum final. La Banque centrale européenne a décidé de serrer une première fois le nœud autour du cou de la Grèce le mercredi 4 février. Elle l’a fait avant que les discussions aient commencé entre la Grèce et les autres pays de la zone euro. Sa seule justification pour agir aussi violemment fut sa « présomption » que le désaccord persisterait ! On ne pouvait énoncer plus clairement le caractère politique menaçant de cette décision.
Qu’a fait la BCE ? Je vais le décrire de façon assez détaillée pour que chacun puisse bien comprendre le mécanisme qui est présenté souvent d’une manière opaque ou dans un vocabulaire spécialisé assez impénétrable. Elle a décidé de couper l’accès des banques grecques à l’un des deux principaux canaux grâce auxquels elles accèdent aux liquidités que leurs clients leur réclament. Le résultat sur le terrain, dans la vie ordinaire ? L’usager/client d’une banque va chercher de l’argent liquide au guichet ou à la tirette. La banque est dans l’obligation de fournir la somme demandée si elle correspond aux avoir du client ou au découvert autorisé. D’où la banque tire-t-elle ces sommes ? De ses réserves, qu’il vaut mieux peu abondantes car la fonction essentielle de la banque est de faire circuler la monnaie, pas de la bloquer pour en faire des tas ! C’est donc la banque centrale, seule à avoir le pouvoir de fabriquer de la monnaie qui les lui remet. Mais elle ne le fait qu’en échange de dépôts de toute nature garantissant la somme qu’elle lui avance en liquide. Au cas précis, dans ce type de programme, le dépôt accepté était fait de titres de la dette de l’État grec que les banques privées grecques possèdent. Le 4 février, la BCE a décidé d'arrêter d'accepter les « obligations » d'État grec comme garantie apportées par les banques grecques pour obtenir des liquidités au taux habituel de 0,05%. Cet accès particulier couvrait 15% des besoins de refinancement des banques grecques.
Ainsi la BCE, a frappé le gouvernement Tsipras deux fois : une fois via ses banques comme on vient de le voir. Et une fois encore plus directement. Car concrètement, cela revient à priver le gouvernement Tsipras de la possibilité de financer sa dette par des emprunts à court terme auprès des banques grecques, celles-ci n’ayant plus la possibilité d’obtenir ensuite du cash auprès de la BCE en contrepartie de ces obligations de l’État grec. Cela revient aussi à obliger les banques grecques à recourir à un autre programme de la BCE pour obtenir des liquidités.
Cet autre programme, c’est le programme ELA pour Emergency liquidity assistance. Les banques peuvent le solliciter lorsqu’elles doivent faire face à une besoin de liquidités urgent (emergency) ou exceptionnel. Il est moins facile d’accès car il est plus cher. Au lieu d’emprunter à la BCE à 0,05%, les banques empruntent à 1,95%. Cela renchérit donc le coût de leur prêt, que ce soit au gouvernement, aux ménages ou aux entreprises grecques. Dans le cadre du programme ELA, la BCE fixe le principe du droit pour un pays d’en bénéficier, le taux d’intérêt (1,95% donc), le montant total auquel a droit un pays (65 milliards d’euros pour la Grèce) et doit autoriser toute sortie supérieure à 2 milliards d’euros. Mais c’est la Banque centrale nationale, en l’occurrence la banque de Grèce, qui accorde les liquidités et fixe les règles d’acceptation des garanties qu’elle accepte en échange. La banque de Grèce accepte, elle, toujours les titres de dettes publiques grecque comme garantie. Mais cela coûte plus cher ! Bilan : d’une part la BCE aggrave les coûts de la dette pour la Grèce, de l’autre elle crée un doute sur l’accès au liquide si bien que les gens se précipitent préventivement au guichet de leur banque, provoque un asséchement des fonds disponibles et cela conduit tout droit au bug.
Ce mercredi 18 février, le conseil des gouverneurs de la BCE devait décider s’il maintenait l’accès des banques grecques à ce programme malgré l’absence d’accord entre la Grèce et les autres pays de la zone euro. Les banques grecques ont un besoin vital de ce programme pour faire face aux retraits massifs de leurs clients. Ces retraits ont été supérieurs aux dépôts de 5 milliards d’euros en décembre, et probablement de 11 milliards d’euros en janvier selon les premiers chiffres. La banque américaine JPMorgan estime que les dépôts des banques grecques fondent de deux milliards d'euros par semaine du fait de l’incertitude sur les discussions entre le gouvernement grec et l’Eurogroupe. Incertitude créée de toutes pièces par la BCE. A ce rythme, les banques grecques se retrouveront à court de garanties pour de nouveaux prêts dans 14 semaines. Si la BCE coupait aussi ce programme, les banques grecques s'écrouleraient plus rapidement du fait de la panique qui ne manquerait pas de se produire.
