12mar 15
Drôle d’ambiance au sommet du monde. Comment ne pas voir ? Ainsi, pour la première fois, un chef de gouvernement est reçu devant le Congrès nord-américain dans le dos du président de ce pays. Et celui-ci, monsieur Netanyahou, y vient pour maltraiter par tous les mots possibles la politique étrangère du pays qui le reçoit. Puis le même Parlement voit plusieurs de ses membres s’adresser directement au gouvernement de l’Iran pour lui adresser le message le plus incroyable : quoi que signe le président américain actuel, tout pourrait être annulé d’un trait de plume après son prochain départ ! Cette fuite en avant des ultras nord-américains fait craindre le pire. C’est eux encore que l’on voit prendre le dessus dans le traitement des dossiers latino-américains.
Le coup le plus violent vient d’être porté contre le Venezuela. Les Etats-Unis viennent de décider que le pays est un danger pour sa sécurité. On se demande lequel ! Surtout quand on sait comment depuis 15 ans, c’est plutôt les Etat-Unis qui ont conspiré de toutes les manières possibles contre les institutions et la démocratie au Venezuela. Cette accusation inepte permet cependant aux USA de créer une situation d’état de guerre officiel contre le Venezuela, au niveau de celui existant avec l’Iran ou la Syrie. Une très mauvaise nouvelle pour les Vénézuéliens. Ces mesures de déstabilisation viennent d’un constat : l’année 2014 s’est soldée par les victoires électorales d’Evo Morales en Bolivie, Tabaré Vazquez en Uruguay et Dilma Roussef au Brésil ! La droite et les gorilles ont été battus partout Dans nombre de pays latinos des élections sont à l’ordre du jour. Sans attendre la campagne électorale, et pour mieux la dominer, le choix fait est donc celui de la déstabilisation.
Ce sont les mêmes violents qui orchestrent la montée des tensions et la préparation de la guerre contre la Russie. Une raison globale est à l’œuvre. A l’échelle du monde, le bras de fer entre les Etats-Unis et les BRICS ne baisse pas d’intensité. Les BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud. La mise en place de leur nouveau FMI avance à grand pas. La montée en puissance des paiements internationaux hors dollars et surtout dans le nouveau titre d’échange chinois se confirme. Le danger de guerre totale s’accroît parce que les guerres sont à l’ordre du jour partout où une ligne de tension existe avec l’Empire.
Tel est le contexte à l’intérieur duquel tout se place et fait sens ! Jusqu’aux élections départementales en France ! Le pouvoir de notre pays va ressortir de l’épreuve plus affaibli et illégitime que jamais. Dans le désordre environnant, face à la montée des extrêmes droites en Europe, les opérations politiciennes comme celles qu’ont entrepris le PS et son gouvernement aggravent le naufrage moral de notre démocratie. La perspective des élections régionales aggravera la décomposition du système. La pression de la Commission européenne, les commentaires agressifs des notables allemands sur le nouveau délai « accordé » à la France pour tenir les objectifs absurdes qu’elle a fixés sans accord du peuple français, les menaces de Pierre Moscovici contre son pays, créent une ambiance glauque autour de notre pays. C’est pourquoi il est si important que nous fassions tout pour faire émerger une nouvelle donne politique. Dans ce cadre, l’intervention de Cécile Duflot dans la presse quotidienne est une étape importante sur le chemin ouvert depuis plusieurs mois. Mon post traite cette question. Mais aussi celle de l’évolution du M6R au moment où il est engagé dans un vote de ces signataires pour constituer son assemblée représentative. Puis je reviens sur le traitement infamant que m’a infligé « Médiapart ».
