14août 13
Derniers chemin de traverse avant la reprise sur ce blog. Mon feuilleton de l’été touche à sa fin. Sur un coup de tête de dernière minute, je me suis enfoui dans un moulin sur l’Aveyron que j’ai quitté ce lundi avec une nostalgie poisseuse qui me colle encore aux méninges. J’ai vécu quatre jours hors du grille pain mondial, là où ne passe ni le wifi ni les clefs « 3G » et qu’une prudence méritoire de mes hôtes a également privé du téléphone filaire. C’est presque une aventure de nos jours. Ma méditation sur le temps et l’espace a connu quelques rebondissements qui ont alourdi mes réflexions sur la nature du temps et de la distance. Car j’achève avec ce post mon feuilleton sur l’épisode La Condamine que j’ai cru possible de publier dans ce creux de l’été.
Il faut reprendre le collier. Je le fais à petit pas, en trainant les pieds, sans parvenir à ranger ma goyavera. Je me suis risqué à jeter un œil sur un quotidien. Ce fut pour y apprendre que ce pauvre Jean-Marc Ayrault a ramené en Calédonie la tête d’Ataï, grand chef rebelle des Kanaks. Elle était conservée dans un bocal au Musée de l’Homme. Aussi incroyable que cela soit, en 1878 des scientifiques au Musée de l’Homme pensaient servir la science avec ce genre de prélèvement. Nier l’humanité des vaincus ne leur faisait pas problème. J’avais demandé cette restitution en 1986, au cours de la discussion sénatoriale sur le statut de la Nouvelle Calédonie. Ayrault, aigre sectaire, ne pouvait l’ignorer. Si vous cherchez une photo de cette tête, elle se trouve dans mon compte rendu de mandat numéro un, à la Bibliothèque nationale de France. A l’époque on m’avait fait savoir que le bocal concerné était perdu. Et, d’un autre côté, on m’avait demandé d’en rester là, compte tenu des difficultés que soulèverait le point de savoir à quelle tribu on rendrait ce terrible reste. Apparemment la question est réglée. Cette tête a été retrouvée et on sait à qui la remettre, je suppose. J’en déduis qu’on pourrait rendre aussi les autres restes qui se trouvent encore au Musée de l’Homme. Ils proviennent du même massacre. Il s’agit d’un certain nombre de mains coupées et conservées, elles-aussi, dans du formol. Je suis certain que cet aigle d’Ayrault y a songé. Il compte certainement rendre ces restes, et quelques autres dont personne n’a dû lui parler, en fonction des besoins de sa communication. Qui n’est vraiment pas au top. Exemple cette séquence de l’accueil des enfants sans vacances conviés à piqueniquer en compagnie du premier ministre costume trois pièces chaussures vernies sur la pelouse. Un monument d’indécence. Assorti d’un couplet style la mère Denis : « j’adresse ce message : ceux qui n’ont pas de vacances ont aussi droit à des vacances » ! « Ben oui, rantanplan, on en parlera au gouvernement et on votera à gauche pour ça la prochaine fois ». D’ici là pique-nique à Matignon pour les pauvres. Zut, ça y est je vais vomir mon quatre heures ! Allez zou, encore un peu de promenade au large des sentiers battus.
Du locro de papa et du rouge argentin
J’ai raconté comment les Jésuites furent mobilisés pour faire un culte chrétien avec des habitudes prises en cachette par les indiens de la province de Cotopaxi dans l’actuel Equateur. En effet, deux cent ans après la conquête espagnole, ceux-là célébraient encore la mémoire du dernier Inca, Atahualpa, au moyen d’une poupée sacrée qui le représentait déjà de son vivant. Coïncidence, pendant ce temps, à quelque kilomètres de là et presque à la même époque, La Condamine bouclait ses bagages du retour chez son ami le marquis de Maenz. C’était un de ces marquis romantiques, typiques de la période coloniale, qui faisait de la science par convictions politiques et philosophiques. Ces lignées de nobles créoles seront ensuite d’ardents partisans de Simon Bolivar et de la cause indépendantiste. A mon tour, je me suis rendu dans la maison du marquis. Au bout de l’allée d’eucalyptus qui conduit au perron de la demeure, une grande pierre gravée marque le souvenir du passage de notre compatriote. Son projet était de finir le séjour sur la moitié du monde par une mesure sérieuse et précise du Cotopaxi, mon volcan fétiche depuis mon expédition au Malki Machaï. Ma parole ! Je me demande ce que La Condamine n’a pas mesuré en Equateur ! Désormais le lieu fondé en 1580, est une hôtellerie : l’auberge la Cienga. Elle est très fréquentée en dépit d’un certain isolement dans la nature, au milieu d’un virage de la route qui mène vers Issinche. C’est un haut lieu de l’histoire équatorienne. Il s’y est ourdi toutes sortes de complots politiques. Mais les deux mètres d’épaisseur des murs en pierres volcaniques n’empêchent pas une certaine fraicheur humide. L’actuel propriétaire la combat avec le sourire et le souci d’efficacité. J’y ai déjeuné avec Tamara Estupinan, l’historienne et son époux Jaïme. On comprend donc que j’ai choisi de manger un « locro de papa », une soupe épaisse qui diffuse une chaleur bienvenue. Je l’ai préférée à ce plat « d’humitas » que je m’étais d’abord promis de déguster, fait avec de la farine de maïs, du jaune d’œuf enveloppé dans une feuille de bananier et cuite au bain-marie. J’ai également renoncé au jus de Guanabana ou à celui de «tomate de l’arbre» dont je suis raffolé, pour un verre de rouge argentin plus confortable et calorique. Ainsi lesté, la visite des lieux qui m’a été offerte ensuite n’en a été que plus apaisée. On n’a pas manqué de me rappeler le souvenir de la visite de l’illustre Alexander Von Humboldt. Ce scientifique allemand était venu étudier à son tour, et bien plus tard, le volcan alors en activité. Mais lui resta sur place plus que nécessaire à la science du fait de ses amours avec le maître des lieux, si j’en crois ce que m’en ont dit des langues bien informées. D’autres, avant ou après, et les deux à la fois aussi sans doute, avaient préféré les marquises dont l’une se faisait tirer le portrait bien dénudée. On peut en admirer le souvenir sur les murs de la grande chambre, grâce aux tirages qu’elles faisaient faire de ces clichés, loin et bien, c’est-à-dire à Paris où a été inventée la photo. Je m’égare. Le rouge argentin m’aura-t-il trop réchauffé ? Pas au point de me faire perdre de vue l’essentiel. Jamais la représentation de soi ou du monde n’est un acte neutre. Il donne à voir ce qu’il veut signifier davantage que ce qui est. Voici justement l’ami Christobald le géographe équatorien qui vient nous aider à y réfléchir.
