25fév 15
Maintenant nous entrons dans une bataille de propagande contre la Grèce de Tsipras. Une troupe composite de droitiers écumant de rage, de gauchistes toujours prompts à excommunier qui ne se plie pas à leur mantras abstraites, et d’ancien gauchistes pour qui l’échec des autres doit justifier leur propre mutation libéralo-libertaire, se coalisent pour chanter sur tous les tons la « capitulation de Tsipras ». Que dis-je : « la première capitulation » comme titre « Médiapart ». Car bien-sûr, il y en aura d’autres ! C’est acquis d’avance ! Il est temps de se démoraliser promptement ! Il est juste de rentrer à la maison, de ranger les banderoles pour en faire des mouchoirs, d’éteindre les lampions et de se couvrir la tête de cendres froides. Jean Michel Aphatie a immédiatement posé le diagnostic : Tsipras a promis n’importe quoi, et maintenant, comme tous les autres, il doit « s’incliner devant les réalités ». Les réalités c’est la politique des intérêts allemands avec lesquels nous sommes appelés à collaborer dans notre propre intérêt ! Cette vision de la réalité n’est pas conforme aux faits. Elle est seulement une pièce dans le jeu de nos ennemis. Le but de notre lutte est la victoire. La partie se joue dans un délai qui n’est pas de huit jours. Deux rythmes sont à concilier. D’abord celui de l’opinion grecque parce qu’il engage la survie du gouvernement de Syriza. Ensuite celui des élections en Europe dans les pays où la brèche peut s’élargir : Espagne, Irlande et nous, aux régionales françaises de fin 2015. Imagine-t-on cette séquence ouverte par l'effondrement d’un pays qui est censé commencer notre cycle en Europe ?
L’Allemagne a joué un rôle hideux en créant une crise avec la Grèce. L’atrabilaire Schäuble a été si odieux avec les Grecs que le ministre Varafoukis a été mis dans l’impossibilité de traiter directement avec ce fanatique dominateur et insultant. La baudruche sociale-démocrate, Sigmar Gabriel, vice chancelier de Merkel, s’il vous plait, a confirmé que seule la capitulation serait acceptée par le gouvernement de droite et du PS d’Allemagne. Du coup « El País », le quotidien espagnol proche du PSOE titre fièrement « l’Allemagne impose sa loi ». Célébrer l’Allemagne avec ces mots, c'est politiquement correct ! Sans oublier la presse allemande qui adresse à la une des « danke ! Herr Schäuble », « merci, monsieur Schäuble » avec des trémolos dans la voix comme seuls les larbins « éthiques et indépendants » savent le faire quand il s’agit d’argent. Que tout cela soit la démonstration de ce que j’affirme sur l’arrogance du parti allemand en Europe est évidemment indifférent aux rédacteurs enthousiastes de ces coups de mentons. Le parti Merkel n’a pas besoin de se soucier des formes. Leurs petits amis français regardent ailleurs. Il veille, le parti bisounours pro-n’importe quoi du moment, que cela porte le tampon « Europe » et « économie de marché » ! Critiquer l’Allemagne est considéré ici comme du racisme selon Cohn-Bendit et ses répétiteurs de la meute des libéralo-libertaires. Qu’un Allemand défende l’Allemagne est toujours sympathique, n’est-ce pas, Jean-Patou ? Qu’un Français défende son pays et les peuples qui souffrent, à commencer par les douze millions d’Allemands pauvres c’est du chauvinisme, n’est-ce pas Marie-Syphilde ? On connaît. Parce qu’on a déjà connu.
Donc, pour l’essentiel il s’agit d’une bataille de communication et de propagande dont l’enjeu est la capacité de contagion de la rupture grecque ! Une bataille. Le but des eurocrates politiques et médiatiques, une fois passé le temps de la rage et de l’injure, passé leur déception de ne pas avoir vu l’extrême droite être au niveau qui permet le chantage au vote utile de tous les moutons affolés, c’est d’isoler la Grèce de Tsipras. L’isoler diplomatiquement et l’isoler dans le peuple en déconsidérant l’alternative Tsipras pour dissuader les autres pions du domino. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le numéro du gros quotidien espagnol « El País » qui encense la « victoire » de l’Allemagne sur la Grèce soit également largement consacré à une série de calomnies et d’insinuations fielleuses contre Podemos, sur la même une. Avec reprise sur deux pages entières à l’intérieur, dont un ténébreux titre sur « la face occulte de Pablo Iglésias ». Quoique beaucoup plus vendu que « Le Monde », qui se confidentialise, « el Pais » est bien son homologue en Espagne. Evidemment, Podemos étant un danger électoral plus élevé que nous et « El Pais » n’ayant pas d’extrême droite à valoriser comme son homologue français, le « bashing » de Podemos occupe une place beaucoup plus large que le dénigrement du Front de Gauche dans le journal de Plantu et des publi-reportages lepénistes.
Voyons plutôt à présent où nous en sommes réellement. Une assemblée d’organisateurs de la fraude fiscale en Europe, hier encore présidée par un homme qui en avait fait une spécialité dans son pays, Monsieur Junker, se réjouit du plan grec et se sent « notamment encouragée par l'engagement fort à combattre l'évasion fiscale et la corruption ». Ha ! Ha ! À ces mots, on devine la comédie qui se joue. Ce qu’ils ont dû céder, ils veulent donner l’impression de l’organiser. L’idée est d’humilier la Grèce et de présenter son gouvernement comme traître à son peuple. Que le traité d’armistice ne soit pas à notre goût, cela va de soi. Pour autant, faut-il aboyer avec la meute et nous transformer en procureurs ? Faut-il ne tenir pour rien qu’en pleine Europe de l’austérité et dans un pays martyr une liste de « réformes progressistes » soit maintenue ? Car outre la lutte contre l'évasion fiscale et contre la corruption, la liste de réformes comprend, selon un aperçu fourni par le gouvernement grec, une série de mesures en faveur des plus démunis, conformément au programme électoral de Syriza. Il s’agit notamment de la fourniture d'électricité gratuite à des familles dans le besoin, d'accès gratuit aux services de soins, de distribution de coupons d'aide alimentaire et de transport pour les plus dépouillés. Sans oublier les quatre mois de gagnés pour préparer le round suivant !