L’entretien de presse de Cécile Duflot est un évènement
Ses propos sur l’avenir du mouvement progressiste en France et donc sur ses relations avec le Front de gauche ouvrent un horizon. Evidemment, Cécile Duflot n’a pas l’intention de tomber dans le panneau qui la couperait de la droite de son parti sans que les bases militantes de l’écologie politique aient eu le temps de mûrir. Duflot en était à conclure : « Face aux conservateurs libéraux qui paniquent et courent derrière le Front national, il faut que les progressistes soient dans une logique de rassemblement. » Elle est alors interrompue par la question qui tue : « En vous tournant vers Jean-Luc Mélenchon ? ». Et c’est à elle que revient le rôle de modérer l’entretien : « Arrêtez les raccourcis… » ! « Les alliances aux départementales sont des choix par canton » dit-elle. Après quoi, comme espéré, elle doit afficher des divergences avec moi, comme le souhaitaient les malveillants. Pourtant, c’est bien banal de constater que nous ne sommes pas identiques et parfois même divergents. Sinon nous serions dans le même parti ! Evidemment, c’est sur Poutine que Duflot se démarque ! Quelle surprise. Entre temps, « Médiapart » est passé par là avec ses caricatures infamantes. En fait, cela n’a pas d’importance. Si nous n’avons que cette différence, une simple lecture de mes textes et un petit rappel de mes activités à propos de la Russie depuis trente ans videra le bac d’eau sale. Mais je crains cependant que ce ne soit pas suffisant. Les réserves lourdes de Cécile Duflot dans le passé contre la planification écologique sont une préoccupation autrement plus sérieuse à mes yeux. Et je ne sais toujours pas ce si mes thèses sur la place de l’économie de la mer comme moteur de la relance écologiquement soutenable sont acceptées. Ensuite, la façon de traiter le futur de l’Europe est aussi un rude morceau. Mais les gros sabots avaient hâte d’enfoncer leur clou : « Tout ça pour présenter un candidat commun à la présidentielle en 2017 ? ». Vous avez lu ? « Tout ça pour… » Duflot doit de nouveau calmer le jeu : « Nous n’en sommes pas là. (..) Nous devons prendre racine dans la société. Est-ce que ça veut dire que ça mènera à une candidature à l’élection présidentielle ? On verra… » On verra. C’est dit. L’interview tourne au contraire du projet de ceux qui l’ont organisée !
Mais le spectaculaire de l’entretien n’est pas résumé là. Il est dans la convergence de fond que je note avec elle sur l’objectif visé. Au plan idéologique et pratique : donner à la question de la survie de l’écosystème le rôle central. Celui d’organisateur de la vision du monde et du programme politique. C’est lui qui doit replacer la question du partage des richesses dans une nouvelle logique où la notion de richesse est elle aussi interpellée. C’est exactement ce que proclament, sous une forme concentrées, les thèses sur l’écosocialisme que nous défendons par monts et par vaux depuis la rédaction du manifeste de 2012. Notamment dans la tournée des capitales que Martine Billard, Corinne Morel Darleux et moi avons menée et qui nous a conduits à Budapest, Londres, Berlin, Prague, Madrid, Valence, Rome, Rabat Alger et Tunis. Sans que les grands observateurs médiatiques n’observent jamais rien et ne parlent jamais de rien.
Je reviens aux propos de Cécile Duflot. La seconde piste de fond convergente n’est pas moins impressionnante pour moi. Il s’agit de la forme du rassemblement à opérer. Duflot tire la leçon des impasses du passé, non seulement les siennes mais les nôtres. Elle arrive exactement aux conclusions qui m’ont conduit à lancer le M6R dans la forme horizontale que ce mouvement a prise. La mise en place de son assemblée représentative par élection en ligne et tirage au sort devrait bientôt nous fixer sur la viabilité de la démarche. Le propos de Duflot est fécond par sa clarté : « (…) soit les écologistes renoncent à transformer la société, acceptent le cadre actuel, et rien ne changera. Soit nous participons à l’émergence d’une nouvelle force politique. » Une nouvelle force politique ou bien le renoncement ! C’est exactement le constat du Parti de gauche. « Un nouveau parti ? » demandent sans imagination ses interlocuteurs. La réponse de Cécile Duflot n’est pas uniquement motivée par la prudence. « Une force politique avec un grand "P". » dit-elle. « Une force culturelle, sociale et civique. Pas un nouveau parti, ni une addition d’étiquettes. Il nous faut mobiliser tous ceux qui disent "la politique ne nous intéresse pas" mais veulent changer de monde ». « Nous devons prendre racine dans la société ». Tous ceux qui lisent mes textes, non seulement sur ce blog mais dans mes livres savent combien la place reconnue au mouvement « d’en bas » a de l’importance dans la théorie de la révolution citoyenne, à « l’ère du peuple ». Cette convergence-là vaut de l’or. Elle nous permet de nous arracher au train-train des cartels de partis et des « union de la gauche » remixées pour ne rien dire de « l’union des révolutionnaires », cette calembredaine des minoritaires de toujours.