Christobald arrive ici à point nommé pour interroger la représentation du monde qui nous est si familière. Voyez un globe. Le nord est en haut, le sud est en bas. Pourtant le haut et le bas n’ont pas de signification dans le vide qui entoure les planètes. Tout dépend de la position de l’observateur. Cette représentation est donc un message où le nord est dominant. On connait la mappemonde de Mafalda, petite héroïne de bande dessinée d’origine latino-américaine: elle montre le contraire. Le sud est en haut, le nord en bas. L’humour ici nous aide gentiment à comprendre. Qui n’a jamais remarqué comment chaque pays se place au centre de la carte du monde quand il imprime des planisphères. Mais si nous devions chercher un repère stable et universel en trouverions nous un ? « Oui, » dit Christobald. Ce n’est pas celui auquel nous aurions pensé autour de cette table ce jour-là, car personne ne trouva la bonne réponse. Ce repère existe. Où que l’on soit dans le monde, le soleil se lève à l’est. L’est est le repère commun universel. Et c’est en se calant sur l’est que l’on peut observer toutes les régularités de la voute céleste et construire un calendrier où les solstices et les équinoxes se notent sans mal ! Le soleil se déplace sur le cadran du ciel d’un bord à l’autre et passe d’un extrême à l’autre en un an. La bonne représentation de la planète doit donc mettre l’est «en haut » et l’ouest « en bas ». Géopolitiquement c’est ultra correct ! En effet conformément à la réalité personne n’est toujours « en haut » ni toujours « en bas ». L’axe de la terre est alors l’Equateur, comme un point d’équilibre. Pour finir de nous fasciner, Christobald demande un fruit rond. Le serveur lui amène une orange. Il dessine la ligne d’équateur et d’une main incroyablement précise la grande masse de chaque continent. Cinq minutes, montre en main. Et il fait tourner dans ses mains l’orange inclinée à 23 degrés. Bon sang ! C’est parfaitement clair. C’est vérifiable n’importe où par n’importe qui. L’image est une réalité davantage parlante que la chose elle-même. En fait le signe est la chose socialisée. La grammaire a-t-elle jamais été autre chose ?
Temps et organisation sociale
A La Cienga, La Condamine savait-il qu’il participait à la fin d’un monde ? Certes, le calcul des distances et de la mesure des choses qu’il amenait avec ses instruments était moins précis, sur bien des points, que celui des indiens du lieu du temps de leur splendeur. A preuve la précision exacte de leur positionnement de la ligne équatoriale vérifiée par l’actuel GPS et l’erreur de quelques mètres commise par le Français. Mais la mesure de l’espace qu’opérait La Condamine s’effectuait au prix d’un bouleversement des paradigmes de la cosmogonie d’ancien régime et de la « science baroque » des Jésuites du coin. Et elle marquait l’avènement d’un espace-temps social nouveau. Celui du commerce maritime roi, des tirs de canon mathématiquement ajustés, et ainsi de suite. La Condamine savait ce qui était en jeu aussi bien avec les mathématiques qu’avec la mondialisation de son époque. D’ailleurs lui et Voltaire se sont fait quelques juteux profits en spéculant sur une loterie… Et Voltaire de son côté, avec son ami Newton avait fait quelques très bonnes affaires dans le commerce international. Quoiqu’il en soit de ces messieurs, l’idée que l’on se fera de la distance et du temps ne seront plus les mêmes après le travail de la mission géodésique. Il faut prendre cette affirmation au pied de la lettre.
La mesure de l’espace est surtout un avatar de la mesure du temps. Pouvait-on le concevoir avant notre monde actuel ? La Condamine en avait eu l’intuition en proposant que l’unité de mesure universelle soit la distance parcourue pendant une seconde par un balancier posé à l’Equateur. Evidemment le problème c’était encore la fiabilité de cette opération du fait de l’instrument pour la réaliser. J’ajoute que la masse du lieu de l’observation suffit à déformer la mesure. Cela fut établi pour la première fois au cours même de cette expédition à l’occasion de la mesure du volcan Cotopaxi. Cela est mille fois confirmé par la science contemporaine et spécialement par la théorie de la relativité. Dans l’univers humain non plus, ni l’espace ni le temps n’ont de valeur absolue. La datation à partir de la place de la planète autour du soleil est une convention sans signification pour un trader contemporain qui joue entre la nuit et le jour selon la localisation des places boursières. Quant à la longueur d’une distance c’est là encore une convention. Selon que l’on fait le tour de chaque caillou qui la compose en tant que fourmi, où que l’on tire d’une pointe du rivage à l’autre avec des bottes de sept lieues, la longueur d’une côte par exemple varie du tout au tout.
Cette relativité des mesures continue dans l’univers social. Là, L’espace et le temps sont des faits sociaux. Et ils sont corrélés. La distance et le temps marchent ensemble. Dans notre vie quotidienne, est-ce que le temps de transport n’est pas le seul repère que nous utilisons pour mesurer la distance ? Et dans ce cas, le temps se montre alors bien comme un fait fondamentalement social. Ici le temps de transport ne dépend il pas du véhicule, de qui décide de son parcours et de ses étapes ? Hier comme aujourd’hui le temps de transport n’est-il pas d’abord, cent pour cent, un fait matériel technique où il est question de vitesse de croisière, de vent dans les voiles, et une fois à terre, de même avec ce que l’on voudra entre l’âne et la moto et même tout simplement une bonne paire de jambes qui ne prennent qu’une heure pour faire cinq kilomètres ? Et tout cela dépend bien sûr du degré de développement technique d’une époque. Voile ou moteur, voiture ou charrette, ce n’est pas du tout pareil. Derrière ces vitesses, il y a tout un monde social qui les rendent possible et en ont besoin. Je suis désolé d’insister sur cette dimension sociale du temps au prix d’une certaine lourdeur de l’exposé. Mais je sais d’expérience combien il est difficile de renoncer à l’idée d’un temps « objectif » qui aurait une réalité en dehors des interactions de la réalité. Et par suite, pour ce qui nous concerne, en dehors des relations sociales dont il est un des enjeux centraux et peut-être celui autour duquel tout se construit.
Car il existe bien un métronome social, c'est-à-dire l'ensemble des dates, rendez-vous, point de passage, durée de toute sorte, temps contraints de toute nature, par lesquels passe toute la société. Dans la réalité, ce « métronome » produit une grammaire c'est-à-dire un ensemble de règles qui définissent la façon dont s'articulent, se déclinent, se succèdent les différents temps sociaux. Cette architecture construite sur les réalités du temps social est cachée. Elle constitue la dimension invisible de notre monde. Mais elle forme un tout qui s’impose d’autant plus violemment à chacun que nous n’en n’avons pas conscience comme d’un fait qui n’a rien d’une évidence. J’y pensais, mon nouveau châle d’alpaca sur les épaules, en marchant sur le site d’Inga Pirca où je me trouvais au départ de Cuenca en Equateur. J’ai lu depuis que La Condamine est aussi passé par là et qu’il y a fait la mesure et la description de ces ruines. L’exercice a, parait-il, déclenché un intérêt nouveau parmi les créoles de l’époque pour le passé de leur pays qui tourna à un nouveau développement de la conscience nationale alors naissante. Du site créé par les indiens canaris et occupé ensuite par leurs envahisseurs incas, il ne reste pour l’essentiel que le tracé dans le sol des fondations. Face à face, le « temple » du soleil et celui de la lune forment un arc de cercle incomplet selon la tradition, et une pierre bien située permet de tracer l’axe des 23 degrés d’inclinaison de la terre. Le merveilleux est de voir dessiner sur le sol les lignes alignées sur des trajectoires de la voûte céleste. Une dimension que les bâtiments et les passages devaient rendre invisibles à ceux qui ne savaient pas les voir. Mon guide me montre un emplacement et, en désignant une vaste esplanade, il me dit : « on pense que c’était là leur jardin potager ». Puis il s’interroge à haute voix : « Je me demande pourquoi ils avaient ça ». Et moi, comme si j’étais chez moi je lui réponds : « Pour vérifier leurs calculs ». On a ri ensemble.
