21oct 12
Je suis de retour. Mais lundi je reprends ma valise. Pour Strasbourg. J’ai déjà trop écrit. Mais je vous rappelle le nouveau mode d’emploi de mes posts. Ils sont présentés en plusieurs morceaux avec un titre à la « une ». Quand vous cliquez dans un titre le texte apparaît, et le reste des autres textes à la file. Donc, vous n’êtes pas obligés de tout lire. Et c’est vous qui composez l’ordre de mon texte global. Ce n’est pas tout. Certains morceaux disparaissent quand j’en ai besoin et sont remplacés quand d’autres sont maintenus. Vous suivez ? En fait ça c’est la théorie. Depuis le nouveau système, tous les morceaux changent en même temps. J’ai encore des réglages à faire, je crois bien. Dans ce post au fil des notes, il y a ce qui fait la fin de mon carnet de voyage, un rebond de ma critique des médias à propos de l’Amérique du sud et quelque chose sur l’actualité industrielle qui m’ulcère le plus : les supposés canards boîteux que méprise cette girouette à gages de Jouyet. Et pour conclure cet apéritif, je me contente de vous renvoyer sur le communiqué que j’ai fait à propos de l’occupation de la mosquée de Poitiers.
Pepe Mujica vous pose une question
D’accord j’ai rencontré Carlos Liscano en Uruguay, ce jour-là à Montévidéo. Mais j’ai aussi rencontré le président de la République de l’Uruguay, son ministre des affaires étrangères, le ministre de l’éducation nationale, la présidente du « Frente Amplio », quelques hommes et femmes clefs du système « frentéamplista » du présent et du futur. Plus quelques vétérans de plus du combat Tupamaros des années de la dictature. Et aussi des anciens exilés, mes très chers amis du passé, qui, pour au moins un couple, habitaient ma ville en Essonne.
Ces deux-là m’avaient appris à l’époque que le « Frente Amplio » existait sous l’impulsion alors du général de gauche Liber Seregni. Car le Front est très marqué par son époque. Il est né en 1971. Il a quarante ans maintenant. « Pour la première fois à présent tu peux dire que nous sommes devenus une tradition » m’a dit José Bayardi Lozano député et homme d’influence de la nouvelle présidente du Frente Amplio. « Il y a quarante ans 80% des gens naissaient dans une famille du parti Blanco ou du Colorado et maintenant c’est le cas pour nous ». Le Frente inclut de la démocratie chrétienne aux trotskistes. Un autre contexte, une autre époque. Mais l’art de faire vivre ensemble des gens différents intéresse le Front de Gauche.
Donc l’après-midi du mardi on m’avait annoncé que le projet de rencontrer le président Mujica, « Pepe », était annulé. J’étais bien déçu de la chose comme on le devine, quoique ma visite soit dédiée au Frente Amplio. Mais je ne bougeais pas une oreille, sentant d’instinct que des remuements étaient à l’œuvre qui me dépassaient. Comme ce que j’ai vécu en Argentine. Le niveau très élevé et si ostensible des rencontres que j’ai eu à Buenos Aires signalent des arbitrages politiques. Mujica, je l’ai déjà rencontré quand il était ministre de l’agriculture. Et sa femme aussi qui est une militante absolument extraordinaire. C’est Lucia. Sénatrice la mieux élue du pays. Et tupamaro elle aussi, avant. Bientôt le rendez-vous annulé était tout simplement reporté à l’après-midi, conjointement à celui que m’avait offert le ministre des affaires étrangères. Hurrah ! J’étais ravi. Aujourd’hui qui rencontre Mujica apprend tellement. C’est un homme un peu fort, âgé de 77 ans, d’un calme olympien éclairé d’un sourire narquois qui fleurit vite dans la conversation. Je crois que Mujica est en dedans de lui, comme on le dirait d’un escargot, ce qui veut dire qu’il ne sort pas à la commande mais seulement quand cela lui paraît opportun. C’est cette liberté-là qui surprend. On dit qu’il est imprévisible dans son contact aux autres mais je n’ai jamais eu l’impression, les deux fois que je l’ai rencontré, et cette fois surtout, qu’il agisse autrement que par précaution avec ses interlocuteurs. Maintenant il est le président de la République. Le jour de son élection, mes amis Raquel Garrido et Alexis Corbière étaient sur place. Une délégation de camarades, de Voto et le Lalo dont j’ai parlé depuis qu’il m’a accompagné à Buenos Aires, aussi étaient allés finir la campagne électorale avec les frentéamplistes. Pepe les avait tous reçus, sans façon. Il est comme ça. Tous les jours. Il vit dans sa ferme aux portes de la cité.
Pepe s’est blessé l’autre fois en aidant un voisin à reclouer des pans de tôles qui s’étaient envolés avec la tempête. Il donne sa paie à des ONG. Il enchanterait Paul Ariès et ma camarade Corinne Morel Darleux, auxquels je pensais tandis qu’il m’expliquait : « Il ne faut pas perdre sa vie à accumuler. C’est le besoin d’accumuler qui déforme l’intelligence des gens intelligents. Cette civilisation est une tromperie elle fait croire qu’on pourra continuer sans cesse à accumuler et ce n’est pas vrai et elle fait croire que chacun pourra consommer autant qu’il veut et ce n’est pas vrai non plus. Tout ça va sur une limite. Moi je serai mort je ne le verrai pas. Mais toi tu ferais bien de t’en soucier parce que tu vas devoir t’en occuper. » Et ensuite on a parlé de l’Europe. Et de nous les français. Et aussi d’eux dans leur contexte, petit pays voisin de géants. Ici à Montévidéo, comme à Buenos Aires, ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi nous faisons tout ce qui n’a pas marché chez eux. Il dit que la décade des politiques d’ajustements en Amérique du sud a été une décade perdue et si cruelle. 37 % de la population avait sombré dans la pauvreté. Pourquoi recommençons-nous ça ? « Le seul animal qui se laisse frapper deux fois par la même pierre c’est l’homme » soupire-t-il. « Rappelle-toi que c’est l’unité la clef de tout pour la gauche. Sinon c’est la droite tout le temps qui gagne » « Et comment je vais faire ça, Pepe, tu as vu ce que font les sociaux-démocrates en Europe ? » « Oui, je sais. Débrouille-toi. Il faut unir autour de nous sinon ça ne marchera jamais ». Je ne réplique pas. Mais ça me brûle les lèvres : « Oui mais tu viens de dénoncer que le seul animal qui se fait taper deux fois avec la même pierre c’est l’homme, non ? » Je me souviens de Chavez expliquant : « Le peuple a deux joues et chacun lui mettait une gifle à tour de rôle. Une fois la droite, une fois les sociaux-démocrates. Et maintenant il dit : assez de gifles ! »
Mujica dit que l’Europe ne comprend pas son intérêt dans l’Amérique du sud. Et de toute façon, lui sait bien que le ralentissement européen va les atteindre car leurs clients Brésiliens et Chinois vont être ralentis eux aussi à cause de l’Europe. Mais ce qui m’a frappé est sa façon de parler des voisins Brésiliens. Jusque-là on le savait porté à vouloir rompre avec le tropisme européen étouffant de la tradition uruguayenne. On le voyait donc tourné vers ses voisins Argentins et Brésiliens. Avec un grand penchant pour le Brésil. Cette fois-ci il dit que le Brésil va s’envoler. Ça ne lui plaît pas. Il dit que le problème ce serait de remplacer un empire par un autre. Ça ne le refroidit pas par rapport à son voisin. Au contraire. Mieux vaut vivre auprès d’un voisin riche et puissant qui achète, plutôt qu’ailleurs. Mais il dit les choses comme un homme lucide. Les petits pays vivent avec les grands, comment pourrait-il en être autrement ? Mais ils doivent toujours protéger la distance qui leur permet de rester souverains.
Il y a cinq ans déjà, j’avais été si heureux de rencontrer Lucia et Pepe. Et de le voir lui et de l’entendre. Vous allez voir pourquoi. Pepe Mujica est un ancien Tupamaro. De choc. J’ai raconté ça il y a cinq ans et cela doit se retrouver dans mon blog. Pepe a encore trois balles dans le corps sur les dix qu’il a pris. Les militaires l’ont attrapé et mis en prison quatorze ans. En prison c’est une façon de dire. Lui et neuf autres camarades ont été considérés comme des otages à fusiller en cas de représailles. Et maintenant voici le plus dur à entendre. Les militaires ont mis Pepe et les autres chacun dans un puits. Donc ils avaient de l’eau aux genoux, et même au-delà, la moitié du temps chaque fois que le niveau du fleuve, vers la mer, montait. C’est-à-dire la moitié du temps. Pepe a passé la moitié du temps de prison dans l’eau. Au secret, sans visite, sans livre, sans rien jamais à part le puits ou la cellule. Dans ces conditions trois camarades sont devenus fous. Je suppose que Pepe a trouvé le truc pour survivre dans sa tête. Et il ne faut s’étonner de le voir si maître de lui-même et de ses relations aux autres et si avides de petits plaisirs qui sont d’autant plus vifs qu’ils sont simples.
Les canards boîteux ont aussi des ailes
Pendant que Montebourg se déguise à la une du « Parisien Magazine » pour défendre les marinières et les cafetières, les vrais décideurs gouvernementaux, affichent avec morgue leurs préjugés contre les supposés « canards boîteux » de la sidérurgie et du raffinage. A Florange, Pétroplus et ailleurs comme sur le dossier pourtant hautement stratégique du projet dangereux de fusion entre EADS-Airbus et la compagnie anglo-nord-américaine BAE, quelle débâcle ! Démonstration.