Mais dans le contexte, c’est d’abord la rupture confirmée avec le PS qui marque l’espace politique. Cécile Duflot ne tourne pas autour du pot. Ceux qui seraient tentés de retourner avec Hollande n’auront plus leur place dans EELV dit-elle en substance. Je ne suis donc pas surpris d’apprendre que le député de Rugy répondait à Radio Classique, le soir même : « Cécile Duflot signe l’acte de décès d’EELV. Si c’est le cas nous en tirerons les conséquences ». Pour ma part, je ne crois pas qu’elle ait voulu signer l’acte de décès d’EELV mais plutôt qu’elle lui propose une perspective, une sortie par le haut de l’étau dans lequel le PS veut enfermer tout ce qui n’est pas lui. Nous en sommes tous là. Ceux qui ne veulent pas laisser le PS naufrager le camp progressiste doivent faire mieux que de prétendre « l’infléchir » en gouvernant avec Valls et autres songes creux dont le plus ridicule est de « vouloir le changer de l’intérieur ». Tout cela a été essayé successivement par chacun d’entre nous. En vain. L’astre mort ne réagit plus à rien. Il faut s’écarter à toute vitesse du Titanic pour ne pas être aspiré vers le fond avec lui. Nous connaissons tous les données du problème à régler. Le but est de « fédérer le peuple » lui-même. Ce que dit à sa façon Cécile Duflot quand elle se propose de mettre en mouvement « tous ceux qui disent "la politique ne nous intéresse pas" mais veulent changer de monde ».
Mieux vaut s’être dit tout cela avant plutôt qu’au lendemain du désastre électoral qui s’avance. De cette manière, nous ne serons pas engloutis par les « sauve qui peut » et la bataille pour les canots de sauvetage. Il faudra supporter crânement la soirée des résultats en empêchant les vautours médiatique de nous crever les yeux tout de suite. Il faudra admettre la déroute et ne pas se la laisser imputer par les naufrageurs du PS. Il ne faudra pas céder à la colère des manipulations de l’annonce de résultats que le ministre de l’Intérieur aura organisés. Se mêler le moins possible du débat arrangé d’avance sur le front républicain, union des grenouilles et des moustiques pour se protéger du héron. Juste supporter. Mais ce débat préalable, tout ce travail souterrain, jalonné de rencontres et d’interviews, sera alors prêt à fructifier, à passer à la vitesse supérieure en vue des régionales. Pendant que le PS en sera à un nouvel épisode stérilisant de ses règlements de compte avant sa nouvelle déroute aux élections suivantes. Le PS ne changera rien ni à sa ligne ni à son cap gouvernemental. Merkel ne le permettra pas. La Commission ne le permettra pas. Les propos indignes de Pierre Moscovici prouvent qu’il n’y a aucune limite à l’abaissement dans ce domaine.
Cécile Duflot fait son entrée dans le club des proscrits du beau linge. La voici attablée avec ceux qui sont dénigrés en toutes occasions, insultés de toutes les façons possibles, marginalisés dans la bonne société médiatique, pris à revers par des amis plus perfides et destructeurs que des ennemis. Bienvenue ! Ne craquez pas, ne cédez pas. L’affection des braves gens et des têtes dures est à ce prix. L’intérêt à long terme du pays est de ce côté. Les mauvais jours finiront. Car dans des dizaines de cantons, nos équipes jouent collectif. Des liens de solidarité se créent pendant que les vassalisations des socialistes se défont par lambeaux. Des résultats devraient se voir. Au cœur du désastre, nous construisons l’avenir.
On vote sur la plateforme du Mouvement pour la 6e République (M6R)
Depuis le 7 mars. Il s’agit de désigner les 108 membres élus de l’assemblée représentative. En quatre jours, plus de 3 000 personnes ont déjà participé. Cette phase de vote fait suite à la phase de dépôt des candidatures, qui se terminait le 6 mars. Cette première phase a été un grand succès : Plus de 1 000 candidatures ont été déposées sur la plateforme prévue à cet effet ! Il y a des candidatures partout : en France métropolitaine, en Outre-Mer et dans la circonscription des Français de l’étranger !
Six mois après son lancement, le M6R donne une preuve de dynamisme. J’ai noté les chiffres qui expriment la disponibilité des participants. Le 23 février, la plateforme de débat « Nous le Peuple » a passé les 10 000 inscrits. Elle dépasse aujourd’hui les 15 000 membres ! C’est plus que la plateforme de débat de Podemos, qui compte de son côté un peu plus de 9 200 abonnés. En moins de trois semaines, plus de 5 000 personnes ont donc rejoint « Nous le Peuple ». Et depuis la création de cette plateforme il y a un peu plus de deux mois, plus de 2 000 articles et plus de 10 000 commentaires ont été publiés. Ils ont généré plus de 40 000 votes. L’activité autonome et indépendante des signataires est vigoureuse. La démarche confirme son aptitude inclusive.