Les aventures du temps
Pour arriver jusqu’à l’enjeu politique de ce que je suis en train de décrire, je voudrais arriver à montrer à ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’y réfléchir que le temps n’est jamais autre chose que la mesure que nous en faisons. Il existe autant de « temps » que de mesures. L’affaire se complique quand on sait que chaque chose a une temporalité propre. Pour s’en faire une idée il suffit de regarder ces films ou l’on voit « en accéléré » l’éclosion d’une fleur ou la pousse d’un arbre. Nous avons un ressenti intuitif du « temps » de chaque chose. Une expression populaire particulièrement juste dit « chacun va à son rythme ». Car toutes les mesures du temps ne font qu’indiquer un rythme. Par exemple, les années sont juste le rythme d’un tour de soleil par la planète. Et s’il y avait un temps absolu, qu’est-ce que cela pourrait bien être sinon la fréquence la plus courte qui se puisse imaginer ? Ou bien la plus longue. Ce serait encore un choix, donc une convention. Par là nous accédons à l’idée que le temps est un résultat, une production de l’univers matériel. Pour moi, il faut aller au bout de cette idée et comprendre, en matérialiste, que le temps est l’acte par lequel l’univers matériel est produit et reproduit sans cesse par tous les éléments qui le composent. En ce sens il n’est juste qu’une propriété de l’univers matériel résultant de son auto production. Peut-on se représenter la chose ?
De passage au musée de l’Alabado à Quito, j’ai observé un objet comme je n’en avais jamais vu et qui me fascina. Une petite statuette que je considère comme un évènement dans ma vie d’observateur. Il s’agit, selon la notice qui le décrit, d’une représentation du temps. Je ne sais pas d’où cette identification est venue. Mais la notice n’émet pas de doute à ce sujet. L’objet est une sculpture. C’est une sorte de barre rectangulaire. La tranche est une face sculptée. Elle montre une figure de « l’ancêtre », partagée de haut en bas par les trois repères universels du monde indien : le bas dans le passé et la nuit, source de savoir, le milieu dans le présent stable et le haut dans le futur qui doit être deviné et maitrisé grâce à notre tête. Mais cette face apparente n’est rien. Le magistral est à l’arrière. L’ancêtre y est reproduit en tranches successives comme l’est le temps que produit et reproduit sans cesse le personnage par son existence. Du coup, considéré à l’angle du parallélépipède, se dessine une ligne sinusoïdale, un flux, une onde. Tel est ce réel incroyablement moderne décrit par cet objet. Comme l’onde fossile du big-bang initial qui, parait-il, court encore l’univers. La vie elle-même. Le temps en cours de production. Je restai devant cette vitrine du musée bouche bée. Il faut bien s’en décrocher. Stop ! Assez plané. Revenons sur le plancher des vaches. Si tout cela parait bien abstrait s’agissant de l’univers en général, cela devient plus simple dans l’univers social en particulier.
Ici je reviens dans mon parcours à l’Equateur, chez les indiens qui s’y trouvaient du temps des incas. Jusqu’à l’arrivée des espagnols, les indiens décalquaient sur le sol, dans leurs « temples-observatoires » le mouvement du soleil et des planètes dont les régularités correspondaient à des moments agricoles vitaux. Le temps de l’agriculture dominait la société. C’était à la fois le temps objectif observé par le mouvement du soleil, le temps économique par les travaux agricoles qui en résultaient et le temps social par tous les rites et coutumes qu’il impliquait. Sans oublier le temps politique. Celui de l’impôt, du départ possible à la guerre, bien-sûr, et ainsi de suite. La politique était d’abord l‘affaire des maîtres du temps. C’était un fait universel dans les sociétés agricoles. Ainsi, bien loin de là, une fois par an, Pharaon allait faire se lever l’étoile de Sirius dans un temple bien précis et de là venait la crue du fleuve, ce que chacun pouvait alors constater concrètement. On comprend facilement comment l’ordre astronomique, l’ordre social et ordre économique devait nécessairement coïncider étroitement dans ces sociétés. C’est une affaire de survie du groupe humain qui doit se nourrir de ses travaux champêtres et pour cela, entre autres, semer et récolter à bon escient. L’agriculture des indiens étaient prudente. Il s’agissait de ne pas dépendre d’une seule récolte. Elle était donc basée sur une large variété de pommes de terre et de céréales à planter et à ramasser à des dates successives. Autant de calculs dont la connaissance dépendait des maîtres du temps, fondait des rites et des fêtes. Les espagnols et l’église catholique comprirent vite l’enjeu.
Pour que le nouvel ordre soit crédible et légitime il fallait qu’il réponde aux questions que l’ancien traitait avec succès. Le syncrétisme très actif de l’église n’a pas d’autre impératif. Partout où il y avait un lieu de culte ou de rassemblement indien, elle y substituait un lieu de culte chrétien comportant une allusion plus ou moins explicite aux affections religieuses des indigènes. Et celles-ci perdurèrent d’autant plus vigoureusement que l’origine des lieux de « culte » avaient un rapport très étroit avec les moments de l’agriculture et les spécialisations des diverses communautés. Pedro Paez, ami très cher, me fait observer que les églises de Quito sont toutes construites sur des lieux de « culte » indiens. Les tribus qui y viennent le font par choix ici plutôt que là et devant tel endroit de la construction plutôt que tel autre en relation. A chacun de ces lieux correspondaient des oracles qui étaient rendus concernant le moment de faire telle ou telle semailles ou récolte. Je pense en avoir assez dit pour montrer qu’une cosmogonie n’est jamais une composition arbitraire. Temps, espace et ordre social sont tout d’une pièce. A toutes les époques il y a un temps dominant et par suite des temps dominés. L’un comme l’autre sont des faits sociaux et pas seulement des mesures «objectives». Nous n’en sommes pas autre part, à présent comme hier.
Le temps, tout comme la distance, dans notre société est une convention sociale et un rapport de force entre dominants et dominés. Donc une construction politique. Il est aussi hiérarchisé que tout le reste de la réalité sociale. Il faut aussi apprendre à reconnaitre dans notre époque le temps dominant et les temps dominés. On voit aussitôt comment le temps dominant de l’ère moderne, c’est celui de la production. C’est « lui qui commande ». Il se soumet tous les autres temps sociaux. Le temps dominant commande aussi la distance. Exemple. Si la production est à flux tendu comme l’imposent les normes managériales exigées par la finance, on vient travailler seulement quand la commande est là, et celle-ci étant aussitôt satisfaite, les camions repartent aussi vite que possible. Cet afflux de véhicules modifie évidemment la distance si on l’évalue par le temps qu’il faut pour la franchir. Alors quand on dit que la distance de Massy en Essonne à Paris est de vingt kilomètres, cela n’a aucun sens concret. La vérité est que cette distance par l’autoroute A6, gorgée de camions, si elle est évaluée en temps de transport automobile est variable entre une heure et demi et vingt cinq minutes. Par contre elle est stable à 35 minutes en RER sauf, en hiver, si les feuilles mortes qui ne sont plus ramassées ou si l’usure du matériel qui provoque des incidents ou si les conflits du travail que provoque la direction ne bloquent pas les convois.