Aucun des aboyeurs contre Tsipras n’ayant dénoncé la manœuvre de la Banque centrale européenne pour étrangler la Grèce en la privant de liquidités, aucun ne pouvait donc rendre compte du fait que toute la négociation s’est faite sous la contrainte. Avec un délai. Le gouvernement grec ne pouvait « tenir » que jusqu’à ce mardi, compte tenu du niveau des retraits de fonds opérés par les Grecs à l’annonce de la manœuvre de la banque centrale pour les spolier de leurs avoirs. Mon précédent post explique comment fonctionne cette mécanique. Gagner du temps sans renoncer à rien, c’était l’objectif. Il a mobilisé tous les amis du gouvernement grec actuel par tous les moyens dont chacun disposait. C’était aussi le sens du rapport de force qu’essaient de construire nos manifestations de soutien dans les rues. Désigner le gouvernement allemand comme responsable de l’étranglement de la Grèce est non seulement conforme à la réalité mais nécessaire pour la préparation idéologique des étapes suivantes de notre lutte. Voyons lesquelles.
Commençons par la Grèce. Tsipras ne doit pas perdre le soutien populaire. Il doit l’élargir. Syriza a gagné avec 36 % des voix. Une large majorité continue à croire aux « bienfaits de l’Europe » ou aux menaces de la propagande libérale sur le sujet. Il est impossible d’infliger un effondrement du système bancaire moins d’un mois après avoir gagné une élection. Nous, Français, nous le savons, qui avons subi quatre dévaluations, un contrôle des changes et un emprunt forcé dans les premiers mois du gouvernement du Programme Commun à partir de 1981. Il faut que le peuple grec comprenne dans sa profondeur la responsabilité de l’Allemagne, la responsabilité du gouvernement Merkel pour expulser la Grèce de la zone euro pour que, dans le cas ou tout ceci finirait par avoir lieu, l’actuelle majorité ne se voie pas imputer la responsabilité des aspects désagréables qui en résulteraient. Le bras de fer, les négociations à rebondissements, sont un élément de la pédagogie de masse d’un pouvoir populaire. Il doit devenir clair pour tous que le problème de l’Europe, c’est l’Allemagne qui le concentre. Evidemment, le jeu de l’adversaire est de proclamer une défaite quand les mesures de violences n’ont pas eu raison du courage des Grecs.
Voyons la ligne de brèche en Europe. Imagine-t-on ce que seraient des élections en Espagne, Irlande, chez nous et ailleurs si le bilan du changement en Grèce était l’effondrement en un mois ! Je n’en dis pas davantage. Mon intention est seulement de faire comprendre qu’une partie comme celle-là ne se joue pas sur le mode gentillet d’une alternance à la papa. Le continent européen entre en ébullition ! La guerre gronde à la frontière de l’est en Ukraine, dans les mains d’irresponsables provocateurs néo-nazis et d’agents Nord-Américains. Les pays récemment annexés par l’union européenne ou ceux qui entrent dans la catégorie des candidats à l’entrée dans l’Union connaissent tous de violentes secousses sociales qui remettent en cause tous les équilibres et petits calculs. Plus de 50 000 personnes du micro prétendu État croupion du Kosovo quittent leur pays pour aller essayer de travailler en Allemagne, sur la base d’une simple rumeur de visa facile. On voit que rien ne tient par soi-même des constructions absurdes de cette « Europe » qui protège. Quand plus de la moitié des immigrations en Europe viennent des pays européens eux-mêmes, le chaos s’avance. Quand, dans une vision étroitement marchande de type post-colonial, le gouvernement allemand pense compenser le vieillissement accéléré de la population par des vagues géantes de migration, il joue avec le feu qui est déjà allumé dans un pays dont les remugles ethnicistes sont en pleine résurrection.
Dans ce contexte européen, le gouvernement de Tsipras obtient une victoire. Cela parce que le rapport de force lui était totalement défavorable. Alexis Tsipras est Premier ministre depuis moins d’un mois. Il a dû mener cette négociation en même temps que l’installation de son nouveau gouvernement et avec un pays au bord de l’asphyxie financière. Il était seul à la table de négociations, sans alliés, avec seulement quelques États jouant un rôle de médiateurs. Il dirige un pays d’à peine 11 millions d’habitants sur les 334 millions d’habitants de la zone euro. La Grèce représente à peine 2% de la production annuelle européenne. Que tous les docteurs en sciences révolutionnaires méditent ce que veut dire un rapport de force national !
Le gouvernement grec a négocié avec le pistolet sur la tempe. L’accord est intervenu 8 jours avant la fin du plan de « sauvetage » actuel, alors que l’Union européenne et le FMI doivent verser 7,2 milliards d’euros. Surtout, la Grèce avait sous la gorge le couteau de la BCE. On sait que depuis le 4 février, la BCE a coupé le canal essentiel de refinancement des banques grecques. Elle ne renouvelle l’autre canal de refinancement que par périodes de 15 jours selon la méthode d’un chantage permanent. Dans ce contexte, les retraits aux guichets des banques grecques s’envolaient ces derniers jours. Certaines sources indiquent que le gouvernement grec aurait été obligé de limiter les montants retirés dès ce mardi, voire que certaines banques n’auraient pas pu ouvrir. Dans ce contexte, combien de gouvernements auraient passés par-dessus bord tous leurs engagements ? Pas Tsipras.
L’accord prévoit le prolongement du financement européen pour 4 mois, jusqu’à fin juin. Cela inclut le versement de 7,2 milliards d’euros : 1,6 milliard d’euros de la part du Fonds européen de stabilité financière, 1,6 milliards d’euros de la BCE qui reversera les intérêts perçus sur la dette grecque, et 3,6 milliards d’euros du FMI. Le gouvernement grec a aussi obtenu une prolongation du fonds destinés à la stabilisation du système bancaire. Certes, il n’a pas obtenu de pouvoir récupérer les 11 milliards d’euros concernés pour le budget grec. Mais l’Allemand Schäuble n’a pas obtenu non plus que ce fonds soit dissout et que les 18 autres pays récupèrent cet argent comme il le réclamait.
Le gouvernement grec a obtenu plusieurs choses. Tout d’abord, donc, un financement pour 4 mois qui lui permettra de rembourser 1,4 milliards d’euros au FMI en mars et de faire face aux rentrées fiscales jusqu’ici moins importantes que prévues par le précédent gouvernement. Ce versement ainsi que le temps gagné vont permettre au gouvernement de commencer à appliquer son programme. Ce prolongement n’est pas une fin en soi comme l’exigeait l’Allemagne puisque le communiqué de l’Eurogroupe indique clairement que « cette extension comblera également le temps nécessaire pour les discussions sur un éventuel accord de suivi entre l'Eurogroupe, les institutions et la Grèce ». À mes yeux, la perspective d’une période de transition est une nette victoire des Grecs.
