25fév 15
Maintenant nous entrons dans une bataille de propagande contre la Grèce de Tsipras. Une troupe composite de droitiers écumant de rage, de gauchistes toujours prompts à excommunier qui ne se plie pas à leur mantras abstraites, et d’ancien gauchistes pour qui l’échec des autres doit justifier leur propre mutation libéralo-libertaire, se coalisent pour chanter sur tous les tons la « capitulation de Tsipras ». Que dis-je : « la première capitulation » comme titre « Médiapart ». Car bien-sûr, il y en aura d’autres ! C’est acquis d’avance ! Il est temps de se démoraliser promptement ! Il est juste de rentrer à la maison, de ranger les banderoles pour en faire des mouchoirs, d’éteindre les lampions et de se couvrir la tête de cendres froides. Jean Michel Aphatie a immédiatement posé le diagnostic : Tsipras a promis n’importe quoi, et maintenant, comme tous les autres, il doit « s’incliner devant les réalités ». Les réalités c’est la politique des intérêts allemands avec lesquels nous sommes appelés à collaborer dans notre propre intérêt ! Cette vision de la réalité n’est pas conforme aux faits. Elle est seulement une pièce dans le jeu de nos ennemis. Le but de notre lutte est la victoire. La partie se joue dans un délai qui n’est pas de huit jours. Deux rythmes sont à concilier. D’abord celui de l’opinion grecque parce qu’il engage la survie du gouvernement de Syriza. Ensuite celui des élections en Europe dans les pays où la brèche peut s’élargir : Espagne, Irlande et nous, aux régionales françaises de fin 2015. Imagine-t-on cette séquence ouverte par l'effondrement d’un pays qui est censé commencer notre cycle en Europe ?
L’Allemagne a joué un rôle hideux en créant une crise avec la Grèce. L’atrabilaire Schäuble a été si odieux avec les Grecs que le ministre Varafoukis a été mis dans l’impossibilité de traiter directement avec ce fanatique dominateur et insultant. La baudruche sociale-démocrate, Sigmar Gabriel, vice chancelier de Merkel, s’il vous plait, a confirmé que seule la capitulation serait acceptée par le gouvernement de droite et du PS d’Allemagne. Du coup « El País », le quotidien espagnol proche du PSOE titre fièrement « l’Allemagne impose sa loi ». Célébrer l’Allemagne avec ces mots, c'est politiquement correct ! Sans oublier la presse allemande qui adresse à la une des « danke ! Herr Schäuble », « merci, monsieur Schäuble » avec des trémolos dans la voix comme seuls les larbins « éthiques et indépendants » savent le faire quand il s’agit d’argent. Que tout cela soit la démonstration de ce que j’affirme sur l’arrogance du parti allemand en Europe est évidemment indifférent aux rédacteurs enthousiastes de ces coups de mentons. Le parti Merkel n’a pas besoin de se soucier des formes. Leurs petits amis français regardent ailleurs. Il veille, le parti bisounours pro-n’importe quoi du moment, que cela porte le tampon « Europe » et « économie de marché » ! Critiquer l’Allemagne est considéré ici comme du racisme selon Cohn-Bendit et ses répétiteurs de la meute des libéralo-libertaires. Qu’un Allemand défende l’Allemagne est toujours sympathique, n’est-ce pas, Jean-Patou ? Qu’un Français défende son pays et les peuples qui souffrent, à commencer par les douze millions d’Allemands pauvres c’est du chauvinisme, n’est-ce pas Marie-Syphilde ? On connaît. Parce qu’on a déjà connu.
Donc, pour l’essentiel il s’agit d’une bataille de communication et de propagande dont l’enjeu est la capacité de contagion de la rupture grecque ! Une bataille. Le but des eurocrates politiques et médiatiques, une fois passé le temps de la rage et de l’injure, passé leur déception de ne pas avoir vu l’extrême droite être au niveau qui permet le chantage au vote utile de tous les moutons affolés, c’est d’isoler la Grèce de Tsipras. L’isoler diplomatiquement et l’isoler dans le peuple en déconsidérant l’alternative Tsipras pour dissuader les autres pions du domino. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le numéro du gros quotidien espagnol « El País » qui encense la « victoire » de l’Allemagne sur la Grèce soit également largement consacré à une série de calomnies et d’insinuations fielleuses contre Podemos, sur la même une. Avec reprise sur deux pages entières à l’intérieur, dont un ténébreux titre sur « la face occulte de Pablo Iglésias ». Quoique beaucoup plus vendu que « Le Monde », qui se confidentialise, « el Pais » est bien son homologue en Espagne. Evidemment, Podemos étant un danger électoral plus élevé que nous et « El Pais » n’ayant pas d’extrême droite à valoriser comme son homologue français, le « bashing » de Podemos occupe une place beaucoup plus large que le dénigrement du Front de Gauche dans le journal de Plantu et des publi-reportages lepénistes.
Voyons plutôt à présent où nous en sommes réellement. Une assemblée d’organisateurs de la fraude fiscale en Europe, hier encore présidée par un homme qui en avait fait une spécialité dans son pays, Monsieur Junker, se réjouit du plan grec et se sent « notamment encouragée par l'engagement fort à combattre l'évasion fiscale et la corruption ». Ha ! Ha ! À ces mots, on devine la comédie qui se joue. Ce qu’ils ont dû céder, ils veulent donner l’impression de l’organiser. L’idée est d’humilier la Grèce et de présenter son gouvernement comme traître à son peuple. Que le traité d’armistice ne soit pas à notre goût, cela va de soi. Pour autant, faut-il aboyer avec la meute et nous transformer en procureurs ? Faut-il ne tenir pour rien qu’en pleine Europe de l’austérité et dans un pays martyr une liste de « réformes progressistes » soit maintenue ? Car outre la lutte contre l'évasion fiscale et contre la corruption, la liste de réformes comprend, selon un aperçu fourni par le gouvernement grec, une série de mesures en faveur des plus démunis, conformément au programme électoral de Syriza. Il s’agit notamment de la fourniture d'électricité gratuite à des familles dans le besoin, d'accès gratuit aux services de soins, de distribution de coupons d'aide alimentaire et de transport pour les plus dépouillés. Sans oublier les quatre mois de gagnés pour préparer le round suivant !
Aucun des aboyeurs contre Tsipras n’ayant dénoncé la manœuvre de la Banque centrale européenne pour étrangler la Grèce en la privant de liquidités, aucun ne pouvait donc rendre compte du fait que toute la négociation s’est faite sous la contrainte. Avec un délai. Le gouvernement grec ne pouvait « tenir » que jusqu’à ce mardi, compte tenu du niveau des retraits de fonds opérés par les Grecs à l’annonce de la manœuvre de la banque centrale pour les spolier de leurs avoirs. Mon précédent post explique comment fonctionne cette mécanique. Gagner du temps sans renoncer à rien, c’était l’objectif. Il a mobilisé tous les amis du gouvernement grec actuel par tous les moyens dont chacun disposait. C’était aussi le sens du rapport de force qu’essaient de construire nos manifestations de soutien dans les rues. Désigner le gouvernement allemand comme responsable de l’étranglement de la Grèce est non seulement conforme à la réalité mais nécessaire pour la préparation idéologique des étapes suivantes de notre lutte. Voyons lesquelles.