L’Union européenne n’est pas faite pour les peuples et leur démocratie. Cette situation en est une preuve de plus : une institution indépendante et non-démocratique dispose du pouvoir de vie ou de mort sur l’économie grecque. Il y a pire encore. Toutes ces décisions de la BCE se prennent sans l’accord du gouverneur de la Banque de Grèce pourtant membre du conseil des gouverneurs de la BCE. En effet, en 2003, les gouvernements européens ont décidé que les droits de vote au sein du conseil des gouverneurs deviendraient tournants dès lors que 19 pays auraient l’euro comme monnaie. Or, il y a 19 pays dans la zone euro depuis… le 1er janvier dernier. Et le hasard du tirage au sort a fait qu’en février la Grèce fait partie des pays dont le représentant ne vote pas. C’est aussi le cas de Chypre, allié historique de la Grèce, et de l’Irlande, deux pays qui ont déjà subi les mêmes menaces. C’est aussi le cas du gouverneur de la Banque de France. Certes, au conseil des gouverneurs, les pays sont représentés par le gouverneur de leur banque centrale et non par des représentants de leur gouvernement. Les gouverneurs des banques centrales sont eux aussi « indépendants » de leur gouvernement. On ne peut donc pas déduire leur attitude de leur nationalité ni de leur fidélité à leur gouvernement. Mais si la BCE décide d’expulser la Grèce de la zone euro, l’histoire se souviendra que cela aura été décidé sans que les représentants de la Grèce ni de la France ne participent au vote. Notre pays ne peut accepter ni les menaces de couper les liquidités, ni ce mode de prise de position. Car demain, ce sera notre tour d’être sous le pistolet de la BCE si nous prétendions agir souverainement contre un plan imposé par le gouvernement allemand ou ses marionnettes de la Commission.
Le gouvernement allemand est le problème posé à l’Europe
On me reproche parfois de focaliser sur lui. Mais la géopolitique commande la politique. Le dire, ce n’est pas céder à un quelconque ethnicisme. C’est seulement comprendre que les arrière-plans, effets de structures, dispositifs de classes, systèmes de domination, ne se déploient pas comme des abstractions surplombant le réel qui se contenterait d’en illustrer les contenus ! Ils se déploient à partir des conditions matérielles réelles et des circonstances concrètes. Le nombre de ceux qui m’objectent que « le problème ce n’est pas l’Allemagne c’est le capitalisme » me consterne. Revoilà la caverne de Platon de retour où les catégories idéelles précédent le réel ! Pour quelle raison l’Allemagne est-elle aujourd’hui collée à l’intérêt du capital transnational en Europe dont elle est le chien de garde zélé ? Pour les raisons liées à sa démographie, à ses rapports de domination de ses voisins de l’est, et à sa dépendance aux USA depuis 1945. L’existence détermine la conscience collective. En Allemagne, la conscience collective comme partout ailleurs se construit autour du modèle et des préférences du noyau central qui domine la société : les vieux retraités par capitalisation et les suivants de la classe moyenne et moyenne supérieure. C’est eux qu’il faut convaincre ou contraindre.
En atteste ce qui vient de se passer depuis quelques jours face à la Grèce. Je veux le récapituler pour que chacun s’en saisisse. Encore une fois, c’est pour nous la meilleure préparation. Les discussions entre la Grèce et les autres membres de la zone euro sont présentées comme un « dialogue de sourds ». La réalité est que les discussions butent sur l’intransigeance totale des « Européens », comme les nomment les commentateurs, sans se rendre compte de l’exclusion qu’ils prononcent ainsi à l’égard des Grecs. En fait ces « Européens » sont complètement sous tutelle de la droite allemande.
Depuis la victoire électorale de Syriza, les autres Européens n’ont fait aucun pas en direction du nouveau gouvernement grec. Les deux réunions de l’Eurogroupe, la réunion des ministres des Finances de la zone euro, en ont été de parfaites illustration. Ainsi, mercredi 11 février, les 18 autres pays de l’Eurogroupe ont proposé au gouvernement grec un document proposant une « extension » du programme actuel au-delà du 28 février. Or, l’extension de ce programme est catégoriquement rejetée par Alexis Tsipras ! Peut-il en être autrement ? Cela reviendrait pour lui à accepter la poursuite du « mémorandum » de réformes imposant l’austérité. Et donc d’exiger que Tsipras endosse la politique du précédent gouvernement de droite grec alors qu’il a été élu pour changer de politique.
La seule concession des autres européens aura été de ne plus utiliser le mot « Troïka ». Le symbole est important. Mais croire que cela suffirait, c’est croire que Tsipras se paye de mots. Changer les mots sans changer les choses est une ruse qui marche peut-être avec d’autres, mais pas avec le nouveau gouvernement grec. Le summum de l’arrogance au cours de cette réunion est revenu sans aucun doute au ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, parti avant la fin de la réunion, pendant que le ministre grec des Finances téléphonait à son Premier ministre Tsipras pour valider la position de son pays. Le but de Schaüble est d’humilier ses interlocuteurs dans la tradition germanique la plus grossière et la plus haïssable.
Le lendemain, jeudi 12 février, au conseil des chefs d’État et de gouvernement, le dialogue a pu être rétabli. Aucune déclaration commune n’a été faite sur la Grèce et il n’y a pas eu de véritables discussions sur la dette ni sur le contenu du futur programme pour la Grèce. Pourtant, et c’est très important, il y a eu un accord pour engager des discussions techniques pendant le week-end sur le contenu d’un futur programme accepté par tous. Il s’agissait alors de préparer la réunion suivante, celle de l’Eurogroupe prévue pour lundi 16.