Côté signatures, j’observe une reprise nette après des mois de décembre et janvier pâlichons. Les fêtes et la rentrée terrible ont mis en retrait la dynamique du mouvement. Elles ont repris bon train depuis l’utilisation du 49-3 par le gouvernement pour faire passer en force la loi Macron. Depuis cette date, plus de 4 500 signatures ont été enregistrées, à un rythme moyen de plus de 200 par jour. La petite vidéo réalisée par les jeunes amis qui animent les réseaux sociaux, et qui montre le changement d’avis de François Hollande sur le 49-3, a déjà été vue plus de 130 000 fois ! Elle a été amplement partagée. Évidemment, à ce rythme, les 80 000 signatures ont été rapidement dépassées. Le 3 mars, pour être exact. Il y a eu un communiqué du M6R. Je ne l’ai retrouvé nulle part. Dommage. Mais est-ce étonnant ?
Depuis le lancement du M6R il y a moins de six mois, plus de 300 000 visiteurs uniques se sont rendus sur le site m6r.fr. Cela veut dire que près d’une personne sur trois qui s’y rend en ressort signataire. 300 000 visiteurs uniques, c’est beaucoup, surtout compte tenu du fait que le M6R passe en dessous des radars médiatiques. Mais c’est en même temps un chiffre qui indique la marge de progression qui reste devant nous. Il doit inciter chaque signataire à proposer le M6R plus largement à ses connaissances et ses proches. Plus de 80 000 c’est beaucoup. Mais l’objectif de cent mille n’est pas atteint encore. Même si nous nous en rapprochons à bon pas, il ne faut pas se cacher que c’est un problème. Que tout fonctionne ne suffit pas. Une construction de ce type a besoin d’afficher une légitimité extérieure qui ne peut se dispenser d’une démonstration de force indiscutable. Certes le chiffre de cent mille est symbolique. Mais c’est sa force. L’assemblée représentative du mouvement qui va bientôt se réunir doit pouvoir jouir de l’autorité d’une puissance politique incontestable.
Je vous dois un mot à propos de « Médiapart ». En effet, j’ai beaucoup été interrogé parce ce que je n’ai jamais répondu à sa violente attaque à propos de l’assassinat de Boris Nemtsov. Comme au bon vieux temps des guerres de vieux trotskistes, « Médiapart » a ressorti la méthode du marabout de ficelle de cheval de bois etc. qui m’a cantonné au rôle de soutien à Poutine. On aurait pu, par le même chemin, faire de moi l’ennemi des lapins des neiges. Je tâche de garder de l’humour. Mais je reconnais que cet article m’a meurtri. Je n’aurais pas cru « Médiapart » capable de cela. J’ai donc été pris par surprise et c’est douloureux. Cependant, je n’ai pas l’intention de polémiquer.
Je me contente de dire combien je ne crois pas mériter qu’on m’impute une « vision fanatique, des œillères dogmatiques, des réflexes pavloviens » alors que je m’efforce d’argumenter et de documenter mon point de vue. Et je ne crois pas mériter d’être mis au ban de l’humanité parce que, selon les auteurs, ces caractéristiques « privent Mélenchon de toute morale, éthique et politique ». Je n’écrirai pas un mot pour m’en défendre tant je suis consterné. Le titre déjà à lui seul est si offensant ! Il m’accuse de jouer à « saute-cadavre ». L’auteur peut-il ignorer que les cadavres sont souvent ceux de mes amis depuis le début de mon engagement politique ? Je n’en ferai pas la liste, même pour les plus récents. Je n’ai jamais passé aucun cadavre « à pertes et profits » comme je le lis dans la réplique qu’a faite François Bonnet à ses lecteurs indignés. Pas davantage pour ceux que j’ai pleurés que pour ceux de mes adversaires idéologiques.