Commençons par la Grèce. Tsipras ne doit pas perdre le soutien populaire. Il doit l’élargir. Syriza a gagné avec 36 % des voix. Une large majorité continue à croire aux « bienfaits de l’Europe » ou aux menaces de la propagande libérale sur le sujet. Il est impossible d’infliger un effondrement du système bancaire moins d’un mois après avoir gagné une élection. Nous, Français, nous le savons, qui avons subi quatre dévaluations, un contrôle des changes et un emprunt forcé dans les premiers mois du gouvernement du Programme Commun à partir de 1981. Il faut que le peuple grec comprenne dans sa profondeur la responsabilité de l’Allemagne, la responsabilité du gouvernement Merkel pour expulser la Grèce de la zone euro pour que, dans le cas ou tout ceci finirait par avoir lieu, l’actuelle majorité ne se voie pas imputer la responsabilité des aspects désagréables qui en résulteraient. Le bras de fer, les négociations à rebondissements, sont un élément de la pédagogie de masse d’un pouvoir populaire. Il doit devenir clair pour tous que le problème de l’Europe, c’est l’Allemagne qui le concentre. Evidemment, le jeu de l’adversaire est de proclamer une défaite quand les mesures de violences n’ont pas eu raison du courage des Grecs.
Voyons la ligne de brèche en Europe. Imagine-t-on ce que seraient des élections en Espagne, Irlande, chez nous et ailleurs si le bilan du changement en Grèce était l’effondrement en un mois ! Je n’en dis pas davantage. Mon intention est seulement de faire comprendre qu’une partie comme celle-là ne se joue pas sur le mode gentillet d’une alternance à la papa. Le continent européen entre en ébullition ! La guerre gronde à la frontière de l’est en Ukraine, dans les mains d’irresponsables provocateurs néo-nazis et d’agents Nord-Américains. Les pays récemment annexés par l’union européenne ou ceux qui entrent dans la catégorie des candidats à l’entrée dans l’Union connaissent tous de violentes secousses sociales qui remettent en cause tous les équilibres et petits calculs. Plus de 50 000 personnes du micro prétendu État croupion du Kosovo quittent leur pays pour aller essayer de travailler en Allemagne, sur la base d’une simple rumeur de visa facile. On voit que rien ne tient par soi-même des constructions absurdes de cette « Europe » qui protège. Quand plus de la moitié des immigrations en Europe viennent des pays européens eux-mêmes, le chaos s’avance. Quand, dans une vision étroitement marchande de type post-colonial, le gouvernement allemand pense compenser le vieillissement accéléré de la population par des vagues géantes de migration, il joue avec le feu qui est déjà allumé dans un pays dont les remugles ethnicistes sont en pleine résurrection.
Dans ce contexte européen, le gouvernement de Tsipras obtient une victoire. Cela parce que le rapport de force lui était totalement défavorable. Alexis Tsipras est Premier ministre depuis moins d’un mois. Il a dû mener cette négociation en même temps que l’installation de son nouveau gouvernement et avec un pays au bord de l’asphyxie financière. Il était seul à la table de négociations, sans alliés, avec seulement quelques États jouant un rôle de médiateurs. Il dirige un pays d’à peine 11 millions d’habitants sur les 334 millions d’habitants de la zone euro. La Grèce représente à peine 2% de la production annuelle européenne. Que tous les docteurs en sciences révolutionnaires méditent ce que veut dire un rapport de force national !
Le gouvernement grec a négocié avec le pistolet sur la tempe. L’accord est intervenu 8 jours avant la fin du plan de « sauvetage » actuel, alors que l’Union européenne et le FMI doivent verser 7,2 milliards d’euros. Surtout, la Grèce avait sous la gorge le couteau de la BCE. On sait que depuis le 4 février, la BCE a coupé le canal essentiel de refinancement des banques grecques. Elle ne renouvelle l’autre canal de refinancement que par périodes de 15 jours selon la méthode d’un chantage permanent. Dans ce contexte, les retraits aux guichets des banques grecques s’envolaient ces derniers jours. Certaines sources indiquent que le gouvernement grec aurait été obligé de limiter les montants retirés dès ce mardi, voire que certaines banques n’auraient pas pu ouvrir. Dans ce contexte, combien de gouvernements auraient passés par-dessus bord tous leurs engagements ? Pas Tsipras.
L’accord prévoit le prolongement du financement européen pour 4 mois, jusqu’à fin juin. Cela inclut le versement de 7,2 milliards d’euros : 1,6 milliard d’euros de la part du Fonds européen de stabilité financière, 1,6 milliards d’euros de la BCE qui reversera les intérêts perçus sur la dette grecque, et 3,6 milliards d’euros du FMI. Le gouvernement grec a aussi obtenu une prolongation du fonds destinés à la stabilisation du système bancaire. Certes, il n’a pas obtenu de pouvoir récupérer les 11 milliards d’euros concernés pour le budget grec. Mais l’Allemand Schäuble n’a pas obtenu non plus que ce fonds soit dissout et que les 18 autres pays récupèrent cet argent comme il le réclamait.
Le gouvernement grec a obtenu plusieurs choses. Tout d’abord, donc, un financement pour 4 mois qui lui permettra de rembourser 1,4 milliards d’euros au FMI en mars et de faire face aux rentrées fiscales jusqu’ici moins importantes que prévues par le précédent gouvernement. Ce versement ainsi que le temps gagné vont permettre au gouvernement de commencer à appliquer son programme. Ce prolongement n’est pas une fin en soi comme l’exigeait l’Allemagne puisque le communiqué de l’Eurogroupe indique clairement que « cette extension comblera également le temps nécessaire pour les discussions sur un éventuel accord de suivi entre l'Eurogroupe, les institutions et la Grèce ». À mes yeux, la perspective d’une période de transition est une nette victoire des Grecs.
Tsipras a obtenu plus que cela. Il a obtenu de ne pas augmenter la TVA, ni durcir les conditions de départ à la retraite, ni baisser les pensions de retraites comme l’exigeait la Troïka et comme le prévoyait l’ancien gouvernement de droite. Il a également obtenu une levée partielle de la tutelle sur son pays. L’accord prévoit en effet que c’est le gouvernement grec qui proposera désormais des réformes et que « les institutions », c’est-à-dire la BCE, le FMI, la Commission européenne et les autres États de la zone euro devront les accepter, en partie dès ce mardi 24 février, en partie d’ici fin avril. Comme l’a dit le ministre Varoufakis, la Grèce cesse d’être un élève soumis à la Troïka pour proposer « son propre script ». C’est ainsi que le gouvernement grec a fait savoir que les réformes du droit du travail relevaient de la « souveraineté nationale ». Il a donc maintenu sa promesse de rétablir les conventions collectives protégeant les salariés.