Pendant tout le weekend, les représentants du gouvernement grec ont ainsi travaillé avec les autres fonctionnaires pour essayer de rapprocher les points de vue. Le dimanche, c’est Alexis Tsipras lui-même qui a appelé le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker pour avancer. Le gouvernement grec a ainsi discuté d’un projet d’accord avec le Commissaire européen Pierre Moscovici. Un document d’une page, en anglais, que le journaliste du Guardian, Paul Mason, a obtenu et publié sur sa page Facebook. On en était donc là. Arrivent les Allemands et tout s’écroule. Les faucons de l’austérité ont tout mis par terre. Toute la table a été renversée. Au point que, ce lundi 16 février, à l’Eurogroupe, Moscovici n’a jamais présenté le document travaillé pendant le weekend avec les Grecs. À la place, le président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, une marionnette de Schaüble, a présenté un autre document. Un texte encore plus dur que celui rejeté la semaine précédente. Telle est la vérité ! Pendant que le gouvernement grec discutait et montrait sa volonté de conclure un accord honnête, l’Eurogroupe durcissait en secret sa position sur ordre de Berlin. Dans son texte, l’Eurogroupe exigeait purement et simplement du gouvernement qu’il demande l’extension du programme actuel. Retour au point de départ, comme une semaine auparavant, l’arrogance et le mépris pour les discussions du week-end en plus. Le ministre grec Varoufakis a évidemment refusé une nouvelle fois. L’Eurogroupe a ainsi adressé un véritable ultimatum à la Grèce, exigeant que la Grèce capitule avant d’envisager une nouvelle réunion. Alors que le gouvernement grec avait montré sa volonté de négocier et que les autres Européens n’avaient pas bougé d’un pouce, le président de l’Eurogroupe a ainsi eu le toupet d’exiger que « le prochain pas doit venir de la Grèce ».
C’est la ligne dure du ministre allemand qui l’a emporté. Les propos rapportés par la presse montrent que les proches de François Hollande n’ont pas joué le rôle de facilitateur qu’ils prétendent assumer. Le Commissaire européen Pierre Moscovici comme le ministre des Finances Michel Sapin ont répété en cadence ce que disait Wolfgang Schaüble. Comme l’a dit Michel Sapin : « Il y a seulement un chemin raisonnable, c’est une extension technique [du programme actuel] avec de la flexibilité. Si les autorités grecques veulent prendre ce chemin, une réunion aura lieu vendredi pour confirmer leur décision ». Ne pas comprendre le rôle agressif néfaste du gouvernement allemand c’est de l’iréalpolitique la plus puérile. Tout céder aux Allemands pour satisfaire au mythe du « couple franco-allemand » c’est enfiler soi-même la camisole de force qui ficelle l’action des Français.
@octobre50
Ce ne sont pas 2 millions mais 12,5 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté en Allemagne.
Sinon entièrement d'accord, la Grèce n'a plus d'autre choix que de sortir de la zone euro, en raison de la politique que l'oblige à poursuivre la troïka, faute de quoi Syriza serait accusée à juste titre d'avoir trahi sa parole envers le peuple grec. L'abandon de l'euro ne serait pas pire que la situation actuelle, cf les travaux de Sapir et Lordon entre autres.
Pourquoi Hollande aurait-il un autre comportement vis à vis de Tsipras ? Il est le préfet de Merkel pour la France, c'est tout. Et un préfet ça ferme sa gueule ou il est démis de ses fonctions. Notre vote ne sert à rien. Vouloir rester dans l'euro est une hérésie. La Grèce doit faire défaut sur sa dette, tout de suite, sur la totalité. Perdrons de l'argent ceux qui en ont !
Je trouve quand même dommage que même ici, la liberté d'expression soit sous condition. L'UE (Union des Égoïsmes) n'est pas le pays des bisounours. Ce qui se joue avec Syriza nous engage pour l'avenir et ce n'est pas en censurant ce que disent nos ennemis que l'on se préparera le mieux à y faire face. Il est quand même étonnant que Jean-Luc Mélenchon ait cette réputation d'extrémisme alors qu'au contraire il ne va pas assez loin dans ses analyses.
[Edit webmestre : Vous employez des mots dont vous semblez ignorer le sens ! Qui "censure" Quatremer ? Il écrit bien ce qu'il veut ou il veut et personne ne l'en empêche. Seulement, il se fait un devoir depuis toujours de conspuer Jean-Luc Mélenchon à toute occasion. Comme la réputation d'un blog s'accroit avec le nombre de liens et de visites, il est sage de ne pas lier son blog à celui-ci pour ne pas lui donner plus de visibilité qu'il en mérite. Contentez vous de dire "Quatremer bave encore sur JLM", et personne ne sera surpris ni même n'ira vérifier. Cessez donc d'empoyer le mot "censure" à tort et à travers, c'est ridicule. Le sujet et clos.]
Pour s'en sortir la Grèce doit se tourner vers des pays en dehors de l'Europe (y compris Poutine s'il le faut), ce sera moins pire que Bruxelles. Quant à nous il serait bon de faire tomber Hollande et son chien fou avant qu'il ne soit trop tard (il leur reste 2 ans pour continuer à nous démolir), et ensuite sortir de l'Europe. La 6ème c'est très bien pour l'avenir mais pour l'instant il y a urgence.
Bonjour Jean-Luc,
Tu écris, concernant l'Allemagne, "dans la tradition germanique", alors que tu voulais ne pas ethniciser tes propos sur l'Allemagne. De quelle germanité parles-tu ? De celle des Néerlandais ? Des Allemands ? Des Norvégiens, Suédois et autres Danois, tous des Germains si on remonte au Ve siècle av. JC jusqu'au XIe siècle de notre ère, ce découpage étant très arbitraire. En outre, ne sommes-nous pas également partiellement des Germains, de par le brassage réalisé avec les Francs et sous Charlemagne ? Non. il n'y a pas de "tradition germanique", ou alors il faut que tu la définisses.
Il y a en revanche une arrogance allemande depuis Bismarck et la réalisation de l'unité allemande, depuis la domination de la Prusse sur le reste de ce puzzle allemand qui ne se définissait que par la langue. Les Badois et Rhénans ont, eux aussi, en 1848 fait l'expérience de cette morgue. Ils l'ont hélas intégrée, assimilée, intériorisée. En écrivant "germanique" tu opposes deux univers, celui situé outre-Rhin et au Nord de la Mer du Nord et de la Baltique. Cette opposition est funeste, selon moi, en cela qu'elle ethnicise le débat, ce que tu ne voulais pas.