Tsipras a obtenu plus que cela. Il a obtenu de ne pas augmenter la TVA, ni durcir les conditions de départ à la retraite, ni baisser les pensions de retraites comme l’exigeait la Troïka et comme le prévoyait l’ancien gouvernement de droite. Il a également obtenu une levée partielle de la tutelle sur son pays. L’accord prévoit en effet que c’est le gouvernement grec qui proposera désormais des réformes et que « les institutions », c’est-à-dire la BCE, le FMI, la Commission européenne et les autres États de la zone euro devront les accepter, en partie dès ce mardi 24 février, en partie d’ici fin avril. Comme l’a dit le ministre Varoufakis, la Grèce cesse d’être un élève soumis à la Troïka pour proposer « son propre script ». C’est ainsi que le gouvernement grec a fait savoir que les réformes du droit du travail relevaient de la « souveraineté nationale ». Il a donc maintenu sa promesse de rétablir les conventions collectives protégeant les salariés.
Le gouvernement grec s’engage en contrepartie à payer ses créanciers ? Rien d’autre que ce que Tsipras avait dit dans sa campagne électorale. Le gouvernement grec s’est aussi engagé à ne pas prendre de mesures unilatérales ayant « un impact négatif sur les objectifs budgétaires, la reprise économique, la stabilité financière ». Le gouvernement Tsipras a toujours dit qu’il ne souhaitait pas remettre en cause l’équilibre budgétaire ni procéder par des annonces unilatérales. Il est décisif pour lui de montrer que s’il a été contraint à des annonces unilatérales ces derniers jours, c’est en réponse à l’agression unilatérale de la Banque centrale européenne le 4 février et à l’arrogance du ministre allemand tout au long de la négociation. La liste des « réformes » qu’a proposée le gouvernement grec a été adoptée. Si elle avait été rejetée, le ministre Varoufakis a déjà fait savoir qu’il considérerait l’accord de vendredi comme « nul et non avenu ». Cette liste de réformes que propose le gouvernement prouve sa détermination. Il entend utiliser les quatre mois qui viennent pour commencer à appliquer son programme. L’essentiel, on l’a dit, a habilement porté sur la lutte contre la corruption et la fraude fiscale. Que pouvaient objecter les eurocrates qui sont ici sur leur point faible ! Et il y a aussi une réforme fiscale pour « que les impôts soient réparties de manière plus juste socialement ». On voit bien ici que le simple mot de « réforme » ne veut rien dire. Qu’y a-t-il de commun entre exiger une hausse de la TVA, impôt injuste, et lutter contre la fraude fiscale des oligarques grecs ? Rien sinon le mot « réforme » et, éventuellement, la recette fiscale qu’on peut en attendre. Il est d’ailleurs stupéfiant de voir que le communiqué de l’Eurogroupe reconnaît qu’en la matière, « les priorités politiques grecques peuvent contribuer à un renforcement et une meilleure mise en œuvre de l'arrangement actuel ». La zone euro découvre ainsi que Syriza est mieux armé pour lutter contre la corruption que les partis corrompus qui dirigeaient la Grèce jusqu’ici ! C’est sans doute l’hommage du vice à la vertu.
Voila où nous en sommes. Si Schäuble refuse les réformes grecques, il portera la responsabilité de la rupture. Il en va de même pour le Bundestag, le Parlement allemand, qui doit se prononcer sur l’accord, comme les Parlements néerlandais, estonien et finlandais. Si tout se passe sans encombre, la bataille va se poursuivre. Celle visant bien sûr à « préciser et valider » la liste des réformes pour valider les versements d’ici fin avril. Mais surtout, la discussion de fond d’ici fin juin sur la renégociation de la dette grecque. Comme l’a dit Tsipras, la Grèce tourne le dos à l’austérité mais des difficultés restent à venir. La bataille se poursuit. Elle sera rude. Les menaces et le chantage risquent de reprendre au fur et à mesure qu’on se rapprochera de la fin juin. Tsipras a donc 4 mois pour faire grandir la capacité du peuple grec à tenir le choc et pour trouver des alliés, y compris hors de l’Union européenne. Pour notre part, nous avons 4 mois pour faire grandir la solidarité avec le peuple et le gouvernement grecs.
Je conclus ce chapitre par un extrait du discours de Tsipras du samedi 21 février. J’estime que sa parole a davantage d’importance et de crédibilité que celle d’une poignée de commentateurs intéressés à sa défaite. Le gouvernement grec n’a pas l’intention de céder. Le discours d’Alexis Tsipras, samedi 21, le dit clairement. Je vous en livre quelques extraits pour que vous notiez la tonalité combative et la place de la bataille pour la souveraineté dans son combat. « Nous avons franchi une étape décisive, laissant l’austérité, le mémorandum et la Troïka derrière nous. Une étape décisive qui autorisera le changement dans la zone euro. [Vendredi] n’était pas la fin des négociations. Nous allons entrer dans une nouvelle étape, plus substantielle, dans nos négociations jusqu’à atteindre un accord final pour la transition des politiques catastrophiques du mémorandum vers des politiques centrées sur le développement, l’emploi et la cohésion sociale. Certes, nous allons faire face à des défis. Mais le gouvernement grec s’est engagé à aborder les négociations qui auront lieu entre maintenant et juin avec encore plus de détermination. Nous nous engageons à la restauration de notre souveraineté nationale et populaire. Ensemble, avec le soutien du peuple grec, qui sera le juge ultime de nos actions. Comme partisan et participant actif, le peuple grec nous aidera dans nos efforts pour parvenir à un changement politique. Notre lutte commune continue. »
Merci Alexis !
La lutte du peuple grec pour sa souveraineté ne fait en effet que commencer, malgré les cris de victoires obscènes lancés depuis ce week end par "Le Monde". Que l'accord auquel soit parvenu Tsipras ne soit pas parfait, c'est évident mais qui pouvait penser sérieusement que, quasiment seule contre tous, la Grèce allait d'un seul coup faire céder une Allemagne qui a pris l'habitude de voir tous ses voeux être exaucés par les autres pays européens ?
L'important dans cet accord, c'est que, sans avoir eu à céder sur l'essentiel, Tsipras ait obtenu un répit de quatre mois qui lui permettra de se préparer avant d'affronter dans le prochain round. Et d'ici là, il est tout à fait possible qu'ait lieu un de ces emballements imprévus par les acteurs eux-mêmes dont l'histoire des révolutions des deux derniers siècles donne maints exemples. Bien malin (ou plutôt bien fou) celui qui se hasardera à prédire la situation qui sera celle de la Grèce ne serait-ce que cet été.