Cette prise de conscience doit nous pousser plus avant dans l’exploration. Il faut approfondir la réflexion. Ceux qui dominent l’usage du temps, c’est-à-dire ceux qui en ont la maitrise et en tirent profit dominent la société. En fait, le temps de la production à notre époque est lui aussi un temps dominé. La finance commande la production. Le temps de circulation de l’argent commande donc tous les autres temps. Ils lui sont tous soumis radicalement, jusqu’aux plus improbables. Ainsi celui de l’agriculture qui est resté pendant tant de millénaires cloué au rythme des saisons et dont je viens de rappeler de quelle force il commanda dans les anciennes sociétés. A présent une récolte est achetée avant même d’être semée puis revendue plusieurs dizaines de fois avant d’être, peut-être, un jour consommée. Au bout du compte, le temps dominant de notre époque est celui de l’espace-temps zéro, là où l’espace et le temps sont littéralement abrogés et disparaissent en même temps : dans la salle des opérations de bourse, au secret de la pièce blindée où les ordinateurs passent des ordre d’achat et de vente, en direction de tous les lieux de la planète, à toute heure, au même instant, à la nanoseconde et désormais sans l’intervention d’aucun être humain. Telle le mode d’allocation efficiente des ressources dans la cosmogonie du marché tout puissant. Mais le temps et l’espace zéro sont aussi dans notre vie très quotidienne. A leur façon ils construisent une hiérarchie entre les êtres selon leur accès ou non à cet espace magique sans distance et sans horaire. Pour moi, cet été, ce temps et cet espace zéro, ce fut ma communication par sms avec une camarade de mon comité du Parti de gauche qui se trouvait au Népal, puis avec mes amis de l’Equateur, pour régler un problème entre nous. Je ne me rappelle pas qui de nous trois était dans la matinée, l’après-midi ou la nuit: pas plus que la distance, rien de tout cela ne comptait, tout simplement. Puis je demeurai dans un moulin aux confins de trois départements, hors du grille-pain mondial, sans réseau. La moindre nouvelle pour m’atteindre devait passer par le village et la bonne volonté qui voudrait bien venir jusqu’à moi au bout du chemin de terre où je me trouvais. Le temps et l’espace instantané du wifi devaient se reconvertir en espace-temps de transport d’avant l’âge des routes. Un peu comme si l’espace matériel était redevenu l’ancien instrument de concordance des temps sociaux qu’il était du temps de La Condamine. Les informations qu’il était parti chercher en Equateur mirent quatre ans pour parvenir à l’académie des sciences qui les avait demandées.
Le passé: le modèle indien
C’est l’été. Compte tenu de la faible place qu’occupera l’action politique jusqu’à mon retour imminent, je prends mes aises dans cet espace. J’élargis mon propos. Je viens sur les états du temps. J’ai eu une surprise en me faisant expliquer la perception qu’en avaient les indiens d’avant la conquête. Pour eux, c’est le futur l’adversaire à dompter. Le passé étant connu rassure. On me rappelle que nous avons bien tous le sentiment de l’existence bien précise de trois état du temps : le passé le présent et le futur. Je dois donc réaliser que l’idée que nous nous faisons de ces trois états et de leur relation n’a pas toujours été la même. Ce fait à son tour souligne combien la perception du temps est un sujet social historiquement situé. Chacune de ces formes de perception nous renseigne en profondeur sur la construction des sociétés qui s’y réfèrent. Le monde des indiens justifiait l’ordre social du présent par celui du passé. Ce passé c’était d’abord un récit destiné à expliquer le présent. On racontait un mythe. Celui de la naissance du monde, de la dynastie et de ses liens avec la divinité. L’idée était que la continuité permettait la domination du futur. Dans ce cas, le futur c’est du passé recommencé. Ca ne doit surtout être rien d’autre. On en connait donc le début et la fin. Pas d’imprévu, pas de mise en danger. Je suppose qu’on devait dire comme je l’ai entendu cent fois en milieu rural il y a déjà bien longtemps : « on a toujours fait comme ça, pourquoi changer ? ». Le conservatisme et le maintien de l’ordre social existant avait, dans ce cas, une justification d’évidence : l’ordre de la nature, l’ordre économique, donc l’ordre social et politique coïncidaient sous les yeux de tous. Le cycle des saisons est immuable, il recommence toujours de même, produisant en un lieu donné toujours les mêmes effets que l’on finit par corréler à un nombre croissant d’autres circonstances simultanées ou antérieures que chacun peut observer. De cette corrélation nait le sentiment d’un monde compact, ou « tout se tient ». Un ordre qu’il ne faut pas déranger sous peine de catastrophes collectives peut-être irréparables. Chez les indiens par exemple l’apparition de tel coquillage intervient peu après le passage d’un courant chaud en mer qui passe sous le « niño », le courant littoral qui, de son côté, amène peu après cela des pluies bienfaisantes. La production de ces coquillages et la pluie qui va favoriser la récolte sont unis dans une même perception. On le sait, ça se répète. Cela donne donc lieu à des rites en amont du processus. Ils fonctionnent en quelque sorte comme une alerte et une mobilisation pour une nouvelle phase des travaux des champs. On se prépare en exécutant les rites, et tout se passe comme prévu. Ce moment des rites est convoqué par les autorités politiques qui l’apprennent des « prêtres » lesquels le savent en observant la position du soleil et des étoiles. Tout se tient. Le présent le passé et le futur sont étroitement unis dans une même et unique réalité stable et perpétuellement reproductible. Cet espace-temps toujours identique, uni sous notre regard et dans les pratiques quotidiennes, voilà ce qu’est la « Pacha Mama » des indiens, la matrice universelle d’où proviennent toujours les mêmes circonstances, les mêmes évènements, les mêmes fruits, où les événements les plus éloignés sont étroitement corrélés les uns aux autres comme l’observation permet de le constater. Rien à voir avec la « déesse terre » ou « la terre mère » au sens vulgaire du terme, qui est à la « pacha mama » cosmique ce que le film de Walt Disney sur « Notre dame de Paris » est au roman de Victor Hugo. Cet ordre global réalise une harmonie. Il va de soi qu’il n’a pas réussi mieux qu’un autre à évacuer l’imprévu. Celui-ci est une propriété de la nature elle-même. Mais il l’a limité autant que possible, et quand il intervient malgré tout pour perturber l’ordre des choses, les rites et la stricte observation des règles ramènent l’ordre. En tout cas il y prétend. Et vaille que vaille il y parvient, compte tenu de son référent. A cet instant il faut revenir pourtant dans la réalité humaine concrète.
Les indigènes ont souffert d’un mépris de commande, que les dominants ont entretenu pour justifier les odieuses spoliations et violences infligées à ceux qu’il s’agissait de dépouiller. Leurs révoltes en tant qu’indigènes ont mêlé, par nécessité et comme une évidence, les droits de leurs propriétés communautaires traditionnelles avec les mœurs, coutumes et croyances qui s’y attachaient. En effet c’est une seule et même chose dans cet espace-temps, comme je viens de le dire. Mais comme il existe une mode assez ingénue qui idéalise l’indigénisme et la vertu de ses relations avec la nature, je ne veux pas cultiver l’ambiguïté au sujet de mes convictions à ce propos. Je laisse de côté à cet instant ce que j’aurais à dire, si besoin, à propos des rapports de domination spécialement violents qui s’observe dans ce type de situation entre hommes et femmes, et entre les divers rangs sociaux magiques ou non. Je laisse de côté aussi la critique de l’impossibilité qui est faite dans ces communautés de contester. Cela n’est pas possible en général. Cette harmonie-là ne me fait pas rêver. Elle n’est pas un idéal pour moi. En effet dans ce système, l’individu est un simple rouage du collectif. Sa personne se construit en fusionnant avec sa communauté et celle-ci se maintient par une stricte observation des règles qui organisent ses rapports avec son environnement. Lequel est garanti et protégé par un ordre politique immuable. C’est là un monde clos, des relations sociales closes et perpétuellement reproduites, des individus entièrement confondus avec leur rôle social. Celui-ci strictement défini par leur place dans leur communauté et leur respect pour cela des règles de comportement assignées à chaque sexe, chaque âge, chaque famille. Non seulement il n’y a aucune place pour l’émancipation individuelle dans cet ordre des choses, mais elle est même l’essence de ce qu’il faut rejeter et combattre. A mes yeux tous les communautarismes ont fondamentalement pour projet la répétition d’un passé mythifié. Sans revenir sur tout ce que j’ai déjà pu en dire, notamment pour ce qui concerne la vocation fondamentalement misogyne et machiste de ce type de regroupement humain, j’en reste ici à ce qui m’intéresse à cet instant : le rapport aux temps. Le communautarisme est la fin du goût pour le futur. Selon moi, pour relever les défis sans précédent dans l’histoire humaine qui sont à l’ordre du jour, nos sociétés ont autant besoin d’avoir le goût du futur que les sociétés « primitives » avaient besoin du passé pour justifier l'ordre protecteur qu’elle se donnaient au présent.