@oxy, @bouchet
Oui par solidarité nous pouvons aider les Grecs ! N'attendez pas un feu vert pour lancer l'opération. Ressurection et Grand Soir sont à vivre au présent !
@Bob.pollet, @oxy,@bouchet
Montant de la dette grecque : 321 milliards d'euros. Il va falloir une sacrée souscription pour rembourser cette somme !
L'Allemagne a deux millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, le chômage y est caché par artifices techniques, les services publics sont exangues, la précarité par CDD est devenue la norme etc. Et A. Merkel et la CDU sont largement vainqueurs de toutes les elections et Die Linke stagne. Comme le Front de Gauche !
Si la Grèce est lâchée à cause d'un vote démocratique sans appel par une Union européenne loin des peuples, les espoirs de voir Podemos en Espagne remporter les elections seront réduits, tout le monde aura peur. On est bien sous une Europe de la terreur. La France n'est pas assez touchée par la crise du système. L'alternance PS/UMP avec de grosses abstentions et une montée du FN a de beaux jours devant elle. Le Front de gauche est minoritaire et progresse peu, les frondeurs PS ne feront rien contre un gouvernement social-liberal, EELV est maintenue par des alliances de circonstances.
Je suis d'accord avec cette analyse fort claire de la situation, mais cependant je ne comprends pas pourquoi en rester aux conclusions intermédiaires, que sont vos critiques du fonctionnement européen. Comme le montrent les attaques que subit la Grèce, les institutions européennes telles qu'elles existent actuellement doivent être mises hors d'état de nous nuire à nous, peuple Français. Afin que, mis dans une situation identique, nous ne soyons pas contraints à la capitulation comme semble l'être le gouvernement Grec, il me semble indispensable de faire savoir haut et clair que nous envisageons de sortir de la zone euro et, si cela s'avère impossible dans l'état des traités, de l'Union elle-même.
Macron et Valls ont clamé toute la semaine combien la France attendait la loi Macron et ses aménagements mais quand j'évoque cette loi autour de moi, je n'en entends aucun commentaire favorable. Où sont donc tous ces Français qui s'impatienteraient de ces "précieuses" réformes ? Quel est le Conseil des Sages secret qui aurait instruit les chastes oreilles de ces deux serviteurs désintéressés de l'Etat sur l'opportunité de décisions auxquelles le peuple n'entend rien si ce n'est qu'elles lui enlèveront ses dernières illusions de vivre en pays souverain ? Etrange situation où les uns vantent des mérites insoupçonnés aux autres dans un savant combat réhabilitateur pour nos pauvres esprits idiots emprunts de dichotomie maladive d'une situation que nous serions trop bêtes à décrypter. Et comment s'appelle cette tendance à convoquer d'éventuels témoins dévoués qui n'existent pas ? Les Français connaissent le chômage de masse, ça c'est vrai. Que la loi Macron puisse les aider, ça c'est faux. Qu'on cherche à manipuler les gens, ça c'est dangereux ! Attention à ne pas franchir la ligne rouge.
Après la lecture de ce billet, je vois quoi ? Que nous vivons sous la botte du gouvernement allemand et de la finance. Il y a de quoi enrager pour la Grèce mais pas seulement. Quand les français comprendront ce qu'il y a dans la Loi Macron (qui a fait bien plaisir à Merkel), ils sortiront de leur torpeur enfin oui ou non ?
Description lucide. L'UE est une dictature, l'euro l'arme d'exploitation massive contre les travailleurs. Mais quelle est votre conclusion ? Car elle s'impose de fait. Pour la démocratie, il faut sortir de l'UE, de l'euro. Sortir de l'UE, de l'euro, par la porte de gauche, c'est s'en sortir.
C'est là, la solution logique, dans la suite évidente du combat de toujours des travailleurs, de leur parti, de leurs syndicats contre la construction européenne. Du Non à la CED, à l'acte unique, à Maastricht et au TCE. De ce non largement majoritaire. Ecrasant dans les classes populaires qui savent, mieux que certains bien au chaud dans certains appareils politiciens, que l'UE c'est la casse de leurs usines, c'est la baisse des salaires, la liquidation des services publics, le bradage de nos entreprises publics. Entre le mémoradum de la Troika et le peuple, il faut choisir. Et rester dans l'UE c'est choisir l'austérité. En sortir c'est pouvoir en sortir.
Alors, Jean Luc, quand est ce que tu appelles à sortir de l'euro ? Pour la démocratie, pour la paix, pour la coopération internationale ?
A voir la panique qui règne dans les rangs des eurocrates depuis l'élection de Syriza, je crois que la peur a changé de camp. L'accord que les grecs ont arraché est bien le signe que le système est faible et instable. Les dirigeants allemands exigeaient l'expulsion de la Grèce de l'euro. Clairement ils ont été battus. Aujourd'hui la presse aux ordres tente d'accréditer l'idée que Syriza s'est couchée. Rien de plus faux et nous verrons dans les prochains jours que les propositions de réformes que le gouvernement grec va exposer seront en rupture avec celles qui prévalaient avant les élections. La situation est certe complexe mais l'intox de la capitulation ne resistera pas à l'épreuve des faits. Les dirigeants grecs devaient gagner du temps sans renoncer à l'essentiel de leur programme de campagne. A cette heure c'est mission accomplie. Les dirigeants européens seront obligés de prendre position et de prendre des mesures concrètes par exemple contre la fraude fiscale organisée. L'affaire ne fait que commencer et nous ne pouvons pas rester spectateurs.