Une fois de plus, je ne vous rejoins pas sur ce terrain : 4 mois de gagné, et, au bout du compte, quoi ? La Grèce ayant dégagé un excédent budgétaire, alors même que ses exportations ont chuté, Tsipras aurait meilleur temps de claquer la porte de l'Europe, en 6 mois, 1 an au plus, il relèverait le pays.
La façon dont Schaüble, Junker et toute la clique, veut s'asseoir sur le vote des citoyens, est antidémocratique, et ne peut se régler qu'au rapport de force. Et, à ce jeu là, Tsipras a des armes, en ce moment, qui sait ce que la Troïka, ah non pardon "les institutions" vont encore inventer pour resserrer le noeud. J'avais dit ici, sur ce blog, qu'ils étaient capables de mettre la Grèce en faillite. Alors, pour le coup, je vous trouve bien tiède et disposé au compromis. Ce qui peut expliquer que le FN remporte la mise, car eux, prônent la sortie de l'Euro.
Cordialement.
Cher Jean Luc
Merci de cette analyse et de cette réaction tranchante. Elle confirme la vigueur de votre pensée politique et votre récurrente clairvoyance sur la situation politique. Oui sans aucun doute ni scrupule, ils feront tout pour massacrer l'espoir grec, et l'exemple de résistance qu'il tente d'incarner auprès de son peuple.
Merci à vous et vive nos prochaines échéances, à nous aussi.
Toujours la même histoire. Martelez : "il faut sortir de l'euro, il faut sortir de l'UE" et vous sortirez la gauche de l'ornière. On va se prendre la plus gigantesque claque de l'histoire électorale en France le 22 mars, à cause de vos hésitations. Renversez la table. Censure contre Macron, sortie de l'UE. Vous avez une large majorité de Français et d'Européens qui veulent ça. Si vous ne le proposez pas, beaucoup iront voir ceux qui le proposent.
"le gouvernement de Tsipras obtient une victoire. Cela parce que le rapport de force lui était totalement défavorable."
Désolé de souligner la contradiction entre ces deux phrases... L'erreur est bien entendu dans la définition de "rapport de force". Je suis d'accord avec la fin de l'article. Le gouvernement Grec a parfaitement compris que le rapport de force était, malgré les apparences pour comptable, en sa faveur. C'est pourquoi c'est lui qui a "fait plier" l'Allemagne, et non l'inverse. Les concessions qu'il a dû accorder, pour ne pas précipiter l'Europe dans le chaos, sont minimes (maintien des privatisations déjà en cours...) Il ne faut pas croire ni laisser croire que c'est une victoire "relative", c'est à dire une défaite que l'on nommerait victoire parce que l'on croit le rapport de force si mauvais qu'on estime qu'on aurait pu avoir pire. C'est bien une victoire dans tous les sens du terme, même si, évidemment, elle est aussi un compromis. Une victoire en politique n'existe jamais par la disparition de l'adversaire : elle est donc toujours un compromis.
"Nous nous engageons à la restauration de notre souveraineté nationale et populaire."
Cette position, parfaitement juste, ne peut que conduire dans sa dynamique à la rupture avec l'UE néolibérale et son instrument monétaire, l'euro-mark. N'est-t-il pas clair que l'incapacité du Front de gauche à convaincre les couches populaires provient de son refus de mettre en avant ces deux aspects indissociables de la souveraineté ?
Kelio, c'est bien de répéter les mantras, c'est leur fonction et ça rassure les âmes inquiètes. Mais pensez-vous que si la Grèce était sortie dès maintenant de l'Europe Tsipras aurait obtenu l'aide financière qui lui permettra de préparer sa riposte au lieu d'être écrasé sur place séance tenante ? Pensez-vous vraiment qu'un changement de cap aussi radical puisse s'organiser en 48 h sans stratégie ni alliés ? Accessoirement, pensez-vous aussi qu'il aurait eu le temps d'imprimer des drachmes et de convertir toutes les transactions financières et économiques d'ici la fin du mois ?
Ces aller-retours entre mauvaise foi, chantage, menaces et totale irresponsabilité des dirigeants européens que vous nous livrez, sont magistralement montrés de l'intérieur (et démontés en pièces) dans le reportage "Puissante et incontrôlée : la troïka", dans l'excellent Théma sur Arte hier soir (Arte+7 maintenant). Il est précédé par un autre reportage très intéressant "Le bonheur au travail", et on y voit avec bonheur un Costa Gavras défendre le gouvernement Tsipras sans aucun détour. Je vous recommande très chaudement ce Théma !
Lorsque Jean-Luc nous parle d'androïdes, de catéchisme libéral et de religion dogmatique du marché, je peux vous dire qu'on reste médusés face à la pertinence de ces dénominations après ce reportage : ce sont des moines assassins en costume-cravate. Il faut aider les grecs, c'est le (seul) moyen de nous aider nous-même et toute l'Europe !
Cette analyse remet en perspective la situation. Tout d'abord l’incroyable propagande visant à démoraliser, à nous insulter et nous assimiler à l’extrême droite et au FN, jusqu’à la nausée. Cela permet de savoir à quoi s'attendre. Il faut garder la tête froide. Ce qui nous manque est de pouvoir avoir une analyse réelle et argumentée tant nous sommes pris dans le malstrom médiatique et de faux amis déjà prompt à dire "ils se sont couchés" ! L’élection en Grèce c'était le 25/01/2015, un mois. A rajouter le coup d'état financier de la BCE.
Pour rester compréhensible aux yeux de tous, Alexis Tsipras doit beaucoup communiquer, expliquer, s'exprimer. Pour que les gens continuent à se reconnaître dans ce qu'il fait et lui conservent leur amitié. Les difficultés sont énormes, qu'il les explique. Qu'il dise ce qu'il fait. Que ses amis indéfectibles parlent et expliquent. C'est la base. Il ne doit pas devenir indéchiffrable aux yeux de ses partisans et amis. A part ça, on voit que Tsipras termine toujours ce qu'il entreprend. Il commence, continue sans lâcher, termine. Donc il gardera le pouvoir. Tant qu'il réussira à terminer ses cycles, il conservera le pouvoir. Que les aigris et les mauvais se déchaînent dans les médias présente au moins l'avantage que personne ne l'oublie. La troïka ne peut pas accomplir ses méfaits dans l'ombre. Le monde entier regarde et voit.