Pétroplus est liquidé. Le tribunal de commerce de Rouen en a décidé ainsi. La raffinerie emploie 470 personnes. Si on ajoute les emplois indirects, ce sont plusieurs milliers de salariés qui seront frappés. Le tribunal de commerce a rejeté les deux offres de reprises qui lui étaient proposées. Pourquoi ? Parce qu’elle n’offrait pas toutes les garanties de pouvoir durer ! Quelle absurdité ! Que risquait-il à donner une chance à un repreneur ? Rien. Cette décision est révoltante. Depuis des mois, les salariés de la raffinerie ont remué ciel et terre pour remettre en activité la raffinerie et la faire tourner. Dans ce genre d'industrie, mieux vaut éviter les arrêts prolongés. C'est pour cela que les salariés se sont battus. En relançant et en entretenant l'outil de travail, ils facilitaient une reprise de l'activité. Ils montraient aussi leur compétence et leur dévouement. Grâce à leurs efforts, deux propositions de reprises avaient été faites. Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC avait même fait savoir au tribunal de commerce que « l'intersyndicale soutient la proposition Net Oil ». Pourquoi le tribunal de commerce n'a-t-il pas retenu cette solution qui rassemblait un investisseur et les salariés ? Bien sûr, le tribunal de commerce a laissé quelques jours de répit en permettant la poursuite de l'activité jusqu'au 5 novembre. La société Net Oil a annoncé, dans un communiqué commun avec l'intersyndicale, qu'elle allait redéposer une offre le 5 novembre, avec de nouveaux partenaires. A priori, l'autre investisseur va aussi déposer une nouvelle offre. Il faut que l'une des deux aboutisse.
En réalité, cette décision ne profite qu'à Total qui veut faire mourir à petit feu le raffinage français. Cela lui permet d'accroître la rentabilité de sa méga-raffinerie construite en Arabie Saoudite. Là-bas, Total profite d'un droit fiscal, social et écologique beaucoup plus favorable aux yeux des actionnaires. Et Total peut ainsi importer en France du pétrole raffiné à bas coûts écologiques et sociaux. C'est déjà cette logique qui a poussé Total à fermer la raffinerie des Flandres à Dunkerque. C'est la même logique qui voit Total faire tout ce qui lui est possible pour empêcher la poursuite d'une activité dans la raffinerie concurrente Pétroplus. Le gouvernement laisse faire. Pourtant le raffinage est une industrie stratégique pour la France. Nous sommes actuellement contraints d'importer des produits pétroliers raffinés. Le nouveau gouvernement a-t-il entendu parler des problèmes que poserait éventuellement tel ou tel pays sur nos lignes d’approvisionnement si les tensions internationales actuelles s’aggravaient ? En toute hypothèse, ceux qui font des grandes phrases sur le déficit du commerce extérieur devraient donc soutenir la défense de cette industrie française. Enfin il s’agit d’une industrie décisive si nous voulons réussir la planification écologique. J'ai eu plusieurs fois l'occasion de dire qu'il était possible de créer une coopération entre Pétroplus et la papeterie M'Real situé à quelques dizaines de kilomètres. Ainsi, la raffinerie pourrait raffiner les déchets de bois et pas seulement du pétrole. Le gouvernement Ayrault doit donc empêcher la liquidation de Pétroplus par tous les moyens.
Pétroplus, pas plus que Florange, n'est un "canard boîteux". Quelle drôle d’image. C’est celle qu’avait choisi à l’époque Raymond Barre, alors premier ministre de Giscard d’Estaing. Pourtant c’est celle qu'a utilisé le nouveau président de la Banque Publique d'Investissement à propos de Florange. Comme le dit le CFDT d’ Arcelor-Mittal Florange, « le canard boiteux est à la tête de la Banque publique d'investissement ». En effet, Jean-Pierre Jouyet déclare dans Le Monde du 20 octobre que la BPI est « une banque pour l'avenir. En répondant aux impératifs de développement économique et technologique, de compétitivité industrielle et de transition énergétique, la BPI contribuera à la croissance de demain, dans la droite ligne de la Conférence environnementale ». Mais monsieur « tourne sa chemise » n’a pas l’air de savoir non plus que les fours de Florange font l’objet d’un projet écologique que l’Europe est disposée à financer. S'il est si soucieux de la transition écologique et de l'avenir, il devrait donc encourager la poursuite des activités de Florange et Pétroplus. Dans les deux cas, moyennant des investissements publics, la France peut s'engager dans la voie d'une planification écologique, moderniser son industrie et conserver ses emplois et les savoir-faire. Au lieu de ça, Jouyet accuse Florange d'être un « canard boîteux » au moment même où le gouvernement est censé chercher un repreneur pour le site. Au-delà de leur caractère faux et blessant, Jouyet a-t-il seulement conscience des conséquences que peut avoir son propos sur l'avenir de ce site et de ces salariés ?
Jean-Pierre Jouyet ne connaît rien à l'industrie. Jusqu'en juillet dernier, il dirigeait l'Autorité des marchés financiers. Chacun a pu apprécier ses efforts pour réguler la finance et défendre la production contre la spéculation. Il ne doit sa nomination à la tête de la Caisse des Dépôts en juillet, et désormais de la BPI, qu'à sa très grande proximité avec Hollande. Jouyet est particulièrement malfaisant. On doit s’en méfier par principe. C'est un « joue contre son camp » professionnel. On se souvient en 2007 qu'il avait trahi le PS en acceptant un ministère sous Sarkozy. Une fois nommé Ministre délégué aux affaires européennes, c'est lui qui avait piloté la trahison du vote de 2005 en négociant le traité de Lisbonne. Voilà à qui François Hollande a confié les rênes des deux plus grands organismes publics d'investissement. Cet homme n'a que faire du capital public. Dans Le Monde, il annonce déjà sa volonté de vendre les actions que l'Etat français possède dans les grandes entreprises au titre du Fonds stratégique d'investissement. Lesquelles ? Quick par exemple ? Ce FSI sera rattaché à la Banque publique d'investissement et dépendra donc de Jouyet. Et Jouyet prévient : « La BPI ne devra pas s'interdire de vendre les participations dans les grands groupes qui n'auraient pas besoin de son soutien, pour accroître ses moyens d'action ». Voilà qui commence bien mal ! C’est même du n'importe quoi ! Tout d'abord, comme son nom l'indique, le Fonds stratégique d'investissement réalise des investissements "stratégiques". Dès lors, il aurait toute sa place au capital d'entreprises dans les industries de pointe, de Défense, ou à fort enjeu écologique, dans les transports ou l'énergie par exemple. Ensuite, si on veut vraiment soutenir les PME, il faut dégager de nouveaux moyens financiers par la création d'un pôle financier public. Au lieu de cela, la Banque publique d'investissement de Hollande se contente essentiellement de regrouper des moyens existants. Créée d’après les conseils d'une banque d'affaires privée, dirigée par un ancien responsable financier d'une grande entreprise privée et présidée par un ancien Sarkozyste, on peut craindre que cette BPI ne réponde pas aux besoins de l'industrie française. Celui-ci est pourtant clair : changer de logique !
Peut-être vous souvenez vous que j’ai tiré la sonnette d’alarme sur ce blog à propos du projet de fusion entre EADS et BAE. Il y avait très peu de commentaires dans la presse sur ce sujet pourtant vital pour notre industrie. Et encore plus pour notre indépendance. Mais ce projet n’a jamais été traité que sous son angle commercial et financier et jamais dans sa dimension stratégique et politique. Il a d’ailleurs été annoncé dans l’indifférence du gouvernement, alors que l’Etat français est un des principaux actionnaires d’EADS. Pourtant le projet portait un penchant beaucoup plus transatlantique qu’européen. Car le britannique BAE est d’ores et déjà un groupe fortement intégré au complexe militaro-industriel états-unien. Il possède des filiales aux USA. Et il participe directement au développement du nouvel avion de combat des USA, le F35, qui a vocation à remplacer le F16, l’avion militaire le plus vendu de l’histoire. Cela isolerait un peu plus le programme français Rafale en Europe. Pour ce qui est de l’industrie de défense, cette fusion enterrerait donc toute velléité d’indépendance européenne face aux USA. Quant à l’aéronautique civile, BAE n’y a pas laissé de bons souvenirs. Lors de la constitution d’EADS en 1998, BAE avait en effet fait l’acquisition de 20 % dans Airbus après avoir renoncé à intégrer EADS en tant que tel. Avant de se débarrasser de cette participation en 2006, contribuant directement aux difficultés financières d’Airbus. Fort heureusement le projet a capoté. Mais du fait des français. Le nouveau gouvernement s’en est absolument désintéressé. Le ministre du développement productif regardait ailleurs. Il faut dire que c’est une tradition en la matière que cet abandon. Sous le gouvernement Jospin, l’indépassable Dominique Strauss-Kahn avait accepté que l’état abandonne ses droits de vote et confie la gestion de sa participation de 15 % dans l’entreprise au sieur Lagardère. Et ça parce que les Allemands avaient hurlé au loup contre la présence de l’Etat. Lesquels Allemands semblent avoir changé leur fusil d’épaule et veulent à présent acheter à partir de la banque publique KFM les parts que possède l’entreprise Daimler. Cette fois-ci encore l’Etat est resté sans voix devant ce qui se tramait. François Hollande a pris son air des grands jours pour déclarer que tout ce nouveau Monopoly avec les Anglos-saxons relevait de « la décision des entreprises concernées ». On ne peut dire pire bêtise sur l’affaire. En tout cas s’il n’avait fallu que compter sur Hollande, les britanniques auraient pu se frotter les mains. En effet avec la fusion, ils auraient disposé de 40 % des parts de la nouvelle société alors qu’EADS aurait représenté 70 % du chiffre d’affaire et 90 % du carnet de commande ! En réalité personne n’a dû lui dire, pas davantage qu’à ce pauvre Ayrault, qui est censé s’en soucier, ni à ce malheureux Montebourg qui est chargé de s’en occuper que sur ce dossier se jouait l’avenir de notre avenir industriel et un bon morceau de l’industrie aéronautique. Voici une idée pour eux, en supposant qu’ils s’intéressent à quelque chose de l’aéronautique. Puisque l’Etat espagnol va entrer au capital et puisque l’Etat allemand va augmenter sa participation pourquoi ne pas racheter ses part à monsieur Lagardère qui dit vouloir s’en aller depuis longtemps. Un groupe public français à 50,45 % est à portée de main. Qu’en dis le sieur Jouyet ? Canard boîteux, investissement stratégique ? Dire que ce sont de tels personnages qui président à nos destins ! En fait, le nouveau président se révèlent tout à fait « normal » pour un gouvernement de l’Europe actuelle : sans ambition ni vue générale, abandonné aux arguties des prétendus experts et aux vautours qui les accompagnent.