Au mois de mai, a des amis qui militaient pour le vote aux européennes, je leur expliquais qu'historiquement Mitterrand avait consenti les critères de convergences pour assurer à l'Allemagne qu'elle pouvait abandonner le mark sans perdre la valeur de ce fait sa puissance économique que lui conférait le mark fort, et je disais à mon ami, sans aucune arrière pensé, que quand l’Allemagne impose sa puissance à l’Europe il y a toujours des drames derrières. Ils ont une culture de l'intransigeance. Je crois que petit a petit les citoyen se rendent compte que ce n'est pas une Europe des états, mais l’Europe de l’alignement des états sur l’Allemagne. Tu étais comme moi encore au parti socialiste quand Mitterrand a accepté de calquer le fonctionnement de la BCE sur le modèle de la Bundesbank. On mettait les pieds dans la m**** avec comme cocorico Trichet pour remerciement. Je t'accorde que l'on avait des espérance, mais déjà en 1999, j'écrivais qu'il fallait abandonner ces critères pour une gestion financière adapté aux particularités des états, sinon nous en mourions. Et c'est triste de voir que ceux qui se croient encore socialiste se coucher et faire par leur intransigeance le lit du fascisme.
Merci à vous Monsieur Mélenchon, pour toutes vos explications. Je suis horrifiée, scandalisée. Il faut une 6ème république ! Nous sommes toutes et tous en capacité, chacun à notre niveau, de choisir ce qui est bon pour nous.
La France a déjà sa camisole, elle la ferme sinon on ne rigole plus avec la barre des 3%.
Yanis Varoufakis ne convoque jamais le passé de l’Allemagne sans immédiatement l’articuler au futur de la Grèce. Lors de sa conférence de presse commune avec Wolfgang Schaüble, il a expliqué que la formation politique qui est arrivée en troisième position aux dernières élections législatives n’est pas « populiste », ni même néonazie, mais tout simplement nazie. Seul l’espoir représenté par Syriza est parvenu à enrayer sa progression. Par conséquent, ruiner cet espoir revient à exposer l’Europe au retour de ce que l’UE a pour mission de conjurer à tout prix. Et Varoufakis de conclure que si l’effacement de la dette allemande a bien été décidé pour enterrer définitivement la bête immonde, il serait aussi absurde qu’abject de favoriser aujourd’hui son réveil, en opposant une fin de non recevoir aux raisonnables propositions du gouvernement d’Athènes. Voir ce très bon papier de Michel Feher pour son blog Médiapart.
Et si la Grèce expérimentait la monnaie locale à l'échelle de tout le pays, dans chaque domaine d'activité où se sera possible ? Ne serait-ce pas là un magnifique pied de nez au néo/ultra-libéralisme tout comme à cette Europe qui met en œuvre ce néo/ultra-libéralisme ?
Dans les commentaires beaucoup demande à Monsieur Mélenchon de sortir de l'UE. Seulement Monsieur Mélenchon n'est pas président de la république ainsi en ont décidé les électeurs en 2012. D'autre part, si le peuple veut bien se mêler de politique en s'investissant dans la 6ème république. Ce sont ses règles (la constituante) qui seront proposées à l'échéance de la présidentielle de 2017 par l'un de ses représentants. Ces règles détermineront si oui ou non, nous souhaitons continuer avec cette Europe ou comment nous pourrions la contourner ou comment faire des alliances avec les pays du Sud qui, peut être plus tard s’aggloméra avec les pays du Nord grâce à l'exemple que nous leur donnerons d'une autre possibilité d'Europe dites sociale. Si les Français votaient pour la 6ème république en 2017 nous aurions déjà un noyau de départ avec la Grèce et l'Espagne (selon le choix de leur électeurs aussi). Après on ne peut pas forcer les gens à voter pour leur intérêt et avec lui, l'intérêt général. Autre incertitude va-t-on tenir jusqu'en 2017 ? Les événements se précipitent et la misère ou la guerre arrivent comme une vague afin de mettre à genoux les peuples organisés.
Bonjour,
On parle beaucoup de la responsabilité du gouvernement allemand dans ces négociations, mais que va faire le gouvernement grec ? Tsipras va t'il avaliser et appliquer le plan de l'UE sans discuter, et donc accepter d'avaler la potion amère ? Ou le gouvernement grec de Tsipras va t'il consulter le peuple grec, via le parlement ou un référendum, pour demander au peuple grec s'ils sont d'accord avec ce plan.
Il ne faut pas rêver. Le diktat du gouvernement allemand, de Bruxelles et de la BCE n'est pas une simple partie de billes. Le programme de Thessalonique ne sera pas mis en oeuvre aussi vite que nous semblions le prévoir (moi y compris). Le point positif que fait ressortir Tsipras, c'est de laisser le memorandum derrière eux ainsi que la troïka, le Grecs ont gagné jusqu'au mois de juin. Comme il le souligne, le plus dur reste devant (lire ici). Cela donne la mesure de l'importance de la lutte contre la finance. Il faut de multiples manières marquer notre soutien au peuple Grec ! [...]
La Grèce a obtenu hier (vendredi 21 février 2015) dans le cadre de ses négociations un succès considérable en Europe. Voici l'allocution télévisée d'Alexis Tsipras. Nos médias n'ont retenu que ce sera difficile et que la Grèce a plié !