Le gouvernement grec s’engage en contrepartie à payer ses créanciers ? Rien d’autre que ce que Tsipras avait dit dans sa campagne électorale. Le gouvernement grec s’est aussi engagé à ne pas prendre de mesures unilatérales ayant « un impact négatif sur les objectifs budgétaires, la reprise économique, la stabilité financière ». Le gouvernement Tsipras a toujours dit qu’il ne souhaitait pas remettre en cause l’équilibre budgétaire ni procéder par des annonces unilatérales. Il est décisif pour lui de montrer que s’il a été contraint à des annonces unilatérales ces derniers jours, c’est en réponse à l’agression unilatérale de la Banque centrale européenne le 4 février et à l’arrogance du ministre allemand tout au long de la négociation. La liste des « réformes » qu’a proposée le gouvernement grec a été adoptée. Si elle avait été rejetée, le ministre Varoufakis a déjà fait savoir qu’il considérerait l’accord de vendredi comme « nul et non avenu ». Cette liste de réformes que propose le gouvernement prouve sa détermination. Il entend utiliser les quatre mois qui viennent pour commencer à appliquer son programme. L’essentiel, on l’a dit, a habilement porté sur la lutte contre la corruption et la fraude fiscale. Que pouvaient objecter les eurocrates qui sont ici sur leur point faible ! Et il y a aussi une réforme fiscale pour « que les impôts soient réparties de manière plus juste socialement ». On voit bien ici que le simple mot de « réforme » ne veut rien dire. Qu’y a-t-il de commun entre exiger une hausse de la TVA, impôt injuste, et lutter contre la fraude fiscale des oligarques grecs ? Rien sinon le mot « réforme » et, éventuellement, la recette fiscale qu’on peut en attendre. Il est d’ailleurs stupéfiant de voir que le communiqué de l’Eurogroupe reconnaît qu’en la matière, « les priorités politiques grecques peuvent contribuer à un renforcement et une meilleure mise en œuvre de l'arrangement actuel ». La zone euro découvre ainsi que Syriza est mieux armé pour lutter contre la corruption que les partis corrompus qui dirigeaient la Grèce jusqu’ici ! C’est sans doute l’hommage du vice à la vertu.
Voila où nous en sommes. Si Schäuble refuse les réformes grecques, il portera la responsabilité de la rupture. Il en va de même pour le Bundestag, le Parlement allemand, qui doit se prononcer sur l’accord, comme les Parlements néerlandais, estonien et finlandais. Si tout se passe sans encombre, la bataille va se poursuivre. Celle visant bien sûr à « préciser et valider » la liste des réformes pour valider les versements d’ici fin avril. Mais surtout, la discussion de fond d’ici fin juin sur la renégociation de la dette grecque. Comme l’a dit Tsipras, la Grèce tourne le dos à l’austérité mais des difficultés restent à venir. La bataille se poursuit. Elle sera rude. Les menaces et le chantage risquent de reprendre au fur et à mesure qu’on se rapprochera de la fin juin. Tsipras a donc 4 mois pour faire grandir la capacité du peuple grec à tenir le choc et pour trouver des alliés, y compris hors de l’Union européenne. Pour notre part, nous avons 4 mois pour faire grandir la solidarité avec le peuple et le gouvernement grecs.
Je conclus ce chapitre par un extrait du discours de Tsipras du samedi 21 février. J’estime que sa parole a davantage d’importance et de crédibilité que celle d’une poignée de commentateurs intéressés à sa défaite. Le gouvernement grec n’a pas l’intention de céder. Le discours d’Alexis Tsipras, samedi 21, le dit clairement. Je vous en livre quelques extraits pour que vous notiez la tonalité combative et la place de la bataille pour la souveraineté dans son combat. « Nous avons franchi une étape décisive, laissant l’austérité, le mémorandum et la Troïka derrière nous. Une étape décisive qui autorisera le changement dans la zone euro. [Vendredi] n’était pas la fin des négociations. Nous allons entrer dans une nouvelle étape, plus substantielle, dans nos négociations jusqu’à atteindre un accord final pour la transition des politiques catastrophiques du mémorandum vers des politiques centrées sur le développement, l’emploi et la cohésion sociale. Certes, nous allons faire face à des défis. Mais le gouvernement grec s’est engagé à aborder les négociations qui auront lieu entre maintenant et juin avec encore plus de détermination. Nous nous engageons à la restauration de notre souveraineté nationale et populaire. Ensemble, avec le soutien du peuple grec, qui sera le juge ultime de nos actions. Comme partisan et participant actif, le peuple grec nous aidera dans nos efforts pour parvenir à un changement politique. Notre lutte commune continue. »
Merci Alexis !
Bonjour,
Merci pour cette analyse. Voir les libéraux pérorer sur "l'abandon en rase campagne de son programme par Tsipras" à longueur d'antenne a rendu les derniers jours pénibles. Votre commentaire éclaire l'accord d'un jour nouveau. Néanmoins dans 4 mois le rapport de force économique de la Grèce face à l'Allemagne sera toujours aussi défavorable et qu'est ce qui empêchera la BCE d'utiliser la même schlague ? Syriza vivait jusqu'à ces derniers jours un état de grâce, d'après les reportages des correspondants présents sur place, il y a avait même des gens n'ayant pas voté Syriza qui se rendaient aux manifestations de soutien au gouvernement pendant les dures négociations de ces derniers jours. Alors que l'aile gauche de Syriza a eu des mots très durs pour cet accord, le soutien populaire sera-t-il au RDV dans 4 mois. N'est-il pas temps pour Syriza de mettre clairement la sortie de l'euro sur la table ?
Bref, comme vous le dites, la partie ne fait que commencer.
Le problème c'est l'Europe dans sa globalité et pas seulement Merkel. Ce titre dédouane Hollande qui est aussi coupable. Il n'y a pas d'autre voie que de faire sauter l'Europe, tout est à jeter. Même les grecs en sont conscients : lire à ce sujet. Le Front de gauche doit se prononcer pour la rupture autrement on va dans le mur électoralement et politiquement.
Ne faut-il pas craindre que la victoire d'Alexis Tsipras ne ressemble à la victoire de Lionel Jospin obtenant quelques jours après sa nomination en 1997 le rajout par Helmut Kohl du mot "croissance" au Pacte de stabilité ou à la victoire de M. Hollande qui, fraichement élu, arrachait à Mme Merkel l'adjonction de l'inoubliable "volet Croissance" au Pacte budgétaire/TSCG ?
Le "théma" sur la 5 du 24 février 2014 est tout à fait édifiant (pour celles et ceux qui peuvent avoir encore quelques doutes sur la barbarie capitaliste). La Grèce depuis le début de la curée qui lui est imposée : 4500 suicides, 40% des moyens du système de santé rayés de la liste. Résultat, des centaines de morts prématurés, 27% de chômeurs (officiels), privatisations des biens publics au profit des banques et des usuriers de l'UE épouvantables, etc. Cela dit, la spéculation capitaliste sur l'alimentation de base ça fait des centaines de milliers de morts et plus (de faim ou de maladies consécutives) par jour sur cette planète. Le capitalisme n'est pas un assassin "en puissance". C'est un assassin. Les salauds de la commission européenne, de la BCE, qui valident cette offensive contre la Grèce sont des assassins (car ils connaissent les conséquences de leurs actes). Merkel le le PS allemand les arment. Ce sont des assassins. Soutenons le peuple grec contre cette barbarie !