Je suis absolument opposé aux stratégies de luttes armées, assassinat ciblé ou non. Je l’ai toujours été. Tout le monde à Médiapart ne peut en dire autant. Ni au « Monde », soit dit par parenthèse, quand bien même ce journal mène de nouveau la traque contre Cesare Batisti tout en amnistiant son « journaliste » Paolo Paranagua de ses activités passées dans l’hyper violent groupe trotskiste armé « Fraction Roja » en Argentine. Dans la presse aussi, au-delà de cinquante ans, le monde est (très) petit. Je n’ai rien à voir avec « le socialisme autoritaire des années 70 » qui m’est imputé. A l’époque, je faisais signer des pétitions pour le droit à l’exil en Israël du russe Nathan Chtcharansky, ce qui prouve que mon opposition aux méthodes du gouvernement de cette époque ne se limitait pas à mes seuls amis politiques ! Je militais au nom du socialisme pour les opposants polonais de Solidarnosc ! Si j’avais su ! J’étais trotskiste. De 1972 à 1975 comme Edwy Plenel et Laurent Mauduit, deux figures centrales de « Médiapart ». Le trotskisme doit-il être balayé d’un revers de main en variante du « socialisme autoritaire » ? Selon moi, notre histoire concrète dans les années 70 comme le bilan des militants ne le méritent pas. Quoiqu’il en soit, j’en fus radié, à juste titre, dès 1975. Et en 1976 j’étais déjà membre du PS. Faut-il faire la liste de ceux qui attendirent dix ou vingt ans de plus pour en faire autant ? Je l’ai quitté en 2008 en disant haut et fort pourquoi. J’ai renoncé à mon mandat de sénateur du PS en allant au-devant du seul juge que je reconnaisse : le suffrage universel. Et les citoyens m’ont élu en donnant pour la première fois un siège à notre nouvelle famille politique dans cette région avec cinq fois plus de voix qu’il en faut pour élire un député national. Dois-je encore, pour satisfaire le tribunal de Médiapart, souscrire vingt ans plus tard à la contrition sur les années Mitterrand à laquelle je suis invité une fois de plus en fin de l’article de François Bonnet ? Pourquoi dire que je me refuse à l’« examen critique » de cette période quand je l’ai fait non seulement au plan théorique dans plusieurs livres et en conférences, mais aussi, et ce n’est pas rien, au plan pratique dans la création du Front de Gauche, la rédaction de son programme et surtout dans la rédaction des thèses sur l’écosocialisme ?
Je n’ai jamais soutenu le parti de monsieur Poutine, ni sa personne. Non parce qu’il serait autiste ou qu’il battrait sa femme comme l’a répété en boucle la propagande médiatique la semaine dernière pour enfoncer le clou de sa diabolisation et faire désirer la guerre pour en finir avec ce fou. Non pour ceci ou pour cela. Mais parce que je suis écosocialiste et pas lui, parce que je suis de gauche et pas lui, parce que je suis républicain au sens que les « Lumières victorieuses de 1789 » ont donné à ce mot et pas lui. Je récuse le raisonnement selon lequel on n’a le droit de parler du sujet qu’à la condition d’avoir d’abord stigmatisé monsieur Poutine. Car cette stigmatisation c’est déjà la logique de guerre. C’est le même raisonnement qui m’a conduit dans le passé à refuser la demande que me faisait Edwy Plenel de participer à son combat contre Cuba. Je lui ai dit que pour moi, la priorité était la lutte contre l’embargo que les USA imposent à ce petit pays courageux. S’associer aux campagnes contre le régime c’était déjà commencer à légitimer l’embargo. Cela fait-il de moi un membre du parti communiste cubain ? Non. En général, mon registre n’est pas celui du commentaire. C’est celui de l’action. Mon but n’est pas de tenir la balance égale entre Ukrainiens et Russes mais de contribuer à empêcher la guerre par le seul moyen dont je dispose : le discours et l’écrit de conviction et l’argumentation. « Médiapart » éteint ce droit quand il transforme mon point de vue en un procès sur ma personne.
Pour autant je crois utile de rappeler comment, quand j’ai été sollicité, j’ai agis en défense des libertés en Russie. Puis je signaler dans ce registre ma tribune signée en 2013 avec Noël Mamère pour défendre les militants de Greenpeace emprisonnés en Russie ? Et mon blog sur le sujet ? Peut-on étudier la liste des signataires de l’époque pour vérifier si mes contempteurs d’aujourd’hui dans l’arène politique étaient assez ardents à l’époque au point de signer une simple pétition ? Je le répète : mon propos n’est pas Poutine ou pas Poutine. Je milite contre la guerre avec la Russie !
J’en reste là. Je laisse tout le reste. Je n’en finirai pas. Car comment répondre à des phrases si riche en insinuations et affirmations partisanes telle que celle-ci : « nous n’avons cessé d’interpeller Mélenchon sur ses pratiques politiques, son vocabulaire de « rupture », ses offensives régulières contre les journalistes. » Lire ça dans Médiapart ! Je n’ai plus le goût de ces polémiques aigres, de ces procès étalés au fil de la plume en milliers de signes qui sont autant de flèches empoisonnées dont le poison court ensuite des décennies sous la peau et ressurgissent sous la plume, des lustres après qu’elles aient été lancées. Vieux pablistes et vieux lambertistes me comprennent ! Je me contente de situer notre divergence. Pour « Médiapart », la Russie de Poutine est « l’agresseur » dans le contexte de la guerre en préparation à partir de l’Ukraine. Ce n’est pas du tout mon point de vue. Pour moi, Poutine n’a aucun intérêt à une telle guerre. Et nous non plus. Mon analyse géopolitique n’est pas faite de « réflexes pavloviens » mais d’arguments et de faits détaillés dans mes livres « Qu’ils s’en aillent tous » (surtout dans l’édition de poche) et dans le livre « L’Ère du peuple ». Dans ce dernier, j’explique pourquoi l’Empire nord-américain est contraint à une fuite en avant guerrière en raison de la menace qui pèse sur le dollar comme monnaie mondiale à l’heure où le bloc de BRICS prend la relève du leadership productif mondial. Je voudrai souligner que pour moi, des opérations de déstabilisation de l’Amérique latine en ce moment au conflit sur la frontière russe, il y a un lien géopolitique profond. C’est une thèse. Elle mérite des contre-arguments plutôt que des injures.