Il n'y a évidemment rien à attendre de nos médias en faveur de la Grèce et de la vérité de ce combat. Voir ici une défense de Syriza et des Grecs d'autant plus intéressante qu'elle émane d'un ancien de la LCR. La souveraineté populaire est à défendre mordicus là-bas comme chez nous.
Quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi les syndicats comme la CGT (par exemple) ne bougent pas plus pour mobiliser les foules en soutien au peuple grec ? Lorsqu'on chante l'Internationale à chaque meeting et manif et qu'on a une fenêtre de tir comme celle provoquée par Syriza, pourquoi ce type d'appareil ne concrétise pas cette idée par la mise en place d'actions concrètes (aides, rassemblements, pressions en tous genres, etc.) Pourquoi rien, ou si peu ?
@ddacoudre
J'ai l'impression que cette Europe et l'Euro c'est fait sur une sorte de maquignonage, de marchandage. J'accepte la réunification, mais on fait l'Euro (c'est parait-il le deal de Mitterrand à Kholl), puis l'entrée des pays du sud de l'Europe pour contrebalancer le poids de l'Allemagne (l'Allemagne était contre), voulu par Mitterrand. La Grèce, dont beaucoup reconnaissent qu'elle n'aurait jamais du renter dans l'Euro. Cette Europe, c'est construite de bric et de broc, à la va que je te pousse, avec des arrières pensées. Mais pour moi, c'est la réunification allemande qui a tout changer, et créé un rapport de force favorable à l'Allemagne. Mais je rajoute que l'Euro est une bonne chose pour la France qui, avant l'Euro, dévaluait réguliérement sa monnaie, et c'est Paris qui allait pleurer auprés des Allemands une aide.
Les Allemands sont-ils majoritairement prêts à soutenir un gouvernement qui leur parle de fierté nationale ou pas ? Si l'histoire se répète, les Américains n'auront pas la même attitude en tous cas. Les commentaires de Jean-Luc Mélenchon semblent valider le fait que le positionnement hégémonique de l'Allemagne est la cause principale des menaces contre la démocratie et la prospérité en Europe. Dans ce cas, il ne faut pas se demander si on reste ou pas, il faut se demander comment on met un terme à ce qui cause problème. Pourquoi est-on obligés d'en passer par une lente agonie délibérément organisée par de faux partenaires, plutôt que de les remettre à leur place ? C'est parce que les Américains organisent en sous-main la prise de contrôle de l'Europe pour sauver leur propre modèle. Donc la question est : doit-on attendre qu'une guerre ait tout ravagé pour réagir ? On dirait que la fatalité est en train de préparer une nouvelle version, encore plus terrible que les dernières fois, du vol des aigles au dessus de nos campagnes. On n'y entendra pas mugir de féroces soldats, mais nos filles et nos compagnes ne seront pas pour autant en sécurité.
La Grèce ne doit pas échouer, elle est porteuse de trop d'espoirs. J'adhère totalement à l'idée exprimée ici par certains d'organiser une aide concrète au peuple grec sous la forme d'une souscription internationnale relayée pour tous les partis, syndicats et mouvements associatifs progressistes.
Bonjour Jean-Luc,
Signer le manifeste du Mouvement sixième République est un acte citoyen collectif qui nous fait individuellement du bien. Cela me fait penser à l’ouverture d’une fenêtre dans une pièce enfumée où l’air est irrespirable. Quel sera l’avenir de ce mouvement ? Personne ne le sait vraiment, mais il me semble que l’histoire nous enseigne une chose : c’est que les faits ne se passent pas toujours comme les puissants le voudraient, en particulier quand des citoyens osent dire « Non, ça suffit maintenant !» Merci à toutes celles et ceux qui ont pris cette initiative.
Bonjour,
Lecteur assidu de votre blog, je n'interviens que très peu dans ses pages de commentaires. Si je le fais cette fois-ci c'est parce que je n'ai pas du tout compris l'évolution de votre position sur la question du vote de motion de censure. J'étais pleinement d'accord avec vous quand vous écriviez ici même "La seule façon de bloquer la loi et de faire cesser le chantage comme méthode de gouvernement, c’est de voter la censure.
Faute de pouvoir déposer une motion de censure de gauche, il fallait voter celle de la droite !
On apprend par France Inter que vous n'irez pas au salon de l'agriculture. J'espère que par ailleurs, vous avez pris contact avec Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Il faut lutter sur tous les fronts et être compétent sur le sujet agricole. On ne peut pas se focaliser uniquement sur la Grèce. Les citoyens en ont marre qu'un lobby décide pour eux de ce qu'ils doivent "bouffer" comme alimentation frelatée. Cela fait l'unanimité. Pendant que le FN caresse le monde agricole, la ruralité. Sachons tirer notre épingle de ce jeu infâme !
Billet, présence dans les médias, cela fait du bien! Que l'UE commence par mettre un frein aux paradis fiscaux, enfers sociaux, séparer les banques d'affaires des banques de dépôts, et elle pourra poser des exigences envers les gouvernements sans pour autant s'autoriser à poignarder la souveraineté des peuples. La mise en place d'une souscription internationale ouvert à tous les peuples comme soutien à la volonté du peuple grec et au courage de son gouvernement de résister à la dilapidation de leur pays est une bonne idée. Il faut maintenant des "techniciens de la finance", conseil au ministre des Finances grec qui se réfère à Kant en disant qu'il nous "a enseigné que la raison et la liberté nous permettent d'échapper à l'empire de l'opportunisme en faisant ce qui est juste..." (site de Syriza). Le gouvernement allemand n'est pas "les Allemands", ils se battent contre le traité transatlantique en manifestant alors que en France, calme plat. Ce serait très dangereux de penser que cela ne sert à rien de manifester, mais il est vrai que cela passe par l'information et que là ça coince pour de nombreux sujets. Le "tout sécuritaire" renforce les ressentiments.