Le temps, l'espace dit autrement qu'Einstein et infiniment mieux.
Merci de rejoindre ma pensée profonde.
Quel beau récit poussant à nombre d'interrogations fondamentales... Combien de politiques actuels en seraient capables ?
Reste qu'on peut ne pas épouser à 100% votre thèse sur le "communautarisme indigéniste".
Le vrai communisme "premier" des peuples-racines décrit par Jean Malaurie ou La Société contre l'Etat de Pierre Clastres apportent des éclairages plus nuancés sur le sujet. L'émancipation individuelle s'y vit dans un ici et maintenant qui ignore aussi les contraintes de la production des sociétés à Etat, et ses notions particulières de futur, de progrès. Certes, notre humanité ne peut reprendre ce chemin pour lutter contre les forces destructrices à l'oeuvre actuellement.
Juste un grand merci ! Annie
Bonjour Monsieur.
Cet après-midi, au frais, je vais lire votre billet, attentivement, et essayer de bien vous suivre. Mais là, a "chaud" permettez moi de vous dire la réaction épidermique, que comme vous même j'ai ressentit en voyant l'aumône faite a ces enfants par le premier ministre francais. Mais je trouve cela honteux et je suis exaspérée depuis.
Ce n'est pas de cela qu'il ont besoin monsieur Ayrault, franchement, le comprenez vous a la fin ! De l'argent, du travail, un peu de bien être pour les parents et ils pourront être des enfants normaux, pas des assistés sur vos pelouses, monsieur le premier ministre. C'est minable et je ne salue pas cette action voyez vous car votre pub ils s'en foute ! C'est tout. Pardon Monsieur Mélenchon pour mon "emballement"
Bonjour,
Merci pour ce billet si enrichissant, grâce a vous nous avons découvert un autre horizon une culture différente, vous nous avez envie de faire la connaissance de pays si riche en patrimoine culturel. J'adore vos illustations de peinture, cela me fait penser un peu a du Dali un génie. Vous savez la France et belle avec son terroir magnifique, je ne connais pas l'Aveyron, mais je pense que cela a être un grand dépaysement, vous le citadin. Ces lieux ou le temps s'arrête c'est magique. Encore Merci l'enchantement du billet.
Merci une fois de plus Jean-Luc pour la beauté de cette écriture et l'élévation d'esprit qu'elle permet.
Amitiés et à bientôt à Saint Martin d'Hères.
Les photographies sont magnifiques et reflètent parfaitement bien l'art coloré indigène d'Amérique Latine.
Un grand merci pour ce voyage culturel et historique !
Merci...
Encore une fois merci pour ce texte beau à pleurer de... joie et de savoir, donc de pouvoir ! Ho pas le pouvoir que croient détenir ceux qui nous mènent comme du bétail à abattoir du capitalisme financier, non, le savoir ancestral, prémonitoire de ces indiens qui représentent le futur comme une onde ! Oui, on sait à présent concrètement que la matière est constituée d'atomes qui peuvent sous différente conditions devenir des ondes ! Alors JL merci encore, je me suis enrichi en te lisant comme d'habitude de tes connaissances et de tes découvertes !
Votre conclusion m'a bouleversé car j'y retrouve un lourd et pénible questionnement jusqu'ici sans réponse toute faite ; je suis républicain universaliste parfois habité par l'idée que le néant a quelque chose de plus sublime que l'identitarisme figé ! Je me retrouve confronté à la montée des communautarismes, à la question du repli identitaire et dans l'adversité j'essaie de regarder les identitaires, les nationalistes telles des âmes en quête de repères stables pour elles, de leur point de vue ! Je combats leurs thèses, leurs mythes tout en gardant à l'esprit que leur lutte peut être tout aussi légitime que la mienne ! Convaincre les identitaires attachés à un mythe du passé que mon mythe républicain porte en lui un grand néant aussi sublime soit il m'oblige à faire une juste pédagogie de ce que signifie l'émancipation, la liberté ou la libre projection dans le vide pour fabriquer liberté, égalité, fraternité ! Donner cadre et contenu au vide et au néant pour ne pas effrayer des conservateurs attachés à leur communautarisme plus rassurant mais aussi pour ne pas tomber nous mêmes dans la promotion d'un hyper-individualisme n'offrant que statut de consommateur à tout être ! Je vous provoque comme je vous convoque à réfléchir cette dimension du problème ; face au communautarisme, au nationalisme rampant, offrant un contenu de repères et de croyances on doit redéfinir le cadre et le contenu prédéterminé qu'on veut donner à une République de la liberté, de l'égalité, de la fraternité, de la laïcité ! Sans que ça ne sonne trop creux ou nihiliste au point de jeter tout le monde dans les bras du nationalisme ! Pas si simple !
Merci pour ce billet, merci pour les précédents, merci d'être le vecteur constructif, révolté et organisé de nos pensées révoltées, encombrées et trop souvent impuissantes.
Vous avez des amis à Saint Martin
Salutations fraternelles.
"Il faut approfondir la réflexion. Ceux qui dominent l’usage du temps, c’est-à-dire ceux qui en ont la maitrise et en tirent profit dominent la société".
Ce furent longtemps les cloches de l'église qui chez nous dirent le temps, puis, à partir du XIème siècle, le pouvoir censitaire de fait des premières communes libres érigea les beffrois qui mirent la ville à l'heure du commerce. Un des enjeux centraux de la Révolution citoyenne n'est-il pas à permettre au citoyen de reprendre le pouvoir sur les cloches en libérant le travail de l’assujettissement au temps de la chefferie ?
On pourrait donner des chaussures pointues aux pauvres ? Bravo pour l'article, revenez avec force, on a besoin de lire que tout n'est pas vain ?
Et si je voulais éviter le hors sujet je pourrais préciser que nous sommes aussi dan une question de temps, de course de vitesse face à un FN conquérant. Les identitaires de tout poil maitrisent d'ailleurs plutôt bien la révolution technologique de l'information et leurs idées se propagent à une vitesse inouïe. L'idée de gauche va bien moins vite que l'idée courte du nationaliste parfaitement formatée aux 140 caractères de twitter. Je critique donc très sévèrement les débats entre intellectuels de gauche, dans un entre soi et un vase clos sur la toile, souvent indéchiffrables pour le commun des mortels que je suis. Le temps des idées c'est une sacrée paire de manches surtout quand il s'agit de songer à rester encore vivant !
Encore un bel article qui nous emmène voyager dans le temps et l'espace. Et toujours ton goût du don - car qu'est-ce que tu gagnes à nous faire tes récits que nous découvrons comme des nouvelles, qui nous instruisent et nous permettent de nous évader... de ce quotidien hanté par les shows matignonesques ou Vallsesques.
L'histoire de l'orange est excellente. Hélas impossible à représenter sur une carte plane, mais sur un planisphère ça marche.
Vous êtes de retour, enfin. Mais arrêtez de faire votre diva ou de jouer au vieil ours dans un moulin !