Je réitère mon alerte ! La préparation matérielle et psychologique de la guerre contre la Russie est évidente. Il s’agit pour moi du projet d’une partie des décideurs aux USA, dans le cadre d’une géopolitique dont j’ai mille fois fait la description. Elle pourrait même résulter d’enchaînements incontrôlés tant le nombre et la position de personnages incontrôlables sont grands dans cette région. La guerre avec la Russie serait un désastre sans rapport avec le chaos déjà semé en Irak, en Afghanistan, en Somalie, par les nord-Américains. La Russie est une grande puissance militaire et pas un pays sans défense. L’affronter serait une catastrophe pour la civilisation humaine toute entière. De plus, pour les Européens et surtout pour nous Français, la Russie est un partenaire. Et les BRICS sont le véritable point d’appui face à l’ordre du monde actuel. Tout cela et ma thèse sur une nouvelle alliance militaire altermondialiste sont présentés dans les deux livres que je viens de citer. J’admets bien évidemment qu’on ne me suive pas dans mes raisonnements, mais je note qu’ils sont nombreux ceux qui les font comme moi dans le monde des analystes les plus divers politiquement.
D'ailleurs, le 10 mars, « Médiapart » lui-même publiait une interview d’Andreï Gratchev, ancien porte-parole de Gorbatchev. Dans cet entretien, l’homme déclare que « Nemtsov ne présentait aucun danger réel pour le pouvoir ». Il précise qu’« on peut difficilement imaginer que Poutine avait intérêt à un tel événement ». Et que « Finalement, pour lui, c’est assez humiliant qu’un crime politique se déroule juste derrière les murs du Kremlin ». Quelle différence avec ce que j’ai dit ? Sur l’Ukraine, même chose ! Gratchev déclare : « [Ce que veut Poutine c’est que soit] garanti le fait que l’Ukraine ne rejoindra pas le camp occidental. Que le pays ne deviendra pas membre de l’Union européenne et plus particulièrement n’adhérera pas à l’OTAN ». Il va jusqu’à parler de « la logique extrémiste du pouvoir à Kiev dont l’intérêt est d’appliquer la politique du pire ». Même point de vue ! Concernant la politique européenne enfin, Gratchev déclare que : « Bruxelles a fait preuve d’une grande maladresse, de dilettantisme et d’absence de professionnalisme. Sa première attitude a été d’écarter la Russie de la gestion du dossier ukrainien ». Alors, quand ce sont d’autres que moi qui tiennent ces propos, ça passe ? Mais quand c’est moi c’est « une vision fanatique, des œillères dogmatiques, des réflexes pavloviens » ?
Ai-je mérité que dans ce que je croyais être notre famille culturelle commune, je sois traité de cette façon ? Avec les outils grossiers qui m’assimilaient hier à Saddam ou même à Kadhafi ? Pourquoi François Bonnet, qui ne sort pas de l’œuf, estime-t-il utile de dire que j’ai approuvé l’intervention en Libye ? Ce n’est pas vrai ! J’ai approuvé par un vote au Parlement européen la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus des villes que Kadhafi menaçait de « noyer dans le sang » selon ses propres termes. François Bonnet me le reproche ? Je n’aurai pas du ? C’est ce que disent des amis dans l’extrême gauche. Je répète donc ce que je leur ai expliqué depuis lors. J’ai voté comme le conseil de sécurité unanime pour cette zone d’exclusion. C’est-à-dire inclus la Chine et la Russie. Après ce vote, sans mandat de l’ONU, l’OTAN est passé à l’attaque. J’ai immédiatement condamné. Tous les textes sur le sujet sont encore disponibles : les communiqués du parti de gauche, et ma propre prose sur mon blog. Cet exemple de mensonges montre ce que devient l’assaut de « Médiapart » contre moi. Une banale opération de dénigrement mêlant des arguments avec des inventions polémiques gratuites. Je le déplore profondément. Y répondre me ramènerait à des compilations dont je n’ai ni le goût ni le temps.
