09juin 15

L’Union européenne prise à son propre piège grec

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Tsipras joue fin et bien. L’Union européenne entre dans une grande zone de turbulences du fait de la sottise de ceux qui la dirigent de façon si grossière et brutale. Je détaille ma façon de lire la séquence en cours. Je reviens aussi sur la trouvaille de Hollande qui remet sur le tapis la question des articles anticonstitutionnels de la Charte des langues régionales. Le tour de passe-passe sur ce sujet n’est pas perçu par beaucoup qui croient sincèrement qu’il s’agit de défendre et encourager la pratique et la culture des langues régionales. Ils ne voient pas le contenu réel en cause.

Du congrès des socialistes je ne dis rien aujourd’hui car je n’ai pas fini le tour d’horizon de mes contacts personnels pour faire la part entre l’image de normalisation du parti et la réalité, entre l’agitation verbale des frondeurs qui ne frondent plus et des sortistes qui restent dans le parti. Je ne mets aucune ironie dans ces phrases. Je sais une chose. Le pire serait de croire que le PS n’aurait pas tranché comme je l’ai entendu répéter. Si ! Il a tranché. Clairement. Ouvertement. Ce serait une lourde erreur de faire comme si on ne savait pas que la séquence est calée pour Hollande et Valls jusqu’à 2017. Et si les choses se passent autrement d’ici-là, ce ne sera pas du fait de ce gouvernement ou de son parti.

Mon post a un peu tardé du fait de mésaventures matérielles. Je reprends le fil de l’écrit mais je croule sous le poids des textes préparés pendant mes allers retours entre Bruxelles, pour le Parlement euro-latino (hélas, seules les deux séances où je me suis exprimé ne sont pas en ligne sur le site du Parlement européen), et Strasbourg, où arrive le vote sur le traité instituant le Grand Marché Transatlantique ! Samedi 13, je compte bien retrouver nombre d’entre vous à Guéret pour la marche nationale en défense des services publics.

Tsipras joue fin et bien

Magnifique semaine européenne. Tsipras joue bien et fin. Les matamores de l’Union européenne et les faces de pierre de la Troïka se sont pris à leur propre piège. On les voit une fois de plus piétiner eux-mêmes les absurdes traités européens en se réunissant à quelques-uns avec le banquier central européen alors qu’une telle concertation est formellement interdite par les traités. Ils sont dans la nasse. La crise qu’ils ont provoqué par leur intransigeance menace de leur exploser à la face ! D’un côté ils refusent de relâcher leurs exigences barbares. Car c’est bien de cela dont il est question. Relever la TVA à 23% dans un pays en état de sous-consommation vertigineux de pauvreté de masse est une exigence barbare. Retarder l’âge de départ à la retraite et l’accès aux retraites complémentaires dans un pays ou les retraités sont les soutiens de familles entières, c’est barbare. Et ainsi de suite.

Car telles sont bien les violences que « l’Europe qui protège » veut infliger aux Grecs en plus de toutes leurs souffrances actuelles ! Mais de l’autre côté, Tsipras refuse de leur céder. Alors ? De quel côté est la dissuasion nucléaire ? Ah ! Ah ! Du côté de Tsipras évidemment. Car l’Union européenne n’a pas les moyens d’éjecter la Grèce de la zone euro ! La banqueroute qui en résulterait obligerait immédiatement à payer les engagements du mécanisme européen de stabilité (MESF). Le truc voté pendant la présidentielle de 2012 par le PS et l’UMP en plein débat sur la viande hallal (merci à France 2 pour avoir été l’agent actif de cet enfumage magistral !). Alors, ce serait ruineux pour qui, je vous prie ? Oui, ruineux pour qui ? C’est trop drôle. Et de surcroît, la monnaie européenne serait totalement ébranlée au point de menacer l’équilibre de toute la zone euro. À quoi s’ajouterait une onde de choc sur le marché mondial gigantesque. Qui sera ruiné ? Pas la Grèce. Elle l’est déjà ! Ici se vérifie l’hypothèse que je n’ai cessé de rappeler : dans le rapport de force entre créancier et débiteur, la faiblesse du créancier augmente avec la masse de sa créance. Obama s’en rend compte à présent. Il demande aux européens de surveiller leurs actes et de ne pas augmenter la volatilité du marché financier. Il faudra passer la consigne au FMI et madame Lagarde, cher Barack ! Je vais y venir.

Pour l’instant, comme je l’ai déjà dit ici, à la fin, le peuple grec reste groupé parce que son gouvernement ne le trahit pas. A l’inverse le camp adverse se désunit et se dispute sur la façon d’agir. Il faut intégrer le fait que le front des durs n’a jamais été homogène et ne peux pas l’être tant les intérêts particuliers qui le composent sont divers et divergents et tant les appréciations sont controversées entre chacun. Tant que tout le monde cédait, la ligne dure pouvait gagner sans problème. Tout le monde suivait puisque ça marchait. Mais depuis que ça ne marche plus… la discussion est ouverte.

Le problème posé est entièrement politique. Exclusivement. Sur le plan technique, il n’y a aucune difficulté à effacer la dette grecque par des moyens de procédure comptable. Exemple : étaler la dette grecque sur cent ans ! A 1% d’inflation par an, elle a fondu à la fin. En reportant les dates de paiements, on facilite encore la manœuvre. Pendant ce temps, les titres restent inscrits dans les bilans à leur valeur faciale et tout reste en ordre puisque personne ne perd rien. Surtout que 80% de la dette grecque est en main des organismes publics dorénavant. C’est un exemple et rien de plus. Mais cela montre que la question n’est pas technique. Elle est politique. Si cela est fait pour la Grèce, alors pourquoi pas pour les autres ? Autrement dit, tout le système de l’ordolibéralisme s’effondre. Les traités budgétaires deviennent des chiffons de papier, le blabla austéritaire s’enroue. Et ainsi de suite.

A mes yeux, le plus frappant est l’incohérence grandissante dans le camp des créanciers. Le FMI mène le bal des faucons. Souvenons-nous que c’est madame Merkel qui a demandé et obtenu que le Fonds soit intégré dans la Troïka où, normalement, il n’a rien a faire. Dans le cadre de la pagaille grandissante le FMI est en train de se vriller. Les derniers jours ont confirmé ce que je disais dans ma précédente note à propos du rôle du Fonds Monétaire International dans le cas grec. Avec l’Allemagne de Mme Merkel, le FMI de Christine Lagarde est le principal obstacle à un accord honnête entre le gouvernement grec et ses créanciers. Alors que les créanciers avaient fini par se mettre d’accord entre eux mardi dernier, le FMI a menacé unilatéralement de ne pas assumer sa part de responsabilité en cas d’accord avec le gouvernement grec. Il a menacé de ne pas verser sa part d’aide ! Un nouveau raidissement dans l’intransigeance.

Première intransigeance : le refus de la renégociation de la dette grecque. Certains de mes lecteurs ont attiré mon attention sur le fait que le FMI s’est dit, il y a quelques mois, favorable à une restructuration de la dette grecque. C’est vrai. Mais cela ne doit tromper personne. Premièrement, comme les autres créanciers, le FMI refuse catégoriquement d’ouvrir la discussion sur la restructuration avant le bouclage du programme actuel. Sa promesse n’engage donc que ceux qui la croient. Dans ce domaine, l’expérience est très instructive. Les créanciers ont déjà fait des promesses de ce type sans les tenir. Ainsi avaient ils juré que si la Grèce parvenait équilibrer son budget au point de dégager un excédent avant le paiement annuel de sa dette (cela s’appelle un « excédent primaire »), ils accepteraient de renégocier. Le ministre de droite Samaras y parvint. Aucune renégociation de la dette n’eut pourtant lieu. Deuxièmement, le FMI a évoqué assez vaguement un allongement de la durée de la dette. Mais en aucun cas une annulation, cela va de soi. Mais surtout pas la seule mesure réformiste raisonnable : une indexation des remboursements sur la croissance comme le réclame le gouvernement grec.