L'Amérique du sud, la presse…
« Le Monde » et moi et moi
Aller en Argentine ou en Uruguay n’est pas aussi « porteur », comme me l’a dit un journaliste, que mes vacances avec Chavez au camping de Caracas. L’AFP a pourtant parfaitement bien fait son travail sur place. Trois dépêches. « Le Parisien » et « Nouvel Observateur » ont jeté un œil sur mon séjour. Et « Arrêt sur images » aussi !
Et, coïncidence, Marianne qui titre « Vénézuela. La vérité sur le pays rêvé de Mélenchon ».
Pas même une brève dans la presse « de référence » qui s’était pourtant répandue sur mes « vacances » au Vénézuela. Je n’ai pas de regrets. Qu’aurais-je pu lire aujourd’hui? Un épisode supplémentaire du naufrage de la rubrique latino du grand journal : les habituels commentaires haineux que publie dans « le Monde » le « journaliste » Paranagua. Quelle étrange histoire que la prise de pouvoir permanente de ce personnage partout où il passe. Etrange, tout le temps. Comme lorsqu’il était le dirigeant fondateur de la non moins étrange « fraction rouge », à la « gauche » de « l’armée révolutionnaire du peuple », avant de commencer une série de changements de nom de son organisation où tout le monde se faisait enlever au fur et à mesure par la dictature. Une fraction d’abord composée d’une dizaine de brésiliens comme lui. Ils venaient faire la guérilla urbaine en Argentine plutôt qu’avec leurs camarades dans leur propre pays. Comme on me l’a raconté sur place, il revendiqua sous le nom de « comandante Saul », trente attentats en 1972, avant, paraît-il, de bénéficier, selon son nouvel employeur, d’un non-lieu et de sortir de prison en 1977. Le médiateur s’est-il rendu compte en écrivant son papier qu’en 1977 c’était encore la dictature militaire ? Un non-lieu et une sortie de prison en pleine dictature militaire ! C’est ce qu’il faudra qu’il nous raconte, car c’est dans tous les sens du terme, un cas unique. Mais cette faveur militaire n’empêche pas le « comandante Saul » de « dormir tranquille », comme il l’a déclaré au médiateur qui prend sa défense en publiant cette phrase sans savoir peut-être « le poids des mots » comme dit Gilles Paris, qui est ici le poids des morts. Car ils en disent long sur un homme dont tous les militants dont il était le chef sont morts ! Pour ne citer qu’eux parmi les nombreuses victimes qui le touchent de près. Bon, c’est une longue histoire. Il y a tant à raconter. Je suis sûr que beaucoup au journal n’en savent pas tant que ça. En tous cas les rescapés du camp Vésuvio qui se réunissaient ces jours-ci en Argentine n’ont pas rien oublié. Et j’y ai beaucoup d’amis, « comandante Saul » ! Quoiqu’il en soit, sans bien sûr mentionner mon insignifiante présence, « Le Monde » du 17 octobre s’intéresse à l’Amérique du sud et même à l’Uruguay. Sur quels sujets ?
Pour l’Uruguay, c’est un sujet hors sol. Un « commentaire » sur le débat qui commence en Uruguay à propos d’une prochaine loi sur la légalisation du cannabis. Je ne dis pas que ce ne soit pas intéressant. Même si je vois bien que son principal objectif est de nous édifier en montrant que le Frente Amplio est divisée sur le thème et que le président de la République est en perte de vitesse « dans un récent sondage ». Au moins vous saurez où doit aller votre indignation ! Décidément cette rubrique Amérique latine est en perdition au journal « Le Monde ». Car d’un quotidien de référence ne doit-on pas aussi attendre de l’information, notamment celle du jour ? Cette semaine l’information était spectaculairement ailleurs dans l’Amérique latine réelle qui n’est pas celle des règlements de compte personnels du « comandante Saul » .
Dans votre journal de référence, vous auriez du pouvoir lire un article sur le vote, mercredi de cette semaine, au parlement argentin de la loi qui donne le droit de vote à partir de seize ans. Une loi à l’initiative de nos amis. Et qu’une bonne partie de la réaction de droite et social-démocrate ont également votée. C’est banal le droit de vote à seize ans pour un grand journal de référence ? Vous auriez pu entendre parler de la loi de libération des médias qui va entrer en application le 7 décembre prochain en dépit de l’obstruction qui continue de la part du méga groupe de presse « Clarin ». Un débat terrible se mène à ce sujet tous les jours dans les médias argentins. Mais on peut comprendre que le corporatisme patronal et professionnel interdise qu’il en soit question ici. Surtout quand le syndicat de la presse patronal des Amériques dénonce la loi encore le lundi de cette semaine. Pourtant, un sujet irrévérencieux aurait pu être de savoir pourquoi le rapporteur des Nations Unies sur la liberté de la presse trouve cette loi exemplaire et déclare, qu’elle devrait être appliquée partout ailleurs. Et surtout qu’il soit venu le dire sur place, le jeudi de cette semaine, en Argentine. Et cela au moment même où une arrogante délégation des patrons de presse américain prétend demander des comptes au gouvernement de Kirchner au nom de la défense de la liberté de la presse ! Mais je pourrais dire aussi qu’un bon sujet aurait dû être d’informer de la saisie, dimanche de cette semaine, d’une goélette de la marine nationale argentine par le tribunal de commerce du Ghana, à la requête d’un fond de spéculation, comme je vous en ai informé. Car c’est un fait sans précèdent dans l’histoire maritime ! Mais qu’est-ce, pour « comandante Saul » que 400 marins militaires, quarante invités, pris en otage avec leur bateau contre le droit international et qui ne dénoncent même pas Fidel Castro, Hugo Chavez ou Cristina Kirchner? Qu’est-ce que la démission d’un chef d’Etat-major général des armées, ce mercredi, le deuxième de l’année, dans un pays qui a vécu quatorze ans sous dictature militaire qui, certes, déclarait, paraît-il, un non-lieu pour un certain futur journaliste toujours reconnaissant. Pourtant le piquant du sujet, d’un point de vue journalistique, n’aurait-ce pas été alors de faire le parallèle entre la situation de cette goélette avec une autre décision inattendue, prise en Suisse ce mercredi même sur le même sujet ? Si l’information factuelle intéressait encore la rubrique latino du « Monde » voici ce que vous auriez appris. La cour constitutionnelle suisse a confirmé le rejet de la demande de saisie que le fond de spéculation réclamait sur les dépôts argentins dans ce pays. En espagnol les fonds de spéculation sont nommés « Fondos buitres » ce qui signifie : fond charognard. Les charognards ont marqué un point au Ghana et l’Argentine un point en Suisse. Le match continue.
Mais ce jour-là le directeur de la rubrique Amérique latine du « Monde» donne la priorité au futur débat sur le cannabis en Uruguay. Et lui-même s’excite deux pages avant pour ironiser sur la suppression du visa de sortie de Cuba. Quelques jours auparavant il avait régalé les lecteurs sur un accident de voiture. Une prose indigne. Mais la cause valait la peine pour les anticastristes pavloviens. Car c’est un jeune dirigeant de la droite espagnole qui conduisait la voiture qui a tué ses deux passagers, deux dissidents professionnels à qui étaient peut-être destinés les paquets de dollars retrouvée dans sa valise. « Comandante Saul », sous sa casquette de journaliste n’aurait-il pas dû mentionner que ce garçon conduisait comme un dément pour avoir déjà traversé l’ile à 120 à l’heure, ce qui est un exploit inquiétant compte tenu de l’état des routes ? N’aurait-il pu signaler qu’il venait de se faire retirer son permis de conduire dans son propre pays ? Paulo Paranagua et « Le Monde » n’auront jamais donné ces informations à leurs lecteurs quand bien même elles semblent avoir leur importance à propos d’un accident de voiture. Il préfère colporter des ragots sur un complot des autorités, totalement farfelu, jamais ni confirmé ni même évoqué par la conférence des ambassadeurs des pays de l’Union européenne qui s’est réunie sur le sujet depuis le premier jour. Il est vrai que comme la chose était jugée ce mardi dernier et que « comandante Saul » avait déjà écrit trois papiers sur le sujet, il y avait un souci de suivi de l’actualité qui compte à ses yeux. Chacun ses priorités et ses cibles, certes. Mais quand on achète « Le Monde » n’a-t-on pas aussi le droit de savoir ce qui se passe et que ne racontent pas les médias audiovisuels ? Est-on voué à consommer pour tout potage de l’anticastrisme entre deux plats épicés de démolition des gouvernements de la gauche latino actuelle ?