Normal 0 21 false false false FR JA X-NONE /* Style Definitions */ table.MsoNormalTable {mso-style-name:"Tableau Normal"; mso-tstyle-rowband-size:0; mso-tstyle-colband-size:0; mso-style-noshow:yes; mso-style-priority:99; mso-style-parent:""; mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt; mso-para-margin:0cm; mso-para-margin-bottom:.0001pt; mso-pagination:widow-orphan; font-size:12.0pt; font-family:Cambria; mso-ascii-font-family:Cambria; mso-ascii-theme-font:minor-latin; mso-hansi-font-family:Cambria; mso-hansi-theme-font:minor-latin;}
Je conclus avec un appel. Quoi que vous pensiez de moi à « Médiapart », de « mes pratiques politiques » et ainsi de suite, quelle que soit votre détestation de Poutine, ne faites pas l’erreur d’amnistier des personnages aussi inacceptable que l’antisémite Alexeï Navalny ! Je rappelle des faits auxquels « Médiapart » ne peut être insensible. Ce n'est pas seulement « dans sa jeunesse » que Navalny a été xénophobe et antisémite comme l’affirme François Bonnet. Ses dernières déclarations antisémites datent de 2013. C'est le Forum de Coordination de la Lutte contre l'antisémitisme qui les a dénoncées. Et les actions xénophobes pour lesquelles il est connu en Russie sont celles du mouvement des « marches russes » auquel il a participé ostensiblement de 2011 à 2013, en appelant à « nettoyer la Russie » et en justifiant les violences contre les immigrés responsables à ses yeux de « criminalité ethnique ».
Autre fait qui devrait intéresser Médiapart. Le parti néo-nazi Svoboda n'a certes plus de ministre au gouvernement à Kiev depuis 2014 comme il en avait avant. Ce n'est pas pour autant que ce gouvernement, son administration et ses forces de sécurité ne sont pas remplies de nazis. La plupart ont même été intégrés dans les partis non nazis et dans les unités combattantes sous uniforme ukrainien. Doit-on s'en réjouir ? A l'image du fondateur de Svoboda, l'authentique dirigeant néo-nazi Andriy Paoubyi, qui est désormais membre du parti du premier ministre Iatsenouk ! Cette composante nazie du pouvoir actuel à Kiev n'est pas cachée. Elle est même assumée. Comme le montrent les commémorations successives décidées par la Rada et son président en mémoire de tortionnaires nazis de la seconde guerre mondiale. Et comme en atteste l'interview télévisée qu'a donnée l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne. Ce diplomate représentant du gouvernement de Kiev affirme que les groupes combattants néo-nazis « sont coordonnés et contrôlés par Kiev » et « qu'ils font partie intégrante de nos forces de défense ». Je vous en adjure : ne vous aveuglez pas sur le rôle des nazis en Ukraine et dans cette zone !
Après quoi, ceci ayant été dit, je souscris aux dernières lignes de François Bonnet : « Informer, et d'autant plus dans une époque comme la nôtre, inédite et incertaine, ce ne peut être se satisfaire d'automatismes de pensée ou de réflexes idéologiques. C'est au contraire affronter le réel dans sa complexité, sans impasse ni aveuglement ». Je suis sûr qu’il aura à cœur de se les appliquer autant que moi-même je m’y efforce. Admettons que la même imperfection nous guette. Je me permets de demander si l’on peut se dispenser de nier mon identité éthique et morale, et de nier mon histoire de militant. Ce serait mieux. Sinon, tant pis ! Il me faudra juste renforcer mes blindages. De toute façon, le mal est fait. Les propos de Médiapart nourriront d’autres caricatures qui se réclameront de l’autorité de Médiapart. Exactement comme il aura suffi que Michel Onfray cite Ahmadinejad dans la liste des gens qu’il me reproche de soutenir pour qu’aussitôt je sois interpellé comme dans un refrain sur le sujet. Naturellement, je n’ai jamais soutenu si peu que ce soit le régime théocratique de l’Iran. Celui-ci au contraire s’est plaint de moi du temps où j’étais sénateur socialiste et déjà opposé à la mollahcratie. Ici mon cas est grave : je ne soutenais déjà pas l’ayatollah Khomeiny quand il était à Nauphle-le-Château. Tout le monde ne peut pas en dire autant dans l’extrême-gauche ou la gauche de l’époque. Accusez ! Accusez ! Il en restera toujours quelque chose. Le mal est fait ! Les pleutres se sentiront obligés de marquer leurs distances avec moi pour des raisons inventées par d’autres qui auront ainsi bien mérité de la cohorte de mes diabolisateurs. Et ainsi de suite. Mais ce qui s’est montré à cette occasion est vu et retenu. « Médiapart » n’est pas ce que je croyais. Mais, de mes illusions je ne m’en prends qu’à moi.