La provocation, dans l’histoire, c’est que le FMI envisage de restructurer la dette détenue par la Banque centrale européenne et les États européens. Mais pas celle qu’il détient lui-même ! Chacun pour soi ! Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! Or, depuis son élection en janvier dernier, c’est au FMI que le gouvernement Tsipras a versé l’écrasante majorité de ses remboursements. Près de 3 milliards d’euros. Et c’est encore au FMI que sont dus 1,6 milliards d’euros ce mois de juin. Or, la Grèce ne peut pas payer cette somme. Il ne suffirait pas de renégocier les échéances futures auprès de la BCE. Il faut que le FMI accepte la restructuration immédiate de la dette grecque. Or, le dernier épisode montre le contraire. Le FMI a bien accepté que la Grèce regroupe ses 4 échéances du mois de juin en une seule, à la fin du mois. C’est une micro-restructuration en quelque sorte. Mais Mme Lagarde n’y est pour rien. Elle a été mise devant le fait accompli par l’ingéniosité du gouvernement grec. En effet, Tsipras et les siens ont trouvé et exploité une phrase du règlement du FMI qui prévoit une telle action. Mais j’ai lu que Mme Lagarde a découvert la demande grecque et son caractère automatique seulement quelques minutes avant que les dirigeants du FMI n’en soient officiellement saisi. Le site internet boursorama.fr écrit ainsi : « Dans la matinée de jeudi, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, affirmait ainsi ne pas "être informée de ce genre de choses"… quelques minutes seulement avant que le Fonds ne prenne acte de la requête grecque. Le FMI a tenu à préciser que la requête n'avait même pas à être approuvée par ses soins. En clair, le pays demandeur a juste à "informer" le FMI ».

La deuxième intransigeance du FMI porte sur l’exigence d’une nouvelle baisse des pensions de retraites. Mme Lagarde ne cesse d’exiger une nouvelle réforme des retraites incluant des baisses dans les pensions, et un nouveau report de l’âge de la retraite. Le FMI exigerait même la suppression de l’EKAS, une prime versée en complément des retraites inférieures à 700 euros par mois, et qui va 30 à 230 euros par mois, selon les revenus. Le journaliste de France 2, François Beaudonnet, a même affirmé dans le journal de 20h du 3 juin à ce sujet que « le FMI est intraitable ». Et il a précisé « On me raconte qu'à chaque début de réunion avec la Grèce, le FMI dit : “bon alors, cette réforme des retraites’’ » en guise de provocation. Il parait que même le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker serait prêt à lâcher sur les retraites. Mais le FMI impose une ligne dure, empêchant toute discussion constructive. Le Monde du 4 juin écrivait ainsi que « l’institution internationale a contribué à bloquer les négociations sur une liste de réformes contre des prêts supplémentaires à Athènes. Il exigeait encore, le week-end dernier, une réforme des retraites avec des baisses supplémentaires du niveau des pensions ». Quoi ? Les négociations étaient bloquées à cause du FMI ? Mais alors pourquoi accuser sans cesse le gouvernement grec ?

Tsipras et les Grecs ne peuvent accepter une nouvelle baisse des retraites. Le journaliste de Latribune.fr, Romaric Godin, a très bien démontré pourquoi dans un de ses récents articles. Des raisons économiques et sociales évidemment et des raisons politiques. Les retraités grecs ont déjà été saignés avec des baisses massives. Alors que le chômage est massif, particulièrement chez les jeunes, les retraités sont devenus un pilier financier indispensable à la vie quotidienne d’une large part des familles du pays. Couper dans les retraites à nouveau frapperait l’ensemble de la société grecque ! Politiquement enfin, Tsipras a toujours combattu les mesures d’austérité en général et les coupes dans les retraites en particuliers. Et même le gouvernement de droite précédent avait refusé ces coupes. Ce que le FMI exige, c’est ce qu’il n’a pas pu obtenir de la droite grecque ! Accepter ces coupes, serait un suicide économique pour la Grèce et un reniement suicidaire pour Tsipras.

Le FMI sait tout cela. Mais il continue. Par sadisme ? Par dogmatisme idéologique ? Ou par panique ? Il aurait pourtant toute les raisons de faire profil bas. La Grèce aura été un nouveau fiasco pour les docteurs Diafoirus du FMI. Leur cure d’austérité devait remettre le malade sur pied ? C’était la formule de Strauss-Kahn ! Elle a aggravé la crise, fait exploser le chômage, la pauvreté mais aussi la dette ! Echec total ! Les économistes du FMI ont même dû reconnaître, piteux, cet échec. Ils ont avoué avoir sous-estimé l’impact négatif des mesures d’austérité sur l’économie. Il n’y avait pourtant pas besoin d’être un aigle pour s’en douter. L’histoire des années 1930 en Europe et plus récemment en Amérique latine a démontré de manière foudroyante la nullité de ces théories économiques. L’Amérique latine, surtout. La suite de ces sottises était écrite d’avance.

Mais le FMI ne recule pas. Il assume son rôle de gardien des exigences de la finance et des partisans de l’ordolibéralisme. Ce rôle, c’est celui que lui a confié Angela Merkel, la chancelière allemande au début de la crise grecque. En 2010, c’est elle qui a imposé aux autres Européens le recours au FMI. Il parait que Nicolas Sarkozy, alors président français, et Jean-Claude Junker, alors président de l’Eurogroupe étaient contre. Mais ils ont cédé à Mme Merkel. Pourquoi Mme Merkel tenait-elle tant à la présence du FMI ? D’abord sans doute pour intégrer les États-Unis d’Amérique dans la discussion. Car au FMI, les États-Unis, et eux seuls, ont un droit de veto. Et l’alignement de Mme Merkel sur les États-Unis n’est plus à démontrer. Les scandales de l’espionnage de la France par les services secrets allemands au profit des agences de renseignements américaines ont peut-être décillé quelques yeux.

Le blocage en cours c’est, en quelque sorte, une application poussée un peu plus loin de l’ordolibéralisme allemand. Que les peuples et les politiques ne se mêlent pas d’économie. Le FMI, par son statut, est hors de portée de tout changement populaire. C’était donc l’allié parfait. Ce que Le Monde écrit clairement : « le Fonds est aussi régulièrement critiqué à Bruxelles pour son approche, jugée insuffisamment politique et peu adaptée à la réalité de la Grèce. Plus récemment, le fait que le FMI, fin 2014, ait contribué – déjà – à bloquer les négociations qui s’étaient engagées entre [le Premier ministre de droite] Samaras et les créanciers du pays, sur la fin du deuxième plan d’aide à la Grèce, ne passe pas non plus à la Commission européenne. De fait, si un accord avait été trouvé à ce moment-là, le psychodrame de ce printemps n’aurait probablement pas eu lieu ». En 2010, l’arrogant ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble était contre l’appel au FMI, paraît-il. Il souhaitait que le gouvernement allemand garde seul le dernier mot. Mais l’expérience l’a fait changer d’avis. Il a récemment salué le coup de maître de sa cheffe Merkel. C’était dans sa récente et stupéfiante interview aux Echos. Il a dit « j’étais de l’avis que les Européens pourraient régler entre eux. La chancelière était d’un autre point de vue et depuis, les faits lui ont donné raison ». Le FMI remplit son rôle au-delà même des espérances de cet ultra ! Et tant qu’il n’y a pas d’accord sur la fin du programme, il n’y a pas de discussion sur la restructuration de la dette grecque. Le FMI est le meilleur allié de Schäuble à cette étape. Il ne fait aucun doute que si la discussion devait s’engager sur une restructuration de la dette grecque comme c’est indispensable, Schäuble reviendrait à sa position de départ. Il prépare d’ailleurs le terrain en rappelant que Christine Lagarde, lorsqu’elle était ministre française, était également contre l’intervention du FMI. Si jamais le FMI ne tient plus la ligne dure de Berlin, c’est l’Allemagne de Merkel et Schäuble qui reprendra la main.