Mais puisque que l’auguste référence parle de l’Uruguay, apprenons lui que le fait du moment, ce n’est ni le cannabis ni les sondages du président Mujica. En me lisant vous apprendrez ce que vous ne saurez pas par la rubrique que dirige le « comandante Saul » dans « Le Monde ». Un événement vient d’avoir lieu qui est de très grande portée. Pour la première fois dans le cône sud, un pays, l’Uruguay de Pepe Mujica et de son ami le romancier Carlos Liscano, vient d’abolir la pénalisation de l’avortement. Certes, tout le monde sur place n’en est pas totalement satisfait. Et moi non plus, pour être franc. Mais quelle immense et formidable percée ! C’est le premier pays latino qui établit cette liberté fondamentale après Cuba qui l’a fait déjà depuis longtemps. J’étais si heureux d’être là ce jour-là et de pouvoir, après le vote, embrasser sur les deux joues et féliciter mille fois ma camarade, présidente du Frente Amplio qui s’était exprimée juste avant à la tribune ! Encore une fois, à quoi bon avoir fait des concessions alors que seul un député de droite a voté pour finir avec nous. Quoi qu’il en soit il faut apprécier le fait dans toute sa portée. Car une loi ouvrant droit à l’avortement avait été adoptée sous la précédente mandature de gauche. Mais le président d’alors, le social-démocrate Tabaré Vasquez, y avait opposé son veto. Cela ne résume naturellement le bilan de celui-ci, remarquable en d’innombrables points. Reste que pour moi cette question du droit à l’avortement est l’angle mort du bilan des gouvernements de la nouvelle gauche latino. On peut le dire tranquillement car on ne risque pas de voir les chiens accourir pour ronger cet os de propagande ! En effet il mettrait bien davantage à mal leurs amis de droite et sociaux-démocrate locaux qui sont profondément infectés par les petites dents cruelles de l’Opus Dei, le seul vrai et puissant parti transversal de l’Amérique du sud avec la CIA. Se plaindre les obligerait à dire du bien de Cuba ! Comme disait mon bon camarade de la sidérurgie : « Ça leur arracherait la gueule » !
Les pressions de l’église et les convictions religieuses de nombreux dirigeants sont une insupportable limite. Le droit à l’avortement est un droit fondamental de la personne humaine. Pour ma part je ne discute, ne travaille d’aucune façon, ni ne soutien les sandinistes du Nicaragua pour cette raison. En effet ceux-ci ont accordé aux évêques qui l’exigeaient en toute charité, que l’avortement soit non seulement toujours pénalisé mais que les condamnations soient aussi appliquées en cas de viol et même si la vie de la mère a été considérée comme en danger. C’est le moment de rappeler, pour ceux qui nous chercherait noise, qu’aucun d’entre nous ne défend l’avortement mais la liberté d’y recourir. Et donc dans ces conditions la place des injonctions morale est toujours disponible pour les prosélytes qui veulent en convaincre. Et de même qu’aucun d’entre nous n’a l’intention d’obliger qui que ce soit à avorter, niant ainsi la liberté d’une femme de disposer de son corps nous ne permettons pas que d’autres prétendent en disposer pour lui imposer une grossesse non désirée.
Je ne finis pas sans un clin d’œil à Marianne. Le papier intitulé « la vérité sur le pays rêvé de Mélenchon » m’a bien amusé. Son auteur est Philippe Cohen, un vrai envoyé spécial qui a vraiment été sur place, lui. Il ose dire : « Depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir en 1998, le Vénézuéla subit une incroyable maltraitance médiatique internationale. Un vrai spécimen d’enfumage qui devrait être enseigné dans les écoles de journalisme : mépris des faits, absence de sources, jugements subjectifs. Les médias français même de gauche, hormis curieusement « le Figaro » sont incapables de regarder sans juger la réalité vénézuélienne. » Le papier décrit très précisément le mécanisme de l’enfumage. Puis il fait un tour d’horizon des succès et des problèmes en suspend. Quelque chose d’équilibré qui a du paraitre a sa rédaction de la propagande hystériquement pro communiste. Le papier a donc été garni d’une titraille et de photos légendées qui sont l’antithèse exacte de ce que raconte le journaliste et un montage particulièrement fielleux d’extrait de son texte pour lui faire dire le contraire. Un cas à enseigner dans les écoles de journalisme. Supposez un lecteur distrait (ça doit exister, non ?). Voici ce qu’il retient s’il se contente de lire les titres, les légendes des photos et phrases en exergue. Exemple : « Après quatorze ans de pouvoir Hugo Chavez bénéficie toujours d’un fort soutien populaire en raison de programme sociaux mis en place grâce à la rente pétrolière » « L’insécurité dernier angle mort de la politique chaviste. Le taux d’homicides est le plus élevé du monde : 70 pour cent mille habitants. » Bien sûr, cette légende mensongère est placée juste sous mon nom. Comprenez que cette insécurité me fait rêver… « Théodore Petkoff directeur du quotidien d’opposition « Tal cual » est déchaîné contre Chavez : « Il ment comme il respire » « pour Roberto Briceno-Leon spécialiste de la violence en Amérique latine « l’insécurité ne menace pas seulement la vie des gens mais aussi leur liberté » « Pour un détenteur de capital, ou même un entrepreneur il vaut mieux importer que produire. Un conseiller économique » « Les habitants se protègent comme ils peuvent contre l’insécurité. On estime à six millions les armes en circulation ». Et voilà : le tour est joué. Ajoutez encore pour avoir le tout Chavez sous une pluie diluvienne avec cette légende très clin d’œil ironique « El comandante » dans la tempête médiatique le 4 octobre à la veille de sa réélection » Bref, un cas d’école en effet ! Cohen a écrit pour rien. Ce qui était prévu c’était une saleté de plus et comme il ne l’a pas donnée, le secrétaire de rédaction a rectifié le tir tout seul comme un grand.
Liscano le magnifique
Ce jour-là, j’ai rencontré Carlos Liscano à Montevideo. Le romancier. Oui, l’admirable Carlos Liscano. Il m’a dédicacé un livre que j’ai dévoré le soir même. Ça s’appelle « souvenir de la guerre récente ». Liscano publie en français. Nous étions lui et moi les invités d’une réception que l’Ambassade de France m’a fait la grande faveur d’organiser. Sitôt qu’il m’eut offert son livre de la main à la main, je me suis jeté sur la quatrième de couverture. Et je lui ai dit avec gourmandise que c’était une formidable mise en appétit. Mais lui a fait un sourire et il a dit « oui mais ça ce n’est pas moi qui l’ai écrit ».
Bon, si ce n’est pas lui qui a écrit la page quatre, autant pour moi ! Mais il faut dire que pour les bouquins politiques on fait écrire cette page à l’auteur. Je croyais que c’était la même chose pour le roman. Je verrai bien le jour où je me mettrai au roman d’amour que j’écrirai un jour ou l’autre.
N’empêche : cette quatrième de couverture est décisive. La décision d’achat se prend si souvent sur ce coup d’œil ! Et même sur le look de la couverture. Tout compte dans un livre pour capturer le lecteur. C’est en regardant les couvertures que j’ai acheté mon premier roman de science-fiction. De mémoire « Abattoir numéro cinq » de Kurt Vonnegut. Un monument. Depuis je suis un ami de ce qu’il était convenu d’appeler « la littérature de gare ». Car dans mon milieu de jeunes intellectuels assez prétentieux on regardait de haut la science-fiction. En fait, on regardait de haut beaucoup de bonnes choses. Pourtant qui serais-je si je n’avais pas lu « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques » de K. Dick, qui a donné le film « Blade Runner » ? La couverture, mes amis ! Je remercie les faiseurs de couverture. C’est eux qui ont eu raison du mépris pour les romans policiers chez les petits messieurs de mon époque. Moi, je n’ai jamais marché dans les rangs. De cœur je suis spontanément libertaire. Bref, j’avais picoré Manchette. Aussi Agatha Christie qui est au polar ce que le tricycle est à la bicyclette : une étape dans le parcours du lecteur de polar. Puis quelques américains décoiffant. Je me suis fait accrocher par les quatrièmes pages. J’étais mûr pour le grand saut. Je me suis entiché de romans policiers pour de bon à partir du moment où je me suis mis à Arthur Upfield et à son indépassable flic aborigène, Napoléon Bonaparte. A cause du dessin de la couverture. Jamais je n’avais lu quelque chose qui m’ait emmené si loin ni fait sentir si fort un paysage. Pour finir j’ai lu six cent romans de science-fiction et sans doute autant de policiers. Dont tout Upfield, bien sûr. Mais pour de vrai, les auteurs latinos m’ont absorbé, juste après ma crise de Caldwell et son contraire en écriture qu’est Faulkner. J’ai dévoré, vous savez ? Tout ce que je trouvais. Je sais que vous savez de quoi je parle. Trois sujets comptent dans la vie privée. Nos amours, nos enfants, nos livres. En page quatre : nos repas et nos vins. Posséder de bonnes bouteilles est précieux. Posséder des livres est l’activité la plus ridicule qui soit. C’est lourd poussiéreux et encombrant. Et tout est disponible à la bibliothèque publique. Mais comment s’en empêcher ?