Ayant relu les dépêches des jours précédents, je savoure le piège où est tombé Schauble. Il a demandé l'exclusion de Varoufakis des ultimes négociations, ce qui lui a été accordé bien volontiers. Tsipras, chef du gouvernement a alors repris le manche. Mais évidemment en tant que chef de gouvernement, il ne pouvait qu'avoir comme interlocuteur que Frau Merkel, et le plan du good et bad cop des allemands tombait à l'eau. Mme Merkel se cachant derrière son ministre depuis un mois venait en pleine lumière et pouvait difficilement endosser le costume de la méchante. Schauble en excluant Varoufakis ne l'excluait pas vraiment mais par contre s'excluait lui-même et amenait la chancelière en 1ère ligne au risque de lui faire porter la responsabilité d'un échec après les difficiles tractations de Minsk.
[Edit webmestre : Déjà 5 commentaires sur ce seul billet, si l'on peut les qualifier de commentaires. Vous allez maintenant vous faire plus rare jusqu'au prochain billet et savourer en silence. Ou alors vous replier sur les réseaux sociaux qui sont plus adaptés à votre mode d'expression...]
Le parti Merkel n’a pas besoin de se soucier des formes. Leurs petits amis français regardent ailleurs. Il veille, le parti bisounours pro-n’importe quoi du moment, que cela porte le tampon « Europe » et « économie de marché » !
La 2ème phrase est bien la preuve que le problème n'est pas l'Allemagne de Merkel, mais l'Europe elle-même, celle de Junker, de Hollande, de Renzi, cette Europe libérale du tout marché et de la concurrence tous azimuts y compris entre les salariés et les fiscalités. Certes, "une large majorité continue à croire aux « bienfaits de l’Europe » ou aux menaces de la propagande". Mais comment pourrait-il en être autrement si les partis de gauche eux-mêmes continuent de faire semblant de croire aux "bienfaits de l'Europe" ? En France, cette stratégie se traduit par la montée inexorable du FN contre lequel se dressent tous les défenseurs de l'Europe.
Bonjour à Jean-Luc Bonjour à tous,
Enfin des infos sur ce qui se passe entre la Grèce et les Allemands (parce que les autres pays sont de vrais montons lâches). Ce qui est sûr c'est que Syriza, même si il a lâché quelques miettes on peu dire qu'il a gagné ou sinon ils lui auraient pas donné les 4 mois de répit, ils l'auraient humilié sur le champ. Je ne sais pas si c'est possible, mais pour l'instant, la Grèce est encore en Europe et a donc aussi un rapport de force en sa faveur pour toutes les décisions qui s'obtiennent à l'unanimité et elle peut bloquer toutes nouvelles avancées en ne votant pas (politique de la chaise vide). Enfin je croise les doigts pour eux.
Vive la VIè Vive la VIE
Changement de ton dans les médias français, où hier ils présentaient l'accord obtenu comme une victoire, certes mince, mais victoire quand même de Syriza. Aujourd'hui c'est fini, c'est un tout autre ton, qui donne la part belle à l'UE et essaie de nous faire croire que les grecs ont cédé, et que les promesses électorale de Syriza ne seront bientôt qu'un lointain souvenir. La propagandestafel est en route.
"En politique, tout est compromis..."
Retrouvez l'article du Canard (Une de la semaine dernière "Merkel en Dette") qui mentionne le Kolossal montant des indemnités de guerres allemandes dues à la Grèce. M. Tsipras, un atout dans votre manche ? Rien n'est gagné et encore moins perdu. No pasaran !
a mon avis les explications (utiles) de Mélenchon restent superficielles et incomplètes que ce soit sur les mesures de l'accord dont certaines sont entre la poire et le fromage et d'autres franchement négatives. A vrai dire il ne sert de rien de s'invectiver entre partisans "pour" la victoire des grecs. L'analyse doit être claire et sans fards les peuples en ont besoin le notre comme nos camarades grecs. Ce qui serait presque insurmontable c'est le mensonge ou les cachoteries si d'aventure Siriza devait échouer. Mais a t-on vu déjà un gouvernement annoncer sa défaite ? Ce qui est tout de même inquiétant c'est la tournure que prennent les évènements. C'est dans les mots comme dans les faits l'esprit de synthèse cher à notre président qui semble prévaloir. Celui ci voit toujours dans les tempêtes qui sont en cours briller sa bonne étoile ses victoires sont nos défaites (Macron). Le soutien de Hollande (à Tsipras) est celui de la corde pour le pendu, comme la dame du FMI il joue à l'entremetteur tant que "la sortie des clous" n'intervient pas, tant que rien de spécifique ne fait obstacle aux objectifs européens orchestrés par Merkel et son...
@tchoo
Quel médias écoutez-vous ? Depuis l'élection de Tsipras les grands médias de masse ne parlent que de capitulation du gouvernement de la Grèce, d'eau dans le vin, de retour à la réalité..etc.
Bonsoir,
Je ne suis pas d'accord avec vous M. Mélenchon, si la Grèce ne sort pas rapidement de la zone Euro le gouvernement n'a aucune chance d'appliquer son programme économique et social. Les 4 mois qui viennent doivent lui servir à convaincre le peuple grec qu'il n'y a pas d'autre issue. Pour notre pays, le Front de gauche devrait réfléchir rapidement à cette solution, sinon il s'illusionne sur ses capacités à mettre en oeuvre son programme, sa crédibilité en dépend. Les différents gouvernements qui ont signé les traités européens ont réduit sciemment notre souveraineté pour empêcher les peuples de rejeter le libéralisme (cf. Chypre et la Grèce). Enfin, je conseille à tous de lire le blog de Jacques Sapir pour comprendre pourquoi et comment sortir de la zone Euro, il y va de notre souveraineté nationale.
Si les infâmes ont accepté les propositions d'anti-austérité des Grecs, c'est qu'une alternative est possible. Leur soit-disant "TINA" est donc balayé par leur propre soin ! Alors, la suite, il ne reste plus qu'à suivre l'exemple grec. Quoiqu'il arrive, ils ont donc déjà gagné.
Arrêtons de parler de l'Allemagne, ou du gouvernement allemand, comme cause de tous les maux de l'Europe, c'est complètement inaudible et improductif. Nous sommes face d'abord et avant tout aux intérêts de la finance, à une construction européenne entièrement soumise aux dogmes néolibéraux, en un mot comme en cent au capitalisme et les capitalistes d'aujourd'hui n'ont plus de nationalité depuis quelque temps déjà.
Alors, oui, l'expérience en cours est oh combien révélatrice du rapport de force en présence. Il n'est pas question de le nier, mais ne pas l'énoncer proprement est une erreur qui nous sera fatale. Ca ne veut pas dire que l'on ne peut pas s'y attaquer, mais mal définir son ennemi c'est se vouer à l'échec.