Je ne vois pas comment le gouvernement Tsipras aurait pu faire mieux. Je rappelle à certains que pour le moment, une majorité de Grecs ne veut pas sortir de l'euro et qu'un chaos bancaire aurait échaudé nombre de citoyens. La voie empruntable était aussi large que le chas d'une aiguille et pourtant Syriza a réussi à passer. Bien entendu, les Grecs vont devoir patienter avant que l'inflexion ne se renforce et les orthodoxes continueront pendant ce temps à faire pression pour que le gouvernement grec échoue et que la contagion ne soit pas possible. Les Allemands ont du ravaler leur désir de punir les Grecs jusqu'au sang en les contraignant à une faillite immédiate et la victoire de Tsipras est bien là : pouvoir donner du temps à son pays et maintenir une tête de pont cruciale stratégiquement, pour attendre l'appui de Podemos. C'est là que tout se joue et tout le monde en est conscients, adversaires y compris. Le combat sera très difficile.
Souvenez vous de la fable "le chêne et le roseau" !
Les Grecs, doivent honorer une dette qui n'est pas celle du peuple, mais ce gouvernement Allemand belliqueux et assassin, si respectueux des lois a t il honorés celle, énorme, qu'il doit a la Grèce et qu'il n'a jamais payé (dette de guerre). Il a bénéficié de délais négocié après la guerre, chose qu'il refuse aux Grecs maintenant. Cela est valable aussi pour nous Français mais avec ce gouvernement fantoche Hollande, Valls, Macron, et sa presse au ordres on ne risque pas de se désolidariser des Allemands. J'ai confiance en Syriza, Tsipras, Varoufkis et le peuple grec.
Pour élargir la question du droit du travail relevant de la souveraineté nationale, comme le défend fermement le gouvernement Syriza, je signale la réflexion très intéressante d'un juriste du travail qui fait un état des lieux des décisions des gouvernements précédents sur injonction de la Troïka, qui contreviennent aux engagements internationaux en matière de droits de l'homme dans le travail et aux règles de l'OIT. L'auteur pointe le fait que l'Union européenne n'est pas compétente juridiquement sur les questions de salaires et de négociation collective. Rétablir le droit du travail en Grèce, comme s'engage à le faire le gouvernement actuel, signifie donc d'abord mettre le pays en conformité complète avec les traités... et non l'inverse!
[...]
Une surprise quant au 6e paragraphe du texte de Jean-Luc lorsqu'on évoque les dévaluations, contrôle des changes et autres mesures effectuées en France après 1981 sans effets dramatiques, n'était-ce pas avant cette redoutable création de l'"euro-BCE" ? Merci en tout cas à Jean-Luc pour son explication nécessaire si l'on veut bien comprendre ce qui se passe en ce moment.
Sortir, sortir, sortir ! Et sauter comme un cabri ?
D'abord, toutes ces sorties ne sont pas les mêmes. L'OTAN est une alliance militaire impérialiste. Un gouvernement peut parfaitement décider d'en sortir. De Gaulle l'a fait et la France ne s'en est pas portée plus mal. Lambrakis le préconisait pour la Grèce, il a été assassiné (c'est le sujet de Z). Sortir de l'OTAN est aussi dans le programme L'Humain d'abord. Sortir de l'UE, n'est pas sortir de l'Europe. La Grèce comme la France sont en Europe et y resteront. Ni la sortie de l'euro ni la sortie de l'UE ne sont à elles-seules des solutions miracles à tous les problèmes. Selon certains économistes ce seraient des conditions nécessaires (mais pas du tout suffisantes, loin de là !) à toute politique non libérale. Et ces sorties seraient tout sauf simples. On imagine facilement que l'Europe ordo-libérale et la finance en général attaqueraient aussitôt un tel mouton noir. C'est très loin du yakafokon, et si une telle sortie reste un plan B, elle devrait être solidement préparée. Entre temps, un plan A paraît difficilement évitable, tout en restant vigilant.
Il était naïf de croire que la finance, l'Europe, le gouvernement allemand etc. allaient tout accepter du nouveau gouvernement grec élu, cela les chiens de gardes le savent pertinemment, d'où leur offensive pour casser tout espoir de changement possible en Europe. En imaginant que la Grèce quitte l'UE et l'Euro, est-ce pour autant que autres pays européens, notamment la France, auront réglés leurs problèmes austéritaires imposés par la finance internationale et le gouvernement Merkel avec ses alliés sociaux démocrates ? Pour moi c'est une lutte de tous les instants par les peuples de chaque pays et en France ça passe aussi par un changement de règle du jeu, changement de constitution, la VIème, entre autre pas seulement, car imaginons MLP au pouvoir sortant de l'UE et de l'euro et appliquant avec zèle la constitution de la Vème (comme elle l'a dit), bonjour les dégâts.
Il y a une alternative. Soit le gouvernement grec applique son programme et il sort de l'UE, soit il respecte les traités et il oublie ses engagements. Pour l'instant, Le gouvernement grec n'a ni perdu ni gagné. Quelques concessions symboliques, la privatisation du port du Pirée, le report de la hausse du salaire minimum, lui permettent de gagner du temps. Qu'en fera t'il ? Comment convaincre le peuple grec en 4 mois que la seul issue c'est la sortie de l'Euro ? Comment éviter que les forces réactionnaires très présentes dans la police et dans l'armée ne sifflent la fin de la partie ? Les enjeux sont énormes et la main de Tsipras comporte quelques bonnes cartes : relation avec la Russie, Turc Stream, intégrité supposée, et quelques moins bonnes : OTAN, UE qui ne restera pas sans réagir en cas de défaut sur la dette, médias. Mais ce premier round n'est pas encourageant tout de même.
Brillant et stimulant, comme d'habitude, et aujourd'hui dans un exercice qui est loin d'être évident. Mais une fois n'est pas coutume, je ne suis pas vraiment convaincu. Contrairement à la plupart des camarades que j'ai entendu défendre la même ligne, vous n'éludez pas totalement le contenu de l'accord, bravo. Sans rentrer dans des débats stériles sur le verre à moitié vide ou à moitié plein, entre le gouvernement grec qui ne pourra faire un geste sans l'accord de la troïka, les "réformes" du gouvernement précédent sanctuarisées, les privatisations qui continuent, etc. j'ai quand même du mal à y voir une victoire.
Bien d'accord sur l'idée de ne pas désespérer les nôtres ni faire le jeu de l'adversaire qui dépeint cela comme une déroute. Les marges de manoeuvre de la Grèce étaient très faibles, c'est entendu. "Gagner du temps sans renoncer à rien", certes. mais c'est justement là le problème, nous disposons de bien peu d'éléments pour justifier que nos amis grecs n'ont "renoncé à rien". Les nôtres ont tellement besoin d'espoir qu'ils pourront peut-être entendre ce langage... un temps !