A parler vrai, je vais vous dire que je n’ai pas vraiment tant regardé la couverture de ces « souvenirs de la guerre récente », qui est très belle pourtant, parce que j’avais mieux. J’avais sous les yeux Carlos Liscano lui-même. Cet homme-là est d’une beauté suave qui vous captive et vous appelle séance tenante. C’est-à-dire qu’il a une manière de regarder, légèrement hésitante et puis très dense mais à la façon d’une main chaude qui serrerait la vôtre. Il se tient droit mais sans raideur. On voit alors son visage comme dans un cadre entre la barre de ses cheveux mi-longs. Peut-être me suis-je fais des idées. Mais je savais qu’il avait beaucoup été tapé par la dictature. Les rescapés ont souvent cet air-là. Bref, pas besoin de se laisser bluffer par la couverture du livre. Ainsi, avant la lecture, en le voyant, j’avais l’intuition du régal que provoque le reste du temps une quatrième page réussie. Je crois que cela ressemble aux symptômes de la passion amoureuse. Car le meilleur est le moment où l’on découvre un auteur. Homme ou femme c’est de même. Ah, quand on sent que ça va coller ! Que « ça va le faire », comme on dit. On se pourlèche. Combien y en a-t-il de publiés déjà ? On a une boule dans la gorge, non ? On sait que ça va durer des jours et des jours, après qu’on soit allé acheter d’un coup tout ce qui se vend de l’auteur. Puis on guettera les nouvelles parutions avec impatience. Dès fois, on se déprend. Je me suis dépris cette année de la Nothomb que je lisais de plus en plus mécaniquement, comme je le dirais d’une veille manie qui s’épuise. J’étais donc libre depuis quelque temps. J’ai lu mes petits camarades de parti qui écrivent beaucoup. Mais sans roman sur la table de chevet, la vie est vite sèche et pâle. Les souvenirs de la guerre récente de Carlos Liscano m’enthousiasment à partir de la page 21. Si j’étais lui je placerais les précédentes en épilogue car elles n’ont pas la force simple de tout ce qui suit et qui accroche pour cette raison même. Je vais lire tout Carlos Liscano, l’Uruguayen. Mais je sens qu’il faut prendre ça par petite dose. Alcool fort. Ça peut occasionner de grave déprime si c’est consommé trop brutalement au premier degré.
Attention ! Un auteur dans cette catégorie qui joue dans la classe de l’universel raconte une histoire. L’histoire fait tout. Mais il y a le rythme. Et le point de vue. J’aime ceux qui écrivent de l’extérieur du sujet, comme si c’était une simple description froide. Même quand la description porte sur un sentiment où une attitude mentale. Je n’ai jamais aimé le nouveau roman et sa bouillie narrative. Bon, dans le bon bouquin il y a toujours une perle rare, et parfois davantage, lovée dans les plis du récit. Il y en a une dans ce Carlos Liscano. C’est une description clinique de ce qu’il appelle « le mouillage ». Façon de se mettre en retrait pour se ramasser en soi. Le « mouillage » pour dire comme on le dirait d’un bateau. Une pause active. Il montre très bien comment en se fermant en partie et provisoirement aux autres on s’ouvre sur une dimension de la réalité qui est imperceptible autrement. La vérité est qu’il décrit à cette occasion une aptitude de l’esprit à une certaine forme d’empathie. C’est elle qui m’intéresse. J’arrête là. Ce « mouillage » m’a emballé comme chaque fois qu’un mot désigne une chose que je ne savais pas convoquer jusque-là. Mais ce bouquin est drôle, voyez-vous. Au premier degré. Au second degré il arrache. Carlos Liscano a fait de la taule longtemps. Sous la dictature. Lui n’a pas eu de non-lieu et les militaires n’avaient aucune raison de lui faire des faveurs. Vous savez pourquoi je dis ça…
Je suis aussi scandalisée que vous par la nomination de Jouyet, qui n'a pas tardé à se faire remarquer par cette déclaration lamentable. Au même moment on demande à Louis Gallois de faire un rapport sur la compétitivité qui va aller encore plus loin que le fumeux rapport Attali de 2008, ou les rêves les plus fous de Laurence Parisot; Dans tous les cas on voit que pris dans les contraintes européennes (qui interdisent certaines interventions ou aides publiques aux entreprises françaises même en grande difficulté) et la concurrence des pays à bas coûts, et ne cherchant pas à les remettre en question, ce gouvernement n'a en fait que très peu de marges de manoeuvre, et se retrouve à faire comme les autres pays, rigueur et très prochainement baisse du coût du travail. Côté Front de gauche, je partage vos colères, souvent vos analyses, mais je n'arrive pas toujours à comprendre votre position sur les deux marges de manoeuvre fondamentales qui ont été perdues, la dévaluation et les droits de douane, et sans lesquelles, il est difficile me semble t-il de ne pas être condamné comme Montebourg à faire la tournée en pull marinière des plans sociaux. J'espère un long billet de fond sur cette question bientôt !
Je ne pense pas que Ph. Cohen a écrit pour rien. Certes, une approche superficielle de l'article laisse cette impression fortement négative, et je dois dire que je m'attendais au pire. Mais enfin, cet article de 6 pages à été publié, et il est diablement intéressant! D'abord sur le fond, et ensuite parce que c'est Marianne, un journal plutôt contestataire (même si tout est relatif... de plus en plus relatif d'ailleurs). Lu par des centaines de milliers de lecteurs, si je ne m'abuse. Ces informations vaccinent les lecteurs contre les enfumages.
Pour finir, quel plaisir de lire ces quelques lignes sur la littérature populaire. Mais il ne faut pas oublier les auteurs français, excellents ! Mon goût me portant plus sur la "fantasy", je me permets d'inviter les lecteurs de mon post à découvrir les excellents "Janua Vera" et "Gagner la guerre" de Jean-Philippe Jaworsky. À lire et à relire.
Comme il est singulier, le cas de cette Amérique du Sud ! Tandis que, là-bas, le choix de l'autre gauche semble - malgré l'opposition bien réelle des conservateurs et des médias à leur solde - aller de soi pour le peuple, chez nous cette option paraît ne pas être si évidente.
Regardons la Grèce, l'Espagne, l'Italie, le Portugal... Malgré la situation économique et sociale dramatique et, bien que les équivalents de notre Front de Gauche progressent, le choix qui se manifeste dans les élections demeure quand même celui de la droite ou des libéraux déguisés en socio-démocrates. Même en Grèce où Syriza n'a que failli remporter la victoire.
En France - sans doute aussi grâce au coucours précieux du rouleau compresseur idéologique que constitue la presse dominante - nous n'en sommes pas encore à la situation économique de la Grèce ni de l'Espagne. Et quelques récents sondages (certes, ils ne valent guère ce que valent les sondages...) nous apprendraient qu'en cas d'élection prédidentielle dimanche prochain, c'est toujours le couple Sarkollande qui tirerait les marrons du feu, alors même qu'on ne cesse de nous dire que le président est de plus en plus impopulaire ! Bref, nous n'apparaissont pas encore comme l'alternative, la solution.
Finalement, il y a une différence de fond entre la situation politique de nos pays européens et de ces nations sud-amléricaines dont nous rend compte Jean-Luc : là-bas, les séquelles de la colonisation ajoutées à la pauvreté ont vraisemblablement servi de terreau à l'idéal révolutionnaire qui a, au contraire, été étouffé chez nous. En effet, qui pourra dire que le PS au pouvoir échoue ? Ce serait croire qu'il avait l'intention de changer quoi que se soit ! Il est, en fait, en train d'accomplir pleinement son projet politique ! N'est-ce pas justement cette "social-démocratie" qui a rayé toute référence au "socialisme" de ses statuts (congré de Reims du PS, je crois) ?
Aussi, il est non seulement de notre devoir de fédérer la gauche autour de notre Front populaire, ainsi qu'aime à le répéter Jean-Luc, mais il nous incombe aussi de porter l'idéal révolutionnaire. Qui d'autre le fera, sinon nous ? Or, n'est-ce pas, précisément, l'extinction progressive de cet idéal qui permettrait le succès des néolibéraux (qu'ils soient de droite ou qu'ils se prétendent socialistes) ?
Bonjour,
Merci à toi Jean-Luc de nous donner un aperçu des réalités extérieures à nôtre UE. Cela permet, entre autre, de deviner comment peut ce dépasser la barrière psychologique édictant qu'aucun gouvernement de Gauche radicale puisse voir le jour en Europe. En effet les recettes démocratiques qui marchent seront appréciés dans la durée, et les Peuples d'Europe comprendront la nécessité de les mettre en oeuvre. Ce jour la, le temps du Front de gauche sera venu. Encore merci
Vive la 6ème République ! Vive la Sociale!
C'est toujours un plaisir de vous lire! J'apprécie d'autant plus que, malgré les nouveaux outils dont vous parlez, ça ne doit pas être facile de rédiger des articles aussi longs et denses d'informations et de poésie aussi régulièrement que vous le faites. Mais bon, quand on a la passion et l'habitude, on soulève des montagnes!
Merci.
Je veux juste dire que je suis impressionné par vos capacités d'analyse, de travail, de vie. Il suffit de lire l'ensemble des sujets abordés, à la fois si différents et si complémentaires, tous passionnants, merci de nous en faire partager une partie. ça change de la mélasse servie continuellement par les médias chargés de diffuser perpétuellement des leurres sans intérêts. La réalité qui s'impose à tous devrait finir par rendre lucide le plus grand nombre sur la nécessité de reprendre le contrôle de nos conditions de vie. Un test grandeur nature, très important, la manifestation européenne du 14/11/2012 devrait nous permettre de savoir ou nous en sommes de la prise de conscience et de la volonté de réagir.
A JL, à tous.
A propos de courage. Emad Burnat, journaliste palestinien, de Bil'in, interviewe par La vie du 5.1.2012 disait: "la non-violence est plus puissante que les fusils. J'ai été blessé, j'ai été arrêté, ma camera a été souvent cassée. Je ne me suis jamais découragé. Il y a un moment où vous vous debarrassez de la peur et plus rien ne peut vous arrêter. Cela ne veut pas dire que vous ne tremblez plus. Je vois souvent la peur dans les yeux des soldats israéliens en face de nous. Ils ont des armes nous sommes désarmés. Pourtant nous leur faisons peur. Se dresser devant eux, desarmés, est plus puissant que leurs fusils"
Je suis PGiste maintenant merci à tous pour le coup de main. Evelyne Robin.