Peut-être me dira-t-on encore que je surligne trop les faits. Ecoutez ceci. Depuis plusieurs mois à l’initiative de l’Argentine, un comité technique de l’ONU a été constitué pour préparer des propositions en vue d’un règlement universel pour les banqueroutes « légitimes » des États. Enfin ! Qui s’y oppose ? Onze pays de l’Union européennes ! Dont la France et l’Allemagne ! Ah les braves gens ! Ce n’est pas tout. Le comité en question s’est officiellement plaint de l’attitude méprisante de l’UE qui le tient à l’écart de toute discussion et concertation à propos du problème des dettes souveraines en Europe ! Après quoi les mêmes feront des gargarismes sur la mondialisation hélas « incontournable » et autres blabla pédant pour enfumer les naïfs ! La mondialisation n’est en rien une nouveauté dans l’histoire humaine ! Ce que nous affrontons c’est la globalisation financière et ses chiens de garde qui empêchent la politique et les peuples de s’en mêler et d’y mettre de l’ordre !

J’achève sur un point de mémoire active et politique. Mme Lagarde s’était montré bien moins exigeante avec les banques qu’avec la Grèce. En 2010 lorsqu’elle était ministre des Finances, elle n’a pas hésité à débloquer des dizaines de milliards d’euros d’argent public pour renflouer les banques frappées par la crise des subprimes. De même qu’en atteste la louche rapidité avec laquelle une banque en particulier a pu bénéficier de 1,7 milliards d’euros de réduction fiscale en accusant le trader Jérôme Kerviel. Mme Lagarde s’est aussi montré très conciliante avec les banques lorsqu’en 2010 et 2011, les Etats européens, le FMI et la Banque centrale européenne leur ont racheté les titres de dettes publiques grecques qu’elles détenaient. La crise d’aujourd’hui vient de là. Si la Grèce fait défaut, les Etats, le FMI et la BCE perdront leurs créances. Mais ce ne sera pas la faute de Tsipras. Ce sera la faute de Lagarde, Merkel, Sarkozy et les autres qui ont décidé de collectiviser les dettes privées des banques plutôt que de laisser leurs actionnaires assumer les conséquences de leurs « risques ».

grecebanqueCette logique est à la base de la nouvelle campagne d’affiches du Parti de gauche. Le slogan est « si la Grèce était une banque, elle serait déjà sauvée ! ». Mme Lagarde s’en serait certainement occupée dans la minute. En attendant, le bilan est écrasant. Ce que nous, les « rêveurs », les « irresponsables », nous annoncions, se réalise sous nos yeux. Leurs solutions, même du point de vue capitaliste, sont absurdes et dangereuses. Tout cela finira comme c’est évident : personne ne paiera la dette ! Comment régler cette situation inéluctable : par la crise ouverte ou par les solutions en sifflet que nous proposons depuis le début ? À ce point de la situation, nous pourrions bien gagner sur tous les tableaux. Qui pleurera sur l’Union européenne actuelle si elle va au fossé ? On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.

Les langues régionales ont bon dos !

François Hollande a déjà institutionnalisé l’inégalité territoriale. La création des métropoles et des méga-régions en atteste. Désormais il va aussi organiser l’inégalité entre Français selon la langue qu’ils choisissent de parler. Il a ainsi annoncé le dépôt d’un projet de loi constitutionnelle pour autoriser la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. L’annonce, comme les commentaires entendus depuis, reprennent les méthodes d’une longue tradition de manipulation sur le sujet. En réalité il ne s’agit pas de la Charte elle-même. En effet la plupart des articles qu’elle contient sont déjà en application. Il n’y a besoin d’aucune réforme constitutionnelle pour eux. Oui, la Charte s’applique déjà pour l’essentiel de son contenu ! Sauf quelques articles. Ceux-là ne s’appliquent pas. En effet ils ont été déclarés anticonstitutionnels car ils portent atteinte à l’unicité du peuple français selon les termes du Conseil constitutionnel en 1999.

Je m’oppose à ces articles et non « aux langues régionales » ou aux « cultures régionales » comme le voudrait l’habituelle caricature qui est faite systématiquement et frauduleusement de ma position sur le sujet depuis bientôt presque deux décennies. Sans trop d’illusion sur la volonté de dialogue de mes détracteurs, j’ai déjà publié et mis en ligne de façon constante et mise à jour au fil des années et des débats mes discours, analyses et déclarations sur le sujet. Ceux qui me lisent à cet instant peuvent d’ailleurs en prendre connaissance puisque tout ce matériel est présenté sur ce blog. Je ne le leur propose pas seulement pour justifier la permanence de mon point de vue depuis tant d’années. Je le fais pour les alerter sur la nature réelle du nouveau mauvais coup que prépare Hollande. Mon crève-cœur est de voir dans cette circonstance une partie de la mouvance anticapitaliste se laisser séduire par une idée aussi anti-sociale et aussi discriminatoire. 

Je commence par les langues elles-mêmes puisqu’il s’agit d’elles. Puisqu’il s’agit de la diversité linguistique et de la façon de la protéger, l’adoption des articles bloqués de la Charte ne va rien arranger. En réalité, s’agissant de la pratique des langues dans notre pays, cette Charte va créer des discriminations supplémentaires. En effet, la Charte ne couvre pas les langues venues des migrants, quand bien même sont-elles parlées chaque jour par des millions de gens dans tous le pays. Ainsi l’arabe, parlé par de très nombreux compatriotes ou par leurs ainés, ne bénéficiera pas de l’adoption des articles contraignants de cette charte des langues régionales et minoritaires. Dès lors, l’adoption des articles concernés légitime une revendication de reconnaissance dans autant de cas qu'il y a de langues réellement parlées en France. Est-ce bien ce que nous voulons ?

Et ce n’est pas tout en matière d’inégalité et de discrimination. La liste des langues reconnues va faire l’objet d’un choix arbitraire entre les langues traditionnelles de France. Un choix sera fait à l’intérieur de ces langues qui comportent souvent des variantes fondamentales. Il existe ainsi plusieurs langues créoles et bretonnes par exemple. Parfois, les différences ne sont pas secondaires mais touchent aux racines de ces langues. Le Gallo est un breton de racine latine, ce qui n’est pas le cas des quatre autres langues bretonnes traditionnelles. Quant au breton « officiel », il date d’un travail d’unification sur lequel je ne m’exprime pas pour éviter des polémiques qui ne touchent pas au fond du sujet que nous avons à traiter en ce moment. Reste que d’ores et déjà, Rennes se voit infliger une double toponymie en langue bretonne officielle alors que la ville est en zone de parler Gallo !