Pas simple pour la Grèce, j'ai envie de dire, on verra dans 4mois ou ca en est. Mais vu le comportement des représentants de l'Allemagne, difficile de se faire encore des illusions sur une possibilité de changement de leur part. Reste donc a bien jouer le rapport de force pour que ce soit a l'Allemagne de prendre la responsabilité de l'éclatement de l'euro. En l'etat on y est pas et je crains qu'il ne faille trop longtemps pour la Grèce pour que la situation permette d'imposer ce scénario. A priori, pour cela il faudrait au minimum que l'Espagne et la France rejoignent le camp Grec. De fait ca ne rentre pas dans les temps si on s'en tient aux elections et on est même pas sur des résultats. L'Espagne peut être a la limite si Tsipras arrive a faire encore traîner, travailler l'opinion comme il faut et ca pourrait bien aider pour assumer la fin de l'euro tel qu'on le connaît, crever l'abcès et déclencher la réaction en chaine attendue. Voila, après on peut tout imaginer, que Tsipras (le peuple grec) tienne, que l'Espagne bascule elle aussi et que d'une certaine manière, Hollande ne termine pas son mandat et que nous basculions aussi. Pas ce qu'il y a de plus probable il me...
Tout à fait d'accord avec @53 Mazon.
Pour une fois, je ne partage pas l'enthousiasme que vous manifestez sur les développements actuels en Grèce, et une angoisse profonde m'envahit à l'idée que le vrai combat est éludé. Ne parlons pas de toutouriennisme, ce néologisme n'est créé que pour marginaliser le vrai débat qui devrait être omniprésent aujourd'hui, à savoir le rejet de l'euro et de l'UE telle qu'elle est construite, de pur jus néolibérale. Le reportage théma d'arte m'a rendu malade. Pourquoi se bercer d'illusions sur le sort qui nous attend dans le cadre de l'UE et de l'euro ? Pourquoi persister dans cette erreur monstrueuse pour les peuples d'Europe ? Refuser ce système et l'affronter est salutaire car il détruit l'organe ennemi et l'empêche d'agir. Fini le maintien des peuples sous sa coupe, en le dépossédant de sa souveraineté, et de ses pépites économiques, fini les instances européennes abjectes. Sauf si ce gain de 4 mois permet au gouvernement grec de préparer la transition monétaire, et l'affrontement avec la troika (qui n'a pas disparu) voir à ce sujet l'analyse de Sapir ici.
Dans la guerre contre la Grèce, l'attitude du gouvernement socialiste est semblable à l'attitude du gouvernement socialiste en juillet 1936 lorsque l'Espagne républicaine était agressée : la non intervention.
L'émission d'Arte sur la Grèce montre comment les exigences européennes étaient idéologiques (de droite) et imposaient aux élus grecs de détruire leur code du travail, leurs acquis sociaux. J'ai comme l'impression que c'est maintenant au tour de la France. Parlement, syndicats, il va falloir obtempérer. L'ancien régime revient.
Pour une fois, très honnêtement, le journal de droite en ligne Atlantico rejoint complètement nos analyses au Front de gauche sur les responsabilités premières de l'Allemagne de Merkel (bravo !). Et déborde ainsi complètement sur sa gauche le journal en ligne Mediapart, dans un étonnant chassé-croisé idéologique. Comme il y a belle lurette que le PS s'est fait déborder sur sa gauche par Nicolas Dupont-Aignan. Il y a donc des jours où, une fojs que l'on a lu l'Humanité et Politis, il est préférable de poursuivre ses lectures dans les Echos, Le Figaro et Atlantico, plutôt que dans le Monde, l'Obs, Libé et Mediapart. Triste réalité.
Au fait, ne faudrait-il pas d'abord discuter d'aménager et rééchelonner le règlement de la dette de l'Allemagne vis à vis de la Grèce, plutôt que l'inverse ? Ce devrait être cela l'ordre du jour de l'Eurogroupe. Athènes va-t-elle concéder un délai à Berlin pour les remboursements avec les intérêts de l'emprunt de guerre forcé et des destructions du pays ? C'est Merkel qui devra quémander alors un délai.
Le défi qui nous est posé est monstrueux parce qu'il nous oppose en permanence au "comment nous imaginons l'Europe" dans le monde actuel. A ce titre le docu sur Arte est révélateur de la dépossession des politiques par l'oligarchie financière et ses corollaires, qui conduisent à la corruption sans que jamais le peuple ait son mot à dire. S'ajoute une perte de repères sur les biens et droits fondamentaux entretenue par la caste médiatique désormais vassal de la pensée unique. Les portes existent pourtant si tant est que nous les ouvrions. C"est une question individuelle et collective dans laquelle par exemple le FdG patauge. Savoir alors si Syriza a capitulé ou pas est secondaire parce qu'elle répond justement aux injonctions de la pensée unique. A nous d'avoir le recul nécessaire et l'énergie pour la dépasser.
Quand je vois ce qu'a obtenu, lundi, la Grèce, 2,3% du PIB de la zone €uro, je n'ose imaginer ce que la France (20% du PIB), pourrait obtenir quand notre vrai gauche prendra le pouvoir !
Bien sûr que l'on peut parfois émettre certaines inquiétudes voir réserves sur le déroulement des évènements en Grèce mais à cela je répondrais personnellement par un seul mot "confiance"
Bonjour à tous, je vous conseille vivement dans Okeanews, la lecture de l'interview de Mr Dimitris Alexakis, qui éclaire le problème grec sous un jour nouveau...
L'Union Européenne a été créée pour éviter que ses pays membres ne se fassent la guerre au profit des "faiseurs d'affaires" et des marchands de canons. L'union Européenne débouche sur une guerre économique au profit des faiseurs d'affaires et des marchands de capitaux. L'être humain, le seul animal qui possède un cerveau créatif qui est alimenté constamment en données mémorisables mais le seul animal qui n'utilise pas son cerveau créatif par paresse, par lâcheté ou par dysfonctionnement. Les prêcheurs de sermons des siècles passés s'appuyaient sur l'inculture des citoyens qui ne possédaient aucun outil de synthèse mais aujourd'hui. La seule créativité envisageable est celle de l'innovation pour abolir toutes formes de guerres que subissent l'ensemble des bons, au profit de cette poignée d'éternels méchants. Il faut s'éloigner définitivement des prédateurs.
Bien sûr que l'on peut émettre des réserves et s'inquiéter du déroulement des évènements en Grèce. Mais je pense personnellement qu'il faut plutôt commencer par utiliser le mot confiance, oui confiance dans l'équipe qui est à présent en place à la tête de ce gouvernement. Comment peut on imaginer qu'ils n'auraient pas étudier tous les cas de figures qui allaient se présenter. Dans l'émission sur la Troïka il y a à plusieurs reprises le Ministre des finances qui s'exprime et montre bien qu'il connait le sujet. Mais ils ne vont quand même pas dévoiler les différents plans probablement élaborés avant les élections et pour lesquels il faut à la fois du temps mais surtout le soutien populaire, ce qu'ils sont entrain d'obtenir.
Alors nous pouvons échanger et discuter, l'urgence pour nous actuellement c'est plutôt de mettre en place un soutien à leur action car là je reprendrai un titre de Politis paru avant les élections "Athènes est la capitale de la gauche", ou un slogan plus récent "Nous sommes tous grecs". De nombreux collectifs se mettent en place, rejoignez (ou créez en un si il n'y en a pas)
Le peuple victorieux aux élections serait donc obligé de plus ou moins se coucher devant la finance ? je crois que pour certains, cette réalité là (?) doit leur sauter aux yeux pourqu'ils les ouvrent enfin et se décident à faire le pas libérateur. Si nous voulons une Europe de la solidarité, elle n'a pas à être sous la coupe des capitalistes !