Cette danse des canards boiteux, dont la basse cour de l’Élysée n'est pas fichue d'interdire puis qu'elle y participe ! Merci aussi pour vos explications sur la réalité politique, économique, de ces pays déformés par la presse qui nous gave de mensonges de plus en plus indigestes !
Bon retour et vive les mots qui nous sauvent de nos maux, avec enchantement ! Tous unis est notre force pour gagner enfin !
Magnifique billet comme on les aime. Informatif, avec préjugés journalistiques et propagande sociale libérale dans le viseur, et littéraire ! On sent qu'il a été mijoté aux petits oignons celui-là. Merci!
Bonjour, de retour au pays et même tellement que ça bouge tout de rouge vêtues les capitales, si bien que morose aura été de courte durée. Avec ces claviers il nous manque le toucher du livre et les souvenirs des gares pendant notre jeunesse où nous nous précipitions sur " les livres de poche". Oui tout y passait, polars, et écrits des plus grands et grandes, et dans les dortoirs nous les lisions dans la nuit sous les couvrantes, faible lueur et lumières de vie. Mais l'azerty est là, et donc ce livre dont tu fais la promo par la quatrième est à lire .permet l'immédiateté et au vu de l'Urgence, la réponse doit-être adéquate. Nous sommes sûrs que le processus de la Révolution est engagée et comme la boule de cristal ou autres nous renvoie en miroir une probabilité qui est sûre: le changement radical d'Alternative arrive, quand ? par les Luttes et ensemble en Union des prolétaires de tous les pays.
Ravie de ton retour et merci une nouvelle fois pour tes écrits. C'est pas simple, très dense, je prends le temps et j'avance. A bientôt pour la suite.
L'appétit du livre par la quatrième de couverture. Comme l'odeur du pain chaud à 5h, une invitation au plaisir. Je guette la sortie de votre roman d'amour avec curiosité et impatience...
Et les journalistes, quand est ce qu'ils vont réagir ? Ne me dites pas qu'ils craignent tous pour leur situation quand même (excusez moi pour le gros mot, c'est une façon de parler). En tous cas bravo pour cet angle d'attaque, c'est exemplaire, il faut qu'il soit repris partout, y compris dans "notre" presse (de l'Huma à Politis en passant par Fakir etc). Reste à mobiliser la profession, les citoyens dans le sens déjà dit des "ateliers législatifs". Beaucoup s'insurgent contre le controle des médias mais çà tourne souvent en rond, on ne sait pas par quel bout le prendre.
A #13 Philippe Martin
Ne pas oublier le très excellent Acrimed.
Merci Monsieur Jean-Luc Mélenchon pour ce billet et vos témoignages sur votre séjour en Amérique latine qui nous donne tant d'informations précieuses pour aider à digérer la soupe fadasse des médias européens dominants.
Vive la Revolución Ciudadana !
Mais pourquoi donc acheter "le Monde" ? pour y lire quoi, sinon de la propagande ?
Economisez, ce journal n'est en aucun cas, et contrairement à ce qu'écrit mon camarade Jean Luc, un journal de référence !
@Humbert à 16h44
"Mais pourquoi donc acheter "le monde" ? pour y lire quoi, sinon de la propagande ?"
Il faut bien lire l'adversaire de temps en temps, si on veut pouvoir contre attaquer. Sinon comment fera-t-on pour expliquer que ce journal et tant d'autres ne sont qu'un outil de propagande au service de l'ordre établit? Parce que malheureusement, malgré la formidable campagne du Front de Gauche, cet outil est encore largement opérationnel. Mais l'horizon s'éclaircit.
M.Mélenchon, la vie politique française sans vous s'ennuie comme un rat mort ! Revenez vite, même vos ennemis médiatiques intimes appellent votre retour, ne les faites pas plus souffrir !
Bonjour Mr Mélenchon, désolé si je change de sujet, mais je souhaite connaître votre position sur le différent entre Google et la presse française. Moi même employée de presse, je suis inquiète sur l'avenir du numérique comme l'explique ce billet: Google contre la presse: les quotidiens n’ont encore rien compris au web !
En effet, notre secteur déjà touché par le virage du numérique est une nouvelle fois mis en danger par un intervenant qui vole et exploite notre contenu.
Cordialement
Karine
Paranagua libéré en 1977 ? L’information m’a laissé estomaqué.
Il y a quatre ou cinq ans, j’ai eu l’occasion de discuter avec un ami argentin, qui n’a aucun engagement politique public, et qui travaille, depuis très longtemps, en France. Je lui ai posé des questions sur ce qu’avait été l’ERP (Ejercito Revolucionario del Pueblo) parce que je me souvenais des débats qui avaient traversé les rangs de la LCR de l’époque, la majorité, Krivine et Bensaid en tête, soutenant avec passion ces « nouvelles formes de lutte armée ».
Il m’a regardé avec des yeux étonnés, et m’a expliqué, entre ironie et amertume, que cette organisation était truffée de flics, et qu’elle avait été totalement manipulée. Le frère de cet ami a été enlevé par la junte avec son épouse, à Buenos Aires, le 1er juillet 1977. Ils font partie des "desaparecidos", dont on n'a jamais plus eu de nouvelles. Ils avaient vingt ans, ils n’avaient jamais attaqué de banque, ni réalisés d’enlèvement d’otages pour obtenir des rançons. Ils étaient de gauche, tout simplement.
#16 Maignal
Oui, il faut lire "le monde" pour savoir ce que disent les pseudos bobos sociaux démocrates mais il ne faut surtout pas l'acheter.
D'ailleurs Acrimed qui est une association de journaliste qui devrait être déclarée d'utilité publique, et qui a besoin du soutien du plus grand nombre d'entre nous a fait, à ce sujet, un article que je vous recommande et dont j'extrait ceci :
"Depuis quelques mois, Le Monde, du moins dans ses éditoriaux (mais aussi dans ses pages économiques), défend avec vigueur une ligne très... singulière - à défaut d’être très originale - sur les questions économiques. Quand il prescrit les politiques macroéconomiques à mener, le journal du soir ressasse les mêmes thèmes et les mêmes termes : « compétitivité », « réductions des dépenses publiques », « rigueur », etc. Et avec toujours pour modèle unique et sublimé : l’Allemagne. Au point que ce journalisme de prescription compromet le journalisme d’information. Voici un passage en revue qui soulève quelques questions sur l’identité du quotidien, sur les droits réservés à ses journalistes et sur l’avenir du Monde."
Comme le disait un syndicaliste de Florange, Hollande reprend les mêmes que Sarkozy: Jouyet, Gallois qui nous disent "serrez-vous la ceinture et continuons à détruire le potentiel industriel de notre pays, d'une part, détruisons les services publics, d'autre part". Ils sont tous sur la même ligne, Gallois : SNCF, EADS, AIRBUS....
Et que dire de Fleur Pellerin qui ne connaît pas la lutte des classes, elle qui a connu l'ENA, l'ONU et la Cour des Comptes (conseillère référendaire).
Lors du prochain Comité Citoyen de ma commune, je vais proposer qu'une loi oblige les industriels du secteur pétrolier à raffiner 80% du pétrole brut sur le territoire national, loi abrogé par le gouvernement socialiste des années 80 dont les effets pour ma ville a été la disparition de 6000 emplois. Nous avons les moyens de raffiner dans de bonnes conditions et nous créerons de nouveaux emplois en préparant la transition écologique du XXIème siècle.
@ JL Mélenchon :
"Jean-Pierre Jouyet ne connaît rien à l'industrie."
JP Jouyet, emporté par ses vérités, a oublié qu'il n'était plus secrétaire d'état de N Sarkozy, mais au service d'un gouvernement social-démocrate, issu de la gauche ! Ce gouvernement qui place un ex de Sarko président de la Banque d'Investissement, met également en poste au titre de Directeur Général : Nicolas Dufourcq. En promouvant de tels individus, on est certain que la finance prendra le pas sur l'Industrie, que l'intérêt particulier étouffera l'intérêt public. Nicolas Dufourcq, est le personnage qui a privatisé les Télécom. C'est lui qui a permis la cotation en bourse de Wanadoo en gorgeant les cadres de stock-options et finalement l'affaire s'est soldé par un naufrage de 110 milliards de Francs.
Vraiment, ces socialos sont meilleurs dans l'opposition qu'aux affaires.
Bonjour, pour une histoire de la "Fraction Rouge" du PRT argentin, c'est ici (en espagnol). En français, j'avais effectué une recherche sur le PRT (mais qui ne s'intéresse pas à la Fraction Rouge), téléchargeable ici.
Je serais très favorable au procès que le Monde dit vouloir entreprendre, afin que nous ayons plus d'éléments documentaires pour juger sur pièce.
@ Jean Luc Mélenchon à propos du président Mujica, « Pepe »,
« Rappelle-toi que c’est l’unité la clef de tout pour la gauche. Sinon c’est la droite tout le temps qui gagne » « Et comment je vais faire ça, Pepe, tu as vu ce que font les sociaux-démocrates en Europe ? » « Oui, je sais. Débrouille-toi. Il faut unir autour de nous sinon ça ne marchera jamais ».