A l'image du programme de Syriza, il faudrait que nos députés Front de gauche, si ils sont d'accords bien sûr déposent une autre proposition de loi anti-macron. Celle ci pourrait contrecarrer tous les mesures préconisées par la troïka, une liste à la Prévert alternative : abrogation de la loi Macron si elle est votée, et bien d'autres, hausse du smig, retour de l'investissement public, lutte contre la haute délinquance fiscale, sécurité sociale, l'énergie, l'eau et combien d'autres sujets à reprendre, notamment le fonctionnement de l'Europe et l'Euro, et bien sûr l'instauration d'une sixième république par et pour le peuple. Bref une loi fourre tout comme celle de Macron, mais fixant les jalons de la sortie de cette Eurocrature infecte et inhumaine. Vive la VIe !
Quel réconfort de vous regarder dans l'émission C/Politique ce dimanche ! Vous avez été parfait et encore une fois porteur d'espoirs.
En contre partie nous avons vu hier soir un Stephane Le Foll parfaitement minable sur BFM dans l'émission débat de Apolline de Malherbe, qui a fait tout ce qu'elle a pu pour l'aider face à Olivier Dartigolle, renier les positions de 1981 sur les redistributions salariale et dire, je cite "je relance, je relance et ça profite aux autres. On l'a fait en 81 et ça profite aux autres". Les Français apprécieront le gouffre entre les promesses du candidat Hollande et l'esprit qui anime ses ministres. Vite la 6eme !
Dans C Politique, J-L Mélenchon définit clairement ce qui a manqué et ce qui est en train de croître : la lisibilité. Les médias et les suppôts du chaos n'ont pas réussi à effacer la visibilité. Alors ils se sont attaqués à la lisibilité. Avec pour grand maître un champion de l'illisible tout sourire dans le fauteuil de la Présidence. Toute l'action de Mélenchon est au service de cette lisibilité de plus en plus nette. Une fois dépassée la crainte de paraître s'imposer, c'est bien seul et sur la crête - citation de De Gaulle fort intéressante, qui en savait quelque chose - que l'on est le plus visible, puis lisible, donc efficace et rapide. Seul ou en tout petit groupe, en fer de lance. C'est de cela que les abstentionnistes ont besoin pour surmonter leur dégoût et leur découragement. La lisibilité, voilà le mot-clé.
Bonjour.
J'ai moi aussi regardé Jean-Luc Mélenchon hier dans C Politique. Comme d'habitude il a été excellent, C. Roux se montrant par ailleurs une bonne animatrice contrairement à Y. Calvi et aux chiens de garde qu'il invite régulièrement.
Un bemol toutefois : quand C. Weil lui a demandé pourquoi le FN avait beaucoup plus que le FdG la faveur des Français, Jean-Luc Mélenchon s'est dérobé une fois de plus en n'allant pas jusqu'au bout de son analyse. En effet le FN joue parfaitement de la crainte de l'Europe alors que le PG continue à faire semblant de croire que l'on pourra garder l'euro et rester dans l'Europe actuelle en la changeant de l'intérieur et en discutant simplement avec Merkel and Co. C'est là selon moi une erreur politique, que Syrisa est probablement en train de payer en Grèce.
Soutien à Syriza et au peuple grec. Je vous recommande cette vidéo sur la marche de soutien à Syriza et au peuple grec, à Paris, le 15 février dernier.
Pour ceux qui n'y ont pas encore eu accès, je vous propose un lien pour visionner l'entretien entre Pablo Iglesias et Jean Luc Mélenchon.
Catéchisme médiatique : Poutine assassine de pauvres Ukrainiens, la Grèce a dévoré l'Europe d'Angela Merkel de sa nonchalance méditerranéenne et les djihadistes sont planqués dans nos poubelles ou sous nos lits afin de nous égorger. Message subliminal : il faut avoir peur ! Simplification du carrousel médiatique et de l'info médiatisée sous forme de flashs en accéléré. Le FN ne veut pas votre bien mais Marine Le Pen est irréprochable. Tout ce que vous pourrez dire sera retenu contre vous et assimilé à un complot. Nous avons seuls le droit de faire procès d'intention et nous le faisons allègrement à tous ceux qui verraient d'un mauvais œil qu'on cherche à les manipuler. Problème pour régler votre santé mentale entre démence et folie face au manque d'informations qui vous empêchent de faire le lien entre un élément d'actualité et un autre ? Pas grave, vous n'avez qu'à vous dérider avec les couleurs chaleureuses médiatiques qui répandent le poison et la haine de soi. Au pire, essayez un condensé d'Histoire sur Arte qui vous donnera l'illusion d'être un sachant (ou une guenon savante). En plus, ça vous coûte du pognon ? Oui, on sait, faut bien qu'on vive !
En accord avec Oxy et les autres qui se posent la question d'une aide concrète et internationale à la Grèce. Tout le reste ne les avance pas beaucoup, même si les manifs restent un moyen d'expression pour faire savoir que nous sommes là, et que la bouillie médiatique n'est pas avalée par tout le monde. Nous sommes la Grèce ! Et là pas de confusions possibles comme avec le précédent "nous sommes..."
@Jmk011
"...En effet le FN joue parfaitement de la crainte de l'Europe..."