"Imagine-t-on ce que seraient des élections en Espagne, Irlande,... si le bilan du changement en Grèce était l’effondrement en un mois !"
Certes un mois est court pour y être préparé. Mais 4 mois peuvent suffire. Car de quel effondrement parlez vous ? Si les instruments monétaires sont créés et que la Banque de Grèce refinance l'économie et les banques, que défaut est fait sur la dette, et remise en cause des privatisations infâmes qui ont été ou qui sont en cours, des difficultés de commerce international à court terme à gérer mais ce sont des problèmes techniques et surmontables. La brèche serait immense. Bien plus grande que le compromis en cours. Plus d'euro, fini les benchmark de dettes ! Car si l'on veut lutter contre la Finance, il faut détruire ses instruments de montag e: 10 X le PIB mondial est échangé en dérivés. Pour détruire une partie des benchmarks utilisés par la finance, et les emprunts d'Etat dont les taux français en euros en font partie (mais pas que). Sans ce benchmark, point de speculation sur les dérivés. Donc moins de facilité à créer des instruments toxiques, moins de montages astucieux, de défisc internationaux...
Ce qui est gênant c'est ceci :
La Grèce s’engage de remplir pleinement et en temps utile toutes ses obligations financières envers ses partenaires.
La Grèce s’engage à assurer les excédents ‘adéquats’ afin de garantir la viabilité de la dette sur la base des résolutions de l’Eurogroupe de novembre 2012. L’excédent 2015 tiendra compte de la conjoncture économique de 2015.
La Grèce ne révoquera pas de mesures, ne procédera pas à de changements unilatéraux susceptibles d’avoir un effet négatif sur les objectifs budgétaires, la reprise économique ou la stabilité financière tels qu’évalués par les ‘institutions’.
En effet chacun sait que l'argent est le nerf de la guerre et apparemment il semble que le problème central de la dette est resté en état. Pas d'évaluation de sa légitimité partielle ou totale. Bien évidemment et pour être positif il est possible de supposer que le délai de 4 mois permettra de verrouiller une stratégie dans ce sens. Pourtant pour quelle raison la période précédente les élections n'a-t-elle pas été utilisée à cette fin. Cependant on y croit toujours (ce n'est pas ironique).
Le gouvernement grec, à l’arraché, vient d’obtenir un sursis de 4 mois. Rien n’est encore réglé mais le déferlement médiatique fait rage :"Syriza à plié, Syriza renie ses promesses". Que ces éléments de propagande soient diffusés par les tenants des politiques néo-libérales cela est de bonne guerre, mais qu’il soit distillés, certes plus finement et dans une autre visée, j’en conviens, par une partie des forces anti libérales, cela me sidère.
Alors pour moi une ligne directrice, la modestie. Eux, ils ont réussi à se fédérer, 13 organisations de la gauche radicale (je crois) compose le mouvement Syriza et ils sont au puvoir. Au 28/02 quel choix avaient-ils ? "Renverser la table" ? c’est à dire déclarer le défaut de paiement et de facto se faire éjecter de la zone euro, ou gagner du temps ? Du temps d’abord pour alléger les souffrances du peuple grec, du temps pour renforcer leur pouvoir et leur influence et d’abord parmi le peuple grec. J'aimerai que ceux qui auraient souhaité que Syrisa "renverse la table" dès le 28/02 expliquent exhaustivement les conséquences de la sortie de l’Euro pour la Grèce.
Le Grexit ou les stratégies de sortie ont été argumentées par nombre d'économistes, dont J.Sapir. Ce n'est pas explicable sur un blog qui n'est pas prévu pour cela. Mais tant que une sortie de l'euro sera considérée comme une défaite, alors nous ferons fausse route. La finance internationale s'est organisée avec l'euro, et a développé tous les instruments de dette des Etats et des instruments dérivés pour pouvoir effectuer son labeur de mouvements de capitaux internationaux. Contribuer à défaire cet édifice commence par créer une brèche. Si un peuple commence à affirmer sa souveraineté et tourne le dos à l'édifice, il sera peut-être suivi par d'autres. Rien n'est facile y compris cette stratégie, mais elle a le mérite de la reprise en main de nos destinées, de nos souverainetés, pour pouvoir être capable de mettre en oeuvre des politiques différentes, et surtout en affaiblissant brutalement la planète finance.
"Le problème en Europe, c'est l'Allemagne de Merkel."
Je crois que cette formule est à la fois juste... et fausse. Elle est d'évidence juste dans la mesure où c'est bien le capitalisme allemand, aujourd'hui économiquement et politiquement dominant en Europe, qui dicte sa loi sous couvert de l'UE néolibérale. Mais elle fausse si l'on veut bien admettre une autre évidence : l'Allemagne de Merkel ne peut imposer son diktat austéritaire que parce que la France de Hollande accepte de se plier à ce diktat.
Le problème en Europe, c'est aussi la France de Hollande !
@francis (83)
Comparaison n'est pas raison. Le poids de la France en Europe est tout autre que celui de la Grèce. On peut aussi espérer que nous ne retrouverions pas totalement isolés en Europe, comme l'est malheureusement le gouvernement d'Alexis Tsipras. Et fort de la leçon apportée par ces négociations, nous pourrons je l'espère dissiper au préalable les dernières illusions des français sur l'Europe actuelle, ce que n'ont pas encore entièrement réussi nos amis de Syriza.
A force de dire depuis des années que le problème c'est l'Allemagne, mais sans évoquer de possibilité de s'attaquer à ce problème, on a l'impression que l'amer constat est la seule chose qu'on peut faire. C'est précisément ce que souhaîte ce milieu réactionnaire, qui n'a jamais compris les finalités de la république, et qui s'accroche au pouvoir par tous les moyens. Ils pensent que la société occidentale est leur bien, qu'il faut le défendre contre la perversion gauchiste, par tous les moyens s'il le faut. Dans ce gigantesque jeu de dupes, on n'entends pas la voix de Jean-Luc Mélenchon au delà d'un cercle de militants, cette voix est la notre elle doit être plus qu'une protestation.
Je partage les doutes sur l'opportunité de rester dans cette europe là et sur la pertinence de pouvoir la changer de l'intérieur. Mais la Grèce est un pays en ruines qui ne peut pas tout jeter par dessus bord. On ignore les arcanes de l'accord signé par l'UE et la Grèce, je pense que Varoufakis sait ce qu'il fait et qu'il fait au mieux. Je pense qu'il suit une stratégie intelligente que nous ne pouvons pas évaluer dans toutes ses possibilités. C'est une équipe honnête, intelligente qui négocie la survie de son pays. Les épargnants ont pris la fuite. Réfléchissez à ce révolver que l'état grec a sur la tempe. La Grèce, pour l'instant, n'est pas soutenue par les autres pays européens, mais ce mouvement avance. Pensez à notre solitude en 2012, pensez au temps long, observez la mutation idéologique en train de s'opérer. A la contestation qui grandit. Le fil se tend. Merci à la Grèce. Nos arguments deviennent plus "audibles". Quelles que soient les âneries débitées par les média de référence, des journalistes s'interrogent, les frondeurs même soumis "parlent" de nos idées en se les appropriant. Qu'on le veuille ou non, l'histoire ne s'arrêtera pas.