Entendons-nous bien. Au risque de rabâcher je le répète : je n’ai aucune opposition à une quelconque langue régionale, ni contre ceux qui les parlent, ni contre les cultures qu’elles expriment. Ni contre leur enseignement à ceux qui veulent les apprendre. En revanche, je m’oppose absolument à l’idée de créer des droits spécifiques entre citoyens selon la langue parlée. Je m’oppose à ce que soit remis en cause l’usage exclusif du Français comme seule langue officielle sur tout le territoire. L’unité et l’indivisibilité de la République est la condition de l’égalité des citoyens. Si les articles bloqués de cette Charte sont adoptés, des groupes particuliers de locuteurs pourront se voir reconnaître des droits particuliers dont les autres ne profiteront pas. C’est l’institutionnalisation d’un communautarisme linguistique au mépris de l’identité républicaine du pays. Il sera alors possible de rédiger un document officiel en basque, ou un contrat de travail en alsacien. Et que feront ceux qui ne parlent pas cette langue ? Ils n’auront pas accès à l’information ou au travail dans les mêmes conditions que les autres, à moins que le gouvernement prévoie de faire traduire tous les documents dans toutes les langues qui seront reconnues. Bonjour la gabegie ! L’utilisation unique du Fançais dans les documents officiels et légaux est un instrument précieux en vue de l’égalité sociale. Le morcellement linguistique est l’accompagnement le plus efficace du morcellement territorial et donc du droit, et spécialement du droit social. A-t-on oublié comment Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait évoqué le droit a l’expérimentation législative dans les régions devant l’assemblée de la région Bretagne ?

J’ai interpellé les députés en janvier 2014 lors de l’examen de la proposition de loi PS sur le sujet. Un long argumentaire a été publié sur mon blog européen fin 2013. J’en reprends quelques lignes à présent.

« Il ne saurait être question, sous prétexte de respect de la diversité culturelle, d’admettre une différence de droits entre citoyens égaux. Ce serait en contradiction absolue avec la méthode républicaine. Il n’y a pas lieu de créer des droits particuliers pour une catégorie spécifique de citoyens. Le fait de parler une langue différente ne suffit pas à instituer des droits particuliers en faveur de ses locuteurs ! Or, c’est ce que prévoit explicitement la Charte. Elle prétend encourager la pratique de ces langues « dans la vie publique et la vie privée ». L’expression a l’air banale. Elle ne l’est pas du tout.

S’agissant de la vie privée, je rappelle que le caractère laïque de notre République interdit que les institutions gouvernementales et étatiques fassent quelque recommandation que ce soit concernant la vie privée des personnes. Cela signifierait-il qu’on envisage d’instruire obligatoirement en langue locale tous les enfants d’une région quand bien même ses parents seraient originaires d’une autre région où se parle une autre langue régionale ? Et quand bien même les parents ne le souhaiteraient pas ou bien préfèreraient que leurs enfants apprennent une langue étrangère par goût ou parce qu’elle est parlée en famille ? Cette intrusion dans la vie privée est en vérité tout à fait attentatoire à la liberté individuelle. Quant à la « vie publique », la Charte demande aux États de « prendre en considération les besoins et les vœux exprimés par les groupes pratiquant ces langues ». […] Va-t-on pour cela élire des représentants des locuteurs de telle ou telle langue ? Créer un sénat des nationalités ? Non ! Ce serait en totale contradiction avec l’idée d’égalité républicaine ! Mais le pire est cette idée de « faire bénéficier de procédures en langues régionales devant les autorités judiciaires », comme le prévoit l’article 9 de la Charte, ou devant les services publics, comme l’exige l’article 10. Témoigner, poursuivre en justice, présenter des demandes à l’administration, signer des contrats dans une autre langue que la langue française constituerait un recul par rapport à l’ordonnance de Villers-Cotterêts de François Ier. Pourtant, c’est ce que prévoit cette Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ! S’il faut avoir une discussion sur le sujet en France, elle doit porter sur les moyens à mettre en œuvre pour favoriser l’apprentissage des langues, la connaissance, la pratique et la création dans les cultures que l’histoire du pays nous a léguées. Pas de créer des discriminations, des dominations et, pour finir, de faire de l’ethnicisme un horizon contre la nation républicaine. »


90 commentaires à “L’Union européenne prise à son propre piège grec”
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  1. dumas catherine dit :

    Bien,
    Parler le morvandiaux en Berry, les ânes ne vont rien comprendre. Quand je me rends en Ecosse avec mon accent anglais ils ne trouvent pas que je sois Ecossaise. Ce sont toutes ces différences qui font notre richesse. Pourquoi revenir à des temps ancestraux ? Devons nous payer à nouveau notre droit de passage d'un comté à l'autre avec du sel ? Nous régressons, les jaquouilles sont de retour.

  2. Donato Di Cesare dit :

    Le slogan « si la Grèce était une banque, elle serait déjà sauvée ! » est remarquable. Merci Jean-Luc et merci à tous ceux qui travaillent à vos cotés pour tout ce que vous faites, ne changez rien, on est toujours, de tout coeur, avec vous.

  3. Zina dit :

    Très belle lettre. Tout ce que vous écrivez dans ce courrier m'a touchée ce matin. Je souhaite et j'espère que vous soyez lu par le plus grand nombre. Merci pour tous vos écrits en général.

  4. Nicks dit :

    Comme il était prévisible, à propos des langues régionales, la faction anti-étatiste se fait remarquer et est rejoint par un parti dont la déliquescence ne cesse de s'accentuer. Nos "amis" continuent donc de nous entraver tout en se tirant un balle dans le pied, à moins comme je le pense, que l'identitaire au rabais ne soit qu'un maquillage pratique de l'abandon des questions sociales, nécessairement institutionnelles pourtant. Or l'égalité devant la loi qui serait remise en cause si certains des articles inconstitutionnels de la charte étaient adoptés est un ciment de notre pays, constamment attaqué depuis une trentaine d'années. Par ailleurs, comment ne pas voir que ces revendications communautaristes rejoignent la vision des provinces de l'extrême-droite, sous prétexte, encore une fois, d'un anti-étatisme aveugle qui ne sert objectivement que les néolibéraux et leur travail de sape de notre modèle républicain. Sur la Grèce, la résistance acharnée de Tsipras montre combien le volontarisme politique peut contrarier certaines tendances qualifiées d'inéluctables. La France disposerait de moyens de pression bien plus considérables.

  5. Francis dit :

    On peut s'interroger sur la volonté réelle de la caste financiaro-politique de vouloir trouver une solution acceptable pour le peuple grec et l'Europe. Accepter de restructurer la dette serait pour elle un crime contre le culte de la rentabilité financière. Je suis de plus en plus convaincu que les "Européens" préfèreront faire exploser la Grèce et l'euro plutôt que d'admettre qu'une autre logique économique est indispensable pour sortir du marasme actuel. Désobéir aux traités ? Nous n'en sommes plus la. Je suis un européen convaincu mais aujourd'hui j'en arrive à la conclusion qu'il faut remettre en cause cette Europe qui récuse la souveraineté populaire.