Au boulot. La politique vous en connaissez tous ces rouages depuis le "temps". Et avant peu de temps vous serez là haut au firmament (une nouvelle étoile est née) : ne vous a-t-il pas prédit cela "pacha-mama" ?
Un vrai régal ! Merci !
Juste une petite question, quand tu écris : "le temps de l'agriculture dominait la société".
Pourquoi, aujourd’hui, dans tous les bulletins météo médiatiques, il est question du «temps qu’il fait» exactement comme si nous étions devenus un peuple d’éternels vacanciers, de touristes, préoccupés par leur bronzage et complétement démoralisés à l’idée de sortir avec un parapluie… On voit même cette météo-là déborder des bulletins pour s’inviter, de plus en plus, dans les journaux télévisés. Et à la une s’il vous plaît. Le premier flocon vient de tomber ! Alerte, c’est l’hiver !
En dehors du fait que chaque diversion possible devient une aubaine, qu’en est-il de la place des agriculteurs dans notre société ? Eux qui savent qu’il faut de la pluie pour qu’une bonne salade arrive jusque dans nos assiettes… Ou que la neige protège de froids plus vifs les graines en dormance jusqu’au prochain printemps…
Merci pour tous vos billets Jean Luc, je les lis tous et toujours j'apprends quelque chose ! Aujourd'hui une belle réflexion sur l'espace-temps qui a aussi une dimension sociale, idée à laquelle je n'avais jamais pensé.
Aucun autre homme politique n'est capable de telles réflexions ou tout du moins n'a envie de les partager, de les donner à tous ceux qui veulent bien les prendre, avec, en tête, toujours l'idée d'instruire, de faire réfléchir le peuple. Merci, c'est d'un homme comme vous dont nous avons besoin pour diriger notre France Belle et Rebelle.
Sur l'espace et le temps, il y a aussi un paramètre coût. Lors de l'étude d'utilité publique du TGV est j'avais fait remarquer que nous ne gagnions pas de temps entre Reims et Paris. Pour le même prix on ne peut aller que jusqu'à Meaux et finir à pied ce qui est beaucoup plus long qu'avec l'ancienne ligne qui nous déposait gare de l'est pour le même tarif. Temps et argent sont aussi corrélés dans ce cas.
"Mais si nous devions chercher un repère stable et universel en trouverions nous un ? « Oui, » dit Christobald. Ce n’est pas celui auquel nous aurions pensé autour de cette table ce jour-là, car personne ne trouva la bonne réponse. Ce repère existe. Où que l’on soit dans le monde, le soleil se lève à l’est. L’est est le repère commun universel."
Et voilà sans doute pourquoi on a choisi, de tous les points cardinaux, l'orient, dans le verbe s'orienter pour déterminer sa position dans l'espace par rapport aux quatre points cardinaux, et plus largement, orienter pour indiquer le fait d'indiquer ou de tourner vers une direction. C'est vrai que "s'occidenter", ça cahoterait nettement plus.
A propos de la convention qui résulte de la domination nordiste, qui place le pôle nord en haut dans la représentation du monde, on pourrait tout aussi bien s'interroger sur ce que ça implique, à savoir le haut comme supérieur au bas, la plus grande valeur généralement accordée à ce qui est "en haut" sur ce qui est "en bas". N'est-ce pas fondée sur la prévalence de la tête sur le reste du corps, du ciel, le lumineux et le léger (même mot en anglais, light) sur la pesanteur qui nous cloue à terre? Avec la transposition que l'on sait dans l'ordre social, et son appréhension hiérarchique, où ce qui est en haut est "supposé" plus rare, plus précieux, voire, en son sommet, unique, et considéré comme plus valeureux que la base, le multiple, la multitude?
Excellent billet, fortement instructive. Pour ceux et celles qui s’intéressent d’avantage au sujet de temporalité, je peux recommander le livre « Accélération : Une critique sociale du temps » de Hartmut Rosa. Comme le titre indique, ça porte sur l’accélération de la vie sociale dans de divers domaines. C’est un texte très riche et impressionnant.
Enfin !
Marre de la télé qui ne nous abreuve que de faits divers et de people, où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Enfin, de la lecture intelligente à se mettre sous la dent.
Merci
L'univers est un espace temps en expansion dont le centre est partout et la circonférence nulle part, où la matière est dual, c'est à dire en même temps onde et corpusculaire.
Superbe temps mais pas pour tous !
Même retraité, je n’ai pas pu lire tous les sujets car très sollicité par des travaux d’aide à mes enfants bac + 6 au salaire inférieurs au SMIC, c’est à moi le retraité de bosser pour leur permettre de finir les travaux d’agrandissement de leur maison suite à la naissance de leurs jumeaux (je remercie au passage la dédicace de Jean-Luc lors de sa venue le 18 mars à Toulouse 2013 de leur livre photo que je leur ai fait pour leur 1 an) et oui, ils sont le 18 mars 2012 à 17h30 lors du discours de Jean-Luc Mélenchon à la Bastille superbe coïncidence!)
Parenthèse fermée.
Oui le temps n’est plus à la culture, à la présence calme auprès de ces proches, à une certaine oisiveté bien méritée ; non, aux vieux d’adoucir l’exploitation du temps de nos enfants qui ont bossé comme des malades à l’école sous notre exigence avec des discours plus tu auras de savoir plus tu auras de chance d’avoir un bon métier qui te permettra de faire mieux vivre ton foyer ; eh bien non, ils n’ont plus le temps de vivre, ils survivent et nous, nous faisons en sorte qu’ils aient au minima notre même niveau de vie ; alors, ont à la chance de pouvoir les aider, mais combien n’ont pas cette possibilité ? Nous sommes la génération qui aide aussi nos parents mal assistés dans leur dépendance.
Alors, ce billet et le reflet des dominations du temps qui après celui du début de l’humanité était la cueillette, la chasse, le feu, celui des religions, puis celui de la domination capitaliste, qui règne sur le monde par l’appauvrissement des citoyens, qui, de fait, n’ont plus le temps de vivre, mais de bosser toujours plus pour gagner moins! Par contre le temps doux et paisible est toujours pour les mêmes oligarques, mais celui des cerises viendra bien.
Merci de ce billet pour comprendre et évaluer l’appréciation du temps pour que chacun puisse mesurer.
Superbe cours de philo !
Deux remarques sur le temps : d'une part, si le temps n'est qu'une propriété de l'univers matériel résultant de son autoproduction permanente, cela fait du temps un avatar du mouvement (et, par extension, de l'espace) et donc cela inverse la proposition du début de l'article. D'autre part, si nous tenons la position matérialiste jusqu'au bout (faisant du temps une mesure de l'univers matériel), il faut poser que le temps n'est qu'une mesure relative et n'existe pas en soi, même si la relativité du temps ne réduit pas sa mesure au statut d'opinion. L'espace étant infini, cela a un avantage considérable : cela permet d'évacuer toute idée de création de l'univers et donc toute référence à dieu. dieu devient, en ce sens, le nom qui dévoile notre difficulté à concevoir l'infini de l'univers et, corollairement, la finitude de notre entendement. Cela m'amène donc à revenir sur votre expression : le temps comme "acte " est une conception très intéressante (bergsonienne) mais à préciser. Pour éviter toute confusion (de ma part !), cet acte qu'est le temps est-il plus qu'une somme de mouvements, de déplacements au sein de l'univers matériel ? Le terme d'acte me semble encore trop proche de la notion de création ou d'apparition d'un être ex nihilo .
Merci pour ce nouveau billet ! j'avoue que j'attends toujours avec gourmandise ce moment de vous lire.