Le commentaire de Georges 13 (60) me semble le plus juste. J'ajouterai que la vraie question reste : qui va continuer d'être sacrifié dans cette temporisation et ces arrangements avant d'être mis au pied du mur dans quatre mois. Les pauvres en Grèce vont encore payer le prix fort et ce sont pas les bons d'achat qui vont leur redonner leur dignité. La gauche a sacrifié la classe ouvrière, derrière le confort des classes moyennes qui forment son électorat et qui lui interdit de rompre avec l'Europe financière. C'est pourquoi il faut annéantir l'Union européenne qui est saloperie contre les classes populaires. Cette vérité alimente l'extrême droite et l'abstentionnisme en France. Pedemos n'est pas certain de sa victoire et ce ne sera pas avant la fin de l'année. C'est dans la dynamique de sa victoire que Syriza pouvait relayer institutionnellement le mouvement populaire grec (v. les films de Youlountas sur l'auto-organisation) J'admet que Tsipras et Varoufakis ont résisté comme ils ont pu au rouleau compresseur de la Troïka et du gouvernement Merkel. Mais la gauche au pouvoir alimente forcément la méfiance. Le pouvoir est maudit disait Louise Michel.
N'en déplaise à ceux qui embrayent à l'unisson sur une défaite déjà proclamée, je pense que Jean-Luc ne marche pas sur des oeufs : il souligne au contraire qu'un combat tactique ô combien affûté vient de commencer entre les forces de la révolution citoyenne en Grèce et la Troïka. Comment imaginer Tsipras imposer un contre-ultimatum à l'insupportable ultimatum, du jour au lendemain ? Comme le montre le docu d'Arte, au-delà de l'illégalité de leurs pratiques, même si elles disposent d'une puissance de feu considérable (Jean-Luc Mélenchon en fait l'expérience plus souvent qu'à sont tour), les troupes de l'oligarchie n'ont plus d'autre alternative (elles) que cette austérité criminelle ! Sapin dit bien "qu'il faut explorer cette voie jusqu'au bout". Ils ont fait le choix de l'impasse, le moins pire avant la guerre générale. Les Grecs, au-delà des premières mesures sociales d'urgence prises en dépit de Schäuble, sauront faire preuve d'une relative patience.
Et Syriza ne lâchera rien, d'évidence : l'humiliation est allée trop loin.
Pas d'accord ! Le problème en Europe c'est la France de gauche avec son économie mixte, son collectivisme rampant, ses oligarques nationaux et locaux, ses états dans l'Etat. Ce dernier, veut s'occuper de tout mais n'arrive pas ou en retard aux dépens d'une classe moyenne qui n'en peut plus d'exprimer son ras le bol. Comme le disait Mme Merkel il serait temps de faire des réformes intelligentes. Dans cette éventualité, je préconise de commencer par le haut !
Voir nouvel article de Médiapart. Des intellectuels montent au créneau pour défendre l'accord décroché par Syriza à Bruxelles, qui a le mérite d'« acheter du temps ».
[Edit webmestre : Vous faites bien recopier intégralement l'intro de cet article, parce que de toutes façons c'est tout ce qu'en verront les gens qui, comme moi, ne sont pas abonnés à ce journal en ligne. Avant de proposer une lecture, vérifiez quand même qu'elle est accessible.]
L'Europe capitaliste est-elle viable ? Se pose la question de la lutte à l'intérieur de cette Europe, qui n'est pas celle des peuples mais celle du capital, au nom d'un internationalisme cher à tout individu de gauche qui se respecte, ou en sortir pour faciliter la lutte internationaliste au sein d'une nation à nouveau souveraine ? L'Europe présente, telle qu'elle a été préparée, s'est construite selon la règle de l'unanimité sur l'essentiel (politiques fiscales, sociales, et économiques), autant dire que cette Europe dite démocratique est surtout totalitaire. Sauf pour le capital.
Comment alors mener une lutte internationaliste efficace dans ces conditions puisque le capital a réussi à s'agréger tous les pouvoirs au travers des fous de l'économie de marché que sont la droite et le PS européens (cela n'exclut pas les FN dont l'option est capitaliste intra frontières, bien entendu, sans aucune volonté internationaliste). Les plus grandes avancées ont toujours eu pour champs la nation au sens nationiste. Simple questionnement : rester dans cette enceinte européenne funeste pour les travailleurs, n'est-ce pas une erreur fondamentale ?
Dommage que tant de lecteurs de ce blog ressassent les sempiternels mantras défaitistes qui aident les bonnes consciences à ne rien faire, jamais. Les boules de cristal ne sont pas à l'ordre du jour du gouvernement Tsipras, mais l'intelligence, la détermination, le respect de la parole donnée aux électeurs. Les donneurs de leçons d'extrême gauche ou de droite devraient être plus humbles devant l'énorme effort produit par les grecs. Respect et solidarité absolue, c'est la seule attitude digne envers le peuple grec. Et surtout fin des commentaires vaseux ! Relire JL Mélenchon.
Merci à @Frédérique de nous avoir donné ce lien, instructif.
La seule chance de l'Europe, c'est bien que les citoyens s'emparent enfin de leur destin en luttant à l'intérieur ! Affirmer que les enfumeurs du FN ont raison de prôner la sortie de l'UE, c'est lourdement se tromper et ignorer gravement ce que ces gens ont offert aux peuples européens depuis la fin du 19éme siècle. Et sans doute le FN rassemble plus de voix sur cette ligne de facilité, simple tactique opportuniste, mais les moutons qui leur emboîtent le pas sont-ils bien conscients d'un retour vers les tragiques déchirements antérieurs ?
@ 87 Roger Berland
Bravo ! Vous avez tout compris dans ce qui marche et ne marche pas, on voit tous les jours depuis des dizaines d'années échouer le type de politique conduite en ce moment dont le seul objectif c'est appauvrir la masse du peuple au bénéfice exclusif de quelques uns. Peut être êtes vous un de ces quelques uns et encore beaucoup de gens qui ont joué ces partitions là souvent s'en trouvent désolé (voir les derniers reportages sortis du style le prix à payer). Essayer d'ouvrir les yeux et le cerveau.
Pourquoi faut il que de toutes les pistes qui sont avancées nous négligions autant les repères qui doivent nous guider dans l'analyse des évènements du particulier au plus général. La stratégie du monde capitaliste (dans le monde entier) est comparable à l'araignée qui tisse sa toile capture, neutralise et finalement détruit ou rejette tout ce qui rentre dans ses mailles. Les victimes, qu'elles soient consentantes ou non sont éliminées, que ce soit par la ruse ou la force. Les peuples grondent sous les orages qui s'abattent sur eux. Les ripostes s'organisent malheureusement sans vrai lien entre-elles, ni vrai analyse Les enseignements ne sont pas vraiment pris en compte (sauf pour l'Amérique latine où la réaction même battue est loin de s'avouer vaincue). La situation de la Grèce aujourd'hui doit nous aider à comprendre ce qui cloche pour éviter de se retrouver dans les choix opportunistes (offert par les "institutions") qui s'ouvrent aux grecs. En fait les libéraux lâchent du lest et ont admis que le moment était venu de mettre de l'eau dans leur vin sans changer d'objectifs. C'est au rythme de celui de la France que sera convié la Grèce pour...