  6. maryham dit :

    Oh combien je suis d'accord avec vous et je suis heureuse que le gouvernement grec actuel les fasse trembler. Marre de tout ce système monté de toute pièce pour écraser les autres, ils ont justes oubliés que les autres ce sera eux aussi parce qu'ils ne pourront jamais faire comme Robinson Cruzoe, vivre seul avec une valise pleine sans rien autour d'eux. C'est de la folie complète ce qu'ils nous font vivre et subir. C'est de l'esclavagisme ou tout autre définition qui en résumé veut dire de l'irrespect pour son prochain, son proche et surtout aussi nos anciens qui ont tant sués pour mettre en place un système social tendant vers le respect et l'égalitaire. Quelle honte il me font d'appartenir à un tel système aussi immoral, aussi débile (ils ne connaissent même pas les règles primordiales de l'économie et bafouent tout droit et logique institutionnalisé pour l'équité des droits devant le peuple).
    J'ai aussi écouté O.B. qui dit que vous n'arrivez pas à faire un groupe de force pour les contrer. Franchement dommage que vous n'y arriviez pas et je n'attends que cela, le même revirement que vient de faire la Grèce. Enfin nous pourrions remettre une Europe sociale.

  7. Eric RAVEN dit :

    Merci de résister pour les plus faibles et bravo pour votre combat contre ce système libéral brutal. Je suis très fier des notres du PG devant les coups bas des CRS à Pajol !
    Courage, salut et fraternité

  8. jeannot dit :

    Bravo et merci "braz" ce qui signifie littéralement beaucoup, grand et donne au mot merci un sens très fort.

  9. l'écossais dit :

    Bonjour à tous, bonjour Jean-Luc,
    Bien sûr qu'à un moment ou à un autre la vérité finit toujours par s'imposer. Si ce n'était pas si grave pour nous tous, je dirais qu'une bonne tempête peut remettre certains orgueilleux à leur place. Mais il ne s'agit même plus de ça. Notre énergie entre les mains des joueurs de casino d'une médiocrité généralisée, ne va pas nous exonérer de quelques soucis futurs. On savait pour la Pêche, il y a trente ans que ça finirait mal, mais la finance a cru qu'avec "tout aquaculture" elle pourrait créer ses usines et faire du poisson domestique sans problème. La vache folle avec des nageoires ne tardera pas non plus. Courage Jean-Luc ! Et merci pour les infos.

  10. SPINNER Jean Louis dit :

    Merci pour cette nouvelle mise au point. Après les Grecs, les Espagnols, les Turcs nous montrent la voie à suivre. Ne perdons plus de temps.

  11. Lilly54 dit :

    Bonjour Jean-Luc, bonjour Amis,
    Cet instructif billet nous tient en alerte comme d'habitude. Merci Jean-Luc pour toutes ces précieuses informations qui nous permettent d'alimenter les débats. Je voudrais souligner qu'en France également les retraités deviennent le pilier financier des familles. Tant de jeunes sont sans ressources ! Mais combien de temps ceux qui peuvent encore les aider le pourront-ils ? Nous sommes sur le chemin de la Grèce comme c'était prévu et grâce à ce gouvernement que pour ma part je hais profondément bien plus que je n'ai jamais haï la droite. Qu'on me pardonne si ma rage ne s'éteint pas. Elle m'aidera sans doute à résister ! J'ai regardé et écouté Ferrat hier soir. Et j'ai pensé à nous tous qui, comme il le disait, luttons toujours du côté des travailleurs sans jamais retourner notre veste. Puissions-nous être de plus en plus en plus nombreux afin que viennent enfin le temps des cerises.

  12. PIETRON dit :

    Le foisonnement de mauvais coups pour la majorité des gens rend difficile le cheminement politique. Chaque jour donne lieu à nouveau recul social soigneusement commenté (pour le capital) comme étant la nécessité moderne de l'évolution. Or, chaque jour montre bien la barbarie capitaliste en oeuvre sur la planète. La faim reculerait dans le monde. Finalement, elle se partage dorénavant avec les couches sociales de plus en plus importantes de l'occident. Un partage de la misère ou de la pauvreté en quelque sorte.
    Ne nous leurrons pas, l'Europe capitaliste ne cédera pas un pouce de terrain. Sauf, sauf, si un mouvement
    ssocial d'envergure l'y contraint. L'état des lieux est un peu léger pour l'instant. Les syndicats sont atones, mais essayons de compter sur les contradictions majeures de cette Europe capitaliste qui, pour satisfaire les marchés, en arrive à affamer nos concitoyens grecs, et bien au delà. Cela ne durera pas.
    Reste à trouver le bon angle d'attaque et là c'est une autre paire de manches, car etre anticapitaliste suppose faire table rase des stigmates qui peuvent encore hanter les citoyens sérieusement manipulés par un parti.

  13. gilbert raynaud dit :

    Bravo pour ces nouveaux commentaires surtout a/s des "négociations" avec la Grèce. Par ailleurs ton livre "le hareng de Bismarck", clair (limpide), précis et il va droit au but, indispensable par les temps qui courent !

  14. MMM dit :

    Le rôle des Organisations internationales dans les crises souveraines est à regarder de près pour trouver des appuis le moment venu. Je maintiens que, pendant longtemps, le FMI passait pour une colombe et la Commission pour un faucon au sein de la Troika. La BCE joue une partition bien à elle depuis Draghi, à la fois plus hétérodoxe sur le plan monétaire (dans l'intérêt du secteur financier et bancaire - ne soyons pas dupes) et cherchant à affirmer sa légitimité comme institution indépendante dans le jeu européen. Le changement de rapport de force (colombe/faucon, CE/FMI) est-il imputable à la politisation croissante de la Commission sous le Collège Juncker ou à l'arrivée de Lagarde au FMI? J'en doute. En tout cas, il ne faut pas oublier que l'ordo-libéralisme s'est solidifié à l'échelle internationale quand les Chicago Boys ont colonisé le FMI et la BM au début des années 1980. L'éco-socialisme, s'il veut être sérieux, doit réfléchir aux institutions internationales sur lesquelles ils voudra s'appuyer: ONU, mais pas seulement. Le BIT? Il n'est pas anodin que Syriza ait cherché des soutiens auprès de l'OCDE pour formuler ses contre-propositions.

  15. Mat dit :

    Bonjour à tous,
    Pour info, sur son site internet, La Tribune publie un article qui démontre que l'enjeu des négociations en Grèce n'est pas économique, mais politique. Les créanciers veulent faire tomber Syriza à tout prix et montrer qu'il n'existe aucune alternative à l'austérité. En effet, la hausse de la TVA sur la restauration et l'électricité détruirait le secteur du tourisme, qui est très important pour l'économie grecque, tandis que le report et la diminution des retraites génèrerait une crise sociale, en laissant de nombreux foyers sans ressources.

  16. Pierre 30 dit :

    Merci pour ce billet complet, précis et éclairé de l'actualité. Le gouvernement s'attaque tous les jours un peu plus au pacte républicain.

  17. jean ai marre dit :

    Ouf que c'est ardu. Surtout les premiers chapitres sur la dette grecque. Entre Tsipras et les créanciers on sent le bras de fers, mais pourquoi avoir occulté la stratégie du responsable grec, qui a réussi,en allant discuter séparément avec les différents chefs d'Etats, à desserrer l'étau,et fait apparaître des divergences entre eux ? Ce sont ces divergences qu'il faut faire apparaitre. Car les Etats ont compris que l'Europe n'est pas un bloc soudé, que les puissants font la loi, et que demain eux aussi peuvent être traités comme les grecs. Si la Grèce faisait défaut, éjectée de l'Union, nous verrions arrivés les prédateurs avec leurs fonds de pension, proposer leurs offres d'achat des industries, ports, aéroports, infrastructures,services publics etc..qui se mettraient en concurrence avec les financiers chinois et russes. Ce monopoly gigantesque, ne risquerait il pas de réveiller les citoyens européens et leur faire prendre pleinement conscience à quel point leur souveraineté est menacé ? Se verraient ils en ce fétu de paille, poussé par les vents de la finance ?
    La loi macron est prémisse. Si vous plait Jean-Luc, faut expliciter.