Cette intelligence, qui est de regarder le monde sous de multiples points de vue, est sans doute le seul véritable espoir de réussir à changer ce monde. Vous me permettez donc de garder espoir malgré les pitoyables incantations des politiques et des media de cet été.
Ce choix du temps (et donc de l'espace) pour réfléchir à la condition humaine est judicieux sous ces lattitudes où le ciel étoilé est plus limpide qu'ailleurs.
Le grand Einstein n'aimait pas, je crois, la notion de relativité, il préférait celle d'invariance. Et c'est à cela que me font penser vos propos sur les usages sociaux du temps. Les hommes sont rassurés par l'invariance des cycles qui rythment leur vie et leur environnement. C'est cette invariance qu'ils espèrent et attendent car c'est à elle qu'ils se sont longuement préparés. Quand les dominants la bouleversent par la flexibilité dans les horaires de travail par exemple, il faut comprendre qu'il s'agit d'une véritable violence insupportable. La maîtrise du temps est bien un combat politique.
Mais parfois c'est dame nature qui joue des tours à l'homme. Quand le niño revient tous les ans arroser les contreforts andins, tout va bien. Mais parfois, sans qu'aucun événement de l'horloge cosmologique l'annonce, arrive la niña qui assèche les champs et bouleverse les équilibres sociaux. C'est pour cela qu'il faut aussi que l'homme se libère de son obsession ritualisée de l'invariance et adopte la raison comme mode de conduite.
Jean Luc, tu dis Le communautarisme est la fin du goût pour le futur. Selon moi, pour relever les défis sans précédent dans l’histoire humaine qui sont à l’ordre du jour, nos sociétés ont autant besoin d’avoir le goût du futur que les sociétés « primitives » avaient besoin du passé pour justifier l'ordre protecteur qu’elle se donnaient au présent.
C'est ce que dit de manière différente Jacques Généreux dans la Grande Récession. Il nous appartient de construire ce futur. L'écosocialisme est une voie.
Magnifiques peintures on en redemande !
Ce qu'il y a de bien avec Mr Jean-Luc Mélenchon c'est que je ne devrais plus avoir besoin d'aller à la bibliothèque puisqu'avec lui c'est culture garantie que se soit en l'écoutant ou en le lisant.
Alors pour tout ceci Merci Mr Jean-Luc Mélenchon.
Oui, en vous lisant, monsieur, j'ai le profond sentiment de ne pas perdre mon temps. Sur votre blog, on " apprend", le passé, le présent, comment préparer l'avenir, vous nous instruisez de votre grand savoir. Quel brillant récit. Et j'ai envie de sourire en pensant a vos détracteurs, il y a quelques mois, sur votre "parler cru et dru". Oseront-ils vous attaquer a nouveau sans se couvrir de ridicule ? S'ils réitèrent c'est qu'il sont vraiment très bêtes. Car ils vous lisent j'en suis persuadée, pour essayer de vous piéger, il doivent être vert de jalousie devant les talents que vous possédez ! Décidément nous avons de la chance d'être avec vous car vous êtes le meilleur des politiques actuels, Monsieur. Et pour ma part je renouvelle ma confiance en vous pour un proche avenir.
Le temps, la tradition, la domination. Merci pour votre éclairage sur ces profondes interrogations contemporaines. Vous êtes en bonne compagnie. Nietzsche évoque la domination par la dette comme un vol de temps par les créanciers. Durkheim oppose la solidarité mécanique à l'œuvre dans les frontières des groupes fermés à la solidarité organique des sociétés ouvertes à la division du travail. Levi-Strauss analyse l'attitude des peuples sur leur histoire, en distinguant les sociétés à « mémoire froide », qui les confine au périmètre de leurs traditions, et celles à « mémoire chaude », qui en nourrissent leur réflexion sur leur avenir. Bon retour dans notre zone du continuum spatio-temporel!
"Où que l’on soit dans le monde, le soleil se lève à l’est. L’est est le repère commun universel."
"La bonne représentation de la planète doit donc mettre l’est «en haut » et l’ouest « en bas »."
Simple hasard ou pas, mais les très vieilles cartes de Paris, celles du moyen-âge et même celles de la renaissance, représentaient la ville avec une orientation toute différente de celles d'aujourd'hui. La seine y coulait du haut vers le bas, la rive gauche était à droite (évidemment aucun rapport avec la situation politique d'aujourd'hui) la rive droite était à gauche, le Louvre en bas et la Bastille, notre Bastille, figurait en haut, donc l'Est était haut.
Peut être en est -il de même pour d'autres villes ?
Le temps et l’espace sont des notions purement contextuelles, Jean-Luc fait bien de le rappeler. Ces notions évoluent avec les nouvelles connaissances au fil du temps et des progrès accomplis, l’informatique fut indéniablement l’élément qui permit l’élaboration d ‘une modélisation de principes intransposables par le plus performant des cerveaux humains, tellement ça demande de calculs à la nanoseconde… Certains se servent de ce progrès pour des intérêts personnels au détriment de l’intérêt général, et ce à court terme.
Combien savent, par exemple, que la matière telle que nous la voyons est composée de plus de vide que de matière, et ce à une échelle qui rendrait fou le plus pragmatique. Pour la métaphore, le corps humain ou la table salon, ou tout autre objet, pourraient être visualisés comme une forme grillagée qui déterminerait la véritable « matière » selon l’épaisseur du fil constituant ce grillage.
Cela s’explique par l’écart qui sépare les électrons du noyau de leur atome respectif, qui n’est que du vide, au même titre que l’éloignement des planètes autour de son astre, c’est donc l’interaction d’un ensemble qui détermine sa palpabilité.
Nous entrons alors dans la physique quantique qui va au-delà de l’atome, tout n’est alors que théorie mathématique, de même que nos astrophysiciens théorisent sur des systèmes solaires sans pouvoir les photographier afin de les apprécier selon nos cinq sens car nos moyens technologiques ne le permettent tout simplement pas. Nous voyons actuellement qu’il est préférable de spéculer à la nanoseconde sur le blé, quitte à affamer un pays, plutôt que de déployer ce savoir pour l’intérêt de tous… Kerviel est l’exemple type de l’aberration du détournement du savoir.
Du grand art. Rien à dire. Le plaisir de vous lire !
Oui ! Tout simplement du grand art et le plaisir de vous lire merci Jean-Luc.
Reflexion sur l'espace et le temps, la distance et la distanciation. Merci Jean Luc
La vie est (n'est que) un instant qui dure et je me suis toujours demandé si la liberté (indéfinissable) n'était pas cette façon dont la vie aime à durer, une histoire d'amour. Ces billets d'été me confortent et me réconfortent. A coup sûr vous aimez la vie et vous partagez, une raison de plus de croire à la révolution citoyenne.
Cher Jean-Luc, juste une petite remarque: la photographie a été inventée à Chalon sur Saône, pas à Paris. Cordialement
@34 Jean Jolly dit 14 août 2013 à 22h55
"est composée de plus de vide que de matière,"
De matière noire, invisible, pour l'instant pas détectable, mais qui "semble ce confirmer" ?
Pour ce qui concerne la présentation de notre planète sur les cartes géographiques il existe un excellent livre (que j'ai dans ma bibliothèque, mais incapable d'y mettre la main dessus) publié dans les années 90 et qui présente différentes cartes du monde vu par des points de vue différents et des représentations peu commune avec ce que nous avons l'habitude de voir. Édifiant.
Beaucoup de rites en lien avec le temps, le passé le présent, l'avenir sont un instrument pour le pouvoir quel qu'il soit pour garder la société dans l'état où ce pouvoir se complet, et asservir les peuples.