@Sergio
Ce que Jean-Luc veut dire c'est que si la Grèce avait choisi d'accepter l'expulsion de la zone euro, elle aurait été confrontée aux mêmes difficultés (au moins) que la France entre 1981 et 1984. Au moins, pourrait-on dire, serait elle redevenue maîtresse de sa politique, mais les conséquences à moyens terme eussent été imprévisibles. Oui, la Grèce s'en serait sorti "moins mal" que le reste de l'Europe, mais isolée dans une Europe qui s'enfonce dans la récession et dont les peuples lui tiendraient rigueur de cet effondrement, quel avenir ? Une alliance avec la Russie, au risque fâcher l'Oncle Sam et de subir le sort de l'Ukraine ? En restant en Europe, la Grèce aide Podemos, le Front de Gauche, Die Linke, elle s'aide aussi à long terme. Donc, oui, le gouvernement de Tsipras a fait le meilleur choix possible, et cédé juste ce qu'il faut pour que les Schäuble, Juncker, Dijsselbloem et cie puissent crier victoire, même si un observateur un peu plus perspicace que la moyenne peut discerner la haine, et deviner les raisons de la haine, qui transpire de leurs déclarations.
La présidente du parlement grec annonce la mise en place d'une commission d'audit sur la dette publique grecque, en tout 3 commissions de travail seraient annoncées par le parlement, le site en informant étant en langue grecque, je ne saurais donner de détails plus précis.
Entre le pistolet sur la tempe de l'Eurogroupe et le couteau sous la gorge de la BCE, le gouvernement de Tsipras pare sans doute au plus pressé, mais il ne faudrait pas que la guerre de propagande noie le légitime besoin du peuple grec de ne pas se sentir floué une nouvelle fois et de maintenir la pression, peut-on balayer les critiques émanant d'un résistant exceptionnel comme Manolis Glezos d'un revers de la main comme venant d'un camp hostile, ou aigri ? On peut concevoir que certains assument un rôle de sentinelles, pour que la flamme de la résistance du peuple grec ne meure pas sous les sables de la technocratie européenne.
Heureusement qu'on sait que la spécialité des Grecs c'est les douze travaux d'Hercule, sinon on voit pas comment Tsipras, Varaoufakis, Konstantinopoulou, etc. viendront à bout de l'Hydre à trois têtes et des privatisations massives de leurs pays. L'émission d'hier soir tard, sur Arte était édifiante. Atroce ! A voir en replay, absolument, si ça existe.
Bonjour à tous
Voilà je vous propose de lire le numéro de l'humanité spécial Grèce de ce matin (ce qui m'a permis d'y voir un peu plus clair), Vous y trouverez beaucoup de témoignages de Grecques, Grecs. Il faut voir comment la Grèce est tombée dans une extrême misère, 40% des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Les dégâts de l'austérité sont bien là. Il y a énormément de travail à réaliser. Reconstruire le système éducatif, redonner l'électricité et la nourriture aux démunis. Récolter les impôts des plus riches. Qu'on le veuille où non, une brèche s'est ouverte dans ce mur de l'austérité qu'est l'Europe, il faut s'y faufiler tous ensemble !
Pour finir voici ce que dit Panagiotis Grigouriou sur la situation des Grecs avant Syrisa "Le rapport à l'avenir a été totalement déréglé. Nous sommes privés de toute vision du temps. Les Grecs ont été mis en dehors du temps".
Je partage entièrement cette analyse. El Païs et tous les pénibles se tirent en plus une balle dans le pied. Nous souffrons, "à l'extrème-gauche", d'une image d'incompétence et d'être des exagérés sans cervelle. Cette longue période politique peut aussi être l'occasion pour nous d'avancer plus au cœur des choix possibles pour un nombre grandissant de concitoyens. L'idée que les offres politiques type Syriza sont sources d'instabilité recule, l'idée que les offres libérales sont garantes de sécurité recule.
PS: je conseille la lecture des articles de Romaric Gaudin sur le site de La Tribune, la bonne surprise et en particulier celui de ce matin
la Grèce à récupéré déjà 404 millions d'euros.
Attendons nous à la prochaine campagne contre le gouvernement Grec. La plupart des télés et des radios sont aux mains d'oligarques qui n'ont jamais payé les fréquences. C'était cadeaux de leurs potes ND et PASOK. Pour les faire payer, ça va chauffer. Et le risque de conflit avec fermeture n'est pas nul. Donc, les gauchistes grecs seront contre la liberté d'expression etc. et le prix Sakarov sera donné à des crapules grecques. Vous pariez ?
Dimanche dernier, c'était carnaval. Des effigies de Merkel, Schauble en on fait les frais. Même dans mon petit village de 450 habitants sur une île des Cyclades, mon copain Dimitri a passé la journée assis sur une chaise à roulette poussé par un autre copain grimé en officier allemand d'il y a 70 ans. Le gouvernement allemand aura réussi au moins deux choses, attiser un violent sentiment anti germanique et faire passer les nazi grecs de 2 à 15%.
La responsabilité du Pasok est encore plus écrasante que celle des conservateurs allemands. c'est eux qui ont acté le Mémorandum, et vous faites bien, JL Mélenchon, de donner le détail des chiffres. Le FMI est bien engagé dans cette
bataille. S'agissant de la Grèce, on ne peut même pas parler de "souveraineté limitée" quand on sait le chiffre d'affaires de Siemens représente la moitié du PIB Grec. Bien sûr que les Allemands sont pleins de mépris pour les Grecs. Nous admirons tous et respectons vôtre ami A.Tsipras, c'est un homme courageux et digne. Ignoble est un qualificatif que Schaubble pourrait partager avec certains français, comme Mme Lagarde et Mr Attali "Il faut payer la dette, c'est une question de confiance". Ou encore M.Pigasse, le "banquier de gauche" qui a "soigné" la Grèce, en la délestant de 50 milliards d'actifs d'Etat. La seule issue réaliste pour la Grèce, c'est la sortie de l'euro. Sa dette est estimée 25 fois plus risquée qu'avant la crise.
Belle analyse qui dénote des commentaires de certains "amis" de la Grèce. Les partisans du tout ou rien qui espéraient le clash et la sortie de la Grèce de l'euro pour justifier leurs propres thèses de l'explosion ressassées depuis des lustres et ceux qui espèrent freiner l'essor des forces progressistes en Europe font cause commune pour vouer le gouvernement grec aux gémonies. Trahison pour les uns contre soumission pour les autres sont les deux faces d'une même pièce.