"Ne pas faire de son impatience un mot d'ordre théorique", répétait au début du XXème siècle Vladimir Oulianov. C'est peut-être en ce sens qu'il faut entendre la demande du gouvernement grec. Il nous faut du temps. "Avec le temps", les objectifs des uns et des autres apparaîtront mieux aux peuples de l'Europe, et d'abord aux peuples grec, espagnol, irlandais,... français ? Parce que les choses ne vont pas en rester là. Les adversaires du gouvernement grec vont tout faire pour l'empêcher de tenir ses engagements de campagne, en priorité ses engagements de nature sociale, économique, fiscale. C'est à dire que les détenteurs des pouvoirs européens vont prendre des mesures concrètes, monétaires, commerciales, industrielles pour contraindre le gouvernement grec à changer de cap, à revenir à la politique antérieure. L'émission d'ARTE sur la "troïka" a montré ce dont ils sont capables et jusqu'où ils peuvent aller. Et comme le gouvernement grec n'a pas renoncé à tenir ses engagements, la guerre, comme dit Alexis Tsipras, ne fait que commencer. Notre appui au peuple grec passe nécessairement par notre combat permanent contre la politique de notre gouvernement.
Je n'ai aucun doute sur la bonne volonté ni la combativité de Syriza, mais comment raisonner les armateurs, détenteurs de la richesse ? Dans l'esprit de ces gros bonnets, il est normal d'avoir différents pavillons de complaisance, de mettre ses œufs pas tous dans le même panier et défiscaliser à donf, avec un peu de charité de temps à autre quand la misère gêne trop les yeux. Comment Syriza pourrait-elle les contraindre à quoi que ce soit ? En leur retirant la nationalité ?
Dans cette séquence avec la Grèce l’Europe a montré son vrai visage et il est hideux. Beaucoup d'économistes nous avaient mis en garde sur le fait de construire une union monétaire libre échangiste sans la solidarité budgétaire qui va avec, car cela abouti toujours a ce que l'on constate, l'industrie des pays les plus faibles est détruite car les armes monétaires et budgétaires de ceux-ci ne sont plus utilisables, l'économie des plus riches devient encore plus puissante. Cette Europe n'est pas réformable il faudrait avoir le courage d'en sortir et reconstruire autre chose et encore une fois l’Amérique du sud d'Evo Morales nous montre la voie avec l'ALBA un traité de coopération construit sur les principes de solidarité, de complémentarité, de justice et de coopération, et plaçant l'être humain au centre de ses principes.
Genereux nous l'a dit, Mélenchon l'a approuve, si les négociations avec l'euro groupe ne fonctionnent pas il faudra sortir de l'euro ! L'Europe est un bel idéal mais tel quel c'est une fumisterie, une honte et une trahison. Je crois avec tant d'autres qu'il n'y a d'espoir de réel changement qu'en sortant de l'UE. Ok super, phénoménal la Grèce a gagné 4 mois. On attend Podemos et on attend un peu plus de radicalité du Front de gauche. Les élections ne pourons se gagner qu'en étant extrêmement ferme! Souveraineté du peuple et un non radical a la dictature de cette Europe.
Soutenant bien sûr totalement Syriza, je suis sidéré par la façon dont Alexis Tsipras et Jean-Luc dans cet article tournent totalement autour du pot, refusant d'aborder le sujet principal dans toute cette histoire. Pourtant, nombre de vrais économistes de gauche (Jacques Sapir, Frédéric Lordon, Paul Jorion ou Olivier Berruyer, pour ne citer qu'eux) ne cessent de le répéter depuis des semaines sur tous les tons : pour mettre en place son programme économique et social, pour sortir de l'austérité et de la catastrophe économique, pour mener toutes les réformes qui s'imposent, la Grèce doit sortir de l'euro. Il n'y a aucune autre alternative. Sortie de l'austérité et maintien dans l'euro sont rigoureusement incompatibles. C'est l'un ou l'autre. Alexis Tsipras le sait forcément. Jean-Luc ne peut l'ignorer. Alors pourquoi minauder sur le sujet ? Les 4 mois qu'a obtenus la Grèce doivent servir avant tout à préparer l'opinion grecque à cette sortie. Si la Grèce ne sort pas de l'Euro, dans 4 mois Tsipras sera le François Hollande grec.
Tsipras sera-t-il un stratège digne de Miltiade, de Thémistocle et d’Alexandre ?
Si l’on se souvient de l’histoire grecque, les Grecs ne sont jamais aussi forts que lorsqu’ils sont en situation de faiblesse. Que ce soit à la bataille de Marathon (490 av. J.-C.), à la bataille de Salamine (480 av. J.-C.), lors des batailles d’Alexandre Le Grand : ils laissent l’ennemi avancer et, lorsque celui-ci est en confiance, le bloquent et l’écrasent. Alexandre Le Grand adepte de cette stratégie du marteau et de l’enclume avait en outre l’idée qu’il ne fallait pas s’épuiser à combattre les troupes mais qu’il fallait viser la tête, le souverain ennemi. A la bataille de Gaigamèles (331 av. J.-C.), c’était Darius. Aujourd’hui, est-ce le gouvernement allemand, la BCE, l’Union Européenne ? Il semble possible en tous cas que le repli tactique et ce délai de 4 mois permettent de planifier un coup qui pourrait être fatal à l’Europe actuelle : le Grexit, une sortie volontaire et organisée par la Grèce de la zone Euro.
Ps : on me dit que le jeu des Grecs lors de la coupe d’Europe de football de 2004, qu’ils ont gagné malgré leur faiblesse technique, évoque cette stratégie du repli tactique pour mieux...
Bonjour
Pensez-vous que l'on pourra combattre mieux la finance en étant hors de l'Europe qui s'élargit de plus en plus ? Je ne sais pas, ne pourrait-on pas se battre désormais pour un autre projet européen avec notre thème L'Humain d'abord comme mot d'ordre ? Je ne suis pas contre l'idée de sortir de l'Europe, mais quand je vois que dans le monde des nations tentent de se rassembler sur des projets (Exemple la Russie, l'Afrique du sud, le Brésil et l'Inde), est-il judicieux de s'isoler ? Je ne sais pas ! Mais je demande qu'à être convaincue. En attendant (si vous pouvez lire l'Huma d'aujourd'hui, excusez moi à l'avance de faire la publicité pour ce quotidien, mais actuellement sur le marché je ne trouve pas mieux) on pourrait peut être exiger de l'Allemagne réparation à La Grèce pour ses crimes durant la dernière guerre. Le nouveau gouvernement grec va de son côté ne pas laisser tomber l'affaire.