  18. furby dit :

    Bien cher tous,
    Qui ne voit dans cette succession de dérives autocratiques et la Grèce comme un totem expiatoire la montée d'un péril plus grand avec la guerre au coeur de l'Europe. La montée des thèmes identitaires et nationalistes nous raconte à peu près la même histoire qu'il y a 80 ans. L'Europe accepte sans moufter la présence de fascistes identifiés reconnus sur la place de Kiev. Pire, l'Europe et surtout Mme Merkel jouant un jeu bien trouble accepte argent comptant les narratives sur la présence de l'armée russe dans le donbass.Bien sûr que l'enjeu en Grèce n'est plus économique mais politique. Il ne faut pas accepter en Europe de "partis, mouvements citoyens" contestant la doctrine ultra-libérale du libre marché.Dans ce jeu de Poker-menteur la Grèce pour l'instant et son gouvernement tient bon. Mais poker-menteur un jour, c'est pas toujours et nos ennemis de classe montrent largement leurs machoires. Nous ne pourrons résister très longtemps uniquement avec des mots d'autant que sur le plan intérieur bien d'autres combats (immigration entres autres) peuvent nous accaparer. Il nous faut établir une ligne plus claire que la présente sur notre appartenance à...

  19. Connolly dit :

    Mais de quels droits spécifiques parlez-vous ? Par exemple, en quoi est-ce qu'une version du code du travail en breton ou en basque donnerait des droits supplémentaires aux locuteurs bretons et basques par rapport aux autres travailleurs ? Seront-ils mieux protégés pour autant ? Bien sûr que non et vous le savez pertinemment. Par ailleurs, personne, à l'exclusion d'une poignée (et encore !), ne demandera que les documents officiels et autres contrats de travail soient exclusivement rédigés dans une langue minoritaire. Il y aura donc toujours deux versions, à l'image des panneaux de signalisation en Bretagne. Je suis membre d'un collectif Fdg et ne comprends vraiment pas votre attitude vis-à-vis de cette question. Vous donnez l'impression de confondre "égalité" et "uniformité". La France est éclectique à bien des égards. Que le Français soit utilisé comme langue commune à tous les citoyens ne me pose aucun problème (il en faut bien une). Néanmoins, les autres autres langues (régionales) faisant partie intégrante de notre histoire et notre patrimoine, ont à ce titre le droit à un statut similaire à celui du français. L'"égalité dans la différence" tel est mon credo.

  20. oberon dit :

    Crise grecque et européenne. Excellente analyse, merci de nous éclairer puisque les médias, services publics d'information, ne le font pas. Les BRICS puissance économique et financière pouvant contrer le FMI, pourquoi les BRICS n'aident pas la Grèce ?

  21. Eric83 dit :

    A. Tsipras et son gouvernement sont de fins stratèges et non les soi-disant "amateurs" que les média mainstream présentaient il y a encore quelques semaines. Il est d'ailleurs à noter que ce registre de dénigrement là a été totalement abandonné par ces médias. De cette stratégie, souhaitons que le meilleur reste à venir pour le gouvernement et le peuple grec.
    Je trouve que plusieurs leçons sont à tirer de cette partie d'échecs voulue par la troïka. Les "maîtres du monde" pourtant en large bande organisée démontrent qu'ils sont faibles face à un gouvernement lucide, intelligent, pragmatique et oeuvrant pour le peuple. L'arrogance est un très mauvais allié. Ce qui semble négligeable peut s'avérer essentiel.
    Personnellement, j'adhère au slogan de l'affiche qui dénonce une réalité. Malheureusement, il risque de ne pas atteindre l'objectif de défendre le gouvernement grec face aux banques/créanciers. En effet, à lire les commentaires d'articles concernant la Grèce sur d'autres sites que celui-ci, on se rend vite compte que nombre de personnes critiquent vertement le gouvernement et peuple grec et défendent les créanciers.

  22. D'ARRIGO dit :

    Je tiens à remercier Jean Luc Mélenchon car il explique bien les choses.
    Pour ma part, j'étais un cancre à l'école et je comprend. C'est dire! Enfin, je suis les tristes épisodes de la crise grec et le blog de Jean Luc nous permet de nous éclairer. Merci et surtout continuez !

  23. magda Corelli dit :

    Un grand merci pour ce billet instructif et ardu mais bien éclairant au sujet de la Grèce.Si la Grèce fait défaut, les Etats, le FMI, la BCE perdront leurs créances... et les banques ? Rien ? In fine les peuples paieront l'addition mais à ce prix je veux être débarrassée de cette Europe là et de tout le reste. Le comportement de ce Gouvernement grec est exemplaire. C'est impossible qu'il cède à des demandes aussi honteuses. Tout mon mépris à Lagarde. Draghi, Merkel, Hollande et consorts.

  24. Nicolas dit :

    Merci Monsieur Mélenchon pour vos éclairages si précis et argumentés. Je lis chaque billet et j'écoute chacune de vos interview. Je nous souhaite que vous arriviez vite aux commandes.

  25. marj dit :

    La scène européenne semble irréelle, on se croirait presque dans une mauvaise pièce de théâtre et des clowns qu'il faudrait prendre au sérieux. Entre Junker, le roi du paradis fiscal, l'implication dans la falsification des comptes grecs de la banque Golman Sachs avec Draghi, ne parlons pas de Christine Lagarde et l'affaire Tapie...Et tout ça qui donne des leçons de bonne conduite au peuple grec et aux peuples d'Europe en général...un mauvais rêve ?

  26. educpop dit :

    Le spectacle des incohérences et des injustices ne démontrent pas la bêtise des acteurs, mais le dogmatisme d'un mode de pensée réactionnaire. Des fonctionnaires arrivés au pouvoir politique du fait de leur grande connaissance du fonctionnement institutionnel sont aidés par des techniciens supérieurs, avec qui ils partagent la culture de la gestion administrative et de la gestion économique comme un tout. Le dogme consiste à déterminer les contours d'une sphère productive qui a une double vocation : donner du travail à ceux qui disposent des bonnes compétences et permettre l'accès à des produits et services de qualité pour ceux qui ont les moyens de se les payer. Tout le reste est considéré comme superflu, coûteux . Toute cette politique dite d'austérité a pour but d'éliminer la gêne que le peuple constitue pour une catégorie de prédateurs, quand on veut attraper les loups on fait une battue.

  27. Guy-Yves Ganier d'Émilion dit :

    @ Connolly (19)
    L'égalité imposera alors d'assurer en permanence, à l'écrit comme à l'oral, la traduction de tout acte légal depuis une langue vers toutes les autres, à moins de reconnaître que des langues sont liées de manière univoque à des territoires distincts au sein du même territoire national.

  28. Bonjour et merci d'Athènes. A lire, le discours d'Alexis Tsipras devant l'Assemblée nationale grecque, vendredi dernier, en traduction française ici.