Ce qui m'inquiète le plus c'est qu'une certaine gauche "radicale" française démontre qu'elle ne saura pas analyser le mouvement historique qui est en cours de maturation en Europe. Les Chantiers de l'espoir vont avoir du grain à moudre pour trouver des espaces et des objectifs communs menant à la victoire dans notre pays. Quelle communauté de vue peut-il y avoir entre ceux qui prônent la sortie de l'euro et de la CE et ceux qui pensent à juste titre que le temps du bouleversement démocratique européen approche ? Quel avenir commun entre ceux qui se déclarent partisans d'un repliement national et ceux qui veulent au contraire la coordination transnationale des luttes pour la démocratie et le progrès...
@ fabien 19
Il s'agissait de l'accord-pont qui était prévu pour six mois. Tiens au fait, le fait qu'il soit ramené à 4 mois indique que Tsypras et Varoufakis n'ont rien cédé. Cela nous amène fin juin, soit juste avant la longue période estivale qui ramènera du cash dans la pays grâce au tourisme. Le prochain couteau sous la gorge est donc celui d'une menace sur les liquidités en pleine période touristique en Grèce. La bataille n'est vraiment pas terminée ! Tous en Grèce cet été. Avec ma compagne, on part une semaine. On cherche des points de chute "pour dépenser utile".
Je crois que le gouvernement grec et certainement aussi Siryza, sont pris dans une contradiction. Ils sont amenés à faire face à des adversaires, les institutions européennes (comment les appeler autrement ?) particulièrement puissantes, sans aucun alliés (le gouvernement français, qui à jeté par dessus bord toutes ses promesses, ne viendras pas en soutien de Tsipras au risque de reconnaître ses renoncements), et tentent de gagner du temps.
D'autres part si Tsipras et son gouvernement ont une stratégie (ce que je crois) de plus long terme pour sortir du piège, ils ne peuvent la dévoiler, sans la dénaturer. Ainsi, avec le secret ils se coupent du peuple et perdent alors leur seule légitimité. Difficile de tenir ainsi.
Pour une fois, je livre ici une confidence très personnelle. Alors que la tension était à son comble dans les négociations, alors que ce pays de 11 millions d’habitants était vent debout contre le mastodonte allemand chef d’une Europe (espace de solidarité et de fraternité !), j’ai dit à ma compagne : « Si les Grecs obtiennent un compromis, les médias vont parler de capitulation et de défaite ».
J’aurais dû ajouter, puisque je le savais par expérience, que les toutourienistes, les puristes à qui, depuis un siècle, il manque à peine 48 % des voix pour accéder au pouvoir, allaient parler d’une trahison prévisible d’Alexis Tsipras et que, dans les rangs même de Syriza (qui est un rassemblement de partis) des voix discordantes se feraient entendre.
Tout cela est si normal qu’il n’y a pas lieu de s’en alarmer à l’extrême.
Bonjour,
Hé bien, la moindre des choses est bien de reconnaître qu'on attend encore la "brêche" qui vous est chère, Jean-Luc. Il n'y a pas eu de brèche et il n'y en aura pas. Les peuples moutonnant dirigés par des moutons politiques resteront dans la bergerie bien gentiment. Comme chaque fois, tout se fera dans l'explosion, bien tard, et juste maintenant, on en a marre d'attendre. La colère gronde. Qu'il s'en aillent tous !
Je suis assez d'accord avec @Michel65 la contradiction entre le langage de transparence vis à vis des électeurs et l'existence d'une stratégie qui perdrait sa raison d'être et son pouvoir en se divulgant. Seule la confiance peut permettre de traverser ces écueils-là, et c'est le coeur des grecs eux-mêmes qui en connaît le secret. Ceux qui l'éprouvent doivent pouvoir le communiquer à ceux qui en doutent, mais ne peut-on aussi imaginer que ce que nous sommes capables de concevoir de ce paradoxe, ils le peuvent aussi, et encore mieux que nous?
Lecteur de ce blog depuis sa création, je veux remercier Mr Mélenchon de l'aide apportée à ma compréhension de la politique.
Au sujet du billet du jour, je conseille à tous ceux qui veulent comprendre le système économique dans lequel nous vivons de lire le livre de Yanis Varoufakis, économiste politique et actuel ministre des finances du gouvernement Tsipras. Je le recommande particulièrement à tous ces "économistes" et "journalistes" que nous voyons ou entendons à plein temps partout. Je parle de nos "chers chiens de garde". Réf du livre : Le Minotaure planétaire, éditions du cercle, 2014 pour la traduction française.
Le gouvernement grec a obtenu un sursis de quatre mois, rien de plus et rien de moins. C'est déjà important. Cela devrait lui permettre de donner des instructions à la banque centrale grecque (par réquisition) pour fabriquer de la monnaie.
Pour le gouvernement grec, soit il reprend sa souveraineté, soit il passera sous la table. Ce serait un désastre pour Syriza. La clique des dirigeants européens n'ont qu'un souhait, démontrer que les élections locales n'auront aucun effet sur les traités européens. Le gouvernement grec a encore des cartes importantes à faire valoir. Dans tous les cas de figure, le gouvernement Tsipras devra à un moment ou un autre expliquer au peuple grec les tenants et aboutissants des négociations en cours. C'est le peuple grec qui devra décider s'il est d'accord ou pas.
La presse qui n'est pas vraiment notre amie, je veux parler de la presse économique pure et dure, est beaucoup plus "complaisante" avec le gouvernement grec. Voir sur la Tribune.fr...
@Poncet
Merci pour l'explication de ce passage. Je retiens néanmoins que toute comparaison en histoire économique est sujette à nuances et hypothèses puisque la latitude d'action d'un pays dépend aussi de sa souveraineté monétaire, perdue chez nous depuis l'euro et la BCE. Ce qui est sinon sûr, c'est que le gouvernement grec fait ce qu'il peut et que rien ne sera simple pour lui ni pour les autres peuples de l'Ue face aux Libéraux, soc-lib qui la dirigent d'une m.
[...]
Si le premier juillet Syriza vient à brandir la moindre croissance du peu de marge de manœuvre qu'on lui aura laissé, alors l'enseignement sera définitif quant à l'impact catastrophique de l'austérité prônée par l'Allemagne. La leçon portera immédiatement pour les Européens mais au-delà de l'espoir suscité se posera la question de la corruption. Comment, en matière de philosophie politique, gérer le chaos de la vérité sans générer un scandale absolument titanesque où tous les composants de la propagande seront mis à jour tout en rejetant, je pense que c'est d'ailleurs l'intention de Tsipras et Varoufakis, quelconque idée de "chasse aux sorcières" (j'ai regardé moi aussi le reportage incroyable d'Arte qui en dit très long et je pense que le jour où il aura été vu par une majorité d'Européens, tout le continent sera dans la rue). Comment garder la famille européenne soudée à la lumière de ce qui n'est rien d'autre qu'un rapt international de la finance mafieuse internationale du bien public ? Jamais dans l'Histoire de l'Humanité telle machination n'a été conçue et nous sommes à la veille qu'elle soit révélée et définitivement établie. C'est incroyable !