Il me semble que vous oubliez un petitélément qui rapporte beaucoup de voix à MLP, sa position par rapport à l'immigration. Elle avance qu'elle a un coût important, que les immigrés accaparent les logements sociaux et les prestations sociales des français. C'est triste mais la position généreuse de Jean-Luc Mélenchon ne passe pas pour beaucoup de gens et les médias n'aident pas à ce que ça passe mais ce n'est pas une raison pour éluder le problème.
Superbe texte, très informatif, je vous en remercie ! Les puissants de ce monde tentent par tous les moyens de nous diviser, mais nous savons que l'heure est à l'unisson !
Encore une fois merci sur la limpidité et la cohérence de vos propos.La BCE est-elle indispensable aux pays européens? Si non pourquoi ne pas la destituée. A quoi servent nos gouvernements respectifs si ils doivent se plier exigences de la commission Européenne.?.... dont le président actuel est d'une moralité plus que douteuse. Je suis consterné par tant de mépris des pays qui font le maximum d'efforts pour s'en sortir et retrouver la prospérité. Mais je crois que ce qui déplait à cette vielle Europe c'est que de nouvelles personnes arrivent avec de nouveaux codes et secouent le cocotier de l'archaïsme.
Je vous recommande l'interview de Yannis Youloutas dans La Marseillaise à propos de la situation sociale et politique en Grèce au lendemain de la victoire de Syriza. Youloutas a réalisé plusieurs films "Ne vivons plus comme des esclaves" et "je lutte donc j'existe" (bande annonce longue). Son prochain film conjointement sur la résistance en Grèce et en Espagne.
"Les Allemands ont été les corrupteurs de la Grèce" déclare le réalisateur de Z, Costa Gavras, qui dénonce vivement la troïka dans une émission demain soir sur Arte.
@Augustin 87
Merci. Très beau reportage sur la manif de soutien à Syriza de Paris. Des très beaux témoignages de simples militants, artistes, historiens, philosophes grecs et français et aussi de nos responsables FdG et autres (ex-PS par exemple ou EELV). En faire valoir, un pitre de Canal +, vite mis hors jeu par sa propre bêtise. Et si quelque chose commençait petit à petit à prendre forme et à s'organiser aussi chez nous en France, en dehors du salon de l'agriculture, du foot et des concours de "cuites" le samedi soir.
Nous pensons que la notion de respect ne peut jamais être absente des rapports humains, même entre adversaires, tandis qu'ils ne s'en préoccupent pas. Nous pensons que la tolérance est une valeur universelle, alors qu'ils pensent qu'elle est une déviance. Nous pensons que la violence ne peut rien résoudre, alors qu'ils attendent de plus en plus frénétiquement de pouvoir en découdre. Les moyens d'information sont dans leurs mains, donc le droit du plus fort apparaît comme la réalité qui va enfin s'imposer. Le scénario est connu, à la fin la scène est envahie par des miliciens qui enchaînent les acteurs et les font disparaître. Pour le moment, la liberté d'expression est traitée par la dérision mais l'illusion persiste encore qu'elle compte dans l'espace public, quand Jean-Luc Mélenchon disait que tout cela finira front contre front, il ne prévoyait peut-être pas lui même à quel point ceci recouvre une terrible réalité.
On dirait bien que la télé, ça compte. Les signatures pour m6r ont augmenté depuis le Divan de Fogiel, et C/politique de Caroline Roux. Ce n'est pas le raz de marée attendu, mais c'est un noyau, un fer de lance qui exige un effort, une tenue dans la durée, un engagement. Quelque chose de sérieux. Donc c'est vraiment une réussite. Je doute qu'il existe un tel niveau de signataires pour une réflexion politique populaire ailleurs. C'est pas mal du tout et ce n'est pas terminé.
Un grand merci, M. Mélenchon pour nous avoir expliqué très clairement les mécanismes du "coup d'Etat financier" de la BCE. Les peuples n'oublieront pas que les intraitables gardes-chiourme de la sinistre Troika (BCE, Commission européenne, FMI) ont accompli leur génocide social contre le peuple grec pour le compte des banquiers, des spéculateurs et des usuriers qui tirent les ficelles à Bruxelles.
Autre aspect extrêmement intéressant de ce C/Politique, le concept de "responsable" qu'évoque J-L Mélenchon. Il dit "c'est moi qui suis là, c'est moi que vous avez invité", un individu. Etre responsable, c'est être à l'origine de quelque chose, soi-même et précisément, le reconnaître, et l'exprimer clairement. Quand De Gaulle dit que c'est seul et sur la ligne de crête qu'on va le plus vite, cette idée implique celle de responsabilité assumée. Il dit en substance "c'est moi qui dis ça, clairement, tout le monde le voit, là-haut sur la ligne de crête. J'assume ce que je dis sans avoir à assumer les propos fumeux et contradictoires d'autres qui prétendent tirer à la même corde mais en réalité brouillent les cartes". L'individu est seul, ce peut être une faiblesse mais aussi une grande force. Son message est visible, clair, cohérent, compréhensible. Si on le comprend, c'est qu'on saisit ce qu'il dit, cela nous parle, on l'apprécie. Si, de plus, ce qu'il dit est tourné vers le bonheur, on peut s'identifier à son message, à son projet. Rien à voir avec le culte de la personnalité. On n'adhère pas en premier lieu à sa personne, mais à ce qu'il propose.
L'opposition de gauche au sein de Syriza s'insurge contre ce qu'elle considère comme une capitulation devant L'Allemagne et l'UE. Le reniement des engagements électoraux sur l'augmentation du salaire minimum et l'arrêt des privatisations, par exemple, ne démontre-t-il pas qu'aucune politique de gauche n'est possible dans le cadre de l'UE néolibérale?