Alors, Jean-Luc le message est clair. C'est l'unité, mais à notre sauce. Car tous ceux qui ont voulu faire l'unité, pas à pas, en attendant le bon vouloir des autres organisations l'ont eu dans l'os. Voir le syndicalisme et les partis politiques. L'unité se fera avec pédagogie et détermination. Croyez vous que dans les années 60 et 70 nous attendions que les gens viennent spontanémement dans les manifs? Pensez-vous que les ouvriers étaient convaincus par les actions qu'il fallait mener? Non ! il fallait mettre une pression énorme pour que la masse se forme. Je dis bien pression. Combien de copains venaient devant la porte de l'entreprise, prêts à travailler les jours de grève, ils avaient de l'autre coté la pression des bas salaires, des crédits et de l'époux/se qui s'inquiétaient des fins de mois ! L'unité avait un prix. Il fallait choisir son camp. Les élections de 2012 sont encore dans les mémoires, il est temps de rappeler nos prises de position de l'époque concernant le PS. N'oublions pas les 30% qui ont voté PS pour éviter le FN. Nous devons mettre nos actes en phase avec nos discours et analyses, sinon personne ne nous suivra. Malheureusement il existe encore beaucoup de gens acculturés au judéo-christianisme et qui tendent l'autre joue après avoir pris une première beigne. Qui nous empêche de mettre la seconde. Au moins, s'il/elle ne sait pas pourquoi, nous nous le saurons.
Décidément, j'aime ces coïncidences qui se multiplient, il y a tellement de choses qui me parlent dans vos notes, qui parle à la partie digne et haute de soi. Et là, de trouver Liscano, je savoure. J'ai lu, relu et appris un texte de lui qui s'appelle Ma famille et qui résolument me constitue parmi d'autres. Je suis ravie de ce nouveau partage.
8 Octobre 2012, pour sa première conférence de presse faisant suite aux élections, le Président Hugo Chavez s'exprime sur la Syrie, livrant un discours plein de bon sens, d'humanisme et à total contre-courant du discours dominant, à gauche comme à droite.
Beaucoup de souvenirs ont afflué à vous lire sur les survivants des dictatures latino-américaines et sur le cercle de solidarité que nous sommes nombreux à avoir organisé autour d'eux à l'époque. A propos aussi de la découverte de la culture de ces pays, qui a accompagné le mouvement de solidarité.
Pour ce qui est de la littérature, je vous trouve un peu péremptoire : "le nouveau roman et sa bouillie narrative", ouais, c'est aller un peu vite en besogne sur la place de cette tentative littéraire dans l'histoire de la littérature française pour sortir du roman à la mode du XIXè, même si tout n'est pas réussi et si on peut ne pas aimer. Au moins quelqu'un comme Robbe-Grillet a essayé d'inventer quelque chose, ce que ne font pas beaucoup d'écrivains finalement.
Liscano : assez envoûtant mais aussi démoralisant.
Merci pour toutes ces informations, que l'on ne retrouve que bien trop rarement dans la presse (si ce n'est le Courrier International).
Super ce billet. A mettre dans mon top ten.
Quelques mots sur Notre Dame des Landes, dans la patrie de notre cher premier ministre ? ça chauffe là-bas mais le rouleau compresseur avance inexorablement.
Il y a tellement de choses qui nous dépassent en ce moment on se sent totalement impuissant. Je pense encore à cette agente de la SNCF qui s'est faite insulter en public par un cadre de chez Orange qui lui a craché à la figure que puisqu'il gagnait 70 kiloeuros par an, il lui était "supérieur", texto. La vidéo d'un observateur de la scène est sur youtube. Attention certaines paroles peuvent choquer les âmes de gauche.
À Naïf :
Il faut avoir beaucoup de courage, pour tendre l'autre joue sans ciller. Ne pas avoir peur. C'est un acte de non violence, voire mieux : de non puissance.
En tant que friande de littérature hispano-américaine, je dois avouer que je ne connaissais pas encore Carlos Liscano. Cela vient peut-être du fait que certains pays sont plus mis en valeur que d'autres niveau littérature, comme la Colombie ou le Mexique avec les grands G Garcia Marquez ou Carlos Fuentes. M'empresse donc de noter ce nouveau nom pour moi sur un petit bout de papier !
Merci pour cette parenthèse littéraire en tout cas et pour le récit si émouvant de la rencontre passée avec Lucia et Pepe.
Lire est un vrai plaisir qui permet d'être déconnecté de la violence du monde réel parfois.
Jean-Luc, si tu as aimé Upfield et son Napoléon aborigène, ne rate pas Tony Hillerman et Jim Chee, son détective cheyenne... Hillerman qui s'est revendiqué explicitement de la filiation d'Upfield... Bon, d'accord, c'est un américain...
Fraternelles salutations.
Bon sang, Jean-Luc,
Moi, français vivant à Caracas, travaillant en tant qu'ingénieur du son avec ma petite entreprise et Vive TV, grand lecteur de science fiction, mais aussi de policiers et de tout ce qui me tombe sous la main, comment ne pas être ravi de ta prose ? Haut les coeurs et encore bravo de nous représenter partout où tu vas, je suis fier de toi comme je le suis de mon comandante Chavez !
No pasaran, no volveran, hasta la victoria siempre !
Liscano, dans la lignée d'un Onetti, doux et fort, comme des menottes en velours...
Merci.
Par rapport à Pepe, "mais Pepe, les sociaux-démocrates ne sont pas de gauche !", même ma mère qui ne regarde que TF1 s'en rend compte, elle qui votait Bayrou avant que je ne la pervertisse.
Jean-Luc, vos voyages à toi et aux dirigeants du PG sont très certainement nécessaires et utiles à notre programme... mais n'oublie pas de revenir t'occuper des problèmes en France. Car pendant ce temps la Marine et les autres s'installent. Et je te rappelle que tu risque d'avoir à retourner en campagne à Henin-Beaumont d'ici fin octobre!
Oyez oyez les gens. j'ai enfin trouvé un point de désaccord avec Jean-Luc Mélenchon. Je finissais par me dire que j'étais passée sans m'en rendre compte dans les groupies ;-)
Le Nouveau Roman a tellement apporté à la littérature française que je me demande comment on peut parler à son propos de "bouillie narrative". M. Mélenchon je vous soupçonne d'avoir lu trop vite les Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Pinter (oublié son prénom) etc... et aussi Marguerite Duras la plus médiatique dont j'ai "décroché" à partir de l'Amant. (Malade, elle perdurait sur des tics d'écriture ! mais on ne va pas entamer un débat...)
Question : avons-nous bien la même définition du Nouveau Roman ? Si oui, vous avez le droit de ne pas aimer, pas celui de dire que c'est de la bouillie narrative
A propos des journalistes, ne pas s'étonner de leur soumission à la pensée unique. Ils en tirent quelques avantages, même ceux et celles marqués "à gauche". Voir l'article du Canard enchainé sur les lunettes d'Audrey Pulvar, lunettes dont elle a démenti qu'elles coutaient 12000 euros. Effectivement le chiffre est erroné. Elles coûtent 15000 euros ! La honte !
Pepe : "...Rappelle-toi que c'est l'unité la clef de tout pour la gauche.....Débrouille-toi. Il faut unir autour de nous sinon ça ne marchera jamais."
Le Front de Gauche existe, union pas si simple à concevoir et à faire vivre et il existe et est en dynamique et fédére des éléments des convergences de luttes et d'actions politiques et unies. Ce qui a manqué dès la victoire en 2005 et tout le prolétariat a payé cash. Oui l'Union autour et dans le FdG, les dominants avec leurs complices ne s'y sont pas trompés en nous ciblant comme la seule force Alternative de Gauche. Nous sommes visibles et les appels à nous rejoindre devraient être entendus en toute logique unitaire.
De retour sur le blog pour vous remercier de nous transmettre le message de Pepe à mon avis le seul qui vaille le seul qui peux faire vaciller le système et nous sauver de la crise écologique qui est déjà en marche : « Il ne faut pas perdre sa vie à accumuler. C’est le besoin d’accumuler qui déforme l’intelligence des gens intelligents. Cette civilisation est une tromperie elle fait croire qu’on pourra continuer sans cesse à accumuler et ce n’est pas vrai et elle fait croire que chacun pourra consommer autant qu’il veut et ce n’est pas vrai non plus. Tout ça va sur une limite. Moi je serai mort je ne le verrai pas. Mais toi tu ferais bien de t’en soucier parce que tu vas devoir t’en occuper. »
Detruire ce miroir aux alouettes qui nous aliène.
Merci de reparler enfin de ça
Bonjour les Ami(e)s!
Cher Jean-Luc, il n'y a pas que le service Amérique latine du journal Le Monde qui préfère la propagande à l'information. Dans son édition du 16 octobre dernier, ce même journal a publié un article (page 10) au sujet du déclin productif dans le bassin thiernois, située dans la circonscription de notre ami Dédé Chassaigne. Je vous laisse déguster la conclusion politique de l'article:
Reste que si les Thiernois demeurent pour l'instant très majoritairement fidèles à la gauche, la peur du déclassement fait monter le Front national. Marine le Pen a frôlé les 20% au premier tour de la présidentielle. La petite communauté maghrébine est accusée par certains anciens de Preciturn (une usine qui vient de fermer, ndlr) de faire monter la délinquance. Et Dominique, après six ans de chômage, avoue avoir longtemps hésité "entre Marine et les socialistes...Mais je suis fils d'ouvrier alors j'ai voté socialiste
Encore une fois, la malversation intellectuelle est à l’œuvre. 1° sur la commune de Thiers, le Pen ne frôle pas les 20%, comme ils en rêveraient sans doute, mais recueille 15,88% des voix (source ministère de l'Intérieur). 2°Comme tu le répètes si justement, la réelle montée du Front national ne se fait que par une radicalisation des électeurs de l'UMP. En effet, sur la commune de Thiers qui fait l'objet de l'article, si notre ami Chassaigne passe de 37% des voix aux Législatives de 2007 à 42% en 2012, le candidat du FN s'envole cette année à 14% des suffrages (au lieu de 3% en 2007) tandis que le candidat UMP s'effondre (passant de 29% il y a cinq ans, à 16% cette année).