Bonjour les humains d'abord, bonjour Jean-Luc.
Je serais tenté de croire que Jean-Luc a bien compris que ce n'est pas le plus fort qui a gagné. Où avez vous vu que les arrogants "qui ont fait plier la Grèce" soient intelligents ? David a vaincu Goliath grâce à son intelligence. A l'heure de la "super puissance de nos services", il se passe bien des choses qui échappent tout simplement à leurs radars. Souvenez-vous, surtout vous les intellectuels assis, qu'un con qui marche va beaucoup plus loin que quelques intellectuels assis. Je connais personnellement la situation de celui qu'on écrase facilement. Les grecs n'ont pas élu Tsipras pour rigoler !
@Invisible
"L'émission d'hier soir tard, sur Arte était édifiante. Atroce ! A voir en replay, absolument, si ça existe."
Vous l'avez sur le commentaire N° 8 de Franck. Cette émission a le double avantage d'être très bien étayée et de faire la preuve que nos médias le savent mais n'en parlent pas ou n'y feront jamais référence, pour les raisons que l'on connaît. "Ils ne faut absolument pas que Tsipras et la Grèce réussisse, cela fera tâche d'huile et nous seront ridiculisés à jamais."
Chaque jour a son lot de mauvaises intentions dans l'information donnée par France-Inter. Ce matin mercredi 25 février 2015 à la revue de presse effectuée sous la responsabilité de Mr Cohen le commentaire suivant a été dit "ils défilent sous le slogan, nous sommes tous des Tsipras de J.L. Mélenchon à M. Le Pen". Cela mérite un triple banc !
@ Jeannot (41)
Entendu aussi sur BFM, le présentateur de "story (et quelque chose…)", qui posait 3 fois la même question avec insistance à son invité (concernant les invités au diner du Crif) "pensez-vous que le FN et de FdG sont des partis républicains". Heureusement que le jeune représentant du Crif a finalement murmuré (timidement) qu'il ne mettait pas les 2 formations dans le même sac. Ces journalistes me font gerber, du coup je suis sorti du troquet en laissant mon apéro sur place…
Qui va piano, va sano e va lontano. Merci Jean Luc, quel réconfort à vous lire et quel confort aussi car il faut galérer sur le Web pour trouver des informations claires et justes pas seulement de la propagande anti. Merci aussi aux amis pour leurs liens. Oui, le peuple grec, tout entier ou presque, doit rester derrière son Gouvernement. Le chaos s'il doit avoir lieu doit venir des Allemands et de leurs complices. Les médiacrates qui souhaitent tant l'échec des Grecs n'y échapperont pas.
Un très bon document sur la troïka.
Merci pour atrabilaire ! Un mot de plus à mon lexique personnel !
En cette fin d'après midi, je m'aperçois que l'avenir de la Grèce, du peuple grec nous tient vraiment à coeur. J'ai toujours aimé ce peuple et son histoire comme eux aime la nôtre, et je me souviens qu'en 1981 j'étais là bas lors de l'élection de F. Mitterrand (j'avais voté par procuration). Ils étaient vraiment heureux pour nous. Le socialisme ! Ils sortaient d'un régime de dictature militaire. Aujourd'hui, ce petit pays (mais grand dans l'âme) nous montre le chemin. Celui-ci sera chaotique car l'ennemi est puissant mais nous sommes des Tsipras et seulement nous !
Bonjour a tous et merci Jean Luc pour cette analyse.
Mais j'ai comme un doute pourquoi 4 mois ? 6 mois rapprocherait l’échéance trop près des élections en Espagne ? Car si la Grèce arrivait a s'en sortir, quel mauvais signal pour les conservateurs allemands. J'ai bien peur que l’Europe Merkelienne frappe très fort au mois de juin pour tuer tout espoir de changement. La Grèce aura elle le temps de se préparer ?
Je ne suis pas sûre que le problème de l'Europe soit l'Allemagne "de Madame Merkel". N'oublions pas que Madame Merkel gouverne en coalition, et que les sociaux-médiocrates du SPD sont totalement alignés sur la CDU. Quand à la puissance de l'Allemagne en Europe, je conseille très vivement ce texte.
D'accord avec @Fabien. "Brillant et stimulant, comme d'habitude, et aujourd'hui dans un exercice qui est loin d'être évident." La contextualisation politique de la signature de l'accord par Syriza, sa cohérence stratégique, sa pertinence psychologique et pédagogique, tout cela est très convaincant. De même sur la nécessité de ne pas être dupe de la grossière propagande médiatique.
Un seul point ne m'a pas convaincu. L'accord précise que la Grèce remboursera tous ses créanciers, la totalité des créances, et "dans le respect du calendrier prévu". Est-ce conciliable avec la volonté d'un audit de la dette et de ne pas rembourser les titres de dettes illégitimement acquis des créanciers véreux ? Peut-être que ce ne sont que des mots signés un pistolet sur la tempe et qu'ils seront dénoncés comme tels (et donc nuls) le moment venu (prochaine négociation ?).
Les déclarations de la journée de Schauble et Merkel montrent qu'une fois grisés par leur énième "succès" ayant provoqué la "capitulation" tant attendue des Grecs, il n'en est rien ! C'est une bataille impressionnante en temps réel qui s'ouvre pour les 4 prochains mois. Notre solidarité doit être indéfectible. Pour les pénibles champions du "toutourienisme", merci au moins de garder le silence.
Effectivement Jean Luc, rien n'est encore joué. Mais vous oubliez de citer les opposants de gauche (représentant environ 30 %) au sein de Syriza qui eux estiment que l'accord signé par Syriza est en contradiction avec les promesses électorales. Face à l'évasion fiscale il y a des solutions telles que la nationalisation du secteur bancaire, le contrôle des capitaux en faisant appel à la mobilisation des salariés et des employés de banques (l'évasion fiscale ce sont des jeux d'écriture, pas des valises de billets qu'on transporte clandestinement). L'avenir nous dira si les dirigeants actuels de Syriza, eux ou leurs successeurs, sauront s'appuyer sur la mobilisation populaire pour faire plier l'eurogroupe, ou bien s'ils se comporteront comme bien des dirigeants sociaux-démocrates avant eux. La Grèce est engagée dans un rapport de forces avec l'eurogroupe et ce qui compte ce n'est pas la plus ou moins grande habileté des négociateurs de Syriza mais l'implication populaire.