  29. jpp2coutras dit :

    "Le problème posé est entièrement politique. Exclusivement. Sur le plan technique, il n’y a aucune difficulté à effacer la dette grecque par des moyens de procédure comptable"

    Et ça crève les yeux, surtout quand on voit les pirouettes de ces instances non élues pour sortir des milliers de milliards de leur manche comme ils sortiraient des montagnes de jetons de jeu pour faire tourner le casino de la finance folle. Oui, étaler la dette sur un siècle au double du taux de la BCE actuel, 0,1% : facile et conforme avec l'absurdité du château de cartes capitaliste qui gonfle avec le vent des profits éclairs ! Indolore et dynamique.
    Merci Jean-Luc Mélenchon pour votre compil. sur le hareng Bismark qui met en lumière crue le côté sombre de la farce. Or ce n'est pas une fable allemande, car Oskar Lafontaine dit la même chose, ainsi que d'autres Allemands lucides. A lire absolument !

  30. Jean-François91 dit :

    « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ! »
    Rappelons aussi que l'UE ne respecte même pas sa charte des langues puisque de plus en plus de textes officiels à discuter, de plus en plus d'appels d'offres ne sont pas traduits et circulent seulement dans la langue du business, l'anglais, ce qui rend plus difficile tout contrôle citoyen.
    La langue de 70 millions de locuteurs réels n'est pas prise en compte sans que cela gêne le moins du monde nos libéraux hors-sol qui se gardent bien de défendre notre langue d'usage. Et combien de textes européens à discuter "en urgence" sont-ils restés sans traduction en grec, langue parlée par 11 millions de citoyens d'Europe ? «Circulez, manants, y a rien à lire pour vous !», voilà pour les droits linguistiques vus par l'UE ordolibérale.

  31. Jacques dit :

    Il ne faut pas se leurrer, la régionalisation va favoriser les nationalistes et leur langue. C'est le but des landers français pour les rendre autonomes et casser la République qui est Une et Indivisible, ce que ne fait pas cette régionalisation.
    Et bravo aux grecs de résister et de savoir dire non quand on ne le veut pas.

  32. Connolly dit :

    @ Guy-Yves Ganier d'Émilion (27)
    "L'égalité imposera alors d'assurer en permanence, à l'écrit comme à l'oral, la traduction de tout acte légal depuis une langue vers toutes les autres".
    Cela n'est qu'une hypothèse, pour ce qui est de l'oral.

    "à moins de reconnaître que des langues sont liées de manière univoque à des territoires distincts au sein du même territoire national".
    Cela me paraît évident. Dans les régions dotées d'une langue propre, il n'est bien entendu pas question de traduire les textes officiels dans toutes les autres. L'objectif est de privilégier le bilinguisme "régionalo-national", si je puis dire.

  33. jean ai marre dit :

    @ 19 Connolly
    Jean-Luc Mélenchon ne s'est jamais opposé aux langues de nos provinces. D'ailleurs il l'écrit en tête de paragraphe "Je m’oppose à ces articles et non « aux langues régionales » ". Il n'est donc pas question d'interdire de parler breton, ou en provence, de parler lou prouvencau, et attention, l'orthographe n'est pas la même soit en occitan, soit en "mistral". Par ailleurs, s'il faut prendre en considération les langues parlées, alors comme Jean-Luc Mélenchon l'explique, va falloir prendre en compte l'Italien, le Portugais, l'Espagnol, l'Arabe, etc. Et dans ce cas, imagine-t-on un occitan travaillant en Bretagne ou en Alsace, signant un contrat rédigé dans la langue de sa nouvelle région ? Le Français doit rester la langue officielle et tous les documents écrits en Français. Comment imaginer le choix que pourra faire un employeur entre la lettre de motivation écrite en Français, en Alsacien ou en Breton, pour un poste dans le Berry ? Déjà qu'il y a des passe-droits, comment va réagir un employeur méditerranéen à la lettre d'un postulant qui dira "siéu d'aqui".

  34. Guy-Yves Ganier d'Émilion dit :

    « Dans les régions dotées d'une langue propre, il n'est bien entendu pas question de traduire les textes officiels dans toutes les autres. »

    On introduit donc de ce fait une inégalité entre citoyens de la République selon leur origine. Un Français né au Pays basque et résidant à Strasbourg ne pourra pas s'exprimer au tribunal ou signer un contrat de travail dans sa supposée langue régionalo-nationale, mais devra soit le faire en français, soit apprendre l'alsacien.

  35. cata dit :

    Le projet de loi sur les langues régionales complète parfaitement la création des mégapoles et régions. Et une fois de plus il est d'origine européenne. L'objectif étant de briser les états (qui déjà se voient imposer leurs politiques économiques par l'Europe), pour placer le pouvoir au niveau des régions voir des villes. Quoi de plus normal dans ces conditions que de leur permettre d'utiliser leurs propres langues? Les nations une fois diluées dans les régions, celles-ci ayant leur indépendance économique, il est évident que la concurrence libre et non faussée commettra avec encore plus de vigueur des carnages dans "le peuple" européen. Avoir n pays en concurrence entre eux, c'est pas mal, mais avoir 10xn régions en concurrence entre elles c'est 10 fois mieux et bien plus efficace (l'Europe préserve la paix c'est bien connu, mais organise la guerre économique avec persévérance, c'est moins connu).
    Je ne reviens même pas sur ce qui est dit sur la grèce, je n'imagine vraiment pas comment ils peuvent s'en tirer. Mais, vraiment cette europe/euro, on les décolle comment de la semelle. Ils ne portent même pas bonheur !

  36. Pierre Pifpoche dit :

    Merci pour ce magnifique exposé sur le cas grec, en train de se retourner contre ses opposants oligarque !
    Merci aussi pour l'interview éclairante à France Inter.
    Un petit reproche cependant à l'interview de Jean-Luc. A chaque fois que celui-ci se présente comme "l'unique adversaire" de l'oligarchie, cela me fait bien mal au ventre, parce qu'il y a plusieurs forces alliées et que ne les réduire qu'à une seule nous rend moins crédible à mes yeux. Où sont alors évoqués Clémentine Autain et Pierre Laurent, pour ne parler que de ceux-là ? Par contre, à chaque fois que Jean-Luc montre la convergence de forces diverses, fusse-t-il aux avant-postes de celles-ci, alors il n'en est que plus crédible et fort à mes yeux. Bien fraternellement.

  37. jean ai marre dit :

    @ 35 Pierre Pifpoche
    C'est finement bien dit. Ca contraste avec les mots plutôt aigres que doux que balancent les camarades du PC chaque fois que Jean-Luc passe sur les médias. A la décharge de notre leader, s'il ne cite pas P Laurent ou C Autain, il parle du Front de gauche, ce que certains oublient de faire.

  38. Vincent dit :

    Ce ne sont pas les langues régionales qui vont acquérir un statut officiel en France, mais bel et bien l'Anglais, la langue de la Commission européenne, de ces agences techniques qui réglementent tout, et du Tafta.
    Le Français est l'unique langue officielle en France et doit le rester.

  39. Vassivière dit :

    @Pierre Pifpoche
    C'est un reproche qu'il faut plutôt adresser à Laurent et Autain qui n'ont pas daigné répondre aux propositions de JL. Mélenchon pour l'élargissement du FdG. L'un et l'autre semblent gênés par l'envergure de JL. Mélenchon, ce qui se comprend, et préfèrent continuer de "faire" de la politique comme papa, à coup d'accords au sommet, de tractations électorales et, il faut bien se l'avouer d'opérations "tout sauf Mélenchon" un peu pathétiques. Pendant ce temps le compte à rebours continue tic tac, tic tac.

  40. luz11 dit :

    L'analyse sur la Grèce me convient très bien. Tous les partis de réclamant de la vraie gauche ne pourraient-ils pas organiser une manifestation nationale pour le soutien à la Grèce.
    Si elle perd nous perdrons aussi!