Voilà les splendides résultats intellectuels de ce journalisme de caniveau qui préfère les préjugés à la réalité, la désinformation plutôt que l'analyse éclairée et, in fine, "Hitler plutôt que le Front populaire".
Il est en effet grand temps de réfléchir, comme nos camarades argentins, aux moyens permettant de substituer le pluralisme et le débat contradictoire à ce système sur lequel règne l'oligarchie et l'intoxication permanente.
Vive la Sociale!
Privilège de l'age, les déclarations de JP.Jouyet me faisait revenir en mémoire des déclarations de R.Barre sur les canards boiteux. A quelques trente années de différences la même doxa libérale est développée. Une des différences importante, c'est que certains ont pu croire en votant Hollande, de ne pas voter pour des libéraux. Non seulement JP.Jouyet ne connait rien à l'industrie, mais en fait l'équipe au pouvoir autour de Hollande sont des libéraux.
J'ai en permanence sur ma table de nuit, quasiment comme un livre de chevet, un numéro spécial du Monde Diplomatique, intitulé "Manière de voir" n° 77 d'octobre-novembre 2004 et consacré aux Etats-Unis. Outre une description détaillée des institutions et des moeurs politiques des USA, on y trouve tous les événements marquants de l'histoire de ce pays. On apprend que dès le début du XIXè siècle, les Etats-Unis se sont comportés de façon absolument abominable avec
l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud. Guerres, corruption, coups d'Etat, arrestations arbitraires,enlèvements, tortures, assassinats, ingérence permanente, caractérisent ce qu'ont subi,dans l'indifférence générale, ces malheureux peuples. Un véritable martyr, terrifiant. Lecture traumatisante,il faut le dire, et qui laisse des traces, mais indispensable pour comprendre ce qui se passe là-bas.Car si la lutte des ultra réactionnaires se déplace sur le terrain médiatique, puisqu'ils ont compris la redoutable efficacité du lavage des cerveaux, ils gardent toujours en réserve le recours à la plus ignoble brutalité. Un des sommets de l'horreur fut l'oprération Condor dans les années 70, décidée par les Etats-Unis et entièrement pilotée par la CIA. Elle a consisté à arrêter, torturer et assassiner le plus de progressistes possible partout en Amérique Latine : des opposants poltiques, des syndicalistes, des intellectuels, journalistes, avocats,et même de simples citoyens qui se disaient de gauche. Ces exactions, qui ont duré des années, ont fait environ 400 000 victimes. C'est le Président Carter, humble marchand de cacahouètes, qui horrifié par cette oprération, y a mis immédiatement un terme en arrivant au pouvoir. Un miracle laïque qu'il n'ait pas été assassiné. Peut-être parce que les auteurs de ces crimes ont compris qu'ils avaient été trop loin et que si le scandale éclatait ils seraient mal. Mais rien ne dit que les médias européens auraient bougé le petit doigt.
Merci de nous relater ces voyages et les enseignements que l'on peut en retirer, ça nous ouvre l'esprit, si tant est que nous en avions besoin.
ça me fait aussi enrager de voir l'aveuglement des mes concitoyens (pour ce qui des hommes politiques habituels, il y a longtemps que je n'ai plus d'illusions) a vouloir toujours croire que cela finira par s'arranger, comme ça, juste par miracle et de laisser recommencer ce qui à déjà tué tant d'entre nous ailleurs. Mais cela ne m'engage pas, comme naïf à vouloir faire le bonheur des autres contre leur gré et par la force si besoin. Le pari du Front de gauche, et au moins du Parti de gauche, est, au contraire de convaincre en élevant le niveau de connaissances, et politiques, en faisant confiance à l'intelligence de nos concitoyens.
C'est du moins comme cela que je l'ai compris et ce pourquoi cette démarche, m'interpelle, m'intéresse et me séduit.
Henri (21, 21 octobre 2012 à 19h55) tu as tort de mettre Gallois dans le même sac que les autres. Il est le dernier président de la SNCF sous lequel il y ait eu augmentation de l'effectif (avec l'accord sur les 35h, un des meilleurs qu'il y ait eu dans le secteur public, quoi qu'en disent certains). Il n'était pas obligé de le faire, d'ailleurs l'hôpital public a mis en place les 35h sans augmentation d'effectif... Et ça ne l'a pas empêché de sortir enfin la SNCF du déficit chronique, ce qui est aussi une bonne chose, d'un point de vue de gauche. Ni de défendre le statut du personnel. Et aussi la CGT, parfois même malgré nos propres bêtises (eh oui tout le monde en fait, même la "crème" du prolétariat...)
Je ne partage évidemment pas tout ce que dit ou fait Gallois. Mais il faut savoir faire la différence entre Gallois et Pépy, comme il faut savoir faire la différence entre Mitterrand et Sarkozy.
P.S. rien à voir, mais en français une décade dure dix jours. Je suppose qu'il faut lire ici : décennie. A force de trop lire des auteurs anglophones, peut-être... ;-)
Jean-Luc,
Merci pour cette relation de voyage en Argentine et en Uruguay, un vrai cadeau qui me transporte dans les années 80 du siècle dernier. Ce qui m'avait frappé alors c'était la force de la solidarité dans toute la société malgré la dictature. En Uruguay, les camarades en 1986 m'avaient fait visiter les coopératives notamment pour la construction de logements, la distribution dans des magasins à bas coût, des organisations de quartiers, des maisons du peuples...Toutes les forces de gauche s'y retrouvaient. Un vrai mouvement de la société toute entière. "Plutôt un qui fait que 50 qui savent" (proverbe cambodgien).
Je pense aussi à mon camarade et ami. Beto Garcia. Il se reconnaîtra s'il me lit.
Quel plaisir de découvrir en vous un amateur de S.F... Je suis en pleine relecture d'un Asimov et je resterai marqué par les mondes de Van Vogt, P.K.Dick, Arthur C Clark mais aussi Barjavel. De ces auteurs me reste l'espoir d'un avenir différent de nos turpitudes présentes. Un futur que j’espère construit de nos espoirs communs que vous défendez si bien ici. Merci
@Pascal B.
Merci pour la référence a cette conférence de presse de Chavez et sa réponse concernant la Syrie. A regarder pour comprendre que notre ennemi est la confiscation de toute l'espérance humaine, confiscation par incitation sans cesse renouvelée a posséder au détriment du bien commun, inféodée à un impérialisme sans humanité. Et quel merveilleux espoir que cette "révolution pacifique".
Liscano le magnifique et alors hum ! la suite... J'ai du mal avec la philo pardon est ce possible de simplifier ? Je sent que je pourrai accrocher mais les termes sont ardus à mon gout et intimidants. Connaissez vous "Souvenirs d'un insurgé" de Paul Martine, éditions Laville ? Je cite "Toute révolution qui s'arrête recule. Toute révolution qui recule est perdue. Je supplie les révolutionnaires de l'avenir de ne jamais l'oublier". J'avais lu auparavant la vie d'Armand Barbès. Génial la plupart des noms cités sont des stations du métro parisien. Au sujet de Blanqui, le peuple n'a pas le même ressenti que ceux qui l'ont réellement côtoyé. Cela laisse de grandes interrogations. Comment peut-on être certains d'avoir une idée juste sur les hommes et femmes politiques qui nous incitent à prendre ou non parti pour les causes qu'ils défendent sans risquer de se tromper ? En ce qui vous concerne, vous vous livrez tellement que nous avons le sentiment de bien vous connaître cela doit être rare dans ce milieu. Vous nous avez séduits parce que vous exprimez ce que nous pensions sans avoir les moyens de l'exprimer. Du coup, aujourd'hui impliqués avec vous dans l'aventure de L'humain d'abord, la vie a une autre savoir. Elle a un gout d'espoir qui ragaillardit. C'est parfait. Nous ne lâcherons rien, vous pouvez être fier de vous ! Nous avons eu la chance de rencontrer Christine Mendelshon dans notre région abandonnée aux vautours ainsi qu'au tourisme, une assemblée citoyenne de qualité, pourtant nous n'étions pas assez nombreux. Il semblerait que seuls les enjeux électoraux mobilisent mais quel bonheur pour nous, simples militants, de pouvoir échanger nos points de vue avec une personne aussi prestigieuse. Nous avons appris beaucoup ce soir là. Nous sommes différents, plus pointus et encore plus conscients de ce qui nous menace. Nous saurons transmettre plus finement. Merci au FdG, vive la sociale !
J'ai vu avec amusement que deux ou trois personnes se sont insurgées contre le coup de griffe porté par M. Mélenchon au nouveau roman. Je voudrais au contraire abonder dans son sens. Le nouveau roman, qui est une spécificité française (Harold Pinter que j'aime beaucoup n'en fait pas partie, d'ailleurs c'était un dramaturge) n'est qu'une variante prétentieuse et élitiste du roman bourgeois, c'est l'art d'écrire pour ne rien dire recouvert de quelques gadgets pour que le lecteur se sente intelligent. La science-fiction et le roman noir, au contraire, en plus du plaisir qu'ils donnent à l'imagination, sont des genres très riches et d'une brûlante actualité, l'un par ses spéculations sur l'avenir de la crise de civilisation planétaire sans précédent que traverse notre espèce, l'autre par le regard sans concessions qu'il porte sur les bas-fonds de la nature humaine et dont l'actualité se charge aussi de se faire le témoin. Quant aux romans d'amour, a priori ce n'est pas ma tasse de thé, mais si M. Mélenchon en écrit un, ma confiance lui est acquise (l'amour et la passion, ça le connaît).