@ cocu77
C'est simple non ? Et bien non ce n'est à mon avis pas aussi simple que cela. Nous vivons une période difficile pour la gauche du fait de la trahison du PS. Des tentatives de trouver un chemin commun par tous ceux qui refusent l'austérité sont en cours et les candidatures FdG/EELV font partie de cette recherche. Il reste des divergences, c'est certain et il en restera d'autres et de taille. Néanmoins la contradiction n'est pas chez nous qui sommes pour le maintien des départements, elle est chez ceux qui acceptent (encore que cela demande à être vérifié aujourd'hui) la réforme territoriale et qui présentent des candidats à cette élection. Pour moi c'est le signe qu'une évolution est possible pour unir dans le combat contre la réforme. L'essentiel dans cette élection est de créer une dynamique pour un mouvement contre l'austérité et cela passe par le seul vote qui permettra de crée cette force. Si le candidat est EELV et bien il faut voter pour ce candidat car il est porteur de cette initiative. La vie se chargera de faire évoluer les positions des uns et des autres vers des objectifs communs y compris sur l'Europe.
Je reste de tout cœur avec vous, Jean-Luc Mélenchon qui avez rallumé l'espoir qu'un autre monde pouvait surgir des ruines dans lesquelles nous nous débattons. Je suis moi-même très déçu par cette position de Médiapart. Mais pour reprendre les 3 temps de J.Lacan, il y a un temps voir, un temps pour comprendre et un temps pour conclure. Concernant Médiapart, il ne reste qu'à conclure !
Edwy Plénel qui a bien du mal à reconnaître sa proximité avec Alain Minc quand il était au Monde !
Pour moi, votre position dans ce conflit, ne porte pas à confusion : vous êtes lucide sur les enjeux stratégico-politique de l'Ouest.
Encore merci pour le courage que vous nous donnez à continuer la lutte avec vous.
ll me semble que pour Mediapart comme pour d'autres acteurs de la vie démocratique, il n'y a pas lieu d'accepter ou de rejeter en bloc. Médiapart publie de très bons articles notamment en économie. En politique étrangère c'est moins brillant. Et sur l'Ukraine, carrément nul. Les deux articles dont vous parlez sont lamentables et ont d'ailleurs soulevé des milliers de commentaires indignés. Evidemment François Bonnet le rédacteur en chef a volé au secours de ses deux journalistes accablés de critiques, sans convaincre personne. Je vous félicite pour la dignité de votre réponse.
1er constat, l'acharnement sur Jean-Luc Mélenchon, qui avait cessé depuis la rentrée, reprend subitement à quelques jours des cantonales. Sachant que dans de nombreux cantons (et notamment les 900 sur 2100 où il y a une candidature EELV-FdG) il est possible que nous soyons devant le PS.
2ème constat, depuis le début de la crise ukrainienne, il est devenu clair que Médiapart est franchement nul sur les questions géopolitiques, ou pire atlantiste. Dommage, car ils sont bons sur les affaires franco-françaises. Mais on s'en passera. Je résilie mon abonnement.
Il fait aussi être conscient que si Médiapart s'attaque à JL Mélenchon c'est par prudence éditoriale, pour ne être classé comme un journal d'extrême gauche. C'est pour renforcer cette image de journal indépendant que veut se forger l'équipe, et bénéficier de la crédibilité qui en découle. Quoi qu'il en soit, Médiapart reste le moins pire des journaux, une lueur d'espoir dans le paysage morbide de la presse. A mon avis, ce qu'il faudrait blâmer et combattre c'est plutôt le modèle économique des journaux dits de qualité, plus que les conséquences de celui-ci.
Il y a une chose qui est sûre, au deuxième tour niet pour UMP et FN. Vote blanc ! Marre de soutenir des politiques qui se disent de gauche et demandent de voter UMP si le FN est 2ème. Non merci on a déjà donné combien d'années Mr Valls ?! Il est hors de question d'aider le PS libéral. J'ai voté pour mon Front de gauche dès le premier tour, comme toujours, pas question de voter à droite au 2ème. Il l'auront bien cherché les Hollandistes ! Ca suffit maintenant. On n'aide plus les menteurs. Trop facile Messieurs. Dépatouillez-vous dans votre tambouille.