Cet éclairage sur la pacha mama est intéressant et souligne pourquoi, vous n'en êtes pas un fervent défenseur.
@ Roland 011.
Tout juste, c'est pourquoi je nomme cette "matière" invisible "interaction" à défaut d'une autre interprétation. C'est le même processus, à mon avis, qui lie les gens entre eux. Le Front de Gauche est l'émanation d'une force qui ne veut pas baisser les bras face à une autre force envahissante et liberticide, et pour finir suicidaire. Il n'y a rien de spirituel dans une telle vision... seulement une volonté inexpliquée de poursuivre l'aventure de l'humanité malgré l'actualité peu réjouissante.
@Jean Jolly
Il n'y a rien de spirituel dans une telle vision...
Ho que si. Car juste dans ce petit mot "Humanité" nous avons toute la spiritualité du monde. Car chez un humaniste il y a respect de l'autre, un amour de la vie, de la terre. Et c'est cela la véritable spiritualité. le reste n'est que broutille. Je ne trouve pas les mots pour remercier notre hôte de tous ces beaux écrits de l'été, c'était fort agréable et fort instructif. Alors merci à tous aussi.
La première photographie aurait été prise très exactement en 1822 à Saint-Loup-de-Varennes (Saône-et-Loire) par Nicéphore Niepce (natif de Chalon-sur-Saône), si l'on en croit le monument érigé au bord de la route de cette commune. Curieusement, encyclopédies et dictionnaires s'accordent pour dater l'invention de la photographie en 1826. Quoi qu'il en soit, les récits de Jean-Luc Mélenchon sont passionnants et j'attends ses prochaines interventions radio ou TV avec impatience...
Trop fort, cela donne envie d'apprendre le latin et de faire en sorte de ne jamais le perdre, et puis le texte vaut les peintures, c'est énorme de nous offrir tout cela, il y en a qui auraient du" mouron" a ce faire en vous lisant, ils devraient crever de honte avec leur pique nique nauséeux, sauf que pour ces gens là les choses sont d'une limpidité affligeante : le temps c'est de l'argent, alors pourquoi tenter la moindre réflexion, ils le voudraient qu'ils ne le pourraient, formater,bconstruits comme des robots, l'élite de nos sociétés capitalistes ne fait pas rêver, vraiment pas, lorsque vous prenez de la hauteur vous ne faites pas semblant, merci pour l'estime que vous avez pour ceux qui vous ont rejoint, mon dico a fonctionné à plein régime pour un peu si j'osais je tutoierais volontiers les étoiles, que dire de plus que encore merci infiniment merci de vous, à très bientôt aux estivales.
Le centre de la terre part de nous mêmes, puisqu'elle est une boule. Le soleil est l'axe qui lui donne vie à des degrés différents. La notion de temps n'existe que par rapport à la vitesse de nos besoins. Merci pour vos superbes descriptions et peintures vivantes ! Les Dominants n'existent que par les dominés qui acceptent cette domination. Le goût du futur nous le donnons par nos actions présentes unies. Nous sommes le levain dans cette pâte de la pensée unique mortifère !
De nouveau merci Jean-Luc Mélenchon de nous donner le plaisir de lire ce nouveau billet dans lequel, encore une fois une leçon à nulle autre pareille. Votre sens du partage permet ainsi aux citoyennes et citoyens qui vous lisent d'apprendre chaque fois d'avantage. Quel talent, quel brio, voilà qui nous changent des insipidités véhiculés par les médias. Ces cours de très haut vol nous obligent à réfléchir. La distance, la vie qui n'est qu'un passage et dont il faut apprécier l'alternance du bon et du mauvais. Passage qui va vers quelle autre destination ?
Monsieur Ayrault, vous avez tout faux, au lieu de faire "le Mickey" dans les jardins de Matignon, tous les ministres, sénateurs et députés devraient mettre la main à leurs porte-feuilles pour que ces enfants puissent avoir des vacances dignes de ce nom. A ne plus vous revoir les Solfériniens !
A bientôt a la Bastille pour une nouvelle Méga manif a Paris nous ne lâcherons rien.
Pour prolonger l'anecdote scientifique concernant ces contrées, c'est entre 1799 et 1803 qu'Alexander von Humboldt et son compagnon Aimé Bonpland ont posé les bases historiques de l'écologie moderne (en tant que discipline scientifique), en observant l'étagement altitudinal de la végétation sur le Mont Chimborazo, en Equateur, et en mesurant sa relation étroite avec le climat. C'est la première fois qu'a été mise en évidence la corrélation entre divers paramètres environnementaux mesurés (température, pression, radiation, etc) et la distribution des êtres vivants. C'est là qu'ils ont posé les bases de la biogréographie. Il existe une lithographie célèbre qui représente ce travail : une coupe des Andes de la côte pacifique à la côte atlantique, passant par le Mont Chimborazo et le volcan Cotopaxi. Elle est célèbre car de par et d'autre du dessin, sont annotées en colonnes verticales les mesures de divers paramètres environnementaux mesurés en parallèle à toutes les altitudes, ainsi que des relevés de végétation. Je pense qu'il vous plaira de voir ce document fondateur.
Autant je trouve que "l'aigle" Ayrault ne s'est pas vraiment grandi en se trimballant avec des bocaux de restes humains collectés par les scientifiques du musée de l'Homme pour une opération de com, autant je ne trouve pas très intelligent de laisser à penser que ces mêmes scientifiques, anthropologues surement, auraient été ceux qui auraient prélevé ces restes en niant l'humanité des vaincus. Il faudrait replacer tout cela dans le contexte de 1878 et voir quelles raisons ont guidé ces scientifiques. A ma connaissance le Musée de l'Homme est un bien commun de l'Humanité que tous les gouvernements des dernières années (y compris celui de Jospin) ont essayé de démanteler au profit de la marchandisation des collections. La création du musée du quai Branly ayant servi de tremplin à la dissolution du patrimoine de l'Humanité dans un grand marché de l'art. J Chirac y ayant contribué de manière particulièrement honteuse. Jean Luc Mélenchon, pour qui j'ai beaucoup de respect et dont je suis habituellement un soutien devrait tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler des "scientifiques" du Musée de l'Homme ou plutôt de ce qu'il reste des vestiges d'une institution datant de la Révolution Française et dont la vocation universaliste ne faisait aucun doute. Sans rancune !
Jean Luc, respect pour ce bain de culture qui nous ébloui et nous permet, à nous lecteurs, une évasion tellement passionnante! Et nous avons besoin de ces paroles revivifiantes. Aussi, j'ai quelque remords de te proposer un article du "grand soir" qui évoque un autre fichu traité digne de la lignée du transatlantique, seconde priorité de Sieur Obama pour l'année qui vient. Le TPP. Il est vrai que lorsqu'on lit les objectifs de ce traité et ses répercussions, on est tenu de se dire que notre combat en France, en UE parait étriqué compte tenu de ce serpent surement plus meurtrier que n'importe quelle guerre ! Il faut en lire, tu sais, là où le diable se cache ds les détails. En fait ce TPP (Trans-partenariat-pacifique) ne fait ni plus ni moins que de transférer aux entreprises les mêmes droits qu'aux nations. Ce que l'auteur nomme la "nationnification des entreprises". Du coup la vue de notre monde des nations souveraines bascule à 180° ! Et Obama souhaite passer ce traité au Congrès en procédure accélérée, bien sûr. Je pense intéressant que l'on puisse aborder aussi ce genre de "bombe" au "remue méninge et estivales" la semaine prochaine à Grenoble. J'y serai et avec les autres grenoblois qui l'organisent nous te souhaitons un bon voyage jusqu'à nous. Et à très bientôt.