  41. step dit :

    Bonjour Mr Mélenchon.
    J'aurai bien lu votre livre "le hareng de Bismark" mais étant gros lecteur et vivant dans un petit appartement, je le recherchais en format numérique.... que j'ai trouvé... avec un magnifique DRM dessus (Adobe). Je ne pense pas que vous soyez pour ces limitations très "nord-américaines" à l'usage, ni contre l'usage du livre dans le cadre familial pour en répandre les idées. Pourtant c'est ce que ne permet pas ce système de (restrictions de) droit, par rapport à la version papier. Le savoir est quelque chose qui se multiplie en le partageant. Tout en respectant la viabilité (pour les gens dont vous qui ont fait ce livre) économique de la production, j'attire votre attention sur une autre solution. Le waterprinting. En gros est tatoué (invisiblement) le nom de l'acquéreur sur le livre numérique. Pas de logiciel validant les usages via internet auprès de multinationales, de limites de stockage, de logiciel pour les lire. Par contre si votre livre se retrouvait diffusé illégalement sur internet, la possibilité de tirer les oreilles du malotru en lisant le tatouage. De grosses diffusions (Harry Potter) ont choisi cette technologie. Pourquoi...

  42. furby dit :

    Comment souhaiter une large participation pour une nouvelle constituante (M6R) sans tenir compte des langues régionales ? Je n'approuve pas la position de Jean-luc Mélenchon sur ce thème. Le Breton pour ce qui me concerne est la langue de mes grands-parents qui ne parlaient pas un mot de français. Je découvre avec horreur qu'à nouveau ce thème est récupéré par le Mouvement identitaire breton qui n'hésite pas à publier sur leur blog "la nécessité" de bouter hors de France tous les immigrés qui accostent sur les pays frontaliers européens, voire les tuer. A nouveau, la langue bretonne est captée par l'extrémisme. La langue n'est pas qu'une histoire de mots. Elle est aussi la manière dont les peuples s'approprient l'expression des faits des sentiments et la manière de dire tout cela. Ce qui vous en conviendrez est une certaine sorte d'intimité. Nous resterons Français parce que nous avons choisi la République mais ne nous demandez pas d'oublier Mam Goz.

  43. Muyldermans dit :

    L’Union européenne prise à son propre piège grec
    Pourquoi ne parlerions-nous pas désormais de mouvement libéral radical ? Puisque ce qualificatif est souvent utilisé pour tout mouvement d’opposition, utilisons-le pour tout mouvement "néo" libéral !

  44. Nicks dit :

    @furby
    Si la thématique des langues régionales est reprise par l'extrême droite, c'est parce qu'elle relève d'une vision communautariste, ethniciste, de la société. C'est une approche anti-républicaine, éloigné du projet politique porté par le Français comme langue administrative unique. S'il s'est imposé sans grosse difficulté, c'est précisément parce qu'il permettait l'émancipation et l'égalité devant la loi. C'est le projet politique qui a fait l'adhésion au Français. Le repli identitaire que j'observe à propos des langues régionales est la négation de la République que nous a donné la Révolution. Si le chantier, notamment celui de 1793, mérite d'être repris et amélioré, ce n'est pas en régressant que nous améliorons la situation des forces de progrès dans ce pays.

  45. CJ7556 dit :

    Quand j'étais enfant (je suis septuagénaire aujourd'hui), j'entendais ma mère et ma grand-mère parler breton entre elles (région de Plouay - Guémenée). Elles ne comprenaient pas le breton "unifié" parlé à la radio. Du coté paternel (région de Vannes), c'était pire encore. Que dire de tous les bretons de Haute Bretagne (Rennes et Nantes) dont les anciens parlaient gallo, une (belle) langue romane et qui voient aujourd'hui fleurir des panneaux routiers bilingue français/breton unifié dans leurs villes et villages ! Ce n'est hélas pas que de la cuistrerie. Le breton unifié est une langue de convenance créée dans de drôles de circonstances. Aujourd'hui aussi, tout est bon pour détruire la France.

  46. Fulgence dit :

    Chaque langue est un univers, une culture, une vision du monde, elle a une histoire, celle de nos racines. C'est le cas du français pour nous tous et il faut lutter pour que son enseignement ne soit plus bradé comme il l'est actuellement, générant les pires inégalités sociales dans l'accès au savoir, à l'emploi, à la culture, à l'enrichissement personnel. C'est la priorité. Parallèlement il est indispensable pour la richesse et la diversité de la nation que les jeunes de nos provinces qui le désirent puissent découvrir les idiomes parlés par leurs aïeux et leur culture orale, poètique, musicale... La langue française demeurant la langue officielle courante partagée par tous sur le territoire de la République à l'exclusion de toute autre.

  47. Connolly dit :

    @ Furby (42)
    "Je découvre avec horreur qu'à nouveau ce thème est récupéré par le Mouvement identitaire breton"

    Le mouvement linguistique en Bretagne est essentiellement porté par des gens de gauche. Les identitaires d'extrême droite ne sont qu'une poignée sans influence réelle.

  48. Patrice22 dit :

    Je ne vois pas en quoi le droit d'utiliser sa langue régionale dans la région concernée serait un "droit collectif" contraire à l'égalité. Ca me semble au contraire un droit citoyen. Ce droit n'étant sans doute utilisé que par les citoyens qui parlent la langue de la région, mais ce n'est pas pour ça que c'est contraire à l'égalité. Pas plus que d'avoir la chance d'habiter près de la mer ou à la montagne n'est contraire à l'égalité républicaine envers ceux qui n'y habitent pas.

  49. Guy-Yves Ganier d'Émilion dit :

    @ Patrice22 (48)
    La question n'est pas celle du droit du citoyen à utiliser une langue (que personne ne songerait à contester), mais celle de l'assignation arbitraire d'une langue légale à une résidence administrative. Il n'y a aucun rapport naturel entre le fait d'habiter quelque part (contingence) et le fait de parler une langue (pratique humaine). En attachant la légalité linguistique à une localisation géographique au sein du territoire national, le législateur séparera les citoyens selon des principes ethnicistes qui posent des questions fondamentales à la République. Sur quelles règles déterminera-t-il les limites géographiques des aires linguistiques formant juridiction ? Quelle superposition ou interpénétration admettra-t-il avec d'autres limites administratives ? Quel sort réservera-t-il aux zones enclavées, où une langue est minoritaire dans la langue minoritaire? Tout habitant de l'aire concernée aura-t-il droit à la "nationalité régionale" lui permettant d'utiliser la langue, ou devra-t-il remplir des critères particuliers: naissance sur place, test linguistique ? etc.

  50. dumas catherine dit :

    Et voici le retour d'Astérix et Obélix. Rebelles gaulois tombés pour l'un dans un tonneau de potion magique ! Allons nous sortir de ce chauvinisme ? Est ce que nos constituant sont différent de l'un à l'autre ? Même si nous savourons des mets différents dans chaque régions le résultat est le même, nous nous alimentons. C'est même délicieux de partager une autre nourriture ailleurs.
    Quant à monsieur Hulot quand il se déplace trois fois par mois dans des pays différent est ce qu'il prend son vélo pour ne pas polluer avec son avion ? C'est une nouvelle question que nous les pauvres sans dents illettrés fainéant nous nous posons, à nous bientôt il nous faudra une belle paire de sabots pour marcher sans nos pauvres voitures en fin de vie.


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